no 41 à 60

41.   14 septembre 1906 — Luisa voit Jésus bébé comme dans un miroir à multiples facettes. Jésus défend Luisa de ses détracteurs et lui révèle que, pendant sa crucifixion, elle était dans son Coeur et dans chacun de ses membres.

Ce matin, je me suis retrouvée hors de mon corps. J'ai pu voir Jésus bébé comme dans un miroir à multiples facettes où, dans chaque facette, je pouvais très bien l'observer. Je pouvais de ma main l'inviter vers moi et il pouvait lui aussi m'appeler pour que j'aille à lui.

Pendant que nous faisions ainsi, j'ai vu plusieurs personnes dévotes ainsi que des prêtres se placer entre Jésus et moi. Tous parlaient en mal de moi, mais je ne faisais pas attention à eux; mes yeux demeuraient tournés vers mon doux Jésus. Jésus sortit rapidement du jeu de miroirs dans le but de punir les personnes qui parlaient en mal de moi. Il leur dit: «Que personne ne la touche car, quand on touche à quelqu'un que j'aime, je me sens plus insulté que si c'était moi qu'on touchait directement. Je vais tous vous faire voir que je sais défendre l'innocence de quiconque s'est donné totalement à moi.»

Pendant que d'un bras il m'embrassait, de l'autre il les menaçait. Mais moi, n'attachant aucune importance à ce que ces gens disaient, je me sentais ennuyée que Jésus veuille les punir à cause de moi. Je lui ai dit: «Ma douce Vie, je ne veux pas que quelqu'un souffre à cause de moi. Je saurai que tu m'aimes si tu te calmes et ne les punis pas. Cela me plairait, mais non pas l'autre manière.»

Par la suite, il me sembla que Jésus s'était calmé. Il m'éloigna de ces personnes et me fit revenir à mon corps. Puis, je l'ai revu, non plus comme un bébé, mais comme le crucifié. Je lui ai dit: «Mon adorable Jésus, je sais que, pendant ta crucifixion, toutes les âmes avaient une place dans ton Humanité. S'il te plaît, dis-moi quelle était ma place? Où étais-je?»

Jésus répondit: «Ma fille, les âmes aimantes étaient dans mon Coeur. Mais toi, qui aidais à la Rédemption par ton état de victime, je t'avais aussi dans tous mes membres comme ma consolation.»

42.   16 septembre 1906 — Les distractions provoquées par les visiteurs. Comment la vérité est un puissant aimant pour attirer les âmes. Luisa doit toujours dire la vérité pure et simple en esprit d'obéissance à son confesseur.

Le confesseur m'avait dit que le supérieur voulait que personne ne vienne me visiter afin que je ne sois pas distraite. Je lui ai dit que cette consigne m'avait été donnée plusieurs fois auparavant. Elle était respectée pour un temps mais rapidement oubliée. Si on veut me donner la consigne de ne pas parler, chacun devra être forcé de rester éloigné de moi. Ayant reçu la sainte communion, j'ai dit au Seigneur:

«S'il te plaît, j'aimerais savoir comment ces choses doivent fonctionner. Tu connais l'état de violence dans lequel je me trouve quand je suis avec les gens: je ne suis en paix qu'avec toi seul. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les gens veulent être avec moi, vu que je ne suis qu'une simple paysanne et que je ne fais rien pour les attirer. Plutôt, je désire ardemment être laissée toujours seule!»

Jésus me répondit: «Ma fille, la vérité claire, simple et pure est un grand aimant pour attirer les coeurs, les disposant à affronter tous les sacrifices par égard pour la vérité et pour les personnes qui la disent. La vérité rendit tous les martyrs capables de verser leur sang. La vérité a donné aux saints la force de maintenir une vie pure et chaste au milieu de tant de batailles.

