no 21 à 40

21.    6 novembre 1909 — La privation de Jésus consume l'âme et la prépare pour le Ciel.

Pendant que je me plaignais à Jésus au sujet de mes privations, il se montra brièvement et me dit: «Ma fille, la croix rapproche de plus en plus l'âme de moi. Ces privations dont tu souffres te font planer au-dessus de toi-même car, en ne trouvant pas en toi celui que tu aimes, tu n'as plus de goût pour la vie, tout autour de toi t'ennuie et tu ne trouves rien sur quoi t'appuyer. Celui sur qui tu as coutume de t'appuyer te semble absent et, en conséquence, ton âme plane jusqu'à ce qu'elle soit purifiée de tout au point d'être complètement consumée. Après, ton Jésus te donnera le baiser final et tu te retrouveras au Ciel. N'es-tu pas contente?»

22.    9 novembre 1909 — Joie donnée à Jésus par l'âme qui agit en union avec lui.

Me trouvant dans mon état habituel, il me sembla voir à l'intérieur de moi Jésus jouer une sonate sur un orgue. Il trouvait beaucoup de plaisir à jouer. Je lui dis: «Oh! comme tu sembles bien t'amuser!» Il me répondit: «C'est exact. Tu dois savoir que puisque tu as agi en union avec moi, c'est-à-dire que tu m'as aimé avec mon propre amour, que tu as adoré avec mes propres adorations, que tu as réparé avec mes propres réparations, et ainsi de suite, tout est immense en toi comme en moi. Cette union entre toi et moi a formé cet orgue.

«De plus, à chaque fois que tu souffres de nouveau, tu ajoutes une nouvelle note à l'orgue et, à l'instant, je viens jouer ma sonate pour voir quel son donne cette nouvelle note. Ainsi, je goûte une joie nouvelle. Par conséquent, plus tu souffres, plus tu ajoutes d'harmonies à mon orgue et plus je m'amuse.»

23.    16 novembre 1909 — Le péché est le seul désordre de l'âme.

Après avoir vécu des jours amers de privation et après avoir communié, je me plaignais à mon aimable Jésus en lui disant: «On dirait vraiment que tu veux me laisser complètement! Mais dis-moi au moins si tu veux que je quitte cet état? Qui sait quel désordre se trouve en moi pour que tu te sois éloigné ainsi. Dis-le moi: de tout mon coeur je te promets que je serai meilleure.»

Jésus me répondit: «Ma fille, ne t'inquiète pas; quand je te fais perdre conscience, reste calme, quand je fais l'inverse, reste encore plus calme, sans gaspiller ton temps. Prends tout de mes mains, comme ça t'arrive. Ne puis-je pas suspendre ton état pendant quelques jours? Pour ce qui est du désordre en toi, s'il y en avait, je te l'aurais dit. Sais-tu ce qui met le désordre dans l'âme? Seulement le péché, si petit soit-il. Oh! comme il la déforme, la décolore, l'affaiblit. Cependant, les divers états d'âme et les privations ne lui causent aucun dommage. Par conséquent, sois attentive à ne pas m'offenser, même très peu, et ne crains aucunement qu'il y ait du désordre dans ton âme.»

Je repris: «Mais, Seigneur, il doit y avoir quelque chose de mal en moi. Avant, tu allais et venais sans cesse et, lors de tes visites, tu me faisais participer à la croix, aux clous et aux épines mais, maintenant que ma nature s'est habituée à ces choses, qu'elles me sont devenues comme naturelles, à ce point qu'il m'est plus facile de souffrir que de ne pas souffrir, tu te retires. Comment se fait-il qu'il ne se passe plus rien d'important en moi?»

Avec douceur, Jésus me dit: «Écoute, ma fille, j'ai eu à disposer ton âme pour que tu fasses tes délices de la souffrance, afin que je puisse y accomplir mon travail. J'ai dû t'éprouver, te surprendre, te charger de souffrances afin que ta nature renaisse à une vie nouvelle. Ce travail, je l'ai terminé puisque ta participation à mes souffrances est devenue permanente, parfois plus, parfois moins. Maintenant que ce travail a été complété, j'en jouis. Ne veux-tu pas que je me repose? Écoute, ne pense pas à cela, laisse faire ton Jésus qui t'aime tant. Je sais quand mon activité est nécessaire en toi et quand je dois me reposer de mon travail.»

24.    20 novembre 1909 — Perception divine et perception humaine de la croix.

Me trouvant dans mon état habituel, mon doux Jésus vint brièvement et me dit: «Ma fille, celui qui considère la croix d'un point de vue humain la trouve boueuse et, par conséquent, lourde et amère. Par contre, celui qui considère la croix d'un point de vue divin la trouve pleine de lumière, légère et douce.

«En regardant la vie d'un point de vue humain, on est dépourvu de grâces, de force et de lumière et, par conséquent, on en vient à dire des choses comme: "Pourquoi cette personne m'a-t-elle fait ce tort? Pourquoi cette autre m'a-t-elle causé ce chagrin, m'a-t-elle calomnié?" Et on se remplit d'indignation, de colère, d'idées de vengeance et, ainsi, la croix nous paraît boueuse, sombre, lourde et amère. Par contre, les façons divines de penser sont remplies de grâces, de force et de lumière et, par conséquent, on n'a pas le goût de dire: "Seigneur, pourquoi m'as-tu fait cela?" Au contraire, on s'humilie, on se résigne, et la croix devient légère et apporte à l'âme de la lumière et de la douceur.»

