René Le pape était mon grand-oncle, le frère de ma grand-mère maternelle. Résistant, Il a été fusillé le 21 septembre 1942.
Petite fille je suis souvent allée sur les lieux de son exécution, au Mont Valérien, avec mon arrière grand-mère. Elle cultivait le souvenir de son fils, sans jamais exprimer le moindre ressentiment vis à vis du peuple allemand. Elle m'a inculqué la tolérance et la réconciliation.
Plus tard, après la construction du Mémorial, j'ai assisté aux cérémonies du 18 juin, présidées par le Général de Gaulle.
Christian Sourdaine, passionné de généalogie, est mon "cousin" grace à nos ancêtres bretons du Trégor, Yves Le Men 1779-1823 et Jean Claude Malargé 1779-1831, du côté de mon arrière-grand-père, le père de René Le Pape.
Il s'est livré à un travail de recherches historiques qui dépasse largement le domaine de la généalogie. Je l'ai aidé en lui apportant quelques informations familiales et pour la traduction et l'exploitation des documents en allemand.
J'ai construis ce site en empruntant une partie du texte et la totalité des illustrations aux pages qu'il a consacrées, depuis 2012 à René Le Pape sur son site de généalogie.
René Le Pape
13 mars 1901-21 saptembre 1942
La date du décès est erronée, mais c'est le souvenir qui compte
Outre cette plaque apposée sur la façade de l'immeuble parisien où il résidait, Le souvenir de René LE PAPE est inscrit sur la cloche de bronze où sont gravés les noms des fusillés du mont Valérien, et la sépulture érigée au cimetière du Père-Lachaise face au mur des Fédérés.
Cimetière du Père -Lachaise
La cloche de bronze
haute de 2,18 mètres, oeuvre du sculpteur et plasticien Pascal CONVERT, a été
inaugurée le 20 septembre 2003.
Les noms du millier de martyrs fusillés au mont Valérien y sont gravés par ordre chronologique.
La liste n'est pas définitive et est régulièrement corrigée en
fonction des recherches historiques.
Extrait de la page 27 du Registre du camp de Romainville (1)
(Zur Erschiessung abgeholt = Désignés pour l'exécution)
(1) Extrait du document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU3_2 - Le document complet est présenté en Annexe 1
On est en train de vivre les derniers jours de l'été le plus triste de la guerre qui voit l'apogée de l'expansion des armées de l'Allemagne et ses alliés en Europe et en Afrique du nord.
Si la température reste douce, Paris est mouillée par de courtes averses orageuses.
Avant les premières lueurs de l'aube, les camions de la Wehrmacht ont chargé leur cargaison de 46 victimes expiatoires - selon la terminologie retenue par les nazis - dans le camp d'internement de Romainville installé dans le fort construit au XIXe siècle pour la défense de Paris... La veille, l'occupant a annoncé les noms des otages qui seront fusillés le lendemain à l'aube.
Parmi eux René Emmanuel LE PAPE, électricien et communiste, syndicaliste et résistant de la première heure, âgé de 41 ans, le numéro 763 du registre des internés du camp.
Mont-Valérien, entrée de la forteresse
Il est difficile d'imaginer l'état d'esprit de ces hommes que l'on conduit à la mort, mais les quelques lettres que les fusillés du mont Valérien ou d'ailleurs ont écrites et qui sont parvenues jusqu'à nous montrent toutes un courage extraordinaire, une sérénité et une détermination à toute épreuve alliés à une foi inébranlable en la victoire, dans la justesse de leur combat et dans l'avenir radieux que connaîtront leurs enfants après la défaite de l'Allemagne hitlérienne.
Photographie extraite d'une série réalisée lors d'une exécution
au mont Valérien en février 1944, prise clandestinement par
le sous-officier Clemens RUSER. Ce sont sans doute les seules
photographies qui existent d'une fusillade au mont Valérien
Guidées par les faibles lumières des fentes de leurs phares, les camions ont contourné Paris par le nord en empruntant les boulevards des Maréchaux, puis se sont dirigés à l'ouest vers la masse sombre du mont Valérien qui domine Suresnes...
Ils ont franchi les portes de la forteresse....
Peut-être les 46 otages ont-ils été enfermés dans la chapelle désaffectée où beaucoup ont passé leur dernière nuit, certains gravant sur les murs d'ultimes messages… Peut-être ont-ils été conduits directement, par groupes de 4 ou 5 vers la clairière située en contrebas, où se dressent les poteaux d'exécution.
Ont-ils eu les yeux bandés ou ont-ils, dans un dernier défi, affronté de leur regard les fusils du peloton ?
Ont-il crié " Vive la France ! ", chanté La Marseillaise ou se sont- ils tus ?
Le souci des Allemands pour l'exactitude nous apprend que les exécutions ont débuté à 9h20 et se sont terminées à 10h47 ; elles ont donc duré 1h27. Si l'on considère que les otages ont été exécutés par groupes de 5 il s'écoulait un délai d'une dizaine de minutes entre chaque fusillade. On peut imaginer l'angoisse, cette longue torture par l'attente qui s'ajoutait à l'horreur de perdre la vie...
