no 61 à 81

61.   9 novembre 1906 — L'âme est la nourriture de Jésus et Jésus celle de l'âme. Toujours méditer sur la Passion plaît à Jésus; c'est ce qu'il aime le plus.

Pendant que j'étais dans mon état habituel et que je méditais sur sa Passion, Notre-Seigneur vint et me dit: «Ma fille, celui qui médite toujours sur ma Passion la ressent en lui et est plein de compassion pour moi. Cela me plaît beaucoup puisque je suis ainsi récompensé pour tout ce que j'ai souffert. L'âme qui médite toujours sur ma Passion s'alimente continuellement d'une nourriture remplie de saveurs et d'assaisonnements variés.

«Alors que, durant ma Passion, on m'attacha avec des chaînes et des cordes, cette âme me détache et me redonne ma liberté. Compensant pour la haine, les crachats et le déshonneur dont on m'accabla, elle m'apprécie, me nettoie et m'honore. Compensant pour les affronts de ceux qui me déshabillèrent et me fouettèrent, elle me guérit et m'habille. Alors qu'on m'a couronné d'épines, qu'on m'a traité comme un roi ridicule, qu'on a rendu ma bouche amère avec du fiel et qu'on m'a crucifié, cette âme qui médite sur toutes mes peines me couronne de gloire et m'honore comme son roi; elle enlève les clous de la croix et me ressuscite dans son coeur.

«Chaque fois que l'âme fait ainsi, moi, comme récompense, je lui donne de nouvelles grâces. Ainsi, cette âme est ma nourriture et je suis la sienne. Ce que j'aime plus particulièrement, c'est que l'âme médite toujours sur ma Passion.»

61b. 12 novembre 1906 [Extrait manquant du tome7] — L'âme donne à Jésus l'habitation dans le temps, et Jésus la donne à l'âme dans l'éternité.  Audio

Continuant dans mon état habituel, je disais au bienheureux Jésus: «Oh, comme je voudrais t'aimer pour être [encore] plus aimé de toi! Et il m'a dit dans mon intérieur: "Je t'aime tellement que je ne te quitte jamais et que je demeure en toi, continuellement".

Et moi: «Merci pour ta bonté d'habiter en moi, mais je ne suis pas si heureuse. Je serais plus heureuse et je me sentirais plus en sécurité si je pouvais habiter en toi

Et lui: «Ah! Ma fille, tu me donnes une habitation dans le temps; moi, je te la donnerai dans l’Éternité.  (Traduction de la chaîne AmenFiat

Sois contente et sens-toi en sécurité car celui qui habite en toi a le pouvoir de garder sa demeure bien établie et libre de tout danger.»

62.   14 novembre 1906 — La croix repousse les limites du Royaume des Cieux.

Oh! combien j'ai souffert de la privation de Jésus! Après une longue attente, il se montra brièvement et me dit: «Ma fille, au même titre que la parfaite résignation est le signe certain de la prédestination pour le Ciel, la croix repousse les limites du Royaume des Cieux.»

63.   16 novembre 1906 — La différence entre les péchés commis par des âmes consacrées et ceux commis par des laïcs.

Me trouvant hors de mon corps, j'ai vu beaucoup d'offenses faites par des âmes consacrées et des laïcs et le grand déplaisir ressenti par Jésus. Je lui ai dit: «Ma douce Vie, c'est vrai que des âmes consacrées et des laïcs t'offensent; néanmoins, tu montres plus de douleur et de déplaisir quand ce sont des âmes consacrées qui t'offensent. Il semble que tu es tout yeux pour ce qu'elles font et que tu ne vois pas ce que font les autres.»

Jésus me répondit: «Oh! ma fille, tu ne peux comprendre la différence entre les offenses des âmes consacrées et celles des autres; voilà pourquoi tu es surprise! Les âmes consacrées ont déclaré m'appartenir, m'aimer et me servir. Et moi, à mon tour, je leur ai confié les trésors de ma grâce et, à quelques-unes, mes sacrements, comme c'est le cas pour mes prêtres.

«De plus, ces âmes affichent extérieurement m'appartenir, mais sont intérieurement éloignées de moi. Extérieurement, elles affichent qu'elles m'aiment mais, intérieurement, elles m'offensent et se servent de choses saintes pour nourrir leurs passions. Je garde mes yeux sur elles parce que je ne veux pas qu'elles gaspillent mes dons et mes grâces. Toutefois, en dépit de mes soins, elles réussissent à gaspiller mes dons, même dans les choses extérieures au moyen desquelles elles paraissent me glorifier. C'est une offense très grave; si tu pouvais le comprendre, tu mourrais de chagrin.

«Par contre, ces âmes profanes déclarent qu'elles ne m'appartiennent pas, qu'elles ne me connaissent pas et qu'elles ne veulent pas me servir. Ainsi, elles se trouvent libres d'hypocrisie, l'hypocrisie étant ce qui me déplaît le plus. Comme elles ont déclaré qu'elles ne m'appartiennent pas, je ne puis leur confier mes dons. Même si ma grâce voudrait les stimuler et lutter avec elles, cette grâce ne peut pas leur être donnée parce qu'elles n'en veulent pas.

