Depuis son "accession au pouvoir" le roi-maire de Vélizy ne s’embarrasse plus d'aucun égard vis à vis de l'opposition.
Une de ses décisions a été de réduire l'expression de l'opposition dans son magazine de propag... pardon, le magazine de la ville.
Non content de réduire le nombre de caractères des tribunes jusqu'alors réservées à l'opposition, il a même de fait réussi le tour de force d'interdire totalement l'expression d'élus dont la liste avait pourtant fait un score leur donnant trois élus au conseil municipal. Il n'a répondu ni à nos interpellations sur le sujet, ni à nos courriers. Pour seul commentaire, dans la presse (Toutes les nouvelles du 16/12/20) Monsieur le Maire se vante d'avoir réduit les tribunes de l'opposition tout simplement...par provocation !
C'est simplement ahurissant.
Un magazine "municipal" de 21 pages qui ne fait que vanter l'action de Mr. Le Maire, dont la première page est consacrée à son édito et la dernière sur laquelle s'exprimait traditionnellement les conseillers municipaux d'opposition ne portant qu'une tribune ... du groupe de la majorité. Ne frise-t-on pas le ridicule ?
Ce mois-ci, pour exprimer notre mécontentement envers ce mépris de l'opposition et des électeurs, nous avons choisi de ne pas proposer de micro-tribune / tweet dans le magazine de la ville. Nous voulons recouvrer un espace nous permettant d'exprimer nos idées, comme c'était le cas dans le passé.
Lors de la campagne des élections municipales, Pascal THEVENOT et son équipe nous ont donné un aperçu de leur conception de la démocratie en monopolisant les espaces publics d’affichage, en recouvrant systématiquement les affiches des listes d’opposition, limitant ainsi la diffusion de l’information auprès des Vélizien.ne.sà leur seul programme.
A quelques jours du scrutin, lors d’une interview, Mr THEVENOT affirmait avec mépris, ignorer les programmes de ses concurrents qui ne l’intéressaient pas.
Elue par moins de 25 % des électeurs inscrits la majorité municipale ignore les 75 % autres électeurs qui ne l’ont pas choisie et poursuit sa vision antidémocratique du débat derrière son « chef » avec des mesures bafouant le droit d’expression :
réduction drastique frisant le ridicule des tribunes d’opposition,
augmentation du nombre d’élu.e.s par groupe d’opposition (2 en 2014, 3 en 2020),
diminution du nombre de représentants des oppositions dans les commissions municipales (qui préparent les dossiers en amont des conseils municipaux),
refus de débat, dans un esprit respectueux et constructif, en séance du Conseil Municipal,
refus de laisser les élu.e.s d’opposition siéger au conseil d’administration de la SEMIV.
Il semble donc que les Véliziennes et Véliziens n’ont, désormais, plus le droit d’entendre qu’une seule voix, la parole « facebookée et twitée » du Maire, l’instance démocratique qu’est le Conseil municipal étant réduite à une simple chambre d’enregistrement.
Dès lors, comment construire une ville avec et au service de tou.te.s ?!
Un tel projet ne peut se réaliser sans démocratie. Nous devons faire vivre la démocratie locale. Ainsi nos élus ont voté contre le nouveau règlement intérieur du Conseil municipal réduisant le droit d’expression de l’opposition, une mise en demeure a été envoyéeau Maire pour qu’il respecte la loi et un recours a été adressé au préfet.
Avec Vélizy Ecologiste et Solidairenous voulons promouvoir une politique locale où les projets et décisions reviennent en premier et dernier lieu aux citoyen.ne.s, ils et elles sont les mieux qualifié.e.s pour savoir ce qui est bon pour leur Ville.
Quelles que soient les majorités issues des élections, il n’y a pas de blanc-seing donné auxélu.e.s, mais un mandat pour construire la ville avec la population.
Notre projet et notre vision de Vélizy a été élaboré et co-construit avec les Vélizien.ne.s, dans le souci constant de recueillir leurs idées et d’être à leur écoute.
Nous sommes en effet convaincu.e.s que la richesse démocratique naît du débat, de la rencontre d’idées contradictoires, voire opposées, qui s’enrichissent les unes les autres pour construire des projets et faire avancer une ville au service de sa population.
Pour notre part, nous resterons aux côtés de nos élu.e.s, à l’écoute et au service de tou.te.s les Vélizien.ne.s.
En Afrique, il y avait l’arbre à Palabre, lieu où se réglaient, entre autres, les conflits, sous l’autorité des chefs coutumiers, les 2 parties palabraient jusqu’à ce qu’ils trouvent le consensus, c’est-à-dire la solution acceptable par tous. Et ça pouvait être très long.
