📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 36


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  12 avril 1938 — Celle qui vit dans la Divine Volonté prononce le Fiat en chacun de ses actes et forme ainsi autant de vies divines. Comment le Fiat se met entre les mains de la créature et la laisse faire de lui ce qu’elle veut. Différence entre celle qui vit dans la Divine Volonté, celle qui s’y résigne et celle qui ne la fait pas du tout.

      Je suis toujours dans les bras du divin Fiat. Oh ! combien je ressens le besoin de sa vie qui respire, palpite et circule dans ma pauvre âme ! Sans lui, je sens que tout meurt en moi ; la lumière, la sainteté, la force, le ciel lui-même, comme si le ciel ne me concernait plus. Au contraire, lorsque je sens la vie du divin Fiat, tout surgit en moi. La lumière avec sa beauté qui vivifie, purifie et sanctifie. Mon Jésus lui-même avec toutes ses œuvres. Le ciel, que le saint Vouloir enclot dans mon âme comme un sacrarium qui m’appartient tout entier. Ainsi, si je vis dans sa Volonté, tout m’appartient et je ne manque de rien.

            Par conséquent, ô saint Vouloir, au commencement de ce 36e volume, je te prie, je te supplie, je t’implore, ne me quitte pas même un seul instant pour que ce soit toi qui parles et toi qui écrives. C’est toi qui feras connaître qui tu es et combien tu veux être la vie de tous pour donner ton bien à tous. Si tu me laisses faire cela toute seule, je ne saurai pas te faire connaître comme tu le veux parce que j’en suis incapable. Mais si tu acceptes de le faire, tu triompheras, tu te feras connaître et tu auras ton royaume dans le monde entier. Oh ! saint Vouloir, éclipse tous les maux des créatures par ta puissance ! Prononce ton omnipotent Ça suffit ! Pour que les créatures quittent le chemin du péché et se retrouvent à nouveau sur la voie de ta Divine Volonté.

            Mère et Reine du divin Fiat, je te consacre ce volume d’une manière spéciale pour que ton amour et ta maternité se manifestent dans ces pages, pour appeler tes enfants à vivre avec toi dans ce Vouloir dont tu possédais le Royaume. Et je commence, agenouillée à tes pieds, en implorant ta bénédiction maternelle.

            Mon esprit était immergé dans le divin Fiat lorsque mon doux Jésus, visitant ma petite âme, avec une indicible bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille de ma Volonté, combien de merveilles mon Vouloir est capable d’opérer dans la créature pourvu qu’elle lui donne la première place et toute la liberté pour travailler. Mon Vouloir prend la volonté, la parole et l’acte que la créature veut faire, il les infuse en lui-même, les investit de sa vertu créatrice, prononce son Fiat et forme autant de vies qu’il existe de créatures.

            Tu demandais dans ma Volonté le baptême de ma Volonté pour tous les futurs nouveau-nés afin que sa vie règne en eux. Ma Volonté n’a pas hésité un seul instant. Elle a immédiatement prononcé son Fiat et formé autant de vies que de nouveau-nés, les baptisant comme tu le voulais, premièrement avec sa lumière pour donner ensuite sa vie à chacun d’eux. Si ces nouveau-nés, que ce soit par non-correspondance ou par manque de connaissance, ne possèdent pas notre vie, cette vie demeure toujours pour nous et nous avons ainsi autant de vies divines qui nous aiment, nous glorifient et nous bénissent tout comme nous aimons en nous-mêmes.

            Ces vies divines sont notre plus grande gloire. Mais ces vies divines ne laissent pas de côté celle qui a donné à notre divin Fiat l’occasion de former ces vies pour autant de nouveau-nés qui ont vu le jour. Elle la garde cachée en eux pour la faire aimer comme ils aiment et lui faire faire ce qu’ils font. Et ces vies divines ne laissent pas non plus de côté les nouveau-nés. Elle veille sur eux et les défend pour être capable de régner dans leur âme.

            Ma fille, qui pourra te dire combien nous aimons cette créature qui vit dans notre Vouloir ? Nous l’aimons tellement que notre Vouloir se met en son pouvoir, si bien que l’âme fait de lui ce qu’elle veut. Si l’âme veut former nos vies, nous là laissons faire. Si l’âme veut remplir le ciel et la terre de notre amour, nous lui laissons la liberté de le faire, si bien que chacun nous dit qu’il nous aime. Même dans le petit oiseau qui chante et gazouille, nous entendons le Je vous aime de celle qui vit dans notre Vouloir. Si dans le transport de son amour l’âme veut nous aimer encore plus, elle entre dans notre acte créateur et prend plaisir à créer des soleils, des étoiles et des cieux nouveaux pour leur faire dire sans arrêt : Je vous aime, Je vous aime ; et elle se fait conteuse pour raconter notre gloire.

            Dans notre Volonté, l’âme est attentive à tout afin de voir ce que nous voulons et comment elle peut nous aimer davantage.

            Mon Dieu, que de merveilles, que de surprises il y a dans notre Vouloir. Son doux enchantement est si grand que l’on en demeure non seulement ravi, mais comme embaumé et transformé dans les merveilles du Fiat, si bien que l’on ne sait plus comment en sortir.

            Je me disais alors : Quelle sera la différence entre celle qui vit dans le divin Vouloir, celle qui s’y résigne dans les circonstances difficiles de la vie, et celle qui ne fait pas du tout la Divine Volonté ? Mon doux Jésus ajouta alors :

            Ma bienheureuse fille, la différence est si grande qu’il n’y a pas de comparaison possible. Celle qui vit dans mon Vouloir règne sur tout. Nous aimons tellement cette âme que nous en arrivons à la laisser régner sur nous-mêmes. Nous aimons tellement voir la petitesse de la créature nous dominer que nous éprouvons des joies singulières parce que nous voyons que notre Volonté domine dans la créature et que la créature règne avec notre Vouloir. Et, oh ! combien de fois nous la laissons l’emporter sur nous ! Très souvent, notre joie est si grande que nous laissons notre Volonté vaincre dans la créature plutôt qu’en nous-mêmes.

            De plus, la créature qui vit dans notre Vouloir est en contact continuel avec lui et acquiert des sens divins de prévoyance. La lumière de sa vue divine est si pénétrante et si claire que la créature en arrive à se fixer en Dieu en qui elle regarde les divins mystères. Notre sainteté et notre beauté sont palpables. Cette âme les aime et les fait siennes. Avec ses yeux de lumière, cette âme trouve son Créateur partout. Il n’est rien en quoi cette âme ne le trouve pas. Avec sa majesté et son amour, le Créateur enveloppe la créature et lui fait sentir combien il l’aime. Et, oh ! quelles joies indescriptibles des deux côtés : la créature – en se sentant aimée – et le Créateur, aimé par la créature en chaque chose.

            Cette âme acquiert une ouïe divine et entend immédiatement ce que nous voulons. Elle nous écoute toujours avec attention et il n’est pas nécessaire de dire et de répéter ce que nous voulons. Un petit signe suffit, et tout est fait. Cette âme acquiert le sens divin de l’odorat et elle perçoit si ce qui l’entoure est bon et saint, et si cela vient de nous. C’est âme acquiert le goût divin, si bien qu’elle se nourrit d’amour et de tout ce qui vient du ciel, jusqu’à satiété. Finalement, dans notre Vouloir, cette âme acquiert notre sensibilité, de telle sorte que tout en elle est pur et saint, et il n’y a aucune crainte que le plus petit souffle puisse ternir cette âme. L’âme qui vit dans mon Fiat est toute belle, charmante et gracieuse.

            Par contre, celle qui est seulement résignée ne vit pas dans notre contact continuel. On peut dire qu’elle ne connaît rien de notre Être suprême. Sa vue est très faible et malade, et nuit à la créature. Elle souffre de myopie au plus haut point et découvre avec difficulté les objets les plus nécessaires. Elle entend mal. Si elle nous entend, oh ! combien il est nécessaire de la faire écouter ! Son sens de l’odorat, son sens du goût et son sens du toucher sont sensibles à ce qui est humain, se nourrissent de ce qui est terrestre, ressentent le toucher des passions et la douceur des plaisirs de ce monde. Et il semble qu’en faisant ma Volonté en certaines circonstances douloureuses, elles ne s’en nourrissent pas chaque jour, mais dans les occasions où ma Volonté leur offre une souffrance. Oh ! combien ces créatures deviennent nerveuses et malades au point d’inspirer la pitié ! Pauvre créature sans ma Volonté continue ! Comme elles me font pitié.

            Et finalement, celles qui ne sont même pas résignées sont aveugles, sourdes, sans aucun sens de l’odorat, et elles perdent le goût de tout ce qui est bon. Ce n’est alors qu’une pauvre créature paralysée qui ne peut même pas se servir pour s’aider elle-même. Cette créature forme elle-même un réseau de malheurs et de péché dont elle ne sait comment sortir.

2.  15 avril 1938 — Pour celle qui vit dans notre divin Vouloir, respire et se meut dans le Fiat, toute la Cour céleste sent son souffle et son mouvement dans le Vouloir divin, ainsi que la vertu conquérante et heureuse de celle qui porte cette âme. Douloureuses conditions dans lesquelles la Divine Volonté se trouve lorsqu’elle est rejetée.

          Mon pauvre esprit court et vole dans le divin Vouloir comme en son centre pour se reposer et y déposer sa dépouille, et prendre en échange les vêtements de sa lumière, de son souffle, de sa palpitation et de son mouvement qui agit en chacun et en toute chose pour donner la vie à tous. Je nageais dans la mer des joies du divin Fiat lorsque mon toujours aimable Jésus m’a fait sa petite visite et m’a dit avec un amour indicible :

            Ma petite fille de mon Vouloir, comme il est beau de vivre dans ma Volonté. L’âme y respire alors avec notre souffle, son cœur bat avec le nôtre, elle bouge avec notre mouvement et se met en communion avec tous, faisant ce que font les Anges, les Saints et toutes les choses créées, et elle fait faire à tous ce qu’elle fait.

            Les merveilles qui sont dans notre Vouloir sont surprenantes. Les scènes sont si touchantes que tous cherchent à en profiter et en demeurent ravis. Qui sait ce qu’ils feraient pour être les spectateurs et profiter des scènes délicieuses de l’âme qui vit dans notre Vouloir.

            Tu dois savoir que lorsque l’âme entre dans notre Vouloir, elle respire dans notre souffle, son cœur bat dans le nôtre et elle agit dans notre mouvement. Mais l’âme ne perd pas son souffle, son cœur et son mouvement, et elle ne les sépare pas non plus des nôtres. Et comme notre Volonté se trouve partout et circule mieux dans le souffle, le cœur et le mouvement de tous, qu’arrive-t-il ? Les Anges, les Saints, notre Divinité elle-même et toute la Création ressentent en eux-mêmes le souffle et le cœur de la créature avec ma Volonté. Et ils sentent l’âme se mouvoir dans leur mouvement jusqu’au centre de leur être. Le souffle, le cœur et le mouvement de la créature que ressent la Création tout entière sont remplis de bonheur et de joies nouvelles indicibles dont l’âme – qui vit toujours sur terre dans la souffrance et la conquête avec son libre arbitre – est porteuse en chaque Bienheureux. Et puisque c’est le libre arbitre qui forme l’acte conquérant de la créature, par le souffle de l’âme, par le battement de son cœur et par son mouvement, mon Vouloir dépose dans les Bienheureux sa nouvelle satisfaction conquérante ainsi que la plénitude de la joie dont cette âme est porteuse et à qui mon Vouloir ne refuse jamais ses joies toujours nouvelles, même celles d’un seul souffle de l’âme accompli dans sa Volonté. Et, oh ! quelle joie pour les Bienheureux ! Notre Divinité elle-même et toute la Création, dans leur excès d’amour et dans une plénitude de joies, disent : « Qui est celle qui respire, agit, et dont le cœur bat en nous ? Qui est celle qui, de la terre, nous apporte l’acte conquérant de joies pures, d’amour nouveau, que nous n’avons pas dans le ciel, qui nous rend si heureux et augmente notre amour envers Celui qui nous aime tant ? » Et chacun reprend en chœur : « Ah ! C’est une âme qui vit dans la Divine Volonté sur la terre ! » Quelles merveilles, quels prodiges, quelles scènes enchanteresses ! Un souffle qui respire en chacun, même dans son Créateur ; une âme qui agit en tous, jusque dans le ciel, dans les étoiles, dans le soleil, dans l’air, dans le vent et dans la mer. Elle a tout en main, dans son mouvement, et elle donne à Dieu amour, adoration et tout ce que chacun devrait lui donner, ne lui donne pas et ne lui a pas donné ; et elle donne à chacun – son Dieu, son amour et sa Volonté. Cette âme se fait porteuse de toute chose à Dieu, et porteuse de Dieu à tous.

            Et bien que toutes les créatures ne nous prennent pas, nous demeurons également aimés et glorifiés parce que la plénitude d’un seul acte, d’un seul mouvement dans notre Volonté est telle que toutes les créatures ne sont en comparaison qu’autant de petites gouttes d’eau devant une mer immense, qu’autant de petites flammes devant la grande lumière du soleil. C’est pourquoi ce mouvement, ce souffle et ce battement de cœur de la créature dans notre Volonté surpassent toutes choses, embrassent l’éternité, et forment des soleils et des mers infinis qui peuvent tout nous donner. Si les autres choses ne prennent pas cette vie, elles restent si petites qu’elles semblent ne pas exister.

            Oh ! ma Volonté ! Combien tu es admirable, puissante et aimable ! En toi, la créature peut tout nous donner, et nous pouvons tout donner à la créature. Cette créature couvre tout de sa lumière, fait naître l’amour et nous donne de l’amour pour tous. Nous pouvons dire quelle est la vraie réparatrice parce que lorsque les créatures nous offensent, nous trouvons qu’elle peut nous cacher dans son amour pour nous aimer, dans sa lumière pour nous défendre ; aussi, conserve tout près de ton cœur la vie dans notre Vouloir.

            Puis il ajouta : Ma fille, notre amour pour celle qui vit dans notre Divine Volonté est tel que lorsqu’elle respire, elle nous donne tout ce que nous avons fait – la Création, les Anges, les Saints et notre Être suprême lui-même – en hommage, en amour, et pour notre gloire. Et saisis par un tel excès d’amour, nous redonnons à cette âme ce qu’elle nous a donné. Ainsi, lorsque cette âme exhale son souffle, elle nous redonne ce que nous sommes. Lorsqu’elle inspire, nous lui redonnons ce qu’elle nous a donné. Nous sommes dans une relation continuelle et nous échangeons continuellement des dons. Ce faisant, nous maintenons la vigueur de l’amour et l’inséparabilité de ne pas pouvoir se détacher l’un de l’autre. Et nous en éprouvons une satisfaction telle que nous lui donnons tout ce qu’elle veut.

            J’étais immergée dans le divin Vouloir, mais une pensée me tourmentait concernant mon malheureux état : depuis plus de 50 ans je devais succomber chaque soir à une sorte de mort et j’avais besoin des autres pour sortir de cet état. Mon Dieu, je ressens une souffrance dont toi seul connais le prix. Seule la peur de te déplaire et de ne pas faire ta Volonté me fait continuer. Sinon, qui sait ce que je ferais pour ne pas m’y soumettre. Mon doux Jésus courut vers moi et en me serrant dans ses bras, il me dit :

            Ma bonne fille, courage. Ne te tourmente pas tant, je ne le veux pas. C’est ton Jésus qui veut que tu sois dans cet état douloureux. Lorsque tu succombes comme si tu perdais la vie, je souffre avec toi. L’amour vrai ne sait rien refuser à celui qu’il aime. Cet état douloureux, comme si tu perdais la vie, était nécessaire et voulu par ma Divine Volonté. Elle voulait trouver en toi la réparation, l’échange pour toutes les morts que les créatures lui font subir lorsqu’elles la rejettent en ne lui donnant pas sa vie en elles. Ta soumission à cette douleur de mort pendant si longtemps à fait réparation à ma Divine Volonté pour toutes les morts qu’elle a subies, et l’a appelée à embrasser la volonté humaine pour que les deux se réconcilient. Ainsi, j’ai pu parler beaucoup de ma Volonté pour la faire connaître afin qu’elle puisse régner, parce que je tenais celle qui me payait de retour et refaisait pour moi toutes mes vies qui étaient perdues pour les créatures et, rejetées pour moi, suffoquaient dans l’inaccessible lumière de ma Volonté. 

            Tu dois savoir que pour chaque chose que fait la créature, ma Volonté accourt pour donner et former une de ses vies dans la créature. Lorsque la créature ne la reçoit pas, cette vie meurt pour la créature. Cette grande souffrance de voir tant de mes vies divines mourir pour la créature te semble-t-elle peu de chose ? Il était par conséquent nécessaire de trouver une créature qui, d’une certaine manière, me laissait tenter de former à nouveau ma vie en elles.

            Ma Volonté se trouve dans les conditions d’une pauvre mère prête à donner naissance à son enfant, mais dont l’enfant est empêché de voir le jour et suffoque dans son sein. Pauvre mère ! Elle sent son enfant mourir dans son sein. Et à cause de la souffrance, elle meurt avec lui. Ma Volonté est comme cette mère. Elle sent en elle toutes ces vies divines sur le point de naître et qu’elle veut donner aux créatures. Mais alors que ma Volonté est sur le point de les mettre au monde, elle les sent suffoquer et mourir dans son propre sein. Et ma Divine Volonté meurt avec elles parce que sans ma Volonté, il ne peut pas y avoir de véritable vie de sainteté, d’amour et de tout ce qui a trait à notre vie divine.

            Par conséquent, ma fille, calme-toi et ne pense plus à ton état. Si nous l’avons voulu ainsi, c’est avec une très grande sagesse, avec un amour que nous ne pouvions plus contenir et selon notre divine manière d’agir. C’est pourquoi il est nécessaire de t’incliner et d’adorer ce que nous disposons par amour pour les créatures.

3.  20 avril 1938 — Le « J’ai soif » de Jésus sur la croix continue à crier « J’ai soif » à chaque cœur. La vraie Résurrection est dans celle du divin Vouloir. Rien n’est refusé à celle qui vit en lui.

         Mon vol dans le divin Vouloir continue et je ressens le besoin de faire mien tout ce qu’il a fait, d’y mettre mon petit amour, mes baisers affectueux, mes adorations profondes, ma gratitude pour tout ce qu’il a fait et souffert pour moi et pour tous. J’arrivai au point où mon cher Jésus a été crucifié et élevé sur la croix dans des spasmes atroces et des souffrances inouïes. Et avec un accent tendre et compatissant à en briser le cœur, il me dit :

            Ma bonne fille, la souffrance qui m’a le plus transpercé sur la croix fut ma soif ardente. Je me sentais brûler vivant. Tous les fluides vitaux étaient sortis par mes plaies. Ces plaies, comme autant de bouches, brûlaient et ressentaient une soif ardente qui voulait se satisfaire, et incapable de me contenir, je criai : « J’ai soif ! » Ce « J’ai soif » est resté et continue de dire « J’ai soif ». Je n’arrête jamais de le dire. Avec mes plaies ouvertes et ma bouche brûlante, je dis toujours : « Je brûle, j’ai soif ! » Ah ! donne-moi une petite goutte de ton amour pour calmer un peu ma soif ardente. En tout ce que fait la créature, je lui répète toujours la bouche ouverte et brûlante : « Donne-moi à boire, j’ai une soif ardente. » De même que mon humanité disloquée et blessée n’avait qu’un seul cri : « J’ai soif », lorsque la créature marche, je crie à ses pas, la bouche brûlante : « Donne-moi tes pas faits pour mon amour afin de me désaltérer. » Si la créature travaille, je lui demande ses œuvres accomplies uniquement pour mon amour – pour rafraîchir ma soif ardente. Si la créature parle, je lui demande ses paroles. Si elle pense, je lui demande ses pensées comme autant de petites gouttes d’amour pour apaiser ma soif ardente. Ce n’était pas seulement ma bouche qui était brûlante, mais ma sainte Humanité tout entière qui ressentait le besoin extrême d’un bain rafraîchissant pour éteindre le feu d’amour ardent qui me brûlait. Et comme c’était pour les créatures que je brûlais au milieu de souffrances atroces, elles seules pouvaient avec leur amour apaiser ma soif ardente et donner à mon Humanité un bain rafraîchissant. Ce cri : « J’ai soif », je l’ai laissé dans ma Volonté. Ma Volonté a pris l’obligation de le faire entendre à chaque instant dans les oreilles des créatures, de les amener à compatir à ma soif ardente, à leur donner mon bain d’amour et à recevoir leur bain d’amour, même si ce ne sont que des petites gouttes – pour étancher la soif qui me dévore. Mais qui m’écoute ? Qui ressent pour moi de la compassion ? Uniquement celle qui vit dans ma Volonté. Toutes les autres sont sourdes et peut-être que ma soif augmente avec leur ingratitude, ce qui me rend inquiet et sans espoir d’être soulagé.