«La situation peut se comparer à celle d'un roi qui a fait la guerre pour libérer de l'esclavage certains villages de son royaume. Par l'usage de la force et par beaucoup de sang versé, il a réussi à libérer plusieurs de ces villages qui, par la suite, sont gardés sous son gouvernement; il fournit tout à ces personnes et, si nécessaire, leur donne une place dans sa propre maison.

«Maintenant, dis-moi, lesquelles déplairaient le plus au roi si elles l'offensaient? Les personnes qui vivent avec lui, ou celles qu'il voulait libérer mais qui ne le furent pas?»

«Maintenant, dis-moi, lesquelles [quelles personnes] déplairaient le plus au roi si elles l'offensaient? Les personnes [qu'il a libérées] et qui vivent avec lui, ou celles qu'il voulait libérer mais qui ne le furent pas?»

64.   18 novembre 1906 — Les travaux faits sans esprit intérieur et sans intention droite manquent de substance divine; ils sont sans valeur et causent à la personne plus de mal que de bien.

Me trouvant dans mon état habituel, j'ai vu mon Jésus béni comme une ombre. Il m'a dit: «Ma fille, si on pouvait priver la nourriture de sa substance et qu'une personne en mangeait, elle n'en tirerait aucun profit. Cette nourriture ne servirait qu'à gonfler son estomac. Pareillement, les travaux faits sans esprit intérieur et sans droiture d'intention sont vides de la substance divine. Ils ne valent rien. Ils ne servent qu'à enfler la personne et lui causent plus de mal que de bien.»

65.   20 novembre 1906 — L'âme obéissante possède la force divine pour tout dominer; elle ne peut être dérangée.

Poursuivant dans mon pauvre état, remplie d'amertume à cause de la privation presque continuelle de mon aimable Jésus, je l'ai vu comme dans un éclair. Il m'a dit: «Ma fille, l'obéissance rend l'âme inébranlable, c'est-à-dire forte et robuste, de telle manière que toutes choses paraissent comme des vétilles devant la force divine qu'elle possède. L'âme obéissante peut tout dominer et rien ne peut la déranger.» Ayant dit cela, il disparut.

66.   28 novembre 1906 — Jésus veut que Luisa reste toujours près de lui. Étant Dieu, Jésus possédait tout dans son Humanité. Même si d'autres ne lui donnent rien, Jésus reçoit tout par les âmes qui vivent et agissent à travers son Humanité.

Toujours dans mon pauvre état, j'ai vu mon Jésus béni. Il semblait qu'il s'était métamorphosé en moi-même, de manière que s'il respirait, je sentais sa respiration dans la mienne; s'il bougeait un bras, je sentais son bras dans le mien; et ainsi de suite. Il me dit:

«Ma chère fille, vois-tu dans quelle union étroite je suis avec toi? C'est ainsi que je veux te voir unie à moi. Néanmoins, ne crois pas que tu peux faire cela seulement quand tu pries ou que tu souffres. Non, tu peux le faire toujours. Si tu te déplaces, si tu respires, si tu travailles, si tu manges, si tu dors, tout cela tu dois le faire comme si tu le faisais dans mon Humanité, comme si tout ton travail était mien.

«De cette manière, rien ne sera tien. Tout ce que tu fais doit être comme déposé à l'intérieur d'une coquille; en ouvrant cette coquille, on ne doit trouver que le fruit du travail divin. Tu dois tout faire ainsi et en faveur de toutes les créatures, comme si mon Humanité habitait toutes les créatures. Si tu fais tout à travers moi, alors, même les actions les plus indifférentes et les plus petites acquièrent les mérites de mon Humanité.

«Étant Dieu, je contenais tout en moi-même, c'est-à-dire que, dans ma respiration, je contenais les respirations de chacun; dans mes mouvements, les mouvements de chacun; dans mes pensées, les pensées de chacun. En conséquence, tout était restauré et sanctifié par moi.

«En travaillant entièrement avec l'intention de passer par moi, tu parviendras à contenir toutes les créatures en toi; ton travail sera diffusé pour le bien de tous. Par conséquent, même si les autres ne me donnent rien, je recevrai tout par toi.»

Ayant dit cela, il disparut. Je voulais éviter d'écrire ces choses vu qu'elles me paraissaient personnelles et que je ne savais pas comment les exprimer clairement. Que tout soit pour la gloire de Dieu!

67.   3 décembre 1906 — Douceur et paix sont les signes d'une âme bien ordonnée ruisselant le miel (la douceur) et le lait (la paix).

Ayant été privée de mon Jésus béni, j'étais anxieuse et je vivais une grande amertume. Ô Dieu, quelle douleur! Les autres douleurs comparées à celle-là ne sont que des ombres et même des soulagements. Seulement l'angoisse de ta privation peut porter le nom de douleur. Pendant que je me disais cela, Jésus me dit dans mon intérieur:

«Que veux-tu? Calme-toi! Calme-toi! Tu m'as ici-même! Non seulement suis-je avec toi, mais je suis en toi! En conséquence, je ne veux pas te voir anxieuse; tout doit être douceur et paix en toi. De cette manière, on pourra dire de toi ce qui est dit de moi: rien ne ruisselle de moi que le miel et le lait. Le miel symbolise la douceur et le lait, la paix. C'est ce qui ruisselle de mes yeux, de ma bouche et de tous mes travaux. Si tu montres la moindre ombre d'anxiété et d'esprit amer, tu déshonores celui qui vit en toi.