Les corps des martyrs ont été conduits au crématorium du Père-Lachaise pour y être incinérés puis les cendres réparties entre divers cimetières parisiens avec la consigne d'effectuer les funérailles en silence et dans une quasi clandestinité...
Tous les textes qui suivent ont été rédigés par Christian Sourdaine
René LE PAPE a été élevé dans une famille socialiste militante et a naturellement épousé leurs idées. Les quelques photos dont nous disposons de ses jeunes années ont été prises par un photographe de Guingamp ce qui montre que les liens familiaux étaient restés forts avec sa branche paternelle. Il a effectué son service militaire dans la marine à Toulon en qualité de Quartier-maître ; il est photographié avec un bonnet de marin marqué du nom du " Paris " un cuirassé.
Le 12 mai 1924 René LE PAPE, Electricien, épouse à Pabu dans les Côtes d'Armor Marie LORGERÉ, Couturière, née le 13 décembre 1899 à Guingamp.
Le jeune couple s'installe à Paris au 10 de Rue de la Solidarité dans le XIXe Arrondissement. Le 27 octobre 1926 une petite fille prénommée Renée vient au monde à la Maternité Port-Royal - Saint-Vincent-de-Paul dans le XIVe Arrondissement. Membre de la CGTU(2) depuis 1926 il adhère au Parti Communiste en 1935 et en 1936 intègre la rédaction de l'Humanité dans les rubriques sociales et l'économie politique où il traite essentiellement de Paris et sa région(3).
Dans cette enquête de douze articles parus en dernière page de l'Humanité, entre le 25 avril et le 12 mai 1938, René LE PAPE traite des divers aspects de la santé à Paris. Après un rapide historique des établissements hospitaliers parisiens depuis le Moyen-âge, il décrit les efforts consacrés à la construction de nouveaux hôpitaux, les notoires insuffisances, les erreurs de conception, mais aussi les progrès indéniables qui ont été réalisés. Il dénonce les salles communes, les baraquements provisoires, les brancards qui remplacent les lits, les salles surchargées...
Ces articles frappent par la qualité du travail d'investigation effectué mais aussi par la force des nombreuses propositions avancées et la modernité du propos, notamment quant à la nécessité de la création de sanatoriums et l'exigence d'une nourriture de qualité. Bien entendu les revendications formulées par le personnel de l'Assistance Publique y trouvent un écho favorable.
Dans cette série René LE PAPE montre qu'il est véritablement un journaliste.
(2)Au congrès de Tours, du 25 au 30 décembre 1920, la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) se scinda pour donner naissance à la SFIC (Section française de l'Internationale communiste) qui devint le Parti Communiste Français. Cette scission fut suivie par celle de la CGT en 1921, avec la formation de la Confédération générale du travail unitaire (CGTU), de tendance révolutionnaire constituée de minoritaires anarcho-syndicalistes et de socialistes majoritaires ayant rejoint les communistes. En 1936, dans l'élan du Front populaire, les deux confédérations se réunifient.
(3) Les fusillés du mont Valérien - Arsène TCHAKARIAN - Comité National du Souvenir des fusillés du mont Valérien - Page 105
Voici la transcription du premier de la sériie, paru dans l'Humanité du 28/11/1937 qui frappe par son caractère d'actualité où il fait le lien entre la politique de logement et la tuberculose :
Les taudis de Paris
"Ville lumière"
Pas de lutte possible contre la tuberculose
sans une ferme politique de l'habitation
Avant de voir ce qui est proposé et envisagé par le conseil municipal pour débarrasser Paris de ses taudis infects il était absolument nécessaire de faire la démonstration que l'insalubrité des logements était la cause principale des ravages exercés dans notre pays en général et à Paris en particuliers par la tuberculose.
Cela ne veut pas dire - ce serait inexact - que les progrès dans la lutte contre ce fléau, n'ont pas été enregistrés au cours des dernières années et cela en jonction même de l'amélioration de l'habitat.
Nous devons en effet reconnaître que de 1920 à 1936, 25 000 logements qui se répartissent ainsi : 19 647 à bon marché, 2 880 de type intermédiaire et 3 500 à loyer modéré, ont été édifiés par les soins de la Ville de Paris ; ceci dit nous n'en soulignons que plus fortement l'insuffisance de la politique de l'habitation.
Des chiffres qui parlent
Car, tout de même, nous sommes bien obligés de constater ces deux faits caractéristiques
1° C'est qu'en trente ans la mortalité due à la tuberculose a diminué de 45% en Allemagne, 26,5% en Angleterre et de 18% en France.
2° Alors qu'il meurt de la tuberculose 78 personnes en Allemagne, 83 en Angleterre, il en meurt 153 en France.
Et là encore nous sommes bien obligés de dire que cette différence énorme qui n'est pas à l'honneur de notre pays est causée en partie par les îlots insalubres de Paris qu'ils soient classés ou non.
Voici d'ailleurs une dernière statistique, établie en 1936, pour les 80 quartiers de la " Ville lumière " et qui est particulièrement édifiante à cet égard.
Elle est basée sur la moyenne de la mortalité par tuberculose dans les quartiers possédant des îlots insalubres ou des groupes d'immeubles qui, en toute logique, devraient être classés comme tels.
