Les timbres de Diego Suarez en 1890
Image de Diego Suarez maintenant nommé Antisiranana ou encore Antsirane
Diégo Suarez et sa région, bien que situé dans l'ile Rouge, forme une colonie, tandis que l'essentiel de Madagascar se gouverne en protectorat. Ce qui implique des lois et décrets différents.
Note : Madagascar s'appelle encore l'ile Rouge en raison de la couleur de son sol.
Des historiens pensent que le premier bureau de poste installé à Diégo-Suarez date de 1885, mais une défiance s'installe dans notre esprit car aucun affranchissement date de cette époque, par contre il ne fait aucun doute que la première oblitération date de l'année 1890.
Antisiranana (sur Google) à notre époque. La ville se situe radicalement au nord et légèrement à droite de l'Ile de Madagascar.
Avec ses nombreuses baies et son cul-de-sac on comprend aisément que maintenant c'est le plus grand port de l'ile.
Première série de 1890
Timbre de la République Française n° FR DS 1 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez type Alphée Dubois. La surcharge disparaît à l'eau. 3éme timbre surchargé
Créateur : Alphée Dubois
Graveur : Louis Eugène Mouchon
Vente au public : 15 juillet au 15 août 1890
Valeur faciale : 15 centimes de franc sur 1 centime
Taille : 18 x 22 Dentelure : 14 x 131/2 Quantité : + ou - 1 500
Couleur : noir sur papier azuré et surcharge violette
Imprimé en typographie
Affranchissement : lettre jusqu'à 15 grammes.
Devant une grande pénurie de timbres-poste, Madagascar doit faire avec ses réserves et heureusement la France livra en amont de nombreux Alphée Dubois avec des différentes valeurs et l'Administration des Postes autorisa la surcharge de ces timbres. La hauteur des chiffres en surcharge est exactement de 7 millimètres.
Les difficultés viennent de l'éloignement entre ses deux pays, d'autant plus que pratiquement tous les courriers transitent par navires. En 1890 un paquebot poste fait escale en partant de Marseille à deux endroits, l'ile de la Réunion et l'ile Maurice avant d'arriver à Madagascar.
Le problème du manque de timbre commence par ce courrier venant de la France : Ce décret oblige tous les résidents y compris les militaires et les marins vivant dans l'ile à acheter leurs propres timbres-poste.
Cela va engendrer une pénurie de timbre dont l'Administration Française ne pourra y faire face avant un an.
Bien sûr, il existe d'autres causes possibles comme la négligence ou les étourderies des préposés aux guichets, la lenteur des Administrations à réagir, l'arrivée de nouvelles troupes etc.
Timbre de la République Française n° FR DS 2 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez type Alphée Dubois. La surcharge disparaît à l'eau. 4éme timbre surchargé.
Créateur : Alphée Dubois
Graveur : Louis Eugène Mouchon
Vente au public du : 15 juillet au 15 août 1890
Valeur faciale : 15 centimes de francs sur 5 centimes
Taille : 18 x 22 Dentelure : 14 x 131/2 Quantité : + ou - 1 360
Couleur : vert sur papier blanc et surcharge violette
Imprimé en typographie
Affranchissement : lettre jusqu'à 15 grammes.
A partir de cette époque, un autre problème s'ajoute car à Paris et sa province les collectionneurs de timbres-poste se comptent par milliers, aussi les négociants se ruent par courrier sur la poste Diégo-Suarez afin de leur acheter leurs précieuses et rares vignettes postales. Aussi une nouvelle fois pour éviter une autre pénurie, un nouveau décret fait jour.
Le 15 juillet 1890 ce nouveau décret s'ajoute à celui du 24 février 1890, qui autorise la surcharge de 15 centimes sur les timbres de 1 et 5 centimes.
Une fois encore le gouverneur utilise son bon sens pour pallier à toutes pénuries sans passer par les autorités françaises.
Timbre de la République Française n° FR DS 3 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez type Alphée Dubois. La surcharge disparaît à l'eau. Il existe avec une surcharge de 5 centimes au lieu de 15. 5éme timbre surchargé.
