On se croirait aux temps des Actes des Apôtres! Quand le nouveau pape a été élu, j'ai dit: "Je crois en l'Esprit Saint".
Aussi incroyable, j’en suis à mon neuvième pape! Le pape Léon XIV.
Je suis né sous Pie-XI que je n'ai pas connu, sauf pour la magnifique encyclique "Quadragesimo Anno" publiée le 15 mai 1931, quarante ans après ce document magistral, "Rerum Novarum", de Léon-XIII, j'y reviens dans un moment, en réponse à la Grande Dépression de1929, et qui préconise un ordre social démocratique (ça ressemble étrangement à aujourd'hui) qui doit prendre ses distances du totalitarisme communiste au nom de la dignité humaine; c'était l'enjeu à l'époque juste avant la 2e guerre mondiale épouvantable qui suivit.
C'est là qu'arriva Pie-XII 1939-58) qui fut le pape de mon enfance et de ma jeunesse: Austère et mystique, il prenait toute la place, il était « l'Église » dans la continuité du concile du Vatican (1850) avec le dogme de l’infaillibilité, etc Il a écrit sur tout, eugénisme, l'athéisme, le socialisme, etc. C'était le savant, le grand prophète qu'on vénérait de loin. Comment succéder à un si haut personnage?
Le souffle de l’Esprit, "surprise", un vent de fraicheur: Le patriarche de Venise, 79 ans! On ne l'attendait pas, JEAN- XXIII. Ce pape de « transition », en seulement cinq années, a transformé le visage de notre Église. Je suis fier d’avoir été ordonné prêtre sous Jean XXIII. Des documents majeurs, Pacem in terris, Mater et Magistra, etc. Il intervint lors de la crise des missiles de Cuba où on est passé proche d'une troisième guerre mondiale. Par-dessus tout, il eut cette inspiration inédite : On raconte que, quelques jours après son élection, il a réuni ses plus proches collaborateurs, leur avouant qu’il ne pouvait "seul" mener la barque de Pierre et qu’il eut l’idée de rassembler les évêques du monde entier, "un Concile"! Ce fut Vatican II, une mise à jour de l’Église pour le monde d’aujourd’hui : "agiornamento", disait-on, une grande mise à jour. Désormais, l’Église, ce n’est plus la hiérarchie seule, c’est le peuple de Dieu; la réforme de la liturgie, la messe en langue vernaculaire, le fameux rapprochement des catholiques avec le patriarche Athenagoras et les Orthodoxes qui ne se parlaient pas depuis mille ans (1054)et, la rencontre célèbre avec l’archevêque de Cantorbery, et donc, les familles protestantes dites « hérétiques » devenaient des frères et sœurs dans la foi, le peuple juif, de « déicide », était désormais le premier peuple de l’Alliance, à qui Dieu a parlé. C’était en somme l’apôtre Jean et le message de son Évangile, celui de l’amour. Le bon pape Jean-XXIII mourut avant la 2ième Session du Concile dont un certain nombre de Pères proposa de le béatifier "par acclamation".
Le pape Paul-VI lui succéda et compléta le Concile Vatican II qui transforma l’Église désormais à l’écoute du monde. Il sortit de Rome pour la première fois, se rendit aux Nations-Unis, avec son célèbre "jamais plus la guerre", puis à Jérusalem. Frêle et humble, mais audacieux, il était "d'avant-garde" et fit faire de grands pas à l'Église sur le plan doctrinal.
Puis le temps d’un sourire, Jean-Paul-1er, qui voulait synthétiser la pensée de Jean-XXIII et de Paul-VI, a quand même, en 33 jours, changer le visage de la papauté et préparer l'arrivée d'un jeune cardinal venu de Pologne (où il a connu l’occupation de son pays par les Allemands), Jean-Paul-II, , un non-italien, (ça ne s’était pas vu depuis des siècles), un athlète qui, durant près de 27 ans, parcourra le monde comme le saint Paul des temps modernes, annonçant la bonne Nouvelle à temps et à contretemps, contribuant à faire tomber le mur de Berlin et l'éclatement de l'URSS. Un pape médiatique, communicateur (Les JMJ), priant, avec une foi à transporter les montagnes. Un jour, j'ai eu le privilège de donner la main à Jean-Paul-II et de dire quelques mots à un futur saint. Les derniers mois de sa vie, on s'en souvient, ont été une longue agonie et sa mort autant que ses funérailles ont créé une onde de choc planétaire au-delà même du catholicisme. Déjà on exigeait à pleine voix "Santo subito".
Puis, il y eut Benoît-XVI, le théologien strict et presque rigide en apparence, mais d'une douceur insoupçonnée et d'une intelligence unique; un jour, je l'ai rencontré durant plusieurs heures lorsqu'il était encore Cardinal. Il changera pour l’avenir le cours de l’histoire de l’Église par le geste prophétique de sa démission, pour consacrer le reste de sa vie au silence et à la prière.
Alors vint du bout du monde, le bon pape François qui voudra une Église servante et pauvre, et se présentera un peu comme « le curé du monde entier » proposant à tout être humain la joie de l'Évangile (Evangelii Gaudium). Il a abattu des murs et ouvert des portes, et cette Église, peuple de Dieu, l'a salué une dernière fois sur la place St-Pierre en « ce jour de, Pâques 2025.
Enfin, l'Esprit-Saint nous réservait une dernière surprise. Américain de naissance, les cardinaux de 70 pays élisent en si peu de temps Léon-XIV qui devient le nouveau serviteur des serviteurs de Dieu pour un monde inquiet et divisé: Son inspiration: "Rerum Novarum"(de choses nouvelles), l'encyclique magistrale de Léon-XIII (1891), d'avant la première guerre mondiale ", qui dénonce les excès du capitalisme, condamne la pauvreté comme inacceptable et encourage le catholicisme social et le syndicalisme chrétien: Avec "Quadragesimo Anno" de Pie-XI, "Mater et Magistra" de Jean-XXIII et "Centesimus Annus" (1991) de Jean-Paul-II, se définit la pensée de l'Église sur l'enseignement social. Le nouveau pape Léon-XIV se situe donc, par le choix même de son nom, dans la continuité de cette réflexion. Devant la situation actuelle de notre monde, les menaces à la démocratie et le totalitarisme des ultra-riches, la venue de ce pape est plus que providentielle et nous remplit d'espérance.
Donc, les surprises de l'Esprit Saint: Jean-XXIII (la crise des missiles et le Concile), Jean-Paul-I, 33 jours, Jean-Paul-II (le rideau de fer), Benoit-XVI (sa démission), François (le François d'Assise d'aujourd'hui), et maintenant Léon-XIV, un Américain face au totalitarisme et à la crise mondiale de la démocratie! L'Esprit Saint prend vraiment soin de nous.
"L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé" nous disent les Actes des Apôtres.….
"L'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit." ajoute l’Évangile.
C'est maintenant la Pentecôte!
Croyez-vous en l'Esprit Saint?
En Église, oui, nous croyons.