no 41 à 53

41.    19 août 1910 — Jésus déverse son amertume en Luisa. Crainte de Luisa que ce soit le démon.

Alors que j'étais dans mon état habituel, je me suis trouvée hors de mon corps à l'intérieur d'une église. Au-dessus de l'autel, il y avait la Reine céleste avec l'Enfant Jésus tout en pleurs. Par un signe des yeux, ma céleste Maman me fit comprendre de prendre l'Enfant dans mes bras et de faire tout mon possible pour le calmer. Je m'approchai, le pris dans mes bras, le serrai sur moi, et lui dis:

«Qu'y a-t-il, mon bel enfant? Confie-toi à moi. L'amour n'est-il pas le baume et l'apaisement de tous les chagrins? N'est-ce pas l'amour qui fait tout oublier, qui adoucit tout et qui apaise après les querelles? Si tu pleures, il doit y avoir quelque chose de discordant entre ton amour et celui des créatures; par conséquent, aimons-nous l'un l'autre. Donne-moi ton amour et moi, avec ton propre amour, je t'aimerai.» Qui pourrait dire toutes les idioties que je lui ai ainsi dites? Il sembla s'être calmé un peu, mais pas complètement. Ensuite, il disparut. Le jour suivant, de nouveau hors de mon corps, je me suis trouvée dans un jardin où je faisais un chemin de croix. Ce faisant, je me suis retrouvée avec Jésus dans les bras. Quand j'arrivai à la onzième station, Jésus très saint, ne pouvant plus se retenir, m'arrêta et, approchant sa bouche de la mienne, y versa quelque chose qui était à la fois liquide et dense. La partie liquide, j'ai pu la boire, mais la partie dense ne voulait pas descendre, au point que lorsque Jésus éloigna sa bouche de la mienne, j'ai dû la rejeter par terre.

Alors, je regardai Jésus et vis qu'un liquide dense et très noir coulait de sa bouche. Je fus épouvantée et lui dis: «Je pense que tu n'es pas Jésus, le Fils de Dieu et de Marie la Mère de Dieu, mais le démon. Il est vrai que je te veux et que je t'aime, mais c'est seulement Jésus que je veux, jamais le démon; je ne veux rien savoir du démon, je préfère être sans Jésus plutôt que d'avoir affaire au démon le moindrement.» Pour être plus sûre, je fis le signe de la croix sur Jésus puis sur moi-même. Alors, pour m'enlever toute peur, Jésus reprit le liquide noir en lui, ce liquide dont je ne pouvais supporter la vue. Il me dit:

«Ma fille, je ne suis pas le démon. Ce que tu vois, ce n'est rien d'autre que les grandes iniquités que les créatures font contre moi et que je vais déverser sur elles, car je ne peux plus les garder en moi. J'en ai versé en toi et tu n'as pu tout retenir; tu l'as rejeté par terre. Je continuerai à en verser sur elles.»

Pendant qu'il disait cela, il me fit comprendre quels fléaux il fera pleuvoir du Ciel. Il enveloppera les peuples dans le deuil et dans les larmes amères. Le peu qu'il a versé en moi épargnera notre ville, tout au moins partiellement. Il me fit voir beaucoup de mortalités à la suite d'épidémies et de tremblements de terre, ainsi que d'autres malheurs. Que de désolations, que de misères!

42.    22 août 1910 — Jésus, en fuite, recherche un rafraîchissement.

Étant dans mon état habituel, j'avais perdu connaissance. Je voyais beaucoup de gens qui mettaient en fuite Jésus très saint. Lui, il fuyait et fuyait mais, partout où il allait, il ne trouvait pas de place. Finalement, il vint à moi tout ruisselant de sueur, fatigué et affligé. Il se jeta dans mes bras, me serra très fort et dit à ceux qui le poursuivaient: «De cette âme, vous ne pouvez me faire fuir.» Penauds, ils se retirèrent, et Jésus me dit: «Fille, je n'en peux plus, donne-moi un peu de rafraîchissement.» Et il se mit à boire à mon sein. Ensuite, j'ai réintégré mon corps.