«J'aime tellement cette douceur et cette paix dans l'âme que je ne peux accepter ces manières sensibles, violentes et agitées. Je ne veux accepter que les manières douces et paisibles parce que la douceur et la paix est ce qui relie les coeurs. Alors, je peux dire: "Dans cette âme est le doigt de Dieu".

«De plus, si ces manières agitées et emportées me déplaisent, elles déplaisent aussi aux créatures. Quiconque parle et traite des choses de Dieu avec des manières ni douces ni paisibles montre que ses passions ne sont pas en ordre. Et si quelqu'un n'est pas ordonné, il ne peut inspirer l'ordre chez les autres. Conséquemment, si tu veux m'honorer, surveille tout ce qui n'est pas douceur et paix en toi.»

68.   6 décembre 1906 — Jésus explique à Luisa que même si elle se sent privée de lui, il est réellement en elle, se cachant en son intérieur pour voir ce qu'elle fait. Même si elle agit d'une manière imparfaite envers lui, il agit dans une totale perfection envers elle.

Poursuivant dans l'état de privation totale de mon Jésus, je lui disais en mon intérieur: «Vie de ma vie, pourquoi ne viens-tu pas? Comme tu as durci ton Coeur, puisque tu ne m'écoutes pas! Où sont tes promesses? Où est ton Amour, puisque tu me laisses ainsi abandonnée dans l'abîme de mes misères? Tu m'avais promis de ne jamais me laisser; tu disais que tu m'aimais tant. Qu'en est-il maintenant? Tu m'as dit toi-même que par la constance on peut savoir si quelqu'un aime vraiment et que s'il n'y a pas de constance, on ne peut rien conclure à propos de son amour. Si tu veux de moi la constance, pourquoi, toi qui formes ma vie, me la refuses-tu?»

Pendant que je disais cela ainsi que d'autres balivernes, Jésus vint en moi et, me soutenant de son bras, me dit: «Je suis en toi et je me cache pour voir ce que tu fais. Je ne t'ai manqué en rien, ni dans mes promesses, ni dans mon Amour, ni dans ma constance. De plus, si tu agis d'une manière imparfaite envers moi, je fais tout dans la totale perfection envers toi.» [si tu agis d'une manière imparfaite, je refais tout dans la totale perfection. Asa]

Ayant dit cela, il disparut.

69.   15 décembre 1906 — La Divine Volonté est la seule nourriture substantielle pour l'âme. Elle fait le bonheur de l'âme en lui donnant une richesse divine, non pas humaine.

Poursuivant dans mon état habituel, j'étais plus amère que jamais à cause de la privation de mon Jésus. Alors, en un instant, je me suis sentie tout absorbée dans la Divine Volonté. J'ai commencé à sentir mon intérieur se calmer de telle manière que je ne me sentais plus moi-même. J'étais tout absorbée par la Divine Volonté, même pendant que je vivais la privation de Jésus. Je me suis dis: «Quelle force, quel enchantement, quelle attirance cette Divine Volonté comporte, au point même de m'amener à m'oublier moi-même!»

Pendant que j'étais dans cet état, Jésus vint en moi et me dit: «Ma fille, oh! combien la Divine Volonté est la seule nourriture substantielle qui contienne toutes les saveurs appropriées à l'âme! Celle-ci y trouve une nourriture exquise et devient calme. Elle y trouve son fourrage et pense à paître lentement sans rien désirer de plus. Ses inclinations ne trouvent plus où se manifester parce qu'elles ont trouvé un moyen de se satisfaire. Sa volonté n'a plus rien à désirer, parce qu'elle l'a laissée derrière, elle qui l'avait précédemment tourmentée. Elle a trouvé la Divine Volonté qui forme son bonheur. Elle a laissé la pauvreté et trouvé la richesse, pas humaine, mais divine.

«En somme, l'âme trouve dans la Divine Volonté sa nourriture, c'est-à-dire l'activité en laquelle elle reste occupée et absorbée. Elle y trouve aussi son contentement ainsi que ce qu'elle doit faire. Elle y apprend comment apprendre continuellement et à toujours apprécier de nouvelles choses. À partir d'une moindre science, elle y apprend une science plus grande. De petites choses, elle passe à de plus grandes. D'une saveur, elle passe à des saveurs supérieures. Et il lui reste toujours plus à goûter dans cette ambiance de la Divine Volonté!»

70.   3 janvier 1907 — L'âme qui ne se fie qu'à elle-même est craintive. Celle qui met toute sa confiance en Dieu ne craint rien. La vraie confiance en Dieu reproduit la Vie divine dans l'âme.

