Les Amazones

illustration d'une scène de combat entre Amazones et Grecs

Dans la mythologie grecque, les Amazones étaient des guerrières légendaires qui occupaient le pourtour de la mer Noire, ou bien sur les pentes caucasiennes, ou encore en Thrace ou en Scythie. Au-delà de l'aspect mythologique, des historiens suggèrent que les Amazones pourraient correspondre aux femmes guerrières des peuples scythes et sarmates. Les plus grands héros grecs ont prouvé leur bravoure en affrontant d'illustres Amazones dans plusieurs mythes célèbres:

Le légendaire fondateur d'Athènes, Thésée, est sorti triomphant d'un duel contre l'Amazone Antiope. Pour accomplir le neuvième de ses douze travaux, Hercule a dû rapporter la ceinture dorée d'Hippolyte ou Antiope, reine des Amazones. La mythique guerre de Troie a vu s'affronter au corps-à-corps le champion grec Achille et la valeureuse Amazone Penthésilée.


Un peuple admiré et respecté car proche du peuple grec


Les Amazones semblent n’exister dans les mythes que pour être vaincues par les héros grecs. Cependant, dans chaque mythe les Amazones sont aussi braves et talentueuses que les héros eux-mêmes qui, déterminés à prouver leur bravoure, se devaient d'affronter des adversaires à leur taille. Ainsi, les Grecs considéraient les Amazones comme de dignes adversaires: aussi courageuses, qualifiées et vaillantes qu'eux-mêmes au combat, autant de caractéristiques masculines qui font des Amazones des femmes “viriles”. Ce penchant masculin se retrouve dans leur description physique. Outre leur force et leur tenue de combattantes (munies d’un arc ou de javelots), certains récits précisent qu’elles avaient le sein droit brûlé pour faciliter le maniement des armes (d’où leur nom d’« amazon » qui signifie en grec « sans sein »).


Par ailleurs, la société des Amazones décrite par les auteurs antique a de nombreuses similitudes avec la société grecque.

Ainsi, malgré certains éléments « barbarisants » comme leur lieu d’origine et leur niveau de civilisation, ces auteurs attribuent aux Amazones plusieurs caractéristiques grecques:

En effet, les Amazones pratiquent la même religion que les Grecs, elles vénéraient tout particulièrement Artémis, la virginale déesse de la chasse. Elles descenderaient elles même d'Arès, dieu de la guerre, et de la nymphe Naïade Harmonie.

L’organisation politique des Amazones est également comparable à celles des cités grecques. Quand elles ne sont pas dirigées par une reine, les Amazones vont à l’assemblée et usent de la παρρησία (parrêsía « parler de tout », ou liberté d’expression), comme les citoyens des cités.


Un peuple craint de par sa féminité


Le peuple Amazone se distingue de tous les autres ennemis que les héros grecs affrontent de par sa féminité. En effet, cette société est composée exclusivement de femmes qui selon certains mythes, réduiraient les hommes en esclavage. Selon d’autres récits, les Amazones s’uniraient une fois l’an avec un peuple voisin essentiellement masculin (les Gargaréens) pour procréer. A la naissance, les enfants mâles seraient alors envoyés vivre avec leur père tandis que les filles grandiraient au sein de la communauté des amazones.

Ainsi, la société matriarcale des Amazones penchant fortement vers la misandrie (aversion pour les personnes de sexe masculin) constitue une alternative sociale qui menace le mode de vie des Grecs.


Ainsi, dans l'art et la littérature de la Grèce antique, les Amazones étaient présentées comme de belles et vaillantes guerrières, toujours armées et dangereuses. Dans les récits grecs, la figure de l’Amazone courageuse, guerrière et fine stratège, constitue une sorte d’alter ego féminin du héros grec. Cependant cette égalité entre hommes et femmes, même fictive, constitue une subversion et donc un danger moral et idéologique pour la société patriarcale grecque. Ainsi, dans ces mêmes récits antiques, les auteurs n’oublient pas de rappeler la domination du peuple grec sur les Amazones, non seulement parce qu'il est barbare (étranger au monde grec) mais surtout parce qu’il est féminin.

Alors que dans la grèce antique, la place et le rôle des femme dans la société sont très limités, les grecs imaginent, en s’inspirant de la réalité, un peuple ou les femmes sont reines. Ces récits mêlent deux sentiments contradictoires: la fascination des Grecs suscitée par ces femmes puissantes et la peur d’une égalité entre les sexes qui, dans l’esprit des hommes, ouvre la porte à une domination féminine.


Femmes fatales ou figures féministes?


A l’image de sa représentation duale dans l’Antiquité, la figure de l’Amazone a été reprise au cours des époques et encore aujourd’hui, dans la littérature comme au cinéma pour caractériser deux genresaq féminins très différents: tantôt la femme fatale, séductrice et manipulatrice, dangereuse pour l’homme, tantôt (et de plus en plus de nos jours) la femme forte et indépendante, qui n’a besoin de personne et en particulier d’aucun homme.

Dans ce cas ci, on peut donner comme exemples contemporains Wonder Women, dont le lien avec les Amazones est direct (elle appartient elle-même à leur tribu) ou Katniss Everdeen, héroïne de la saga Hunger Games, qui par plusieurs aspects, s’assimile grandement aux Amazones antiques (chasseuse, manie l’arc à la perfection, combattante, femme forte et indépendante…). Cependant, on peut remarquer que ces personnages, bien qu’émancipés, sont encore très souvent représentés aux côtés d’un ou de plusieurs hommes. Ainsi, on peut se rappeler que susan collins donne une très grande place au triangle amoureux que forment Katniss, Gale et Peeta dans sa saga tandis qu’une histoire d’amour passionnelle entre Wonder Woman et Steve Trevor est développée dans les comics de Charles Moulton.

En effet, on peut noter que dans la plupart des films d’aventure aux héros féminins, une grande part de l’histoire est dédiée au développement d’une relation amoureuse rarement nécessaire à l’intrigue du film, ce qui n’est pas forcément le cas pour les films de même genre aux héros masculins.


Sources:


https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/06/mythologie-les-fieres-amazones-ont-bel-et-bien-existe


https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01614655/document


https://antiquipop.hypotheses.org/5301

https://corpus.ulaval.ca/jspui/bitstream/20.500.11794/26099/1/31634.pdf

Aïda Tijani