La 52e Rencontre : v'là l'programme...

VENDREDI 27 OCTOBRE

9h30 Accueil

LA CAMÉRA COUPABLE ?


PRÉSENTATION & ÉCHANGES

 14H00  Le Voyeur (Peeping Tom)

Michael Powell - Grande Bretagne - 1960 - 1h41 - vostf
Avec Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey…

Mark Lewis, jeune homme énigmatique et solitaire, est obsédé par l’image. Son appartement est un immense laboratoire où il développe et visionne seul ses propres films. La caméra toujours à portée de main, il dit tourner un documentaire mais suit en réalité une tout autre démarche…

Tout en effectuant un voyage au pays du regard et de la représentation cinématographique, Michael Powell met à jour aussi brutalement que possible des vérités que le cinéma anglais ne pouvait ni ne devait mentionner. Il ne faut pas s’étonner que dans un pays aussi prude que la Grande-Bretagne, le film ait écopé d’un certificat X.

16H30  La Mort en direct (Death Watch) 

Bertrand Tavernier - France, RFA - 1979 - 2h08 - vostf (tourné en anglais)
Avec Romy Schneider, Harvey Keitel, Harry Dean Stanton…

Katherine Mortenhoe s’enfuit pour « mourir libre ». Elle est suivie par un homme avec une caméra greffée dans les yeux… 

C’est un film à part dans la carrière de Bertrand Tavernier. Il s’essaie à la science-fiction de manière très originale. Sans effet spécial ni gadget futuriste, le réalisateur parvient à créer une atmosphère étrange et inquiétante, tirant profit des extérieurs incroyables que lui offrent la lande écossaise et la ville de Glasgow. Le film bénéficie de la photographie de Pierre-William Glenn et de la musique d’Antoine Duhamel qui lui apportent une dimension à la fois lyrique et funèbre.

PRÉSENTATION MARC OLRY

20h45  The Wicker Man

Robin Hardy - Grande-Bretagne - 1973 - 1h28 - vostf
Avec Edward Woodward, Ingrid Pitt, Christopher Lee…

Un policier continental est envoyé dans un village insulaire écossais à la recherche d’une jeune fille disparue. Il se heurte à l’hostilité et au mutisme des habitants qu’il côtoie…

Fantastique, lyrique et transgressif, le film est à la croisée des genres. Ce conte philosophique invite à réfléchir sur l’analogie entre christianisme et paganisme, foi et pratiques magiques. Le scénario est signé Anthony Shaffer, l’auteur de Frenzy d’Hitchcock et du Limier de Mankiewicz.

Le film est considéré par le British Film Institute comme l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma britannique et de la filmographie de Christopher Lee.

SAMEDI 28 OCTOBRE

MYSTÈRE MOCKY


PRÉSENTATION ÉRIC LE ROY

Restauration 4K par le laboratoire Éclair Classics, supervisée par Mocky Delicious Products et avec le concours du CNC.

9H30  Les Dragueurs

Jean-Pierre Mocky - France - 1959 - 1h18
Avec Jacques Charrier, Charles Aznavour, Anouk Aimée… 

Un samedi soir à Paris, deux hommes errent dans les rues de la capitale à la recherche de conquêtes féminines. Le beau Freddy espère l’aventure d’un soir alors que le timide Joseph voudrait rencontrer l’amour de sa vie…

Influencé par le cinéma italien, ce premier long métrage de Mocky en tant que réalisateur, s’inscrit dans le mouvement de la nouvelle vague. Dans Les Dragueurs, tout à la fois troublant et mélancolique, il porte un regard singulier sur son époque, regard qu’il va affiner par la suite dans des satires sociales corrosives et mordantes. Et depuis ce film, le mot « dragueur » désigne désormais autre chose qu’un bateau ! 

Restauré par Mocky Delicious Products avec le soutien du CNC.