25.    25 novembre 1909 — Autant pour Jésus que pour l'âme, le travail principal est fait par l'Amour.

Me trouvant dans mon état habituel, je réfléchissais sur l'agonie de Jésus au Jardin. Se montrant brièvement à moi, mon aimable Jésus me dit: «Ma fille, les hommes n'ont agi que sur l'écorce de mon Humanité alors que l'Amour éternel agissait sur tout mon intérieur. Ainsi, durant mon agonie, ce ne furent pas les hommes, mais l'Amour éternel, l'Amour immense, l'Amour incalculable, l'Amour caché qui ouvrit en moi de grandes blessures, me transperça avec des clous enflammés, me couronna d'épines brûlantes et m'abreuva de fiel bouillant.

«Et, incapable de supporter autant de martyres en même temps, mon Humanité fit jaillir de grands ruisseaux de sang, elle se contorsionnait et en vint à dire: "Père, si c'est possible, retire de moi ce calice; cependant, que soit faite non pas ma Volonté, mais la tienne." Cela ne se reproduisit plus durant le reste de ma Passion; tout ce que je souffris dans le cours de la Passion, je le souffris tout ensemble durant l'agonie et cela, de manière plus intense, plus douloureuse et plus profonde, car l'Amour me pénétra alors jusqu'à la moelle des os, jusque dans les fibres les plus intimes de mon Coeur, là où une créature ne pourrait jamais descendre. Mais l'Amour atteint tout, rien ne lui résiste.

«Ainsi, mon premier bourreau fut l'Amour. C'est pourquoi, durant ma Passion, je n'eus pas même un regard de reproche envers ceux qui me servaient de bourreaux, parce que j'avais un bourreau plus cruel et plus actif en moi: l'Amour. Et les endroits où les bourreaux extérieurs ne parvenaient pas, où une petite partie de moi était épargnée, l'Amour prenait la relève et n'épargnait rien.

«Et c'est ce qui arrive dans toutes les âmes: le travail principal est fait par l'Amour. Et quand l'Amour a agi et rempli l'âme, ce qui apparaît à l'extérieur n'est que le débordement de ce qui a été effectué à l'intérieur.»

26.    22 décembre 1909 — La raison des délaissements que connaissent les âmes saintes à la fin de leur vie.

Ayant communié, je me plaignais au bon Jésus de mes privations et du fait que, quand il vient, c'est presque toujours comme un éclair ou dans un complet silence. Jésus me dit:

«Ma fille, chez presque toutes les âmes à qui je me suis manifesté de manière extraordinaire, j'ai permis à la fin de leur vie ces périodes de délaissement, et cela, non seulement à cause de certaines raisons qui m'appartiennent, mais aussi pour que je sois honoré et glorifié dans toutes mes interventions. Beaucoup disent: "Ces âmes étaient destinées à un niveau de sainteté si élevé et elles l'aimaient tant! Après avoir reçu autant de faveurs, de grâces et de charismes, elles auraient été vraiment ingrates en n'atteignant pas ce niveau. Si nous avions reçu ces choses, nous aussi serions parvenus à ce niveau et même plus."

«Aussi, pour justifier ma conduite, je leur fais vivre des délaissements et des privations, ce qui est pour elles un véritable purgatoire. Je dois aussi tenir compte de leur fidélité, de l'héroïsme de leurs vertus et du fait qu'il est plus facile d'endurer la pauvreté pour celui qui n'a jamais connu la richesse que pour celui qui avait coutume de vivre richement. Je dois aussi tenir compte de ce que les richesses surnaturelles ne sont pas comme les richesses matérielles qui servent au corps et ne sont qu'extérieures. Les richesses surnaturelles pénètrent jusque dans la moelle des os, dans les fibres les plus intimes de l'être, dans la partie la plus noble de l'intelligence. Il suffit de dire que d'en être privé est plus qu'un martyre.

«Ces âmes me font tellement pitié que mon Coeur devient brisé de tendresse pour elles. Ne pouvant résister, je leur donne la force d'aller jusqu'au bout de leur martyre. Tous les anges et les saints ont l'oeil sur elles et veillent sur elles afin qu'elle ne succombent pas, sachant le cruel martyre qu'elles subissent. Ma fille, courage, tu as raison, mais sache que tout est amour en moi.»

Pendant qu'il disait cela, il semblait s'éloigner. Je sentais ma nature profonde être consumée et disparaître dans le néant. Ces germes de force, de lumière et de connaissance que je semblais posséder se transformaient en néant. Je me sentais mourir et, pourtant, je restais en vie. Jésus revint et, me prenant dans ses bras, sembla soutenir mon néant. Il me dit: «Vois-tu, ma fille, que si le petit germe de ta force, la faible lampe de ta lumière, la petite connaissance que tu as de moi et toutes tes autres petites qualités disparaissent, alors ma force, ma lumière, ma sagesse, ma beauté et toutes mes autres qualités prennent la relève et viennent remplir ton néant. N'es-tu pas contente?»

