Le pardon
l'abbé Claude Brissette
l'abbé Claude Brissette
Durant ce carême 2025, j'ai lu la dernière encyclique du pape François.
(Évangile de Jean: «Il nous a aimés.» Je pensais que c'était un plaidoyer sur la dévotion au Sacré-Cœur. Mais, c'est beaucoup plus que cela. Il y affirme avec certitude que le Christ nous a aimés; le premier et que son cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié. Dans cette œuvre magistrale, le pape François passe en revue les enseignements des Pères de l'Église, Ambroise, Augustin, etc.,des grands théologiens jusqu'à Vatican II et de nombreux saints, pas seulement Marguerite-Marie, mais Thérèse de Lisieux, Charles de Foucaud, Jean-Paul-II etc., Il y a des réflexions magnifiques sur le cœur de Dieu qui bat très fort dans le cœur humain de Jésus; c'est comme une longue méditation sur l'incarnation. Il affirme aussi que la société mondiale est en train de perdre son cœur: Dans les différents conflits, Il est déchirant de voir ces grands-mamans pleurer leurs petits enfants assassinés ou les entendre souhaiter leur propre mort parce qu'elles ont perdu la maison dans laquelle elles ont toujours vécu.
Voir des grands-mères pleurer, écrit-il, sans que cela nous soit intolérable est le signe d'un monde sans cœur.
Le cœur humain
Vous connaissez peut-être cette statistique étonnante mais très scientifique, que j'ai trouvée dans la très sérieuse revue «Science et vie». Tous les mammifères du monde auraient, au cours de leur vie normale, environ 1 milliard de battements de cœur, SAUF l'être humain qui en aurait, au cours d'une vie, environ 2 milliards 500 millions! Le cœur humain bat 2½ fois plus souvent que celui de tous les autres mammifères! Le cœur des hommes et des femmes est fait pour battre très fort; le cœur humain, siège de l'amour, est fait pour aimer et être aimé.
Dans l'Évangile d'aujourd'hui, voici une femme dont le cœur a battu peut-être un peu trop fort, ou, disons qu'il battait mal. Plus que les maladies cardiaques, l'amour dans le cœur humain est malade. L'amour est malmené, déformé, déréglé: Infidélité dans le couple, violence conjugale, abus sexuels et surtout amoralité et banalisation des excès
de toutes sortes. On a l'impression aujourd'hui qu'il ne s'agit plus d'aimer son prochain mais bien plutôt de profiter de lui et même d'abuser de lui sans considération aucune des conséquences de ses actions (vg les fameux tarifs). Qu'Il est difficile d'aimer; nous dit la chanson!
Celui qui est sans péché...»
Alors, que vient faire Dieu dans nos maladies d'amour ? L’Évangile d’aujourd’hui est très éclairant. On voit bien en tous cas comment l'homme réagit devant cette femme prise en flagrant délit; aimer mal. Incidemment, la loi de Moïse prévoyait la peine de mort pour la femme comme pour l'homme, puisqu’il faut être deux pour faire l'adultère.
Jésus va mettre fin à cette horreur qui, malheureusement, perdure dans trop de pays et une vingtaine d'états aux Etats-Unis. De plus, trop d’hommes abusent et exploitent les femmes, les violentent et les violent impunément. Aujourd''hui, le viol est même devenu une arme de guerre! Alors, Se taire? Approuver? Condamner? Voilà des témoins, des hommes surtout, pris en flagrant délit d'intolérance, avec une pierre à la main, prêts à condamner sans appel. On est comme ça quand il s’agit des autres. «Celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre». Pourtant, nous sommes tous pécheurs, accrochés à nos égoïsmes, à nos infidélités plus ou moins adultères les uns envers les autres. Devant de telles attitudes, ne faisons pas semblant de nous reconnaître pécheurs et d'être un peu désolés ou attristés, parce qu'il nous faudra faire semblant d'être joyeux d'avoir été pardonnés; et entre ces deux hypocrisies, nous aurons bien joué notre rôle de pharisiens, intransigeants pour les autres et condescendants sinon aveugles pour soi-même.
La réponse de Dieu : le pardon
Je conclus. Voici Jésus pris en flagrant délit de tendresse et qui, dans un respect infini, baisse les yeux pour ne pas blesser. Sa main est vide de toute pierre qui pourrait écraser ou humilier. Dieu n'a qu'une seule réponse au péché, une seule réplique, le pardon. Seul le pardon peut venir à bout du mal et nous apprendre à aimer. C'est Dieu qui, toujours, prend l'initiative: Il ramène sur ses épaules la brebis égarée et fait la fête, il court vers son fils prodigue, l'embrasse et fait la fête, il se penche et écrit dans le sable comme pour faciliter le pardon et ne pas humilier. Il laisse le temps à tous de reconnaître qu'ils ne sont pas sans péché. Et à la fin, c'est Lui qui est ému et qui, pour chacun et chacune de nous, prononce avec douceur et affection ces paroles qui redonnent vie et ressuscitent. « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais, ne pèche plus.»