Donc à cette époque :
27 quartiers accusaient 8 243 décès, moyenne 305, îlots insalubres 18
19 quartiers : 3 873 décès, moyenne 226, îlots 6
21 quartiers : 1 988 décès, moyenne 95, îlots néant
Il faut interdire de louer des taudis
Voilà, n'est-t-il pas vrai, des chiffres qui parlent d'eux-mêmes et se passent de longs commentaires.
Ne sont-ils pas un impérieux appel pour qu'une politique très sévère de l'habitation intervienne enfin en faveur de la protection de la santé publique ?
Si ! Et cet appel doit être entendu et suivi d'actes.
Il faut en premier lieu que des dispositions législatives prescrivent l'interdiction effective de louer tous locaux ou logements insalubres.
Il faut ensuite que soit accélérée la démolition des îlots insalubres recensés et à recenser.
Enfin il faut reconstruire des habitations à loyer accessibles aux travailleurs avec des logements aérés, clairs et ensoleillés en tenant compte que la tuberculose est la maladie de l'obscurité.
Il faut, oui, mais c'est là que les difficultés commencent.
Car lorsqu'on parle difficultés à l'Hôtel de ville chacun sait que ça peut se traduire par manque d'argent.
Quelle somme serait nécessaire pour abattre les taudis de Paris ? et quelles sommes sont envisagées ? C'est ce que nous verrons demain.
René LE PAPE
René LE PAPE est mobilisé le 3 septembre 1939.
Le 10 juin 1940, devant l'avancée des troupes allemandes, le gouvernement français quitte Paris pour se replier en Touraine. Albert LEBRUN établit la Présidence de la République au château de Cangé à Saint-Avertin, dans la banlieue de Tours. Le Grand quartier général s'installe à Briare. Le général WEYGAND, généralissime de l'armée française, et son cabinet occupent le château du Muguet à Breteau dans le Loiret à quelques kilomètres de là. C'est ce lieu que choisit Paul REYNAUD, Président du conseil replié au château de Chissay, à Chissay-en-Touraine pour organiser la réunion demandée par CHURCHILL et qui prendra le nom de conférence de Briare. On songe alors à établir une ligne de défense Caen, Tours, Loire moyenne, Clamecy, Dijon et Dôle.(4)
René LE PAPE, en sa qualité d'électricien, est envoyé à Montbazon (Indre et Loire)(5) où l'Etat major de la Marine s'est installé dans le château d'Artigny.
Le gouvernement français, tirant les conséquences de la signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939, a dissous le Parti communiste le 26 septembre 1939, provoquant l'exil pour ses chefs et la clandestinité pour ses militants. L'attitude des Communistes jusqu'au mois de juin 1941, date de l'invasion de l'Union soviétique par Hitler, fait débat entre les historiens. Les uns mettent en lumière les démarches de 1940 auprès de l'occupant pour faire reparaître le journal L'Humanité et l'attitude de certains militants qui refusent de combattre, les autres rappellent l'attitude de Charles TILLON et arguent que les militants contraints à la clandestinité et à la lutte antifasciste sont entrés dans la résistance avant juin 1941.
Très rapidement, dès juillet 1940, René LE PAPE fait le choix de la Résistance. Après sa démobilisation il décide de rester en Touraine et entre à la C.I.M.T. (Compagnie Industrielle de Matériels de Transport) où il est employé à l'entretien des moteurs électriques et où il poursuit ses activités syndicalistes et politiques désormais interdites. Il s'emploie à l'organisation syndicale et participe au journal clandestin L'Ouvrier Métallurgiste.
Les raisons qui l'ont poussé à rester loin de sa famille sont multiples. D'abord un soucis de sécurité. En coupant les ponts avec Paris il protégeait sa fille et son épouse. C'est d'ailleurs ainsi que celle-ci pourra arguer de cette séparation lorsqu'elle sera interrogée par la police après l'arrestation de son mari. Ensuite peut-être parce que la Touraine est très proche de la ligne démarcation qui coupe le département d'Indre-et-Loire en deux. La zone libre est proche. Enfin parce que la Touraine a été très tôt une terre de résistance à l'occupant nazi.
Dans le dossier daté du 23 août 1949 destiné à la Commission d'Homologation de la Résistance Intérieure Française, Marie, sa veuve, indique :
- qu'il est entré dans la Résistance le 1er juillet 1940, contacté par RIGAL(6) du PCF
- qu'il œuvré à l'impression clandestine et la diffusion de la presse anti-allemande, qu'il a mené des opérations de destruction de ponts et de postes de radio dans la région de Tours et de sabotage d'une usine à Saint-Pierre-des-Corps(7)
- qu'il était membre du Front National en qualité de Chef de groupe
Collaborateur direct de René FROISSARD Chef du PC clandestin à Tours depuis décembre 1941, René Le Pape est chargé de former le Front National en Indre-et-Loire (ou Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France), créé par le Parti communiste français alors clandestin le 15 mai 1941. Le Front national deviendra rapidement l'organisateur et la représentation politique des groupes de lutte armée : les Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Marie LE PAPE indique qu'il était membre de Front national dès le 1er juillet 1940. Ce devait être alors une structure embryonnaire de cet organisme. Le Front national s'autodétruira après la Libération.