14H00  Les Compagnons de la marguerite

Jean-Pierre Mocky - France - 1967 - 1h16
Avec Claude Rich, Roland Dubillard, Francis Blanche…

Un restaurateur de manuscrits à la Bibliothèque nationale devient contrefacteur en falsifiant les registres d’état civil afin de rendre les divorces plus aisés. Sa dextérité dans l’imitation des écritures va attirer bien des clients mais aussi la police… 

Cette impertinente comédie est une fable aux gags savoureux et aux cuisantes répliques. Jean-Pierre Mocky opte pour un humour grinçant et salutaire afin de dénoncer l’hypocrisie, la bêtise et les absurdités administratives. Des institutions comme le mariage et la police y sont montrées du doigt. Un moment de cinéma qui rend l’humeur joyeuse.

Restauré par Mocky Delicious Products avec le soutien du CNC.

16H30  Solo

Jean-Pierre Mocky - Fr/Bel - 1970 - 1h29
Avec Jean-Pierre Mocky, Anne Deleuze, Henri Poirier…

Lors d’une orgie, des notables sont assassinés par une organisation terroriste. Vincent, violoniste et trafiquant de bijoux, découvre que son jeune frère Virgile a participé à l’opération. Il tente tout pour le sauver de la police…

Dans le style thriller mené tambour battant et sur une lancinante musique de Georges Moustaki, Mocky aborde le combat de jeunes libertaires en rupture avec une société gangrenée par le fric et le sexe. Solidaire des causes perdues et des idéaux chimériques, il ne cache pas son penchant pour les valeurs portées par ses personnages.

Restauré 4K par TF1 Studio avec le soutien du CNC

20h45  Agent trouble

Jean-Pierre Mocky - France - 1987 - 1h36
Avec Catherine Deneuve, Richard Bohringer, Tom Novembre…

Victorien, neveu d’une vieille fille conservatrice de musée, découvre en montagne un autobus abandonné avec des touristes endormis qu’il s’empresse de dépouiller. Plus tard, on annonce l’accident de ce bus. Poursuivi, Victorien est assassiné. Sa tante, Amanda, décide de mener l’enquête…

Climat étrange, suspense tendu, ambiance décalée, humour et mystère… Mocky mêle bien des ingrédients pour servir un film aux images soignées. Il manipule ses personnages sans négliger aucun des rôles. Autour de Deneuve et Bohringer, gravitent avec naturel Pierre Arditi, Sylvie Joly et Dominique Lavanant (César 1988 de la meilleure actrice pour ce second rôle). 

DIMANCHE 29 OCTOBRE

DES COURSES ET DES ÉCHAPPÉES


PRÉSENTATION & ÉCHANGES

9H30  Les Chariots de feu (Chariots of Fire)

Hugh Hudson - R-U - 1981- 1h59 - vostf
Avec Nigel Havers, Ian Holm, John Gielgud…

Dans les années vingt, deux athlètes britanniques très doués pour la course à pied se servent de leurs capacités, l’un pour combattre les préjugés xénophobes, l’autre pour affirmer sa foi religieuse. Ces sportifs au caractère très différent sont en proie à la pression sociale et à des difficultés personnelles. Tous deux cherchent la gloire aux Jeux Olympiques d’été de Paris 1924.

Un film multirécompensé remportant sept oscars en 1982 dont ceux du meilleur film et du meilleur scénario original. Il obtient aussi la statuette de la meilleure musique.
Celle-ci, composée par Vangelis, reste célèbre 

14H00  La Solitude du coureur de fond (The Loneliness of the Long Distance Runner) 

Tony Richardson - R-U - 1962 - 1h31 - vostf
Avec Michael Redgrave, Tom Courtenay, Alec McCowen…

Un centre d’éducation surveillée dans l’Angleterre ouvrière des années 60. Un jeune délinquant trouve dans la course à pied un moyen d’évasion et de reconquête de sa dignité. Ses progrès lui permettent d’être reconnu par le directeur du centre qui pense ainsi prouver l’efficacité de ses méthodes de redressement.

Fin des années 1950 : Richardson est l’un des jeunes cinéastes à l’origine du Free Cinéma anglais. Ce cinéma qui s’affranchit de toute considération commerciale et politique est considéré comme le manifeste d’un mouvement rejetant le conservatisme du cinéma anglais.

Œuvre majeure de la nouvelle vague britannique.

