Mardi 14/10/25
J3
La nuit fut excellente dans la cabane. Chaque fois que je suis sortie dans la nuit, Lasco était dans les parages. En me levant ce matin, je le devine dans le lointain en train de brouter paisiblement.
Le temps qu'on se lève et qu'on sorte le petit déj, il était venu nous saluer avant de retourner profiter des secteurs les plus savoureux.
On déroule la chorégraphie du matin et décollons vers 9h.
Le passage repéré la veille se révèle aussi agréable que prévu. Ça nous a fait un bon raccourci !
On descend vers le plateau du Soussouéou en profitant des ombres mystiques des sommets nuageux éclairés par le soleil.
Le chemin est beau, facile sauf à quelques passages et avec une vue panoramique.
On arrive aux cabanes de Cezy vers 11h. Je lâche Lasco pour qu'il broute pendant qu'on inspecte les cabanes.
Au loin, un troupeau de jument attire son attention. Il se dirige dans leur direction. Je m'inquiète pas plus que ça. Il est sociable et se détourne en général assez vite des chevaux.
Enfin.. en général ! Mais pas aujourd'hui apparemment ! Le voilà qui prend le trot derrière les juments affolées par ce drôle d'individu.
Je m'élance à leur poursuite pour espérer les garder à vue. C'est peine perdue, ils vont bien trop vite.
Heureusement l'espace est relativement clos et ils tournent en rond. Je décide de prendre mon mal en patience et d'attendre que tout le monde se calme avant d'aller chercher Lasco. Y a plus qu'à prier pour que les bagages tiennent bon..
Mais que vois je ? Une partie du troupeau se scinde et attaque la montée vers le col. Évidemment.. Lasco les suit.. Bon.. bah nous aussi du coup.
Entre temps, il a déjà perdu un des boudins supérieurs de son chargement. Le bât est déséquilibré mais pas trop fort. Il est certain qu'il finira par tourner.. où et quand.. Mystère..
Ma mère se charge du boudin rescapé et je pars devant en montant aussi vite que possible. C'est à dire beaucoup, beaucoup moins vite que des chevaux..
Je scrute le chemin pour repérer des traces ou des bagages abandonnés mais rien. Le sol est sec, impossible de les pister. Je compte sur les cloches des juments pour les retrouver à l'oreille.
Après une bonne heure de grimpette, j'arrive au col, à bout de souffle et de patience.
Personne. Pas un herbivore. Pas une cloche.
Deux sentiers possibles. Pas une trace.
J'essaie de trouver des indices dans les coins humides mais rien.
Soudain, je repère la couverture en laine que je met sous le bat de Lasco. L'endroit est inattendu, signe d'un itinéraire décousu et certainement plein de cavalcades. Je ramasse la couverture et la dispose de telle façon à indiquer la direction que je prends à ma mère.
Au moment où j'allais m'engager sur le chemin de gauche, je repère au loin sur une crête une silhouette qui me semble familière. C'est super loin mais je suis presque sûre que c'est Lasco. Je suis aussi sûre que je ne vois plus de bât sur son dos...
Je change la couverture de direction pour laisser un indice à ma mère puis coupe au plus court par un gigantesque pierrier. Je suis sûre que les chevaux n'y sont pas passés mais je veux rejoindre Lasco au plus vite.
Il me scrute, immobile.
Quand j'arrive à sa hauteur, je comprends son immobilité. Derrière lui, les vestiges du bât seulement retenu par le collier de chasse.
Heureusement, il n'a rien. Pas une égratignure!
Le bilan est malheureusement bien plus lourd pour le bât. Il manque une sacoche et un boudin. La moitié des matelassures du bat a disparu et celle restante est en lambeaux. Le tout dans un énorme sac de nœuds.
Bon.. Je défais le collier de chasse puis entreprends de démêler tout ca. L'avaloir n'a rien. La sangle non plus.
2 sanglons sont cassés sur le bât. Un mousqueton rescapé m'informe que la sacoche manquante a dû prendre cher.
Je défais les lambeaux de matelassures et rebate Lasco comme je peux.
Malgré la sacoche manquante, j'arrive à équilibrer à peu près la charge.
Ma mère nous repère au loin. Je reviens sur les pas du fugitif en espérant retrouver le reste des affaires.
Nous rejoignons ma mère qui entre temps à retrouvé le 2eme boudin ! On est soulagées, on a au moins nos duvets..
J'ai un énorme coup de barre. Ça fait déjà 3h que ce cirque a commencé. Je paie le contrecoup de l'adrénaline.
Ma mère a encore de l'énergie et retrouve la 2eme sacoche!
Finalement nous aurons quasi tout retrouvé. Seul manque à l'appel le piquet pour attacher Lasco à la longue corde.
Pendant que je me repose, j'ai attaché le fugitif à un poteau en bois. Il est décidé à rejoindre le troupeau. Il trépigne, tire., s'énerve. Je le laisse se bagarrer contre la corde. Je n'ai ni l'énergie ni l'envie de convaincre la bestiole.
On hésite sur la suite des événements. Camper sur place. Il y a de l'eau, de quoi attacher Lasco et quelques espaces plats. Mais un petit vent frais ne donne pas vraiment envie de s'attarder.
Après m'être un peu reposée. On entreprend de repartir. Direction le plaa d'anouillas. Mais avant ça, il faut rééquilibrer les sacoches et bidouiller le bât..
Ça prend bien 40min.. mais nous revoilà en route. Lasco marche d'un bon pas, bien content de prendre la direction du troupeau.