Je lui dis: «Écoute, Jésus, si tu continues ainsi, tu vas perdre le goût de me laisser sur la terre.» Je lui ai dit cela à plusieurs reprises. Et Jésus, qui ne voulait pas entendre mes paroles, me répondit: «Écoute, ma fille, je ne perdrai jamais le goût de toi. Si je te garde sur la terre, j'aurai mon goût sur la terre; si je t'amène au Ciel, j'aurai mon goût dans le Ciel. Sais-tu qui perdra alors le goût? Ton confesseur.»

27.    24 février 1910 — Difficultés de Luisa à manifester son intérieur à son confesseur.

Ce matin, à la communion, je me plaignis à Jésus de ne plus être capable de manifester mon état à celui à qui je dois le faire [à mon confesseur]. Oui, souvent, quand je me sens remplie de Jésus, j'ai le sentiment de le toucher partout; même en me touchant moi-même, je touche Jésus. Mais je ne sais pas comment en parler. Je voudrais pouvoir me perdre en Jésus dans le silence le plus strict. Et quand on me presse de parler de cela, oh! quels efforts je dois y mettre! Je me sens comme un enfant qui a beaucoup sommeil et qu'on veut réveiller de force: il fait des histoires.

Je disais donc à Jésus: «Tu m'as départie de tout, de tes souffrances, de tes faveurs, de ta voix harmonieuse, douce et suave. Je ne me reconnais plus dans ce que je suis devenue. Si tu me fais comprendre quelque chose, c'est tellement dans les profondeurs de mon être que ça n'arrive pas à monter à la surface. Dis-moi, ma Vie, que dois-je faire?»

Il me répondit: «Ma fille, si tu me possèdes, tu possèdes tout, et cela te suffit. Si tu te sens remplie de moi, c'est signe que je te garde dans la maison de ma Divinité. Si une riche personne admet un pauvre chez elle, elle lui donne tout ce qui lui est nécessaire, même si elle ne lui parle pas tout le temps ou ne le caresse pas. Autrement, ce serait un déshonneur pour elle. Et ne suis-je pas plus que cette personne riche? Par conséquent, calme-toi et essaie de manifester ce que tu peux à ton confesseur. Pour le reste, abandonne tout à mes soins.»

28.    26 février 1910 — Avant sa mort, l'âme doit tout faire mourir en elle dans la Divine Volonté et dans l'amour.

Mon état de privation se poursuit et même, il empire. Ô Dieu! quelle dégringolade! Jamais je n'aurais pu croire que je finirais de cette façon! J'espère au moins ne jamais sortir du cercle de ta très Sainte Volonté: elle est tout pour moi. J'aurais le goût de pleurer sur mon état lamentable et c'est ce que je fais parfois, mais Jésus me réprimande alors en me disant des choses comme: «Tu veux donc demeurer toujours une fillette? On voit bien que j'ai affaire à une petite fille, je ne peux pas me fier à toi. J'espérais trouver en toi l'héroïsme du sacrifice pour moi, mais je trouve à la place les larmes d'une petite fille qui ne veut pas se sacrifier.»

Ainsi, quand je pleure, il se montre plus dur et il va jusqu'à ne pas venir du tout ce jour-là. Par conséquent, je suis obligée de m'armer de courage et de refouler mes larmes en lui disant: «Tu dis que c'est par amour que tu me prives de ta Présence et, pour ma part, c'est par amour pour toi que j'accepte cette privation: par amour pour toi, je ne pleurerai pas.» Et si j'y arrive, il se montre un peu plus indulgent, sinon il me punit plus fortement, ce qui me fait vivre une mort continuelle tout en restant vivante.

Donc, après avoir passé une journée de ce genre, je n'ai pu refouler mes larmes. Jésus me le fit payer comme je le méritais mais, tard dans la nuit, ayant pitié de moi, il se manifesta comme si une petite fenêtre de lumière s'était ouverte dans mon esprit. Il me dit: «Ne veux-tu pas comprendre qu'avant de quitter ce monde, tu dois mourir à tout: à la souffrance, aux désirs, aux faveurs; tout en toi doit mourir dans ma Volonté et dans mon amour. Au Ciel, ce qui entre dans l'éternité, c'est uniquement ma Volonté et mon amour; toutes les autres vertus prennent fin: patience, obéissance, souffrance, désirs. Il n'y a que ma Volonté et mon amour qui n'ont jamais de fin. Par conséquent, tu dois mourir par avance dans ma Volonté et dans l'amour.

Il doit en être ainsi pour tous mes saints. Et moi-même, je n'ai pas voulu faire exception en ayant été abandonné par le Père, afin de mourir totalement dans sa Volonté et dans son amour. Oh! comme j'aurais voulu souffrir davantage! Oh! comme j'aurais désiré en faire davantage pour les âmes! Mais tout cela mourut dans la Volonté et dans l'amour du Père. C'est ainsi qu'ont agi les âmes qui m'ont vraiment aimé. Et toi, tu ne veux pas comprendre cela!»

29.    8 mars 1910 — L'intention droite est lumière pour l'âme.

Ce matin, mon bien-aimé Jésus vint brièvement et me dit: «Ma fille, l'intention droite est lumière pour l'âme. Elle la couvre de lumière et lui indique le moyen d'agir divinement. L'âme est comme une chambre obscure, et l'intention droite comme le soleil qui y pénètre et l'illumine, avec cette différence que le soleil ne change pas les murs en lumière, alors qu'agir avec rectitude transforme tout en lumière.»