«C'est la vérité pure, simple et désintéressée qui fait que les gens veulent venir à moi. Ah! ma fille, comme il est difficile de trouver quelqu'un qui sait manifester la vérité toute nue, même parmi le clergé, les religieux et les âmes dévotes! Dans leurs discours et leurs travaux, il y a toujours quelque chose d'humain et d'intéressé voilant la vérité. Ainsi, la personne qui écoute n'est pas atteinte par la vérité elle-même mais par quelqu'autre intérêt humain qui la falsifie. En conséquence, l'auditeur ne reçoit pas les grâces attachées à la vérité.

«C'est la raison pour laquelle tant de confessions sont gaspillées, profanées et sans fruit. Je ne refuse pas de donner la lumière de la vérité aux gens, mais ils ne la reçoivent pas. On croit que si on dit la vérité nue, on perdra son prestige, on ne sera plus aimé, on n'aura plus les satisfactions humaines qu'on recherche et que ses intérêts seront compromis. Oh! comme on est dans l'erreur!

«Quiconque laisse tout par amour pour la vérité aura une surabondance de tout et recevra plus que les autres. En conséquence, chaque fois que tu le peux, ne manque pas de dire la vérité pure et simple. Cependant, tu dois toujours être obéissante à celui qui te dirige quand se présente pour toi l'occasion de manifester la vérité.»

Pour ma part, en ce qui concerne la charité, je constate que j'en ai souvent parlé d'une manière voilée. Et, en ce qui concerne l'ordre qu'on m'a donné d'écrire tout dans les menus détails, j'ai l'impression que je n'ai pas toujours obéi. Ayant interrogé Notre-Seigneur à ce propos, il m'a dit que j'avais bien parlé, parce que quiconque voit ses défauts est sur la bonne voie.

43.   18 septembre 1906 — La paix est lumière pour l'âme, pour les autres et pour Dieu, lui qui est la Lumière éternelle.

Après avoir attendu longtemps mon adorable Jésus, je me sentais oppressée et troublée, essayant de savoir les raisons pour lesquelles il ne venait pas. Enfin, il vint et me dit: «Ma fille, la paix est lumière pour l'âme, pour les autres et pour Dieu. Si l'âme est en paix, elle est lumière. Étant lumière, elle est unie à la Lumière éternelle, de laquelle elle reçoit constamment une lumière nouvelle, non seulement pour elle-même, mais aussi pour les autres. Si tu veux toujours être lumière, demeure dans la paix.»

44.   23 septembre 1906 — Agir avec le Christ fait s'estomper l'agir humain et apparaître l'agir divin. Voyant la couronne d'épines de Jésus et ses plaies, Luisa réalise que son amour n'est qu'une ombre à côté du sien.

Étant dans mon état habituel, mon Jésus béni vint, m'embrassa et me dit: «Ma très chère fille, agir avec le Christ fait s'estomper l'agir humain et apparaître l'agir divin. Pour cette raison, agis toujours avec moi comme si, tous deux, nous faisions la même chose. Si tu souffres, fais-le comme si tu souffrais avec moi; si tu pries, si tu travailles, fais-le en moi et avec moi. Ainsi, en toi, l'agir humain s'estompera pour se retrouver divinisé. Oh! comme elle est immense la richesse que les créatures peuvent acquérir en agissant de cette manière, mais ça ne les intéresse pas!»

Après avoir dit cela, il disparut et j'ai ressenti un grand désir de le revoir encore. Plus tard, je me suis retrouvée hors de mon corps et je l'ai cherché partout. Ne le trouvant pas, je me suis exclamée: «Ô Seigneur, ne sois pas si cruel envers une âme qui est tout à toi et qui souffre des morts continuelles par amour pour toi. Vois, mon âme te cherche et, ne te trouvant pas, meurt continuellement parce que tu es la vie de sa volonté. Ma respiration, mes battements de coeur, ma mémoire, mon intelligence, tout en moi vit des morts cruelles continuelles. N'as-tu pas de pitié pour moi?»

À ce moment, je revins dans mon corps et trouvai Jésus en mon intérieur. Voulant me donner une leçon, il me dit: «Vois, je suis tout en toi et tout pour toi.» Il me sembla voir sur sa tête une couronne d'épines; quand il la pressait, le sang dégouttait. Alors il dit: «Ce sang est répandu par amour pour toi.» Il me fit aussi voir ses plaies, disant: «Elles sont pour toi.» Oh! comme je me suis sentie confuse, voyant que, confronté au sien, mon amour n'était qu'une ombre!»