16H30  Le Coureur (Davandeh)

Amir Naderi - Iran - 1985 - 1h34 - vostf
Avec Madjid Niroumand, Abbas Nazeri, Musa Torkizadeh…

Amiro, 12 ans, vit seul à Abadan, un port du golfe persique d’où des bateaux partent pour le bout du monde. Il multiplie les expériences pour survivre en cherchant, avec d’autres gamins des rues, une place dans l’univers des adultes.

Largement autobiographique, cet hommage vibrant à l’Iran des années 60 vu à travers les rêves, les joies et la détresse d’un enfant permet de découvrir le principal succès international d’une des figures du cinéma moderne iranien. Message d’optimisme et d’espoir, il est magistralement servi par la qualité de sa mise en scène et la superbe prestation du jeune acteur Madjid Niroumand 

Restauration World Cinema Project de The Film Foundation et la Cineteca di Bologna. Laboratoire L’Image Retrouvée (Paris). Financement : Hobson/ Lucas Family Foundation.

20h45  L’Échiquier du vent (Shatranj-e bad)

Mohammad Reza Aslani - Iran - 1976 - 1h41 - vostf
Avec Fakhri Khorvash, Mohamad Ali Keshavarz, Akbar Zanjanpour…

La propriétaire d’une belle demeure décède. Sa fille, femme moderne mais paralysée et le second époux de sa mère s’en disputent la propriété. Pour faire face au complot de son beau-père, la jeune femme se fait aider par sa servante…

Interdit par la République islamique en 1979, réputé totalement perdu, le film est exhumé en 2015 grâce à la fille du réalisateur. S’en suit un méticuleux travail de restauration guidé par Mohammad Reza Aslani lui-même, avant une diffusion dans plusieurs festivals internationaux en 2021. Cette œuvre magistrale d’une grande modernité apporte un regard nouveau sur le cinéma iranien.

LUNDI 30 OCTOBRE

ÂGE D’OR DU CINÉMA MEXICAIN


PRÉSENTATION & ÉCHANGES

9H30  Mains criminelles (En la palma de tu mano)

Roberto Gavaldon - Mexique - 1950 - 1h53 - vostf
Avec Arturo de Cordova, Leticia Palma, Ramon Gay…

Jaime Karin, astrologue renommé, impressionne ses clients par ses dons de voyance. En réalité il utilise les informations que lui donne sa femme, manucure dans un salon de beauté…

Roberto Gavaldon est considéré comme le maître du mélodrame mexicain. Il utilise les ressources de l’image pour souligner les sentiments des personnages. Ici, le spectateur remarquera l’usage du noir et du blanc adopté par son directeur de la photographie, Alex Phillips. L’influence de l’expressionnisme allemand est particulièrement visible dans une morgue aux dimensions improbables.

14H00 Jours d’automne (Dias de otoño) 

Roberto Gavaldon - Mexique - 1962 - 1h35 - vostf
Avec Pina Pellicer, Ignacio López Tarso, Lupe Carriles…

Luisa quitte sa campagne pour travailler dans une pâtisserie à Mexico. Elle rêve du grand amour et veut s’intégrer, être comme les autres. Pour cela, elle s’invente une existence, cumule les mensonges dans une spirale infernale et croit à cette vie inventée plus intéressante que la sienne.

Roberto Gavaldon filme de façon réaliste, sans fioriture. L’image est douce et lumineuse. Le réalisateur captive le spectateur en le plaçant comme témoin qui, lui seul, connait la vérité. Surpris, incrédule devant chaque nouveau mensonge, il redoute à tout instant que le secret de Luisa soit découvert.

16H30 El / Tourments (El)

Luis Buñuel - Mexique - 1953 - 1h31 - vostf
Avec Arturo de Cordova, Delia Garces, Luis Beristain…

Francesco, un riche propriétaire foncier, catholique pratiquant, remarque à l’église une jeune femme et tombe sous son charme. Il parvient à la séduire et à l’épouser. Mais pour la jeune femme, ce mariage devient très vite un échec…

C’est l’un des films préférés et des plus personnels de Luis Buñuel. Il décrit avec précision la déviance de Francesco. D’ailleurs, Lacan utilisa ce film dans ses cours à l’hôpital Sainte-Anne pour illustrer un cas de paranoïa. Ce film marqua également Hitchcock qui utilisa l’une de ses scènes dans son long métrage Vertigo.