30.    12 mars 1910 — La Divine Volonté perfectionne l'amour, le modifie, l'astreint et le sanctifie.

Je me trouvais dans mon état habituel et le bon Jésus vint brièvement. Il me dit: «Ma fille, ma Volonté perfectionne l'amour, le modifie, l'astreint et le sanctifie. L'amour veut parfois s'échapper et tout dévorer, mais ma Volonté cherche à le maîtriser en lui disant: "Du calme, ne cours pas comme cela car tu pourrais te blesser; en voulant tout dévorer, tu pourrais te leurrer." L'amour est pur dans la mesure où il est conforme à ma Volonté; les deux marchent de pair et se donnent sans cesse le baiser de paix.

«Parfois, à cause de son humeur ou parce que, après s'être échappé, il n'a pas réussi comme il le voulait, l'amour veut me critiquer ou s'asseoir paresseusement. Alors ma Volonté l'aiguillonne en lui disant: "Va de l'avant, les vrais amoureux ne sont pas paresseux, ils ne font pas du sur place." L'amour n'est en sécurité que lorsqu'il est vécu dans ma Volonté. L'amour est attiré à gauche et à droite et porté aux excès; ma Volonté le modère, le calme et le nourrit avec une nourriture solide et divine. Dans l'amour, il peut y avoir beaucoup d'imperfections, même face aux choses saintes; dans ma Volonté, cela n'arrive jamais, tout y est parfait.

«Ma fille, cela arrive surtout chez les âmes amoureuses qui ont eu la grâce de mes visites, de mes baisers et de mes caresses; ces âmes sont une proie de l'Amour quand je les prive de ma Présence. L'Amour s'empare d'elles et les rend haletantes, languissantes, délirantes, folles, inquiètes, impatientes. Si ce n'était de ma Volonté qui les nourrit, les calme et les fortifie, l'amour les tuerait. Bien que l'amour soit le premier-né de ma Volonté, il a toujours besoin d'être corrigé par ma Volonté et, moi, je l'aime autant que je m'aime moi-même.»

31.    16 mars 1910 — À propos de la porte étroite pour arriver au salut.

Pendant une discussion entre mon confesseur et moi, il m'avait dit qu'il est difficile d'être sauvé parce que Jésus-Christ a dit: «La porte est étroite et vous devez vous efforcer de la franchir.» Après la communion, Jésus me dit: «Pauvre de moi, comme on me considère mesquin. Dis à ton confesseur que c'est à partir de leurs propres mesquineries qu'ils me considèrent mesquin. Ils ne me voient pas comme l'Être grand, sans limites, puissant et infini en toutes ses perfections, qui peut faire passer de grandes multitudes par des portes étroites mieux que par de larges portes.»

Pendant qu'il parlait, il me sembla voir un sentier très étroit conduisant à une porte très étroite, mais bondé de gens en train de compétitionner pour voir qui pourrait avancer le plus et franchir la porte. Il ajouta: «Vois, ma fille, quelle grande foule se bouscule pour savoir qui arrivera le premier. Dans une compétition, il y a beaucoup d'activités. Si le sentier était large, les gens ne se presseraient pas, sachant qu'il y a beaucoup de place pour y cheminer quand ils le voudront. Cependant, pendant qu'ils prendront bien leur temps, la mort pourrait survenir et ils pourraient ne pas se trouver en route sur le sentier étroit; ils se retrouveraient alors sur le seuil de la large porte de l'enfer.

Oh! comme est utile cette étroitesse! Le phénomène se produit même parmi vous: s'il y a une fête ou un service offert et que l'on sait que l'endroit est petit, beaucoup se hâteront d'y arriver et il y aura plus de personnes pour profiter de la fête ou du service. Mais si on sait qu'il y a beaucoup de places, on ne se pressera pas et il y aura moins de spectateurs car, sachant qu'il y a de la place pour tout le monde, chacun prendra son temps; certains arriveront au milieu du spectacle, d'autres vers la fin, d'autres arriveront quand tout sera fini et ils ne profiteront de rien. Il en va ainsi concernant le salut: si son sentier était large, peu se hâteraient d'arriver, et la fête du Ciel serait pour peu de personnes.»

32.    23 mars 1910 — Vivre dans la Divine Volonté est plus grand que la communion elle-même.

Je me trouvais dans mon état habituel et me plaignais à mon Jésus d'être privée de lui. Il vint brièvement et me dit: « Ma fille, je te recommande de ne pas quitter ma Volonté parce que ma Volonté comporte tant de puissance qu'elle est comme un nouveau baptême pour l'âme, et même plus. Alors que dans les sacrements, on reçoit ma grâce partiellement, dans ma Volonté, on la reçoit en plénitude. Par le baptême, la tache du péché originel est enlevée, mais les passions et les faiblesses demeurent. Dans ma Volonté, en détruisant sa volonté personnelle, l'âme détruit ses passions, ses faiblesses et tout ce qui est humain en elle; elle vit des vertus, de la force et de toutes les qualités divines.»

