📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 35


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  Prière — In Voluntate Dei (Dans la Volonté de Dieu. Fiat!!!)

Ma douce vie, mon très grand bien, Jésus, viens à mon aide. Ma petitesse et ma misère sont si grandes que je ressens le besoin extrême de sentir en moi ta vie palpitante et amoureuse. Sinon je me sens incapable de te dire même un petit Je t'aime. Je t'en prie, ne me laisse pas seule, puisque la tâche d'écrire sur la Divine Volonté est entièrement la tienne. Je ne ferai que te prêter ma main et être attentive à l'écoute de tes saintes paroles. Tu feras tout le reste. Alors, penses-y, ô Jésus. Et j'appelle à l’aide ma céleste Mère pour qu'elle me garde sur ses genoux pendant que j'écris, et qu'elle me synchronise avec son Cœur maternel pour me faire sentir ses douces harmonies du divin Fiat afin que je puisse écrire tout ce que Jésus veut que j'écrive sur son adorable Volonté.

2.  9 août 1937 — Prodiges de l'amour dans le divin Vouloir. Comment la Divine Volonté dédouble son amour pour être aimée avec son propre amour. Comment la Reine formera la nouvelle Hiérarchie dans son héritage.

         Mon envol se poursuit dans le divin Vouloir. Il m'attend avec tant d'amour qu'il me prend dans ses bras de lumière et me dit : 

            Ma fille, je t'aime, je t'aime. Et toi, dis-moi que tu m'aimes pour que je puisse placer mon grand Je t'aime sur ton petit Je t'aime, l'étendre dans l'immensité de mon Fiat et faire que tous et toutes choses puissent t’aimer alors que tu m'aimes pour tous et toutes choses. Je suis l'Immensité et j'aime donner aux créatures pour en recevoir mon amour immense. Je donne et je reçois les harmonies, les diverses notes, la douceur et les sons enchanteurs et ravissants contenus dans mon amour. Lorsque ma Volonté aime, les cieux, le soleil, toute la Création, les anges et les saints, tous aiment avec moi. Ils attendent tous avec impatience le Je t'aime de Celui à qui ils destinaient leur Je t'aime. Ainsi, sur les ailes de ma Volonté, j'envoie à tous ton Je t'aime pour les payer en retour de l'amour qu'ils ont pour toi, uni à mon amour. Lorsqu'on aime, c'est pour être aimé en retour. Ne pas recevoir de l'amour en retour est la plus dure des souffrances, une souffrance qui fait délirer. C'est le clou qui transperce le plus et qui ne peut être enlevé que par le remède, le baume d'un retour d'amour.

            Je me disais alors : Mon Dieu, qui pourrait jamais te payer de retour pour ton grand amour ? Peut-être la Reine du ciel peut-elle prétendre au mérite d'avoir payé de retour son Créateur… Et moi ? Et moi ?  Je me sentais oppressée. Et mon toujours adorable Jésus m'a fait sa petite visite et, toute bonté, il me dit : 

            Fille de ma Volonté, ne t'inquiète pas. Pour l'âme qui vit dans ma Volonté, il y a une harmonie parfaite dans l'amour. En possédant sa vie dans la créature, ma Volonté dédouble son amour, de sorte que lorsqu'elle veut aimer, elle aime en elle-même et en l’âme, puisqu'elle possède sa vie. Dans ma Volonté, l'amour est dans une harmonie parfaite, les joies et le bonheur d'un pur amour sont toujours en pleine force.

            Notre bonté paternelle pour l'âme qui vit dans notre Volonté est si grande que nous comptons les souffles, les battements de cœur, les pensées, les paroles et les mouvements pour les rendre avec les nôtres et les remplir d'amour. Dans notre excès d'amour, nous disons à cette créature : Elle nous aime et nous devons l'aimer. Et en l’aimant, nous lui témoignons des dons et des grâces à en étonner le ciel et la terre.

            C'est ce que nous avons fait avec notre Reine. Nous lui avons témoigné tant de choses, mais sais-tu ce que signifie ce témoignage ? C'est nous-mêmes que nous regardons, et nous voulons donner tout ce que nous sommes et tout ce que nous possédons.

            Une dissemblance serait pour nous une cause de souffrance. La créature, en se voyant différente de nous, n'aurait plus pour nous la confiance d'une fille, une confiance qui vient du fait de partager les mêmes biens et les mêmes dons. De plus, vivre dans notre Divine Volonté, c'est exactement cela : une seule Volonté, un seul Amour, des biens communs. Tout ce qui pourrait manquer à la créature, nous le donnons nous-mêmes pour compenser et dire : Ce que nous voulons, elle le veut aussi. Notre amour et son amour sont un seul amour, et comme nous l'aimons, elle nous aime.

            Ma fille, est-ce qu’il nous manque la force d'élever la créature au niveau de notre image, de lui donner la possession de nos biens pour qu'elle puisse vivre dans notre Volonté ? Ma céleste Mère, dès le premier instant de son existence, possédait la vie de mon divin Fiat. Nous nous aimions d'un même amour et nous aimons la créature d'un amour semblable.

            Notre amour pour elle est tel que, tout comme nous avons notre hiérarchie d’anges au ciel, de même que les différents ordres de saints, la grande Dame, la céleste Impératrice qui possède le grand héritage de notre Volonté, invitera ses propres enfants à posséder son héritage lorsque notre Royaume sera établi sur la terre. Nous lui donnerons la grande gloire de former la nouvelle Hiérarchie qui sera semblable aux neuf chœurs des anges. Elle aura le chœur des Séraphins, des Chérubins, etc., Ainsi que le nouvel ordre des saints qui vivaient dans son héritage. Elle les aura formés sur la terre et les emmènera au ciel en s'entourant de la nouvelle Hiérarchie, celle des nouveau-nés dans le divin Fiat, nés dans son propre amour, ceux qui vivaient dans son héritage.

            Ce sera l'accomplissement de l'œuvre de la Création, notre «consumatum est». Nous aurons le Royaume de notre Volonté parmi les créatures grâce à l'Héritier céleste qui a voulu donner sa vie pour chacune d'elles, pour que son règne arrive. Combien nous serons glorifiés et heureux lorsque la Reine souveraine aura sa propre Hiérarchie tout comme nous avons la nôtre. Bien plus encore puisque notre Hiérarchie sera également la sienne et que la sienne sera la nôtre, car tout ce qui est fait dans notre Volonté est inséparable.

            Si tu savais combien cette céleste Reine aime les âmes. Image fidèle de son Créateur, elle trouve en elle-même les mers d'amour, de grâce, de sainteté, de beauté et de lumière. Elle regarde alors les créatures et veut se donner tout entière avec toutes ses mers pour que les créatures puissent avoir leur Maman avec toutes ses richesses. C'est pour elle une grande douleur que de voir ses enfants si pauvres alors que leur Mère est si riche. Elle voudrait les voir dans ses mers d'amour, aimant comme elle leur Créateur, cachés dans sa sainteté, embellis par sa beauté, comblés de sa grâce. Mais comme elle ne les y voit pas, si elle n'était pas dans un état de gloire où les souffrances n'ont pas de place, elle mourrait de douleur pour chaque créature qui ne vit pas dans la Divine Volonté. Par conséquent, elle prie sans cesse. Elle met toutes ses mers dans ses prières pour supplier que la Divine Volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

            Notre amour est si grand que par la vertu de notre Volonté, elle se dédouble en chaque créature pour préparer l'intérieur de son âme, la synchroniser avec son Cœur maternel en la serrant dans ses bras pour la disposer à recevoir la vie du divin Fiat. Oh ! combien elle prie en chaque cœur notre adorable Majesté en disant : « Hâte-toi ! Je ne peux plus contenir mon amour. Je veux voir mes enfants vivre avec moi dans cette Divine Volonté qui forme toute ma gloire, ma richesse, mon grand héritage. Fais-moi confiance, je saurais comment défendre mes enfants et ta Volonté qui est aussi la mienne. »

            L'amour de cette céleste Reine et Mère est insurpassable. Ce n'est qu'au ciel que les créatures sauront combien elle les aime, et tout ce qu'elle a fait pour elles. Son acte le plus exubérant, le plus grand et le plus magnanime est de vouloir que ses enfants possèdent le Royaume de ma Volonté comme elle-même le possède. Oh ! que ne ferait pas pour cela la céleste Dame ! Toi aussi, unie à elle, prie pour un dessein aussi saint.

3.  15 août 1937 — L’empire des actes accomplis dans la divine volonté. Dieu est à la tête des actes de l'âme qui vit dans la Divine Volonté. 

           Mon envol continue dans le divin Vouloir, mais ses surprises sont toujours nouvelles, investies d'un amour qui fait notre ravissement et laisse débordant d'une joie telle que l'on voudrait rester cachée en lui, sans jamais le quitter. Oh ! adorable Volonté, combien je voudrais que tous te connaissent pour t'aimer et le laisser régner, et se laisser prendre dans ton filet d'amour. Je pensais cela lorsque mon doux Jésus rendit visite à ma petite âme et toute bonté, il me dit : 

            Petite fille de ma Volonté, les surprises, les nouveautés, les secrets et les attirances de ma Volonté sont innombrables. Celle qui veut y entrer en demeure renouvelée et magnétisée dans la mesure où elle ne veut plus en sortir. Elle ressent son Empire divin et le baume céleste qui, en changeant sa nature, l'élève à une vie nouvelle.

            Tu dois savoir que la Divine Volonté accorde tant de pouvoir à la créature qu'elle ressent son empire même dans ses plus petits actes. Si elle aime, elle ressent l'empire de son amour; si elle parle, elle ressent sa force créatrice ; si elle travaille, elle ressent l'empire et la vertu de ses œuvres qui l'entourent et apportent cette Volonté à chaque cœur pour la faire régner et dominer en lui. Notre Volonté sent son propre empire dans l'acte de la créature et se sent forcée de donner ce que la créature veut dans cet acte. Si elle veut aimer, elle nous fait aimer dans cet acte et elle obtient pour nous de l'amour; si elle veut que notre Volonté règne, elle nous amène par son propre empire au point de prier que tous puissent recevoir notre Volonté. Un acte dans notre Volonté ne s'arrête jamais. Il nous dit : « Je suis votre acte. Vous devez me donner ce que je veux. » On peut dire qu'il prend le contrôle sur notre Puissance, la dédouble et la multiplie. La créature, bien qu'elle nous implore, ne demande pas, mais prend tout ce que veut son acte, d'autant plus que dans notre Volonté, nous ne voulons pas qu'un acte soit différent de nos propres actes. Par conséquent, nous nous laissons régir et dominer.

            Puis Jésus garda le silence. Je suis incapable d'exprimer ce que je ressentais… Mon esprit était si magnétisé par ses paroles et investi par son empire que je voulais donner ma vie pour que tout le monde le connaisse. Et mon bien-aimé Jésus reprit :

            Ma fille, il n'y a pas de quoi être surprise. Tout ce que je te dis est pure vérité. Ma Volonté est tout et peut faire toute chose. Ne pas mettre dans notre propre condition celle qui vit dans notre Volonté, cela n'est pas de notre Être suprême. La créature qui peut tout au plus nous voir dans ce qui est naturel, lorsqu'elle vit dans notre Volonté, se reconnaît elle-même comme grâce, participation et expression de notre amour et de notre Volonté; et c'est ainsi que ma Volonté veut que la créature soit. Par conséquent, nous voulons qu'elle vive dans notre Vouloir afin que ses actes et les nôtres puissent être fusionnés, et résonner d'un seul timbre, d'une seule valeur, d’un seul amour. Nous ne pouvons ni ne voulons résister à un de nos actes.

            De plus, tu dois savoir que la vie dans notre Volonté est unité, au point que si la créature aime, Dieu est toujours à la tête de son amour. Ainsi, son amour et celui de la créature sont un seul amour. Si la créature pense, Dieu est à la tête de ses pensées; si elle parle, Dieu est la source de ses paroles; si elle travaille, Dieu est le premier acteur opérant dans ses œuvres; si elle marche, Dieu conduit ses pas. La vie dans ma Volonté n'est rien d'autre que la vie de la créature en Dieu et la vie de Dieu en elle.

            Il nous est impossible de laisser notre amour, notre puissance et nos actes en dehors de l'âme qui vit dans notre Volonté. Si la Volonté est une, tout le reste va de soi : unité de l'amour, unité des œuvres, unité de choses. C'est pourquoi la vie de notre divin Fiat est le prodige des plus grands prodiges – un prodige encore jamais vu et jamais encore entendu. Nous voulions faire ce prodige que seul un Dieu peut accomplir dans la créature parce que nous ne pouvions plus contenir l'exubérance de notre amour. Mais la créature, ingrate, n'a pas accepté. Cependant, nous n'avons pas changé notre Volonté. Bien que notre amour ait été entravé et réprimé, il nous tourmente et nous utiliserons de tels excès d'amour, d'industries et de stratagèmes que nous obtiendrons que notre Volonté soit une avec la créature.

4.  23 août 1937 — Comment la Divine Volonté veut grandir dans la créature et former sa plénitude. Comment l'âme qui vit en elle est rendue consciente de toutes les œuvres de son Créateur qui lui fait posséder toutes les œuvres divines.

         Je me sens emportée dans les vagues du divin Vouloir qui veulent pénétrer plus avant dans les profondeurs de mon âme pour se faire connaître et me faire ressentir leur vie, leurs joies célestes, les biens immenses que la Divine Volonté veut donner à tous ceux qui vivent en elle. Mon bien-aimé Jésus qui semble attendre avec impatience de continuer à parler du divin Fiat, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, combien je suis heureux lorsque je vois que l'âme est disposée à m'écouter, à recevoir le grand don apporté par ma parole. Je ne parle que si je vois l'âme bien disposée. En fait, si elle ne l’est pas, ma parole ne peut pas accorder ce don qu’elle-même génère.