            Ce n’est pas seulement mon « J’ai soif », mais tout ce que j’ai fait et dit dans ma Volonté qui est toujours dans l’acte de dire à ma douloureuse Maman : « Maman, voici tes enfants. » Et je la mets à leur côté pour les aider et les guider, et la faire aimer par ses enfants. Et elle, à chaque instant, se sent placée au côté de ses enfants par son Fils. Et, oh ! combien elle les aime en Mère et leur donne sa maternité pour me faire aimer comme elle m’aime. Mieux encore, en leur donnant sa maternité, elle met également la perfection parmi les créatures afin qu’elles puissent s’aimer entre elles d’un amour maternel : un amour de sacrifice, désintéressé et constant. Mais qui reçoit tous ces biens ? Celles qui vivent dans notre Fiat et ressentent la maternité de la Reine. On peut dire qu’elle met dans la bouche de ses enfants son Cœur maternel afin qu’ils puissent s’allaiter et recevoir la maternité de son amour, sa douceur, et tout l’héritage dont son Cœur maternel est enrichi.

            Ma fille, la créature qui veut nous trouver et recevoir tous nos biens et ma Mère elle-même doit entrer dans notre Volonté et y rester. Ma Volonté n’est pas seulement vie pour nous, mais forme notre résidence autour de nous avec son immensité dans laquelle elle demeure toujours en acte – tous nos actes, toutes nos paroles et tout ce que nous sommes. Rien ne sort de notre Volonté. Celle qui veut les choses que nous avons doit prendre plaisir à vivre avec ma Volonté. Alors, tout devient sien, et rien ne lui est refusé. Si nous voulons lui donner ce qui est à nous et qu’elle ne vit pas dans notre Vouloir, elle ne l’appréciera pas, ne l’aimera pas, et ne ressentira pas le droit de tout faire sien. Et lorsque les choses ne nous appartiennent pas, l’amour ne grandit pas et il meurt.

            Après quoi je continuai ma ronde dans tout ce que Notre-Seigneur avait fait sur la terre et je m’arrêtai à l’acte de la Résurrection. Quel triomphe, quelle gloire. Le ciel tout entier est venu sur terre pour être spectateur d’une si grande gloire. Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, dans ma Résurrection, le droit pour toutes les créatures de renaître en moi à une vie nouvelle a été établi. Ma Résurrection fut la confirmation, le sceau de toute ma vie, de mes œuvres, de mes paroles, et de ma venue sur terre pour me donner à toutes et à chacune – comme vie qui leur appartient. Ma Résurrection fut le triomphe de toutes les créatures et la nouvelle conquête que chacune recevait de celui qui est mort pour toutes afin de leur donner la vie et de les faire renaître dans ma Résurrection.

            Mais veux-tu savoir en quoi consiste la vraie résurrection de la créature ? Ce n’est pas à la fin de ses jours, mais alors qu’elle vit encore sur la terre. Quiconque vit dans ma Volonté renaît à la lumière et peut dire : Ma nuit est terminée. Cette créature ressuscite dans l’amour de son Créateur de sorte que le froid et la neige n’existent plus pour elle. Elle ressent le sourire du printemps céleste. Elle ressuscite à la sainteté qui chasse les faiblesses, les misères et les passions. Elle ressuscite à tout ce qui est céleste. Et si elle regarde la terre, le ciel ou le soleil, elle les voit pour trouver les œuvres de son Créateur et avoir l’occasion de lui dire sa gloire et sa longue histoire d’amour.

            Celle qui vit dans mon Vouloir peut dire comme l’Ange aux pieuses femmes lorsqu’elles sont venues au sépulcre : « Il est ressuscité. Il n’est plus ici. » La créature qui vit dans mon Vouloir peut dire la même chose : Ma volonté n’est plus avec moi. Elle est ressuscitée dans le Fiat. Et si les circonstances de la vie, les occasions et les souffrances entourent la créature comme si elles cherchaient la volonté de la créature, celle-ci peut répondre : Ma volonté est ressuscitée. Je ne l’ai plus en mon pouvoir. J’ai en échange la Divine Volonté. Et avec sa lumière, je veux investir toutes choses m’entourant : les circonstances, les souffrances – pour en former autant de conquêtes divines.

            Celle qui vit dans notre Vouloir trouve la vie dans les actes de son Jésus ; et notre Volonté opérante, conquérante et triomphante, court toujours dans cette vie et nous donne tant de gloire que le ciel ne peut la contenir. Par conséquent, vis toujours dans notre Vouloir. N’en sors jamais si tu veux être notre triomphe et notre gloire.

4.  25 avril 1938 — Le signe que la Divine Volonté règne dans l’âme, c’est que l’âme ressent le besoin de l’aimer sans cesse. Le grand mal de ne pas faire le bien dans le divin Vouloir. La petite flamme nourrie par la grande lumière de Dieu.

           Mon pauvre esprit court, vole dans le divin Fiat. Si je ne le fais pas, je me sens inquiète, sans force, sans nourriture et sans air pour respirer. J’ai l’impression de ne pas avoir de pieds pour marcher, de mains pour agir et de cœur pour aimer. J’ai alors besoin de courir vers son Vouloir pour trouver ses actes et me former moi-même avec ses actes : ses pieds qui courent, ses mains qui embrassent tout et qui agissent ; l’amour – sans un cœur – qui prend l’amour de l’Éternel pour ne jamais cesser d’aimer. Je pensais à toutes ces sottises lorsque mon toujours aimable Jésus me refit sa brève visite et, ravi de mes sottises et tout amour, il me dit : 

            Ma bienheureuse fille, ne sois pas surprise de tes sottises. C’est exactement cela qui arrive. Celle qui vit dans ma Volonté abandonne son être propre ; sa volonté entre dans la mienne et l’âme se sert de nos œuvres afin de former les nouveaux membres nécessaires pour vivre dans ma Volonté. L’âme acquiert ainsi des pas nouveaux, des mouvements nouveaux et un nouvel amour pour pouvoir s’identifier avec nos œuvres et faire ce que nous faisons.

            Le signe le plus sûr que ma Divine Volonté règne et domine dans l’âme, c’est ce continuel mouvement d’amour (dans l’âme). Étant donné que l’âme sait qu’elle n’a pas un amour qui ne cesse jamais et ne possède pas de multiples œuvres pour me les donner et m’aimer, qu’est-ce que fait l’âme ? Elle entre dans les interminables frontières de mon Vouloir, elle voit le grand théâtre de la Création, la magnificence et la manifestation d’amour dont les créatures sont investies, et elle court d’une de nos œuvres à l’autre pour rassembler tout l’amour que nous avons répandu dans toute la Création. Cette âme place tout cela dans son sein et vient devant notre Majesté pour nous donner toutes ces variétés d’amour que nous avons mises dans la Création, et elle fait résonner ses notes d’amour dans toutes les notes d’amour de notre amour créateur. Et, oh ! quel plaisir elle nous donne. Quelles fêtes commencent entre le ciel et la terre ! Quelles mers d’amour entourent notre Trône ! Et lorsque cette âme a fait une fête de toute la Création, pour nous aimer encore plus, et avec un amour redoublé, elle descend de notre Trône et va répandre notre amour redoublé sur toutes les choses créées. Et avec la puissance de notre Volonté qu’elle a en son pouvoir, elle fait dire à tous : Amour, amour à notre Créateur. Ainsi, celle qui vit dans notre Volonté peut être appelée notre fête continuelle, l’exutoire de notre amour.

            Puis il ajouta avec un accent douloureux : Ma fille, puisque la créature descend très bas lorsqu’elle ne vit pas dans notre Volonté, même lorsqu’elle fait le bien, étant donné qu’il lui manque la lumière de notre Volonté et la force de notre sainteté, le bien qu’elle fait reste couvert d’une fumée qui l’aveugle et produit l’amour-propre, la vaine gloire et l’amour de soi. On peut dire que la créature reste empoisonnée de sorte qu’elle ne peut pas produire un grand bien, ni pour elle-même ni pour les autres. Pauvres bonnes œuvres sans ma Volonté ! Elles sont comme des petites cloches sans aucun son, comme des pièces de monnaie sans l’image du roi, qui n’indiquent pas la valeur de l’argent. Ses œuvres peuvent tout au plus se convertir en satisfactions personnelles. Et moi, qui aime tant les créatures, je suis souvent contraint de gâter le bien qu’elles font, afin qu’elles puissent entrer en elles-mêmes et essayer d’agir de façon droite et sainte.

            Mais pour celle qui vit dans notre Vouloir, il n’y a aucun danger que la fumée de l’amour-propre puisse entrer, même dans les plus grandes œuvres qu’elle pourra accomplir. Cette âme est la petite flamme nourrie par la grande lumière qui est Dieu. La lumière sait comment se débarrasser de l’obscurité des passions et de la fumée de l’amour-propre. Et comme cette âme est lumière, elle comprend tout de suite que tout ce qu’elle fait de bien – c’est Dieu qui travaille dans son propre néant. Et si ce néant n’est pas vidé de tout ce qui ne se rapporte pas à Dieu, Dieu ne descend pas au fond du néant de cette créature pour accomplir les grandes œuvres dignes de lui. Ainsi, même l’humilité n’entre pas dans notre Vouloir ; y entre plutôt le néant de la créature, la connaissance qu’elle n’est rien et que tout le bien qui entre en elle n’est rien d’autre que l’action divine. Il arrive alors que Dieu soit le porteur du rien, et que le rien soit le porteur de Dieu.

            Ainsi, dans mon Vouloir, toutes les choses changent pour la créature. La créature n’est rien d’autre que la petite lumière qui doit se soumettre – autant qu’elle le peut – à la grande lumière de mon Fiat, de telle sorte qu’elle ne fait rien d’autre que se nourrir elle-même de lumière, d’amour, de bonté, et de sainteté divine. Quel honneur d’être nourrie par Dieu ! Par conséquent, il n’est pas étonnant que la créature étant la petite flamme, Dieu s’en nourrisse.

            Puis il ajouta : En plus d’un amour incessant, il y a un autre signe pour savoir si l’âme vit dans mon Vouloir et s’il règne dans l’âme. Ce signe est l’immutabilité. Il n’appartient qu’à Dieu de ne jamais passer du bien au mal. Un caractère ferme et constant qui ne change pas facilement d’action, que seul peut posséder une patience divine, la constance de toujours faire un acte, sans se fatiguer jamais, sans jamais éprouver de gêne ou de regret, cela n’appartient qu’à Dieu. Celle qui vit dans notre Fiat ressent son immutabilité et se sent investie d’une telle fermeté qu’elle ne changerait d’action pour rien au monde. Elle préférerait mourir plutôt que de ne pas continuer à faire ce qu’elle fait. De plus, ce qu’elle fait avec un esprit ferme et qui ne change pas, cela a Dieu pour son commencement. Par conséquent, cette âme perçoit Dieu dans son acte. En répétant l’acte, elle sent que c’est Dieu qui coule dans son action et l’anime. Comment pourrait-elle jamais cesser de répéter ce qui a commencé avec notre Être suprême ? Cette âme devrait sortir de notre Volonté pour changer d’action. Lorsque notre Volonté opère, elle ne change jamais. Ainsi, elle fait agir de la même manière celle qui vit dans notre Vouloir.

            Oh ! comme il est facile de voir qu’une personne ne vit pas dans notre Volonté ! Aujourd’hui, elle veut faire quelque chose, demain – une autre. Un jour, elle aime faire un sacrifice – un autre jour, elle s’en écarte. On ne peut pas lui faire confiance. Elle est comme un roseau qui s’incline selon les vents de ses passions. La mutabilité de la volonté humaine est si grande qu’elle fait de la créature la risée d’elle-même, et peut-être également des démons.  

            C’est pourquoi j’appelle la créature à vivre dans notre Vouloir afin qu’elle puisse être soutenue et renforcée par notre Volonté. C’est de cette manière qu’elle pourra rendre honneur à notre œuvre créatrice parce que seul l’homme est inconstant. Toutes nos œuvres ne changent jamais. Le ciel est toujours fixe et ne se fatigue jamais de s’étendre. Le soleil poursuit toujours sa course. Il ne change jamais son action de donner sa lumière pour le bien de toute la terre. L’air est toujours dans l’acte de se faire respirer. Toutes les choses, telles qu’elles ont été créées par nous, se maintiennent et accomplissent toujours la même action. Seul l’homme, en refusant de vivre dans notre divin Vouloir, abandonne les voies de son Créateur et ne sait pas mener ses œuvres à leur fin, ni les apprécier, ni en recevoir le mérite.

5.  2 mai 1938 — La Divine Volonté demande à chaque instant sa volonté humaine à la créature pour pouvoir lui dire : « Tu ne m’as rien refusé et je ne peux rien te refuser. » Comment la créature forme sa petite mer d’amour dans la mer divine. Création – le doux enchantement de la manifestation de l’amour divin envers les créatures.

         Mon vol continue dans le divin Vouloir. Et comme il est surprenant de voir qu’à chaque instant le divin Vouloir demande à la créature sa volonté humaine pour en faire un de ses plus aimables prodiges ! Comme il est émouvant de voir un divin Fiat demander sa volonté à la créature ! Mon doux Jésus, me voyant émue, m’a refait sa petite visite et, toute bonté, il me dit :

            Ma fille, c’est toujours notre amour qui nous pousse vers la créature avec une force irrésistible et nous place dans la position de demandeur, comme si nous avions besoin de la créature, afin de pouvoir lui dire : « Tu m’as aimé et je t’aime. Tu m’as fait le don de toi-même, et je me donne à toi. »

            Tu dois savoir jusqu’où peut aller notre amour. Chaque fois que nous demandons sa volonté à la créature et qu’elle nous la donne, elle nous remet chaque fois une vie. Et nous sommes toujours en train de demander une vie à la créature afin de lui donner l’occasion et le mérite de nous donner sa vie non pas seulement une fois, mais autant de fois que nous le lui demandons. Crois-tu que ce soit peu de chose que la créature puisse nous dire : Je vous ai donné une vie chaque fois que vous me l’avez demandé, et non pas seulement une fois, mais des milliers de fois ? Non seulement nous l’aimons avec un amour redoublé chaque fois qu’elle nous donne sa volonté, et nous la récompensons chaque fois, mais nous nous sentons également glorifiés et aimés par toutes ces vies qu’elle nous a données.

            Telles sont les finesses, les stratagèmes, les excès et les folies de notre amour exubérant qui ne peut pas s’empêcher d’inventer de nouvelles manières d’agir avec la créature afin de pouvoir dire : « Jamais elle ne nous a refusé de nous donner sa volonté lorsque que nous la lui avons demandée ; c’est pourquoi nous ne pouvons rien refuser à cette créature. » N’est-ce pas là une manière insurpassable d’aimer dont seul un Dieu est capable ?

            De plus, notre amour ne s’arrête pas là. Nous sommes toujours à la recherche de la créature pour qu’elle s’identifie à nous. Lorsqu’elle aime dans notre Volonté, nous lui faisons former sa petite mer d’amour dans l’infini de notre immense mer d’amour ; et cela pour sentir que son amour est dans le nôtre, et qu’elle aime avec le nôtre. Nous savons qu’il sera plus petit parce que l’amour créé ne peut jamais atteindre l’amour créateur. Mais notre satisfaction est inexprimable parce qu’elle aime dans notre amour et avec notre amour. Un amour divisé, un amour séparé de nous, ne peut jamais nous plaire ni nous blesser. Et l’amour perdrait alors sa plus belle qualité. Chaque fois que la créature nous aime dans notre Fiat, sa petite mer d’amour grandit dans notre mer divine. Nous nous sentons glorifiés et aimés en voyant grandir l’amour de notre créature.       

            Après quoi j’ai fait ma ronde dans la Création pour retracer tous les actes accomplis par la Divine Volonté, et mon aimable Jésus ajouta :

            Ma bienheureuse fille, la Création est le plus doux enchantement de la manifestation de notre amour envers les créatures. Il y a le bleu du ciel avec ses étoiles, le soleil étincelant, le vent, la mer, qui ne changent jamais. Ils parlent ainsi à l’homme de notre amour qui ne cesse jamais. Et sur la terre il y a les fleurs, les plantes, les arbres et les petites herbes qui tous ont une voix, un mouvement, une vie d’amour de leur Créateur, jusqu’aux plus petits brins d’herbe, afin de dire à tous l’histoire d’amour de celui qui les a créés pour l’homme.

            Les choses créées sur la terre semblent mourir, mais ce n’est pas vrai. Elles renaissent plus belles encore. Ce n’est rien d’autre que la nouvelle résurrection de l’amour de Dieu pour les créatures, et pour donner une douce surprise d’amour, alors qu’elles semblent mourir, elles renaissent plus belles encore. Et le Créateur, pour être aimé, met devant les yeux de l’homme le nouvel enchantement des floraisons et des fruits. On peut dire que chaque fleur et chaque plante apporte le baiser, le « Je t’aime » de son Créateur à celle qui les regarde et les prend. Notre Amour suprême attend ainsi que la créature nous reconnaisse en chaque chose et nous envoie son « Je vous aime. » Mais nous attendons en vain.

            Dans toutes les choses créées, notre Être suprême manifeste notre puissance d’amour, de sagesse, de bonté et d’ordre, et nous les présentons à l’homme afin qu’il nous aime avec un amour puissant, sage et plein de bonté ; c’est-à-dire, que l’image de notre amour divin soit en lui. Celle qui vit dans notre Volonté peut recevoir cela, parce que nous pouvons dire qu’elle vit de notre vie. Mais en dehors de notre Volonté, l’amour est faible, la sagesse insipide, la bonté se change en défaut et l’ordre lui-même en désordre. Pauvre créature sans notre Volonté, combien elle inspire la pitié ! Plus encore, nous aimons la créature avec un amour incessant et nous voulons trouver en elle l’amour qui ne finit jamais. Lorsque la créature ne nous aime pas, elle forme de grands vides de notre amour dans son âme. Et notre amour, ne trouvant pas son amour dans ces vides, ne trouve pas d’endroit où se reposer. Il demeure suspendu, il erre, court, vole et ne trouve personne qui le reçoive. Il crie, souffre le martyre et dit : « Je ne suis pas aimé. J’aime et je ne trouve personne qui m’aime. »

            Puis il ajouta avec un accent plus tendre :

            Très chère fille, si tu savais jusqu’où peut aller mon amour pour celle qui vit dans ma Divine Volonté, tu m’aimerais tellement que ton cœur exploserait de joie, et ton amour et le mien te garderaient consumée, dévorée d’un pur amour pour moi. Tu dois savoir que ma Divine Volonté rassemble tout ce que fait la créature qui vit en elle. Rien de ce qui est fait dans mon Fiat ne peut en sortir ; tout demeure dans nos champs de lumière. Et ma Volonté, pour se réjouir, rassemble le mouvement de la créature, son amour, sa respiration, ses pas, ses paroles, ses pensées et tout ce que la créature a fait dans notre Vouloir afin de tout incorporer dans notre vie. Nous ressentons le besoin que les créatures continuent leur respiration, leurs mouvements et leurs pas dans les nôtres.