45.   2 octobre 1906 — Dans la Divine Volonté, nos souffrances peuvent alléger et guérir les plaies de Jésus. De plus, Jésus accorde à l'âme le mérite de l'avoir guéri, même si c'est lui qui fournit le remède.

Ayant reçu la sainte communion, je me suis sentie hors de mon corps et j'ai vu une personne très accablée par plusieurs croix. Mon Jésus béni me dit: «Dis-lui que, pendant qu'elle souffre, elle peut se servir de ses souffrances pour soigner et guérir mes plaies. Tantôt elle soignera mon côté, tantôt ma tête, tantôt mes mains et tantôt mes pieds. Toutes ces plaies sont douloureuses et irritées à cause des grandes offenses des créatures. Dis-lui que c'est un grand honneur que je lui fais ainsi. Je lui donne le remède pour guérir mes plaies ainsi que le mérite de m'avoir guéri.»

Pendant que Jésus me parlait, j'ai vu plusieurs âmes du purgatoire qui, entendant cela, étaient étonnées. Elles me dirent: «Comme vous êtes chanceux, vous qui recevez des enseignements si sublimes et qui pouvez acquérir les mérites de soulager et de guérir un Dieu! Ces mérites excèdent tous les autres et ils vous procurent une gloire qui surpassera celle des autres autant que le ciel surpasse la terre. Ah! si nous avions reçu de tels enseignements et la connaissance que nos souffrances pouvaient soigner un Dieu, combien de richesses et de mérites nous aurions pu acquérir, desquels nous sommes privés!»

46.   3 octobre 1906 — Jésus explique comment la simplicité remplit l'âme de grâces qui se diffusent chez les autres.

Me trouvant dans mon état habituel, mon Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, la simplicité remplit l'âme de grâces qui se diffusent à l'extérieur. Si l'âme voulait restreindre ces grâces à elle-même, elle ne le pourrait pas. En effet, comme l'Esprit parfaitement simple de Dieu se diffuse naturellement partout sans effort ou lassitude, ainsi l'âme qui possède la vertu de simplicité diffuse la grâce chez les autres sans même en être consciente.» Ayant dit cela, il disparut.

47.   4 octobre 1906 — Jésus renouvelle en Luisa la Puissance du Père, la Sagesse du Fils et l'Amour du Saint-Esprit. Comment le souffle Tout-Puissant de Dieu allume le feu de l'Amour divin dans l'âme.

Ayant reçu la permission de dire quelques mots dans l'éventualité où quelqu'un viendrait, j'étais effrayée d'avoir manqué à l'obéissance, vu que Jésus n'était pas venu. Qui pourrait comprendre la douleur de mon âme en pensant que j'avais commis un péché! Être privée de lui est toujours une cruelle douleur, mais la pensée d'avoir peut-être commis une faute me donna un tourment plus terrible encore. Je me suis sentie délirer dans le désespoir, comme si j'étais morte d'une commotion.

Après l'avoir attendu longtemps, Jésus vint. Me touchant trois fois, il me dit: «Ma fille, je te renouvelle dans la Puissance du Père, dans ma Sagesse et dans l'Amour du Saint-Esprit.»

Je ne peux pas expliquer comment je me suis alors sentie et ce que j'ai expérimenté. Plaçant ensuite sa tête couronnée d'épines sur mon cœur, il continua: «La droiture d'intention maintient l'Amour divin allumé dans l'âme. La duplicité, au contraire, tend à étouffer cet Amour, par exemple par l'amour de soi, le respect humain et le désir de plaire aux autres.»

48.   5 octobre 1906 — Jésus bébé explique à Luisa qu'il est le maître de son âme et que si elle désire être le maître de quelque chose, elle le vole.