Poursuivant dans mon état habituel, j'ai vu brièvement Jésus béni. Il me dit: «Ma fille, si l'âme est craintive, c'est un signe qu'elle se fie beaucoup à elle-même. Ne trouvant en elle que faiblesses et misères, alors, naturellement et justement, elle craint. Si, d'autre part, l'âme n'a peur de rien, c'est un signe qu'elle met toute sa confiance en Dieu. Ses misères et faiblesses se perdent en Dieu; elle se sent revêtue de l'Être divin. Ce n'est plus l'âme qui travaille, mais Dieu dans l'âme. Que peut-elle craindre? La vraie confiance en Dieu reproduit la Vie divine dans l'âme.»

71.   5 janvier 1907 — La vraie sainteté consiste à recevoir tout ce qui peut arriver et tout ce qu'on a à faire comme une manifestation de l'Amour divin. L'âme qui sait donner à Dieu un retour d'amour vit une vie plus céleste que terrestre.

Ayant lu qu'une âme se faisait des scrupules à propos de tout et était effrayée parce que, pour elle, tout était péché, je me disais: «Comme je suis superficielle. J'aimerais aussi penser que tout est péché pour être plus attentive à ne pas offenser le Seigneur

Jésus béni me dit: «Ma fille, cela n'est pas nécessaire. L'âme qui pense de cette manière est retardée sur le chemin de la sainteté. La seule vraie sainteté consiste à recevoir comme une manifestation de l'Amour divin tout ce qui arrive, même les choses les plus indifférentes comme, par exemple, recevoir une bonne nourriture ou une moins bonne. L'Amour divin se manifeste dans la saveur car c'est Dieu qui produit le bon goût; il aime assez la créature pour lui donner du plaisir dans les choses matérielles. L'Amour divin se manifeste également dans les déplaisirs; on doit aussi aimer Dieu dans ce cas. Je veux que l'âme me ressemble aussi dans la mortification.

«L'Amour divin se manifeste quand la personne est exaltée ou quand elle est humiliée, quand elle est en santé ou quand elle est malade, quand elle est riche ou quand elle est pauvre. Même chose concernant l'haleine, la vue, la langue, tout. L'âme doit recevoir chaque chose comme une manifestation de l'Amour divin et tout retourner à Dieu comme une expression de son amour. L'âme doit recevoir chaque chose comme une vague de l'Amour de Dieu et, à son tour, envoyer vers Dieu la vague de son propre amour.

«Oh! quels bains sanctifiants sont ces vagues d'amour réciproques! Elles purifient l'âme, la sanctifient et la font tant progresser qu'elle ne le remarque même pas. Ainsi, l'âme vit davantage la vie du Ciel que celle de la terre. C'est ce que je veux pour toi, et non pas la pensée du péché.»

72.   10 janvier 1907 — Les créatures ne doivent pas s'attacher aux cadeaux de Dieu mais s'en servir pour mieux l'aimer. Elles doivent être prêtes à les sacrifier par amour pour lui.

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, l'attachement des créatures à leur satisfaction personnelle est tel que je suis forcé de retenir mes dons. C'est que, plutôt que de s'attacher au donateur, elles s'attachent aux dons eux-mêmes, les adorant et offensant le donateur. Ainsi, si elles trouvent leur plaisir dans mes dons, elles s'en servent pour nourrir leurs passions. Si, d'autre part, elles n'y trouvent pas de joie, elles s'y désintéressent.

«Leur satisfaction personnelle forme une seconde nature chez elles. Elles ne savent pas où trouver leur vrai plaisir, et c'est avec difficulté qu'elles perçoivent les plaisirs ajustés à l'Amour de Dieu, même dans les choses saintes. En recevant mes dons, mes grâces et mes faveurs, elles ne doivent pas se les approprier en ne recherchant que leur propre plaisir. Elles doivent les considérer comme des dons divins, s'en servant pour aimer beaucoup le Seigneur, prêtes à les sacrifier pour ce même Amour.»

73.   13 janvier 1907 — Dans son Humanité, Jésus a voulu souffrir toutes les humiliations afin de renouveler la nature humaine.

Étant dans mon état habituel, j'ai vu mon Jésus béni et il m'a dit: «Ma fille, combien profondément j'ai aimé les hommes! Vois, la nature humaine était corrompue, humiliée et sans espérance de gloire et de résurrection. Pour les sauver, j'ai voulu souffrir toutes les humiliations dans mon Humanité, spécialement être dévêtu, flagellé et châtié. J'ai aussi souffert la flagellation, au point que mon Humanité en fut presque détruite. Tout cela, afin de renouveler leur humanité, de les remplir de vie, d'honneur et de gloire pour la vie éternelle. Qu'aurais-je pu faire pour eux que je n'ai pas fait?»

74.   20 janvier 1907 — Vivre dans la Divine Volonté conduit à la plus grande sainteté à laquelle une créature puisse aspirer.

Après avoir lu plusieurs vies de saints dont l'un désirait la souffrance et un autre la petitesse, je me posais intérieurement la question: «Quelle est la meilleure voie de sainteté qui me soit accessible?» Incapable de répondre à cette question, je me sentais oppressée. Pour me libérer de cette pensée et pour ne penser qu'à aimer Jésus, je me suis dit: «Je ne veux aspirer à rien d'autre que d'aimer Jésus et d'accomplir parfaitement sa Volonté.»