Il organise alors des groupes de diffusion de tracts, d'abord faits à la main, puis à la Ronéo. Il passe souvent ses nuits pour les imprimer avant d'être diffusés à la C.I.M.T. et dans d'autres usines(8).
(4) Sources : Wikipedia
(5) Sources : Dossier de Demande de validation de services rempli par Marie LE PAPE, sa veuve, le 10 mai 1965
(6) Il s'agit certainement d'Albert RIGAL : http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=6761
(7) Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1942, Paul DESORMEAUX et son groupe FTPF font sauter les transformateurs de la centrale électrique qui alimente les installations de la gare de Saint-Pierre-des-Corps. Le trafic allemand sur la ligne Paris-Bordeaux est interrompu pendant 24 heures. Arrêté le 15 juin 1942, condamné à mort, Paul DESORMEAUX est fusillé au camp du Ruchard sur la commune d'Avon-les-Roches (Indre et Loire) le 27 octobre 1942.
(8) "Le Parti Communiste à Tours (1936-1997)" - Nicolas CREYSSELS - Mémoire de maîtrise - Tours 1998-1999
L'activité clandestine de René LE PAPE le conduit à rechercher et à dérober du matériel pour alimenter les réseaux de la Résistance. Selon La Voix du Peuple(9) du 10 mars 1945 une boite de carbure qu'il avait dissimulée aurait été découverte par un contremaître de la C.I.M.T. qui la porte à l'ingénieur. Pour éviter les sanctions qui allaient être prises à l'encontre de ses camarades de travail, René LE PAPE reconnaît les faits et demande son compte. Les autorités de police ont-elles été alertées ?
Deux jours après, le 18 février 1942 il est arrêté à son domicile au 76 de la rue Bernard Palissy à Tours(10) . Cette arrestation s'effectue plus certainement dans le cadre de l'affaire PICAN - CADRAS - POLIZER(11) ainsi que l'atteste sa fiche de police.
Fiche de police des services français (Document 0548 PU1-1 et 0548 PU1-2)
Les inspecteurs français sous la direction du Commissaire Fernand DAVID, de la première Brigade spéciale des Renseignements généraux, BS1, dont la mention au crayon figure au verso de la Fiche anthropométrique, ont filé pendant plusieurs semaines André PICAN(12). Le 15 février 1942, ils suivent Danièle Casanova qui apporte des documents au domicile du philosophe Georges Politzer, 170 bis rue de Grenelle. Cette première arrestation à Paris le 15 février 1942 marque le début d'une vague d'arrestations de communistes à Paris et en province.
Dans un document consacré à l'arrestation de Danièle CASANOVA(13) on peut lire que CADRAS alias André PICAN avait été suivi jusqu'à Tours dès le 22 janvier.
Fiche anthropométrique N° 816394
Photographie prise le 17/03/1942(14)
Le verso de cette photo anthropométrique porte un cachet avec la date du 21 février 1942 et la note manuscrite BS1
La première brigade spéciale (BS1), mise en place en mars 1940, a pour vocation la répression anticommuniste. Les premières semaines de l’'occupation entraînent un relâchement de la pression sur le Parti communiste, mais celle-ci retrouve toute son intensité à l'automne 1940. En effet, le régime de Vichy a fait de la lutte anticommuniste une de ses priorités. Les arrestations, les internements et les condamnations se multiplient contre les auteurs ou les porteurs de tracts ou de journaux communistes, accusés de menées antinationales. La tâche est facilitée par le recours au fichier des militants politiques et syndicalistes du Front populaire établi sous la Troisième République, réactivé en février 1941 dans le cadre de la répression du mouvement social. A l’été 1941, avec l’entrée dans la lutte armée de la résistance communiste, la BS1 travaille avec la police allemande pour repérer et interpeller les auteurs des attentats et leurs supposés complices. La Préfecture de police augmente d’abord les effectifs de la BS1 et la confie au commissaire DAVID puis elle ajoute à la BS1 anticommuniste, une BS2 antiterroristes, sous les ordre du commissaire HENOQUE dont la coopération avec la police allemande devient quotidienne. Les BS1 et BS2 comptent chacune à leur apogée près d’une centaine de membres, tous rompus aux techniques policières les plus sophistiquées (filatures, infiltrations, fichages, , etc.), faisant preuve de patience et de prudence mais n’hésitant pas à recourir à la dénonciation et à la violence la plus extrême pour obtenir des renseignements. Les brigades spéciales peuvent aussi s’appuyer sur la Police municipale et ses nombreux gardiens de la paix qui quadrillent Paris et sa banlieue sous l’autorité de commissaires plus ou moins coopératifs. Le bilan de l’action des brigades spéciales est terrible pour les résistants. Entre août 1941 et août 1944, les BS1 et BS2 arrêtent près de 3 200 personnes, pour la plupart remises aux Allemands.(Sources : Musée de la résistance)
Huit jours après son arrestation, René LE PAPE est emprisonné le 26 février 1942 à la prison du Cherche-midi à Paris(15), en même temps que René FROISSART, Chef du PC clandestin à Tours depuis décembre 1941, et Gaston BRETON, militants du PC clandestin en Indre et Loire, qui connaîtront le même sort que lui(16). Le cinquième, Albert POIRIER qui n'a pas été retenu pour être fusillé en septembre 1942 (parce que son nom commençait par la lettre P ?) réussira à s'évader du fort de Romainville en juin 1943.