            Tu dois savoir que plus la créature recherche ma Volonté, plus elle veut la connaître, l'aimer et ne pas la laisser sortir d’aucun de ses actes, plus ma Volonté grandit pour atteindre sa plénitude. Une petite attention de plus suffit à la faire grandir, un soupir, un désir pour sa vie. Oh ! combien elle grandit merveilleusement jusqu'à atteindre les hauteurs de la sphère divine, jusqu'à connaître les secrets les plus élevés et les plus intimes ! Ma Volonté est vie, et la vie ne veut pas s'arrêter. Elle veut continuellement grandir et pour cela elle attend le plus petit acte, la plus petite invitation amoureuse de la créature ; d'autant plus qu'elle ne veut pas grandir par la force, mais que ce soit la créature qui désire la croissance continuelle et la plénitude de ma Volonté. En même temps que ma Volonté, grandit aussi la force divine dans l'âme, la sainteté, la beauté, le bonheur, la connaissance et la plénitude des biens innombrables que possède mon divin Fiat.

            Tu vois ainsi tout ce que peut signifier un acte additionnel, un soupir, un désir, un appel à ma Volonté : cela signifie acquérir davantage de force divine, c'est être embellie à tel point que nous en sommes nous-mêmes ravis. Nous la regardons sans cesse et nous reconnaissons en elle notre force et notre bonté, et combien alors nous l'aimons. Nous sommes d'autant plus heureux qu'elle est pour nous porteuse de nos joies et de nos biens. Devant cette créature notre amour grandit, il déborde et se déverse sur elle au point de la remplir et de former en elle et autour d'elle un labyrinthe d'amour impatient, un ardent désir de faire grandir la plénitude de notre Volonté.

            Ma fille, il y a une grande différence entre celles qui sont attentives, tous yeux et toutes oreilles, à ma Volonté, et celles qui simplement la veulent, mais sans aucune attention spéciale. Il semble que celles-là n'ont pas d’yeux pour la voir, de cœur pour l'aimer ni de voix pour l'appeler en toutes choses. Elles possèdent peut-être ma Volonté en partie, mais sa plénitude est bien loin d'elles.

            Mon Jésus a ensuite gardé le silence et je restais immergée dans les vagues éternelles du divin Vouloir, si bien que mon pauvre esprit ne savait comment en sortir. J'ai eu envie de dire : Jésus, c'est assez pour maintenant. Mon esprit ne peut pas contenir tout ce que tu veux me dire. Et mon doux Jésus, plaçant sa main sur mon front, poursuivit : 

            Ma fille, continue à écouter. Vois jusqu'où peut parvenir une âme qui vit dans ma Volonté : ma Volonté la rend consciente de toutes nos œuvres. Notre Être suprême maintient continuellement ses œuvres en action. Pour nous, le passé et l’avenir n'existent pas. Le Père céleste génère continuellement son Fils, et entre le Père et le Fils procède le Saint-Esprit. Telle est la vie en nous-mêmes, qui comme le cœur et la respiration forme notre vie, générant et procédant continuellement. Autrement, il nous manquerait la vie de la même manière que la vie manquerait à la créature si son cœur ne battait pas et si elle ne respirait pas continuellement. Dans cette génération et procession continuelle, nous formons des joies, des bonheurs et des satisfactions immenses et si grandes que nous sommes incapables de les contenir en nous-mêmes. Elles débordent et forment la joie et le bonheur du ciel tout entier. C'est de ces biens immenses produits par la génération continuelle du Verbe et par la procession du Saint-Esprit que sont sorties la somptuosité et la magnificence du moteur de la Création tout entière, la création de l'homme, la Conception de la Vierge immaculée et la descente du Verbe sur la terre. Tout cela et bien plus encore est toujours en action dans notre Être divin, en action comme le Père qui génère le Fils et la procession du Saint-Esprit.

            Celle qui vit dans notre Volonté est spectatrice de ces prodiges divins. Elle se sent recevoir continuellement le Fils généré par le Père, et le Saint-Esprit qui toujours procède. Oh ! combien de joies, d'amour et de grâces elle reçoit. Elle nous donne la gloire que nous générons toujours dans notre Volonté et elle trouve la Création tout entière en action. Nous accordons de droit à cette créature tous les biens de la Création. Elle est la première glorificatrice de tout ce que nous avons créé. Elle trouve en action la Vierge conçue, ses mers d'amour, toute sa vie. La Vierge lui donne la possession de tout et cette créature prend tout en nous glorifiant pour le grand bien que nous avons fait lorsque nous avons créé cette céleste Créature. Elle trouve en action la descente du Verbe, sa naissance, ses pleurs, sa vie palpitante et aussi ses souffrances. Nous lui donnons la possession de tout et elle prend tout. Elle nous glorifie et elle nous aime pour toutes les créatures et pour toutes choses. Dans notre Volonté, la créature peut dire : «Tout est à moi, et Dieu lui-même ainsi que la Divine Volonté.» Par conséquent, elle ressent le devoir de nous glorifier et de nous aimer en chaque chose et en chaque créature.

            Il nous est impossible de ne pas donner à celle qui vit dans notre Volonté ce que nous avons fait et que nous continuons à faire. Notre amour ne le supporterait pas. Il nous ferait souffrir. D'autant plus que nous ne perdons rien en donnant. Au contraire, nous nous sentons plus glorifiés et ravis si la créature vit avec nous, consciente de toutes nos œuvres et les possédant toutes. Pouvoir dire : «Tout ce qui est à nous est à toi » constitue notre plus grand bonheur. La désunion n'apporte jamais aucun bien : le « tien » et le « mien » brisent l’amour et produisent le malheur. Dans notre Volonté, la désunion n'existe pas, ni le « tien » et le « mien », car tout est en parfaite harmonie.

5.  29 août 1937 — Comment Dieu veut voir sa vie dans l'âme qui vit dans sa Volonté au point de devenir son modèle. Les dons que Dieu accorde à sa créature. L'espace de la volonté humaine : une chambre divine pour les merveilles de Dieu.

        Mon vol dans le divin Vouloir continue. Ses attirances et ses charmes deviennent plus insistants. Son désir de vivre dans l'âme est tel qu'il emprunte tantôt l'attitude de la prière, tantôt de la supplication, tantôt celui de la promesse, au point de promettre à la créature des dons nouveaux, plus merveilleux et inattendus, si elle le laisse régner. Seules des ingrates pourraient résister à autant d'attentions. Mon esprit était envahi par toutes les supplications et tous les soupirs du divin Fiat lorsque mon doux Jésus, ma chère vie, est revenu me faire une petite visite. Et comme s'il voulait déverser tout son amour, toute bonté, il me dit :

            Ma bienheureuse fille, si tu savais dans quel labyrinthe d'amour nous sommes placés par celles qui ne vivent pas dans notre Volonté. Je peux dire que pour chacun des actes qu'elles accomplissent, chaque parole, pensée, battement de cœur, chaque souffle que nous ne voyons pas couler dans notre Volonté, la vie de notre Volonté et de notre amour demeure réprimée.

            Notre Volonté en ressent tant de peine qu'elle éclate en sanglots. Elle gémit et soupire parce qu'elle ne trouve pas sa vie, ses actes, ses battements de cœur, ses paroles et la sainteté de notre intelligence dans la créature. Elle se sent mise de côté et comme rejetée de l'intérieur de la créature et de tout ce qu'elle fait. Elle sent que son amour est étouffé et que ses bras sont liés, incapables d'œuvrer dans la créature. Ma fille, quelle douleur. Pouvoir donner la vie et ne pas la donner ; pouvoir parler avec des paroles humaines et en être réduit au silence parce que la créature ne lui laisse aucune place dans ses paroles ; pouvoir aimer avec notre amour dans son cœur, et ne pas trouver d’endroit où le mettre. Oh ! combien notre amour demeure entravé, presque sans vie, parce que la créature ne vit pas dans notre Volonté !

            Tu dois savoir que lorsque l'âme agit dans notre Divine Volonté, Dieu devient son modèle et l'acte devient le matériau nécessaire pour recevoir le divin Modèle. Par conséquent, notre Bonté plus que paternelle est tout attentive pour voir ce que fait l'âme qui vit dans notre Volonté. Si elle s'apprête à penser, à parler ou à travailler, notre Volonté scelle en elle le modèle de sa sagesse, le modèle de sa parole créatrice et la sainteté de ses œuvres. Notre amour est tel que nous voulons devenir la vie de sa vie, le cœur de son cœur et l'amour de son amour. Notre désir d'amour est tel que nous voulons faire d’elle notre image. Nous ne pouvons obtenir cela qu’avec celle qui vit dans notre Volonté, car il ne lui manque pas alors le matériau dont nous avons besoin pour réaliser notre image.

            Après quoi Jésus poursuivit en insistant beaucoup :

            Ma fille, notre amour est si grand que nous ne faisons rien d'autre que d'accorder des dons à la créature. Le premier don a été la Création tout entière. Puis ce fut la création de l'homme. Combien de dons n'a-t-il pas reçus. Le don d'intelligence dans lequel nous avons placé le modèle, l’image de notre très Sainte Trinité; la vue, l'ouïe, la parole sont des dons que nous lui avons accordés. Non seulement nous lui avons fait ces dons, mais nous avons également entrepris de les préserver en demeurant dans l'acte de toujours les lui donner. Notre amour consiste à faire un don de telle sorte que nous ne nous en détachons pas. Nous restons à l'intérieur de ce don pour le garder et le mettre en sécurité. Oh ! combien notre amour est exubérant, combien il nous attache partout ! Notre amour nous laisse faire ces dons, mais il ne les laisse pas à la merci de la créature, car elle n'aurait pas la vertu de les préserver. C'est pourquoi nous nous offrons pour les préserver, et pour aimer encore plus la créature, nous nous plaçons dans l'acte de les donner continuellement.

            Que puis-je encore te dire, ma fille, sur le grand don que nous avons fait à la créature en créant sa volonté humaine ? En premier, nous avons créé l'espace, puis le ciel, les étoiles, le soleil, l'air et le vent, etc., cet espace devait me servir à la création de toutes les autres œuvres. Ce ne serait pas une œuvre digne de notre sagesse que de créer les choses sans avoir l'espace où les placer. De la même manière, en créant la volonté humaine, nous avons créé le vide, l'espace où mettre le grand don de notre très Sainte Volonté que nous avons donnée à l'homme. Cet espace devait servir à notre Volonté agissante. Nous devions y mettre les cieux les plus immenses, les soleils les plus brillants; non pas simplement un seul, mais un pour chaque acte que l'homme accomplirait. Par conséquent, si la Création devait servir l'homme, cet espace de la volonté humaine devait servir son Dieu et former ses délices en le laissant toujours capable de former son trône, sa chambre divine.

            J'ai fait à l'homme le don de former cet espace en lui afin d'avoir l'endroit où communiquer avec lui, d'être seul avec lui, en sa douce compagnie. Je voulais avoir ma chambre secrète. Mon amour voulait lui dire beaucoup de choses, mais je voulais avoir l’environnement où lui parler pour que mon amour puisse se donner complètement à l'homme qui s’abandonnerait lui-même complètement à Dieu. C'est pourquoi je désire tellement qu'il vive dans ma Volonté : parce que je veux avoir à moi seul ce que j'ai créé. Je veux avoir ma place, mon trône, ma chambre divine. Je ne peux pas achever la Création avant que l'homme ne revienne dans ma Divine Volonté et ne m'accorde ma place royale dans sa volonté. Nous avons tant d'autres belles choses à faire, beaucoup d'autres choses à dire dans cet espace de la volonté humaine. Mais nous ne pouvons ni les dire ni les faire parce que notre Volonté est absente, et que notre espace est tout encombré. Nous n'avons pas d’endroit où mettre nos œuvres. Si nous voulons parler, il ne nous comprendra pas, il n'aura même pas les moyens d'entendre. Par conséquent, nous  accomplirons des prodiges inouïs pour retrouver ce qui est à nous : l'espace et notre chambre divine.

            Et toi, prie et souffre pour que je puisse retrouver ce qui est à moi. Ne me refuse pas l'espace de ta volonté humaine pour que mon amour puisse s'y déverser et que je puisse poursuivre l’œuvre de la Création.

6.   6 septembre 1937 — Raison de la Création. Parole et action de la vie de Dieu dans la Création. La parole de Dieu : la Divine Volonté. Comment celle qui fait sa propre volonté risque de perdre le Divin.

        Je suis entre les bras du divin Vouloir. Il m'aime tellement qu'il ne me laisse pas quitter ses bras plus que paternels pour me garder et m'élever comme il veut. Et s'il m'entend dire que je l'aime… oh ! combien il se réjouit et m'entoure des mers de son amour qui me répètent à chaque instant combien il m'aime. Et mon doux Jésus, rendant visite à ma pauvre âme et me trouvant dans les bras de sa Volonté, me dit tout joyeux :

            Ma bienheureuse fille, combien j'aime te trouver toujours abandonnée dans ces bras. Ta destinée est assurée, tu seras nourrie de notre propre Nourriture. Nous aurons les mêmes biens. Tu dois savoir que le seul but de la Création était exactement celui-ci : la Création devait servir de résidence à l'homme et l'homme devait nous servir de résidence.

            Nous voulions former autant de nos vies que de créatures à qui nous donnions le jour. Chacune d’elles devait posséder notre vie, une vie d’action et de parole, car nous ne pouvons être sans parler ni agir. Sinon, ce serait former des prisons pour nous-mêmes, des prisons qui nous imposeraient le silence et l'inutilité. Notre Être suprême parle et agit : la parole annonce les œuvres, et les œuvres manifestent qui nous sommes en formant des béatitudes et des joies qui font nos délices et ceux des créatures qui vivent avec nous. Par conséquent, chacune de nos paroles et de nos œuvres est pour nous une joie nouvelle et un bonheur nouveau que nous créons pour nous.

