cr-13-02-2021

Samedi 13 février 2021, Balade dans la galerie des François à la Dent de Crolles.

Benoît Terrier (correcteur) et Frédéric Pétrot (rédacteur).

Couvre feu à 18h oblige, rendez-vous est pris avec Benoît à 7h pile pour tailler la route vers Perquelin. Nous passons au club chercher une corde de 65 m, quelques amarrages et une trousse à spits : nous avons prévu de descendre le puits de la côte (P50) pour rejoindre la galerie des François. Vu qu’il a neigé hier, la prudence est de mise sur la route. Et de fait, si la route est relativement dégagée jusqu’au col de porte, la descente vers St Pierre est elle franchement enneigée. Nous arrivons à Perquelin sans soucis néanmoins.

Nous attaquons la montée vers le Guiers à 8h30, sous le regard surpris de trois skieurs de rando qui s’équipent. Une heure après, nous sommes dans la galerie d’entrée, et le temps de nous changer, nous attaquons le réseau sanguin vers 10h.

15 minutes après nous sommes au bas du puits Pierre. Nous nous équipons (nos matos sont dans les kits pour le parcours du réseau sanguin), et enquillons la classique des classiques de la Dent : montée du puits Pierre, parcours de la Galerie Paul, puis de la galerie Perquelin, et franchissement de la vire du puits Isabelle, rapidement suivie de la vire Rias, et plus loin du passage au-dessus du puits Moulin, de sinistre mémoire. Nous parcourons ensuite le boulevard des tritons, avec son surcreusement caractéristique, et remontons le puits Banane, une petite vire équipée (dans laquelle je glisse et trouve le moyen de me tordre l’annulaire) quelque temps derrière, et enfin la cascade rocheuse, que nous atteignons vers 11h40. Nous sommes dans les temps.

Au bas de la cascade rocheuse, la première galerie à droite, avec une forme de V caractéristique, est la galerie de la vierge. C’est elle qui mène au puits de la côte [1], mais aussi aux Champs Élysées (ce n’est pas le chemin le plus court) et à une multitude de diverticules dans lesquels nous avons erré à la recherche du puits Chazalet lors de précédentes aventures (trois ans déjà !). Mes batteries montrant des signes de faiblesse, je les échange avec celles de secours, mais elles ne sont guère plus vaillantes, caramba. Rapidement, la galerie s’élargit grandement, mais le plafond se baisse, laissant germer çà et là des stalactites, et des (concrétions en forme de) choux fleurs tapissent le sol. Résultats, non content de se broyer les genoux, on se défonce le dos. Le cheminement est « au plus simple », il faut rester en haut et suivre les traces de gras bien visibles. C’est relativement court, heureusement. Le sol change et devient sablonneux, on pourrait presque se relever, et quelques mètres après le puits de la côte est là. La corde en place semble en excellent état, et en plus elle vient d’atteindre sa majorité (19 ans tout juste). Nous doublons l’amarrage de tête de puits avec un grand anneau de dyneema, et je me lance dans la descente. J’ai tout de même la C65 et la trousse à spits, si une mauvaise surprise devait advenir. Ce puits de 50 m est bien fractionné, et deux pendules permettent de décaler la progression des chutes de pierres. Je descends (très) lentement, afin de vérifier l’état de la corde et des amarrages. Étant arrivé au fond sans avoir vu de tonche, brûlure, frottement, etc, Benoît m’y rejoint plus rapidement. Il est 12h15 approximativement. Nous prenons pied dans la rivière, d’abord direction l’aval, jusqu’à un siphon peu engageant, mais bien siphonnant. Demi-tour, c’est vers l’amont que ça se passe. Benoît a regardé sur la topo où le puits Chazalet devrait déboucher, mais nous n’aurons pas le temps de chercher, vu que nous n’avons pas l’intention de laisser chacun 135€ à la maréchaussée. La remontée de la rivière est sympathique. Nous passons le bas du puits Tony pour arriver finalement au pied du puits des oursins. La corde qui en permet la remontée est le sésame qui mène à la galerie Spit, elle même arrivée de la traversée des Quanta. Elle est en place et l’équipement semble avoir été fait hier, ce qui est presque le cas puisque Benoît et Jean-Pierre Gonzales l’ont refait en 2002. Retour au puits de la côte pour casser une petite croûte, il est 12h50. Au menu sardines pour Benoît et maquereaux pour moi, rappelons-nous qu’il y avait la mer ici il y a 25 millions d’années. Vingt minutes après, nous attaquons la remontée. Les 50 m du puits de la côte sont rapidement absorbés, même si je sens que je ne suis pas au mieux de ma forme. Nous récupérons la dyneema, et c’est parti pour le steak haché de genou. Mes batteries rendent l’âme pour de bon dans la galerie de la vierge (un signe?), plus un lumen ! J’ai bien une frontale de secours, mais la placer sur la casque est une gageure, aussi je remets les précédentes batteries, qui ont encore un peu de jus. Fiat Lux !

La remontée de la cascade rocheuse se déroule à merveille avec le pantin. La bonne nouvelle est qu’une fois en haut, nous ne faisons que descendre jusqu’à la sortie. Nous nous éjectons du sanguin à 14h40, soit 1h30 après le départ du fond. Le dernier ramping tire sur mes pauvres bras. Il est temps que nous sortions, je commence à fatiguer, et ma lampe vient de passer en mode méga-survie. Benoît lui semble frais comme un gardon et éclaire comme au premier jour. Nous nous changeons et chargeons les sacs. Il fait froid, les sangles sont raides comme la justice et Benoît en bave des ronds de chapeau pour fermer ses raquettes. La descente se passe bien, sauf que je me ramasse dans le raidillon au-dessus de fontaine noire et que je me mets à glisser dans la pente. Benoît me rattrape au vol heureusement, plus de peur que de mal. Nous sommes aux voitures à 16h10, le préfet n’a qu’à bien se tenir ! Une heure après, retour dans le Grésivaudan pour un couvre-feu bien mérité.

TPST : 4h30

Photos (pourries) : https://photos.app.goo.gl/WjoJZBnt1HQV6Uxt9

[1] La Dent de Crolles et son réseau souterrain, p. 282.