Marie, l'épouse de René LE PAPE est arrêtée et internée au camp des Tourelles à la Porte des Lilas à Paris(17), mais elle est finalement libérée car elle a pu persuader ses interrogateurs qu'elle ignorait tout des activités de son mari...
Fernande LE PAPE, sa sœur s'est déplacée, en vain, pour tenter d'avoir des informations sur le sort de René LE PAPE.
(9) Hebdomadaire de la Section d'Indre-et-Loire du P.C.F dans son édition du 10 mars 1945
(10) Document 0548 PU4 - Archives du Haut-commandement militaire (Oberkommando der Wehrmacht) - VIII, VIIIa, XLIII, XLV, XLVa : Sabotages, représailles, question des otages - XLV-43 - Sorte de procès verbal du 11 septembre 1942, soit quelques jours avant l'exécution, rappelant les charges qui justifient la désignation de René LE PAPE comme otage. Après un rappel de son passé de permanent syndical et politique communiste, il lui est reproché d'avoir recruté des adhérents pour un syndicat clandestin et sa participation active, comme permanent du parti communiste clandestin.
(11) Documents 0548 PU1-1 et 0548 PU1-2
(12) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU1_1 et 0548_PU1_2
(12) André PICAN a été fusillé au mont Valérien le 23 mai 1942.
(13) http://www.curagiu.com/arrestation.htm
(14) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf.0548_PU2_1 et 0548_PU2_2
(15) La prison du Cherche-midi est une prison militaire parisienne, aujourd'hui disparue, qui se situait 54, Boulevard Raspail, à l'angle avec la rue du Cherche-Midi. Elle fonctionna de 1847 à 1950 (Sources Wikipedia)
(16) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU12_1
(17) http://www.apra.asso.fr/Camps/Fr/Camp-CaserneTourelles.html
L'administration du Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF, Commandement militaire allemand installé à Paris), en charge de la zone occupée, qui a pris possession du fort de Romainville(18), près de Paris, a décidé d'en faire un camp d'internement où les premiers détenus, généralement des étrangers, arrivent dès le 1er novembre 1940. Près de 7000 personnes y furent détenues avant d'être déportées ou exécutées.
À partir de mars 1942, sont internées à Romainville les personnes sous le coup d'une détention de sûreté (Sicherheitshaft). Cette détention s'applique aux personnes ayant commis ou préparé des actes dirigés contre le Reich, la Wehrmacht, l'ordre et la sécurité en France occupée, mais elle peut aussi être préventive.
D'août 1942 à octobre 1943, 209 otages choisis parmi les prisonniers juifs ou communistes y sont retenus avant d'être exécutés au mont Valérien. Quand la politique d'exécution des otages est abandonnée en 1943, le camp a été, avec Compiègne, un lieu de regroupement, en particulier de plus de 3000 femmes, avant la déportation vers les camps nazis.
L'entrée du Parti communiste dans la lutte armée contre l'occupant qui se manifeste par des attentats et des sabotages marque l'intensification d'une politique répressive des autorités allemandes, fondée sur la prise et l'exécution de personnes expiatoires(19) choisies parmi les détenus ; Il s'agit d'impressionner la population par des exécutions regroupées et massives(20).
Dans un courrier du 30 août(21), le Sturmbanfürher(22) BOEMELBURG(23) définit les différentes catégories de prisonniers parmi lesquels les prisonniers dits expiatoires (Sühneperson) :
La désignation des prisonniers expiatoires est faite par la section IV qui décide également de leur installation et de leur transfert à Romainville.
Le commandant du camp de Romainville et la section II/3 reçoivent une copie de la décision de transfert, dans laquelle il est expressément question des prisonniers expiatoires. Pour parler clairement on qualifie de prisonniers expiatoires les hommes qui sont désignés pour une exécution, suite à une mesure expiatoire.
Après un transfert d'un prisonnier expiatoire à Romainville, la section II/3 dispose de sa liberté d'action. La section est priée de faire part à la section IV de la liquidation du prisonnier expiatoire se trouvant à Romainville et qu'elle lui avait livré.
D'autre part, la section II/3 est priée de ne jamais remettre en liberté un PE se trouvant à Romainville, mais de rendre compte à la section IV qui a conduit le prisonnier à Romainville, si elle renonce à la personne en question.
(18) Voir Les oubliés de Romainville : Un camp allemand en France (1940-1944) de Thomas FONTAINE aux Edition Tallandier, 2005, 144 p.
(19) Annie LAGARDE-FOUQUET (Voir en fin de document Remerciements) choisit de conserver la traduction française littérale du mot allemand Sühneperson : personne expiatoire, car les Allemands n'utilisent jamais le mot Geisel : otage. Plusieurs traductions récentes utilisent le terme victime expiatoire. Si le statut de victime est incontestable, cette traduction n'est pas correcte car elle ne rend pas compte de l'état d'esprit des rédacteurs allemands.