            C’est pourquoi nous appelons celle qui vit dans notre Vouloir : notre souffle, notre battement de cœur, notre mouvement et notre amour. Nous ne pouvons ni ne voulons détacher de nous-mêmes le souffle de celle qui vit dans notre Vouloir ; nous sentirions alors notre vie nous être arrachée. Aussi, lorsque cette créature agit, respire, etc., ma Volonté se met en fête et va rassembler avec beaucoup d’amour ce que la créature fait, comme si ma Volonté avait contribué à former la respiration et le mouvement dans la créature, et comme si la créature contribuait à donner la respiration et le mouvement à Dieu. Tels sont les excès et les inventions de notre amour qui est heureux lorsqu’il peut dire : « Ce que je fais, la créature le fait aussi. Nous agissons, nous soupirons et nous aimons ensemble. » C’est alors que nous ressentons le bonheur, la gloire, et la réciprocité de notre œuvre créatrice qui, tout comme elle est sortie de notre sein paternel dans une flamme d’amour, nous revient, tout amour, dans notre sein divin.

6.  6 mai 1938 — Pour vivre dans le divin Vouloir, il suffit de le vouloir et de faire les premiers pas. La Divine Volonté possède la vertu génératrice et là où elle règne, elle génère sans jamais s’arrêter. Caractère inséparable des œuvres de Notre-Seigneur pour qui vit dans son Vouloir.

       Mon pauvre esprit est sous une multitude de pensées concernant le divin Vouloir. Elles semblent être des messagères qui nous apportent des informations sur ce saint Vouloir. J’étais surprise lorsque mon doux Jésus est revenu vers sa petite fille et, toute bonté, il m’a dit :

            Ma bonne fille, il est extrêmement simple d’entrer dans ma Volonté parce que ton Jésus n’enseigne jamais des choses difficiles. Mon amour fait que je m’adapte à la capacité humaine de sorte que la créature peut faire sans difficulté ce que j’enseigne et que je veux.

            Tu dois savoir que pour que la créature entre dans mon Fiat, la première chose indispensable est de le vouloir, de le désirer avec fermeté, de vouloir vivre en lui. Deuxièmement, lorsque ce premier pas est franchi, ma Divine Volonté entoure la créature de lumière et d’une telle attirance (pour la Divine Volonté) que la créature perd le désir de faire sa propre volonté parce qu’après ce pas, elle s’est sentie souveraine et la nuit de ses passions, de ses faiblesses et de ses misères s’est changée en jour, en force divine. Par conséquent, elle ressent le besoin extrême de faire un second pas, qui en appelle un troisième, un quatrième, un cinquième, etc. Ces pas sont des pas de lumière qui embellissent la créature, la sanctifient, la rendent heureuse, la dirigent et la font participer à la ressemblance de son Créateur, si bien que la créature n’éprouve pas seulement le besoin extrême de vivre dans mon Vouloir, mais ressent aussi mon Vouloir comme sa propre vie dont elle ne peut se séparer.

            Vois-tu alors combien c’est facile ? Mais il est nécessaire de le vouloir. Lorsque la créature veut rentrer dans mon Fiat, ma bonté paternelle orne cette volonté de grâce, d’amour et de bonté. Et comme c’est ce que je veux moi aussi, j’ajoute ce qui est à moi et, si nécessaire, j’y mets ma propre vie pour lui donner toute l’aide et tous les moyens, et ma vie contre la sienne pour la faire vivre dans mon divin Vouloir. Je ne m’épargne rien lorsqu’il s’agit de faire vivre la créature dans mon Vouloir.

            Ma fille, notre amour est si grand que nous établissons divers niveaux de sainteté et divers moyens de sainteté et de beauté pour orner l’âme dans notre Divine Volonté. Nous les faisons distinctes les unes des autres ; distinctes en beauté, en sainteté, en amour, toutes belles mais distinctes entre elles. Certaines resteront dans la mer de lumière pour jouir des biens que possède ma Volonté. D’autres resteront sous l’action de ma lumière opérante. Ce seront les plus belles. Nous mettrons en jeu tout notre art créateur, notre art opérant. En trouvant la créature dans notre Vouloir, nous pouvons faire tout ce que nous voulons. La créature se prêtera à recevoir notre puissance créatrice. Et nous créerons avec délice de nouvelles beautés, une sainteté encore inconnue, et un amour jamais encore donné aux créatures – parce que la créature n’avait pas encore en elle la vie, la lumière et la force de notre Vouloir pour être capable de le recevoir. Nous entendrons dans la créature notre écho, la force génératrice qui toujours génère l’amour, la gloire, et la répétition continuelle de nos actes et de notre vie.

            La vie de notre Fiat est exactement cela : générer. Et là où règne la vie de notre Fiat, il génère continuellement, sans jamais s’arrêter. Il génère en nous et conserve la vertu génératrice de la sacro-sainte Trinité. Il génère de la créature où il règne, et génère notre image d’amour et de sainteté.

            Nous avons donc encore beaucoup de travail à faire dans la Création. Nous devons reproduire nos actes et nos œuvres qui serviront de plus bel ornement à notre céleste Patrie.

            Après quoi mon esprit se perdit dans la mer du Fiat qui me rendait tout présent, et tout semblait être à moi, de même que tout était à Dieu. Mon bien-aimé Jésus, comme s’il suffoquait dans ses flammes d’amour, ajouta :

            Ma bienheureuse fille, celle qui vit dans ma Volonté a toujours été inséparable de son Créateur. D’aussi loin que l’éternité, cette créature était toujours avec nous. Notre divin Vouloir nous a apporté cette créature et l’a placée dans nos bras et dans notre sein, et il nous l’a fait aimer, courtiser et apprécier. Et depuis ce moment, nous sentons en nous son amour palpitant qui nous appelait à travailler de nos mains créatrices pour faire une de nos plus belles images. Oh ! combien nous aimions trouver dans notre Volonté une créature en qui nous pouvions déployer notre œuvre créatrice.

            Tu dois savoir que lorsque moi, le Verbe éternel, dans l’excès de mon amour, je descendis du ciel sur la terre, ces âmes qui vivent et vivront dans mon Fiat, étant inséparables de nous, sont descendues avec moi. Et avec la céleste Reine à leur tête, elles formaient mon peuple, mon armée fidèle, mon vivant palais Royal dans lequel je me constituais vrai Roi de ces enfants de mon divin Vouloir. Je ne serais jamais descendu du ciel sans être accompagné de mon peuple, sans un Royaume où je pouvais régner avec mes lois d’amour.

            Pour nous, tous les âges sont comme un seul point dans lequel tout nous appartient et où nous trouvons tout en acte. Je suis descendu du ciel comme maître et Roi de mes enfants. Je me suis vu courtisé et aimé comme nous savons aimer nous-mêmes. Mon amour était si grand que je les ai fait demeurer conçus avec moi. Je n’aurais pas pu tolérer de ne pas trouver mes enfants qui m’aimaient. Nous avons vécu ensemble dans le sein de ma Maman souveraine. Ils sont nés de nouveau avec moi et ont pleuré avec moi. Ce que j’ai fait, ils l’ont fait. Nous avons marché, travaillé, prié et souffert ensemble. Et je peux dire qu’ils étaient également avec moi sur la croix pour mourir et ressusciter à une vie nouvelle que je suis venu apporter aux générations humaines.

            Ainsi, le Royaume de notre Volonté est déjà établi. Nous connaissons leur nombre ; nous savons qui ils sont et nous connaissons leurs noms. Notre Volonté nous fait déjà sentir leur ardente palpitation d’amour. Oh ! combien nous les aimons et comme nous languissons après ce temps !

7.  10 mai 1938 — Afin d’être aimé, Dieu met son amour dans le cœur de la créature et le convertit en argent. Les veilles de Jésus. La divine Paternité et la filiation de celle qui vit dans la Divine Volonté. Jésus écrit avec des lettres indélébiles: «Ma fille.»

        Quelle nuit éternelle ! J’attendais que mon doux Jésus vienne me calmer. Finalement, après une longue attente, mon cher Jésus se fait voir tout anxieux. Et toute bonté, il me dit :

            Pauvre fille, comme il est dur de veiller, n’est-ce pas ? Combien de fois ton Jésus se trouve dans cette souffrance, si cruelle et torturante ! Combien de veilles les créatures me font faire ! Je peux dire que je suis toujours en veille et je souffre de l’impatience de mon amour. Si la créature pèche, je la sens s’échapper de mes bras. Et je l’observe. Je la regarde. Je la vois entourée de démons qui font la fête et arrivent à ridiculiser le bien qu’elle a fait. Pauvre bien, couvert de la boue du péché. Comme j’aime toujours la créature, je lui envoie un peu de lumière, et je l’observe. Je lui envoie du remords pour qu’elle se relève, et je l’observe. Les minutes me semblent des âges et je ne peux pas me calmer si je ne la vois pas revenir dans mes bras, et je l’observe, et je l’observe. J’épie les battements de son cœur, les pensées de son esprit pour provoquer la mémoire de mon amour pour elle. Mais non, c’est en vain. Et je suis contraint d’observer. Quelle dure veille ! Si elle revient vers moi, je me repose un peu. Sinon, je continue ma veille. En voilà une autre qui veut faire un bien et prend son temps et ne se décide jamais, et je la regarde. J’essaye de l’attirer avec mon amour, avec des inspirations et même des promesses. Mais elle ne se décide pas. Elle trouve toutes sortes de prétextes, de difficultés, et me maintient en veille. Combien de veilles ! Combien de veilles les créatures m’obligent à faire, et de tant de façons. Ton attente me permet d’avoir un peu de compagnie dans ma veille continuelle. Ainsi, nous souffrons ensemble. Aime-moi, et je trouverai un peu de repos dans mes nombreuses veilles.

            Après quoi il ajouta avec un accent plus tendre :

            Fille de mes souffrances, veux-tu savoir qui ne me donne pas cette dure souffrance d’avoir à veiller ? Celle qui vit dans ma Volonté. Lorsqu’elle décide de vivre dans ma Volonté, je déclare qu’elle est ma fille et j’appelle le ciel tout entier et la sacro-sainte Trinité à fêter la nouvelle fille que j’ai acquise. Tout le monde la reconnaît parce que j’écris « Ma fille » avec des lettres indélébiles dans mon Cœur et dans mon amour qui brûle toujours. 

            Dans mon Vouloir, elle est toujours avec moi. Tout ce que je fais, elle le fait. Par conséquent, dans mes renaissances continuelles, elle renaît avec moi et j’écris : « La fille de ma naissance » même dans mes larmes. Bref, si je souffre, si je travaille, si je marche, j’écris : « La fille de mes souffrances, de mes œuvres, la fille de mes pas. » Je l’écris partout.

            Tu dois savoir qu’entre la paternité et la filiation, il y a des liens indélébiles. Personne ne peut refuser de reconnaître les droits de paternité et de filiation, ni dans l’ordre surnaturel ni dans l’ordre naturel. Ainsi, moi, le Père, j’ai le devoir de constituer héritière de mes biens, de mon amour, de ma sainteté celle qui, avec tant de solennité a déclaré être ma fille ; au point que je le porte écrit dans mon Cœur. Si je ne l’aimais pas, je trahirais mon amour paternel ; par conséquent, je ne peux pas ne pas l’aimer. De plus, cette enfant a le devoir de m’aimer et de posséder les biens de son Père, de le défendre, de le faire connaître et de donner sa vie pour que personne ne m’offense.

            Et, oh ! comme il est beau de voir mes enfants vivre dans mon Vouloir et en arriver à me dire : Mon Père, tu as veillé trop longtemps. Tu es fatigué, repose-toi. Et pour que ton repos soit doux, repose-toi dans mon amour et c’est moi qui veillerai. Je prendrai ta place auprès des âmes. Qui sait si tu ne trouveras pas quelqu’un lorsque tu te réveilleras. Et moi, je me confie à ces enfants, et je me repose un peu.

            Y a-t-il quelque chose que l’âme qui vit dans notre Volonté ne puisse faire ? Elle peut tout faire pour moi parce que sa lumière traverse toutes mes souffrances. Et je fais tout pour cette enfant. Nous alternons entre nous les veilles et les repos. Comme il est beau de vivre dans mon Vouloir : la créature s’y trouve déjà dans nos propres conditions. Ce que nous voulons, elle le veut. Et voici la chose la plus sainte, la plus grande, la plus noble et la plus remplie de majesté de pureté : vouloir ce que Dieu veut. Vouloir ce que Dieu veut – aucun acte ne parvient à une hauteur aussi sublime, à une valeur infinie. Dieu est saint, pur, ordre et bonté. En voulant ce que Dieu veut, la créature veut ce qui est saint, pur et bon ; et avec la plénitude de l’ordre, elle se sent renaître en Dieu, et elle fait ce que Dieu fait. Dieu fait tout, embrasse tout et il est le mouvement de tous. Et cette âme concourt à ce que Dieu fait. Pourrait-elle jamais faire un plus grand bien ? C’est pourquoi il n’y a rien qui puisse atteindre ou surpasser la vie dans mon Vouloir. Par conséquent, vit toujours dans mon Fiat et nous serons heureux, toi et moi.

8.  15 mai 1938 — La parole de Dieu est vie et renferme tous les âges. Il regarde toutes les générations humaines en une seule créature. Jésus ne sait que faire avec celle qui ne l’aime pas. Comment Jésus se fait trouver dans les nécessités des créatures. Jésus ne regarde pas ce que la créature ressent, mais plutôt ce qu’elle veut.

        Je me sentais immergée dans le divin Vouloir. Sa lumière me faisait comprendre de nombreuses vérités, mais je me sentais incapable de les enclore dans un si petit esprit. Et j’éprouvais une répugnance à les manifester et à les mettre sur le papier. Mon doux Jésus, visitant ma pauvre âme, toute tendresse et compassion pour mon incapacité, me dit :           

            Ma pauvre fille placée devant l’immensité de mon Vouloir est confuse et voudrait rester dans un doux repos pour profiter des joies et de son bonheur, dont elle est remplie. Mais non, ma fille. Il est également nécessaire de travailler. Au ciel, c’est toujours la joie, mais sur la terre, il y a alternance entre la joie et le travail. Pour toi, le travail c’est manifester et écrire. Entrer dans ma Volonté, c’est posséder les joies les plus vraies et les plus grands bonheurs. Mais dans le travail, je ne te laisse jamais seule ; j’en fais plus que toi, et tu n’aurais pas été capable de le faire sans moi.

            Tu dois savoir que notre amour est si grand que lorsque notre bonté décide de dire une parole, de manifester une vérité hors de notre suprême Majesté, nous formons cet acte en nous-mêmes. Nous enfermons le bien qui doit être produit par cette vérité que nous faisons sortir. Lorsque tout est prêt et complet – le bien que nous devons donner aux créatures en vertu de cette vérité que nous manifestons – nous offrons alors cette vérité à la créature comme porteuse du bien que nous voulons donner aux générations humaines. Par conséquent, notre parole renferme tous les âges. Et puisque nos paroles sont vie, elles possèdent la force créatrice. En tout lieu où parviendra notre parole, les créatures sentiront que nous créons la vie et elles ressentiront le bien que notre vérité leur apporte.

            Par conséquent, arrêter nos paroles en ne les manifestant pas signifie arrêter tout le bien et toutes nos vies que nos paroles peuvent produire. Et je sais, ma fille, que tu ne voudrais pas me causer cette peine et empêcher ce grand bien aux générations humaines, n’est-ce pas ? Celle qui m’aime ne peut rien me refuser, pas même le sacrifice de sa vie. Par conséquent, sois attentive. Et ne te rends pas responsable d’avoir empêché tant de nos vies divines qui doivent prendre vie dans les créatures.

            Après quoi je souffrais tellement que je voulais rendre mon dernier souffle. Jésus accourut immédiatement pour me soutenir dans ses bras et il me dit :

            Quoi ? Tu veux venir au ciel ?

            Et moi : Oui, je le veux. Je voudrais que tu décides de m’emmener.

            Jésus : Ma fille, et qu’est-ce que nous ferions de la terre ?

            Moi : Je ne sais rien et je ne suis bonne à rien. De plus, que m’importe la terre ?

            Jésus poursuivit : Ma fille, et pourtant, tu dois t’y intéresser parce que c’est l’intérêt de ton Jésus, et ton intérêt et le mien doivent ne faire qu’un. Tu dois savoir que c’est encore trop tôt et que tout n’a pas encore été manifesté concernant la Divine Volonté ; car plus elle est manifestée, plus les âmes sont prises dans le filet de sa lumière. Et aussi, plus la Divine Volonté grandit et vient à maturité dans une créature, plus la créature acquiert le droit de la recevoir et plus nous sommes portés à embellir les générations humaines pour leur faire posséder la vie de notre Volonté, parce que notre bonté et notre amour sont si grands qu’en une seule créature, nous les voyons toutes, et que pour l’amour d’une seule, nous faisons du bien à chacune.

            Mais qui reçoit surabondamment ce bien qui est fait à chacune ? Celle qui a été la première à recevoir ce bien, qui a eu la bonté de nous écouter et de considérer nos vérités comme si elles étaient plus que sa propre vie et qui, sans s’occuper de sa propre vie, est prête à la sacrifier à chaque instant par amour pour nous, à nous faire faire ce que nous voulons de cette vie. Cela a tant de force sur notre Être suprême, il en est tellement transporté, qu’une seule âme suffit pour que toutes reçoivent ce bien.

            Mieux encore, les générations humaines sont reliées ensemble, plus que les membres du corps. Par conséquent, il n’est pas étonnant qu’un seul membre sain et bon fasse couler ses saints fluides vitaux corporels dans les autres membres. Ainsi, la force d’une seule créature qui vit dans notre Volonté est omnipotente au point de pouvoir mettre sens dessus dessous le ciel et la terre, de vaincre Dieu et les créatures. Par conséquent, laisse-moi terminer, et alors je t’emmènerai immédiatement.

            Puis il ajouta : Ma fille, plus on souffre, plus on ressent le besoin d’être aimé. Celui qui a le plus souffert, c’est moi. Par conséquent, les souffrances, mon Sang versé et mes larmes, se changent en voix amoureuses et suppliantes qui veulent être aimées par celles qu’elles aiment tant, qui m’ont fait tellement souffrir et pleurer. Et celles qui m’aiment m’apportent le plus doux réconfort à mes souffrances et sèchent mes larmes, et mon Sang se convertit pour elles en un bain d’amour. 

            Mais sais-tu qui est celle qui change mes souffrances et mes pleurs en joie, en satisfactions ? Celle qui vit dans ma Divine Volonté, parce que dans la Divine Volonté, l’âme trouve l’amour qui m’aime toujours. Cette âme est le soutien de mes souffrances et mon continuel réconfort. Et je me sens comme un Roi victorieux qui bien que blessé a gagné la volonté de la créature avec les armes de ses souffrances et de son amour. Oh ! combien je suis heureux de me sentir aimé et de vivre avec celle pour qui j’ai mené une douloureuse et sanglante bataille.