Pendant que j'étais plongée dans cette réflexion, mon Jésus béni vint et me dit: «Moi, je t'aime dans ma Volonté. Ne sais-tu pas que si le grain de blé n'est pas enterré et ne meurt pas complètement, il ne peut produire une nouvelle vie et se multiplier? Pareillement, si l'âme n'est pas ensevelie dans ma Volonté, c'est-à-dire si elle ne meurt pas complètement à elle-même en insérant sa volonté dans la mienne, elle ne peut produire une nouvelle vie toute divine avec la reproduction de toutes les vertus du Christ, lesquelles constituent la vraie sainteté.

«Ma Volonté devrait être le sceau marquant tout ton extérieur et tout ton intérieur. Et quand tout en toi aura été renouvelé, alors tu trouveras le vrai Amour. C'est là que se trouve la meilleure de toutes les saintetés à laquelle une créature puisse aspirer.»

75.   21 janvier 1907 — Quiconque a le désir continuel d'aimer Jésus ne peut jamais être une épine qui le blesse. Plutôt, Jésus est toujours pour cette personne un soutien, la consolant, la caressant et la stimulant paisiblement.

Me trouvant dans mon état habituel, je disais à Jésus: «Seigneur, laisse-moi être tout à toi et que je ne sois jamais séparée de toi. Ne permets pas que je sois une épine qui te rende amer, t'ennuie ou te dérange. Cependant, fais que je sois pour toi un stimulant pour te soutenir quand tu es las et oppressé, pour te consoler quand tu es affligé, et pour te réjouir quand tu es dégoûté par des créatures.»

Pendant que je disais cela, mon Jésus béni vint et me dit: «Ma fille, celui qui a le désir continuel de m'aimer est toujours avec moi et ne peut jamais être une épine qui me blesse. Plutôt, il est un stimulant qui me soutient, me console, me caresse et m'apaise, car l'Amour vrai a le pouvoir de rendre heureuse la personne aimée. Celui qui m'aime toujours ne peut me déplaire ou me dégoûter parce que l'Amour absorbe toute sa personne. Il pourrait faire des petites choses qui me déplairaient et qu'il ne remarquerait pas, mais l'Amour a la vertu de purifier cela, de telle manière que je puisse toujours trouver mes délices en cette personne.»

76.   25 janvier 1907 — Jésus se cache de Luisa et lui cache ses plans parce que, en calmant son indignation, elle l'empêcherait de faire ce qu'il veut.

Je vivais des jours amers à cause de la privation presque continuelle de Jésus béni. De temps en temps, comme l'éclair, il se laissait voir brièvement puis, immédiatement, il se cachait en moi dans un profond silence, si bien que je ne pouvais le voir. Après l'avoir longtemps attendu, je l'ai vu, mais il était très amer et silencieux. Je lui ai dit: «Dis-moi au moins ce qui te fait tant souffrir?»

Alors, à contrecoeur et seulement pour me plaire, il me dit: «Oh! ma fille, tu n'es pas consciente de ce qui doit arriver. De plus, si je te rendais consciente de cela, tu calmerais mon indignation et je ne pourrais pas faire ce que je veux. C'est pour cela que je garde silence. Sois calme concernant ma manière d'être avec toi dans cette brève période de temps. Prends courage, car ce sera très amer pour toi. Agis comme une grande athlète, vivant toujours généreusement et mourant dans ma Volonté sans même pleurer.»

Ayant dit cela, Jésus se cacha encore plus profondément à l'intérieur de moi, me laissant pétrifiée et incapable de pleurer sa privation. C'est seulement par obéissance que j'écris cela puisque, pendant une bonne période de temps, je fus presque continuellement hors de mon corps. Peut-être que ce n'était qu'un rêve, mais il me semble que j'ai vu des endroits désolés, des villes désertées, des rues entières vides de piétons et beaucoup de morts. Mon étonnement était tel que j'en suis encore stupéfiée. Aussi, je désire imiter mon bon Jésus et rester taciturne et silencieuse.

La raison de tout cela, je ne la connais pas. Jésus, ma Lumière, ne m'a rien dit. J'écris ces choses seulement par obéissance. Deo gratias! (Grâce soit rendue à Dieu!).

77.   20 février 1907 — Celui qui ne correspond pas à la grâce vit comme un oiseau de proie: il vole la grâce de Dieu, ne le reconnaît pas, et finit par l'offenser.

Poursuivant dans mon silence, j'ai passé plusieurs jours dans une grande amertume. C'était comme si mon intérieur avait été frappé par un éclair. Je ne pouvais ni avancer ni reculer. Je ne sais pas comment expliquer ce qui m'est arrivé intérieurement. Et je crois qu'il est préférable que je garde le silence sur cela.

Quand mon Jésus béni se présenta ce matin, il me dit: «Ma fille, quiconque ne correspond pas à ma grâce vit comme les oiseaux de proie: il vit de pillage, vole ma grâce, ne me reconnaît pas et, à la fin, m'offense.»

78.   2 mars 1907 — La souffrance de celui qui souffre volontairement par amour pour Dieu et pour ses frères a une valeur sans égale.