(20) 98 personnes sont fusillées en octobre 1941 à Nantes, à Châteaubriant et à Souges, près de Bordeaux, 95 en décembre au mont Valérien
(21) L IV (Gestapo) - Note à l'attention de la section II/4 (BdS) - Objet extension du champ de compétence concernant le camp de sécurité de ROMAINVILLE
(22) Sturmbannführer était un grade paramilitaire du parti nazi, utilisé dans plusieurs organisations, telles que la SA, la SS, la NSKK et le NSFK
(23) Karl BOEMELBURG (1883-1946), chef de la Gestapo en France, mort dans un accident de voiture sans avoir été jugé, fut le chef de la Gestapo en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Il avait autorité notamment sur la section IV J, chargée de la déportation des Juifs, dont Alois BRUNNER fut le responsable.
Le 24 août 1942 René LE PAPE est transféré au fort de Romainville. Une fiche d'entrée(24), un document normalement utilisé pour les prisonniers de guerre, est établie. On n'y trouve ni le lieu, ni la date de l'arrestation, faite six mois plus tôt par la police française. L'auteur de la fiche est un Feldgendarm (FG), car le fort restait sous contrôle de la Werhmarcht, même si la sécurité du Reich (police SiPo/SD) y prend le pas sur l'armée régulière pour l'administration des prisonniers
Ces fiches, sans doute destinées aux prisonniers de guerre, sont manifestement détournées de leur usage initial (avec certainement une faute d'orthographe Gefangenname pour Gefangenhame ou Gefangennehmung). Le numéro d'enregistrement 763 se retrouve sur le registre manuscrit des internés.
Par contre le timbre humide apposé sur la fiche est rédigé en français
Le 11 septembre, soit quelques jours avant l'ordre d'exécution de 116 otages, un document en allemand, en forme de réquisitoire(25), établit les raisons de la désignation de René LE PAPE comme personne expiatoire . En voici une traduction partielle :
Motif de la désignation comme personne expiatoire :
LE PAPE était déjà membre du syndicat communiste en 1936 et avait rejoint le PCF en 1935.
Au début de 1936, il a été, en raison de sa formation politique, nommé à la rédaction de l'Humanité et rétribué comme titulaire.
À l'Humanité, il était en charge des questions économiques et sociales, jusqu'à la dissolution du Parti.
Selon les enquêtes officielles et de son propre aveu, il était déjà, en novembre 1940, fonctionnaire pour les affaires syndicales à la direction illégale d'arrondissement de Tours.
Il a, jusqu'au moment de son arrestation dans la région de Tours, engagé dans les usines et les entreprises locales, des membres pour un syndicat communiste, et a, pour sa part, publié illégalement le journal syndical Le Métallurgiste
Lors de son arrestation, on a trouvé dans l'appartement de volumineux rapports de gestion du PCF illégal, à partir desquels ressortent ses fonctions de fonctionnaire(26) important du PCF illégal.
(18) Voir Les oubliés de Romainville : Un camp allemand en France (1940-1944) de Thomas FONTAINE aux Edition Tallandier, 2005, 144 p.
(19) Annie LAGARDE-FOUQUET (Voir en fin de document Remerciements) choisit de conserver la traduction française littérale du mot allemand Sühneperson : personne expiatoire, car les Allemands n'utilisent jamais le mot Geisel : otage. Plusieurs traductions récentes utilisent le terme victime expiatoire. Si le statut de victime est incontestable, cette traduction n'est pas correcte car elle ne rend pas compte de l'état d'esprit de l'époque.
(20) 98 personnes sont fusillées en octobre 1941 à Nantes, à Châteaubriant et à Souges, près de Bordeaux, 95 en décembre au mont Valérien
(21) L IV (Gestapo) - Note à l'attention de la section II/4 (BdS) - Objet extension du champ de compétence concernant le camp de sécurité de ROMAINVILLE
(22) Sturmbannführer était un grade paramilitaire du parti nazi, utilisé dans plusieurs organisations, telles que la SA, la SS, la NSKK et le NSFK
(23) Karl BOEMELBURG (1883-1946), chef de la Gestapo en France, mort dans un accident de voiture sans avoir été jugé, fut le chef de la Gestapo en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Il avait autorité notamment sur la section IV J, chargée de la déportation des Juifs, dont Alois BRUNNER fut le responsable.
(24) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU3_1
(25) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU4_1 (non reproduit)
(26) En allemand Funcktionär - en français on parle de permanent
Le 18 septembre, le Chef Supérieur des SS et de la Police décrète(27)
Décret du 18 septembre 1942
Les derniers jours, malgré l'avertissement pressant, des crimes ont été commis par les communistes sur des soldats de la Wehrmacht et des civils allemands.
Par conséquent, j'ordonne, qu'à titre de représailles on fusille des prisonniers, 70 à Bordeaux et 46 à Paris, qui se sont rendus coupables d'activités germanophobes ou communistes .
Le Chef de Brigade des SS et Major de la police
Dans le document archivé, le motif "activités contre les Allemands" a été biffé ?