            Mieux encore, j’ai tout créé pour être aimé et si l’amour me manque, je ne sais que faire de la créature parce que je ne trouve pas ce que je veux. Tout au plus peut-il y avoir des diversités d’amour. Il peut y avoir l’amour sous forme de réparation, l’amour sous forme de compassion, l’amour sous forme d’imitation, mais c’est toujours l’amour que je veux. Si je ne trouve pas l’amour, ce ne sont pas des choses pour moi. Et comme l’amour est l’enfant de ma Volonté, si je trouve l’enfant, je trouve la Mère ; par conséquent, je trouve tout, et tout ce qui signifie quelque chose pour moi. Alors je me repose et je suis heureux dans la créature, et la créature est heureuse et se repose en moi, et nous nous aimons d’un même amour.

            Et moi : Mon bien-aimé Jésus, si tu languis tellement d’être aimé et que les créatures fassent ce que tu veux, pourquoi ne fais-tu pas abonder tellement tes grâces dans la créature qu’elles en ressentent la force d’agir et de t’aimer comme tu le veux ?

            Et Jésus : Ma fille, au contraire, je veux donner à la créature la force nécessaire, et même en surabondance, mais au moment et dans l’acte où la créature agit elle-même et opère ce que je veux, et pas avant. Je ne sais pas donner des choses inutiles, parce que les créatures m’en seraient encore plus redevables si elles en avaient la force et ne faisaient pas ce que je veux.    

            Combien de fois, avant de passer à l’acte, les créatures se sentent impuissantes, et sont investies d’une force et d’une lumière nouvelle lorsqu’elles passent à l’action ? C’est moi qui les investis, parce que je ne manque jamais de donner la force nécessaire pour faire un bien. La nécessité me lie et me contraint, s’il est nécessaire, à faire ensemble ce que fait la créature. Ainsi, dans les vraies nécessités, c’est moi qui les veux et je me trouve toujours avec les créatures dans leurs nécessités. Si ce qu’elles font n’est pas nécessaire, je me mets de côté et je les laisse faire elles-mêmes.

            Après quoi je me disais : « Comme je suis misérable. J’ai l’impression de n’avoir rien fait pour Jésus en comparaison de tant de grâces. Qui sait comment je devrais l’aimer. Au contraire, je suis froide. Il est vrai que je ne sais pas comment aimer quelqu’un d’autre sinon Jésus. Mais je devrais être complètement transformée en flammes et je ne le suis pas. » Mais pendant que je pensais cela, Jésus revint et me réprimanda doucement en me disant :

            Ma fille, qu’est-ce que tu fais ? Veux-tu perdre ton temps ? Ne sais-tu pas que ce que tu dois avoir à cœur, c’est de faire ma Volonté et de savoir si tu vis en elle ? En elle, tout est amour : la respiration, le battement de cœur, le mouvement, la volonté humaine elle-même ne veut rien savoir d’autre que m’aimer. Ma Volonté, jalouse de cette créature, forme l’air d’amour pour la créature de sorte qu’elle ne respire que l’amour. Et ton Jésus ne regarde jamais le sentiment de la créature. Il regarde plutôt sa volonté et ce qu’elle veut. C’est cela que je prends. Combien de fois les créatures ressentent et ne font pas. Au contraire, si la créature veut, tout est fait.

            De plus, dans ma Volonté, rien n’est perdu. Pour qui vit dans ma Volonté, celle-ci tient compte de tout : les respirations, les battements de cœur, les petits Je vous aime. Tout ce qui est fait dans ma Volonté demeure écrit avec des caractères indélébiles de lumière et forme la vie de mon Vouloir dans la créature. Et souvent, les dons que je fais aux créatures, les actes que la créature a accomplis, demeurent cachés comme sa propriété dans les profondeurs de sa volonté (à l’intérieur de la mienne) et il lui semble n’avoir rien fait. Mais ce n’est pas vrai. Selon les circonstances, ma Volonté lui fera sentir que sa lumière est en elle plus qu’un soleil, que la sainteté est à sa place d’honneur et que les vertus sont toutes dans l’acte de faire preuve d’héroïsme, s’il était besoin de les exercer.

            Ma Volonté sait comment maintenir l’harmonie et son ordre divin là où elle règne. Et tout ce que fait ma Volonté acquiert le sceau de l’Éternel. Aussi, vis dans ma Volonté et ne pense à rien d’autre ; ma Volonté veillera à ton bien-être mieux que toi.

9.  17 mai 1938 — L’âme est la voix, le chant et les mains pour jouer (de l’instrument) ; le corps est l’orgue. Le divin Vouloir veut les plus petits actes afin de faire lever son soleil. Ce que le soleil sème sur la terre ; ce que la Divine Volonté sème. Le mariage que Dieu prépare avec ses vérités.

        Continuant mon vol dans le divin Vouloir, je sens qu’il m’investit entièrement et veut occuper sa place royale dans les plus petits de mes actes, même les plus naturels, et peut-être même dans mon néant. Et s’il ne le faisait pas, il ne pourrait pas dire que la plénitude de sa Volonté règne dans la créature. Mon cher Jésus, répétant sa brève petite visite, toute bonté, me dit :

            Ma fille, tout ce qui est sorti de nous, l’âme et le corps, a été formé par nous de nos mains créatrices. Tout doit donc être nôtre. Nous avons fait du corps un orgue. Et chaque acte qui devait être fait pour accomplir la Divine Volonté aurait dû former une clé qui devait contenir de nombreuses notes, et des concerts de musique tous distincts les uns des autres. Et l’âme devait être celle qui, en union avec le corps, devait former la voix, le chant. Et en touchant ces clés, elle aurait dû former la plus belle des musiques.

            Mais un orgue sur lequel personne ne joue est semblable à un corps mort. Il ne peut divertir ni réjouir personne. Et celui qui connaît la musique, s’il ne possède pas d’instrument pour jouer, ne peut pas pratiquer son art. Il est donc nécessaire d’avoir quelqu’un qui parle, qui agit, qui a la vie pour former de la belle musique. Mais il faut également l’instrument qui contienne les clés, les notes et tout le reste. Les deux sont nécessaires. C’est le cas avec l’âme et le corps. Il y a entre les deux une harmonie, un ordre et une union qui font que l’un ne peut rien faire sans l’autre.

            C’est pourquoi je veille avec attention sur tes pas, tes paroles, le mouvement de tes pupilles, tes plus petits actes, afin que ma Volonté y ait sa vie, sa place.

            Peu importe si l’acte est naturel ou spirituel, grand ou petit. Mais nous regardons attentivement pour voir si tout est à nous, si notre Vouloir a fait lever son soleil de lumière, de sainteté, de beauté et d’amour. Et nous nous servons même des plus petits actes pour accomplir nos plus merveilleux prodiges et former les plus belles scènes pour notre divertissement. N’est-ce pas à partir de rien que nous avons formé les merveilles et l’enchantement de toute la Création ? Dans la Création de l’homme, n’est-ce pas à partir de rien que nous avons formé tant d’harmonies, au point de faire l’homme à notre image et à notre ressemblance ? Ma fille, si la Création ne devait nous donner que ce qui est spirituel, elle nous donnerait fort peu. Au contraire, en nous donnant même ses plus petits actes naturels, elle peut toujours nous donner, nous sommes en relation continuelle et l’union entre nous et la créature ne s’interrompt jamais. Mieux encore, les petites choses sont toujours présentes chez les petits comme chez les grands, chez l’ignorant comme chez le savant. Respirer, se mouvoir, se servir de choses personnelles, ce sont des choses que tout le monde doit faire et continuer à faire. Et lorsque ces choses sont faites pour l’amour de nous, pour que nous formions la vie de la Divine Volonté en elles, voilà notre triomphe, notre victoire, et la raison pour laquelle nous avons fait la créature. Vois-tu alors combien il est facile de vivre dans notre Vouloir ? Il n’est pas nécessaire de faire des choses nouvelles, mais plutôt ce que l’on fait toujours, c’est-à-dire vivre sa vie comme nous l’avons donnée, dans notre Volonté.

            Après quoi mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, tout comme le soleil sème chaque jour lumière, chaleur, douceur, parfum, couleur et fécondité avec diversité pour embellir ainsi toute la terre, et que par le toucher de sa lumière et la formation de sa chaleur il féconde les plantes, les fait mûrir, produit la variété des couleurs et des parfums dans les fleurs pour le doux enchantement des générations humaines, il en va de même pour celle qui vit dans ma Volonté. La Divine Volonté surpasse l’action du soleil et sème en celle qui vit en elle : lumière, amour, variété de beautés et de sainteté, donnant à chaque semence la divine fécondité. Et comme il est beau de voir cette créature embellie, fécondée par notre divine semence ! La beauté de cette créature est extraordinaire, au point de faire l’enchantement de nos pupilles divines !

            Ma fille, pour recevoir la semence du soleil, la terre, les fleurs et les plantes doivent accepter de recevoir le contact de sa lumière et de sa chaleur, sinon le soleil restera dans les hauteurs de sa sphère sans pouvoir agir sur la terre qui sera stérile, sans fécondité ni beauté. Car pour donner et recevoir un bien, il est nécessaire d’avoir une union, un accord de part et d’autre, sans quoi il est impossible à l’un de donner et à l’autre de recevoir. De la même manière, l’âme, pour recevoir la semence de ma Volonté, doit vivre en elle. Elle doit être toujours en union avec cet accord. Elle doit se rendre malléable pour recevoir la vie nouvelle que ma Volonté veut lui donner. Sinon, ma Volonté fait comme le soleil : elle ne sème pas et la créature demeure stérile, sans beauté, dans l’obscurité de sa volonté humaine. C’est pourquoi je veux que l’âme vive dans mon Vouloir, non seulement pour que je puisse semer, mais afin que ma semence ne soit pas perdue. Je me fais cultivateur afin de produire les plus grandes variétés de beautés.

            Puis il ajouta avec encore plus de tendresse :

            Ma bonne fille, mon amour veut toujours se lier davantage à la créature, et plus il manifeste de vérités sur ma Volonté, plus je crée de liens d’union entre Dieu et la créature. Et en manifestant ces vérités, mon amour prépare le mariage entre Dieu et l’âme. Et plus il manifeste, plus le mariage sera célébré avec pompe et luxe. Veux-tu savoir quelque chose ? Mes vérités serviront de dot pour pouvoir te marier à Dieu. Elles feront connaître à l’âme qui est Celui qui s’abaisse et dont l’amour l’amène au point de vouloir s’unir (à l’âme) par les liens du mariage. Mes vérités touchent et retouchent la créature, elles la façonnent, forment en elle la vie nouvelle et restaurent et embellissent en elle notre image et notre ressemblance comme lorsque nous l’avons créée, et elles impriment sur elle le baiser divin d’union inséparable.

            Une seule de nos vérités peut former une mer de prodiges et de créations divines en celle qui a le bonheur de l’écouter. Une seule de nos vérités peut changer un monde en le faisant passer de la perversité au bien et à la sainteté, parce que cette vérité est une vie qui vient de nous pour être manifestée pour le bien de tous. C’est un nouveau soleil que nous faisons se lever dans les intelligences créées et qui, par sa lumière et sa chaleur, se fera connaître pour transformer en lumière et en chaleur celle qui possède le bien de l’écouter. C’est pourquoi cacher une vérité que nous voulons avec tant d’amour faire sortir de notre sein paternel est le plus grand des crimes, et prive les générations humaines du plus grand des biens.

            De plus, celle qui vit dans notre Vouloir, en nous épousant, met tous les saints en fête. Chacun participe à la noce divine, et la fête a lieu au ciel et sur la terre. Chaque acte de la créature qui vit dans notre Vouloir est une fête et un banquet préparé pour les Régions célestes. Et les saints échangent des cadeaux nouveaux avec la créature, et ils implorent Dieu de lui manifester d’autres vérités afin d’agrandir toujours davantage les limites de la dot laissée par Dieu à cette créature.

10.  19 mai 1938 — La Divine Volonté forme la paralysie de tous les maux ; la volonté humaine paralyse le bien. Aimer, c’est posséder. Dieu en vient à être formé dans la créature, et la créature en Dieu. Craintes concernant les écrits.

       Je suis toujours dans la mer du divin Vouloir qui semble désirer que je sois attentive à ne pas laisser ma pauvre volonté humaine tourmentée entrer en moi. J’étais inquiète. Et mon doux Jésus, visitant ma petite âme, me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage ; n’aie pas peur. La vertu et la puissance de ma Volonté sont si grandes que personne ne peut entrer en elle et continuer à vivre. De sorte que tous les maux restent paralysés, aussi bien que les passions et les mauvaises œuvres. La volonté humaine subit une telle défaite qu’il lui semble mourir, mais elle ne meurt pas. Mais l’âme, avec grand plaisir, comprend que si elle sent le mal paralysé, la vie du bien grandit avec la lumière qui ne s’éteint jamais, la force qui jamais ne manque, et l’amour qui aime toujours. L’héroïsme du sacrifice et une invincible patience s’élèvent dans l’âme. Je peux dire que ma Volonté met le « Ça suffit » sur les maux de la créature, parce qu’il ne peut y avoir de commencement et de vie du bien que dans ma Volonté.

            Si mon Fiat a le pouvoir de paralyser les maux, c’est le bien qui demeure paralysé lorsque la volonté humaine domine seule dans la créature. Pauvre bien sous la paralysie de la volonté humaine ! La créature veut marcher et elle arrive à peine à se traîner. Elle veut agir, et les bras lui tombent. Elle veut penser, et elle se sent étourdie et stupide. La volonté humaine sans ma Volonté marque le commencement de tous les maux et la ruine totale de la pauvre créature.         

            Après quoi mon bien-aimé Jésus ajouta avec un doux accent :

            Ma fille, celle qui veut me posséder doit m’aimer. Aimer, c’est posséder. Lorsque tu m’aimes, je suis formé dans ton âme et je grandis à mesure que tu me retournes mon amour, parce que seul l’amour me fait grandir. Et lorsque tu répètes ton amour, je me fais connaître pour me faire aimer davantage. Ainsi, tu m’aimes et je te fais sentir combien je t’aime.

            Lorsque tu m’aimes, je t’aime et je te possède. Et alors que nous nous aimons tour à tour, tu es formée en moi, tu grandis, je te nourris de mon amour, je te forme dans la vie de mon Vouloir, je t’inonde de mes mers d’amour pour te faire sentir combien je t’aime et avec quelle tendresse je te fais grandir dans mon Cœur, combien je te garde jalousement afin que tu m’aimes davantage et que tu fasses preuve envers moi de la même tendresse en gardant jalousement mon amour. Et la créature veille à chaque instant à me donner sa vie pour m’aimer et me rendre heureux et content dans son âme, tout comme je la rends heureuse et contente dans mon Cœur !

            L’amour veut marcher la main dans la main. Et si une personne aime sans être aimée, elle est malheureuse et ressent l’amertume de celle qui devrait l’aimer et ne l’aime pas. Aussi, aime-moi toujours. Et si tu veux vraiment m’aimer, aime-moi dans mon Vouloir où tu trouveras l’amour qui ne finit jamais, et tu formeras pour moi des chaînes d’amour si longues qu’elles m’attacheront au point où je ne saurai plus comment me libérer de ton amour.

            Après quoi je pensais au grand sacrifice de devoir écrire, à ma répugnance, aux combats que je menais pour prendre la plume, et que seule la pensée de déplaire à mon cher Jésus me faisait faire le sacrifice d’obéir à celui que me commandait de le faire. Et pourtant, je me disais : « Qui sait où et en quelles mains ils finiront par arriver* ? Qui sait combien de chicanes, combien d’oppositions et de doutes ils vont rencontrer ? » Je me sentais inquiète. Cette appréhension affligeait mon esprit et je me sentais mourir. Et mon doux Jésus est revenu pour me calmer et me dire :

            Ma fille, ne t’inquiète pas. Ces écrits ne sont pas les tiens, mais les miens. Et pour ce qui est des mains dans lesquelles ils arriveront, personne ne pourra les toucher ni les détruire. Je saurai comment en prendre soin et les défendre, parce que c’est quelque chose qui me regarde. Et tous ceux qui les prendront avec bonne volonté y trouveront une chaîne de lumière et d’amour avec laquelle j’aime les créatures. Je peux appeler ces écrits l’exutoire de mon amour, les folies, les délires, les excès de mon amour avec lesquels je veux gagner les créatures pour qu’elles reviennent dans mes bras, et je leur ferai connaître à quel point je les aime. Je veux en arriver à l’excès de leur donner le grand don de la vie de ma Volonté parce que c’est uniquement ainsi que l’homme pourra se mettre en sûreté, ressentir les flammes de mon amour et savoir combien je l’aime.

            Quiconque lira ces écrits avec l’intention de trouver la vérité sentira mes flammes, se verra transformé en amour et m’aimera davantage. Par contre, l’âme qui les lira avec l’intention d’y chercher des arguties et des doutes, son intelligence sera aveuglée et rendue confuse par ma lumière et par mon amour. Ma fille, le bien et mes vérités produisent deux effets, l’un étant à l’opposé de l’autre : dans l’âme bien disposée, ils sont lumière pour former l’œil de son intelligence, et la vie pour lui donner la vie de sainteté que renferment mes vérités ; dans celles qui n’y sont pas disposées, ces écrits les aveuglent et les privent du bien que renferment mes vérités.

            Puis il ajouta : Ma fille, sois courageuse et sans inquiétude. Ce que ton Jésus a fait était nécessaire à mon amour et en raison de l’importance de ce que j’avais à te manifester concernant ma Divine Volonté. Je peux dire que ces manifestations devaient être utiles à ma vie et me permettre d’accomplir l’œuvre de Création. Il était nécessaire qu’au début de ton état, j’utilise tous ces stratagèmes d’amour, tous ces moments d’intimité avec toi qui paressent incroyables. Je t’ai fait vraiment souffrir pour voir si tu te soumettrais à tout. Je t’ai alors inondée de mes grâces, de mon amour, et soumise à nouveau à des souffrances pour être sûr que tu ne me refuserais rien. Et c’était pour gagner ta volonté.

            Oh ! si je ne t’avais pas montré combien je t’aimais, je ne t’aurais pas accordé tant de grâces ! Crois-tu qu’il était facile de te faire accepter cet état de souffrance, et pour aussi longtemps ? C’était mon amour et mes vérités qui te soutenaient et qui te maintiennent encore comme magnétisée en celui qui t’aimait tant. Mais tout ce que j’ai fait au commencement de ton état était nécessaire et devait servir de fondation, de décorum, de préparation, de sainteté et de disposition à la grande vérité que je devais te manifester sur ma Divine Volonté.

            En ce qui concerne les écrits, mon intérêt sera plus grand que le tien, car ils sont à moi. Et une seule vérité sur mon Fiat me coûte tellement que cela dépasse la valeur de toute la Création, parce que la Création est une mes œuvres, alors que ma vérité est une vie qui m’appartient. C’est une vie que je veux donner aux créatures. Et tu peux comprendre cela en raison de ce que tu as souffert et des grâces que je t’ai données pour arriver à te manifester mes vérités sur mon saint Vouloir. Alors, sois calme, et aimons-nous ma fille. Ne brisons pas notre amour qui nous a tellement coûté à tous les deux : à toi, en mettant ta vie sacrifiée à ma disposition ; et à moi, en me sacrifiant pour toi.

            Après tout ce que Jésus avait dit, je me sentais parfaitement calme. Lorsqu’il me parlait, la paix me revenait. Mais plus tard, en repensant à tout ce qui m’arrivait ces jours-ci, et qu’il n’est pas nécessaire de dire ici, je m’inquiétais à nouveau. Je me sentais épuisée et extrêmement faible. Et mon bien-aimé Jésus, pris de compassion, toute bonté, est venu me dire :

            Ma pauvre fille, tu es sans nourriture. C’est pourquoi tu n’as plus de force. Il y a deux jours que tu n’as pas pris de nourriture parce que n’étant pas en paix, je ne pouvais pas te donner la nourriture de mes vérités. Parce que ces vérités, si elles nourrissent l’âme, communiquent également la force au corps. De plus, étant inquiète, tu ne m’aurais pas compris et tu n’aurais pas été disposée à prendre une nourriture aussi exquise. Car tu dois savoir que la paix est la porte par où entrent les vérités, et qu’elle est le premier baiser et l’invitation que les créatures font aux vérités pour les écouter et les laisser parler. Par conséquent, si tu veux que je te donne beaucoup de nourriture, reviens à un état de paix.