            C'est pourquoi nous voulons créer dans l'homme une vie qui parle et agit : nous devions créer ces merveilles de notre Être divin pour créer toujours plus de nouvelles et merveilleuses créations. Nous voulions montrer à tous ce que nous pouvons et savons faire, la voie vers une joie et un bonheur nouveaux. Et où tout cela nous mène-t-il ? Dans notre résidence, qui est l'homme. Mais veux-tu savoir qui est notre parole ? C'est notre Volonté. Elle est le l'opératrice de nos œuvres, la narratrice de notre Être divin, la porteuse et la gardienne de notre vie dans la créature. Sans elle, nous ne quittons pas notre trône et nous ne formons aucune vie dans aucune résidence.

            Vois-tu la grande nécessité de posséder notre Divine Volonté et de vivre en elle ? Avec elle, nous pouvons tout faire : réaliser nos plus belles œuvres, maintenir la portée de notre action, former les vies de notre Être autant que nous le voulons. Sans notre Volonté, tout est entravé : notre amour, notre puissance, nos œuvres, tout est arrêté. On pourrait dire que nous sommes pour les créatures un Dieu muet. Quelle ingratitude ! Quel crime de nous réduire au silence ! Nous voulions honorer les créatures par notre vie en elles, en faire les résidences pour nos délices et nos émerveillements, et elles nous ont rejetés sans nous accorder la liberté de former cette vie. Elles ont plutôt accordé une résidence aux passions, au péché et aux vices les plus horribles.

            Pauvre homme, sans notre Volonté. Sans dessein divin ! C'est comme s'il voulait vivre sans respirer, sans un cœur qui bat et sans circulation du sang qui sont les fondations de la vie humaine. Quelle vie pourrait-il avoir ? Ne serait-ce pas plutôt comme se tuer sur place ? Telle serait notre vie dans la créature : pas de cœur qui bat, pas de mouvement et pas de parole. Une vie tourmentée et oppressante qui finit par la mort. 

            Il est vrai que toutes les créatures existent dans notre puissance et notre immensité. Nous sommes en chacune et partout, mais sans notre divin Vouloir en elles, les créatures ne nous entendent jamais parler. Elles ne comprennent rien à notre Être suprême, et si elles vivent dans notre immensité, c'est parce que rien ne peut être en dehors de nous. Les hommes ne se sentent pas comme s'ils étaient nos fils, mais ils sont pour nous comme des étrangers… Quelle douleur ! Avoir tant de choses à dire, et garder le silence ! Pouvoir faire tant de merveilles, et être incapable de les accomplir parce que notre Volonté ne règne pas en eux !

            Et pourtant notre amour est tel qu'il ne s'arrête pas. Nous ne les quittons pas des yeux pour voir qui veut vivre dans notre Volonté ; nous tendons l'oreille pour savoir qui l'appelle ; nous sommes tout amour pour placer notre grand amour sur le petit amour de la créature. Dès que nous voyons qu'elle est disposée, nous formons notre parole et nous lui disons l'histoire de notre Volonté, la longue histoire de notre amour éternel. Combien nous l'aimons. Combien nous soupirons après l'amour…

            Tu dois savoir que lorsque nous aimons sans trouver quelqu'un qui nous aime, notre amour ne sait où se tourner pour être aimé en retour. Il erre partout en trépignant d'impatience et délire, et s'il ne trouve pas même un petit Je t'aime d'une créature sur quoi se reposer, il se retire en nous-mêmes dans notre centre d'amour. Mais il le fait avec une souffrance qu'un esprit créé ne peut comprendre. Les souffrances d'un amour sans retour sont indicibles. Elles surpassent toutes les autres. Nous voulons toujours donner, nous sommes dans un acte continuel de dons, mais nous voulons trouver dans la créature la volonté de recevoir : un désir, un soupir, un petit espace où placer notre Volonté et tout ce que nous voulons donner et faire. Ces désirs et ces soupirs sont comme des oreilles qui nous écoutent, des yeux qui nous regardent, des cœurs qui nous aiment, des esprits qui nous comprennent. Si nous ne trouvons pas ces petits espaces, nous ne pouvons rien donner à la créature qui reste aveugle, sourde, muette et sans cœur. Par conséquent, notre Volonté est chassée et elle retourne dans l’espace de nos célestes régions.

            Puis je continuai à penser à la Divine Volonté. Je me sentais complètement investie par elle et je priais mon cher Jésus de m'aider et de me garder enfermée dans son Cœur pour que je puisse y vivre et ne rien connaître hormis sa Volonté. Il est revenu et il m'a dit :

            Ma fille, tous les biens de la créature sont attachés à ma Volonté. Si elle se détache de ma Volonté, tous les biens sont perdus. Tu dois savoir que chaque fois qu'elle fait sa volonté humaine, elle perd la Volonté divine et tous ses biens. Elle perd tout ce qui est beau, tout ce qui est saint et tout ce qui est bon. C'est une perte incalculable. La pauvre créature est jetée dans la plus terrible misère, elle perd ses droits sur tout ce qui est bon et elle est constamment malheureuse.

            Même si elle semble avoir des biens, ce n'est qu'en apparence : ils finissent par la torturer entièrement. Par contre, chaque fois qu'elle décide de faire ma Divine Volonté avec fermeté, elle perd sa volonté humaine avec ses misères et ses passions. Elle perd tous les maux, les misérables guenilles et les vêtements dégoûtants que la volonté humaine avait formés. Quelle heureuse perte ! Perdre des maux et des misères est une gloire et une victoire. Mais perdre des biens, c'est une lâcheté est un déshonneur. Si elle le veut, la créature peut recouvrer la grande perte de ma Volonté, une perte qu'elle a subie en faisant sa propre volonté. Elle recevra alors l’aide de notre puissance, de notre amour et de notre propre Volonté. En retrouvant ses droits sur tous les biens, elle sera défendue afin de regagner la bataille perdue.

7.  12 septembre 1937 — Comment ces vérités sont le plus grand don que Dieu puisse nous faire. Naissance divine. Délires d'impatience de nous voir posséder ses dons. Épanchement d'amour : sa parole. Le grand bien d'un acte accompli dans sa Divine Volonté.

        Mon pauvre esprit est assiégé par la Divine Volonté. Je veux tellement parler de ses vérités que je suis tout simplement incapable de les retenir parce que ma capacité est trop petite ; je suis obligée de lui dire : Arrête un peu maintenant, Jésus. Tu veux dire trop de choses et je ne suis pas capable de les retenir. Je ne pourrai pas tout dire et bien moins encore tout écrire ce que tu veux. Et mon doux Jésus, par compassion pour ma petitesse et toute tendresse, me dit :

            Ma fille de ma Volonté, ne t'inquiète pas. Ta petitesse demeure dissoute dans ma Volonté. Tu n'es pas celle qui doit manifester ses vérités, mais c’est ma Volonté elle-même qui aura la tâche de raconter tout ce qu'elle veut faire connaître. Elle investira ton esprit, elle se fera petite sur tes lèvres et fera connaître qui elle est réellement. Tu ne peux certainement pas le faire toi-même, mais si tu places ta volonté dans la nôtre, nous arrangerons tout et nous ferons connaître tout ce que nous voulons dire.

            Tu dois savoir que nous voulons faire du bien aux créatures, ou révéler une vérité, ce qui est le plus grand bien que nous puissions leur faire, car en parlant nous faisons un don qui mûrit d’abord dans le sein de notre Divinité. Et lorsque nous ne pouvons plus le contenir parce que notre amour veut tellement que les créatures le possèdent, au point de ne plus pouvoir contenir notre impatience et de languir du désir de voir ce bien transmis aux créatures, alors nous vous le donnons. Nous nous trouvons dans la condition douloureuse d'une pauvre mère qui, arrivée au terme de sa grossesse, sent qu'elle mourrait si elle ne donnait pas le jour à son bébé. Nous ne pouvons pas mourir, mais si nous ne donnons pas le jour au bien auquel nous voulons donner naissance, notre amour atteint de tels excès que, si les créatures pouvaient le voir, elles comprendraient à quel point un Dieu peut aimer et combien elles le peinent lorsqu'elles n'acceptent pas le don qu'il veut leur faire.

            Par conséquent, lorsque nous trouvons une créature qui le reçoit, nous confirmons le don, nous fêtons et nous nous sentons victorieux à cause du bien que nous avons donné. Et notre bébé mis au jour avec tant d'amour et reçu par une créature circulera parmi toutes les créatures; et grâce à sa vertu génératrice, il générera beaucoup d'autres naissances jusqu'à remplir le monde entier. Nous aurons la grande gloire de voir le ciel et la terre remplis de notre don et de nos biens, et de les voir possédés par celles qui veulent les recevoir. Nous ressentons partout les voix aimantes, les notes de notre amour qui nous retournent notre amour réprimé. Nous n'aurions pas pu accorder notre don si nous n'avions pas trouvé au moins une créature désireuse de le recevoir.

            Faire le bien est pour nous une passion. Donner est la folie continuelle de notre amour, et lorsque nous trouvons une créature qui veut le recevoir nous trouvons notre vie et notre repos dans ce don. Nous aimons tellement la première créature qui se dispose à recevoir notre don que nous lui accordons notre confiance et faisons d'elle notre secrétaire. Et elle, se sentant tellement aimée, s'engage à nous aimer pour toutes les autres créatures, et, oh ! quelle compétition entre elle et nous.

            Tu dois savoir que chaque parole est un épanchement de notre amour envers la créature. Ainsi, chaque parole que nous avons déjà dite sur notre Divine Volonté est un amour que nous avons répandu. Réconfortés par cet épanchement, nous avons continué à parler, à former une chaîne de nos épanchements d'amour, puisque ce que nous avions gardé en nous était un amour réprimé. Si tu savais tout ce que signifie ce déversement d'amour et les biens qu'il produit ! Ce déchaînement de notre amour remplit le ciel et la terre, il investit toutes choses et embaume toute souffrance. Il devient le jour dans la nuit de la culpabilité, convertissant les pécheurs, assurant la marche de celui qui avance en boitant dans le bien, affermissant les bons. En somme, il n'y a pas un bien qu'une parole de notre épanchement d'amour ne puisse faire. Par conséquent, nous laisser parler est le plus grand bien que puisse faire la créature : c'est un retour d'amour, un don de vie divine aux créatures ; c'est la plus grande gloire que nous puissions recevoir.

            Y a-t-il une chose qu’une de nos paroles ne puisse faire ? Elle peut tout faire. On peut dire que si une créature est disposée à l'écouter, elle donne vie à notre parole puisque nous ne parlons jamais si nous ne trouvons pas quelqu'un qui veuille écouter. Celle qui nous écoute nous aime tellement que c'est pour nous comme si elle voulait nous donner vie parmi les créatures, alors nous mettons notre vie à sa disposition. Par conséquent, écoute avec attention. Laisse-nous répandre notre amour parce que souvent, lorsque nous n'avons personne à qui exprimer notre amour, ces épanchements sont transformés en justice.

            Jésus a gardé le silence. Qui peut dire ce qui restait dans mon esprit ? Je n'ai pas les mots pour le dire. Par conséquent, je m'arrête et je m'abandonne dans les bras de Jésus pour me reposer avec celui qui m'aime tellement et veut être aimé en retour, qui se donne à moi tout entier pour être aimé comme il m'aime. Je continuai ma ronde dans la Création pour suivre les actes accomplis par le divin Vouloir et les faire miens, afin d’être capable de l'aimer comme lui m'a aimée. Et je parcourais la voûte azurée en me disant : Ce ciel sert de voûte pour les résidents de la terre et de chaussée pour les résidents du ciel. Puisqu’il sert à tout le monde, tous ont le devoir d'adorer celui qui, avec tant d'amour, a créé cette voûte céleste pour nous la donner. J'appelais alors tous les anges, les saints et tous les résidents de la terre pour que tous fassent un retour d'amour, d'adoration, de gloire et de reconnaissance envers notre Créateur qui nous a tant aimés qu’il nous a donné ce ciel. Dans la Divine Volonté, je pouvais les appeler et les embrasser tous comme s’ils ne faisaient qu'un pour aimer avec moi. Mon doux Jésus se sentait aimé et blessé par tant de voix et avec un amour indicible, il me dit :

            Ma fille, la puissance d'un acte accompli dans ma Volonté est si grande qu'elle semble incroyable. Lorsque tu appelais tout le monde, je me sentais aimé par tous, et comme tu as une volonté libre, digne de mérite, lorsque tu accomplissais ton acte, ma Volonté laissait sortir d'elle-même un amour, une gloire et un bonheur plus grands dont tous se sentaient investis. Les anges et les saints reçoivent une gloire et un bonheur plus grands, et se sentent plus aimés par Dieu en retour, alors que les créatures sur la terre reçoivent plus de secours et de grâces, selon leur disposition. Tous les actes accomplis dans ma Volonté reçoivent ce grand bien parce que ma Volonté appartient à tous, et tous ont un droit à cet acte. Étant donné que c'est un acte accompli par une âme pèlerine qui obtient le mérite de chaque bien qu'elle fait, son mérite devient un mérite commun et également une joie, un amour et une gloire communs. Si tu savais ce que signifie être aimé davantage par Dieu en retour, et la joie et la gloire que peut donner un Dieu, oh ! combien tu serais plus attentive ! Les anges et les saints, qui le savent, languissent après ton appel pour obtenir ce grand bien. Et lorsque tu ne les appelles pas, tout inquiets, ils disent : Elle ne nous appelle pas aujourd'hui ? Par conséquent, bien que tu sois sur terre, ton mérite monte jusqu'au ciel pour donner un amour nouveau et un bonheur renouvelé aux célestes résidents.