Étant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps avec Jésus bébé. Il me sembla qu'il voulait s'amuser. Il me dit: «Ma fille, je suis ton maître et je peux faire de toi tout ce que je veux. Tu dois savoir que tu es mienne et que tu n'es pas le maître de toi-même, ni d'aucune de tes pensées, ni d'aucun de tes désirs, ni d'aucun de tes battements de coeur. Si tu veux devenir le maître de quelque chose, tu me voles.»

À ce moment, j'ai vu mon confesseur se sentir découragé et vouloir décharger ses souffrances sur moi. Jésus l'arrêta vivement de sa main et lui dit: «En premier lieu, je veux décharger mes nombreuses peines; tu pourras ensuite le faire à ton tour.» Pendant qu'il disait cela, il vint près de moi et déversa dans ma bouche un liquide très amer. Je le priai de s'occuper du confesseur, lui demandant de le toucher de ses petites mains pour qu'il se sente mieux. Jésus le toucha et dit: «Oui, oui.» Puis, il disparut.

49.   8 octobre 1906 — La croix est à l'homme ce que la bride est au cheval.

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus vint et me dit: «Ma fille, la croix est à la créature ce que la bride est au cheval. Que deviendrait le cheval si l'homme ne lui mettait pas de bride? Il serait indomptable et irait de précipice en précipice jusqu'à ce qu'il devienne furieux, faisant du mal à l'homme et à lui-même. Par contre, avec sa bride, il devient docile, il va par des chemins sécuritaires, il est prémuni contre les précipices et il sert les besoins de l'homme comme un ami fidèle.

«Telle est la croix pour l'homme. La croix le mate et l'empêche de tomber dans les sentiers erratiques de ses passions qui, comme un feu, le dévoreraient. La croix éteint ce feu et, plutôt que de lui permettre d'être furieux contre Dieu et contre lui-même, elle le dompte. La croix est un chemin pour le salut de l'homme et elle l'aide à rendre gloire à Dieu. Oh! si ce n'était pas de la croix que, dans sa Sagesse infinie, la divine Providence utilise pour brider l'homme, combien de maux fondraient sur le genre humain!»

50.   10 octobre 1906 — Jésus intervient dans toutes les actions humaines. Comment les créatures s'attribuent à elles-mêmes leurs actions.

Ce matin, Jésus béni se montra dans un torrent de lumière qui inondait toutes les créatures. Ainsi, toutes les actions humaines s'effectuaient à partir de cette lumière. Pendant que je voyais cela, Jésus béni me dit: «Ma fille, j'interviens dans toute action humaine, que ce soit une pensée, une respiration ou un bref mouvement.

Toutefois, les créatures ne pensent jamais à mon activité en elles et n'agissent pas pour moi; elles s'attribuent plutôt à elles-mêmes tout ce qu'elles font. Oh! si elles pensaient au fait que j'interviens continuellement en elles, elles n'useraient pas de ce qui est mien au détriment de ma gloire et de leur propre bien-être!

«Les créatures devraient tout faire pour moi, tout m'offrir, parce que ce qu'elles font pour moi, je le garde en dépôt pour le leur rendre dans l'autre vie. Par contre, les actes qui ne sont pas fait pour moi ne peuvent entrer en moi, parce qu'ils sont indignes de moi. Même s'ils sont fait moyennant mon intervention (vu que j'interviens pour toutes les actions humaines), j'en ai la nausée et je les rejette.»

51.   13 octobre 1906 — Si les désirs humains, même saints, ne sont pas réalisés dans la paix et en conformité avec la Divine Volonté, c'est que l'âme retient quelque chose pour elle-même. Les écrits de Luisa forment un miroir divin.

Étant dans mon état habituel, mon bon Jésus se fit voir et me dit: «Ma fille, on peut dire qu'une âme est indifférente à tout si, quels que soient ses désirs, saints ou indifférents, elle est prête à les sacrifier à la Divine Volonté dans une sainte paix. Si elle devient troublée ou inquiète, c'est qu'elle retient au moins quelque chose pour elle-même.»