            Durant ces jours où tu étais inquiète, le ciel, les anges et tous les saints tremblaient pour toi parce qu’ils sentaient sortir de toi un air malsain qui ne leur convenait pas. Aussi, chacun priait pour que tu retrouves la paix.

            La paix est le sourire du ciel, la source d’où jaillissent les joies célestes. De plus, ton Jésus n’est jamais troublé en dépit de toutes les offenses qu’ils peuvent me faire. Je peux dire : Mon trône est paix. C’est pourquoi je te veux complètement en paix, ma fille, jusque dans la manière dont nous devons nous adapter l’un à l’autre et nous ressembler l’un l’autre : je suis paisible, tu dois être paisible. Autrement, le Royaume de ma Volonté ne sera pas capable de se stabiliser en toi, parce que c’est un Royaume de paix.

* Quelques jours plus tard, le 31 mai, un représentant du Saint-Siège arriva soudainement et prit les 34 volumes de Louisa.

11.  27 mai 1938 — Les actes répétés et continuels relient davantage Dieu à la créature et forment la force de l’âme. Combien il est beau de vivre dans le divin Vouloir. Comment Dieu lui-même implore la créature. Une pluie d’amour que Dieu fait tomber sur la créature et une pluie d’amour que fait tomber celle qui vit dans le Fiat.

        Je ressens le besoin de m’enfermer dans le divin Vouloir pour continuer ma vie en lui. Oh ! comme je voudrais qu’il m’emprisonne dans sa lumière pour que je ne puisse rien voir ni sentir, excepté ce qui concerne sa Volonté. Et mon bien-aimé Jésus, me refaisant sa petite visite, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, je te veux ici dans mon Vouloir, emprisonnée, pour que rien d’autre n’ait de vie en toi. Tu dois savoir que toute l’harmonie de la créature est dans la continuité de ses actes bons accomplis dans mon Vouloir. Un seul acte ne forme pas une harmonie ni une variété de beautés. Mais de nombreux actes unis entre eux attirent l’attention de Dieu qui se met en attente des actes de la créature. Et lorsque la créature forme ses actes, Dieu va communiquer à celui-ci, la beauté ; à un autre, la sainteté ; à d’autres encore la bonté, la sagesse, l’amour. En somme, ses actes sont dotés par Dieu de sa décoration et de sa qualité divine. Les actes répétés dans la créature forment la force de l’âme, relient davantage Dieu à la créature, et forment le ciel dans les profondeurs de l’âme. Et à mesure que la créature répète ses actes, l’un devient une étoile, un autre un soleil, un autre un vent qui gémit et souffle de l’amour, un autre encore une mer qui continuellement murmure : « Amour, gloire, adoration à mon Créateur. » En somme, on peut voir l’atmosphère reproduite dans la créature.

            Par contre, lorsque les actes ne sont pas répétés continuellement, il leur manque la force de l’un dans celle de l’autre. Et il manque à l’acte la manière divine qui fait que lorsque la Divinité accomplit un acte, elle ne cesse jamais son action et la soutient continuellement de sa force créatrice. De plus, un acte seul n’a jamais formé de sainteté. Lorsque les actes ne sont pas continuels, ils ne possèdent ni la force ni la vie de l’amour, parce que l’amour ne dit jamais « Assez », il n’arrête jamais. Et si l’amour dit « Assez », l’amour se sent mourir. De plus, ce sont les actes continuels et répétés qui forment les belles surprises au ciel lorsqu’un acte arrive, procure sa joie, et qu’un autre le suit. Cette âme ne fait qu’envoyer des actes continuels au ciel et elle fait l’enchantement de la Patrie céleste. Ainsi, dans mon Vouloir, il y a toujours quelque chose à faire et il n’y a jamais de temps à perdre.

            Puis avec un accent d’amour plus fort et plus tendre, il ajouta :

            Ma fille, qu’il est beau de voir qu’une âme aime agir dans la Divine Volonté. Le ciel lui-même s’abaisse et tous s’arrêtent pour vénérer et adorer le Vouloir suprême parce qu’ils voient sa majesté, sa hauteur et sa puissance enfermées dans le petit cercle de la créature qui fait ce qu’il fait dans son royal Palace céleste, et célèbre avec faste son amour et ses œuvres. Le Vouloir suprême se sent si honoré qu’il se place lui-même comme une reine (dans la créature) pour avoir autant de reines que d’actes accomplis par la créature dans son Vouloir. Il sent son régime divin, son sceptre régnant qui se déploie à sa manière royale, la créature qui lui rend les honneurs qui lui sont dus. Et comme mon Fiat embrasse tout ce qui existe, le Vouloir suprême se sent glorifié comme si tous le faisaient régner. Nous ne pouvons pas trouver de beauté plus réelle, recevoir un amour plus grand, opérer des prodiges plus saisissants que dans celle qui aime vivre dans notre Vouloir.

            Mon désir est si grand que l’âme vive dans mon Vouloir, mon impatience et mes soupirs si ardents, que je vais répétant à l’oreille de son cœur : « Oh ! fais-moi plaisir, ne me laisse pas soupirer plus longtemps ! Si tu veux vivre dans mon Fiat, la nuit finira pour toi et tu verras la pleine lumière du jour. Chaque acte accompli dans mon Vouloir sera un jour nouveau, porteur de grâces nouvelles, d’un amour nouveau, de joies inattendues. Et toutes les vertus te feront fête. Elles occuperont leurs places d’honneur comme autant de princesses qui accompagneront ton Jésus et ton âme. Tu formeras pour moi un trône d’une très brillante lumière où je régnerai en roi en celle qui a formé mon royaume. Et, en toute liberté, je dominerai tout ton être, même ton souffle. Je t’accompagnerai avec toutes mes œuvres, mes souffrances, mes pas, mon amour et ma force qui serviront pour toi de défense, d’aide et de nourriture. Il n’est rien que je ne te donnerai si tu veux vivre dans ma Volonté. »

            Tu dois savoir que notre Être suprême maintient la créature sous une pluie torrentielle d’amour. Toutes les choses créées font pleuvoir l’amour sur elle. Le soleil fait pleuvoir sur elle sa lumière d’amour ; le vent fait pleuvoir sur elle sa fraîcheur et ses caresses amours ; l’air fait continuellement pleuvoir sur elle des vies d’amour ; et mon immensité qui l’enveloppe, ma puissance qui la soutient et la porte dans ses bras, mon acte créateur qui la conserve, font pleuvoir sur elle un amour immense, un amour puissant, un amour qui crée l’amour à chaque instant. Nous sommes toujours sur la créature pour l’envelopper et l’inonder dans l’amour. C’est ainsi que la créature nous met dans un délire d’amour, et elle-même ne se laisse pas gagner à nous aimer. Quelle souffrance ! Quelle souffrance !

            Mais veux-tu savoir qui a la connaissance exacte de cette pluie incessante de notre amour ? Nous, qui faisons tomber cette pluie ininterrompue d’amour, et celle qui vit dans notre Vouloir. Cette âme sent notre pluie continuelle d’amour puisque, vivant dans notre Vouloir, tout lui appartient. Et l’âme, pour répondre à notre amour, ne sachant comment faire pour que sa pluie d’amour tombe sur nous, prend toutes les choses créées, notre immensité et notre puissance, notre vertu créatrice qui est toujours dans l’acte de créer, et uniquement parce que nous aimons, s’élève dans notre Volonté même et fait pleuvoir un amour de lumière, des caresses d’amour, un amour immense et puissant sur notre Être divin, comme si elle voulait se rendre égale à nous en nous portant dans ses bras pour nous dire : Voyez combien je vous aime. Vous me portez dans vos bras, et je vous porte dans mes bras. Je tiens votre immensité et votre puissance en mon pouvoir, ce qui me donne la vertu d’être capable de vous porter (dans mes bras).

            Ma fille, tu ne peux pas comprendre quel réconfort nous éprouvons, combien nos flammes sont rafraîchies et allégées sous cette pluie d’amour que la créature fait tomber sur nous. Notre satisfaction est telle que nous nous sentons payés pour avoir créé toute la Création, et payés avec la même monnaie d’amour avec laquelle nous avons tant aimé la créature. Notre amour a la vertu de produire une suffisante abondance d’argent dans la créature pour payer ce que nous avons fait pour elle et ce que nous lui avons donné.

            Alors, dans la mer de notre joie, nous lui disons : « Dis-nous, que veux-tu ? Veux-tu que nous inventions d’autres stratagèmes d’amour ? Nous le ferons pour toi. Dis-nous, que veux-tu ? Nous allons te satisfaire en tout. Nous ne te refuserons rien. Te refuser quelque chose, ne pas te satisfaire en tout, ce serait comme nous le refuser à nous-mêmes, et comme si nous voulions mettre un mécontentement dans nos joies qui ne finissent jamais. » 

            C’est pourquoi nous trouvons tout dans celle qui vit dans notre Vouloir, et cette créature trouve tout en nous.

12.  5 juin 1938 — Le signe que la créature vit dans le divin Vouloir, c’est qu’elle sent la vie du divin Vouloir en elle, qu’elle sent son acte opérant qui est le plus grand don que le divin Vouloir donne à la créature. Centralisation de Dieu dans la créature et de la créature en Dieu. Tout le monde vit dans le divin Vouloir.

       Mon envol continue dans le divin Vouloir. Je sens qu’il veut respirer, palpiter, agir et penser en moi. Il semble que le divin Vouloir mette de côté son immensité, sa hauteur et sa profondeur, sa puissance, et se fasse tout petit pour entrer en moi et faire ce qu’il fait. Il semble prendre plaisir à descendre de sa hauteur pour s’abaisser jusqu’à moi et respirer comme je respire, palpiter et agir dans mon mouvement, alors qu’en dehors de moi, il reste toujours ce qu’il est, immense et puissant, qui investit et entoure toute chose. Si je voulais avec mon esprit profiter du divin Vouloir en moi pour lui donner ma vie et recevoir sa vie, je voulais également sortir de moi pour aller dans son immensité, sa puissance, sa hauteur et sa profondeur, qui n’ont pas de limites. Mon esprit se perdait lorsque mon doux Jésus, visitant ma petite âme, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, ma Volonté investit et enveloppe toute chose et toutes les créatures dans son sein de lumière, elle possède tout et personne ne peut lui échapper. Toutes les créatures vivent en elle, bien qu’elles ne reconnaissent pas qui est celle qui leur donne la vie, le mouvement, les pas, la chaleur, et même le souffle. Nous pouvons dire que la créature vit dans notre Vouloir comme si elle vivait dans notre maison. Nous lui donnons ce dont elle a besoin, nous la nourrissons avec une tendresse plus que paternelle, et pourtant elle ne nous reconnaît pas. Et souvent, elle s’attribue à elle-même ce qu’elle fait alors que c’est nous qui le faisons. Et il lui arrive même d’offenser Celui qui lui donne la vie et la garde en vie. Nous pouvons dire que nous avons dans notre maison un grand nombre d’ennemis qui vivent à nos dépens comme autant de voleurs de nos biens. Et notre amour est si grand qu’il nous contraint à donner la vie à ces créatures et à les nourrir comme si elles étaient nos amies. Comme il est douloureux de voir que notre Volonté serve de résidence à celles qui ne nous reconnaissent pas et qui nous offensent. Elles sont dans notre Volonté pour des raisons de Création, à cause de notre immensité, car si elles ne voulaient pas être dans notre Vouloir, il n’y aurait pas d’endroit où elles pourraient être puisqu’il n’y a aucun point au ciel ou sur terre qui ne soit ma Volonté.

            Pour que la créature puisse dire qu’elle vit dans notre Volonté, elle doit le vouloir, elle doit le reconnaître. En le voulant, la créature sent que tout pour elle est Volonté de Dieu, et en le reconnaissant, elle sent sur elle-même notre action opérante. Et c’est cela la vie dans mon divin Vouloir : sentir notre puissance opérante à l’intérieur comme à l’extérieur de soi. Et en sentant notre Volonté opérer, la créature opère avec elle. Si elle sent que nous aimons, elle aime avec nous. Si nous voulons nous faire mieux connaître, elle est toute attention pour nous écouter et recevoir avec amour la nouvelle vie de notre connaissance. En somme, elle sent notre vie opérante et veut faire ce que nous faisons, et nous suivre en toutes choses. Voilà la vie dans notre Vouloir : sentir notre vie qui donne la vie à la créature, et sentir notre action opérante qui agit, respire, et opère dans l’être de la créature.      

            Ces âmes sont nos demeures célestes, notre gloire dans notre demeure. Nous sommes comme enfants et Père : ce qui est à nous est à elles, mais elles le savent. Elles ne sont pas des aveugles, ni des voleuses qui n’ont pas d’yeux pour regarder notre lumière, qui non pas d’oreilles pour écouter notre attention paternelle, et qui ne sentent pas en elles notre action opérante. Au contraire, celle qui vit dans notre Vouloir ressent la vertu de notre action opérante, et c’est le plus grand don que nous puissions faire à la créature. Aussi, sois attentive. Reconnais que ta vie vient de nous, que nous te donnons tout : ton souffle et ton mouvement, pour que nous puissions vivre avec toi.

            Après quoi je continuais à penser aux grandes merveilles du divin Vouloir. Combien de surprises, combien de prodiges inouïs que seul le divin Fiat peut accomplir ! Et mon toujours aimable Jésus revint et ajouta :

            Ma bienheureuse fille, j’ai fait la Création et toutes les créatures pour trouver en elles mes délices, et pour exprimer de notre Être suprême les excès de notre amour et la puissance prodigieuse de nos œuvres. Si nous avions tant de plaisir à créer autant d’œuvres multiples et variées dans l’ordre de la Création, qui devaient servir l’homme, nous avions encore plus de plaisir à opérer des prodiges inouïs, des œuvres jamais encore imaginées, des beautés qui ravissent, en celui qui doit nous être utile.

            L’homme fut le premier acte de Création ; par conséquent, nous devions avoir en lui suffisamment de délices pour toujours nous tenir occupés. Il devait être toujours avec nous pour nous aimer et se faire aimer, et recevoir les grands prodiges de nos œuvres. C’est le retrait de notre Volonté qui mit fin à nos délices et à la poursuite de nos œuvres que nous voulions avec tant d’amour accomplir en l’homme. Mais ce qui a été établi par nous doit avoir son accomplissement. C’est pourquoi nous revenons à l’attaque en appelant les créatures à vivre dans notre Vouloir, afin que ce qui fut décrété comme établi puisse être en opération, être exécuté avec ponctualité.

            Tu dois savoir que lorsque l’âme accomplit ses actes dans notre Vouloir, notre amour est si grand que nous centralisons notre Être suprême avec toutes nos œuvres dans cette âme. Et, oh ! quels délices et quelles joies nous éprouvons en la voyant dans notre majesté, dominante, et entourée par toutes nos œuvres. Les anges et les saints se penchent sur cette âme pour se centraliser en elle afin d’honorer leur Créateur, parce que là où est Dieu, chacun accourt pour y trouver sa place d’honneur autour de nous.

            Mais alors que tout est centralisé dans cette âme, il se produit une autre grande merveille : l’âme est centralisée en tous et en chaque chose créée. Notre Volonté aime tellement cette âme que partout où notre Volonté se trouve, elle multiplie l’âme et lui donne une place partout pour que cette âme soit harmonisée avec notre Volonté dans toutes nos œuvres.     

            Il n’est pas possible pour nous d’être sans cette créature qui vit dans notre divin Vouloir. Il faudrait que nous divisions notre Volonté en deux pour qu’elle ne soit pas en tous et dans toutes nos œuvres. Mais nous ne le pouvons pas parce que notre Volonté n’est pas sujette à se diviser ; elle est toujours une, et un seul acte. De plus, notre amour nous ferait la guerre si nous mettions de côté une créature qui vit dans notre Vouloir. Mieux encore, la raison pour laquelle nous voulons qu’elle vive dans notre Volonté, pour laquelle nous la voulons avec nous, pour laquelle nous voulons qu’elle connaisse nos œuvres et pour laquelle nous voulons lui faire sentir les palpitations et les notes de notre amour, c’est que notre amour nous aime dans cette créature. De loin, nos œuvres ne sont pas connues et notre amour n’est pas ressenti. C’est pourquoi nous avons besoin d’être ensemble pour nous aimer l’un l’autre, nous connaître et agir ensemble. Autrement, la créature va son chemin et nous allons le nôtre, et nous restons privés de nos délices et de pouvoir opérer ce que nous voulons, à notre plus grand chagrin. Par conséquent, sois attentive ; vis toujours dans notre Vouloir si tu veux que nous vivions en toi et toi en nous.

13.  12 juin 1938 — Vérités porteuses de semences divines. Comment les connaissances forment de nouvelles vies divines. Échange de gloire que l’on aura au ciel. Celle qui vit abandonnée dans les bras de Jésus est sa préférée.

         Je reviens toujours dans le divin Vouloir. Son immensité est telle que lorsque je suis dans sa mer pour y embrasser tous ses actes, il me faudrait pour cela des siècles et même alors ce ne serait pas suffisant. J’étais perdue dans le Fiat lorsque mon doux Jésus qui ressent le besoin d’amour de l’âme voulant vivre dans son Vouloir, me dit :

            Ma bienheureuse fille, lorsque je parle de ma Divine Volonté, mon amour devient réconcilié, il est calmé de ses angoisses et de ses délires. Il trouve un doux repos dans ma parole, dans les vérités que je manifeste, parce qu’il voit que son amour prend place dans les créatures pour être aimé à nouveau, et que ma Volonté forme sa vie. Il est nécessaire de manifester les mérites et les biens qui sont en elle afin d’attirer et de ravir les créatures, de leur donner l’envie folle de vivre en elle, autrement elles ne bougeront pas. Tu dois savoir que chaque connaissance que je manifeste et chaque acte accompli dans mon Vouloir, courtisé par la connaissance que j’ai manifestée, est une semence divine que l’âme acquiert. Cette semence produira une science divine nouvelle, et, oh ! combien la créature saura parler le langage de son Créateur. Chaque vérité sera un nouveau langage céleste qui aura la vertu de se faire comprendre par celle qui l’écoute et qui veut recevoir cette semence divine. Cette semence produira une vie nouvelle de sainteté, un amour nouveau, des bontés nouvelles, des joies et des bonheurs nouveaux. Ces semences de ma vérité seront autant de nouvelles propriétés divines que l’âme pourra acquérir.

            La gloire que nous recevons lorsque l’âme travaille dans notre Vouloir est si grande que nous la communiquons à tous les bienheureux. Tu dois savoir que les semences divines que l’âme acquiert en vertu des connaissances de mon Fiat sont autant de degrés de notre connaissance et de notre gloire auxquels l’âme va participer lorsqu’elle aura terminé sa vie ici-bas et qu’elle arrivera dans notre céleste Patrie. Pour correspondre à la connaissance acquise sur terre, elle acquerra la double connaissance de notre Être suprême dans notre séjour céleste, et chaque semence divine qu’elle aura reçue sera un degré de gloire, de joie et de bonheur, de sorte que le bonheur, la joie, la gloire des bienheureux seront proportionnés à la connaissance qu’ils auront eue de nous.

            Entre nous et les bienheureux, les conditions sont celles de l’âme qui n’a pas étudié la diversité des langages ; en nous entendant parler, elle ne comprendra rien. De plus, ces âmes ne pourront pas enseigner la variété des langages pour pouvoir gagner un haut salaire ; elles devront donc se contenter d’enseigner le peu qu’elles savent, et gagner fort peu.

