cr-05-06-2021

Samedi 5 juin 2021

Gouffre de la Saint-Jean, forêt de Génieux, Chartreuse

Benoît Terrier et Frédéric Pétrot (rédacteur)

Je reçois jeudi 3 juin un SMS enthousiaste de notre ami Pascal Grenet (dit Luccio, longtemps membre du club) avec 3 photos d’un gouffre qui viendrait de s’ouvrir en forêt de Génieux, au dessus du col de la Charmette en direction des prairies du Vavarey. Le gouffre est protégé par des rubalises car il semble avoir une certaine profondeur, au moins 30 mètres d’après notre indic, et se trouve au bord du chemin. Pascal m’envoie les coordonnées gps et m’indique n’avoir vu ni marquage, ni spits, donc c'est peut-être une petite première toute chaude qui tombe du ciel. Nous connaissons un peu le coin pour avoir gratté dans le gouffre du Pan avec Tartin et Christian il y a quelques années, mais sans plus.

Ce samedi matin, rdv à 8h car si ça devait continuer, nous ferions une annonce au Club pour que tout le monde puisse en profiter. Nous passons vite fait au local prendre une corde de 45 m en 8 mm, c’est plus léger, j’insiste, et une petite dizaine d’amarrages. La montée au col de la Charmette est fébrile. Nous l'attaquons vers 9h30 heures, et avec espoir. Trois bon quart d’heure après, nous arrivons sur le lieu en question, et de fait un entonnoir terreux plonge vers un abîme de fort bon aloi. Mais immédiatement, je vois un spit, et Benoît un marquage rouge. Qu’à cela ne tienne, c’est un beau gouffre et nous allons donc nous le farcir.

Nous installons un bon amarrage naturel sur un hêtre proche, et un kit pour limiter le frottement de la corde sur une bosse terreuse. Après avoir fait le traditionnel nœud en bout de corde, EFS oblige, j’accède à la lèvre du puits. Je fais un peu le ménage vu les cailloux instables qui se trouvent encore sur la margelle et je visse nos deux plaquettes (dont l’un avec un goujon utilisé dans l’autre sens, nous étions parti la fleur au fusil je vous rappelle). Benoît garde le bout de corde en main lorsque je commence à descendre, et lorsqu’il la lâche après que j’ai descendu d’une dizaine de mètres, il me semble qu’elle n’atteint pas le fond, … Je descends précautionneusement et le puits s’élargit et la 8mm semble d’un coup toute petite petite. J’arrive sur le nœud, et ma lampe ne me permet pas d’éclairer le fond, gloups ! Je vois un splash marron qui semble être le morceau de terrain qui a pris la tangente sur le bout de margelle au dessus, mais rien au-delà, le grand noir. Il n'aurait pas fait bon être sur le bout de nouille lorsque cela c'est produit, ... Le fond est en tout cas nettement plus large que le haut et les dimensions, sans être énormes, sont impressionnantes. Le passage du descendeur aux bloqueurs est rondement, mais prudemment, mené, et la remontée aussi. Je fais beaucoup plus attention au sortir du trou, comme quoi la psychologie du spéléologue est étrange. J’informe Benoît qui me dit qu’il y a dans le coin le gouffre de la Saint-Jean, avec un très grand puits, mais il n’est pas certain que ce soit celui-ci, il n'a que de vagues souvenirs. Il va voir de ses propres yeux et attaque la descente, silencieusement. Il confirme à la remontée que l’abîme est insondable avec nos éclairages pourtant puissants. Ses mots en sortant sont « il faut avoir le cœur bien accroché », et je confirme. On prendra de la 9 mm la prochaine fois, s'il y en a une.

Nous plions les gaules vers 11h30, pour un retour bien tôtif par rapport à d’habitude.

Rentré chez lui Benoît confirme rapidement que le gouffre est bien le gouffre de la Saint-Jean, découvert et exploré en 1981 par un guide de haute montagne, ensuite aidé du SGCAF, et finalement par les Furets Jaunes. L’entrée était fort étroite et avait été désobstruée. Clairement, ce n’est plus le cas ! La verticale d’entrée fait 93 m, ce qui explique cette impression grandiose sur la corde. Nous étions un peu court avec nos 45 mètres de corde. « Le 5 juin, c’est la Saint-Justin, la fête des opticiens », dit Benoît en rendant hommage à notre ami Pascal, que nous remercions néanmoins de cette virée impressionnante.

Photos (de Benoît): https://photos.app.goo.gl/wHPxgVb7JXUP37Nf9

TPSC (temps passé sur corde) : 20 minutes