C'est une lutte de plusieurs siècles que se sont livrés gens de Bayonne, de Cabreton et de Port d'Albret (Vieux Boucau), pour faire de l'Adour leur fleuve.
Longtemps c'est Capbreton qui est le port au débouché du fleuve sur l'Océan, et c'est par là qu'en 930, les Vikings ont envahi les Landes. C'est de là que partent les pêcheurs à la recherche des baleines, près des côtes tout d'abord, puis en Islande et jusqu'au Canada et Terre Neuve, lorsqu'elles se raréfient. Bayonne est alors en pleine prospérité. Grâce à sa situation privilégiée de port intérieur, aux eaux calmes et profondes à quelques kilomètres de l'embouchure, la vie économique y est florissante.
Mais vers 1310, des événements climatiques catastrophiques vont tout bouleverser. Tempêtes, pluies diluviennes incessantes, montagnes de sables déplacées et qui finissent par boucher l'exutoire de l'Adour dont les eaux gonflent et inondent Bayonne ... une situation critique !
C'est alors que la force des eaux du fleuve déchaîné ouvre une brèche vers la dépression d'Hossegor. Le flot puissant rejoint l'exutoire du lac de Soustons, et finit sa course vers l'Océan au Plug de Messanges. Une nouvelle embouchure s'est créée. Bayonnais et Capbretonnais sont soulagés, mais très vite la situation portuaire des deux cités s'avère catastrophique. L'étroit exutoire qui demeure à Capbreton, est souvent impraticable et le trafic vers Bayonne est très aléatoire. Le chenal vers la mer se modifie au gré des intempéries qui le détériorent (éboulement des rives, ensablement, ...), et les gros navires ne peuvent plus l'emprunter.
Or Bayonne est toujours le débouché d'un trafic fluvial qui naît en amont, à Saint Sever, Mont de Marsan, Tartas, DAX. De nombreuses embarcations qui ont pour noms, galupes (gabarres), bachets, couralins, ..., y amènent résineux, bois, pierres, vins, sel, poissons, ... Le port est "asphyxié" et son déclin s'accentue peu à peu. Les privilèges commerciaux garantis par une juridiction, rigoureuse pourtant, sont contestés et contournés au profit de Capbreton et Port d'Albret. De 1380 à 1600 de vives querelles opposent landais et bayonnais, et ni des ordonnances royales en faveur de la ville, ni même des expéditions punitives (1511 et 1552) ne parviennent à clarifier la situation.
Un projet de redonner à Capbreton sa prédominance portuaire par création d'une embouchure vaste et accueillante, se fait jour, avec l'accord royal de l'époque, mais par manque d'argent ou par manœuvres d'opposition venant de Bayonne, il périclite et est abandonné.
C'est alors que les conditions de navigation jusqu'à Bayonne ne s'améliorant pas, un autre projet se fait jour, rendu concevable par les progrès des technologies. Un creusement de chenal à partir du Trossoat est étudié, pour donner une nouvelle embouchure à l'Adour (Boucau), en supprimant la partie aval du fleuve jusqu'à Capbreton et Port d'Albret.
En 1571 le roi Charles IX charge un ingénieur Louis de Foix de la réalisation des travaux importants à effectuer : une somme de 30000 livres est allouée pour cela. Il s'agit d'abord de barrer le lit de l'Adour existant, au moyen d'une digue de 300m de long faite de deux rangées de piliers et contre-boutants enfermant un remblai en maçonnerie, puis de creuser un chenal de 1800m de long et 12m de large à la base.
Une entreprise difficile et coûteuse, contrecarrée sans cesse par les intempéries d'abord (tempête catastrophique en 1578 qui manque d'engloutir Bayonne) et les "interventions" des Capbretonnais qui mobilisent les habitants de la région pour s'opposer à la réalisation, et freiner les travaux. De fortes tensions naissent entre les Bayonnais et Louis de Foix, à cause du financement des ouvrages, exigeant des ponctions incessantes dans les ressources de la ville, et des réquisitions de main d'œuvre mal vécues.
Une crue "miraculeuse" va aider l'achèvement des travaux : les flots puissants ouvrent en effet une large brèche vers l'Océan donnant ainsi au fleuve une embouchure qui sera définitive (Boucau neuf). Triomphe à Bayonne qui fêtera l'événement pendant longtemps. D'importants travaux de consolidation du chenal ont été ensuite nécessaires pendant tout le 16eme siècle. Ce qui a fortement grevé la situation financière de la ville, et causé de vives réactions de mécontentement des habitants frappés de lourdes taxes. Ce qui réjouissait d'ailleurs les landais dépités d'avoir perdu "leur" Adour.
On connaît surtout le personnage comme constructeur du phare de Cordouan au large de l'estuaire de la Garonne (Gironde). Né en 1530, c'est en Espagne qu'il a d'abord oeuvré (Escorial, travaux hydrauliques sur le Tage), commandité par le roi Philippe II.
Le pont Pirmil à Nantes, des travaux hydrauliques au lac de Grand Lieu, et le détournement de l'Adour à Bayonne, l'ont fait connaître en France avant la grande entreprise de Cordouan.
Honoré et même anobli, de grandes difficultés financières l'ont envoyé ... en prison ! Un personnage orgueilleux et un peu mégalomaniaque, bien connu ... des Bayonnais !
Le grand tour de France est le voyage que Catherine de Médicis fait entreprendre au roi Charles IX à travers la France pour lui faire découvrir son royaume, qui vient d'être ravagé par la première guerre de religion. Le départ de cette grande aventure débute à Paris le 24 janvier 1564 et se termine par le retour dans la capitale le 1er mai 1566. Accompagné de sa famille, le roi accomplit près de 4 000 kilomètres sur des zones périphériques du royaume. Il part vers l'Est, longe les frontières de l'Est jusqu'en Provence, tourne vers l'Ouest jusqu'à l'océan Atlantique en Gascogne, remonte vers le Val de Loire et termine son périple dans le Bourbonnais.
Il entraîne avec lui une cour forte d'environ 15 000 personnes dans les provinces les plus reculées du royaume, dont le cortège du roi et de la reine, une escorte militaire, le personnel du gouvernement, les domestiques portant les meubles (tapisseries, coffres...), des artisans, des princes, des ambassadeurs... Il s’agit d’une mise en scène de la représentation de la puissance royale, après la première guerre de religion, pour compenser la faiblesse de l’emprise royale dans les provinces. Le roi veut forger l’unité du royaume autour de lui et ce voyage doit lui permettre de renforcer les liens de fidélité à l’égard de la monarchie.
À chaque étape, il y avait une véritable course au logement. Dans les grandes villes, le roi dormait à l'hôtel du plus riche bourgeois (celui-ci devant se loger ailleurs), mais il lui est arrivé plusieurs fois de dormir dans des auberges. Se loger était en effet un véritable problème, car plusieurs milliers de personnes formaient la Cour et se déplaçaient avec la famille royale. Les grands seigneurs de la cour avaient chacun leurs agents pour trouver au plus vite un logement avant les autres car le premier arrivé était le premier servi. Nombreux ont été les seigneurs qui ont dû dormir dehors.
Voilà plus de cinq‘ siècles un petit garçon de 12 ans un prince de Navarre accompagnait son cousin Charles IX dans son périple et dînait dans notre village et prenait le bateau pour se rendre par le fleuve Adour à Bayonne pour y dormir