La galupe Bayoune

La galupe Bayoune, construite en 1998, est une reproduction fidèle de ses illustres ancêtres fluviaux. Elle représente le symbole de l’association Val d’Adour Maritime qui est à l’origine de sa création. Cette belle embarcation témoignage de notre passé fluvial a connu ses heures de gloire, elle était jusqu'à ce jour au port de Guiche. La commune de Saubusse et son collectif de bénévoles amoureux du fleuve et de son histoire décident en juillet 2018 de tenter de lui donner une seconde vie ...

LE REVEIL DE BAYOUNE

Comme souvent dans notre beau pays, les belles histoires débutent autour d’un verre.

C’est le cas de celle-ci.

Le samedi 12 juin, nous étions tout un groupe de citoyens et élus réunis à Saubusse pour l’inauguration du chemin de halage, réaménagé en véloroute. Chemin de halage… forcément la conversation s’engage très rapidement sur le fleuve Adour, son passé de voie batelière florissante et son présent de bel endormi. Les convives s’enhardissent et je suis interpelé : « Toi qui possède un chantier naval, tu crois que cela serait possible de reconstruire une gabare ? » Et moi de répondre hardiment : « Pourquoi pas ! Nous avons bien réussi en Bretagne à sauver de l’oubli, soit en restaurant des bateaux existants, soit en construisant des répliques, des bateaux typiques de notre patrimoine maritime. Alors pourquoi pas une gabare de l’Adour ! »

Séduit par l’idée, je passe mon dimanche sur Internet pour me documenter. J’y apprends que les gabares s’appellent ici galupes et de fil en aiguille, je tombe sur un article du journal Sud-Ouest datant du 15 février 2013 relatant l’existence d’une galupe échouée au port de Guiche et cherchant des repreneurs. La surprise est totale et une fois l’émotion passée, je décide d’aller jusqu’à Guiche, voir si par hasard…

Arrivé à Guiche, rive droite de la Bidouze, sous des trombes d’eau et sans pouvoir approcher (le pont de Guiche est en travaux) j’aperçois, rive gauche, sur la cale du port, un bateau à demi immergé et semi enfoui dans la végétation. Mon sang ne fait qu’un tour, je reconnais la galupe.

Je rentre à Saubusse, parler de ma découverte à M. Le Maire et à quelques personnes motivées par le sujet et propose que l’on s’intéresse de près à cette galupe. Cette suggestion fait l’unanimité, d’autant plus qu’il semble difficile pour une collectivité de projeter la construction d’un bateau représentatif du territoire tout en sachant qu’il en existe déjà un à l’état d’abandon.

Nous décidons de nous rapprocher de l’association Val d’Adour Maritime, propriétaire, pour proposer de prendre en charge la galupe afin dans un premier temps de stopper sa dégradation en la mettant au sec.

M. Savary, président, nous réserve le meilleur accueil ainsi que les élus de Guiche. Avec leur soutien et leur participation – un grand merci à Raymond Pouyanné et à nos amis de Guiche - nous hâlons sur la berge « Bayoune » (ainsi se nomme la galupe) pour réaliser les travaux de renflouement provisoire qui vont nous permettre de la remettre à flot et de la convoyer jusqu’à Saubusse, son nouveau port d’attache.

M. Savary nous indique que les espars de Bayoune ont été dispersés, certaines pièces tel le mât et sa vergue ayant été entreposés dans les locaux de l’association des Escumayres, d’autres gisant au fond de la Bidouze dans la zone d’appontement de la galupe à Guiche. Vraisemblablement s’y trouvent également les ancres.

Un des membres de notre collectif, Michel Pérez, plongeur sous-marin confirmé, se propose de plonger sur zone en reconnaissance. La pêche est fructueuse, nous ressortons de l’eau les deux ancres ainsi qu’un morceau de l’aviron gouvernail muni de son lest en pierre taillée de Bidache.

Jour J, le lundi 13 août, le temps est humide, nous nous affairons pour remettre Bayoune dans son élément. Les gens sur la berge sont venus nombreux assister aux opérations. Certains affirment que Bayoune va couler très rapidement, d’autres au contraire nous font confiance et nous encouragent.

Quand Bayoune se met doucement à glisser vers la Bidouze, aidée par les tracteurs de Raymond Pouyanné, un grand silence s’installe, et puis nous embarquons et quittons lentement la cale salués par des bravos et des applaudissements. Il y a aussi quelques larmes. L’instant est intense, Bayoune est sur l’eau et quitte sa cale de l’oubli, en route vers Saubusse. La traversée est belle et rapide. Depuis les berges les promeneurs saluent Bayoune, charmés de voir cette belle galupe filer sur l’eau. L’arrivée à Saubusse se fait sans encombre, la foule s’est rassemblée sur le quai pour nous accueillir avec enthousiasme tandis que le jour commence à baisser. La mise à sec de la galupe est réalisée en suivant. La nuit est venue, mission accomplie. Dès le surlendemain, Bayoune est amenée doucement sur le quai du port afin d’y être calée et lavée.

Bayoune a retrouvé sa dignité. Il faut maintenant lui assurer un avenir.

Deux chemins sont envisageables. Une mise au sec, définitive, afin d’être exposée en tant que témoin essentiel de l’existence de la batellerie sur l’Adour ou bien une rénovation, ou plutôt une reconstruction et remise à flot à terme. C’est bien évidemment la seconde option que nous souhaitons et privilégions.

Un inventaire précis va être effectué d’ici la fin de l’année pour nous permettre d’établir un calendrier crédible des travaux. L’association Val d’Adour Maritime va nous accueillir au fur et à mesure des adhésions en qualité de membres pour donner un cadre administratif à notre projet.

Espérons qu’en 2019, cette belle histoire continue son chemin difficile et exigeant mais ô combien enthousiasmant.

30 octobre 2018 

Gilles Lecrecq 

Place Henri de Navarre 40180 Saubusse



Bayoune en images