En 2025, l'abbé Claude Brissette raconte ce récit.
« Je m’en rappelle très bien: un voisin que je connaissais depuis longtemps. Il était venu me jaser sur le patio un après-midi d’été. Il venait de prendre sa retraite à 55 ans. Lors d’un examen médical de routine, me raconte-t-il, on lui découvre un cancer du poumon, foudroyant, qui va l’emporter en moins d’un mois! Pourquoi lui, il ne méritait pas ça? Et puis ce jeune, un ancien élève, Il n’avait pas encore 20 ans, un visage attachant, un sourire unique, il respirait la bonté, il avait un talent fou. Un jour, il marchait sur une route de printemps, sa vie est fauchée, bêtement! On a la conviction que ce n’est pas juste. On cherche des coupables, la vitesse, l’alcool? Et puis, il y a les inondations, les tremblements de terre, les feux de forêt, les «acts of God»; comme on dit. Et davantage, il y a la folie des hommes, l'Ukraine où les grands jouent à la guerre sans raison aucune, Gaza qui n’en finit plus de souffrir, la Syrie où reprennent les tueries comme si ce n’était pas assez, la crise humanitaire afghane disparue de l’actualité où les femmes ne sont que des « choses », et maintenant chez nous, une folie inédite et insensée avec un voisin tout proche, pour ne pas dire tout croche, et qu’on aimait, mais dont le chef d’état est décidément un malade dangereux pour le monde entier! «On ne mérite pas ça! »
Rivalité versus entente. C’est incroyable! Au lieu de s’aider, les pays s’affrontent et cherchent à conquérir l’autre. Quelle folie! «Le mal tourne en rond ». Je me rappelle les mots d’Isaïe dans la bouche du pape François: «Au nom de Dieu, je vous le demande, arrêtez ces folies, ces massacres!» Justement le pape François, malade et souffrant: cette voix de l’Évangile, presque réduite au silence et dont on a pourtant un urgent besoin. Bonne nouvelle, il est revenu aujourd’hui au Vatican. Je me souviens encore de ces premiers mots de la messe du dernier Noël: «Pourquoi ce tumulte entre les nations, ce vain grondement entre les peuples?(Ps 2) Comme nous avons besoin de Noël, de Pâques, nous avons besoin de Pentecôte, d’une force qui vient d’en haut, pour supporter ce monde déséquilibré!
Incidemment, à Rome, le Père Roberto Pasolini qui prêchait la retraite du carême à la Curie romaine et que le pape François suivait de sa chambre d’hôpital, commente article de foi de l’Église n la vie éternelle (quel paradoxe !), fondée sur la résurrection du Christ. Au fil du temps, dit-il, cette promesse s’est toutefois ternie et aujourd’hui, elle est moins contestée qu’ignorée. Face à cette indifférence, les croyants sont appelés à redécouvrir la valeur et la beauté de la vie éternelle, à lui restituer son sens authentique pour la vie de maintenant, une tâche encore plus urgente en cette Année Sainte du Jubilé.
Dieu et le mal
Un rappel
Dans la Bible, les Juifs voyaient dans le malheur une punition de Dieu: La maladie était une conséquence du péché, les lépreux, les aveugles, les paralysés avaient que ce qu’ils méritaient. «Pensez-vous que ces Galiléens (ou les Gazaouis) étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort; Jésus refuse d’associer malheur et péché. Son enseignement est clair. Ce n’est pas parce que nous faisons des péchés que nous connaissons des souffrances, ni parce que nous sommes bons que nous en sommes exemptés. Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes bons, car alors, il cesserait de nous aimer quand nous faisons le mal, quand nous ne sommes pas bons. Ce Dieu punitif ou justicier, c’est un dieu païen, ce n’est pas le Dieu de la révélation. Dieu nous aime parce qu’il est Dieu. Déjà, à travers le buisson ardent, il se révèle comme un Dieu de compassion: «J’ai vu la misère de mon peuple et j’ai entendu ses cris. Je suis descendu pour le délivrer. C’est bientôt Pâques.
Devant toutes ces mauvaises nouvelles de guerre, avec des armes ou avec des tarifs, les deux véhiculent la méfiance, la haine de l’autre. Sous l’air froid de ce printemps hésitant, il me semble très urgent, s’écriait un journaliste, de serrer son enfant contre soi et de l’embrasser. Ça ne règlera rien, peut-être bien, mais c’est une riposte fulgurante à la barbarie; ceux qui embrassent leurs enfants ne vont pas tuer des inconnus dans des villes ou chercher à ruiner leur voisin d’à-côté. Le monde est meilleur que ce qu’on entend aux nouvelles et, croyez-moi, beaucoup plus beau que celui de Trump,. En dépit des apparences, nous croyons que le bien ne fait pas beaucoup de bruit. On entend le fracas de l’arbre qu’on abat, on n’entend pas la forêt qui pousse , dit le proverbe. Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre de l’engrais. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Je conclus.
Chaque époque a connu des crises, écrit Luigi Maria Epicolo, (dans «Soyez des témoins»;) et le Seigneur y a toujours répondu, non pas avec des idées géniales, mais avec des saints. Chaque crise a eu des saints, ils ont été la réponse de Dieu. (SS Jean-XXIII, Paul-VI, Jean-Paul-II). Alors, devenons des saints, et arrêtons de nous lamenter, comme le dit si bien l’apôtre Paul dans la seconde lecture. Le témoignage pour un chrétien, c’est seulement un baptême qui fonctionne.