Créateur : Alphée Dubois
Graveur : Louis Eugène Mouchon
Vente au public du : 15 août au 5 septembre 1890
Valeur faciale : 15 centimes de francs sur 10 centimes
Taille : 18 x 22 Dentelure : 14 x 131/2 Quantité : 1 500
Couleur : noir sur papier violet avec surcharge violette
Imprimé en typographie
Affranchissement : lettre jusqu'à 15 grammes.
Etant donné le peu de tirage des timbres-poste Ernest Froger se décide à utiliser sa dernière réserve, car la France n'a toujours pas envoyée des Alphée Dubois. Nous sommes au début août 1890 et il est indispensable que la poste poursuive ses activités.
Dans les différents décrets cité dans cet exposé, vous avez sûrement constaté que le gouverneur n'emploie plus la dénomination Diégo-Suarez mais Antsirane. Respectivement donc la région et sa ville.
Voici le dernier décret pour les 5 premiers timbres-poste permettant la surcharge violette de 15 centimes sur le 10 centimes.
Timbre de la République Française n° FR DS 4 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez type Alphée Dubois. La surcharge disparaît à l'eau. 1er timbre surchargé.
Créateur : Alphée Dubois
Graveur : Louis Eugène Mouchon
Vente au public du : 25 janvier au 24 février 1890
Valeur faciale : 15 centimes de francs sur 20 centimes
Taille : 18 x 22 Dentelure : 14 x 131/2 Quantité : 1 850
Couleur : bistre sur papier vert et surcharge violette
Imprimé en typographie
Affranchissement : lettre jusqu'à 15 grammes.
Contrairement à ce que l'on peut penser ce n'est pas le 1 centime noir (n° 1) qui subit la première surcharge, mais le 20 centimes.
L'arrêté venant de France, et approuvé par Ernest Froger le démontre ci-contre.
1 850 exemplaires de timbres-poste reçurent la surcharge de 15 centimes, avec une couleur imposée, comme on peut le lire, sur cet arrêté.
Pour déterminer l'ordre dans lequel les surcharges furent ordonnées se référer aux dates des décrets.
En mars 1887 débarque Ernest FROGER le nouveau dirigeant de Diégo-Suarez et à ce propos le correspondant M. Guillaumez de la Société de Géographie observe : « il est rempli de bonnes intentions mais, malheureusement, il a les bras liés par ses instructions. Il peut et il ne peut pas. Il doit référer pour tout au ministre, et cela occasionne des retards ». Il quitta l'ile en 1895.
Dès son arrivée, il doit trouver les moyens de financer les difficultés inhérentes à Diégo-Suarez, de plus les militaires qui jusque là dirigeaient l'ile se sentent lésés et s'opposent à lui. Ernest Froger demande au Ministère « d’éclaircir au mieux cette situation et de mettre fin aux rivalités entre personnel militaire et civil ». Par une dépêche ministérielle du 4 juin 1888, l’autorisation est donnée au Gouverneur « d’établir un budget local régulier, à Diego Suarez, à partir du 1 er janvier 1889 ». Jusque là c'était l'armée qui imposait ses lois financières.
A droite : Ernest Froger
On peut comprendre que notre Chevalier de la Légion d'honneur (médaille sur l'image) devant tous ces obstacles que les préoccupations postales ne primaient pas dans ses pensées. Heureusement l'histoire le décrit comme un homme à forte personnalité.
Voici le décret lui donnant plein pouvoir, notez la date de départ de France, 1er juillet 1890, le temps que cette missive arrive, M. Ernest Froger resta pendant plus de 3 ans sans pouvoir réellement diriger l'ile Rouge.
On peut donc aussi concevoir que la poste de sa région ne se développa qu'a partir de 1890.
Désolé pour la qualité du document, mais c'est difficile de le mettre net au vue de leur ancienneté.
Timbre de la République Française n° FR DS 5 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez type Alphée Dubois. La surcharge disparaît à l'eau. Il existe avec double surcharge. 2éme timbre surchargé.