En entendant cela, je me disais: «Il va finir par me dire que vivre dans sa Volonté est plus grand que la communion elle-même.» Il poursuivit: «Bien sûr, bien sûr, car la communion sacramentelle dure quelques minutes alors que la vie dans ma Volonté est une communion perpétuelle, plus encore, une communion éternelle: elle se prolonge éternellement dans le Ciel. La communion sacramentelle peut rencontrer des obstacles: par exemple, on peut ne pas pouvoir communier à cause de la maladie ou pour d'autres raisons, ou encore celui qui doit l'administrer peut être indisposé. La communion dans ma Divine Volonté n'est sujette à aucun empêchement, il suffit que l'âme la veuille et c'est fait. Personne ne peut empêcher l'âme d'obtenir ce si grand bien, lequel constitue le bonheur de la terre et du Ciel: ni les démons, ni les créatures, ni même mon omnipotence elle-même. L'âme est libre, personne n'a de droits sur elle et ne peut l'empêcher de vivre dans ma Volonté.

C'est pourquoi je fais la promotion de ma Volonté et veux tant que les créatures l'acceptent. C'est la chose qui m'importe le plus, que je chéris le plus. Toutes les autres choses ne m'intéressent pas autant, même les plus saintes. Et quand j'obtiens que l'âme vive dans ma Volonté, je triomphe parce que c'est ce qu'il y a de plus grand dans le Ciel et sur la terre.»

33.    10 avril 1910 — La préparation et l'action de grâce pour la communion.

J'écris par obéissance, mais je sens mon coeur se rompre à cause de l'effort que ça me demande. Quoi qu'il en soit, vive l'obéissance, vive la Volonté de Dieu! J'écris, mais je tremble et ne sais pas moi-même ce que je dis. L'obéissance veut que j'écrive quelque chose sur la manière dont je me prépare à la communion et comment je fais mon action de grâce.

Je ne peux rien dire sur ce sujet parce que, voyant que je ne suis bonne à rien, mon doux Jésus fait tout lui-même. Il prépare mon âme et m'indique les remerciements à faire, et moi je le suis. Les chemins de Jésus sont toujours immenses, et moi, avec lui, je me sens immense comme si je savais faire quelque chose. Après, quand Jésus se retire, je suis toujours la fille stupide, la petite ignorante, la petite cattiva [mauvaise], et c'est précisément pour cela que Jésus m'aime, parce que je suis ignorante, que je ne suis rien et que je ne peux rien.

Sachant que je veux le recevoir à tout prix, et afin de ne pas être déshonorée en venant en moi, mais plutôt d'y recevoir les plus grands honneurs, il prépare lui-même ma pauvre âme. Il me donne ses propres choses, ses mérites, ses vêtements, ses oeuvres, ses désirs, en somme tout lui-même; s'il le faut, il me donne aussi ce qu'ont fait les saints, car tout est à lui; s'il le faut, il me donne même ce qu'a fait sa Très Sainte Mère. Alors, moi aussi je dis à tous: 🙏 «Jésus, fais-toi honneur en venant en moi. Maman, ma Reine, tous les saints et tous les anges, je suis tellement pauvre que tout ce vous avez, mettez-le dans mon coeur, non pour moi, mais pour Jésus.» 🔥 Et je sens que tout le Ciel coopère à me préparer. 

Et après que Jésus est descendu en moi, j'ai le sentiment qu'il est tout à fait satisfait, se voyant honoré par ses propres choses. Parfois, il me dit: «Bravo, bravo, ma fille, comme je suis content, comme je me plais ici! Partout où je regarde, je trouve des choses dignes de moi. Tout ce qui est à moi est à toi; combien de belles choses tu m'as fait trouver en toi.»

Sachant que je suis très pauvre, que je n'ai rien fait et que rien n'est à moi, je me réjouis du contentement de Jésus et je dis: «Je suis heureuse que Jésus pense ainsi! Il me suffit qu'il soit venu; ça ne me fait rien de m'être servie de ses propres affaires: les pauvres doivent recevoir des riches.» Il est vrai qu'il se trouve ici et là en moi des lueurs de la manière de faire de Jésus à la communion, mais je ne sais comment réunir ces lueurs et en faire une préparation et des remerciements appropriés: il me manque la capacité. Il me semble que je me prépare en Jésus lui- même et que je le remercie à l'aide de lui-même.

34.    24 mai 1910 — Qui vit dans la Divine Volonté n'est pas sujet aux mutations.

Me trouvant dans mon état habituel, j'avais le sentiment d'être vraiment inutile. Je me sentais incapable de dire quoi que ce soit, ni sur le péché, ni sur la froideur, ni sur la ferveur, je voyais tout de la même manière. Je me sentais indifférente à tout, ne m'occupant de rien sauf de la Sainte Volonté de Dieu, et tout cela sans anxiété, dans le calme le plus parfait. Je me disais: «Dans quel piteux état je suis! Si au moins je pensais à mes péchés! On dirait même que j'en suis contente. Ô mon Dieu, dans quelle misère je suis plongée!»

Pendant que j'entretenais ces pensées, mon Jésus bien-aimé vint et me dit: «Ma fille, ceux qui vivent ici-bas et respirent l'air que tout le monde respire sont forcés de ressentir les diverses variations du climat: le froid, la chaleur, la pluie, la grêle, les vents, les nuits, les jours. Mais ceux qui vivent là-haut, où l'air n'existe plus, ne sont pas soumis aux variations du climat car, là, il n'y a que le jour parfait; ne ressentant pas ces mutations, ils ne s'inquiètent de rien du tout. Il en est ainsi pour celle qui ne vit que de l'air divin. Puisque mon Être n'est pas sujet aux changements mais est toujours le même, toujours en paix et en parfait contentement, qu'y a-t-il d'étonnant que celle qui vit en moi, de ma Volonté et de mon propre air, ne s'inquiète de rien du tout? Préférerais-tu vivre ici-bas comme le fait la majorité, c'est-à-dire hors de moi, avec de l'air humain, des passions, etc.?»

