Les cinderellas

Timbres et lois

Responsabilités

A l'attention de Mme Mokaddem et de M. Ducrest, responsables de la philatélie au Secrétariat de l'UPU, Berne (Suisse)

Bonjour Mme Mokaddem, bonjour M. Ducrest,

Ce message fait suite à celui que nous vous avons envoyé le 26 mai dernier qui est resté sans suite concernant des « Actions urgentes dans le domaine de la philatélie et préparatifs pour le prochain Congrès de l'UPU ». Bien que le présent message soit assez long, la question est d'une actualité urgente.

Nous nous permettons, en notre qualité de partenaires philatéliques de l'UPU, de vous communiquer nos préoccupations concernant l'état actuel de la philatélie et du timbre-poste. C'est en rappelant leur importante contribution au développement culturel et économique du monde que l'urgence d'agir contre la prolifération continue des « timbres-poste » illégaux est d'autant plus d'actualité. Il s'agit de sauvegarder l'intégrité de l'Union postale universelle même, ainsi que la souveraineté de ses pays-membres par leurs timbres-poste. Aussi, nous espérons que des questions philatéliques soient effectivement inscrites à l'ordre du jour du présent Congrès postal universel d'Abidjan et que nos préoccupations puissent être prises en considération.

Un tel événement historique que celui d'un premier Congrès postal universel en Afrique subsaharienne justifie que le développement et l'histoire de l'Afrique soient mis en exergue également par le biais de ses timbres-poste. En effet, il sied, à cette occasion, de rappeler le rôle clé joué par le timbre-poste, depuis presque deux cents ans, non seulement en tant que source importante de revenue pour le développement économique et postal du continent africain. Aussi, c'est autant comme symbole officiel de la souveraineté de sa Nation « qu'Ambassadeur en miniature », que le timbre-poste a fait largement connaître, jusque dans les endroits les plus éloignés de la planète, le meilleur des atouts, de l'identité et du patrimoine culturel des pays africains.

Il y a lieu aussi, à cette occasion, de se rappeler la force du timbre-poste officiel qui, comme facilitateur de communications et des échanges commerciaux, a donné lieu à une multitude d'activités et de partenaires clés, Ceux-ci continuent à fournir des valeurs ajoutées, tant pour le secteur postal que pour le pays entier. Ils sont, entre autres, des artistes et graphistes ; associations, clubs et organisations philatéliques ; bibliothèques ; collectionneurs ; expositions et foires des timbres; fabricants d'équipements, de matériaux et produits philatéliques; historiens et philatélistes; imprimeurs de sécurité; maisons de vente aux enchères de timbres-poste; musées; négociants et vendeurs sur Internet; la presse philatélique; promoteurs de la culture, de l'éducation, du tourisme, etc. Diverses bibliothèques philatéliques et musées de communication mettent en valeur l'histoire de leur pays, du monde et du continent africain par le biais des timbres-poste dans leurs collections. À cet égard, les gemmes philatéliques de l'Afrique, le plus connu, est une paire célèbre de timbres-poste, unique au monde, qui a été émis en 1847 pour le « Post Office » de l'Île Maurice (un Penny rouge-orange et un Two Pence bleu). Cette paire a été vendue sur le marché international pour 4 millions de dollars (3,1 millions de livres sterling).

Nonobstant l'importante contribution du timbre-poste au développement culturel, économique et social du monde, il y a des administrations postales qui questionnent l'importance de continuer à produire des timbres-poste dont les revenus sont en baisse en comparaison avec les revenus en augmentation d'autres domaines d'activité postale, tel que le développement des réseaux digitaux, électroniques, financiers et physiques. Cependant, le timbre-poste n'est pas un produit purement postal, mais, qu'il est, avant tout, un produit, un « symbole » officiel de la souveraineté de son pays d'émission, tout comme la monnaie du même pays. La Poste a la charge de produire et de promouvoir les timbres-poste de son pays selon le programme annuel d'émission approuvé par son Gouvernement, tout en veillant au respect strict de la réglementation en vigueur pour assurer l'intégrité et la sécurité du timbre-poste pour le bien du pays.