            Oh ! comme je voudrais que tous sachent ce que signifie vivre dans ma Volonté ! Cette connaissance est semblable à l'appétit qui crée le désir de savourer la nourriture. Mais sans appétit, on ressent de l'aversion pour cette même nourriture et on n'y prend pas plaisir. Telle est la connaissance : c'est la petite porte pour mes dons, le bien que je veux faire aux créatures, et c'est la confirmation de la possession. La connaissance génère l'estime et l'appréciation de mes vérités. C'est alors seulement que je parle, lorsque je sais que mes paroles sont aimées, écoutées et appréciées. Mieux encore, lorsque je vois de l'estime et de l'amour, je me sens attiré par mon amour à manifester d'autres vérités. Mais si je n'en vois pas, je garde le silence et je ressens la douleur de mon amour réprimé… Tu ne vas pas me faire cela, n'est-ce pas ?

8.   20 septembre 1937 — Comment la Divine Volonté n'arrête jamais et scelle de son amour éternel toutes les œuvres de la créature. Échange d'imitation et de vie entre le Créateur et la créature.

          Mon vol continue dans le divin Fiat et, oh ! combien il est heureux de garder sa créature dans son giron et de travailler toujours avec elle. La compagnie de la créature le rend encore plus heureux qu'il ne l'est déjà parce qu'il trouve en elle quelqu'un qui le regarde et qui l'aime, et qui voudrait lui ressembler en lui appartenant tout entier. S'il aime, il trouve quelqu'un qui l'aime également ; s'il travaille, il trouve quelqu'un qui reçoit ses œuvres ; s'il est offensé, il trouve quelqu'un pour le défendre et lui fait souvent transformer sa justice en grâces. Par conséquent, il use avec elle de tous ses stratagèmes d'amour. Mon esprit était perdu dans le divin Vouloir lorsque mon doux Jésus, rendant visite à ma petite âme, tout amour, me dit :

            Ma bienheureuse fille, l'amour de ma Volonté ne s'arrête jamais. Il cherche toujours de nouveaux moyens, de nouvelles industries d'amour, au point d'enfermer celle qui vit en lui dans les lieux intimes et cachés de ses amoureux secrets. Il lui montre sa création intime d'amour toujours nouveau, toujours croissant, dans laquelle il garde des territoires et des districts, comme en un seul souffle d'amour. Il lui dévoile les arcanes et les secrets célestes de notre Divinité, lui montrant de nouvelles manières d'atteindre la puissance amoureuse et les prodiges de cette puissance pour celles qui vivent en elle, pourvu qu'il trouve ces créatures dans sa Volonté. Ma Volonté prend goût à dire à cette créature des choses toujours nouvelles, à lui faire de nouvelles surprises d'amour. Écoute encore ce que fait ma Volonté : elle se fait toute petite dans la créature, tout en demeurant immense. Elle aime et elle dit : ‘Ah ! la créature m'aime comme moi je l'aime.’ Comme rien d'autre que l'amour ne peut entrer en nous, ma Volonté qui se fait petite à l'intérieur de la créature, change tout ce qu'elle fait en amour. Qu’elle prie, qu'elle adore ou qu'elle travaille, ma Volonté transforme tout en amour, et avec une puissance toute divine ma Volonté transporte les actes de la créature dans le sein de notre Divinité afin qu'ils trouvent place dans notre amour.

            Nous considérons ces actes comme les nôtres et nous entendons en eux la prière éternelle de notre amour, de notre adoration, de nos éternelles œuvres d'amour. Oh ! combien nous sommes glorifiés et ravis lorsque la créature peut dire : Ma prière, mon adoration et mes actes sont éternels, car ils sont revêtus de votre amour éternel. C'est votre Divine Volonté qui les a rendus tels et je vous aime comme vous m'aimez. C'est là précisément notre folie, notre désir d'amour : nous voulons agir et aimer dans la créature comme nous agissons et aimons en nous-mêmes. Mais seule notre Volonté qui règne et opère dans la créature peut atteindre un tel degré. En fait, si nous nous abaissons, ce n'est pas pour perdre notre Être divin en ce qui est limité, mais c'est pour élever la créature à l'infini et lui donner de nous-mêmes, en scellant ses petits actes, même ses souffles et ses mouvements, de notre amour éternel. C'est pourquoi la Création tout entière n'était rien d'autre qu'un épanchement d'amour. Nous voulions avoir la compagnie de nos œuvres et des créatures à qui nous avions donné le jour afin de nous aimer d'un même amour. Ma fille, quelle souffrance de ne pas avoir été compris par les créatures. À cause de cela, nous ne pouvons pas recevoir le bien de leur dire qui nous sommes, de faire connaître que nous ne sommes qu’amour. Nous voulons donner de l'amour et recevoir de l'amour. Oh ! combien je voudrais que tous sachent cela !

            Jésus a gardé le silence, plongé dans ses flammes d'amour… Puis, comme s'il ressentait le besoin de se déverser encore, d’enflammer le monde entier de son amour, il ajouta en soupirant : 

            Écoute, ma fille, une autre grande surprise sur l'intensité de notre amour et l'étendue de notre désir d'amour. Notre Être suprême aime tant la créature que nous allons même jusqu'à l’excès de l'initier. Nous nous faisons tout petits pour nous enfermer en elle. Nous voulons marcher avec ses pieds, travailler avec ses mains, parler avec sa bouche, regarder avec ses yeux, penser avec son intelligence, et palpiter et aimer dans son cœur. Afin de faire tout ce que fait la créature et de la manière dont elle le fait, nous voulons avoir des pieds, des mains, une bouche, des yeux et un cœur comme la créature ; et nous le lui demandons comme si nous n'en étions pas les propriétaires absolus. Nous lui disons : Aimons-nous l'un l'autre. Nous donnons ce qui est de nous et tu nous donnes ce qui est à toi.

            En fait, notre Être suprême, le très pur Esprit, est un pas sans pied ; sans marcher, il est partout. Il fait tout. Il opère toutes choses sans avoir besoin de mains. Il est parole sans bouche ; il est lumière et peut tout voir sans yeux. Mais comme nous aimons beaucoup la créature, nous aimons l’imiter. C'est un immense stratagème de notre amour que seul un Dieu peut accomplir : au lieu de dire à la créature « Tu dois nous imiter. Tu dois faire ce que nous faisons », nous lui disons : «Nous voulons t’imiter et faire comme toi ». Car enfin, elle est notre créature, l’œuvre de nos mains créatrices. Elle est sortie de nous, de la puissance de notre amour créateur et il n'est pas étonnant que nous voulions descendre en elle, l'imiter et faire ce qu'elle fait à sa manière. Ce n'est là que rendre honneur à nous-mêmes et donner de l'importance à nos œuvres. Mais nous ne pouvons le faire que dans la créature où règne notre Volonté. Nous pouvons alors tout faire en elle, épancher notre amour, nous imiter l'un l'autre, puisqu'elle est complètement disposée à faire ce que nous voulons. Par contre, là où notre Volonté ne règne pas, nous pouvons dire que nous ne pouvons rien faire.

            Écoute maintenant une autre surprise d'amour qui est presque incroyable. Lorsque la créature nous a donné la liberté de l'imiter, de nous donner vie en elle – pieds, mains et bouche – nous l’appelons ‘Notre Imitation’ et, en la laissant entrer dans notre Être divin, la puissance de notre Fiat lui donne ses pas sans pied en la laissant être partout : dans les anges, dans les saints, dans la Reine céleste et même dans notre sein divin. Oh ! comme nous sommes heureux de voir qu'elle n'est plus entourée par la nature humaine, mais libre avec nous, travaillant sans avoir de mains et parlant sans avoir de bouche – et, oh ! combien de paroles… Avec notre Parole, elle nous raconte la longue histoire de notre amour et de notre Fiat en action. Elle sent s'écouler en elle notre Sagesse éternelle et, oh ! combien de choses elle nous dit sur notre Être divin. Elle parle et parle encore, et combien nous prenons plaisir à entendre la créature parler de ce que nous sommes. Emportée par nos propres flammes d'amour, elle ressent même le besoin de nous aimer sans son cœur, parce que son cœur a ses limites tandis que notre amour sans un cœur n'a pas de limites, il est immense. C'est pourquoi la créature se débarrasse du cœur et aime dans notre amour infini.

            Est-ce que tu vois, ma fille ? Serait-il possible de donner des surprises d'amour plus belles que celles-là ? Avoir le plaisir, le goût de l’imiter; faire tout ce qu'elle fait comme un prétexte d'amour, l'appeler à nous imiter et lui faire faire ce que nous faisons ! Les abîmes de notre amour sont si nombreux et, de plus, ils sont toujours à la recherche de nouveaux stratagèmes d'amour.

            Je ne peux pas dire ce que je ressentais dans mon esprit, l’immensité de lumière qui, se changeant en paroles, parlait de tous les stratagèmes d'amour de mon Créateur… Puis mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, écoute encore. Notre amour est tel qu'il ne nous laisse pas en paix si nous ne trouvons de nouvelles inventions d'amour pour aimer et être aimés. Si nous ne le faisions pas, nous nous condamnerions nous-mêmes à la paresse. Cela ne peut pas être dans notre Être suprême parce que nous sommes un acte continuel d'amour brûlant éternel et d'œuvres sans fin. Notre Sagesse et telle qu'elle accomplit toujours de nouvelles choses. Nous nous enfermons dans l'âme où règne notre Volonté et avec largesse nous déversons notre amour. Nous centralisons tout ce que nous avons fait, tout ce que nous faisons et tout ce que nous ferons, en répétant dans l'âme nos plus belles œuvres, l'épanchement de notre amour et les nouvelles inventions de notre Sagesse, si nombreuses que la créature ne peut les compter. Oh ! combien de scènes touchantes ! La créature devient le théâtre de notre amour, le dépôt de nos œuvres incessantes, le refuge de nos délices, de nos joies et de notre bonheur, le lieu caché de nos arcanes et de nos secrets célestes, l'étalage de toutes nos beautés. Sais-tu pourquoi ? Pour que nous en jouissions ensemble, puisque rien ne peut manquer de nos œuvres là où règne notre Volonté.

            La créature nous encercle dans son âme et elle nous laisse faire ce que nous faisons en nous-mêmes. Tout cela parce que nous voulons qu'elle sache qui nous sommes, ce que nous pouvons faire et comment nous aimons. Et pour lui donner une preuve plus certaine, nous lui donnons notre amour, nous la laissons aimer comme nous aimons afin qu'elle puisse toucher de ses mains comment un Dieu peut aimer. Puis, nous faisons d'elle notre délice, nous lui faisons faire ce que nous faisons en même temps que nous.

            Ne sois pas surprise. C'est la nature de la Volonté et d'un amour véritable : unifier avec nous la créature, l'aimer et la faire aimer comme nous aimons. Il ne doit pas exister de disparités. Autrement, cela rendrait la créature malheureuse de voir que nous l'aimons tant, et qu'elle ne le peut pas, que nous pouvons faire tant de choses et qu'elle ne peut rien faire... Pauvre enfant. Elle serait dans notre Être divin sous le poids d'une profonde humiliation, comme une étrangère, sans confiance, comme un pauvre devant un riche. Nous ne pouvons tout simplement pas faire cela. Si elle est avec nous, tout ce qui est à nous doit être à elle également. La vie de notre Fiat est unité, œuvres et joies en commun. C'est cela qui nous rend plus heureux et nous donne un champ immense pour épancher notre amour.

9.  26 septembre 1937 — Comment Dieu donne sans cesse à la créature. Les dons qu'il fait à celle qui vit dans sa Volonté. La vie palpitante de Dieu. La petite gagnante.

        Mon envol dans la Divine Volonté continue et je suis étonnée de voir à quel point elle veut toujours donner. Comme je suis petite et que je ne peux pas enfermer en moi son immensité, elle m'attend avec une patience et un amour invincibles pour mettre en moi les vérités et les grâces qu'elle me permet de prendre. Et lorsqu'elle voit que je les possède, elle se prépare bien vite à me donner et à me dire encore plus de choses surprenantes. Volonté de Dieu, combien tu m'aimes ! Comment pourrais-je jamais te le rendre ? C'est alors que mon adorable Jésus est venu me faire sa petite visite habituelle et, toute bonté, il me dit :

            Bienheureuse fille, c'est notre Divinité qui possède par nature le désir de toujours donner. Tout comme tu possèdes ta respiration et que tu respires toujours, même si tu ne le veux pas, nous possédons également l'acte continuel de toujours donner. Même si avec ingratitude la créature ne prend pas ce que nous donnons, tout en restant autour de nous pour louer la perfection, la bonté, la sainteté et la générosité de notre Être suprême, nous continuons à attendre avec une patience dont nous seuls sommes capables, les créatures qui pourraient prendre ce que les autres ont rejeté, comme triomphe de notre amour envers la créature. Et notre amour est si grand que nous nous adaptons à elles en leur donnant petit à petit, car la petite créature ne peut pas prendre tout ce que nous voulons lui donner. Mais notre amour doit être continuel. Nous nous sentirions défaillir et manquer de souffle si nous ne donnions pas.

            Notre Divine Volonté veut être la vie de la créature, l'acte le plus grand, le plus exubérant, que seul un Dieu peut accomplir. Afin d'être possédée par la créature, notre Volonté lui donne sa vertu de prière, et elle confirme ce don en faisant prier toutes les choses créées. Elle s'impose sur notre amour, notre puissance et notre bonté en faisant prier notre amour, notre puissance et notre bonté. Et tous nos attributs prient ; même notre justice, notre miséricorde et notre courage  prient. Personne ne peut y manquer. Chaque fois que notre Volonté veut accomplir un acte ou faire un don, nous nous mettons tous à genoux pour faire ce qu'elle veut. Lorsque tous ont prié, et même nos divins attributs, nous confirmons le don. La prière de cette créature devient universelle et chaque fois qu'elle prie, elle a une puissance telle que tous ensemble prient, même nos attributs. La créature a reçu avec ce don le droit sur tous. Que ne pourrait-on obtenir avec ce don de prière ? On peut dire que les cieux sont mis en branle et que notre Être lui-même se sent charmé et prisonnier, alors il se rend.