35.    2 juin 1910 — L'âme doit mourir à tout pour renaître plus belle.

Me sentant très mal comme si tout était fini pour moi, je me plaignais à Jésus au sujet du total délaissement qu'il me faisait vivre. Il me dit: «Ma fille, ce sont là les chemins de Dieu: mourir et ressusciter sans cesse. La nature elle-même est sujette à ces morts et ces résurrections; ainsi, la fleur naît puis meurt, mais pour ressusciter plus belle; si elle ne mourait jamais, elle vieillirait, perdrait la vivacité de ses couleurs, l'arôme de son parfum. On trouve là aussi une ressemblance avec mon Être: toujours vieux et toujours nouveau. On met le grain en terre comme pour le faire mourir et, en effet, il meurt, au point de devenir poussière; ensuite, il ressuscite encore plus beau, et même multiplié. Il en va ainsi pour tout le reste.

«Si cela se produit dans l'ordre naturel, cela se produit bien davantage dans l'ordre spirituel, où l'âme doit vivre ces morts et ces résurrections. Alors qu'elle semble avoir triomphé de tout et abonder en ferveur, en grâces, en union avec moi, en vertus, et qu'elle semble avoir acquis de nouvelles vies sur tous les points, je me cache et tout semble mourir pour elle. Je lui porte des coups en vrai maître afin que tout meure pour elle. Et quand je vois que tout est mort pour elle, comme le soleil, j'apparais et, avec moi, tout ressuscite et devient plus beau, plus vigoureux, plus fidèle, plus reconnaissant, plus humble, de sorte que s'il y avait quelque chose d'humain en elle, la mort l'a détruit, faisant tout ressusciter à une vie nouvelle.»

36.    4 juillet 1910 — L'agonie dans le Jardin visait spécialement à aider les agonisants et l'agonie sur la croix à les aider à leur tout dernier souffle.

J'étais dans mon état habituel, toute remplie de privations et d'amertume, et je méditais sur l'agonie de Notre-Seigneur. Il me dit: «Ma fille, j'ai voulu souffrir l'agonie au Jardin pour aider spécialement les mourants à bien mourir. Vois comment cette agonie correspond bien à l'agonie des chrétiens: lassitude, tristesse, angoisse et sueurs de sang. Je ressentais la mort de tous et de chacun comme si je mourais réellement pour chacun en particulier. Ainsi, j'ai ressenti les lassitudes, les tristesses et les angoisses de chacun et, par mes souffrances, je leur offrais de l'aide, du réconfort et de l'espoir. En ressentant la mort de chacun, je leur obtenais la grâce de mourir en moi, comme si leur souffle et le mien ne faisaient qu'un, et d'être immédiatement béatifiés par ma Divinité.

«Si j'ai subi mon agonie dans le Jardin plus particulièrement pour les mourants, mon agonie sur la croix fut pour aider ceux-ci à leur tout dernier moment, à leur dernier souffle. Ce furent deux agonies différentes: mon agonie dans le Jardin fut pleine de tristesse, de peur, d'anxiété et de frayeur, alors que mon agonie sur la croix fut remplie de paix et de calme imperturbable. Si j'ai alors crié sitio — j'ai soif —, il s'agissait de la soif extrême que je ressentais que tous exhalent leur dernier souffle dans le mien. En voyant que plusieurs allaient passer outre à ce désir, dans un profond chagrin, j'ai crié sitio, et ce sitio continue encore à se faire entendre à tous et à chacun comme une cloche à la porte de leur coeur: "J'ai soif de toi, ô âme; de grâce, ne sors jamais de moi, mais entre en moi et expire avec moi."

«Ainsi, j'ai dédié six heures de ma Passion pour aider les hommes à bien mourir: les trois dans le Jardin pour les aider pendant leur agonie et les trois sur la croix pour les aider à leur tout dernier soupir. En conséquence, tous ne devraient-ils pas regarder la mort avec le sourire, tout particulièrement ceux qui m'aiment et essaient de se sacrifier sur ma propre croix?

«Vois-tu combien la mort est belle et combien les choses ont changé? Pendant ma vie, je fus méprisé et mes miracles mêmes n'eurent pas les effets de ma mort. Jusque sur la croix j'ai subi des insultes mais, dès que j'expirai, ma mort eut la puissance de changer les choses: tous se frappèrent la poitrine en me reconnaissant comme le Fils de Dieu; mes disciples prirent courage; certains qui s'étaient tenus cachés s'enhardirent, réclamèrent mon corps et me donnèrent une sépulture honorable. À l'unisson, le Ciel et la terre confessèrent que j'étais le Fils de Dieu.