Dans le dictionnaire Larousse, la définition du mot consensus est la suivante : "accord entre plusieurs personnes". Mais il ajoute : "en politique, accord et consentement du plus grand nombre : consensus social". C’est que le sens des mots évoluent et aujourd’hui le consensus est parfois vécu, injustement, comme un compromis et même comme une compromission, voir un renoncement.
C’est pour cela que je préfère, pour dépasser les dissensus, proposer la production de commun. Lorsque j’étais maire, j’ai été confronté à des rencontres conflictuelles, dans les quartiers, aux pieds de tours. Et avec mes collègues élus, nous avons vite compris que la première chose à faire est de laisser les dissensus émerger, au début, c’est parfois chaud mais au bout d’un moment, les choses se mettent en place, chacun prend conscience que la solution ne peut venir d’ailleurs, même pas des élus, mais de la recherche de solutions acceptables par tous. On est bien obligés de vivre ensemble.
Je me souviens particulièrement d’une expérience avec les habitants d’une grande rue de Fosses (95) où les habitants vivaient mal les problèmes de circulation, de stationnement et enchaînaient les conflits de voisinage.
Nous avons décidé de rencontrer les habitants. Au début, nous nous sommes demandé dans quelle galère nous étions allés nous fourrer.
Et puis au fil des rencontres, globales et par secteur, avec la création de groupes de travail ouverts, un projet partagé a fini par émerger, après un an de travail.
Après la mise en œuvre du projet, nous avons organisé une réunion de bilan avec les habitants, la satisfaction était quasi unanime et les propos tenus encourageants : « On se reparle avec nos voisins, on a pris conscience de l’articulation intérêt particulier et intérêt général, maintenant on se respectent… ».
Il faut souligner l’appui des techniciens de la ville très investis dans la démarche. Cela m’amène à la question que certains se posent notamment avec le mouvement des gilets jaunes :
Est-ce que le peuple est compétent ?
OUI, ce sont les citoyens qui doivent décider de leur avenir, prendre leurs affaires en mains pour s’en occuper.
Mais NON, les citoyens ne sont pas tous urbanistes, architectes, sociologues, ingénieurs, financiers, techniciens de tout, etc.
La rencontre directe entre les experts et les citoyens, avec les élus, qui sont d’abord des citoyens, me semble donc essentielle pour que le peuple puisse être décideur en toute connaissance de cause.
Mais il faut que la commande soit claire.
Ce lien, nous avons pu en mesurer l’importance avec le projet de renouvellement urbain à Fosses.
Il se trouve qu’à Fosses, c’est la cité HLM qui fait office de centre-ville avec son centre commercial des années 70/80, cela fonctionnait très mal.
Après avoir essayé de trouver des solutions toutes faites, on s’est dit qu’il nous fallait construire un vrai projet de centre-ville avec les habitants. Plus facile à dire qu’à faire.
La démarche a été décidée dans les comités de quartiers ouverts.
Première étape, comprendre ce qui se passe, les contradictions, les conflits, et aussi les dynamiques possibles.
Nous avons demandé à un cabinet spécialisé, à des experts donc, de faire un diagnostic en interrogeant un échantillon d’habitants, les commerçants, les associations, les partenaires, les services publics, tous les intéressés.
Le diagnostic a ensuite été amendé et validé dans les réunions de quartier, il a été discuté sur le marché, au pied des tours, avec les jeunes, les retraités, les associations, les partenaires. Cela a permis de dégager différentes problématiques d’habitat, de commerce, de circulation, de service public, etc. et à partir de là, l’architecte urbaniste a construit 8 scénarios possibles.
Ces scénarios ont ensuite refait le tour des différents espaces de co-élaboration et en recoupant les différentes problématiques a émergé un 9ème. Scénario à son tour validé par un nouveau tour de piste citoyen.
Et puis le projet a été réalisé et à chaque étape, les espace de co-élaboration citoyens ont été amenés à travailler sur les ajustements possibles, voire nécessaires car un projet, c’est quelque chose de vivant, qui peut bouger en fonction des contraintes et des opportunités nouvelles, des difficultés à dépasser.
Aujourd’hui le centre-ville de Fosses est une réalité et il appartient à ses habitants de le faire vivre en enrichissant toujours leur pratique démocratique.
Car la démocratie est une création constante qui demande réflexion et expérimentation, et je pense qu’il n’y a pas de règles standards valables pour tous et partout, il faut la volonté politique de la faire vivre, en mobilisant toutes celles et tous ceux qui sont concernés. Pour produire du commun.
Elle en appelle à des citoyens responsables et non plus consommateurs, y compris de service public, et il est possible que son développement lui permette de devenir, ici et maintenant, un des leviers pour construire la société post capitaliste. Vaste sujet !
Alain Lacombe