À ces mots, l'entendant parler de désirs, je lui ai dit: «Mon Bien suprême, mon désir est de ne plus écrire. Oh! comme c'est dur pour moi! Si ce n'était pas de la peur de m'écarter de ta Volonté ou de te déplaire, je n'écrirais plus.»

Coupant court à ce que je disais, il dit: «Tu ne veux pas ce sacrifice mais, moi, je le veux. Donc, si tu veux obéir, écris. Pour l'instant, ces écrits servent de miroir non seulement pour toi mais pour quiconque prend part à ton travail. Il viendra un temps où ils serviront de miroir pour les autres, parce que tout ce que tu écris est dit par moi et constitue un "miroir divin". Est-ce ton désir d'éloigner ce miroir de mes créatures? Pense à cela sérieusement et ne désire pas me contrarier en n'écrivant pas tout de ce "miroir divin".»

Après avoir entendu cela, je devins confuse et humiliée, ressentant encore plus de répugnance à écrire, spécialement ces dernières lignes. Pourtant, l'obéissance me l'a imposé absolument et j'écris seulement pour obéir.

52.   14 octobre 1906 — La vanité du prêtre empoisonne la grâce qu'il administre. L'âme qui, pour des peccadilles, s'abstient de recevoir la sainte communion, participera à la douleur de Jésus quand il n'est pas reçu par les âmes, douleur comparable au feu du purgatoire.

Alors que j'étais dans mon état habituel, je me suis trouvée hors de mon corps avec Jésus bébé. Il se tourna vers un prêtre et lui dit: «La vanité empoisonne la grâce chez toi et chez les autres, vu que les autres sont nourris par ton entremise. L'âme perçoit facilement que tes paroles et tes actes sont faits pour satisfaire ton besoin d'être estimé. Si ce que tu fais est entaché de vanité, la grâce n'entre pas seule chez les autres, mais accompagnée du poison que tu portes. En conséquence, plutôt que de percevoir la vie en toi, ils perçoivent la mort.»

Plus tard, Jésus me dit: «Il est nécessaire que tu sois vidée de tout pour que tu puisses te remplir totalement de Dieu. Ayant en toi le Tout, tu seras facilement capable de le donner à quiconque viendra à toi.»

Ensuite, j'ai vu une âme du purgatoire qui nous fuyait. Sa honte était si intense qu'elle restait comme écrasée par l'humiliation. J'étais très étonnée de cela et, à ce moment, Jésus disparut. Je me suis approchée de cette âme et lui ai demandé la raison de sa conduite. Elle ressentait tant de gêne qu'elle ne pouvait pas dire un mot. À la suite de mon insistance, elle m'a dit: «C'est la Justice de Dieu qui a scellé sur mon front la confusion et la peur en sa présence, de sorte que je suis obligée de le fuir. J'agis ainsi contre mon propre désir car, alors que je me consume à le vouloir, cette souffrance d'avoir à le fuir m'écrase.

«Ô Dieu, te voir et te fuir en même temps est une douleur extrême! Mais j'ai mérité cette souffrance plus que les autres âmes. C'est que, ayant vécu une vie dévote, je me suis souvent abstenue de communier pour des peccadilles: pour avoir été tentée, pour avoir été craintive ou pour diverses autres raisons sans importance; parfois même je suis allée au confesseur pour lui exprimer mes faibles raisons de ne pas communier. Ces choses, qui peuvent sembler sans importance à l'âme, Dieu les juge sévèrement, leur associant des souffrances qui surpassent beaucoup d'autres, parce que ces fautes vont directement contre l'Amour.

«Jésus dans le Très Saint Sacrement brûle d'Amour et du désir de se donner aux âmes. Et si une âme est dans les conditions de le recevoir, mais ne le fait pas à cause de prétextes simplistes, elle lui fait un affront. Elle lui cause tant de déplaisir qu'il se sent suffoqué dans son Amour et il brûle. Ne trouvant personne pour recevoir son Amour, personne avec qui alléger ce feu, il va répétant: "Les excès de mon Amour ne sont pas pris en considération; ils sont même oubliés. Même les âmes qui disent être mes épouses ne désirent pas me recevoir; je ne puis mettre ma confiance en elles. Oh! je ne suis pas aimé; mon Amour ne reçoit pas de retour." Pour que je répare mes fautes, le Seigneur m'a donné de prendre part au martyre qu'il subit quand il n'est pas reçu par les âmes; c'est un feu comparable à celui du purgatoire.»