Créateur : Alphée Dubois
Graveur : Louis Eugène Mouchon
Vente au public du : 24 février au 15 juillet 1890
Valeur faciale : 15 centimes de francs sur 25 centimes
Taille : 18 x 22 Dentelure : 14 x 131/2 Quantité : 6 000
Couleur : noir sur papier rose avec surcharge violette
Imprimé en typographie
Affranchissement : lettre jusqu'à 15 grammes.
Vous avez noté le nombre de timbres-poste surchargé sur le 20 centimes - 1 850 unités - autrement dit presque rien. Un nouveau manque ne tarde pas à se faire sentir, aussi il faut renouveler les stocks.
Une autre information pour l'ensemble de ces timbres-poste, ils devaient être surchargé à la main au moyen d'un tampon caoutchouc, et apposés sur l'ancienne valeur. Ainsi l'on devine le pourquoi des différents angles de cette surcharge.
Le 25 centimes endossa en deuxième lieu cette autre surcharge et cette fois ci le nombre de timbres-poste fut de 6 000 exemplaires.
L'arrêté ci-contre autorise les administrations postales à surcharger les timbres-poste de 15 centimes.
On note que cette fois-ci nul besoin d'autorisation de la France
Récapitulatif des surcharges sur les Alphée Dubois
25 janvier 1890.
15 sur 20 centimes, bistre sur vert. Surcharge violette. 1 850 exemplaires
24 février 1890.
15 sur. 25 centimes, noir sur rose. Surcharge violette. 6 000 exemplaires
15 juillet 1890.
15 sur 1 centimes, noir sur azuré. Surcharge violette. 2 860 exemplaires pour le 1 et 5 centimes.
15 sur 5 centimes, vert. Surcharge violette. On ne sait pas vraiment le nombre d'exemplaires pour chacun, seulement le total.
3 août 1890.
15 sur 10 centimes, noir sur violet. Surcharge violette. 1 500 exemplaires
Pour terminer cette première série les tarifs intérieurs de l'ile Rouge
Deuxième série de 1890
Ci contre, quelques renseignements techniques sur les vignettes ci dessous.
On pourrait ajouter sur ces éléments importants que les feuilles sont de 56 ex. (8 rangées de 7).
Les timbres mentionnés pour cette série ne sont ni plus ni moins que de la propagande en faveur des colons.
Timbre de la République Française n° FR DS 6 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez
Créateur : local
Graveur : local
Vente au public du : 1890
Valeur faciale : 1 centime
Taille : 20 x 30 Dentelure : non dentelé Quantité : 4 000
Couleur : noir sur papier blanc
Imprimé en typographie
Affranchissement complémentaire
En 1890 la falsification demeure pratiquement impossible, car pour les réaliser il faut une presse, un graveur sur pierre, du papier et des personnes spécialisées pour organiser et élaborer une tel figurine.
De plus seul les colons, les cléricaux et quelques iliens possèdent du papier. Donc Ernest Froget ne craignait pas la contrefaçon, son administration postale étant la seule à réunir tous ces éléments.
On peut facilement imaginer également que beaucoup d'autochtones ne savent ni lire ni écrire.
Le 15 septembre 1890 toujours aucun timbre-poste officiel n'arrive de France.
Un 5éme décret s'impose. Il réunit 5 vignettes différentes et elles devront s'influencer du lieu de la région.
Au total 40 000 figurines furent émises, seulement à titre provisoire.
Sur ce premier dessin figurent un bateau à vapeur et à voiles qui semble naviguer au drapeau français. Peut-être un bateau chaland que Ernest Froger utilisait pour se débarrasser en pleine mer des ordures de toutes sortes de la ville de Antsirane et qui se déversaient sur les plages.
