Mercredi 15/10/25
J4
La nuit a été un peu agitée. Les troupeaux de chevaux ont fait le bazar et quand les juments se sont enfin dispersées, Lasco les appelait..
Vers 4h30, le froid me réveille. 1ere fois que j'ai froid la nuit. Nous sommes pourtant plus bas que nos précédents bivouacs.
Au lever, le mystère s'éclaircit. Il a gelé. Nous sommes juste dans une poche de froid. Le reste du plateau et les hauteurs n'ont pas gelés.
Lasco a du avoir froid et faim cette nuit. Il n'y a vraiment pas bcp d'herbe. Je lui donne une petite ration pour qu'il se réchauffe espérant lui trouver un beau pâturage pour le reste de la journée.
En effet, aujourd'hui il se repose pendant que les humains vont crapahuter dans la montagne.
Nous nous engageons dans une vallée pierreuse et très étroite en direction du col de Ger. Lasco a faim et s'arrête à la moindre touffe un tant soit peu appétissante. Compatissantes, nous le laissons grappiller.
Nous arrivons à un joli plat puis à un deuxième au pied du col. J'avise un gros rocher et y attache Lasco à la longue corde.
Depuis le sentier qui grimpe au col, nous gardons un œil sur lui. Il ne lève pas la tête de l'herbe et se goinfre à grandes bouchées. Bien, qu'il en profite pleinement !
En 1h d'ascension, nous sommes au col de Ger. La vue est saisissante. Les sommets les plus proches ne sont que de grandes faces d'un calcaire gris. Au loin nous apercevons des sommets espagnols.
Nous profitons d'avoir enfin du réseau pour donner des nouvelles à nos proches et vérifier la météo. Grand beau temps pour le reste du périple !
Après un coup d'œil à la carte, on s'appercoit que le Pic de Ger n'est que 300m plus haut. Après quelques hésitations, on décide d'y monter. Après tout, y a peu de chances qu'on revienne dans le coin de sitôt!
L'ascension est technique surtout dans sa dernière partie. Je suis pas super à l'aise vu le dénivelé qui s'étale sous nos pieds. Mais bon, on arrive au sommet et nous abreuvons une dernière fois de ce magnifique panorama.
La descente est encore plus technique. On prend notre temps, quitte à désescalader. S'en suit une longue descente pour retrouver Lasco.
Ouf ! On en a plein les pattes. Lasco nous attendait couché au soleil, le ventre plein et l'esprit tranquille.
De la fumée monte depuis plusieurs heures de l'ouest du massif. Sans doute un eco buage en cours. J'espère que le feu sera de courte durée et qu'il ne s'étendra pas jusqu'à nous. Vu le peu de végétation restante, c'est peu probable. Toujours est il que les fumées nous incommodent un peu.
On profite de la quiétude des lieux sous un doux soleil voilé par les fumées. Ma mère redescend au camp pendant que je reste profiter encore un peu avec Lasco.
Nous redescendons 1h plus tard. La lumière est magnifique. Le gris du calcaire prend une teinte plus chaude à mesure que le soleil décroît. Je suis seule dans ces montagnes magnifiques avec mon brave mulet. Cette solitude partagée est une sensation nouvelle pour moi. Jusqu'alors j'ai toujours voyagé à plusieurs. Peut être me lancerai-je en solo prochainement.
De retour au camp, j'installe Lasco pour la nuit. "Douche", dîner et au chaud dans la tente. Comme tous les soirs depuis le début de cette aventure, nous nous endormons vers 20h !
Petite gelée matinale, sans vent, heureusement pour Lasco peu abrité. Grand beau temps!
En route vers le haut du vallon : nous décidons de dormir ici encore un nuit et de profiter de cette splendide journée qui s'annonce pour randonner vers le col de Ger. Nous laissons le camp monté, bien à l'abri dans son enclos, et partons avec Lasco, tout content de voyager léger. Nous espérons trouver plus haut une herbe plus abondante.
En montant on aperçoit la cabane de Lou Boucau (celle qui a une source qui coule fort)
Nous passons la cabane ruinée d'Aucupat et attachons Lasco avec sa longue corde un peu plus haut : l'herbe est abondante et le soleil y arrive en même temps que nous...
Lasco avec ses longues oreilles remarque une fois de plus bien avant nous la présence d'autres animaux...
Lasco reste à brouter dans la prairie tandis que nous montons par un sentier bien tracé mais parfois un peu évanescent vers le col de Ger.
Nous contournons de grands lapiaz
Derrière les Arcizettes, on aperçoit le Pic du Midi d'Ossau en forme de pince de crabe.
La vue s'élargit, c'est grandiose!
On aperçoit les zig zag du sentier en contrebas. A droite la Grande Arcizette, à gauche le Pic d'Amoulat et la Pyramide.
Au fond, les sommets espagnols et les nuages!
Nous gardons un oeil sur Lasco, parfaitement calme!
Parvenues au col de Ger, nous profitons un moment des différents points de vue... Puis nous réalisons que le Pic de Ger n'est que 300 m plus haut : c'est l'occasion ou jamais! Je sais qu'il est accessible sans escalade, c'est parti!
Nous retrouvons du balisage à partir du col du Plaa Ségouné. On distingue la ravine jaunâtre qui permet d'accéder au sommet en mettant un peu les mains.
Derrière Caroline, le sentier qui vient des hauteurs de Gourette, sans doute la voie d'accès la plus rapide vers le sommet du Pic de Ger.
On aperçoit en contrebas plusieurs cordées qui grimpent au Pic de Ger par sa face Est.
Nous voilà au sommet à 2613 m, mi octobre, il fait très bon et la vue à 360° nous régale.
A l'Est, le Pic du Midi ...de Bigorre!
Les pistes de Gourette....
Désescalade, sans danger en prenant son temps.
On a un peu cafouillé en redescendant, faute de trace GPS. Mieux vaut ne pas se perdre dans cet océan de calcaire truffé de trous!
Des....
Edelweiss!
Et des colchiques... une odeur de brûlé envahit l'atmosphère qui devient brumeuse. Sans doute de l'écobuage vers les hauteurs des Eaux Bonnes. On espère ne pas devoir gérer le feu demain en redescendant...
Nous retrouvons Lasco, repu et reposé. Après une pause, je redescends tranquillement vers la tente, laissant Caro et son mulet profiter encore de l'endroit.
Bien contentes d'être arrivées au sommet avant les fumées!
Finalement elles s'atténuent après quelques heures, ouf!
J'arrive à la tente en même temps que les nuages : la vallée est désertée par les troupeaux. Plus tard, un troupeau de juments viendra nous faire un p'tit coucou avant la nuit...