On arrive sur ce joli plateau avec 2 cabanes. Les 2 sont fermées. Il n'y a pas d'herbe. Évidemment puisqu'il y a encore des troupeaux. C'est venteux.
On décide de s'installer dans un enclos de contention histoire de ne pas se faire envahir par les troupeaux. En plus ça offre un point d'attache solide pour la longue corde de Lasco.
La météo est très nuageuse et il fait un peu frais.
Les troupeaux viennent évidemment voir notre étrange manège. Lasco semble détendu et à son aise au milieu des vaches. Les juments ne sont pas bien loin non plus.
Au crépuscule, les troupeaux nous quittent pour vaquer à leurs occupations. Ça ne plaît pas à Lasco qui fait les 100 pas.
La corde et son licol tiendront ils jusqu'au lendemain? Suspens..
Pour l'heure il est temps d'aller dormir pour récupérer de toutes ces péripéties
Le ciel est encore chargé ce matin, ce qui nous offre un joli lever de soleil.
Fascinée par les sommets rosis par le soleil levant, je n'avais pas remarqué sur la crête au premier plan les 2 isards batifolant!
La Grande et la Petite Arcizette captent les premiers rayons du soleil. De l'autre côté c'est le plateau d'Anouilhas que nous aimerions découvrir plus tard.
Ce joli pic surplombe la vallée ennuagée du Soussouéou.
Regard en arrière vers le Soum d'Arre.
Nous apercevons le GR10 que nous allons rejoindre sans difficulté.
Arabesques éphémères...
En descendant nous retrouvons les arbres et les couleurs de l'automne.
Bizarre non? On aurait juré que l'ombre se situait entre le soleil et les montagnes...
Le vallon du Soussouéou mériterait une exploration...
Par un très beau sentier à flanc, ultra panoramique, nous marchons vers les cabanes de Cézy.
Nous approchons des cabanes de Cézy, on aperçoit déjà le col de Lurde, en haut à droite du Pic de Cézy ennuagé.
A droite, le toit bâché de la cabane dite "des spéléologues ", que nous allons visiter, laissant Lasco brouter "tranquillement". Il est 11h...
Sur les hauteurs du plateau de Cézy, Lasco est repéré...
Sevré de compagnie animale depuis 2 ou 3 jours, il avance lentement mais sûrement vers les juments...Caroline se réjouit de le voir "sociabiliser".
Les juments, effarouchées par cet étrange équidé partent au galop d'abord vers l'ouest, notre brave Lasco à leurs trousses. La troupe disparait derrière une colline que Caroline grimpe aussi vite que possible... elle repère un des 2 sacs étanches bleus que Lasco a perdu. Je la rejoins alors qu'une partie des juments, toujours suivies par Lasco décide de monter vers le col de Lurde, au trot! Nous hésitons sur la marche à suivre : attendre qu'il revienne ou tâcher de le pister... Nous optons pour la 2ème solution, d'autant plus que nous prévoyions de passer ce col de toute façon. Je prends le sac tandis que Caroline file vers le col aussi vite que possible... je monte tranquillement en examinant chaque repli de terrain au cas où Lasco aurait continué de semer son chargement.
Une partie des juments s'arrête à mi-pente, pas toutes!
J'arrive enfin au col, 400 m plus haut : rien, ni chevaux, ni Lasco, ni Caro...Nous avions convenu (car pas de réseau) de nous retrouver à ce col donc je traine dans le coin et miraculeusement du coin de l'oeil j'aperçois une tâche bleue! Ouf, le 2ème sac étanche est retrouvé! Nous avons donc chacune une doudoune et un sac de couchage. Au pire nous pourrions redescendre dormir dans la cabane du plateau de Cézy. Me voilà déjà plus sereine...
Finalement j'aperçois Caroline accompagnée de Lasco qui reviennent vers le col, OUF! Elle l'a retrouvé à perpète, "échoué" fort heureusement sur une crête, donc visible, "coincé" par le bât dont une partie des sangles se sont rompues. Une sacoche et le sac à dos de Caroline sont encore accrochés au bât. Caroline est soulagée que nous ayons récupéré le 2ème sac bleu mais une sacoche manque à l'appel, celle qui contient entre autres la tente....
Elle se repose un bon moment, éreintée par la poursuite de Lasco et une bonne poussée d'adrénaline, tandis que je furète dans les vallons alentours à la recherche de cette maudite sacoche...verte!
Enfin la voilà! Ouf, nous nous en sortons bien! Il est 15h!
Les nuages montent et nous décidons de poursuivre jusqu'au plateau d'Anouilhas, pas bien loin. Heureusement que notre mésaventure s'est déroulée par beau temps et bonne visibilité!
Le plateau s'avère magnifique et son accès très aisé puisqu'une étroite piste vient d'y être tracée.
Il y a 2 cabanes, fermées et 2 sources. La première cabane, avec une source de fort débit captée par un tuyau+robinet est déjà dans l'ombre donc nous poursuivons jusqu'à la 2ème, au pied de laquelle coule une source au débit faible mais suffisant.
Bien sûr, ce vaste plateau d'alpage attire pas mal de bétail et nous avons la visite d'une flopée de vaches curieuses et effrontées pour certaines. Et il y a encore des juments qui vont et viennent par petits troupeaux...
Nous installons donc la tente dans un enclos de contention, à l'abri des visites curieuses ou maladroites. Un abreuvoir retourné nous servira de table, c'est tout confort!