43.    2 septembre 1910 — On doit être attentif à ce qu'on doit faire et non aux commérages.

Je pensais à Jésus portant sa croix sur le chemin du Calvaire au moment où il rencontra les femmes et où, ignorant ses souffrances, il s'occupa de les consoler, de leur répondre et de les instruire. Comme tout était amour en Jésus! C'était lui qui avait besoin d'être consolé et, cependant, c'était lui qui consolait. Et dans quel état il était! Tout couvert de plaies, la tête transpercée d'épines acérées, pantelant et presque mourant sous la croix; cependant, il consolait les autres. Quel exemple! Quelle honte pour nous à qui il suffit d'une petite croix pour nous faire oublier le devoir de consoler les autres!

Ensuite, je me suis souvenue des fois où, accablée par la souffrance ou par la privation de Jésus, et remplie d'amertume jusqu'à la moelle de mes os, je m'efforçais de consoler et d'instruire les personnes qui m'entouraient en m'oubliant moi-même, incitée à cela par Jésus lui-même afin de l'imiter en ce moment particulier de sa Passion. Puis, je me suis mise à le remercier d'être maintenant libre et dispensée d'être entourée de personnes — à cause de l'obéissance qui me garde retirée —, ce qui me permet de m'occuper de moi-même. Alors, bougeant en moi, Jésus me dit:

«Ma fille, c'était un réconfort pour moi et je me sentais comme soulagé, surtout parce que ces femmes venaient vraiment pour me faire du bien. En ces jours, il manque véritablement de ces personnes qui mettent le vrai esprit intérieur dans les âmes: ne l'ayant pas en elles-mêmes, elles sont incapables de l'infuser dans les autres. Ce sont des âmes susceptibles, scrupuleuses, frivoles, sans vrai détachement de tout et de tous. Cela produit des vertus stériles qui meurent avant d'éclore.

«Et il y en a qui croient faire progresser les âmes en prônant la minutie et le scrupule: ils sont plutôt de vraies entraves pour les âmes, mon amour reste à jeun avec eux. Quant à toi, comme je t'ai donné beaucoup de lumière sur les voies intérieures et que je t'ai fait comprendre la vérité sur les vraies vertus et le vrai amour, je pouvais par ta bouche faire comprendre aux autres la vérité sur les vrais chemins des vertus, et je m'en réjouissais.»

Je lui dis: «Mais, Jésus très saint, après le grand sacrifice que j'avais fait, ces gens s'en allaient faire du commérage et l'obéissance a justement interdit la venue de ces gensIl reprit: «Voilà l'erreur: prêter attention aux commérages et non pas au bien que l'on doit faire. Sur moi aussi ils ont comméré, et si je m'étais arrêté à ces racontars, je n'aurais pas accompli la Rédemption des hommes. Par conséquent, il faut s'occuper de ce qu'on a à faire et non pas de ce que disent les gens. Quant aux commérages, ils restent au compte de ceux qui les font.»

44.    3 septembre 1910 — Ce que Jésus fait pour une âme rejoint toutes les âmes.

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus très saint vint sous la forme d'un enfant. Il m'embrassa, me serra et me caressa longuement. J'étais surprise qu'il me fasse de telles démonstrations d'affection, moi si misérable. Je lui rendais ces marques d'affection, mais timidement. Par une lumière qui sortit de lui, il me fit comprendre que lorsqu'il vient, c'est toujours un grand bienfait, non seulement pour moi, mais aussi pour le monde entier parce qu'en aimant une âme et en se déversant en elle, il atteint l'humanité entière. En fait, en cette âme, il y a plusieurs liens la liant à toutes les autres: liens de ressemblance, de paternité ou de filiation, de fraternité, d'avoir toutes été créées par ses mains, d'avoir toutes été rachetées par lui, ce qui fait que toutes sont marquées de son Sang. Par conséquent, quand il aime et donne des faveurs à une âme, les autres aussi sont aimées et favorisées, sinon complètement, du moins partiellement. C'est pourquoi, en venant à moi pendant ce temps de fléaux et en m'embrassant, me caressant et me regardant, Jésus très saint voulait rejoindre toutes les autres créatures et les épargner en partie, sinon complètement.