«La mort est quelque chose de grand, de sublime! Les choses se passent ainsi pour mes propres enfants: durant leur vie, ils sont méprisés, opprimés; leurs vertus qui, comme la lumière, devraient briller aux yeux de ceux qui les entourent, restent à demi-voilées; leur héroïsme dans la souffrance, leur abnégation et leur zèle pour les âmes projettent à la fois de la lumière et des doutes chez les personnes qui les entourent. Et c'est moi-même qui permets cela afin que soit préservée la vertu de mes chers enfants mais, dès qu'ils meurent, comme ces voiles ne sont plus nécessaires, je les retire et les doutes deviennent des certitudes, la lumière se fait pleine et fait apprécier leur héroïsme; on commence alors à tout estimer en eux, même les plus petites choses. Par conséquent, ce qui ne peut être fait durant la vie, la mort y supplée.

«C'est ainsi que les choses se passent ici-bas, mais ce qui arrive là-haut est vraiment surprenant et digne de l'envie de tous les mortels.»

37.    8 juillet 1910 — Notre corps est pour Jésus comme un tabernacle et notre âme comme un ciboire.

J'étais très affligée par la privation de mon Bien suprême. En recevant la communion, la sainte hostie s'est arrêtée dans ma gorge et, comme je tentais de l'avaler, j'ai eu dans ma gorge un goût doux et exquis. Après avoir continué un bon moment mes efforts pour avaler l'hostie, elle est descendue et j'ai pu la voir se changer en un bébé qui me dit:

«Ton corps est mon tabernacle, ton âme le ciboire qui me contient et tes battements de coeur l'hostie qui me permet de me transformer en toi, avec cette différence que, parce que l'hostie se consume, je suis sujet à de continuelles morts tandis que tes battements de coeur, qui symbolisent ton amour, ne sont pas sujets à cesser, ce qui permet à ma vie en toi d'être continuelle. Pourquoi donc tant t'affliger de tes privations? Si tu ne me vois pas, tu me sens; si tu ne me sens pas, tu me touches; tantôt, c'est la fragrance de mes parfums qui se répand autour de toi, tantôt la lumière dont tu te sens investie, tantôt une liqueur qui ne peut pas être trouvée sur la terre et qui descend en toi, tantôt il y a le simple fait que je te touche, et il y a beaucoup d'autres manières qui te sont invisibles

Maintenant, par obéissance, je vais parler de ces choses dont Jésus dit qu'elles m'arrivent souvent, et même quand je suis complètement éveillée. Ce parfum que je suis incapable de décrire, je l'appelle le parfum de l'amour et je le sens à la communion, quand je prie, quand je travaille, surtout quand je ne l'ai pas vu. Et je me dis: «Aujourd'hui tu n'es pas venu. Ne sais-tu pas, ô Jésus, que je ne peux pas et ne veux pas être sans toi?» Aussitôt, je me sens comme investie par ce parfum. D'autres fois, quand je bouge ou remue mes draps de lit, je sens ce parfum et de mon intérieur j'entends Jésus me dire: «Je suis ici.» D'autres fois, alors que je suis tout affligée et que je suis sur le point de lever les yeux, un rayon de lumière se présente à ma vue. Mais moi, ces choses-là, je n'en tiens pas vraiment compte, elles ne me satisfont pas. La seule chose qui me rend heureuse, c'est Jésus lui-même; tout le reste, je le reçois dans une certaine indifférence.

J'ai écrit cela par pure obéissance.

38.    29 juillet 1910 — Les deux colonnes sur lesquelles l'âme doit s'appuyer.

Je me trouvais dans mon état habituel et me sentais très méchante. De plus, j'étais troublée parce que mon confesseur m'avait dit que j'avais beaucoup dévié de mon état antérieur et que, s'il n'en était pas ainsi, Jésus viendrait. Ayant reçu la communion, je me plaignis à Jésus béni de mes privations en lui demandant d'avoir la bonté de me dire quel est le mal que je fais, car je donnerais volontiers ma vie pour ne pas lui déplaire: «Combien de fois ne t'ai-je pas dit que si tu me vois sur le point de t'offenser, même légèrement, fais-moi mourir.»

Jésus me dit: «Ma fille, ne te trouble pas. Ne t'ai-je pas dit, il y a plusieurs années, que pour pouvoir châtier le monde, je ne me déchargerais pas aussi souvent sur toi et que, par conséquent, je ne viendrais pas aussi souvent qu'auparavant, bien que jamais je ne t'abandonnerai. Je t'ai dit de plus que, pour suppléer à mes fréquents va-et-vient, je permettrais pour toi la messe et la communion à tous les jours afin que tu puisses y puiser la force que tu recevais auparavant par mes visites continuelles. J'en suis même venu à menacer ton confesseur s'il ne se prêtait pas à cela.

«Qui ne connaît pas les châtiments qui sont arrivés depuis? Des villes entières détruites, des révoltes, le retrait de ma grâce pour ceux qui font le mal et aussi pour les mauvais religieux, de sorte que ce poison, ces plaies qu'ils ont à l'intérieur, puisse sortir à l'extérieur. Ah! Je ne peux plus en prendre, les sacrilèges sont énormes. Pourtant, tout cela n'est rien comparé aux châtiments à venir.