Après cela, je me suis retrouvée dans mon corps, estomaquée et affligée, pensant à l'angoisse de cette pauvre âme et comment, pour de petites choses, nous avons pu omettre de recevoir la sainte communion.

53.   16 octobre 1906 — Chaque bienheureux joue une symphonie distincte et complète dans le Paradis, laquelle se termine sur l'ultime note de l'Amour. Celui qui plaît le plus au Seigneur, c'est celui qui aime le plus et non celui qui en fait le plus.

Comme j'avais omis d'écrire ce qui suit, l'obéissance m'a commandé de l'inclure. Ainsi donc, j'étais hors de mon corps et il me semblait qu'au Ciel il y avait une fête spéciale en cours. Je fus invitée à cette fête et il me sembla que je chantais avec les bienheureux. Il n'y avait pas besoin d'apprendre car on pouvait ressentir une infusion intérieure et, ce que l'autre chantait ou faisait, on savait comment le faire aussi.

Il me semblait que chaque bienheureux donnait une note musicale distincte qui lui était propre, ou plutôt une symphonie distincte, quoique chacune était en parfaite harmonie avec les autres. Quelques-uns jouaient des symphonies de louange, d'autres de gloire, d'autres d'action de grâce, d'autres de bénédiction. Toutes ces symphonies finissaient sur une note unique qui était celle de l'Amour. Cette note de l'Amour retentissait avec tant de douceur et de force que toutes les autres étaient comme éteintes dans ce cantique d'Amour. Il me semblait que chaque bienheureux devenait extatique puis s'endormait, puis se réveillait, grisé par ce chant d'Amour si harmonieux et si beau, qui absorbait tout le Ciel. Il jouissait alors, pour ainsi dire, d'un nouveau Paradis.

Mais qui étaient donc les privilégiés qui chantaient le plus fort et faisaient retentir leurs notes d'Amour partout et donnaient tant de bonheur dans le Ciel? C'était ceux qui avaient aimé Dieu le plus pendant qu'ils vivaient sur la terre. Ah! ce n'était pas ceux qui avaient fait des grandes choses, des grandes pénitences ou des miracles. Aucunement! L'Amour est uniquement ce qui élève au-dessus de tout; tout le reste demeure derrière. Ainsi, ceux qui aiment beaucoup, plutôt que ceux qui font beaucoup, sont les plus proches du Seigneur.

Il semble que je dis des idioties, mais que puis-je faire? L'obéissance a sonné le coup. D'ailleurs, qui ne sait pas que les choses de là-haut ne peuvent pas être dites ici-bas? En conséquence, pour ne pas dire plus de sottises, je m'arrête ici.

54.   18 octobre 1906 — Comment Jésus retient dans son Coeur les travaux cachés, qui ont pour lui plus de valeur qu'un million de travaux extérieurs et publics.

Me trouvant dans mon état habituel, mon Jésus béni vint pour un peu de temps et me dit: «Ma fille, les travaux qui me plaisent le plus sont les travaux cachés, parce qu'ils sont dégagés de l'esprit humain; ils comptent parmi les choses les plus exquises que je conserve dans mon Coeur. Si on pouvait comparer un million de travaux publics et extérieurs avec un unique travail intérieur et caché, le million de travaux extérieurs tomberaient en-dessous du travail caché. Il en est ainsi parce qu'il y a toujours une partie de l'esprit humain dans les travaux extérieurs.»

55.   20 octobre 1906 — Jésus se plaint des profanations cachées de ses prêtres à l'endroit de ses temples de pierres et de son propre Corps.