Par la suite, je vis un jeune homme, je crois que c'était un ange, qui marquait ceux qui devaient être affectés par des fléaux; il semblait aller auprès d'un grand nombre de personnes.

45.    9 septembre 1910 — Luisa se plaint d'être incapable d'empêcher les châtiments.

J'étais dans mon état habituel et Jésus très saint ne venait pas. Je me disais: «Comme Jésus a changé, comme il ne m'aime plus comme avant! Avant d'être clouée au lit en permanence, tandis qu'il y avait le choléra, il m'avait dit que si j'acceptais ces souffrances pendant quelques jours, il ferait cesser le choléra, et comme je les ai acceptés, le fléau cessa. Mais, maintenant qu'il me tient continuellement au lit, on entend parler de choléra, des ravages qu'il fait chez les pauvres gens, et il ne veut pas m'écouter. C'est comme s'il ne voulait plus se servir de moi.»

Pendant que je disais cela, j'ai regardé en mon intérieur et j'y ai vu Jésus qui, la tête levée, me regardait et m'écoutait tout attendri. Quand il a vu que je m'étais aperçue qu'il me regardait, il m'a dit: «Ma bonne fille, comme tu m'embêtes! Tu veux gagner par la force, n'est-ce pas? C'est bon, c'est bon, mais ne m'importune plus.» Puis il disparut.

46.    11 septembre 1910 — Jésus attend de l'âme l'amour, la soif de la vérité et la droiture. Une âme parfaitement unie à la Divine Volonté contribue à ce que la miséricorde l'emporte sur la justice.

J'étais dans mon état habituel et il me semblait que mon confesseur voulait que je souffre la crucifixion. Après quelques démêlés, le bienveillant Jésus coopéra quelque peu et me dit: «Ma fille, à cause du monde, je n'en peux plus. Beaucoup me remplissent d'indignation et m'arrachent les fléaux des mains par la force.» Pendant qu'il disait cela, il me sembla qu'une pluie drue endommageait les vignobles.

Alors j'ai prié pour mon confesseur qui semblait se trouver là. J'ai voulu lui prendre les mains pour que Jésus le touche, et il me sembla que Jésus fit ainsi. Je priai Jésus de dire à ce prêtre ce qu'il attendait de lui. Jésus lui dit: «Je veux l'amour, la vérité et la droiture. Ce qui contribue le plus à rendre une créature différente de moi, c'est de ne pas posséder ces trois qualités.» Ensuite, en prononçant le mot amour, il sembla sceller d'amour tous les membres, le coeur et l'intelligence du prêtre [avec l'amour]. Oh! comme Jésus est bon!

Plus tard, quand j'ai dit à mon confesseur ce que j'ai écrit le neuvième jour de ce mois, j'ai hésité et je me suis dit: «Comme je voudrais ne pas avoir à écrire ces choses! Est-ce bien vrai que Jésus suspend les fléaux pour me contenter, ou si c'est mon imagination?» Jésus me dit: «Ma fille, la justice et la miséricorde sont en lutte continuelle, mais la miséricorde gagne plus souvent que la justice. Quand une âme est parfaitement unie à ma Volonté, elle prend part à mes actions, et quand elle satisfait par ses souffrances, la miséricorde obtient ses plus belles victoires sur la justice. Puisque je me complais à couronner tous mes attributs de miséricorde, y compris la justice, quand je me vois importuné par une âme unie à moi, alors, pour la contenter, je cède devant elle puisqu'elle a abandonné tout d'elle-même dans ma Volonté. C'est ce qui explique pourquoi je ne viens pas quand je ne veux pas céder, parce que je ne pense pas être capable de résister. Alors, d'où provient ton doute?»