Ci-contre bateau chaland
Timbre de la République Française n° FR DS 7 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez
Créateur : local
Graveur : local
Vente au public du : 1890
Valeur faciale : 1 centime
Taille : 20 x 30 Dentelure : non dentelé Quantité : 6 000
Couleur : noir sur papier blanc
Imprimé en typographie
Affranchissement complémentaire
Ici ce timbre représente une femme de race noire et une femme de race blanche, leurs coiffures s'adaptent à leurs cultures. Toutes les deux semblent regarder vers l'avenir avec tendresse, détermination et de concert. J'aime beaucoup ce dessin qui fait abstraction de xénophobie car elles avancent ensembles et sont prêtent à lutter à l'unisson pour leurs enfants. Peut-être regardons nous une femme Hova ou d'Anlankarana qui habite dans la région et une tutélaire de France.
Un bout d'histoire :
En 1885 les Hovas et Français entèrent en guerre, les Antankaranas se battirent avec les colons de France et ensembles ils vainquirent les Hovas. Ainsi les Hovas étant chassés les véritables autochtones purent rentrer chez eux à savoir : les Antankaranas. Pourtant certains Hovas restèrent à Diégo-Suarez.
Timbre de la République Française n° FR DS 8 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez
Créateur : local
Graveur : local
Vente au public du : 1890
Valeur faciale : 1 centime
Taille : 20 x 30 Dentelure : non dentelé Quantité : 15 000
Couleur : noir sur papier blanc
Imprimé en typographie
Affranchissement lettre jusqu'à 15 grammes
Cette déduction sur ce timbre n'engage que moi, cependant je ne vois aucune autre raison du pourquoi de cette figurine.
Ci-contre engagement de la France pour protéger le peuple d'Antankarana et Hova qui cohabitent avec les colons.
Ce timbre représente deux guerrières, coiffées d'un casque qui éventuellement représenteraient la position de la France envers le gouvernement hova en s'engageant à leur apporter une protection a partir du 17 décembre 1885 contre toutes attaques extérieures est elle est prête à utiliser les armes s'il le faut.
Leurs regards semblent déterminer, en examinant sans cesse l'horizon à prendre immédiatement les armes ci-besoin.
Une des guerrières porte sur son casque un dragon symbole de la puissance et de la vaillance, deux qualités qui le rendent normalement presque invulnérable. Le fait qu'elles soient deux peut symboliser les colons et la France.
Ci contre : Ancien casque avec dragon
Timbre de la République Française n° FR DS 9 chez Y§T
Note : Timbre des colonies française pour Diégo-Suarez
Créateur : local
Graveur : local
Vente au public du : 1890
Valeur faciale : 1 centime
Taille : 20 x 30 Dentelure : non dentelé Quantité : 15 000
Couleur : noir sur papier blanc
Imprimé en typographie
Affranchissement complémentaire
Ce timbre-poste représente une Minerve casqué. Elle semble avoir des yeux plus que déterminée à apporter sa civilisation et sa culture.
Minerve est une déesse de la mythologie romaine. Elle est la déesse de la guerre, de la stratégie guerrière, l'intelligence, des arts et de l'industrie. Elle guide les mortels sur le chemin de l’apprentissage des techniques et de l’intelligence. Elle les arme pour la guerre, mais n’oublie jamais de faire d’eux des lettrés. Minerve n’est pas seulement une guerrière. Ce qui la différencie, c’est sa facilité à ruser pour déstabiliser et anéantir l’ennemi autrement que par le sang et les armes.
Ci-contre : Minerve
Maintenant tout a une fin et la France ordonne la destruction des vignettes restantes.
Vu les membres de la Commission, on peut aisément penser que cette opération se passa en France.
Pour distinguer les vrais des faux pour notre époque, voici un tableau récapitulatif qui devrait vous aider.
Sur la page suivante nous évoquerons l'année 1891
A bientôt
PATJOA
Sources : BNF, Internet Archives, Université de Madagascar, Colnet, annuaire de 1898 de Diégo-Suarez, Google Book.
Bureau de poste abandonné à Diégo-Suarez
Un Prince qui aime beaucoup parler de l'histoire de son pays
Une rue de Diégo-Suarez.
Carte postale
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