Poursuivant dans mon état habituel et ayant appris que ma ville vivait une épidémie qui, à d'autres endroits, faisait mourir beaucoup de gens, je demandais à Notre-Seigneur de me faire plaisir en épargnant les victimes et en me faisant souffrir à leur place. Pendant que je lui disais cela, Jésus me donna des souffrances, puis il me dit: «Ma fille, il y a longtemps, j'ai dit que la mort d'une personne était nécessaire pour sauver les villes. Cela était la vérité, mais ce ne fut pas compris à ce moment. En tout temps, il a été nécessaire qu'une personne souffre pour le bien des autres.

«Pour être acceptée, cette personne doit s'offrir volontairement, seule, et par amour pour Dieu et ses frères. Ses souffrances n'égalent pas les souffrances des autres; plutôt, elles les surpassent et il n'y a pas de valeur qui les égale. Crois-tu que tes souffrances sont suffisantes? Non, et si je suspendais l'épidémie complètement, comment finiraient ces villes? Oh! malheur à elles, les choses empireraient!»

79.   13 mars 1907 — Luisa demande à Jésus que sa mère aille directement au Paradis après sa mort, sans passer par le purgatoire. Elle s'offre à souffrir à sa place toutes les souffrances ou pénitences qui lui sont dues.

Un jour, alors que j'étais dans mon état habituel, mon aimable Jésus se montra à moi, me caressa et m'embrassa. Il me fit comprendre que, comme maman était très malade, il viendrait la prendre. Alors, je lui ai dit: «Mon Seigneur, tu la veux et je te la donne. Cependant, je ne veux pas que tu l'amènes tout de suite. Je veux, avant tout, être récompensée pour ce cadeau que je te fais; je veux que tu la reçoives directement au Paradis, sans la faire passer par le purgatoire. Et cela, au prix de mes propres souffrances, c'est-à-dire que je veux faire pénitence à sa place

Jésus béni me dit: «Ma fille, je veux faire ainsi.» Puis, j'ai continué ma prière en lui disant: «Mon doux Amour, comment mon coeur pourrait-il voir souffrir ma maman dans le purgatoire, elle qui a tant souffert et tant versé de larmes à cause de moi? C'est le poids de la gratitude qui me pousse et qui me force. Dans toutes les autres choses, fais ce que tu désires, mais dans celle-ci, je ne cède pas. Tu me rendras heureuse si tu fais ce que je veux.»

Jésus reprit: «Ma bien-aimée, ne sois pas si importune: tu es infatigable, tu me demandes beaucoup et tu me forces à te plaire!» Sur tout ce que je lui ai dit, Jésus ne me donna pas une réponse précise et j'ai pleuré comme un enfant. Je demandais et demandais, lui offrant minute après minute, heure après heure, tout ce qu'il a souffert dans sa Passion. J'appliquais ses souffrances à l'âme de ma maman pour qu'elle soit purifiée et embellie. De cette manière, j'espérais qu'elle obtienne ce que j'avais demandé.

Séchant mes larmes, Jésus ajouta: «Ma bien-aimée, ne pleure pas; je t'aime tant! Pourrais-je ne pas te plaire? Avec cette offrande continuelle de ma Passion, je n'ai rien laissé échapper de tout ce que j'ai souffert au [qui ne soit pour le] bénéfice de ta maman. Son âme est restée immergée dans une immense mer et cette mer la lave, l'embellit, l'enrichit et l'inonde de lumière. Pour t'assurer que je te plairai, quand elle mourra, tu seras surprise par un feu par lequel tu te sentiras brûler.» 

Je restai contente, mais pas certaine, parce Jésus ne m'a pas réellement assurée qu'il la prendrait directement au Paradis.

80.   9 mai 1907 — Mort et purgatoire des parents de Luisa.

Deux mois ont passé depuis mon dernier écrit. C'est avec une grande répugnance et seulement par obéissance que je me remets à la tâche. Quelle pesanteur je ressens! En pensée, j'ai dit à mon Jésus: «Vois comme je t'aime et comme mon amour grandit puisque, par amour pour toi uniquement, je me soumets à ce dur sacrifice. Autant il m'est difficile de me remettre à écrire, autant je veux te dire que je t'aime.»

Je ne me souviens pas parfaitement de tout ce qui est arrivé. Je vais raconter ce qui s'est passé à partir du moment où je demandais à mon Jésus de prendre ma maman directement au Paradis, sans qu'elle ait à passer par le purgatoire. Cependant, les choses sont un peu confuses dans ma mémoire.

C'était le 19 mars, une journée consacrée à saint Joseph. Au matin, alors que je me trouvais dans mon état habituel, maman passa de cette vie à la suivante. Me faisant voir qu'il la prenait pour l'amener, Jésus béni me dit: «Ma fille, le Créateur reprend sa créature.»

À ce moment, je me suis sentie consumée intérieurement et extérieurement par un feu si intense que j'ai senti mes viscères et tout mon corps brûler. Si j'ai mangé quelque chose, il s'est converti en feu intérieur et j'ai été forcée de le vomir aussitôt. Ce feu me consumait, mais il me laissait en vie. Oh! comme j'ai compris ce qu'est le feu du purgatoire: pendant qu'il consume, il donne vie; il fait le travail de la nourriture, de l'eau, de la mort et de la vie!