Étant hors de mon corps, je me trouvai à l'intérieur d'un temple où de nombreuses personnes assistaient à une cérémonie sacrée. Il me sembla que, avec l'assentiment des autorités, il était permis aux gens d'entrer et de profaner la place sainte. Quelques personnes couraient et sautaient partout, d'autres usaient de violence envers les autres et d'autres mettaient leurs mains sur le Saint-Sacrement aussi bien que sur les prêtres.

Pendant que je voyais cela, je pleurais et je suppliais le Seigneur, en disant: «Ne permets pas aux gens de profaner tes temples sacrés. Qui sait de combien de châtiments tu devras les frapper pour ces horribles péchés!»

Jésus me répondit: «Ces énormes offenses sont attribuables aux péchés des prêtres. Le péché entraîne d'autres péchés et en est la punition. En premier lieu, les prêtres ont profané d'une manière cachée mon saint temple en disant des messes sacrilèges et en accompagnant d'actes impurs l'administration des sacrements. Ces profanations étaient commises sous l'aspect de la sainteté; non seulement ils profanaient mes temples de pierres mais aussi mon propre Corps!

«Tout cela a atteint les laïcs parce qu'ils ne percevaient pas chez les prêtres la lumière nécessaire pour les guider. Ils ont trouvé chez eux seulement la noirceur. Les laïcs sont devenus si noirs qu'ils ont perdu la lumière de la foi. Vu le manque de cette lumière, on ne peut être surpris de ces graves excès. Prie pour les prêtres afin qu'ils soient lumière parmi le peuple et que, nés de nouveau à la lumière, les laïcs puissent retrouver la vie et être capables de voir leurs erreurs. En voyant leurs prêtres remplis de lumière, ils seront peu disposés à commettre ces excès graves qui appellent de grands châtiments.

56.   23 octobre 1906 — Jésus s'afflige du fait que plusieurs prêtres ont perdu leur caractère masculin.

Me trouvant dans mon état habituel, mon Jésus béni vint; il était très affligé et voulait verser son chagrin sur moi. Il me dit: «Ma fille, tant d'amertume m'est donnée par les créatures que je ne peux pas la contenir. Pour cette raison, je veux que tu y participes. En ces temps, tout est efféminé. Même des membres du clergé ont perdu leur caractère masculin et ont acquis des manières féminines. Il est devenu plus difficile de trouver des prêtres masculins, puisqu'il se trouve une abondance d'efféminés autour. Oh! dans quel état déplorable se trouve l'humanité!»

Ayant dit cela, il disparut. Je n'ai pas compris la signification de ce qu'il m'avait dit, mais l'obéissance voulait que je l'écrive.

57.   25 octobre 1906 — Pour qui profite de la grâce, c'est la lumière et le chemin; pour qui n'en profite pas, c'est la noirceur et le châtiment.

Poursuivant dans mon état habituel, je me suis trouvée hors de mon corps et il me sembla que certaines personnes voulaient me crucifier. Pendant qu'elles m'étendaient sur la croix, je pouvais voir Notre-Seigneur en moi. Il s'étendait en moi et il s'étendait aussi avec moi. Dans mes mains étaient ses mains et les clous transperçaient mes mains et les siennes simultanément. De plus, tout ce que je souffrais, il le souffrait aussi. Ces clous étaient si douloureux que je me sentais mourir.

Les personnes poursuivirent en me clouant les pieds. À ce moment, j'ai vu Jésus, non pas avec moi, mais devant moi. Mes souffrances prirent plusieurs formes lumineuses et s'agenouillaient devant Notre-Seigneur dans un acte d'adoration. Jésus me dit: «Ma fille, pour celui qui profite de la grâce, c'est la lumière, le chemin, la nourriture, la force et la consolation. Pour celui qui n'en profite pas, ce n'est pas la lumière. N'ayant pas le chemin sous ses pieds et manquant de force, il est complètement dans le noir. Son chemin est transformé en feu et en châtiments.»

58.   28 octobre 1906 — Tout ce qui est Lumière vient de Dieu. Choisir de se retirer de la Lumière conduit aux ténèbres et ne peut qu'engendrer des maux.