47.    22 septembre 1910 — Chaque vertu est un ciel acquis par l'âme.

Ce matin, étant dans mon état habituel, Jésus très saint est venu brièvement et m'a dit: «Ma fille, chaque vertu est un ciel que l'âme acquiert. Ainsi, l'âme se forme autant de ciels qu'elle acquiert de vertus. Ces ciels vainquent dans l'âme toutes les inclinations humaines, y détruisent tout ce qui est terrestre et la font se balader librement dans les espaces les plus purs, dans les délices les plus saintes, dans les célestes parfums divins, et lui font goûter par anticipation un peu des joies éternelles.» Puis il disparut.

48.    ler octobre 1910 — Aimer Jésus transforme l'âme en lui-même.

Ayant communié, je me sentais toute transformée en Jésus très saint et je me disais: «Comment peut-on faire pour que soit maintenue cette transformation en Jésus?» Alors j'ai cru entendre intérieurement Jésus me dire: «Ma fille, si tu veux demeurer toujours transformée en moi, et même ne faire qu'un avec moi, aime-moi toujours et cette transformation en moi sera maintenue.

En fait, l'amour est un feu et tout morceau de bois qu'on y jette, petit ou gros, vert ou sec, prend la forme de ce feu et se transforme en feu lui-même; et après que plusieurs morceaux de bois ont été brûlés, on ne les distingue plus l'un de l'autre, y compris les morceaux qui étaient verts de ceux qui étaient secs; on ne voit plus que le feu. Il en va ainsi pour l'âme qui ne cesse jamais de m'aimer. L'amour est le feu qui transforme l'âme en Dieu; l'amour unit, ses flammes investissent toutes les actions humaines et leur donnent la forme des actions divines.»

49.    17 octobre 1910 — Plus l'âme aime Jésus et est unie à lui, plus ses sacrifices ont de la valeur.

Me trouvant dans mon état habituel, je priais mon Jésus d'amour pour obtenir l'heureux passage dans l'autre vie d'un prêtre qui avait été mon confesseur pendant plusieurs années, et je disais à mon Jésus bien-aimé: «Rappelle-toi combien il a fait de sacrifices, avec combien de zèle il a travaillé pour ton honneur et ta gloire, et tout ce qu'il a fait pour moi? Combien n'a-t-il pas souffert? Daigne le lui rendre en le faisant passer tout droit au Ciel.»

Jésus très saint me dit: «Ma fille, je ne regarde pas tant aux sacrifices qu'à l'amour avec lequel on les fait et à l'union avec moi dans lequel ils sont faits. Plus l'âme est unie à moi, plus je prends en considération ses sacrifices. Si l'âme est très étroitement unie à moi, j'accorde beaucoup d'importance à ses petits sacrifices parce que, dans cette union, se trouve la mesure de l'amour et la mesure de l'amour est une mesure éternelle et sans limites. Par contre, pour l'âme qui se sacrifie beaucoup mais qui n'est pas unie à moi, je regarde ses sacrifices comme ceux d'un étranger et je lui donne la récompense qu'elle mérite, une récompense limitée.

Imagine un père et un fils qui s'aiment beaucoup; le fils fait de petits sacrifices et le père, en raison des liens de paternité, de filiation et d'amour, — ce dernier lien étant le plus fort —, regarde ces petits sacrifices comme s'ils étaient de grandes choses; il est triomphant, il se sent honoré, il donne toutes ses richesses à son fils et lui prodigue tous ses égards et tous ses soins. Considère maintenant un serviteur qui travaille toute la journée, s'expose à la chaleur et au froid, exécute tous les ordres à la lettre et, si nécessaire, veille même la nuit pour son patron. Et que reçoit-il? Le misérable salaire d'une journée, de sorte que s'il ne travaille pas tous les jours, il sera contraint à manquer de nourriture. Voilà la différence entre l'âme qui est unie à moi et l'âme qui ne l'est pas.»