            Après le don de prière, je continue en lui donnant le don de l'amour. Afin de la confirmer dans l'amour, elle aime alors avec un amour nouveau dans le soleil, dans le ciel, dans le vent et même dans notre Être divin pour acquérir le droit d'aimer et d'être aimée par tous avec un nouvel amour continuel. Oh ! si tu savais ce que signifie être aimé par tous d'un amour toujours plus grand et d'avoir le pouvoir de tout aimer avec un amour croissant ! Et de pouvoir dire à ton Créateur : Ton amour pour moi est toujours plus grand et toujours nouveau ; toujours plus grand et toujours nouveau est mon amour pour toi ! Cet amour surpasse les cieux, il remplit la Patrie céleste et ses vagues viennent se déverser dans notre sein divin. Oh ! quelles merveilles ! Tous en sont étonnés et glorifient mon divin Vouloir pour un si grand don accordé à la créature. Et en lui donnant ce don, nous augmentons sa capacité pour qu'elle puisse comprendre le don qu'elle a reçu, et l’utiliser.

            Nous pouvons lui donner le don d'inséparabilité, de l'union avec Dieu, pour qu'elle en arrive au point de sentir notre vie plus que la sienne propre. Dieu devient pour elle l'acteur et le spectateur tandis qu'elle reste la porteuse de son Créateur, vivant sa vie, son amour et sa puissance. Avec ce don, tout devient sa propriété ; elle a un droit sur tout. Et lorsque nous voyons qu'elle possède ce don, nous ajoutons celui de la rendre triomphante sur tout, triomphante sur elle-même, triomphante sur Dieu. Tout est triomphe en elle, triomphe de grâce, de sainteté et d'amour, et nous l'appelons ‘notre gagnante’. Nous la laissons tout gagner parce que c'est le don que nous lui avons fait, et lorsque nous donnons, nous voulons voir les fruits contenus dans notre don. Par conséquent, chaque acte qu'elle accomplit dans notre Volonté, chaque parole, chaque œuvre, chaque pas, forme autant d'harmonies différentes entre elle et nous, toutes plus belles les unes que les autres. Elle nous tient constamment en alerte et notre amour est si grand que nous l'entourons extérieurement de toutes nos œuvres et que nous l’investissons intérieurement en répétant tous nos actes qui ont été porteurs de vie, vie de la Reine et vie du Verbe sur terre, vie qui était un excès d'amour continuel et donnant la vie à tous.

            Nous donnons toujours. Nous ne sommes jamais épuisés. L'âme qui vit dans notre Volonté est le plein jour de nos œuvres continuelles et de notre vie qui palpite et répète nos actes toujours en action et qui ne cessent jamais. Elle est notre triomphe, notre petite gagnante. Notre désir d'amour est exactement cela : nous voulons être gagnés par la créature. Lorsqu'elle gagne, notre amour est libéré et notre impatience et notre désir d'amour trouvent vie et repos dans la créature.

10.  3 octobre 1937 — Prodiges de créations. Doses de pouvoir, de sainteté, etc. que Dieu fait sortir par amour pour l'homme. Les actes accomplis dans le Fiat seront toujours nouveaux, tous plus distincts et plus beaux les uns que les autres. Tout sera compris dans ces actes et ils formeront les mers, les œuvres et les pas qui parleront à leur Créateur.

          Je faisais ma ronde dans la Création pour retracer tous les actes du divin Vouloir, les faire miens, les embrasser, les adorer et placer mon petit Je t’aime en reconnaissance de l’amour dont la Divine Volonté m’aimait et pour ce qu’elle faisait pour moi et pour nous tous. Oh ! combien de surprises, combien de choses nouvelles peuvent être comprises. Combien de divins secrets de leur Créateur contiennent les œuvres créées ! Mon adorable Jésus, rendant visite à ma petite âme et me voyant surprise, me dit :

            Ma fille, nos œuvres sont toujours nouvelles et s’harmonisent avec leur Créateur. Il y a tant d’harmonie entre elles et nous qu’elles savent toujours comment dire des choses nouvelles à celui qui les a créées ; d’autant plus qu’elles sont inséparables de nous et reçoivent un autre contact avec notre Être divin. C’est pourquoi, en suivant les actes de mon divin Vouloir, tu trouves toujours de nouvelles surprises et comprends toujours des choses nouvelles sur nos œuvres.

            Tu dois savoir que lorsque nous avons sorti la Création du sein de notre Divinité – comme elle était déjà en nous ab aeterno – en la sortant de notre Fiat, nous avons également sorti, dans une mer d’amour, tout ce que la créature avait à faire. Par conséquent, tout sortait de nous-mêmes et nous offrions tout ce que la créature devait accomplir. De sorte que la Création est remplie des œuvres qui doivent être faites, jusqu’au dernier homme. Bien qu’invisible à l’œil humain, cela est visible et palpitant pour nous, dans notre Volonté, et forme une Création plus belle encore que la Création elle-même ; et notre amour est si grand que, comme cette Création occupe l'espace tout entier, nous l’apportons dans notre sein divin. Ainsi, lorsque nous donnons le jour aux créatures, nous commençons avec nos mains créatrices par leur offrir tout ce qu’elles ont à faire comme principe de chacun de leurs actes. Nous plaçons la vie de notre Fiat comme fondation et notre amour comme nourriture de chaque acte, puisque nous ne donnons ni ne faisons rien qui n’aurait pas notre Volonté pour principe et notre amour pour nourriture et capital. Ce serait une œuvre indigne de notre Grandeur suprême que de donner des choses qui n’auraient rien de notre vie et ne posséderaient pas la nourriture de notre amour.

            La Création tout entière était une naissance où tous les actes que les générations humaines devaient accomplir étaient gardés de toute éternité en notre sein divin qui, incapable de la contenir plus longtemps voulait la mettre au jour par besoin de notre amour. Ainsi, lorsque nous avons mis au monde la Création, nous l’avons fait avec tous les actes à venir de la créature puisque nous ne faisons aucun acte qui ne soit complet. Notre divin Fiat, enfermant tout en lui-même – Création et actes humains – s’est mis en attente pour donner le jour à la créature et lui administrer les actes qui lui appartenaient. N’est-ce pas là un amour exubérant que seul un Dieu pourrait avoir : ordonner et former les actes pour ensuite donner le jour à la créature qui devait les utiliser, former la sainteté, l’amour et la gloire pour elle-même et pour celui qui l’a créée ?

            Mais ce n’est pas tout ! Notre amour ne s’arrête jamais. Lorsque est venue cette naissance, nous avons sorti de nous une dose de notre puissance pour soutenir la créature dans ses actes, l’armer et l’équiper d’une puissance divine. Par conséquent, elle a notre puissance qui la soutient. Nous avons également fourni une portion de notre sagesse, qui devait animer son intelligence et tous ses actes. Ainsi, si des sciences, des inventions et des découvertes nouvelles, presque incroyables, peuvent être vues dans les créatures, c’est en raison de notre sagesse qui les investit. De la même manière, nous plaçons une partie de notre amour, de notre sainteté, de notre bonté et de tous nos attributs afin de lui donner amour, sainteté, bonté, etc.

            La créature n’existait pas encore, et nous nous occupions déjà de lui (l’homme). Nous attendions déjà en lui avec impatience notre puissance, notre sagesse, notre amour, notre sainteté et notre beauté, nous mettant à sa disposition pour le rendre aussi beau que possible et lui dire : « Tu es semblable à nous en toutes choses. Nous n’aurions pu te faire plus beau. » Que nous ayons donné nos divines qualités et tous les actes que l’homme devait accomplir avant même qu’il ne vienne à la lumière du temps, c’était pour nous le signe d’un amour intense qui tient de l’incroyable. Dans notre délire d’amour, nous disions : « Ô homme, combien je t’aime ! Je t’aime dans ma puissance, je t’aime dans ma sagesse, dans mon amour et dans ma sainteté. Je t’aime dans ma bonté et même dans les actes que tu accompliras. Je t’aime tant que je les ai tous mis en attente pour toi. Notre divin Vouloir, à qui nous avons tout confié – nos divins attributs ainsi que les actes mêmes qui seront tiens – est dans l’acte de les offrir tous comme un épanchement de son amour pour toi. » Mais ce n’était pas encore assez pour notre amour qui, s’il pouvait l’être [ce qu’il ne peut pas être], nous rendrait malheureux.

            Tu dois savoir que notre Être suprême possède par nature un acte toujours nouveau. Par conséquent ces actes, établis pour chaque créature, seront nouveaux et distincts les uns des autres : distincts dans leur sainteté, toujours nouveaux dans leur beauté, plus beaux les uns que les autres, nouveaux dans leur amour, nouveaux dans leur puissance, nouveaux dans leur bonté. Ces actes sont formés et nourris par nous, si bien qu’ils possèdent toutes nos caractéristiques, tous beaux, différents en sainteté, en amour et en beauté, chacun différent de l'autre. Ils seront notre ordre, le type de nos diverses beautés, la fécondité de notre amour, l’harmonie de notre sagesse… Combien la Création montre que nos œuvres – toutes nos œuvres – sont belles. Le ciel n'est pas le soleil, le vent n'est pas la mer, les fleurs ne sont pas des fruits – mais tous sont beaux quoique différents les uns des autres; bien plus, ils forment l'harmonie des diverses beautés, l'image véritable de nos actes et des créatures elles-mêmes.

            Tu dois savoir que ces actes dans ma Divine Volonté forment une armée de beautés nouvelles, d'amour nouveau et de sainteté nouvelle, et le simple fait de les regarder est pour nous un enchantement. Nous attendons avec impatience la venue de la créature qui, en possédant notre Volonté, sera équipée de cette armée et possédera ces actes. Tu vois combien il est certain que le Royaume de ma Volonté viendra sur la terre puisque ses actes existent déjà ! Ils seront alors libérés de ma Volonté telle une noble armée et ils se laisseront posséder par les créatures. Ma fille, la Création tout entière – tous et toutes choses – est sortie de mon Fiat et ses dans ma Volonté que tout doit retourner comme une œuvre digne de notre puissance. Nous ne serons pleinement glorifiés que lorsque nous nous reconnaîtrons nous-mêmes dans la créature et dans ses actes. Nous pouvons tout lui donner et elle peut tout recevoir aussi longtemps que règne notre Divine Volonté, mais si elle ne règne pas, la créature forme un abîme de distance entre elle et nous, et nous ne pouvons rien lui donner.

            Mais ce n'est pas tout, ma fille. Comme nous avons la ferme décision de donner le Royaume de notre Volonté aux créatures, nous voulons qu’elles connaissent le bien qu'elle contient et ce que peuvent atteindre les actes des créatures accomplis dans notre Divine Volonté. En fait, sans la connaissance de ces biens, nous n'aurions que des enfants aveugles, sourds et muets, incapables de parler à leur Créateur. Sans la connaissance de ces biens, ils ne pourraient même pas aimer ou apprécier ce qu’ils possèdent. Mais dans notre Volonté, tous ont une vue très claire, une ouïe fine et une parole animée par une force créatrice. Ils auront de la faconde – toujours quelque chose à dire – si bien que tous seront dans l'émerveillement. Même les cieux, charmés, se pencheront pour les écouter. Les enfants de ma Volonté seront la joie de tous et les véritables narrateurs de leur Créateur. C'est alors seulement que nous trouverons des créatures capables de parler de nous puisque ce n'est pas elles qui parleront, mais ma Volonté qui parlera en elles. C'est uniquement et exclusivement ma Volonté qui sait comment parler de notre Être suprême.

            Par conséquent, continue à écouter. Dès que la créature possédera notre Vouloir, tous ses actes – petits et grands, humains et spirituels – seront animés par ma Volonté pour s'élever entre le ciel et la terre, se mêler au ciel, au soleil, aux étoiles et à toute la Création. Ils s'élèveront même encore plus haut pour investir tous les actes de la Reine du ciel et s'identifier à eux. Ces actes auront le pouvoir d'investir les actes de notre Divinité, de nos joies et de notre béatitude, ainsi que les actes de tous les saints. Et lorsqu'elles auront enfermé toutes choses en elles-mêmes, sans rien laisser en dehors, les créatures présenteront leurs actes devant notre divine Majesté pour nous les offrir comme des actes complets auxquels il ne manque rien. Oh ! quelle joie, quelle gloire pour nous, de trouver dans ces actes le ciel, le soleil, tous les actes de la Reine du ciel, l'amour avec lequel elle nous a aimés, nos propres actes, nos joies et notre amour incessant !

            Ces actes accomplis dans notre Volonté redoublent pour nous la gloire de la Création ; ils redoublent la gloire et l'amour que nous avons reçus de la Reine souveraine ; ils redoublent notre gloire et la gloire de tous les saints. Il suffit de dire que notre Volonté est entrée dans ces actes pour que tout soit dit et que tout soit inclus. Partout où entre notre Volonté, elle sait comment déclencher une furie d'amour et de gloire, centralisant toutes choses en elle-même. Après tout, elle a un droit sur toutes choses puisque tout lui appartient.

            Les merveilles que ces actes accomplis dans notre Volonté forment dans l'âme sont indicibles. Notre divin Fiat forme à travers eux des mers d'amour, n'ont pas des mers qui murmurent, mais qui parlent. Elle parle  de notre amour avec une éloquence telle que nous l’aimons beaucoup et que nous voulons toujours l’entendre. Les voix de cette créature nous blessent. Ses paroles sont comme des dards. Elle a toujours quelque chose à nous dire sur l’histoire de notre amour et cela nous plaît tellement que nous l'écoutons toujours avec attention. Nous ne voulons rien manquer de ce qui concerne notre amour. Comme il est beau d'entendre la créature qui possède notre mer parlant d’amour, qui parle toujours de notre amour ! Et ma Volonté, possédant la créature qui vit en elle, est prête à tout : elle forme les œuvres qui parlent de nos œuvres, les pas qui parlent de nos voies… En somme, comme notre Volonté est Verbe, partout où elle règne, elle donne la parole à tout ce que fait la créature pour en faire un prodige divin.