            Si elles ne nous connaissent pas sur la terre, elles ne forment pas dans leur âme l’endroit où recevoir toutes nos joies et nos bonheurs, et si elles veulent les donner aux autres, ils n’entreront pas en elles et ces âmes n’y comprendront rien.

            Ainsi, la gloire des bienheureux correspondra aux actes de volonté qu’ils auront accomplis dans notre divin Vouloir. Leur gloire et leur joie augmenteront en proportion des connaissances qu’ils auront acquises. Une seule connaissance de plus fera monter ces bienheureux à une telle hauteur que toute la Cour céleste en sera étonnée parce qu’une connaissance supplémentaire est une vie divine nouvelle que l’âme acquiert et qui possède des biens et des joies infinis. Et cela te semble-t-il peu de chose que l’âme possède autant de nos vies divines nouvelles comme si elles lui appartenaient ? Et quelle joie, quel bonheur, quel amour ne pouvons-nous donner en échange pour ces nouvelles vies divines qui lui appartiennent !

            C’est pourquoi nous attendons de nos enfants qu’ils vivent dans notre Vouloir pour nous faire connaître sur la terre, parce que notre Vouloir sera pour ces âmes comme un maître qui leur enseignera les sciences nouvelles de leur Créateur et les rendra belles, sages, saintes et nobles en proportion des sciences acquises. Nous les attendons dans notre Cour céleste pour les inonder de nos joies, de nos beautés et de nos bonheurs nouveaux que jusqu’à présent nous n’avons pas été capables de donner. Et comme le ciel et les bienheureux sont liés entre eux comme les membres d’une famille qui s’aiment d’un amour parfait, ils participeront à leur gloire et à leur joie non pas directement, mais indirectement à cause des liens d’amour qu’ils possèdent entre eux. Notre Être suprême attend avec impatience les enfants de notre Vouloir pour se faire connaître sur la terre afin de manifester des profondeurs de notre sein divin des joies et des bonheurs qui ne finissent jamais, parce que l’âme qui vit dans notre Vouloir a acquis dans ses actes l’infini et les joies inépuisables.

            Puis il ajouta avec une indescriptible tendresse :

            Ma bonne fille, j’aime tellement les créatures. Mais je me sens plus attiré, ravi et gagné par l’âme qui vit abandonnée dans mes bras comme si elle n’avait personne au monde que son Jésus. Elle n’a confiance qu’en moi et s’ils viennent lui offrir d’autres soutiens, elle les refuse pour n’avoir que celui de son Jésus qui la tient serrée dans ses bras, la défend et veille à tous ses besoins. Voilà les âmes que j’aime tellement. Elles sont mes préférées, celles que j’entoure de ma puissance divine. Je forme autour d’elles un mur d’amour pour que les malheurs ne les touchent pas. Mon amour saura comment les défendre et ma puissance saura comment abattre ceux qui veulent leur déplaire.

            Les âmes abandonnées en moi ne vivent que de moi et je ne vis que d’elles, comme si nous vivions d’un seul souffle et d’un seul amour. Et si un soutien humain se présente, elles regardent pour voir si je suis dans ce soutien. Si je n’y suis pas, elles s’enfuient pour venir se réfugier dans mes bras. Je ne peux faire confiance qu’à ces âmes, c’est à elles que je peux confier mes secrets et même m’appuyer sur elles. Je suis sûr qu’elles ne quitteront pas ma Volonté parce qu’elles sont toujours avec moi.

            Au contraire, celles qui ne vivent pas complètement abandonnées en moi s’échappent de mes bras, ne refusent pas les soutiens humains, y prennent plaisir et sont inconstantes. Tantôt c’est moi qu’elles regardent, tantôt les créatures. Elles sont contraintes de sentir la désillusion des créatures qui ouvrent de profondes blessures dans leur âme. Elles sentent la terre dans leur cœur, et la vie de ma Volonté est loin d’elles. Oh ! si elles voulaient s’abandonner dans mes bras, la terre disparaîtrait pour elles et elles ne s’intéresseraient à personne d’autre, parce que moi seul suffit.

            J’aime tellement l’âme qui vit abandonnée dans mes bras que je lui manifeste mes plus grands excès d’amour, mes finesses d’amour. Mes caresses sont pour elle et j’en arrive à inventer de nouveaux stratagèmes d’amour pour la tenir occupée et entièrement identifiée à mon amour. C’est pourquoi, vis uniquement abandonnée dans mes bras, et en toute chose tu trouveras ton Jésus qui te défend, qui t’aime et te soutient.

14.  16 juin 1938 — Le divin Vouloir veut toujours donner et recevoir. Envoi/réception des deux côtés. Les droits qui se perdent et les empires qui s’acquièrent. Dieu trouve toute chose dans l’acte accompli dans sa Volonté.

       Mon vol dans le divin Vouloir continue. J’ai l’impression qu’il ne me laisse pas un instant. Il veut toujours me donner de ce qui est à lui et veut toujours recevoir de moi. Et si je n’ai rien à lui donner parce que je ne suis en vérité rien, il veut toujours que ma volonté se donne à lui et c’est cela qui le met en fête : recevoir en cadeau la volonté de la créature. Et si nécessaire, il veut les mêmes choses qu’il a lui-même données afin de toujours recevoir. Et il est heureux de les recevoir pour les redonner à nouveau, accompagnées d’un amour nouveau, d’une lumière et d’une sainteté nouvelles. Divine Volonté, combien tu m’aimes ! Oh ! combien je voudrais te retourner ton amour ! Je me sentais submergée dans le Fiat, et mon toujours aimable Jésus, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de ma Volonté, tu ne sais pas jusqu’où mon amour peut me conduire pour celle qui vit dans ma Volonté. Combien d’inventions il me fait faire, toutes les combines qu’il me fait trouver. J’en arrive à faire de nouvelles surprises pour avoir toujours quelque chose à faire avec cette âme. Et pour qu’elle soit toujours surprise et occupée avec moi, je ne lui laisse pas de temps. À un moment, je lui dis une vérité. À un autre, je lui fais un don. À un autre moment encore, je lui fais voir notre beauté qui la ravit, notre amour qui gémit, qui brûle, qui est en délire, qui veut être aimé. En somme, je ne lui laisse pas de temps. Et ce que je veux le plus, ce que je veux toujours, c’est qu’elle non plus ne me laisse pas de temps.

            Écoute alors ce que je fais. Afin de toujours donner et recevoir, j’appelle la créature à vivre dans ma Volonté et je lui fais don de la sainteté de ma Volonté, de sa lumière, de sa vie, de son amour, et de ses joies infinies pour autant que l’âme puisse en contenir. Lorsque l’âme y a vécu quelque temps, la trouvant fidèle, je vais vers elle et je lui dis : « Donne-moi ce que je t’ai donné. » Cette âme, voulant me faire voir combien elle-même, sans hésiter un instant, me donne immédiatement tout ce qu’elle a, même son souffle, son battement de cœur, son mouvement, tout ; elle me donne tout. Elle ne garde rien pour elle ; au contraire, elle est heureuse de tout donner à Jésus. Je prends tout. Je regarde continuellement ce qu’elle m’a donné pour faire mes délices et mon bonheur de ses dons. Je les dépose dans mon cœur pour en jouir comme étant la propriété de ma fille.

            Mais crois-tu que cela me suffise ? De la part de la créature, je suis satisfait. Mais de ma part, jamais. Mon amour ne me laisse jamais en paix. Il enfle, déborde, me fait faire les plus grands excès. Et sais-tu ce que je fais ? Je confie mon Être à ma créature bien-aimée, je redouble tout ce qu’elle m’a donné. Je lui donne amour, lumière et double sainteté. Je lui remets mon souffle, mon mouvement, ma vie elle-même, de sorte que je respire dans son souffle, que j’avance dans son mouvement, que j’aime dans son amour. Il n’est rien que je ne fasse en elle. Je ne veux rien faire sans elle ; j’aurais l’impression de ne pas l’aimer en toutes mes choses. Et pour mon amour, ce serait insupportable. Je dois tout donner à celle qui m’a tout donné. Et cela te semble-t-il peu de chose que ton Jésus te remette sa vie pour te faire vivre avec lui, et demande que tu lui remettes la tienne pour que je puisse vivre de toi ; presque pour trouver une excuse afin de toujours donner et recevoir, d’avoir l’occasion de te raconter la longue histoire de ma Volonté et mon éternelle histoire d’amour ? Et ceci n’est pas simplement pour apprendre à la créature des choses nouvelles, pour lui faire voir combien je suis bon, saint et puissant, mais pour pouvoir lui donner de mon amour, de ma Volonté, de ma sainteté, de ma bonté et de ma beauté. N’est-ce pas là un amour excessif et qui semble incroyable ?

            Le simple fait de vouloir garder la créature avec moi est déjà mon plus grand amour, car si je veux la garder avec moi, c’est parce que je veux lui donner de ce qui est à moi. Et comme cette créature ne possède rien qui soit digne de moi, je lui donne de ce qui est à moi pour qu’en le faisant sien elle puisse me dire : Tu m’as donné et je te donne. N’est-ce pas là un amour propre à briser et à toucher les cœurs les plus durs ? Il n’y a que ton Jésus qui puisse et sache aimer de cette manière. Personne ne peut dire qu’il peut atteindre cet amour ; cependant, je peux rendre cela possible pour celle qui vit dans mon Vouloir parce que chaque acte accompli en lui est un soleil qui se lève avec toute la plénitude de gloire et de sainteté. Et combien il me semble beau de trouver ma créature bien-aimée revêtue de ces soleils. Plus encore, en vivant dans mon Vouloir, cette âme n’a plus rien d’humain en elle. Elle perd ses droits sur sa volonté et sur tout ce qui est humain. Tous ses droits sur sa volonté sont à nous, et cette créature acquiert l’empire sur tout ce qui est divin.

            Et, oh ! comme cela est beau, combien nous sommes satisfaits et heureux de voir cette créature qui domine de droit sur tout ce qui nous concerne. Elle domine sur notre amour et prend autant qu’elle veut pour nous aimer, et elle domine sur notre amour pour se faire aimer. Elle domine sur notre sagesse et nous fait dire des vérités de notre Être suprême jamais encore révélées. Elle domine sur notre bonté et lui fait pleuvoir une pluie plus que bienfaisante sur toutes les créatures. Son empire est si doux et si puissant sur notre sein paternel qu’il en arrive à nous faire dire : « Qui peut résister à notre fille ? Si tu le veux, nous le voulons. » C’est pourquoi, si tu veux tout, ne sort jamais de notre Volonté ; tout sera à toi, et tu seras toute à nous.

            Après quoi, je continuais à penser à la Divine Volonté, à ses grandes merveilles, et comment parfois, lorsque l’on traverse sa mer, tout est serein, paix profonde, son soleil divin éblouissant de lumière, mais tout est silence. Et comme sa parole est vie, on a le sentiment qu’il y manque la vie nouvelle que l’on aimerait recevoir. Mais je pensais cela lorsque mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, le soleil de mon Vouloir parle toujours, sa lumière n’arrête jamais de parler. Il parle avec sa chaleur, avec sa fécondité et avec l’empreinte de ses diverses beautés dans l’âme qui vit en lui. De plus, c’est moi qui suis le porteur de sa parole. En m’abaissant jusqu’à l’intelligence humaine, je rends facilement compréhensible la hauteur de la parole de lumière de mon Fiat avec des mots plus adaptables. Ainsi, là où ma Volonté règne, elle ne peut pas être silencieuse. Elle continue de parler par la lumière ou à travers ma parole. Mais lorsque tu n’es pas attentive, tu ne mâches pas bien, tu ne manges pas ; par conséquent, tu ne digères pas ce que je te dis. Ainsi, en ne mâchant pas, tu oublies et tu dis que je ne t’ai rien dit.

            Tu dois savoir que tous les âges et toutes les créatures passées et présentes sont enclos dans chaque parole ou dans chaque acte accompli dans ma Volonté. Le passé et le futur n’existent pas pour nous ni pour celle qui vit dans notre Vouloir. Nos vérités renferment tous les âges, tous les temps, et sont porteuses de toutes les créatures dans l’acte de celle qui vit dans notre Fiat. Ainsi, nous trouvons dans cet acte : nous-mêmes et l’amour et la gloire que chaque créature devrait nous donner, et lorsque la créature est sur le point d’opérer et de recevoir l’acte opérant du divin Fiat, les cieux s’abaissent en révérence et sont stupéfaits de voir un Vouloir divin opérant dans l’acte humain, et tous ressentent qu’ils prennent part à cet acte. Nous trouvons tout dans l’acte accompli par la créature dans notre Volonté. Nous trouvons notre puissance qui nous honore comme nous le méritons, notre immensité qui renferme toute chose et met tout à notre disposition, notre sagesse qui loue notre Être suprême avec les accents les plus beaux, les anges qui nous exaltent, les saints qui répètent, ravis : « Saint, saint, trois fois saint le Seigneur notre Dieu qui avec tant de bonté opère et manifeste son amour dans l’acte de la créature. » Nous pouvons dire qu’il ne nous manque rien. Notre gloire est complète, et notre amour trouve son doux repos et l’échange parfait.

            C’est pourquoi nous soupirons tant après celle qui vivra dans notre Vouloir. Il nous semble n’avoir rien fait dans la Création parce que l’acte le plus grand que nous puissions accomplir nous manque, qui est de voir notre vie se répéter dans l’acte humain dans lequel nous nous trouvons nous-mêmes ainsi que tous et toute chose. Il n’y a pas de bienfait que nous n’accorderons à notre créature bien-aimée, et il n’y a pas d’amour et de gloire que la créature ne nous donnera pas. Cette créature trouvera tout ce qu’elle veut en nous, et nous trouverons tout en elle.

            Fille, être en mesure de tout donner et n’accorder qu’une petite part de nos bienfaits, c’est pour nous une souffrance. Maintenir notre amour restreint et bloqué uniquement parce qu’il manque à la créature la vie de notre Volonté, et ne pas pouvoir tout recevoir d’elle, c’est la plus grande douleur de notre œuvre créatrice. Par conséquent, notre amour, notre puissance, notre sagesse et toute notre œuvre créatrice exigent que la créature vive dans notre Vouloir.

            Ainsi, les âges ne finiront pas avant que notre Fiat ne forme d’abord son Royaume. Et en régnant, il donnera tous les bienfaits et l’empire de ses biens aux générations humaines. Par conséquent, prie, et fais de ta vie un acte continuel de ma Volonté pour obtenir qu’elle vienne régner.

15.  20 juin 1938 — Celle qui vit dans le divin Vouloir est en communication continuelle avec Dieu. Renaissance et amour qui renaît. La Divine Volonté rend tout le monde heureux et donne de la joie à tous. Jésus lui-même se fera le gardien vigilant de ces écrits qui seront entièrement dans son propre intérêt.

       Je suis sous l’empire du divin Vouloir. Son pouvoir m’élève jusqu’en son centre. Son amour, comme s’il me couvrait d’un baume, m’apporte son air céleste. Sa lumière me purifie, m’embellit, me transforme et m’enferme dans l’ambiance du divin Vouloir de telle sorte que l’on oublie tout parce que les joies et les scènes enchanteresses de l’Être suprême sont si grandes et si nombreuses que l’on en demeure ravi. Oh ! Divine Volonté, comme je voudrais que tous te connaissent et puissent éprouver les joies si pures et les satisfactions ineffables qui ne se trouvent qu’en toi ! Mon esprit était dans un bonheur indicible lorsque mon bien-aimé Jésus me refit sa brève petite visite et, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, as-tu vu comme il est beau de vivre dans mon Vouloir ? Nous sommes en communication continuelle avec la créature. Nous préparons des joies nouvelles pour chacun de ses actes afin de la rendre toujours plus heureuse. Les actions accomplies dans le Fiat seront toujours dans l’acte de s’accomplir. Nos vies renaissent continuellement. Notre amour s’élève, et formant ses vagues, il en revêt toutes les créatures et les appelle toutes dans cet acte afin que chacune puisse le répéter. Et nous entendons l’écho qui nous dit que toutes nous aiment et nous glorifient. Les anges et les saints attendent tous avec une grande impatience l’acte de la créature accompli dans la Divine Volonté. Mais sais-tu pourquoi ? Parce qu’ils en reçoivent alors une double gloire : celle du ciel, et la gloire, la joie et le bonheur nouveau d’un acte accompli dans mon Fiat. Combien ils me remercient, et comme ils aiment les créatures qui redoublent sans fin pour eux des joies et des satisfactions nouvelles !

            Qui pourrait ne pas aimer celle qui vit dans ma Divine Volonté, qui nous donne des joies et des bonheurs, et la grande gloire de nous laisser faire ce que nous voulons en elle, qui donne à tous des joies et des bonheurs ? Il n’y a pas de bienfait qui ne descende de cette créature. Ainsi, celle qui vit dans notre Vouloir n’est pas sujette à des peurs ou à un manque de confiance. La méfiance ne trouve pas en elle de porte d’entrée parce que tout appartient à cette créature. Elle se sent propriétaire de toute chose. Mieux encore, elle prend ce qu’elle veut. Sa vie n’est qu’amour et notre Volonté, si bien qu’elle en arrive à souffrir nos propres folies d’amour et qu’elle serait heureuse de donner sa vie pour chaque créature afin de nous donner la gloire de faire connaître notre Volonté.

            Après quoi je m’inquiétais à propos de ces écrits bénis et de l’insistance de mon bien-aimé Jésus à vouloir que je continue à écrire. Et après tant de sacrifices, où vont-ils aboutir ? Et mon Jésus, interrompant mes pensées, me dit :

            Ma fille, ne t’inquiète pas. Je serai le gardien vigilant de ces écrits qui m’ont tant coûté. Ils me coûtent ma Volonté qui entre dans ses écrits pour en être la vie. Je pourrais les appeler le testament d’amour que ma Volonté lègue aux créatures. Ma Volonté se fait donatrice d’elle-même, et appelle les créatures à vivre dans son hérédité, mais d’une manière si suppliante, si attirante et amoureuse, que seuls des cœurs de pierre ne seront pas émus de compassion et n’éprouveront pas le besoin de recevoir un si grand bien.

            Ces écrits sont remplis de vies divines qui ne peuvent être détruites. Et si quelqu’un voulait s’y essayer, il subirait le sort de celui qui voudrait détruire le ciel : offensé, le ciel lui tomberait dessus de tous côtés pour l’annihiler sous sa voûte azurée. Ainsi, le ciel resterait à sa place et tout le mal tomberait sur celui qui voulait le détruire. Ou encore, le sort de celui qui voudrait détruire le soleil : le soleil se moquerait de lui et le brûlerait. Ou bien encore de celui qui voudrait détruire les eaux de la mer : la mer le noierait. Rien ne pourrait toucher ce que je te fais écrire sur ma Volonté, car je peux l’appeler une nouvelle Création vivante et parlante. Ce sera le dernier exutoire de mon amour envers les générations humaines. Plus encore, tu dois savoir que chaque parole que je te fais écrire sur mon Fiat redouble mon amour envers toi et ceux qui les liront pour en rester couverts d’un baume de mon amour. Ainsi, en écrivant, tu me donnes l’occasion de t’aimer encore plus. Je vois le grand bien que ces écrits feront. Je sens chacune de mes paroles, la vie palpitante des créatures qui connaîtront le bien de ma parole et qui formeront la vie de ma Volonté en elles. Par conséquent, tout sera entièrement dans mon propre intérêt. Quant à toi, abandonne-moi tout.