Si les revenus des timbres-poste officiels sont en baisse régulière chez diverses administrations postales, de manière générale, comment expliquer, alors, que l'on assiste à une augmentation constante, année après année, et ceci depuis plus de vingt ans, du nombre de « timbres-poste » illégaux, ainsi que de ceux qualifiés « d'abusifs », produits au nom de la plupart des pays en développement et vendus sur des centaines de sites Internet. Qu'ils soient des productions abusives ou illégales, de tels « timbres-poste » répondent à une demande soutenue de la part de dizaines de millions de collectionneurs à travers le monde. Ceux-ci cherchent à se procurer des timbres-poste sur leur thématique préférée, même si le nom du pays ne fait pas partie de la description, et même si l'authenticité du timbre-poste n'est pas confirmée. Malheureusement, il existe des opérateurs désignés postaux qui autorisent la production de timbres-poste abusifs au nom de leur pays par un contrat avec une entreprise extérieure. Un représentant de l'un de ces pays a été cité dans un article de presse publié en 2020, de dire, « Il y a un acheteur qui veut acheter ce genre de timbre-poste. Il y a un vendeur qui veut en vendre. Alors où se trouve le problème ?».

À cet égard, il est intéressant de relever que « l'Observatoire européen des atteintes aux droits de propriété intellectuelle (EUIPO) ainsi que l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mènent une série d'études sur le commerce mondial des produits contrefaits et piratés, analysant l'impact sur l'économie et la part du commerce international touché par le phénomène … Notre rapport suit un phénomène croissant - et inquiétant - dans le commerce de la contrefaçon, dans la mesure où les envois de petits colis expédiés par la poste ou les services de messagerie sont plus difficiles à suivre et à saisir pour les douaniers. - Christian Archambeau, directeur exécutif de l'EUIPO ».

Le monde philatélique est extrêmement frustré de devoir assister, jour après jour, à une prolifération continue de « timbres-poste » illégaux ainsi que de ceux qualifiés « d'abusifs », sans qu'en même temps, des contre-mesures soient mises en vigueur visant à redresser la situation. Et ceci, depuis le début des années 2000, malgré la publication de circulaires de l'UPU dénonçant des « timbres-poste » illégaux et malgré l'existence du système WNS de l'UPU. Les inscriptions « POST », « POSTE », « POSTES » et même « POSTAGE » figurent sur différents « timbres-poste » illégaux, ajoutant à la confusion pour les collectionneurs, d'autant plus que de nombreux timbres-poste officiels n'incorporent pas lesdites inscriptions, telle que « POSTE » !

Ainsi, plus de cent vingt pays-membres de l'UPU sont victimes de la prolifération, en leur nom, de « timbres-poste » illégaux, dont cinquante-deux pays africains. À noter qu'il ne s'agit pas seulement de quelques rares pays qui seraient victimes de la production en leur nom de « timbres-poste » illégaux. Il s'agit de presque deux-tiers des membres de l'UPU, si pas plus.

Le vendeur du « feuillet » illégal suivant, «106620 MADAGASCAR 2020 KENNEDY & MARILYN - set of PROGRESSIVE PROOFS», pour le prix de US$79.66, a ajouté le message suivant au dos dudit «feuillet», à savoir, «De nombreuses nouvelles émissions apparaissent chaque mois, dont beaucoup sont officieuse ou illégales. C'est-à-dire qu'elles sont de fabrication privée et n'ont aucune validité postale. Elles sont invariablement imprimées selon des normes très élevées et destinées au collectionneur thématique. Certaines émissions se retrouveront dans des catalogues thématiques, mais leur véritable statut peut mettre plusieurs années à se voir confirmer. La présente émission est probablement officieuse, mais elle est offerte au profit du collectionneur thématique ». D'autres vendeurs justifient la vente des « timbres-poste » illégaux parce qu'ils répondent à une demande des collectionneurs, bien qu'il s'agisse d'une production illégale et qui est sans validité postale. Il est aussi mentionné que « même si de tels timbres-poste ne sont pas reconnus par l'UPU, du fait qu'ils existent, cela en fait des objets de collection recherchés ».

Histoire postale méconnue, celle des marques militaires de Madagascar : « Un essai de camouflage postal des bases militaires à Madagascar au début de la seconde guerre mondiale qui fut aussitôt abandonné a laissé quelques précieux documents pour en témoigner », selon Joh Groenwald, traduit par le docteur Guy Leroux. Le courrier reproduit montre l’entrée en vigueur, durant près de quatre mois, de secteurs postaux dans la Grande île rattachés à la zone postale 740.