            Par conséquent, rien n'est plus grand, plus saint, plus beau – il n’est rien qui puisse nous glorifier davantage que la vie dans notre Volonté ; et il n'y a pas de bien plus grand que nous puissions donner à la créature. Aussi, sois attentive et suis-moi, si tu ne veux pas arrêter mon discours.

11.  12 octobre 1937 — Les prières de celle qui vit dans le divin Vouloir sont comme des ordres, et ses actes sont des messagers entre le ciel et la terre. Pour l'âme qui vit dans le divin Vouloir, toute chose devient Divine Volonté.

         Je suis à la merci de la Divine Volonté. Je ressens ses ardents désirs, ses impatiences amoureuses de faire connaître qu'elle ne veut pas être crainte, mais aimée et possédée, que tous soit un avec elle et qu'elle puisse dire à la créature : Vivons ensemble pour que ce que je fais, tu le fasses également. Je sens que mon amour me donne le besoin de vivre cœur à cœur, ou mieux encore, d'un seul cœur avec toi. Je t'en prie, ne me refuse pas ta compagnie ! Je sais qu'il te manque beaucoup de choses pour être capable de vivre avec moi, mais ne t’inquiète pas, je me chargerai de tout. Je te vêtirai de mes habits royaux de lumière. J’armerai ton bras de ma puissance. Je manifesterai tout mon amour pour toi en faisant couler la vie de l'amour de ma Volonté dans tes fibres les plus intimes. Il suffira que tu le veuilles, et tout sera fait.

            J'étais surprise et je priais pour recevoir la grâce de vivre dans la Divine Volonté, car j'avais très peur pour moi. Et mon doux Jésus m'a fait sa petite visite et, toute bonté, il me dit :

            Ma petite fille de mon divin Vouloir, pourquoi avoir peur ? Il n'y a pas de peurs dans ma Volonté, mais uniquement de l'amour, du courage et de la fermeté au plus haut degré. Lorsque ma Volonté a décidé quelque chose, elle ne change jamais, d'autant plus que l'âme qui vit en elle ne prie pas, mais commande et peut prendre elle-même tout ce qu'elle veut comme si elle en était propriétaire. Nous mettons tout à sa disposition, parce que tout ce qui est en elle est sacré et saint, car lorsque la créature vit dans notre Volonté, jamais elle ne voudra prendre ou demander quelque chose que nous ne voulons pas nous-mêmes. C'est pourquoi ses ordres font notre délice; ils nous rendent joyeux et nous disons : « Prends. Dis-nous ce que tu veux encore ? Plus tu prends et plus tu nous rends heureux. »

            De plus, lorsque la créature veut notre Volonté, tous ses actes sont autant de messagers entre le ciel et la terre. Ils montent et descendent continuellement comme des messagers de paix, d'amour et de gloire. Parfois, ils commandent même à notre Justice divine de s'arrêter en prenant sur eux toute notre furie. Que de bien peuvent faire ces messagers ! Dès que nous les voyons arriver devant notre Trône, nous nous reconnaissons en ces actes qui, déguisés par les voiles humains des actes des créatures, cachent notre Volonté – mais c'est toujours notre Volonté. Et ravis, nous disons : « Quel art d'amour elle possède ! Elle se cache dans les actes des créatures pour ne pas être reconnue. Mais nous la reconnaissons toujours et comme c'est nous-mêmes qui aimons, nous lui laissons faire tout ce qu'elle veut. »

            Nous appelons ces actes ‘nos actes’, et nous les reconnaissons comme tels, même si la créature y a participé en prêtant ses actes comme vêtements pour les recouvrir. Elle est le soutien sur lequel ma Divine Volonté peut s'appuyer, se réjouir en développant sa vie, en accomplissant des prodiges inouïs tout en se cachant dans la créature comme si elle voulait se recouvrir de ses restes. D'autant plus que la Création et les créatures ont leur origine dans son Fiat où elles vivent, grandissent et sont protégées. Le Fiat est l'Acteur et le Spectateur de tous leurs actes. Elles vivront leur vie dans mon Fiat et s'envoleront vers le ciel par un acte voulu par lui. Tout appartient à mon Fiat. Il a tous les droits. Rien ne peut lui échapper. La seule différence est que celle qui vit en lui, vit avec lui, le connaît et sait tout ce qu'il fait. Sa compagnie fait ses délices, forme sa joie et la confirmation de ce que ma Volonté veut faire en elle. Par contre, celle qui ne vit pas dans mon Fiat ne le connaît pas, elle demeure isolée et forme sa souffrance continuelle.

            Après quoi il ajouta avec une tendresse d'amour indicible :

            Ma bienheureuse fille, comme il est beau de vivre dans ma Volonté ! La créature qui fait cela nous met toujours en fête. Elle ne connaît rien d'autre que ma Volonté et tout devient pour elle Volonté de Dieu : la souffrance est Divine Volonté; la joie est Divine Volonté; ses battements de cœur, sa respiration et ses mouvements, tout devient Divine Volonté. Ses pas et ses œuvres sentent les pas de ma Volonté ainsi que la sainteté des œuvres de mon Fiat. La nourriture qu'elle prend, son sommeil, les choses les plus naturelles deviennent pour elle Volonté de Dieu. En tout ce qu'elle voit, sent et touche, elle voit, sent et touche la vie palpitante de ma Volonté. Ma Volonté la maintient toujours si occupée et investie d'elle-même que, jalouse, elle ne permet à rien d'autre, pas même à l’air, de ne pas être Divine Volonté.

            Tout comme pour la créature tout est notre Volonté, il en est de même pour nous. Nous sentons la créature dans le tout de notre Être divin, dans le Cœur et dans le Mouvement, et nous ne pouvons ni ne voulons rien faire sans la créature qui vit dans notre Volonté. Notre amour est tel que nous la faisons couler dans toutes nos œuvres; elle participe avec nous au maintien de notre Acte de création et de préservation ! Elle est avec nous, faisant ce que nous faisons, voulant ce que nous voulons. Et nous ne pouvons pas la mettre de côté puisque la Volonté que nous possédons est une – un l'Amour, un l’Acte que nous accomplissons ! Voilà ce qu'est la vie dans notre Volonté : vivre toujours ensemble, être une seule et même chose. Tel était le besoin de notre amour : avoir la compagnie de la créature, trouver en elle nos délices, la garder dans notre giron pour être heureux ensemble. Et comme la créature est petite, nous voulons lui donner notre Volonté afin de pouvoir lui donner notre Vie, notre Acte et nos modes en chacun de ses actes – ils sont nôtres par nature, siens pas grâce. Telle est notre joie et notre plus grande gloire.

            Crois-tu que ce soit peu de chose de donner notre Être afin qu'une créature, trop petite pour pouvoir le contenir, puisse nous le rendre avec elle-même et que nous, en retour, nous puissions nous donner à nouveau ? C'est un don réciproque continuel qui fait surgir tant d'amour et de gloire que nous nous sentons payés de retour pour lui avoir donné la vie. C'est pourquoi, tout ce que fait la créature sans permettre à notre Volonté d’entrer est un déchirement que nous ressentons, un droit dont nous nous sentons privés, une joie que nous perdons. Par conséquent, sois attentive afin que tout puisse être pour toi Divine Volonté.         

            De plus, pour chaque acte que la créature accomplit dans notre divin Vouloir, nous redoublons pour elle le règne de notre Volonté. Lorsque cet amour l'investit, il apporte avec elle notre sainteté, notre bonté et notre sagesse, de sorte qu'elle demeure redoublée en sainteté, en bonté et en connaissance de son Créateur. Comme nous l'aimons d'un amour redoublé, elle nous aime doublement. Notre amour est un amour opérant et comme il a son origine dans notre Être suprême pour aimer la créature d'un amour redoublé, il lui donne la grâce de nous aimer d'un amour toujours plus grand. Il nous est impossible d'ajouter quelque chose à un acte rendu si grand dans notre Volonté. Nous pouvons dire que ces actes sont les kidnappeurs de notre amour. Ils kidnappent notre sainteté et parviennent à savoir qui nous sommes et combien nous aimons la créature.

12.  19 octobre 1937 — Comment la Divine Volonté forme la très Sainte Trinité dans la créature qui vit en elle. Les merveilles de ses actes. Comment l'amour véritable commence à partir de lui. La Divine Volonté féconde et sème la vie divine dans les âmes.

          Le divin Vouloir continue de m’investir. Je sens en moi son mouvement qui me parle avec tant d’éloquence que s’il n’accomplissait pas un miracle pour se faire comprendre, je serais incapable de répéter ce qu’il dit. Il s’adapte à mes moyens parce que lorsqu’il parle, sa parole étant créatrice, il veut créer le bien qu’elle contient et si je ne pouvais pas le comprendre, je ne pourrais pas m’approprier ce bien et moins encore le donner aux autres comme propriété du Fiat suprême. Je me disais alors : « Comment se fait-il que son mouvement soit parole ? » Et mon doux Jésus visita ma pauvre âme et, tout amour, il me dit :

            Bienheureuse fille du divin Vouloir, sache que là où règne ma Volonté avec sa puissance créatrice, son mouvement et sa parole, elle parle dans les œuvres, dans les pas, dans l’esprit et dans le souffle… Voulant établir son Royaume, ma Volonté parle afin de créer sa vie divine en chacun des actes de la créature. Par conséquent, il faut la plus grande attention pour sentir où elle veut commencer son enseignement.

            Par la puissance de sa parole, sa Volonté investit l’acte humain, la respiration, le battement de cœur, la pensée et la parole humaine pour former en eux son Œuvre divine, la Respiration, le Battement de cœur, la Pensée et la Parole divine. Ces actes s’élèvent jusqu’au ciel et se présentent devant la Très Sainte Trinité. Notre Divinité les regarde, et que trouvons-nous ? Nous nous trouvons nous-mêmes, notre vie et même notre Très Sainte Trinité reproduite dans ces actes. Nous regardons le prodige de notre Volonté qui a submergé la créature de sa puissance en faisant d’elle la répétition de notre vie. Oh ! combien nous en sommes heureux et ravis, car nous trouvons en elle la sainteté qui nous ressemble, notre amour qui nous aime, l’intelligence qui nous comprend, notre puissance et notre bonté qui nous font aimer l’humanité par les liens de notre douceur. Nous nous reconnaissons en elle et trouvons l’œuvre de la Création comme nous voulons qu’elle soit.

            Un seul de ces actes contient tant de merveilles qu’elles ne trouvent pas suffisamment de place où se mettre, si grande est leur splendeur. Ce n’est que dans notre immensité qu’elles trouvent l’espace où demeurer fusionnées avec nos actes. Quelle ne sera pas notre Gloire et celle de la créature puisque ses actes, en vertu de notre Fiat, ont leur place parmi les actes de son Créateur ? Oh ! si toutes savaient ce que signifie vivre dans notre Divine Volonté, la laisser régner, elles rivaliseraient entre elles pour en être investies et devenir les répétitrices de la Vie divine !

            Mon bien-aimé Jésus a gardé le silence. Je demeurais immergée dans la mer du divin Vouloir, comme stupéfaite : Mon Dieu, jusqu’où peut parvenir celle qui vit dans ta Volonté !... Et une foule de pensées, comme autant de voix, me parlaient pour me dire…, mais je suis incapable de le répéter. Je le serai peut-être lorsque je serai dans la Patrie céleste et que j’en posséderai le langage. Et mon très grand bien, Jésus, continua :

            Ma fille, ne sois pas surprise. Tout est possible dans ma Volonté. L’amour véritable, lorsqu’il est parfait, commence par lui-même. Le vrai modèle est la Très Sainte Trinité. Mon Père céleste s’aimait lui-même, et dans son amour, il généra son Fils; il s’aimait lui-même dans son Fils. Moi, son Fils, je m’aimais moi-même dans le Père et de cet amour procéda le Saint-Esprit. Par cet amour de lui-même le Père céleste généra un seul Amour, une seule Puissance, une seule Sainteté, etc. Il noua l’inséparable union des Trois Personnes divines. 

            Lorsque nous avons créé la Création, nous nous sommes aimés nous-mêmes. Nous nous aimions nous-mêmes en étendant le ciel et en créant le soleil ; c’est l’amour que nous avions pour nous-mêmes qui nous poussa à créer tant de choses merveilleuses dignes de nous et inséparables de nous. Lorsque nous avons créé l’homme, l’amour de nous-mêmes est devenu plus intense, et comme nous nous aimions en lui, notre amour reproduisait notre vie et notre image dans les profondeurs de son âme. On ne peut donner que ce que l’on possède. Notre amour étant parfait, en nous aimant nous-mêmes, nous ne pouvions nous séparer de ce qui sortait de nous. 

            Notre Volonté, en voulant que la créature vive en elle afin de former notre Royaume, s’aime elle-même, et s’aimant ainsi elle veut donner ce qu’elle possède. Notre Volonté est heureuse uniquement lorsqu’elle forme la répétition de notre vie et lorsqu’elle agit dans les actes de la créature. C’est alors que triomphante et victorieuse, et avec la plus haute gloire et le plus grand honneur pour nous, elle les apporte dans notre sein divin afin que nous puissions reconnaître notre vie dans les actes de la créature qui vit dans notre Volonté. Tel est le sens de s’aimer elle-même dans tout ce qu’elle veut faire et produire : se donner elle-même afin de former un autre être semblable à elle-même (Dieu).

            Notre Volonté est la fécondatrice et la semeuse de notre vie. Lorsqu’elle trouve des âmes disposées, elle s’aime elle-même, les féconde de son amour, semant dans ces âmes ses actes divins qui, réunis ensemble, forment le grand prodige de la vie divine dans la créature. Par conséquent, abandonne-toi complètement dans ma Volonté. Laisse-la faire de toi tout ce qu’elle veut, et nous serons heureux, toi et nous.

