cr-19-06-2021

Samedi 19 juin 2021

Puits du Cirque, Trou du Cirque, Grotte du Cirque, à la Dent de Crolles.

Benoît Terrier, Emmanuel Vitte et Frédéric Pétrot (rédacteur)

Ce samedi retour sur la Dent, pour revisiter des trous découverts par Benoît et Jean-Pierre en 2008. L’un de ces trous avait nécessité pas mal de séances de désob, et j’avais participé à deux d’entre elles, et j’y étais retourné avec Benoît et Jean-Pierre il y a un bail. Le col du Coq étant ouvert, rendez-vous chez moi à 8h. Nous étrennons le Kangoo et le nouveau genou gauche de Manu, les deux nous menant gentiment à Perquelin. Pas mal de monde sur les parkings à l’arrivée, il est vrai que nous sommes plus avancé dans la saison et une heure plus tard que d’habitude.

Nous attaquons la montée à 9h10 et passons devant le Guiers 40 minutes plus tard. Il nous faut encore un bon bout de temps pour passer devant la sortie de l’avenue de Seyssins, et ce n’est qu’1h30 après être parti que nous sommes devant le Puits repéré par nos compères, obstrué à l’époque par un glacier souterrain après une vingtaine de mètres. Nous avons une C15 et une C19. Nous équipons la C15 sur un arbre et Benoît se lance dans l’abîme. Un spit, planté par Jean-Pierre, l’attend 6 ou 7 mètres en dessous. Pensant que les 19 mètres suivants suffiront, Benoît raboute les cordes sur l’amarrage et s’engage dans la descente. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets (c.f. le compte rendu de notre sortie précédente), la corde n’atteint pas le bas du puits ! Il remonte, dépité. Manu pose son portable (ce qui va lui coûter quelques points de vie), va voir par lui-même, et fait le même constat : la corde est trop courte. Afin de tenter d’atteindre le fond, je change l’amarrage sur l’arbre en le collant le plus bas possible, et je noue les cordes en plein vide afin de gagner environ 5 mètres de nouilles. Il y a un frottement en arrivant vers le fond, Benoît m’avait prévenu, donc je plante un spit pour effectuer la dernière tirée de 4 mètres, avec arrivée « dans » un glacier noirâtre. Je libère la corde que Benoît me rejoigne, et je m’enquille dans un petit méandre qui hélas pince au bout de 4 mètres, sans courant d’air. En revanche, au pied du glacier un vif courant d’air souffle, et je déplace des blocs pour me réchauffer. Les blocs sont à moitié scellés dans la glace, et je choppe rapidement une onglée. Benoît arrive et estime que le glacier a fondu de plusieurs mètres depuis sa dernière visite, il avait fait une main courante en hauteur inatteignable aujourd’hui. La désob est assez peu engageante, donc nous la laisserons pour les générations futures, le réchauffement climatique n'étant pas qu'une lubie d'amateur de fake news, … A la remontée, le passage hors du puits produit un changement de température juste incroyable, et la densité de l’air semble être multipliée par 10. Pendant ce temps, Manu a pu chopper la 4G et continuer de jouer sereinement sur le réseau mondial ! Il est l’heure de casser la graine, et nous profitons de l’ombre bienvenue pour attaquer nos victuailles. Le tout, dont en particulier un demi-reblochon liquéfié tout juste bon à finir en tartiflette, englouti, nous reprenons les sacs vers le trou du Cirque que seul Benoît est capable de retrouver. Je suis déjà venu 4 ou 5 fois, mais que tchi, tout se ressemble ici. Il faut encore monter, en vrac dans dans des pentes herbeuses, entre les rangs, dans les sous-bois, mais il nous y mène assez directement. Le gouffre est bien reconnaissable grâce aux élingues qui retiennent un gros bloc qui pourrait obstruer l’entrée s’il venait à glisser. Nous ôtons les branchages posés sur l’entrée pour limiter l’accumulation de neige. Benoît équipe dans la foulée la petite main courante et le puits, suivi de Manu. Il faut en bas du puits prendre un petit méandre désobstrué en hauteur dans lequel circule un courant d’air de folie, méandre dont le fond est d’ailleurs encore complètement tapissé de glace. Nous arrivons en haut d’une diaclase quasi-verticale de 7 à 8 m, relativement lisse, à descendre en libre. Manu, dont le genou est tout neuf et le pas incertain, hésite et finalement renonce, car il faut être sûr de ses réflexes, il s’agit de ne pas se mettre en vrac. Et puis, peut-être que le 4G passe là haut finalement. La salle qui suit de peu le bas de la diaclase est déclive, d'environ 4 mètres sur 8, haute de 2 m au maximum, et remplie de blocs de tailles variées qui semblent détachés du plafond ou des parois. Le courant d’air est violent, et Benoît est au travail au fond à gauche pour retirer des blocs d’une petite ouverture dans cette trémie de laquelle un violent courant d’air s’échappe. Le problème est que c’est le fond d’un gros entonnoir, et qu’il faut donc être très vigilant. De grosses lames semblent ne demander qu’à se détacher des parois. Nous réussissons à extraire prudemment quelques blocs et le courant d’air semble se renforcer. Néanmoins, le chantier est de grande ampleur, et il faudrait sécuriser grandement le haut de cette trémie et les parois pour attaquer sereinement. Cela veut dire déblayer quelques mètres cubes, purger les parois et poser des étais avant toute chose. Bref, du travail de longue haleine à nombreux, … On va laisser ça aux suivants aussi, je le crains. Nous sortons le matos qui était dans le trou, (pied-de-biche, corde, sangles, qui appartiennent à Jean-Pierre et Benoît) et remettons les branchages sur l’entrée tout de même.

Il est environ 15h, et Benoît nous propose d’aller jeter un œil à la grotte du Cirque, que ni Manu ni moi ne connaissons. Il faut en gros taper tout droit dans la pente dans la bonne direction, et on y est ! Nous laissons les sacs au trou et faisons l’aller-retour, qui n’est pas de tout repos, pour aller sentir le vent de fraîcheur qui sort du trou.

Nous prenons le chemin du retour vers 16h et il nous faut 1h40 pour rejoindre la voiture, il me semblait bien que c'était le bout du monde ce Cirque. Manu nous ramène gentiment par le col du Coq à Saint-Nazaire, pour un repos bien mérité.

Photos : https://photos.app.goo.gl/QrDyuceeW1e5hj7d6

TPST : 2h