Ayant reçu la sainte communion, je me suis vue à l'intérieur d'une grande Lumière. Dans cette Lumière était Jésus lui-même. Il me dit: «Ma fille, tout ce qui est Lumière provient de moi; rien ne vient de la créature. Supposons qu'une personne se trouve habillée des rayons du soleil. Elle serait stupide si elle voulait s'attribuer à elle-même la lumière dont elle jouit. Si elle s'éloignait de la lumière en disant: "Je veux marcher dans la noirceur", cela serait assez pour l'amener dans la noirceur. Ainsi, l'âme peut se retirer de ma Lumière, mais elle est alors dans le noir et le noir ne peut qu'engendrer des maux.»

59.   31 octobre 1906 — Fruits de la patience dans la souffrance.

Étant dans mon état habituel, mon Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, l'âme patiente dans la souffrance reçoit des grâces toujours accrues. Elle acquiert la maîtrise d'elle-même ainsi que de grandes richesses et une gloire immense pour la vie éternelle.»

60.   6 novembre 1906 — Parce qu'il était Dieu, Jésus n'avait ni la foi ni l'espérance, mais uniquement l'Amour. L'Âme qui vit dans la Divine Volonté y trouve l'objet de sa foi et de son espérance, ce qui lui fait presque perdre ces deux vertus.

Je priais comme si j'étais en compagnie de Notre-Seigneur et avec ses intentions. Je récitai le "Je crois en Dieu" sans vraiment penser à ce que je disais, mon intention étant d'obtenir la même foi que Jésus afin de réparer l'incrédulité d'un si grand nombre et d'obtenir le don de la foi pour tous. J'étais plongée dans cette prière quand Jésus m'apparut en mon intérieur et me dit: «Ma fille, tu te trompes, je n'avais ni la foi ni l'espérance parce que j'étais Dieu; je n'avais que l'Amour.»

Quand j'ai entendu le mot "amour", j'étais tellement attirée par l'idée d'aimer uniquement que, sans me soucier, j'ajoutai une autre idiotie: «Mon Seigneur, j'aimerais être comme toi, tout amour et rien d'autre.»

Alors Jésus poursuivit: «Cela est exactement mon but pour toi. C'est pour cette raison que je te parle fréquemment de la soumission totale. En vivant dans ma Volonté, l'âme acquiert l'amour le plus parfait; elle réussit à m'aimer avec mon propre Amour; elle devient tout amour; elle est en contact continuel avec moi. En moi, avec moi et par moi, elle fait tout ce que je veux; elle ne désire rien d'autre que ma Volonté dans laquelle se trouve l'Amour total de l'Éternel et où elle se trouve elle aussi.

«Ainsi, l'âme perd presque la foi et l'espérance car, en vivant dans ma Volonté, elle n'a plus besoin de la foi puisqu'elle est comme immergée en Dieu; elle n'a plus besoin de l'espérance puisqu'elle a déjà atteint la fin de cette vertu. La possession de la Divine Volonté est pour l'âme le sceau de sa prédestination pour le Ciel et de la possession assurée de Dieu. As-tu compris? Médite bien sur cela!»

Par la suite, je restai pensive et dans le doute, me disant: Peut-être qu'il veut me mettre à l'épreuve pour voir ce que je ferai ou pour me donner la possibilité de dire d'autres idioties afin de me faire voir où mon orgueil peut me conduire. Quoiqu'il en soit, je pense qu'il est bon que je dise des idioties car, ainsi, Jésus est amené à me parler, ce qui me donne le plaisir d'entendre sa voix. Il m'est plaisant d'entendre sa voix; elle me fait passer de la mort à la vie.

Ensuite, j'ai pensé: «Quelle autre idiotie pourrais-je dire?» Alors mon Jésus béni ajouta: «C'est toi qui veux me tenter et non pas moi!» Je me sentais confuse et je pensais à ce que Jésus m'avait dit. Mais comment pourrais-je tout dire? Il y a des choses qu'on ne peut pas expliquer.