13.  25 octobre 1937 — La Reine souveraine est l’héritière de la Divine Volonté, et par conséquent l’héritière de la Vie divine. Comment elle s’est faite une précieuse promesse entre les mains créatrices de Dieu. Le grand bien contenu dans un seul acte de mon Fiat.

      Je faisais ma ronde dans les actes de la Divine Volonté et, arrivant à la Conception de leur Sainte Vierge, je m'arrêtai pour offrir à Dieu la puissance et l'amour que les Personnes divines avaient mis dans la Conception de la céleste Dame afin d'obtenir la venue de leur Royaume sur la terre. Mon doux Jésus me surprit et me dit :

            Ma fille, lorsque cette Sainte Vierge fut conçue, notre fête avec l'humanité a recommencé. En fait, dès le premier instant de sa Conception, elle hérita de notre Divine Volonté qui commença bientôt ses divins travaux dans sa belle âme. En chaque battement de cœur, pensée et souffle, notre Volonté forma par sa puissance créatrice des prodiges enchanteurs de sainteté, de beauté et de grâce au point que nous-mêmes, acteurs et spectateurs avec notre Divine Volonté, en demeurions ravis. Dans notre excès d'amour, nous avons dit : « Que la créature est belle lorsqu'elle est avec notre Volonté ! Elle nous laisse former nos plus belles œuvres et elle donne vie à notre Vie en elle ! »

            Notre amour était en fête parce que notre divine Héritière, Héritière de notre Volonté et de notre vie elle-même, était venue à la lumière de temps. Et depuis, en vertu de notre Volonté qui opère en elle, elle est toute à nous. En la regardant, nous sentions notre souffle, notre cœur, notre amour toujours brûlant et nos mouvements. Notre beauté brillait à travers les mouvements de ses pupilles, de ses petites mains, et dans le doux enchantement de sa voix ravissante. Elle nous occupait tellement que pas un instant nous ne pouvions détourner d'elle notre regard. Elle nous appartenait, elle était totalement nôtre, et notre Volonté était déjà la sienne, de droit. Nous reconnaissions en cette sainte Créature notre divine Héritière, et en possédant notre Volonté, elle possédait déjà toutes choses.

            La Sainte Vierge avait sa propre humanité en qui elle réunissait la famille humaine tout entière, comme des membres reliés au corps. En voyant en elle l'humanité tout entière, à sa Conception, par amour pour elle, nous avons donné le premier baiser de paix à toute l'humanité pour en faire l'héritière de notre divine Héritière – à l'exception de quelques créatures ingrates qui ne voudraient pas la recevoir. Tu vois à quel point il est certain que le Royaume de notre Volonté doit venir sur la terre : il y a déjà une créature qui en a hérité et comme cette créature appartient à la race humaine, toutes les créatures ont acquis le droit de pouvoir le posséder.

            Cette céleste Souveraine, en témoignage de son amour, s'est donnée entre nos mains créatrices pour que tous puissent recevoir le Royaume. Ce témoignage, possédant la vie de notre Volonté, avait une valeur infinie et elle pouvait par conséquent s'engager elle-même pour tous. Quel doux et cher témoignage que cette sainte Créature entre nos mains ! En faisant couler sa vie et ses actes dans notre divin Vouloir, elle forma une divine monnaie capable de nous payer pour ceux qui devaient hériter de notre divin Fiat. C'est alors que mon Humanité est venue, unie au Verbe éternel. Avec ma vie, mes souffrances et ma mort, j'ai payé un prix suffisant pour racheter notre Divine Volonté et la donner aux créatures en héritage. Un seul acte, un seul souffle, un seul mouvement dans ma Volonté contient une valeur capable d'acheter le ciel et la terre, tout ce que l'on peut désirer. Par conséquent, puisse ma Volonté, et uniquement ma Volonté, être ta vie et ton tout.

            Je continuai alors à plonger dans le divin Vouloir... Quelle force ravissante il possède ! Sa douceur, ses attraits et ses enchantements sont tels que l'on ne voudrait pas en perdre le moindre souffle. Mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, les prodiges de ma Volonté sont inouïs. Sa puissance est si grande que lorsque la créature opère dans ma Volonté, elle met en action tout ce que ma Volonté a fait avant, et l’unissant à son acte, elle offre de nouveau à chaque acte, son mérite, sa bonté et sa puissance, comme si la créature accomplissait alors cet acte en l'enrichissant avec tant de grâce et de beauté qu’elle forme l'enchantement du ciel tout entier. Alors, comme une céleste rosée, elle en revêt tous les saints en leur donnant la gloire et la joie nouvelles que contient l'œuvre de la créature dans ma Volonté. Elle déverse cette rosée sur toutes les âmes pèlerines pour qu’elles puissent en ressentir sa puissance et sa grâce dans leurs propres actes. Combien d'âmes, brûlées par les passions, le péché et les plaisirs brutaux, ressentent la fraîcheur de cette rosée divine et restent transformées dans le bien.

            Un seul acte dans ma Volonté envahit le ciel et la terre et si ma Volonté ne peut pas trouver des âmes disposées à recevoir un tel bien, elle se met à chercher et guette les circonstances, les occasions et les désillusions de la vie, prête à les investir, les parfumer et leur donner le bien qu'elle possède. Les actes dans ma Volonté ne sont jamais paresseux. Ils sont remplis de lumière, d'amour, de sainteté et de douceur divines. Ils ressentent le besoin de donner la lumière à ceux qui vivent dans les ténèbres, de donner de l'amour à ceux qui sont froids, de donner de la sainteté à ceux qui vivent dans le péché, de donner de la douceur à ceux qui sont dans l'amertume. Ces actes sont les vrais enfants de mon divin Fiat, et ils ne s'arrêtent jamais. Ils continuent leur course, pendant des siècles même si nécessaire, pour donner le bien qu'ils possèdent. Et comme ils sont animés par la puissance de mon Fiat, ils peuvent dire : «Nous pouvons tout faire parce qu'une Volonté divine nous a donné la vie. »

14.  31 octobre 1937 — Comment un acte de Divine Volonté contient tant de puissance et d'amour que si Dieu ne faisait pas un miracle, la créature ne serait pas capable de contenir cet acte infini. Le passeport.

        Mon pauvre esprit continue à traverser la mer du divin Vouloir. Il me semble qu’il veut toujours me dire des choses nouvelles sur ce qu’il est capable de faire et de vouloir faire dans les créatures dans lesquelles il règne. Et comme mon doux Jésus est très heureux de parler de sa Volonté, dès qu’il voit une créature disposée à écouter son histoire, il s’en fait lui-même le narrateur pour la faire connaître et aimer. Par conséquent, en me refaisant sa petite visite, il me dit :

            Ma fille, si je voulais te parler toujours de mon Fiat, j’aurais toujours des choses nouvelles à te dire parce que son histoire est éternelle – elle ne finit jamais – soit sur ce qu’il est lui-même ou ce qu’il peut faire dans la créature.

            Tu dois savoir qu’un seul acte de ma Volonté dans la créature contient tant de puissance, de grâce, d’amour et de sainteté que si ma Volonté n’opérait pas un prodige, la créature ne serait pas capable de le contenir, car c’est un acte infini et ce qui est limité ne peut pas tout embrasser. Écoute jusqu’où va mon amour : lorsque la créature se dispose et appelle ma Volonté dans son acte, ma Divine Volonté opère. En opérant, elle appelle son infinitude, sa vie éternelle et sa puissance qui s’impose par-dessus tout, son immensité qui appelle et embrasse tous et toutes choses… Personne ne peut être mis de côté dans son opération. Puis, lorsqu’elle a tout enfermé en elle-même, ma Volonté forme son œuvre.

            Tu vois ainsi ce qu’est un acte dans ma Volonté : un acte infini, éternel, armé d’une puissance divine, immense, si bien que personne ne peut dire « Je n’étais pas là dans cet acte. » Ces actes ne peuvent pas être sans produire une grande gloire divine pour notre suprême Majesté ainsi qu’un bien immense pour les créatures. Ces actes accomplis avec la créature opèrent comme Dieu opère, unissant Dieu et la créature : Dieu qui donne, la créature qui reçoit. Ces actes sont comme des prétextes pour notre amour et qui nous disent : « La créature nous a donné une place dans son acte, elle nous a laissé la liberté de faire ce que nous voulons. » Ainsi, notre amour s’impose sur nous pour nous faire donner ce que nous sommes et nous honorer nous-mêmes ainsi que notre propre Volonté opérante. Notre amour atteint de tels prétextes et impatiences d’amour qu’il voudrait que nous n’arrêtions jamais de donner – plaçant devant nous notre immensité infinie, notre pouvoir omnipotent, notre sagesse qui dispose toutes choses.

            Ces actes sont divins. Ils sont capables de former le passeport pour d’autres créatures et de les laisser entrer dans le Royaume de notre Volonté. Ils donneront un enfant à notre Royaume de sorte que plus il y a d’actes accomplis dans un notre Vouloir, plus notre Royaume sera peuplé, et tout le bien débordera sur ceux qui ont été les premiers à donner vie à ma Volonté dans leurs actes. Tu dois savoir que les premiers passeports ont été formés par moi et par ma céleste Mère pour les premiers enfants de ma Volonté. Ces passeports portent ma signature, écrite avec mon sang et avec les souffrances de la très Sainte Vierge. Tous les autres passeports ont encore besoin de ma signature, sinon ils ne seraient pas reconnus.

            Par conséquent, la créature qui vit dans ma Volonté possède ma vie comme principe, mon amour comme battement de cœur, mes œuvres et mes pas comme dotation et ma Volonté elle-même comme parole. Je me sens moi-même dans cette créature et, oh ! combien je l’aime et je me sens aimé par ce même amour. Et l’âme ressent une joie et une satisfaction si grandes qu’elle ne m’aime plus avec son petit amour, mais avec mon amour éternel. Elle m’étreint avec mes œuvres, elle me poursuit avec mes pas, elle sent que je suis sa vie. Elle trouve tout en moi, et moi en elle. Par conséquent, sois attentive ma fille, si tu veux être heureuse et me rendre heureux également.

            Après quoi je me sentais un peu souffrante et je toussais bruyamment. Je demandais à chaque quinte de toux que la Divine Volonté vienne régner sur la terre. Et mon doux Jésus, toute tendresse, me serra bien fort dans ses bras et me dit :

            Ma fille, je savais que tu demanderais ma Volonté à chaque quinte de toux, et mon Cœur en était touché – débordant d’amour. Il me semblait recevoir, dans ta toux, mon immensité qui m’enveloppait et demandait ma Volonté, ma puissance et mon infinitude qui faisaient demander par tous le règne de ma Volonté, au point que j’étais moi-même obligé de dire : « Ma Volonté, viens régner. Ne tarde pas plus longtemps ! » Je ressens une telle violence que je fais et dis simplement ce que la créature fait et dit.

            Je veux que tu demandes ma Volonté dans tes souffrances, dans la nourriture que tu prends, dans l’eau que tu bois, dans le travail que tu fais – dans ton sommeil. Je veux que tu engages ta respiration et tes battements de cœur à demander que ma Volonté vienne et règne. De cette façon, tout sera une occasion de demander ma Volonté – même le soleil qui emplit tes yeux, le vent qui souffle sur toi, le ciel au-dessus de ta tête… Tout sera pour toi une occasion de demander que ma Volonté règne parmi les créatures. En faisant cela, tu placeras entre mes mains de nombreux gages – dont le premier sera ton être tout entier, si bien que tu ne feras pas même un mouvement sans demander que ma Volonté soit connue et désirée par tous.

15.  7 novembre 1937 — Comment les vérités écrites sur la Divine Volonté formeront le Jour pour ceux qui vivront en elle. La Reine du ciel se languit d’amour et veut doter ses enfants.

       Je sentais mon pauvre esprit envahi par un grand nombre de vérités que Jésus me faisait écrire sur la Divine Volonté, et je me disais : « Qui sait quand ces vérités sur le divin Fiat vont venir au jour, et le bien qu’elles produiront ? » Mon doux Jésus me surprit alors par sa petite visite et, toute bonté et tendresse, il me dit :

            Ma fille, je ressens moi aussi le besoin amoureux de te faire voir l’ordre que ces vérités vont avoir et le bien qu’elles produiront. Ces vérités sur ma Divine Volonté formeront le jour de mon Fiat parmi les créatures. Ce jour se lèvera selon leur connaissance. À mesure que les créatures commenceront à connaître les premières vérités que je t’ai manifestées, une très splendide aurore se lèvera – pourvu que les créatures aient la bonne volonté et la disposition pour faire de ces vérités leur propre vie. Cependant, ces vérités auront aussi la vertu de disposer les créatures et de donner la lumière à bien des aveugles qui ne connaissent pas ou qui n’aiment pas ma Volonté.

            Alors, lorsque l’aurore apparaîtra, elles se sentiront investies d’une paix céleste et affermies dans le bien ; elles souhaiteront elles-mêmes connaître plus de vérités qui formeront le commencement du jour de ma Divine Volonté. Ce commencement du jour augmentera la lumière et l’amour ; toutes choses vont concourir au bien de ces créatures ; les passions perdront le pouvoir de les faire tomber dans le péché. On peut dire qu’elles ressentiront l’ordre premier du bien divin qui facilitera leurs actions. Elles sentiront une force qui leur permettra de faire toute chose, puisque sa vertu première est exactement cela : injecter dans l’âme une transformation de sa nature dans le bien. Ainsi, ressentant le grand bien du commencement de ce jour, elles attendront avec impatience que le jour avance. Elles connaîtront alors plus de vérités qui formeront la plénitude du jour.