Le même jour, l'ordre est relayé par le Chef de brigade SS et Major général de la police.(28)
Le mXLV-81S
18 Septembre 1942
B.Nr S Pol II/3
Ordre
Depuis le 11.8.1942, date des dernières exécutions, 58 Allemands appartenant à la Wehrmacht et d'autres Allemands du Reich ont été de nouveau blessés ou tués au cours de sabotages et d'actes terroristes.
Pour cette raison, j'ordonne, que 116 Français, 70 à Bordeaux, 46 à Paris, soient fusillés à titre d'expiation. Sont chargés de la mise en œuvre de ces exécutions, le chef du BdS(29) à Paris et le chef du SP-(SD)(30) à Bordeaux.
Les 46 personnes à fusiller à Paris appartiennent évidemment à la liste ci-jointe(31) .Le Chef de la sûreté est chargé d'établir la liste des personnes à fusiller à Bordeaux.
Le BdO(32) est chargé de la mise en œuvre des exécutions à Paris. Le BdO met en place le détachement nécessaire à l'exécution, y compris le détachement chargé du transport des personnes à fusiller du fort de Romainville au fort du mont Valérien, les détachements chargés d'attacher les personnes à fusiller aux pieux, de détacher les fusillés des pieux, de les placer dans les cercueils et de transporter les cercueils.
Simultanément à l'exécution et à l'inhumation, le BdO doit assurer les mesures de protection et de garde nécessaires.
Les détails sont à régler entre le BdS, le Service II et le BdO.
Chef de Brigade SS et Major général de la Police
Ce document justifie le nombre de personnes à fusiller : 116, en réponse aux 58 victimes allemandes. Il précise la répartition des tâches entre les services de police allemands en France, le BdS, police de sûreté et le BdO, police chargée de l'ordre public.
Le Chef de la police de sûreté de Bordeaux doit établir la liste des otages qui seront fusillés dans cette ville, ceux de Paris appartiennent à la liste figurant ci-dessus.
Cette liste, annoncée en pièce jointe, est sans doute le document Liste des personnes expiatoires qui peuvent être prises en compte pour une éventuelle exécution(32). Elle comporte une série de 57 noms :
- les 48 premiers, classés par ordre alphabétiques, sont avec certitude au Fort de Romainville.
- les 9 suivants constituent une liste complémentaire dont quatre personnes sont peut-être au Fort de Romainville (49 à 52).
- les trois suivants, 53 à 55, sont à Fresnes, (Emmanuel THEPAULT est passé en conseil de guerre).
- deux noms, 56 et 57 ajoutés sont au Fort de Romainville.
Le choix : 39 noms sont choisis parmi les 40 premiers noms par ordre alphabétique, Le chinois LAI (qui sera déporté ultérieurement) échappe à cette sélection et sept noms (N° 49 à 55) sont choisis en fin de liste.
Le nom de René LE PAPE, 37ème dans la liste alphabétique, a été coché.
Ce document a été signé par celui qui a choisi les personnes à exécuter le 21 septembre. Il s'agit d'un officier SS.
Les modalités pratiques concernant l'acheminement des otages au mont Valérien et leur exécution sont données dans un document également daté du 18 septembre(33). La liste définitive, Liste des 46 personnes expiatoires à fusiller au mont Valérien(34), non datée, mais antérieure au 21 septembre reprend cette liste. La page 27 du registre du camp(35) nous apprend que René LE PAPE est sorti du camp pour être exécuté. Pour atteindre le but recherché, il faut informer la population par voie de presse. Deux exemples du même avis, en allemand dans le Parizer Zeitung(36) du 19 septembre 1942 et, en français dans Le Matin(37) du samedi 19 et dimanche 20 septembre.
A noter que cet avis fait état de victimes françaises des attentats, ce qui n'apparaît pas dans les documents allemands et que cette exécution s'accompagne d'une sorte de couvre-feu.
Le 26 septembre 1942, le Chef de la Sûreté et du Service de Sécurité auprès du Commandant Militaire en France écrit au Préfet de Police de Paris(38), pour donner des instructions concernant les cendres des 46 otages leur transfert discret dans divers cimetières parisiens et l'information des familles.
Cette lettre illustre la politique allemande des otages caractérisée par la publicité autour des exécutions et la discrétion autour de la restitution des cendres aux familles.
Le préfet répond le 10 octobre 1942(39) : les urnes ont été réparties entre les cimetières parisiens de Pantin, Saint-Ouen, Bagneux, Thiais. Les maires informent les familles auxquelles des certificats de décès seront délivrés.
Une lettre du Secrétariat Général des Anciens combattants(40), Direction de la liquidation des pensions, est adressée à l'Ambassadeur de France(41), représentant le gouvernement auprès des autorités allemandes. Il peut s'agir d'un courrier de routine destiné à la mise à jour des fiches. La réponse manuscrite complète, qui a été en partie barrée est la suivante :
Terroriste fusillé comme otage en représailles des attentats commis en septembre à Paris contre l'armée allemande - Signé Illisible
Il faudra attendre le 2 mars 1950(42) pour que le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre invite le Maire de Suresnes à inscrire la mention MORT POUR LA FRANCE dans l'acte de décès de René LE PAPE.