«Si je ne t'avais pas déjà parlé ainsi, tu aurais un peu raison de t'alarmer. Afin de pouvoir vivre en toute confiance, tu dois t'appuyer sur deux colonnes. L'une d'elle est ma Volonté; en elle, il ne peut y avoir de péchés. Ma Volonté réduit en miettes toutes les passions et tous les péchés, que dis-je, elle les pulvérise au point de détruire leurs racines. Si tu t'appuies sur la colonne de ma Volonté, les ténèbres se transforment en lumière, les doutes en certitudes, les espoirs en réalités. La deuxième colonne sur laquelle t'appuyer est la ferme volonté et l'attention constante à ne pas m'offenser, même légèrement, en disposant ta volonté à tout souffrir, à tout affronter et à se soumettre à tout plutôt que de me déplaire. Quand l'âme est continuellement appuyée sur ces colonnes, que dis-je, quand ces colonnes sont pour elle plus que sa propre vie, elle peut vivre avec plus de confiance que si elle vivait avec mes faveurs continuelles, d'autant plus que je permets aussi cet état pour te préparer à quitter cette terre.»

39.    3 août 1910 — Le péché volontaire perturbe les humeurs de l'âme.

Étant dans mon état habituel, le bon Jésus vint brièvement et me dit: «Écoute, ma fille, les misères et les faiblesses sont des moyens pour arriver au port de la Divinité parce que, en ressentant le fardeau des misères humaines, l'âme s'ennuie, s'embête et cherche à se débarrasser d'elle-même et, qu'en ce faisant, elle se retrouve en Dieu.»

Ensuite, ayant placé mon bras autour de son cou, il se serra contre mon visage et disparut. Plus tard, il revint et je me suis plainte de ce qu'il s'est enfui comme un éclair, sans m'accorder de temps. Il me répondit: «Puisque cela te déplaît, prends-moi, attache-moi comme tu veux et ne me laisse pas m'enfuir.» Je lui dis: «Bravo, bravo, Jésus, quelle belle proposition tu me fais! Cependant, peut-on vraiment faire cela avec toi? Tu peux bien te laisser attacher et étreindre tant qu'on le veut mais, au beau milieu, tu disparais et ne te laisses plus trouver. Bravo, Jésus, tu veux blaguer avec moi! Mais, après tout, fais ce que tu veux; ce qui m'importe, c'est que tu me dises quand je t'offense et en quoi je te déplais pour que tu ne viennes plus comme avant.»

Jésus poursuivit: «Ma fille, ne t'inquiète pas. S'il y a une vraie faute, il n'est pas nécessaire que je le dise. L'âme la perçoit par elle-même parce que, quand un péché est volontaire, il dérange les humeurs naturelles; l'homme subit comme une transformation dans le mal et il se sent comme imprégné de la faute qu'il a volontairement commise. À l'inverse, la vraie vertu transforme l'âme dans le bien, ses humeurs restent en harmonie et sa nature se sent comme imprégnée de douceur, de charité et de paix; c'est le contraire de ce qui se produit avec le péché. As-tu ressenti en toi ce bouleversement? T'es-tu sentie comme imprégnée d'impatience, de colère, de trouble?» Et pendant qu'il disait cela, il sembla regarder profondément en moi pour voir si ces choses s'y trouvaient et il sembla qu'elles n'y étaient pas. Il continua: «Tu as vu de tes propres yeux!»

Je ne sais pas pourquoi mais, pendant qu'il disait cela, il me faisait voir plus de tremblements de terre avec des cités entièrement détruites, des révolutions et beaucoup d'autres malheurs. Ensuite, il disparut.

40.    12 août 1910 — L'origine de tout le mal chez certains prêtres est qu'ils dirigent les âmes sur les choses humaines.

Étant dans mon état habituel, je me suis trouvée hors de mon corps et je voyais certains prêtres, ainsi que Jésus tout disloqué, dont les membres étaient détachés. Jésus pointait ces prêtres du doigt en me faisant comprendre que même s'ils étaient des prêtres, ils étaient des membres détachés de son corps. Il se plaignait en disant: «Ma fille, comme je suis offensé par certains prêtres! Leurs supérieurs ne veillent pas sur leur manière d'administrer les sacrements et m'exposent à d'énormes sacrilèges. Ceux que tu vois sont des membres séparés et, malgré qu'ils m'offensent beaucoup, mon Corps n'a plus de contact avec leurs actions abominables; mais les autres, qui font mine de ne pas être séparés de moi et qui continuent à exercer leur ministère sacerdotal, oh! comme ils m'offensent davantage! À quel atroce massacre je suis exposé, combien de châtiments ils attirent! Je ne peux plus les supporter.»

Pendant qu'il disait cela, je voyais plusieurs prêtres s'enfuyant de l'Église et se tournant contre elle pour lui faire la guerre. Je regardais ces prêtres avec beaucoup de tristesse et je ressentis une lumière qui me faisait comprendre que l'origine du mal chez certains prêtres est qu'ils dirigent les âmes sur les choses humaines, toutes matérielles, sans une stricte nécessité. Ces choses humaines constituent pour le prêtre un filet qui obnubile son esprit, rend son coeur insensible aux choses divines et gêne ses pas sur le chemin qui devrait être le sien selon son ministère. C'est aussi là un filet pour les âmes car, parce que ces prêtres se préoccupent trop des choses humaines, les grâces demeurent comme absentes d'eux. Oh! combien de mal est commis par ces prêtres, combien de carnages d'âmes ils font.»

Que le Seigneur veuille éclairer tout le monde.