Pendant qu'il disait cela, je me suis sentie hors de mon corps en compagnie de Jésus très saint et je lui ai dit: «Mon doux Amour, dis-moi, où se trouve cette âme?» Il me répondit: «Au purgatoire. Oh! si tu voyais dans quelle lumière il nage, tu en serais émerveillée.» Je repris: «Tu dis qu'il est au purgatoire et, en même temps, qu'il nage dans la lumière?» Jésus reprit: «Oui, il nage dans la lumière, parce que cette lumière il l'avait en dépôt et, lorsqu'il est mort, elle l'a investi et elle ne le laissera jamais.» J'ai compris que cette lumière provenait de ses bonnes actions faites avec pureté d'intention.

50.    24 octobre 1910 — Le trouble et ses effets. Tout nous vient par les doigts de Dieu.

J'étais extrêmement affligée par la privation de mon aimable Jésus et, ayant communié, je me plaignais de son absence. Il m'a dit intérieurement: «Ma fille, il y a des choses tristes, très tristes, qui sont en train de se produire et qui vont se produire.» Je fus terrorisée par ces propos. Plusieurs jours se sont passés sans que Jésus vienne. Je l'entendis seulement me dire à plusieurs reprises: «Ma bonne fille, patience, je te dirai plus tard pourquoi je ne viens pas.»

Ainsi, je naviguais dans l'amertume, mais dans la tranquillité, quand j'ai fait un songe qui m'a beaucoup attristée et même troublée, d'autant plus que, ne voyant pas Jésus, je n'avais personne à qui m'adresser pour être entourée d'une atmosphère de paix qui ne peut venir que de Jésus. Oh! comme est à plaindre l'âme troublée. Le trouble est comme un air infernal que l'on respire, et cet air d'enfer chasse l'air céleste de la paix et prend la place de Dieu dans l'âme. Par ses fumées infernales, le trouble domine tellement l'âme que même les choses les plus saintes, les plus pures, apparaissent comme les plus laides et les plus dangereuses. Il met tout en désordre et l'âme, empestée par cet air d'enfer, est ennuyée par tout et par Dieu lui-même.

Je ressentais cet air d'enfer, non pas à l'intérieur de moi, mais autour de moi; il me faisait tant de dommages que je ne me préoccupais plus du fait que Jésus ne venait pas; il me semblait même que je ne voulais pas le voir. La chose était très sérieuse: il s'agissait du fait qu'on m'avait assurée que je ne me trouvais pas dans un bon état et, par conséquent, que les souffrances et les venues de Jésus n'étaient pas la Volonté de Dieu et que je devais y mettre fin une fois pour toutes. Je ne dis pas tout à ce sujet parce que je ne crois pas que ce soit nécessaire. J'écris cela uniquement par obéissance.

La nuit suivante, je vis que de l'eau descendait du ciel: un déluge, de quoi faire beaucoup de dommages et ensevelir des régions entières. Ce songe m'impressionna tellement que je ne voulais rien voir. À ce moment, une colombe qui tournait autour de moi, me dit: «Le remuement des feuilles et des herbes, le murmure des eaux, la lumière qui envahit la terre, le mouvement de toute la nature, tout, tout provient des doigts de Dieu. Peux-tu t'imaginer que seul ton état ne proviendrait pas des doigts de Dieu?»

Par la suite, quand mon confesseur est venu, je lui ai décrit tout cela et il m'a dit que c'était le diable qui avait voulu me troubler. Quand il m'a quittée, j'étais un peu plus tranquille, mais comme quelqu'un relevant d'une grave maladie.

51.    29 octobre 1910 — Les trois armes pour chasser le trouble.

Alors que je me trouvais dans mon état habituel, il me sembla que Jésus s'était montré un peu et je lui ai dit: «Vie de ma vie, mon cher Jésus, ces jours derniers j'ai été troublée, et toi qui as été si jaloux de ma paix, tu n'as pas eu durant toutes ces journées une seule parole pour me donner cette paix que tu veux tellement

Il me répondit: «Ah! ma fille, j'étais en train de flageller et de détruire des régions entières et d'ensevelir des vies humaines, c'est pourquoi je ne venais pas. Aujourd'hui étant un jour de trêve, je me suis empressé de venir te visiter avant de reprendre le fouet. Sache que si je ne récompensais pas les choses faites avec pureté d'intention, les oeuvres justes et tout ce qui est fait par amour pour moi, je manquerais à un devoir relatif à ma justice et tous mes autres attributs en seraient obscurcis.