Par arrêté du 24 octobre 1950(43) le Secrétaire d'Etat aux Forces Armées (Guerre) prononce son homologation au grade de Sergent au titre de la Résistance Intérieure Française à effet du 17 février 1942.
(27) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU10_1
(28) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU13_1 et 0548_PU13_2 (non reproduits)
(29) BdS Befehlshaber der Sicherheitspolizei Commandement en chef de la police de sûreté
(30) SP ou Sipo/ SD : Sicherheitspolizei/Sicherheitsdienst Police de Sureté
(31) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU6_1
(32) BdO Befehlshaber der Ordnungspolizei : Commandement en chef de la police de l'ordre public
(33) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU11_1 et 0548_PU14_1
(34) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU9_1
(35) Voir Annexe 1 - Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU3_2
(36) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU14_3
(37) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU14_2
(38) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf.0548_PU8_1
(39) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf.0548_PU8_2
(40) Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf.0548_PU5_1
(41) François de BRINON - Incarcéré, jugé et condamné à mort le 6 mars 1947 à l'issue d'un procès où il lui sera notamment reproché, au-delà du qualificatif de traître à la Nation, d'avoir été un espion au service de l'Occupant, il est exécuté le 15 avril 1947 au fort de Montrouge (Sources Wikipedia)
(42) (43) Documents figurant dans le dossier de René LE PAPE au Service historique de la Défense (S.H.D.) à Vincennes - Secrétariat général pour l'administration (S.G.A.) du ministère de la Défense.
Inscription figurant sur une stèle au cimetière du Père Lachaise
Annexe 1 - Page 27 du Registre du camp de Romainville(44)
Sont consignés :
- le N° d'ordre correspondant à la Fiche d'entrée
- les Noms, prénoms, dates de naissance, date d'arrivée au camp de Romainville
- l'avant dernière colonne entlassen am (sorti le) porte la date surchargée de l'exécution
- dans la dernière colonne la marque SP au crayon rouge, signe de la police de sûreté, accompagné de la mention zur erschissung abgeholt confirme que le prisonnier est sorti pour être exécuté.
Tous ces prisonniers du 742 au 771 sont arrivés à Romainville le 24 août 1942.
* 21 sortis le 21 septembre 1942 ont été remis à la SP pour exécution.
* 3 sont sortis le 2 octobre 1943 pour exécution. Ils appartiennent à la dernière cohorte de fusillés.
* LAI TZE-SHENG a été envoyé à Compiègne le 28 avril 1943.
* Albert POIRIER s'est évadé (entflohen) le 1er juin 1943 en compagnie de Pierre GEORGES alias Colonel FABIEN
* Fernand GENDRONNEAU a été remis à la police française (der frz Polizei ünerstellt) le 2 octobre 1943. Il avait été arrêté en Charente en septembre 1942. Dans un document sur la Résistance à Ruffec on apprend que après de longues souffrances, libéré du fort de Romainville, il meurt peu de temps après son retour.
* les 3 derniers de la liste ont été transférés le 1er avril 1943 pour être déportés à Mathausen. Octave RABATÉ et Serge CHOUMOFF, dit CHOUMOV, sont rentrés en France après la libération des camps. Raoul SABOURAULT qui était du même village que Fernand GENDRONNEAU est mort à Mathausen le 2 août 1944.
(44)Document communiqué par le Bureau des lieux de mémoire et des nécropoles Réf. 0548_PU3_2
Annexe 2 - Services de la police allemande en France
Section I Administration générale.
Section II Police administrative.
Section III Renseignements économiques et sociaux.
Section IV Répression des menées anti-allemandes
Sous section IV A : Chargée de la répression du communisme et des attentats commis par les FTP.
Sous section IV B : Au début, utilisée en renfort de la précédente. La résistance gaulliste se développant,
cette sous section se voit chargée de la répression et de la lutte contre le maquis.
Sous section IV C : Chargée des minorités étrangères.
Sous section IV D : Chargée du fichier des détentions, elle s'occupera, dès 1943, des formalités concernant
l'organisation des convois de déportés verts Compiègne et Drancy.
Sous section IV E : Lutte contre l'espionnage allié (postes émetteurs clandestins et agents alliés parachutés)
Sous section IV N : Service de renseignements
Section V Affaires criminelles.
Section VI Renseignements généraux.
L'auteur remercie Renée LE PAPE, fille de René Le Pape. Le Pape, Annie LAGARDE-FOUQUET, petite nièce de René LE PAPE, Jolfred FREGONARA(45) , Chantal CIRET et Jean-Claude GUILLON, membres du Bureau de l'E.R.I.L (Etude sur la Résistance en Indre et Loire).
(45) Né le 8 décembre 1919 à Londres (Royaume-Uni) ; ouvrier métallurgiste ; militant communiste et syndicaliste de Haute-Savoie, secrétaire général de l'UD-CGT (1948-1966) ; membre du comité confédéral national (CCN) de la CGT (1948-1965) ; responsable mutualiste, administrateur de la Fédération nationale des mutuelles de travailleurs. http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article50221