            Tu dois savoir que ces écrits sont sortis du centre du grand soleil de ma Volonté dont les rayons sont remplis des vérités issues de ce centre, lesquelles embrassent tous les temps, tous les âges et toutes les générations. Ces grands rayons de lumière emplissent le ciel et la terre et avec cette lumière, ils frappent à tous les cœurs, les prient et les supplient de recevoir la vie palpitante de mon Fiat que notre bonté paternelle a condescendu avec bienveillance à dicter de son centre d’une manière insinuante, attirante et pleine de douceur, et avec un amour si grand qu’il paraît incroyable et propre à stupéfier les anges eux-mêmes. Chaque parole peut être appelée un prodige d’amour, chaque prodige plus grand que le précédent. Ainsi, vouloir toucher à ces écrits, c’est vouloir toucher à moi-même, au centre de mon amour, aux finesses amoureuses avec lesquelles j’aime les créatures. Et je saurai comment me défendre moi-même et comment confondre celui qui voudra même le moins du monde désapprouver ne serait-ce qu’une seule des paroles écrites sur ma Divine Volonté.

            Aussi, continue à m’écouter, ma fille. Et ne cherche pas à bloquer mon amour ni à me lier les mains en repoussant dans mon sein ce qui doit encore être écrit. Ces écrits sont pour moi d’un trop grand prix. Ils me coûtent autant que moi-même. Par conséquent, j’en prendrai tellement soin que je ne permettrai pas que même une seule parole en soit perdue.

16.  26 juin 1938 — La volonté humaine, unie à la divine, sait également comment accomplir des prodiges. Sans la Divine Volonté, la volonté humaine est une pauvre infirme. Celle qui vit dans le divin Vouloir acquiert l’acte conquérant.

       Je suis toujours dans les bras du divin Vouloir. Sa lumière chasse la nuit de ma volonté. Sa beauté me ravit, son amour m’enchaîne au point de ne plus savoir comment sortir de son sein de lumière. Et je ne sais pas pourquoi j’avais peur de ma volonté. Mon doux Jésus, visitant ma petite âme, me dit :

            Ma bienheureuse fille, la volonté humaine, unie à ma Volonté, sait également comment accomplir des prodiges. Par contre, sans la mienne, la volonté humaine n’est qu’une pauvre infirme impuissante. Sans ma Volonté, elle est comme un disciple sans maître. Pauvre petite chose ! Sans le maître, elle restera toujours ignorante, sans aucune science, sans art, incapable même de gagner un morceau de pain pour survivre. Sans ma Volonté, la créature sera comme une personne qui a des jambes, mais sans pieds ; des bras, mais sans mains ; des yeux, mais sans pupilles ; une tête, mais sans raison. Pauvre créature ! Dans quel abîme de misères elle se trouve ! On pourrait dire : Il aurait mieux valu pour elle qu’elle ne fût pas née.

            La chose qui devrait lui causer le plus de terreur, c’est de ne pas vivre unie avec ma Volonté. Tous les malheurs pleuvent sur cette créature. Mais avec ma Volonté unie à la sienne, la volonté humaine aura le Maître à sa disposition qui lui apprendra les plus hautes et les plus difficiles sciences, les arts les plus beaux, si bien qu’elle sera un prodige de science sur la terre et dans le ciel. Unie à la mienne, la volonté humaine aura des jambes humaines et des pieds divins qui la feront courir sans se lasser jamais sur la route du bien. La Volonté humaine aura des bras humains et des mouvements divins qui auront la vertu d’accomplir les plus grandes œuvres et qui la feront ressembler à son Créateur. Avec notre mouvement divin, elle embrassera l’Éternel et nous gardera toujours pressés contre son cœur. Unie à notre Volonté, la volonté humaine aura une bouche d’homme, mais la parole et la voix seront divines. Et, oh ! comme nous parlerons bien de notre Être suprême ! En somme, la volonté humaine aura nos pupilles avec lesquelles, en regardant toutes les choses créées, elle reconnaîtra en elles notre vie, notre amour, et combien elle doit nous aimer. Unie à notre Volonté, la volonté humaine aura la raison divine ; elle sentira une sorte de science infuse qui formera l’homme ordonné, tout entier dans l’ordre de son Créateur. Tout se convertira en bien. Plus encore, il n’est pas de bien qu’elle ne possédera si elle vit dans notre Volonté. Notre Volonté sera le véritable échec de tous les maux, de tous les malheurs, et elle rappellera à la vie tous les biens, car elle en possède la source.

            De plus, pour celle qui vit dans notre Vouloir, chaque mouvement, respiration, palpitation, tout ce qu’elle fera deviendra pour elle des conquêtes, des conquêtes divines. Je peux dire de la créature qui vit dans notre Volonté qu’elle respire avec mon souffle, qu’elle bouge avec mon mouvement, qu’elle palpite avec ma palpitation éternelle. Ainsi, elle acquiert l’acte conquérant en chacun de ses actes. Et cela lui est accordé avec justice et un amour exubérant parce qu’en vivant dans notre Vouloir sans donner aucunement vie à sa volonté, elle doit demeurer de droit dans les célestes Régions pour y faire ses délices de notre Volonté qui rend heureuse la créature. Or, pour vivre de notre Volonté sur la terre, la pauvre enfant se prive des joies du ciel. Cet acte est le plus héroïque qui soit et la marque d’un amour le plus intense par lequel le ciel tout entier, notre Divinité et la Reine souveraine du ciel demeurent blessés, et aiment l’héroïsme de cette créature. Et, oh ! combien ils l’aiment !

            Et notre amour, qui ne se laisse jamais surpasser par personne, accorde l’acte conquérant et divin à chaque souffle de cette créature, à chacun de ses petits mouvements, chaque fois qu’elle pense, qu’elle regarde, qu’elle parle. Les conquêtes sont innombrables. Nous sentons que ce n’est pas la créature qui respire et qui se meut, mais nous-mêmes. Et nous lui donnons la valeur que contient notre souffle et notre mouvement, lesquels contiennent toutes les valeurs possibles et imaginables. Ainsi, cette créature est la conquérante de notre vie et de nos actes. Cette heureuse créature, avec son acte conquérant, devient l’exutoire de notre amour continu, de notre bonheur et de notre repos. Et ses conquêtes sont les signatures continuelles de notre décret sur la venue du royaume de notre Vouloir sur la terre. Ses conquêtes abrègent le temps, car notre vie opérante n’est plus étrangère à la terre, mais existe déjà et elle a formé son royaume dans cette heureuse créature. Par conséquent, sois attentive. N’arrête jamais. Et je tiendrai compte de tout, même de ton souffle, pour t’aimer davantage et te faire faire de nombreuses conquêtes, plus belles les unes que les autres.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, lorsque la créature me fait don de sa volonté pour vivre dans ma Volonté, je lui fais don de la mienne. Mais sais-tu ce que fait ma Volonté avant de se donner ? Elle se répand sur l’acte de la créature pour l’embellir, en former le jour, sanctifier l’acte, y déposer ses joies divines avant de s’enfermer dans cet acte. Et mon Fiat œuvre dans cet acte ; toutes les choses créées reçoivent une vie nouvelle et une création nouvelle, et elles se sentent renouvelées en beauté, en amour, et dans la joie de leur Créateur. Et alors que mon Fiat emplit son acte divin, l’acte demeure celui de la créature, et tous demeurent dans l’attente pour voir ce que la créature va faire de cet acte, car c’est un acte qui comprend toute chose, et tous se sentent enfermés dans cet acte. Et cette heureuse créature, que fait-elle ? Elle le chérit, lui donne des baisers et l’embrasse. Et sachant qu’un si grand acte ne peut rester pour elle seule, dans un excès d’amour et de joie elle dit : Adorable Volonté, tu m’as donné une Volonté divine et c’est une Divine Volonté que je te donne afin de te donner en échange la reconnaissance, la gloire, la joie, l’amour que tu m’as donnés. Ainsi, cet acte court vers tous, les sanctifie, les embellit, fait le bonheur de tous et rend honneur à tous. Personne ne peut égaler cet acte, c’est-à-dire, donner ma Volonté pour la recevoir et la donner à son tour.

17.  30 juin 1938 — L’amour vrai veut se retrouver dans la personne aimée. Notre-Seigneur a formé tant de manières de se faire trouver. Qui est le champ de Dieu. La connaissance ouvre toutes les portes entre Dieu et la créature. Chacun vit dans le divin Vouloir. La Divine Volonté est la répétitrice dans la créature de ce qu’a fait l’Humanité de Jésus.

           Mon pauvre esprit se sent sous l’empire du Fiat qui l’attire à lui pour lui faire suivre ce qu’il a fait pour l’amour de la créature. Je suivais les actes de la Rédemption lorsque mon doux Jésus, visitant ma petite âme, toute bonté, me dit :

            Fille de ma Volonté, mon amour ressent le besoin de s’ouvrir à celle qui m’aime et de lui confier mes secrets les plus intimes. L’amour véritable a cette vertu de briser n’importe quel secret parce que l’amour veut trouver dans la personne bien-aimée ce qu’il possède lui-même, ses joies, ses peines et toutes ses autres prérogatives. L’amour veut se retrouver lui-même dans la personne aimée. 

            Sache, ma fille, que lorsque je suis venu sur terre, mon amour ne m’a pas laissé de repos. Dès ma conception, j’ai commencé à former des chemins qui devaient servir aux créatures pour venir à moi. En formant ces chemins, je les étendais, mais je ne les détachais pas de moi. Je demeurais le centre d’où partaient tous ces chemins. Ainsi, mes actes, mes paroles, mes pensées et mes pas étaient tous des routes de lumière, de sainteté, d’amour, de vertu et d’héroïsme que je formais. Par conséquent, la créature trouve le chemin pour venir à moi avec chaque acte qu’elle accomplit.

            Au commencement de ces chemins, qui sont innombrables, je place ma Volonté en Reine. Et je me tiens moi-même au commencement de chaque chemin en attendant de recevoir les créatures dans mes bras. Mais, souvent, j’attends en vain. Et avec mon amour qui ne me laisse ni paix ni repos, je parcours la route pour les rencontrer au moins à mi-chemin. Et si je les trouve, j’investis l’acte de la créature de telle manière que je me fais moi-même l’acte et le chemin de la créature. Et avec un amour exubérant, je couvre ces créatures, je les cache dans mon amour, je les recouvre de mes actes, si bien que je me retrouve moi-même en elles, et je les transporte pour les mettre en sûreté dans les bras de ma Volonté. Ainsi, chaque pensée de la créature a le chemin de mes pensées, chaque parole a le chemin de mes paroles, chaque œuvre a le chemin de mes œuvres, de mes pas. Si la créature souffre, elle a le chemin et la vie de mes souffrances. Et si elle veut m’aimer, elle a le chemin de mon amour. J’ai entouré les créatures d’un si grand nombre de chemins qu’il leur est impossible de m’échapper. Et si l’une d’elles m’échappe, je deviens délirant, je cours et je vole pour la retrouver. Et lorsque je l’ai retrouvée, je m’arrête et je l’enferme dans mes chemins pour qu’elle ne puisse plus en sortir.

            Ma venue sur terre n’était rien d’autre qu’un exutoire de mon amour, réprimé durant tant de siècles, et pour lequel j’en suis arrivé à ces excès. J’ai formé la nouvelle Création ; je l’ai même surpassée dans la multiplicité des œuvres et dans l’intensité de mon amour. Mais mon amour est toujours réprimé, et comme exutoire, je veux donner ma Volonté comme vie afin de leur donner le plus grand bien que je puisse donner, et recevoir la grande gloire d’avoir ses enfants dans notre Royaume.

            Lorsque la créature entre dans notre Vouloir, notre satisfaction est très grande parce qu’elle nous donne l’occasion de répéter en elle tout ce que nous avons fait dans la Création et la Rédemption. Notre amour veut se voir en acte (dans la créature) comme si à ce moment nous faisions : l’étendue du ciel, le soleil étincelant de lumière, les vents qui soufflent dans celle qui vit dans notre Vouloir, inondée de grâces et d’amour, de mers qui murmurent Amour, gloire et adoration à mon Créateur, et la descente du Verbe. Ma Volonté est la répétitrice dans la créature de ce que mon Humanité a fait. Ainsi, nous sommes toujours dans l’acte d’opérer dans la créature. Nous n’arrêtons jamais, car rien ne doit manquer à celle qui vit dans notre Vouloir. Nos actes seront notre trône, notre accompagnement et la vie même de la créature.

            Notre amour pour la créature semble incroyable. Nous ne la quittons pas des yeux pour voir si tout est enclos en elle. Et combien de fois, parce que nous l’aimons tant, nous répétons notre acte opérant, nous ajoutons une beauté et une sainteté nouvelle aux chefs-d’œuvre que nous avons accomplis en elle ! Nous aimons toujours lui donner et la tenir occupée sous la pluie de nos actes opérants afin de nous donner l’occasion de l’aimer et de nous faire aimer davantage. Aussi, vis toujours dans notre Vouloir et tu sentiras le vent continuel de notre amour et de notre acte opérant qui non seulement répétera nos œuvres en acte, mais ajoutera aussi des choses nouvelles propres à stupéfier le ciel et la terre.

            Après quoi, il ajouta : Ma fille, toutes les créatures vivent dans mon Vouloir. Et si elles ne voulaient pas vivre en lui, elles ne trouveraient pas l’espace où pouvoir vivre. Mais qui ressent notre vie divine ? Qui se sent enveloppée par notre sainteté ? Qui éprouve la satisfaction de se sentir touchée par nos mains créatrices, de se sentir embellie de notre beauté ? Qui se sent noyée dans notre amour ? Celle qui veut vivre dans notre Vouloir ; non pas celles qui s’y trouvent par la force de la Création, puisque notre immensité enveloppe tous les êtres et toutes les choses. Celles-là sont dans notre Vouloir sans nous connaître, comme de véritables usurpatrices de nos biens, des enfants déloyaux et ingrats, dégénérés de leur Père. Et comme elles ne nous connaissent ni ne nous aiment, nous ne trouvons pas en elles d’endroit où placer notre sainteté et notre amour. Leurs âmes sont incapables de recevoir notre beauté toujours nouvelle. Elles ne nous accordent rien, pas même les droits du Créateur. Et bien qu’elles vivent dans notre mer divine, elles sont quand même loin de nous. En ne nous connaissant pas, elles ont dressé des barrières, fermé des portes et brisé les communications entre elles et nous.

            La connaissance est le premier anneau de conjonction entre les créatures et nous. C’est la volonté de vivre dans notre Vouloir qui enlève les barrières et ouvre toutes les portes pour les faire venir dans nos bras et se réjouir avec nous. C’est leur amour qui nous fait répandre à torrent notre amour et nos grâces, au point de les recouvrir de nos divines qualités. S’il n’y a pas de connaissance, nous ne pouvons rien donner.

            Au contraire, celle qui vit dans notre Vouloir nous connaît. En entrant dans notre Vouloir, elle donne son baiser à son Père, elle l’embrasse et place autour de nous son petit amour. Et nous lui donnons nos mers d’amour. Et cette créature embrasse avec tout le ciel. Nous pouvons dire que les fêtes commencent entre cette créature et nous, entre le ciel et la terre. Nous appelons nous-mêmes bienheureuse cette créature et nous lui disons : « Tu es la plus heureuse et la plus fortunée des créatures parce que tu vis dans notre Vouloir ; tu vis et tu nous connais ; tu vis et tu nous aimes. Et nous te gardons cachée dans notre amour, couverte par nos bras, et sous la pluie de nos grâces. »

18.  6 juillet 1938 — Tout ce qui est dans le divin Vouloir triomphe. Joies et conquêtes. L’office de Mère du divin Vouloir. Exemple du poisson dans la mer pour celles qui vivent dans le divin Vouloir. Chacun de nous est dans le divin Vouloir.

        Je suis dans les bras du divin Vouloir et je peux dire que je passe toute ma journée dans sa mer. Tout ce qu’il a fait, dans la Création comme dans la Rédemption, se présente à moi et me dit : « Nous sommes déjà à toi. Regarde avec quel amour ton Créateur nous donne à toi. Et toi, mets en nous ton petit amour afin que l’Amour créateur aime dans l’amour créé, que l’amour créé aime dans l’Amour créateur et qu’ils soient tous deux victorieux. » Mais alors que je suivais les actes du divin Vouloir, je voulais prendre le ciel de force, m’enfermer dans les célestes Régions pour ne plus jamais en sortir. Oh ! combien cet exil me pèse ! Si le divin Fiat n’avait pas fait couler ses petits ruisseaux de joies et de bonheurs célestes, je ne sais pas comment j’aurais pu le supporter ! J’étais remplie d’amertume. Mon bien-aimé Jésus, qui veille toujours sur moi et ne veut pas que je m’occupe d’autre chose que de vivre dans son Vouloir, par compassion pour moi, me fit ce doux reproche :

            Ma bonne fille, pourquoi cette amertume ? Dans ma Volonté, l’amertume fait mauvaise figure parce que ma Volonté est la source de toutes les douceurs, de tous les triomphes et de toutes les conquêtes. Si les créatures sont amères, c’est parce qu’elles ne vivent pas dans ma Volonté et que leur volonté les tyrannise ; elles souffrent alors d’amertume et demeurent vaincues.

            Alors courage, ma fille. Tu dois savoir que lorsque la créature vit dans ma Volonté, elle ressent le besoin de sa Patrie céleste. Elle sent déjà qu’elle en est propriétaire et en se privant de la gloire céleste pour mon amour, en chacun de ses actes, je me sens donné à moi-même par cette créature. Elle me donne le ciel tout entier avec la mer de joies et de bonheurs qui sont dans les célestes Régions. Alors, ne veux-tu pas donner cette joie à ton Jésus ? Et si je ne finis pas de former en toi le Royaume de mon Vouloir, comment puis-je le transmettre aux autres ? Aussi, laisse-moi faire.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, mon amour pour celle qui vit dans mon Vouloir est si grand que je suis comme une maman ayant un fils infirme et qui a le pouvoir de donner à son fils la beauté la plus rare. Cette mère s’étend sur lui, le réchauffe de sa chaleur et à force de baisers et d’embrassements elle lui fait retrouver l’usage de ses membres et le rend beau. Elle se sent heureuse en voyant en lui le fruit de son amour maternel. Mais la maman n’a pas ce pouvoir et elle sera par conséquent toujours malheureuse à cause de son fils.      