En dépit de tout, j'étais heureuse dans cet état. Mais comme je n'avais pas vu où Jésus amena maman, ma joie n'était pas complète. J'ai pensé que mes souffrances étaient celles de maman, à supposer qu'elle était au purgatoire. Voyant Jésus béni — en ces jours, il ne m'a pas laissée seule —, j'ai pleuré et je lui ai dit: «Mon doux Amour, où l'as-tu amenée? Je suis contente que tu l'aies amenée mais, si tu ne l'as pas avec toi, je ne peux le tolérer. Je continuerai de pleurer jusqu'à ce que tu me répondes sur ce point.»

Il me sembla que Jésus était content de mes pleurs. Il sécha mes larmes et me dit: «Ma fille, n'aie pas peur. Sois calme et quand tu te seras calmée, je te la laisserai voir. Tu seras très contente. De plus, le feu que tu ressens te servira de preuve que je t'ai contentée.»

Pourtant, j'ai continué à pleurer, spécialement quand je l'ai vue, car je ressentais que quelque chose manquait à sa béatitude. Je pleurais tant que les personnes venues pour me visiter pensaient que je pleurais à cause de ma tendresse pour elle et par regret de l'avoir perdue. Elles étaient un peu scandalisées, pensant que je ne me conformais pas à la Volonté de Dieu. Mais, en vérité, je nageais en elle plus que jamais.

Cependant, je n'ai cherché refuge dans aucun tribunal humain, parce qu'ils sont tous faux, mais seulement au Tribunal divin, parce que celui-là est vrai. Mon bon Jésus ne me condamna pas; il eut plutôt pitié et, pour me soutenir, il vint plus souvent, me donnant ainsi plus d'occasions de pleurer. S'il n'était pas venu, je n'aurais eu personne avec qui pleurer pour arriver à ce que je voulais.

Après plusieurs jours, mon bon Jésus vint et me dit: «Ma fille, s'il te plaît, sois consolée. Je veux te dire et te faire voir où est ta mère. Avant et après que je l'aie prise avec moi, tu m'as offert en sa faveur tout ce que j'ai mérité et souffert au cours de ma vie. En conséquence, dans l'étape où elle se trouve actuellement, elle prend part à tout ce que mon Humanité fit et savoura. Néanmoins, ma Divinité lui est encore cachée mais elle lui sera bientôt révélée. Le feu que tu as souffert et tes prières ont servi à libérer ta mère de maintes douleurs des sens qui sont le lot de chacun.»

À ce moment, il me sembla que je voyais maman à l'intérieur d'un immense espace. Dans cet espace, il y avait des joies et des délices correspondant à tous les mots, les pensées, les regards, les travaux, les souffrances, les battements de coeur, etc. de la très sainte Humanité de Jésus. J'ai aussi compris que cette sainte Humanité est un paradis intermédiaire pour les bienheureux et que chacun, pour entrer dans le paradis de sa Divinité, doit en premier passer par le paradis de son Humanité.

D'autre part, cela a été pour ma mère un privilège très singulier, réservé seulement à quelques-uns qui n'ont pas à expérimenter le purgatoire. J'ai aussi très bien compris qu'elle n'était pas dans les tourments mais dans les délices. Cependant, sa joie n'était pas parfaite, mais partielle. J'ai continué à souffrir pendant douze jours, si vivement que je me suis sentie sur le point de mourir. Ce fut d'ailleurs l'obéissance qui intervint pour que le petit fil de vie qui me retenait encore ne soit pas cassé. Puis je revins à mon état naturel. Je ne sais pas pourquoi l'obéissance interfère toujours pour ne pas me laisser passer au Ciel.

Mon bon Jésus me dit: «Ma fille, les bienheureux du Ciel me donnent une grande gloire par l'union parfaite de leur volonté avec la mienne, parce que leur vie est une reproduction de ma Volonté. Il y a tant d'harmonie entre eux et moi que leur souffle, leurs mouvements, leurs joies et tout ce qui constitue leur béatitude sont un effet de ma Volonté.

«Quant aux âmes qui sont encore des voyageuses, elles s'unissent à ma Volonté de façon à ne jamais s'en séparer. Leur vie est du Ciel et je reçois d'elles la même gloire que je reçois des bienheureux. Cependant, je prends plus de plaisir et de satisfaction en elles, parce que, ce que les bienheureux font au Ciel, ils le font sans sacrifice et avec délices. Par contre, ce que les âmes pèlerines font, elles le font avec sacrifice et avec des souffrances. Et où il y a sacrifice, je suis très content et je prends plus de joie. Les bienheureux eux-mêmes, vu qu'ils vivent dans ma Volonté, forment une même vie avec moi et, ainsi, ils partagent eux aussi les délices qui me proviennent des âmes pèlerines.»

Je me souviens qu'en une autre occasion, ayant craint que ce que je vivais fut l'oeuvre du démon, le bon Jésus m'avait dit: «Ma fille, le démon aussi sait comment parler des vertus. Néanmoins, pendant qu'il en parle, il laisse dans l'âme de la répugnance et de la haine pour ces mêmes vertus. Ainsi, la pauvre âme se trouve en état de contradiction et sans force pour pratiquer ce qui est bien. À l'opposé, quand c'est moi qui parle, ma Parole est Vérité, elle est pleine de Vie, elle n'est pas stérile mais féconde. Quand je parle, j'infuse l'amour et la vertu dans l'âme. La Vérité est force, lumière, soutien et une deuxième nature pour l'âme qui se laisse guider par elle.»