«Ceci dit, voici les trois armes les plus puissantes pour détruire cette bave venimeuse et infernale qu'est le trouble. À supposer que la nécessité de flageller me force à ne pas venir pendant quelques jours et que cet air d'enfer voudrait t'investir, oppose-lui ces trois armes: la pureté d'intention, l'oeuvre — juste et bonne en soi — d'être victime, le sacrifice pour moi dans le seul but de m'aimer. Ainsi, tu vaincras n'importe quel trouble et tu l'expédieras au plus profond de l'enfer. Par ton indifférence, tu tourneras la clef pour qu'il ne puisse plus sortir et venir t'importuner de nouveau.»

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Une question
🤯 N'y a-t-il pas une contradiction lorsque Jésus dit que s'il ne récompense pas les choses bonnes il manquerait à son devoir de justice alors qu'il vient de flageller des régions entières?

52.    ler novembre 1910 — La consommation de l'union des volontés constitue l'union suprême.

Étant dans mon état habituel, Jésus très saint est venu et m'a dit: «Ma fille, l'union suprême a lieu quand l'âme arrive à une union tellement étroite avec ma Volonté qu'elle consume toute ombre de sa propre volonté, de telle sorte qu'on ne peut plus distinguer laquelle est ma Volonté et laquelle est sa volonté. Alors ma Volonté devient la vie de cette âme de sorte que peu importe ce dont je dispose pour elle, de même que pour les autres, elle en est satisfaite. Tout lui semble opportun: la mort, la vie, la croix, la pauvreté, etc. Elle considère toutes ces choses comme lui appartenant et servant à maintenir sa vie. Elle atteint un tel point que même les châtiments ne l'épouvantent pas: elle est remplie de la Divine Volonté en tout. Si je veux quelque chose, elle le veut aussi, et si elle veut quelque chose, je le lui accorde. Je fais ce qu'elle veut et elle fait ce que je veux.

Voilà le dernier souffle de la consommation de la volonté humaine dans la mienne, que tant de fois je t'ai demandée et que l'obéissance et la charité envers le prochain ne t'ont pas permis. De nombreuses fois, c'est moi qui ai cédé devant toi en ne châtiant pas mais, toi, tu ne cédais pas devant moi, ce qui m'obligeait à me cacher de toi pour être libre quand la justice me forçait la main et que les hommes me provoquaient à prendre le fouet pour les châtier. Si, durant l'action de flageller, je t'avais eue avec moi, avec ma Volonté, j'aurais peut-être limité et diminué le fléau parce qu'il n'y a pas de puissance plus grande au Ciel et sur la terre qu'une âme qui, en tout et pour tout, est consumée dans ma Volonté. Cette âme atteint le point de m'affaiblir et de me désarmer comme il lui plaît. Voilà l'union suprême.

Il y a aussi l'union mitigée dans laquelle l'âme est résignée, oui, mais ne considère pas mes dispositions comme étant ses choses à elle, comme étant sa vie; elle ne se délecte pas dans ma Volonté ou ne dissout pas la sienne dans la mienne. Je la regarde, oui, mais elle n'arrive pas à ce que je m'éprenne d'elle, à ce que je devienne fou d'elle, comme c'est le cas pour les âmes dans l'union suprême.»

53.    3 novembre 1910 — L'âme est le Paradis de Jésus sur la terre.

Ce matin, Jésus très saint se montra dans mon intérieur dans une attitude de détente, afin de se remettre de toutes les amertumes que lui donnent les créatures, et il m'a dit ces simples mots: «Tu es mon Paradis sur terre, mon réconfort.» Puis il disparut.