            Mais ce que la mère n’a pas, moi je l’ai. Mon amour est si grand que lorsque la créature entre dans ma Volonté, je m’étends sur elle, je la réchauffe de mon amour pour l’appeler à une vie nouvelle, je l’embrasse sans cesse, je la presse contre mon cœur pour enlever tout ce qui pourrait l’assombrir et lui ôter sa fraîcheur et sa beauté divine. Puis je souffle sur elle, je lui envoie mon souffle régénérateur pour générer en elle une vie nouvelle et la restaurer dans sa plus rare beauté. Mais je ne m’arrête pas là. Je forme le trône de toutes mes œuvres et j’y installe mon Vouloir comme un roi sur son trône, régnant et dominant dans cette créature. Je peux dire : « Qu’aurais-je pu faire que je n’aie pas fait ? Aurais-je pu t’aimer davantage, et je ne l’ai pas fait ? »

            Tu dois savoir que mon amour va jusqu’à l’excès. Lorsque la créature fait ses actes dans mon Vouloir, j’appelle dans cet acte tous les actes possibles et imaginables que nous avons accomplis, y compris toute la Création, jusqu’à ma propre génération du Verbe qui procédait du Saint-Esprit, mon Incarnation dans le temps, tout. J’enferme tout dans cet acte afin de pouvoir dire : « C’est notre acte, un acte complet ; il ne doit rien lui manquer. » Et la créature doit pouvoir nous dire : Dans votre acte, tout est à moi et je peux tout vous donner, même vous-mêmes. Par conséquent, notre gloire et notre amour résonnent dans chacune de nos œuvres. Et la créature rassemble tout et se répand jusque dans notre sein divin. Oh ! comme il est doux d’entendre résonner en toutes choses : « Gloire, amour à notre Créateur ! » Mais qui nous a donné l’occasion de recevoir autant de notre gloire ? Celle qui vit dans notre Vouloir.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, lorsque la créature appelle ma Volonté dans ses actes et dans ses prières, ma Volonté répète cet acte avec elle et prie avec la créature. Et comme dans son immensité ma Volonté se trouve partout, la Création, le soleil, le vent, le ciel, les anges et les saints ressentent en eux la force de la prière créatrice, et tous prient. Seule la créature ingrate qui ne veut pas recevoir n’en ressent pas les effets. Ma Volonté possède la vertu de prière. Et, oh ! comme il est beau de voir cette créature prier à la manière divine de la Divine Volonté, imposer à tous la vertu créatrice de ma Volonté et les faire tous prier ! Cette prière s’impose sur nos divins attributs et fait tomber des pluies de miséricorde, de grâces, de pardon et d’amour. Il suffit de dire que c’est notre prière, pour dire : « Elle peut tout donner. »

            Tu dois savoir que la créature est déjà dans l’immensité de notre Volonté, qu’elle fasse notre Volonté ou qu’elle ne la fasse pas, qu’elle vive dans notre Volonté ou qu’elle n’y vive pas. Plus encore, notre Volonté est la vie de la vie de la créature, l’acte de ses actes, et elle l’aide continuellement dans son acte créateur et conservateur. Mais celle qui vit dans notre Volonté ressent sa vie, sa puissance, sa sainteté, et combien notre Volonté l’aime.

            Ce qui se passe avec la créature est comparable aux poissons qui sont dans la mer et savent qu’ils y sont : la créature ressent cette mer divine qui lui sert de lit, qui la porte dans les bras de ses eaux célestes, la nourrit, la fait se mouvoir dans sa mer, l’entretient et l’embellit. Et si la créature veut dormir, notre Volonté forme son lit dans la profondeur de sa mer pour que personne ne la réveille ; elle dort même avec elle. L’amour de ma Volonté est si grand envers celle qui est dans sa mer et qui le sait, que ma Volonté accomplit dans cette créature tous les arts qu’elle veut exercer. Et si la créature veut penser, ma Volonté pense dans la créature. Si la créature veut regarder, ma Volonté regarde dans ses yeux. Si la créature veut parler, ma Volonté parle, la maintient en communication continuelle et lui dit toutes les merveilles de notre amour éternel. Si elle veut travailler, ma Volonté travaille ; si elle veut marcher, ma Volonté marche ; si elle veut aimer, ma Volonté aime. Mon Fiat a toujours quelque chose à faire avec cette créature, et non seulement cette créature le reconnaît, mais elle ne le laisse jamais seul. La créature s’enfonce toujours plus loin dans la mer de ma Volonté parce qu’elle sait que si elle en sort, elle perd sa vie. Ce serait comme pour le poisson qui meurt s’il sort de la mer. Ces créatures qui vivent dans notre Vouloir sont nos demeures célestes et avec leur amour, elles prennent plaisir à former des vagues dans notre mer pour nous divertir et nous rendre heureux.      

            Au contraire, les créatures qui sont dans l’immensité de notre mer et ne le savent pas ne ressentent rien de tout cela. Elles ne ressentent pas notre attention paternelle qui les presse contre notre sein. Elles vivent dans notre mer comme si elles ne vivaient pas. Elles sont très malheureuses, comme si elles n’étaient pas nos enfants. Elles sont comme des étrangères. Et comme nous ne sommes pas connus, nous sommes contraints par leur ingratitude à ne pas leur dire même un seul mot, et à conserver réprimés dans notre sein les biens que nous aurions donnés. Et voir nos enfants pauvres, différents de nous uniquement parce qu’ils ne nous connaissent pas, c’est pour nous une souffrance. Et si nous leur donnions, ce serait comme dit l’Évangile : « Ne donnez pas des perles aux pourceaux. » Ne les connaissant pas, ils les recouvriraient de boue et les piétineraient.

            Ainsi, la connaissance fait connaître où nous sommes, avec qui nous sommes, ce que nous pouvons recevoir et ce que nous devons faire. Par conséquent, celui qui ne le sait pas est véritablement aveugle : malgré tous les biens qui l’entourent, il ne voit rien ; il est le vagabond de la Création.

19.  11 juillet 1938 — Comment, lorsque l’amour est vrai, tout ce que l’un veut, l’autre le veut également. Chaque acte de la Divine Volonté est un chemin qui s’ouvre entre le ciel et la terre. Le souffle de Dieu dans la créature.

       Je suis toujours dans les bras du divin Vouloir et je ressens, en écrivant, le poids du grand sacrifice d’avoir à écrire et que j’offre à mon cher Jésus pour obtenir que la Divine Volonté soit connue, désirée et aimée par tous. Oh ! combien je voudrais donner ma vie pour qu’elle soit connue ! Comme je souffrais, c’est avec difficulté que je continuais à écrire et mon doux Jésus, pour me donner de la force, me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage, je suis avec toi. Je suis si heureux que tu écrives cela, car pour chaque mot que tu écris, je te donne un baiser, une étreinte est une de mes vies divines en cadeau. Sais-tu pourquoi ? Parce que je vois représentée dans ces écrits notre vie d’amour éternel, la copie de notre Divine Volonté opérante. Notre amour, réprimé depuis six mille ans, éclate et trouve un soulagement pour nos flammes en faisant connaître combien il aime la créature, au point de vouloir lui donner sa propre Volonté comme vie. Et cela pour que nous puissions dire des deux côtés : Ce qui est à moi est à toi.

            L’amour vrai n’est satisfait que lorsqu’il peut dire : « Nous nous aimons d’un amour égal. Ce que je veux, elle le veut. S’il y avait une disparité quelconque d’amour, cela nous rendrait tous les deux malheureux, et si l’un voulait une chose et l’autre quelque chose d’autre, l’union, l’amour, prendraient fin. » Puisque mon amour est un amour vrai, sachant que la créature a un amour et une volonté limités, nous pouvons dire que nous nous aimons l’un l’autre avec un seul amour, que nous avons une Volonté une. Si l’un ne devient pas la volonté de l’autre, l’amour vrai n’existe pas et il ne peut pas naître. Par conséquent, tu devrais être heureuse de servir à l’épanchement de mon amour – réprimé durant de nombreux siècles – et à l’apaisement de mes flammes qui me rendent délirant. Aussi, aimons-nous d’un même amour et disons ensemble : Ce que tu veux, je le veux. Dis : Jésus, fais fondre ma volonté dans la tienne et donne-moi ta Volonté pour vivre.

            Après cette promesse mutuelle de vivre d’une seule Volonté, mon bien-aimé Jésus ajouta avec encore plus de tendresse :

            Ma bonne fille, tu dois savoir que le pouvoir de chaque acte accompli dans ma Volonté est si grand qu’il ouvre un chemin vers le ciel pour soi-même et pour ceux qui suivent. Chaque acte est par conséquent un chemin qui conduit au ciel. Tous ces chemins qui descendent du ciel s’entrelacent sur toute la terre et deviennent des voies et des guides sûrs pour tous ceux qui veulent entrer, en guidant la créature jusqu’au sein de son Créateur. Tu vois alors ce qu’un acte dans ma Volonté peut faire : c’est un chemin de plus qui s’ouvre entre le ciel et la terre. Comme il est beau de vivre dans ma Volonté. Et cet acte n’est pas seulement un chemin, car lorsque l’âme est sur le point de l’accomplir, le souffle divin descend et en soufflant sur cet acte il remplit toute la Création de son souffle omnipotent, et tous ressentent le réconfort, l’amour et la puissance du souffle créateur qui a le pouvoir de contenir tous les êtres et toutes les choses, de les parfumer de son air divin et céleste. Ma Volonté opérante doit faire des prodiges, dans la créature comme en nous-mêmes, au point de pouvoir dire : « Je suis un acte divin, je peux tout faire. » Il n’y a pas de plus grand honneur que nous puissions accorder aux créatures ni de gloire que nous puissions en recevoir pour nous glorifier davantage, nous rendre plus heureux, plus glorieux et triomphants, que de faire opérer notre Volonté dans leur acte. Nous nous sentons enfermés dans leur acte tout en nous sentant libres d’opérer dans le cercle humain comme nous savons opérer en tant que Dieu. Faire cela est pour nous d’un amour exubérant. Nous aimons notre acte dans lequel nous voyons se déployer notre puissance et notre inatteignable beauté, notre sainteté, notre amour et notre bonté qui recouvrent toutes les créatures, les embrassent et les étreignent, et qui voudraient transmuer tous les êtres et toutes les choses dans nos domaines divins. Comment est-il possible de ne pas aimer un acte aussi grand ? Et comment est-il possible de ne pas aimer celle qui nous a servi de porteuse pour opérer tant de merveilles ? Que ne donnerons-nous pas à cette créature ? Et qui pourrait lui refuser quoi que ce soit ? Qu’il suffise de dire que celle qui vit dans notre Vouloir devance tout le monde. Elle est la première en sainteté, en beauté et en amour. Nous entendons notre écho, notre souffle, dans son souffle. Cette créature ne prie pas, elle prend plutôt ce qu’elle veut dans nos divins trésors. Par conséquent, que la vie dans notre divin Vouloir te tienne toujours à cœur.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, notre Volonté circule dans toutes les choses créées comme le sang dans les veines. L’acte premier, le mouvement et la chaleur viennent toujours de notre Volonté. Mais si notre Volonté trouve une créature qui la reconnaît et vit en elle, si notre Volonté continue à circuler en toute chose, elle s’arrête cependant et forme son soutien dans cette créature pour opérer ses merveilles. Et si notre Volonté, avec sa puissance et son immensité ne quitte jamais personne, avec cette créature, elle ouvre ses communications parce que cette créature aura des oreilles pour l’entendre, une intelligence pour la comprendre et un cœur pour la recevoir et l’aimer.

            Dans cette créature, notre Volonté déposera ses grâces, ses finesses d’amour. La volonté humaine qui vit de notre Volonté servira d’espace où notre Volonté continuera son acte opérant. Notre Volonté y formera son centre, sa chambre divine et son exutoire d’amour continuel. Et lorsque cette créature accomplira ses actes dans mon Vouloir, elle renaîtra en Dieu et Dieu en elle. Et ces renaissances feront se lever de nouveaux horizons, des cieux plus beaux, des soleils plus resplendissants et une nouvelle connaissance divine. Pour chaque acte de plus que la créature accomplit dans mon Vouloir, nous nous sentons davantage portés à nous faire connaître, nous nous confions avec plus de sûreté à cette créature. Et comme notre Volonté est en elle, c’est avec jalousie qu’elle saura prendre soin de ce que nous lui disons et lui donnons. Ainsi, à chaque renaissance, la créature renaîtra à un amour nouveau, à une sainteté et à une beauté nouvelle.      

            Par conséquent, en regardant cette créature, dans le délire de notre amour, nous lui disons : « Notre Vouloir te rend toujours plus belle et plus sainte. Et plus tu demeures en lui, plus tu grandis et plus tu renais dans notre Être divin. Pour chaque acte additionnel que tu fais, notre Volonté s’impose pour nous faire donner ce qui vient de nous, te dire de nouveaux secrets, te faire faire de nouvelles découvertes de notre amour. » Si nous ne donnions pas toujours à cette créature, nous sentirions qu’il manque quelque chose à notre vie divine, ce qui ne peut pas être. Et la créature ne peut même pas exister si elle ne reçoit pas. Elle sentirait le manque de nourriture, d’amour, de tendresse de son Père céleste. Aussi, sois attentive et reconnais que tu es portée dans les bras de la Paternité divine.

20.  18 juillet 1938 — Comme il est beau de voir la créature dans la Divine Volonté. Comment les choses créées attendent l’amour de leur Créateur. L’amour exubérant de Dieu pour qui vit dans la Divine Volonté. La procession du Saint-Esprit.

           Mon vol dans le divin Vouloir continue. Sa puissance et son immensité semblent avoir besoin de la compagnie de sa créature bien-aimée pour l’emmener partout où le divin Vouloir se trouve. Et lorsque la créature trouve ses œuvres, le divin Vouloir arrête la créature pour lui dire l’histoire que chacune de ses œuvres possède, et la diversité d’amour avec laquelle elles sont animées. Et notre Vouloir prend tellement plaisir à faire connaître la source, la spécialité de ses œuvres, qu’il fait non seulement don de ses œuvres à qui veut écouter, mais qu’il les glorifie avec la créature. Mon esprit était étonné, enchanté, lorsque mon toujours aimable Jésus me surprit et me dit :

            Ma bienheureuse fille, il n’y a pas d’enchantement plus beau et qui ravisse davantage notre Être suprême que de voir la créature entrer dans notre Volonté. En entrant, elle nous prend dans ses bras et se revêt intérieurement et extérieurement de notre Être divin. Et nous, en échange, nous la prenons dans nos bras pour notre plaisir. Et comme il est beau de la voir si petite, mais si belle ; petite et sage ; petite et forte, assez pour être capable de porter son Créateur ! Il n’est rien en quoi elle n’est pas comme nous.

            C’est seulement en entrant dans notre Vouloir que la créature acquiert nos divines qualités et qu’elle s’en revêt. Avec le droit que nous lui donnons, la créature domine sur toute chose, se donne à tous, les aime tous, veut être aimée par tous et veut que tous nous aiment. Voir une créature qui veut que tous nous aiment est la plus pure, la plus belle et la plus grande de nos joies. Nous entendons notre écho qui veut que tout le monde nous aime et que nous aimions tout le monde. Et si beaucoup ne nous aiment pas, nous nous sentons offensés et privés de nos droits de Créateur et de Père qui aime tellement ses enfants. Nous nous sentons représentés par cette créature dans notre Volonté. Nous trouvons en elle nos mêmes folies d’amour. Comment ne pas l’aimer ? Nous donnons alors notre premier baiser et l’ardeur de nos embrassements à cette créature, et les stratagèmes d’amour dont nous usons avec elle sont inouïs. Et plus nous l’aimons, plus nous voulons l’aimer.

            Jésus garda le silence, puis il ajouta : Ma fille, toutes les choses créées t’attendent. Mais sais-tu pourquoi ? Parce qu’elles ressentent avec toi en vertu de mon Fiat dont tout est animé : l’union et l’inséparabilité avec toi. Et comme la suprématie sur toutes choses est donnée à la créature, elles t’attendent parmi elles afin qu’avec elles tu puisses nous glorifier et nous aimer, selon la fonction de nous donner que chacune peut avoir.

            Chaque chose créée possède la plénitude de son propre bien. Le soleil possède la plénitude de la lumière, et chaque acte de lumière qu’il émet, chaque effet et chaque bien qu’il libère de son sein de lumière est une continuelle sonate de gloire et d’amour qu’il nous donne. Mais il ne veut pas la donner uniquement à nous. Il veut également : celle pour qui il a été créé. Et nous sommes alors véritablement aimés et glorifiés lorsque la créature, animée par notre Volonté, court dans cet acte de lumière et nous aime et nous glorifie avec l’amour et la gloire de la lumière. Nous trouvons la créature cachée dans cette lumière, qui nous aime avec la plénitude de la lumière et de la chaleur. Nous trouvons dans la créature : l’amour qui nous blesse, l’amour qui nous adoucit, l’amour qui dit toujours « Amour ». C’est pourquoi nous avons donné à la créature d’avoir en son pouvoir : un soleil qui nous aime. Si nous ne trouvons pas la créature dans les choses créées, nous ne sommes pas heureux. Ces choses créées deviennent comme des instruments sans résonance et sans vie. Tout au plus, nous nous aimons et nous nous glorifions nous-mêmes, mais ce n’est pas la créature qui nous aime et qui nous glorifie ; nous avons alors échoué dans notre dessein.

            Le vent t’attend pour que ta voix se coule dans ses gémissements, pour que les choses créées entendent ton amour gémir vers leur Créateur. Oh ! combien le vent se sent honoré lorsque les choses créées voient dans l’impétuosité du vent ton amour impétueux qui domine presque sur Celui qui créa le vent, qu’elles voient ses vagues et son souffle investis par ton Je vous aime ! Et lorsque nous entendons tes souffles d’amour, nous soufflons sur toi de l’amour pour être aimés davantage. L’air que chacun respire t’attend afin d’être animé par ta voix. Et dans chaque souffle que les choses créées reçoivent, elles reçoivent le « Je vous aime » de leur Créateur. Et dans chaque souffle que les choses créées émettent, ton Je vous aime court pour nous apporter dans le sein de ton Je vous aime : toutes les vies et tous les souffles changés en autant de voix d’amour. Tous t’attendent afin de recevoir la nouvelle vie d’amour dont l’âme qui vit dans mon Vouloir est porteuse. Même les saints, les anges et la Reine du ciel elle-même t’attendent afin de pouvoir recevoir la fraîcheur et la joie de l’amour opérant de la créature, et être inondés de l’amour de cette heureuse créature qui, bien qu’elle vive sur la terre, vit avec cette même Volonté qui est leur vie à eux. Ils ressentent le nouvel amour de celle que mon Vouloir a comblée et chacun ressent la joie et l’amour conquérant que porte cette âme.

            Ma fille, quel ordre, quelle harmonie apporte entre le ciel et la terre celle qui vit dans ma Volonté ! Tous ses actes, tous ses mouvements et toutes ses pensées se changent en voix, en sons, en harmonies qui revêtent toutes les choses créées et font dire à toutes qu’elles nous aiment. Et si nous sommes aimés, chacun est aimé d’un amour nouveau avec nous. Le ciel tout entier demeure ravi en voyant les merveilles, le doux enchantement de celle qui vit dans notre divin Fiat.

            Tu dois savoir que mon amour n’est pas satisfait si je ne prépare pas et ne donne pas de nouvelles surprises d’amour à celle qui vit dans mon Vouloir, si je ne lui fais pas connaître de nouvelles choses. Écoute, ma fille, combien je t’ai aimée : mon Père céleste me générait et je l’aimais. Dans cet amour, je t’aimais également parce que ma Volonté te gardait toujours présente. Je génère continuellement, et dans l’ardeur de notre amour de Père et de Fils, le Saint-Esprit procéda. Dans cette ardeur, je t’aimais aussi d’un amour continu. J’ai créé toute la Création, et avant chaque chose créée, c’est toi que j’aimais d’abord avant de la créer, et je la déployais alors pour être à ton service. Même dans l’amour entre moi et ma céleste Maman, je t’aimais. Et, oh ! combien je t’aimais en m’incarnant dans son sein virginal ! Je t’aimais en chaque souffle, en chaque mouvement, en chaque larme. Ma Volonté te rendait présente parce que je t’aimais et que tu recevais de moi : mon souffle, mes larmes et mon mouvement. Mon amour en est venu à un tel point pour celle qui vivrait dans mon Vouloir que même lorsque je donnais des grâces à mes saints et que je les aimais, celle qui vivrait dans mon Vouloir en venait à être enclose dans cet amour.

            Je peux dire que je t’ai toujours aimée. Je t’ai aimée en tous et en toute chose. Je t’ai aimée dans tous les temps et en tous lieux. Je t’ai aimée partout et de tous côtés.

            Oh ! si toutes savaient ce que signifie vivre dans mon Vouloir, et les mers d’amour et de grâces dont elles seraient inondées ! Oh ! si toutes savaient que c’est un Dieu qui les aime d’un amour toujours nouveau, et que tout comme dans notre Être divin nous pouvons avoir notre divine et prédominante passion que la créature vive dans notre Vouloir, cela deviendrait alors aussi leur passion prédominante et, quel qu’en soit le coût, elles donneraient leur vie pour vivre dans ce Fiat qui les aime tant.