20h45  Un homme nommé cheval (A Man Called Horse)

Elliot Silverstein - E-U - 1970 - 1h53 - vostf
Avec Richard Harris, Dame Judith Anderson, Jean Gascon…

En 1825, un aristocrate anglais, John Morgan, chasse le gibier aux USA dans le Dakota du Nord. Il est capturé par une tribu sioux qui l’emmène dans son camp. Le chef de la tribu l’offre à sa mère comme cheval. L’aristocrate découvre peu à peu le mode de vie semi-nomade de ces chasseurs- cueilleurs…

Sorti en 1970, la même année que Little Big Man et Soldat bleu, ce film renouvelle lui aussi la figure de l’Indien dans le western. Il le place au centre d’une fiction très documentée sur les règles et les coutumes amérindiennes.

MARDI 31 OCTOBRE

DELPHINE SEYRIG, L’INSOUMUSE 

PRÉSENTATION ALEXANDRE MOUSSA

9H30  Muriel ou le temps d’un retour

Alain Resnais - France - 1963 - 1h56
Avec Delphine Seyrig, Jean-Pierre Kerien, Jean-Baptiste Thierrée…

1962. À Boulogne-sur-Mer, Hélène Aughain, antiquaire à domicile, vit avec son beau-fils Bernard, récemment revenu de la guerre d’Algérie. Elle retrouve un jour son amour de jeunesse, visite qui va faire naitre nombre de tensions entre les deux générations réunies sous le même toit.

Scénario de Jean Cayrol sur la mémoire douloureuse de deux personnages, la difficulté de se reconstruire et le traumatisme de la guerre d’Algérie. Chef-d’œuvre terrible, commentera Jean Cocteau. Meilleure interprétation féminine pour Delphine Seyrig à la Mostra de Venise 1963 

14H00  Les Lèvres rouges

Harry Kumel - Belgique - 1971 - 1h40
Avec Delphine Seyrig, John Karlen, Danielle Ouimet…

Un couple, Valérie et Stefan, séjourne à Ostende dans un vaste hôtel désert à la morte saison et fait la connaissance de l’énigmatique comtesse Bathory et de sa protégée Ilona. Celles-ci envoûtent d’abord Stefan, puis Valérie fascinée par l’étrange relation qui unit les deux femmes.

Film formellement très riche de par ses costumes, ses décors, ses cadrages, sa lumière. En incarnant la comtesse, Delphine Seyrig développe une composition incandescente et ensorcelante. Grand film fantastique des années 70 qui ravira les amateurs du genre.

16H30  Sois belle et tais-toi !

Delphine Seyrig - France - 1977 - 1h52
Avec Jane Fonda, Juliette Berto, Jill Clayburgh…

Delphine Seyrig rencontre vingt-trois actrices de nationalités et de générations différentes à Hollywood et à Paris entre 1975 et 1976. Elle les questionne sur la condition des femmes dans l’industrie cinématographique, leurs rapports avec les producteurs et les réalisateurs, les rôles qu’on leur propose et les liens qu’elles entretiennent avec d’autres actrices.

« Au miroir de ces récits d’aliénation, Seyrig brise sa propre statue de muse en quête d’un cinéma qui réconcilierait camaraderie et féminité, sensibilité et masculinité, politique et imaginaire ». (Alice Leroy - Cahiers du cinéma - Février 2023, n° 795). 

20h45  Wanda

Barbara Loden - E-U - 1970 - 1h45 - vostf
Avec Barbara Loden, Michael Higgins, Dorothy Shupenes…

Après avoir quitté son mari et ses enfants, une jeune femme à la dérive rencontre un petit gangster qu’elle suit sur les routes américaines. 

Le spectateur est entrainé dans une descente aux enfers filmée dans les rudes régions minières de la Pennsylvanie. Il s’agit du premier et unique film réalisé par Barbara Loden plus connue comme actrice, notamment dans les films de son mari Elia Kazan. Elle signe ici une œuvre majeure du cinéma d’avant-garde américain, un des premiers et des plus importants films féministes dans lequel Marguerite Duras voyait « une coïncidence immédiate et définitive entre Barbara Loden et Wanda ».