Pour continuer mon récit, je dirai que seulement dix jours s'étaient écoulés depuis la mort de ma mère quand mon père tomba gravement malade à son tour. Le Seigneur me fit comprendre que lui aussi allait mourir. J'en ai fait le don au Seigneur par avance et j'ai répété tout ce que j'avais fait pour ma mère, afin qu'il n'aille pas non plus au purgatoire.

Cependant, le Seigneur se montra très peu disposé et ne m'écouta pas. Je craignais beaucoup, quoique pas pour son salut, parce que, environ quinze ans auparavant, le bon Jésus m'avait fait la promesse solennelle que de tous ceux qui m'appartenaient, pas un ne serait perdu. Conséquemment, je ne craignais pas pour son salut. Néanmoins, j'étais grandement effrayée à propos du purgatoire. Je priais continuellement mais le bon Jésus vint rarement. Ce fut seulement au seizième jour de maladie de papa, alors qu'il se mourait, que Jésus béni se montra, tout bienveillant et vêtu de blanc comme prêt pour une célébration.

Il me dit: «Aujourd'hui, j'attends ton père. Cependant, par amour pour toi, je le rencontrerai non pas comme un juge, mais comme un père bienveillant; ainsi, je l'accueillerai dans mes bras.» J'insistai sur la question du purgatoire, mais, ne faisant pas attention à moi, il disparut.

Mon père étant mort, je n'ai ressenti aucune souffrance particulière comme ce fut le cas à la mort de ma mère. Pour cette raison, j'ai compris que mon père était allé au purgatoire. J'ai prié et prié, mais Jésus ne se laissait voir que très brièvement, sans me laisser le temps de quoique ce soit. À cause de cela, je ne pouvais même pas pleurer, puisque je n'avais personne avec qui pleurer: le seul qui aurait pu entendre mes pleurs me fuyant. Adorable Justice de Dieu dans ses voies!

Après deux jours de douleurs internes, j'ai vu Jésus béni. En le questionnant à propos de mon père, j'ai entendu sa voix, comme s'il avait été derrière Jésus, tout en larmes, et demandant de l'aide. À ce moment ils disparurent tous les deux. Je restai avec une grande douleur dans mon âme et je priai beaucoup.

Sept jours plus tard, me trouvant hors de mon corps, je me suis vue à l'intérieur d'une église dans laquelle il y avait plusieurs âmes du purgatoire. Je demandai à Notre-Seigneur qu'il permette au moins à mon père de faire son purgatoire à l'intérieur de cette église, car je pouvais voir que les âmes du purgatoire qui se trouvent dans une église sont constamment consolées par les prières et les messes qui y sont célébrées; elles sont même encore plus consolées par la Présence sacramentelle de Jésus qui, pour elles, est un réconfort continuel. À ce moment, j'ai vu mon père avec un aspect révérenciel et Notre-Seigneur qui le plaçait près du tabernacle. À cette vue, je restai avec moins de chagrin dans mon coeur.

Je me souviens confusément que Jésus m'avait précédemment fait comprendre la valeur précieuse de la souffrance et que je lui avais demandé de faire comprendre à chacun le grand bien qui s'y trouve. Il m'avait dit: «Ma fille, la croix est un fruit extérieurement rempli d'épines et d'aspérités. Cependant, abstraction faite de ses épines et de son revêtement, on trouve en elle un fruit précieux et exquis que seulement ceux qui ont la patience de dépasser l'inconfort de ses épines peuvent goûter. Seulement eux peuvent découvrir le secret de cette merveille et le goût de ce fruit. Quiconque a découvert ce secret le garde avec amour et convoitise, recherchant ce fruit sans remarquer les épines. Tous les autres regardent ce fruit avec dédain et dépit.»

J'ai dit à Jésus: «Mon doux Seigneur, quel est le secret qui se trouve dans le fruit de la Croix?» Il me dit: «Son secret réside dans les nombreuses pièces de monnaie que l'âme y trouve en vue de son entrée au Ciel et de sa béatitude éternelle. Avec ces pièces, l'âme devient riche et éternellement bénie.»

Tout ce dont je me souviens, je m'en souviens confusément et ce n'est pas très bien ordonné dans mon esprit. Pour cette raison, je m'arrête ici.

81.   30 mai 1907 — La prière se concentre en un point, de sorte qu'en priant pour soi-même, on prie pour tous.

Me trouvant dans mon état habituel, j'ai vu mon Jésus béni pendant un bref moment. Je l'ai prié pour moi-même et pour les autres. Cependant, je l'ai fait avec des difficultés inhabituelles, parce que je pensais ne pas pouvoir obtenir beaucoup si je priais seulement pour moi-même. Sur ce, le bon Jésus me dit: «Ma fille, la prière se concentre en un seul point et ce point est apte à rassembler tous les autres points. Ainsi, on peut obtenir beaucoup si on prie seulement pour soi-même et autant si on prie pour les autres. Son efficacité est unique