            Elles sentiront distinctement dans ce plein jour la vie de ma Volonté en elles – sa joie et son bonheur, sa vertu créatrice et opérative. Elles sentiront la possession de ma vie même en devenant porteuses de ma Divine Volonté. Le plein jour provoquera en elles un si grand désir de connaître plus de vérités qui, lorsqu’elles seront connues, formeront le plein après-midi. La créature ne se sentira alors plus jamais seule : il n’y aura plus jamais de séparation entre elle et ma Volonté. Ce que ma Volonté fera, la créature le fera elle aussi – opérant ensemble. Tout lui reviendra de droit – le ciel, la terre, et Dieu lui-même.

            Vois-tu alors combien noble, divine et précieuse sera l’étendue de ces vérités que je te fais écrire sur ma Divine Volonté afin de former le jour de la créature ? Pour certaines, elles formeront l’aurore ; pour d’autres, le commencement du jour ; pour d’autres encore la plénitude du jour et, finalement, le plein après-midi. Ces vérités formeront, selon leur connaissance, les différentes catégories des âmes qui vivront dans ma Volonté. Une connaissance de plus, ou une de moins, les feront s’élever ou demeurer dans les différentes catégories. La connaissance sera la main qui les élèvera jusqu’aux plus hautes catégories – elle sera la vie même de la plénitude de ma Volonté en elles. Par conséquent, je peux dire qu’avec ces vérités, j’ai formé le jour pour quiconque veut vivre dans ma Divine Volonté – un jour céleste, plus grand que la Création elle-même, non pas de soleil ou d’étoiles, parce que chaque vérité a la vertu de créer notre vie dans la créature. Ô homme combien cela surpasse la Création tout entière. Notre amour surpassait toute chose en manifestant autant de vérités sur ma Divine Volonté. Notre gloire, de la part des créatures, sera complète parce qu’elles posséderont notre vie pour nous glorifier et nous aimer.

            En ce qui concerne l’émergence de ces vérités, tout comme j’avais le pouvoir et l’amour pour aider la créature à qui je devais les manifester, de la même manière, j’aurais le pouvoir et l’amour pour investir les créatures et les transformer en ces vérités elles-mêmes. Et les créatures ressentiront également un grand besoin de donner à la lumière qu’elles sentiront en elles. Par conséquent, ne t’inquiète pas. Moi, qui peux faire toute chose, je ferai tout et je prendrai soin de tout.

            Après quoi je continuais à suivre les actes de la Divine Volonté qui contenaient toutes les œuvres, tout l’amour, toutes les prières et les souffrances, la vie palpitante, les souffles et tout ce que la Reine du ciel a fait, comme si elle était en train de tout faire. Et je serrais ces actes contre moi, je les embrassais, je les adorais et je les offrais pour obtenir la venue du Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Mon doux Jésus ajouta alors :

            Ma bienheureuse fille, celle qui vit dans ma Volonté peut entrer partout et peut tout me donner, même ma céleste Mère – comme si elle était sienne – la façon dont elle m’a aimé et tout ce qu’elle a fait. Cette créature peut même reproduire ma vie – comme si c’était la sienne, et me la donner pour m’aimer.

            Tu dois savoir que comme je formais le jour de la créature en te manifestant de nombreuses vérités sur ma Divine Volonté, la Souveraine du ciel, elle aussi, par son amour, ses souffrances, ses prières et ses actes – lesquels, accomplis dans ma Divine Volonté, remplissaient le ciel et la terre en formant la dotation destinée aux créatures qui vivront dans ma Divine Volonté – soupire et languit de pouvoir en doter ses enfants ! Elle se voit inondée d’un grand nombre de richesses de grâce, d’amour et de sainteté, mais elle ne peut pas trouver ses enfants pour les en doter parce qu’ils ne vivent pas dans la Volonté où elle a vécu. Regarde, ma fille, comme il est écrit en tout ce qu’elle a fait et souffert « Pour mes enfants ». Par conséquent, si elle aime, elle appelle ses enfants pour recevoir la dotation de son amour afin de nous les faire reconnaître comme ses enfants et nos enfants également, pour que nous les aimions comme nous l’aimons. Si elle prie, elle veut donner la dotation de sa prière. En somme, elle veut leur procurer toute sa sainteté, avec ses souffrances et avec la vie même de son Fils.

            Combien il est touchant de l’entendre et de la voir garder ses enfants dans son Cœur maternel comme en un sacrarium. Dans tous ses actes et ses souffles, elle appelle ses enfants et dit à notre Être suprême : « Tout ce que je suis et possède, tout est pour mes enfants. De grâce, écoutez-moi ! Mon Cœur déborde d’amour ! Ayez pitié d’une Mère qui aime ses enfants et veut les rendre heureux ! Mon bonheur n’est pas complet. Il lui manque la moitié parce que je n’ai pas mes enfants pour être heureux avec moi. Par conséquent, vite – que la Divine Volonté soit connue pour que mes enfants puissent aussi connaître l’impatience de leur Mère, et combien je veux les pourvoir et les rendre heureux et saints ! »

            Crois-tu que nous restions indifférents devant une scène si touchante, devant celle qui vit des excès d’amour – au point qu’avec sa tendresse maternelle et ses droits de Mère, elle nous prie et nous implore ? Ah ! non. Combien de fois, à cause d’elle, je manifeste plus de vérités surprenantes sur mon Fiat pour lui donner la liberté de déverser sur ses enfants une plus grande provision, puisqu’il ne lui sera permis de le faire qu’en accord avec leur connaissance. Par conséquent, toi aussi, entre dans ma Divine Volonté et avec cette céleste Mère, prie et supplie que notre Volonté soit connue et règne dans toutes les créatures.

16.  12 novembre 1937 — Un seul acte accompli dans la Divine Volonté aime pour toutes les créatures et lui donne tout ce que la créature doit à Dieu. Celle qui vit dans mon Fiat nous donne l’occasion de répéter nos œuvres en action. Comment Dieu veut opérer – seul à seul. Le « Je t’aime » : un joyau de Dieu.

         Le divin Vouloir continue de m’inonder de sa lumière et libère un pouvoir qui forme des prodiges dans les actes de la créature au point qu’elle en demeure ravie. Il montre réellement la puissance créatrice qui enferme tout et toutes choses dans le petit acte humain. Ô puissance et amour de la Divine Volonté, combien tu es insurpassable ! Ta puissance conquiert toutes choses, ton amour est incroyable ! C’est alors que mon adorable Jésus, qui veut que puissent être compris les prodiges inouïs que son divin Fiat peut faire dans la créature, me dit :

            Fille de ma Volonté, les flammes de mon amour sont telles que je suffoque. Et pour pouvoir libérer mon amour qui me fait brûler et trépigner d’impatience, je reviens pour te dire ce que ma Volonté peut faire dans la créature. Pour que ma Volonté puisse régner, on doit savoir qui elle est, l’étendue de son amour, quelle puissance elle possède et ce qu’elle peut faire. Maintenant, écoute. Lorsque la créature lui laisse la liberté d’opérer, elle appelle son immensité et sa puissance et enferme tous et toutes choses dans cet acte. Notre divinité reçoit dans cet acte l’amour de chaque créature. Nous entendons dans cet acte les voix et les battements de tous les cœurs qui nous disent : « Nous vous aimons. Nous vous aimons ! » Notre Volonté nous donne l’adoration qui est due à leur Créateur par chaque créature et chaque chose. Elle anime toutes choses et nous entendons dans cet acte même le soleil, le ciel et les étoiles – la Création tout entière qui nous dit : « Nous vous aimons, nous vous adorons, nous vous glorifions ! »

            Par conséquent, nous recevons tout de notre Volonté qui opère dans la créature – notre amour pour chaque créature est payé de retour et notre gloire et complète. Notre Volonté peut tout nous donner, même à travers l’acte de la créature ; aussi, emportée par son amour envers celle qui la laisse agir dans son acte, elle s’écrie : « Je te donne tout, ma fille. Je te placerai devant notre Majesté suprême comme celle qui nous a aimés pour toutes les créatures, qui nous a donné la gloire et l’adoration pour toutes, qui nous a fait aimer même par le soleil, le ciel… La Création tout entière harmonisée et toutes les choses créées disaient entre elles, ‘Amour, amour pour notre créateur.’ Par conséquent, je te donne le mérite pour toutes choses : tout est à toi. Ma volonté n’est tout simplement pas capable ni désireuse d’opérer à moins d’enfermer toutes les créatures et de faire toutes choses. »

            J’étais surprise et je me disais : « Est-ce possible. Tout cela est-il possible ? » Et mon Jésus ajouta :

            Ma fille, ne sois pas surprise. Un seul acte dans ma Volonté est plus grand que le ciel et la terre. Son immensité n’a pas de limites, sa puissance est infinie; elle tient tout dans sa main. Elle opère avec un amour infini qui peut donner de l’amour à toutes et après avoir aimé tout le monde – oh ! combien d’amour il lui reste encore. Notre amour est parfait. Premièrement, nous nous aimons nous-mêmes; nous assurons nos intérêts, notre gloire et notre amour ; puis, nous descendons dans les créatures en les aimant avec notre propre amour, nous glorifiant nous-mêmes avec nos œuvres. Qui ne pense pas d’abord à lui-même ? Par conséquent, que notre Volonté opère en nous-mêmes ou dans les créatures, il faut d’abord que celles-ci nous donnent, de droit, ce qui nous est dû et qui nous convient, pour toutes et pour chacune ; ensuite, les créatures recevront, chacune selon ses dispositions.

            Après quoi je continuais à être inondée par les vagues du divin Vouloir – des vagues de lumière, chargées de vérités et d’amour, voulant faire connaître ses prodiges, sa puissance et ce qu’il veut donner à la créature. Je suivais ainsi ses actes de création pour les faire miens et pouvoir dire : « Ce qui appartient à Jésus est à moi également. » Et mon adorable Jésus est revenu en ajoutant :

            Fille de ma Volonté, lorsque la créature revient dans nos œuvres pour les désirer, les aimer et les faire siennes, notre amour nous fait courir vers elle pour l’accueillir et renouveler nos œuvres pour elle seule – comme si nous étions dans l’acte de les répéter. Nous centralisons en elle tout notre amour ainsi que notre puissance, nos joies, les stratagèmes et les folies d’amour que nous ressentions en faisant la Création tout entière.

            Dans notre excès d’amour, nous la regardons et nous trouvons le ciel et l’amour que nous ressentions en étendant sa voûte azurée. Puis nous la regardons encore et nous trouvons la variété des étoiles lorsqu’elle donne à chacune sa voix pour lui faire dire Je t’aime, je t’aime, je t’aime… Ces voix des Je t’aime forment la plus belle des musiques célestes et ce doux son nous enivre. Et dans notre ivresse, nous lui disons : « Fille, comme tu es belle ! Tu nous donnes des joies infinies. Même lorsque nous avons créé toutes choses, nous n’avons pas reçu des mélodies et des joies comme celles-là, car il manquait une créature qui, unie à notre Volonté, ferait dire à nos œuvres : ‘Je vous aime, je vous aime, je vous aime.’ »

            À la vue d’un tel déploiement d’amour, nous renouvelons la création du soleil, du vent, de la mer et de l’air, centralisant en elle tout l’amour et la divine harmonie que nous ressentions en créant tous ces éléments. Oh ! quelle joie pour nous, et quel retour d’amour elle nous donne. En la regardant, nous trouvons un soleil qui brûle d’amour pour nous ; un vent qui souffle et gémit d’amour, qui forme de mystérieuses voix d’amour pour nous entourer et nous dire : « Tu m’as aimé et je t’aime. C’est de l’amour que tu m’as donné et c’est de l’amour que je te donne…» Et il forme des vagues impétueuses dans sa mer, au point de nous donner un air d’amour pour chaque souffle de la créature. Nous nous sentons continuellement blessés et défaillants d’amour.

            Une âme qui vit dans notre Volonté est tout pour nous. Elle nous occupe continuellement – elle nous aime toujours, mais avec notre propre amour. Chaque fois qu’elle accomplit ses actes dans notre Fiat, nous renouvelons les œuvres de la Création et, pour nous amuser, nous l’aimons et nous faisons qu’elle nous aime, nous utilisons chaque acte qu’elle accomplit comme matériau pour renouveler nos diverses œuvres créées. Et notre amour n’est cependant pas satisfait. Il veut ajouter plus encore, alors il se crée de nouveaux prodiges de grâce et notre vie elle-même dans la créature bien-aimée. Nous aimons beaucoup opérer seul à seul comme si nous faisions toutes choses pour elle seule. Cela fait se lever vers nous qui l’aimons beaucoup, plus d’amour, d’estime et d’appréciation. Ainsi, dans la mesure où elle s’unit à nous, nous renouvelons ses œuvres. Si elle s’unit dans les œuvres de Création, nous renouvelons nos œuvres de Création ; si elle s’unit à nos œuvres de Rédemption, nous renouvelons les œuvres de Rédemption. Ainsi, je répète les actes de ma naissance et en la regardant, je trouve ma naissance en elle, ainsi que l’amour pour lequel je suis né, tandis qu’elle m’aime de ce même amour avec lequel je suis venu sur terre. Crois-tu que ce soit pour moi peu de chose de trouver mon propre amour qui m’a fait naître, pleurer, souffrir, marcher et travailler ? Avec elle, seul à seul, je répète ma vie ici-bas et ma Divine Volonté la fait m’aimer de ce même amour avec lequel je l’aimais lorsque j’étais sur terre pour vivre ma vie Rédemptrice. Par conséquent, la vie dans ma Divine Volonté est tout pour la créature – et tout pour nous.

            Je suivais les actes du divin Vouloir dans ses œuvres et je me disais : « Qu’est-ce qui serait une plus grande gloire pour Dieu, suivre les actes de la Création ou ceux de la Rédemption ? » Jésus est revenu pour me dire :

            Ma fille, les deux me plaisent beaucoup. Mais il y a une différence. Dans les œuvres de Création, la créature trouve notre Majesté en fête qui crée de nombreuses choses avec comme raison principale de servir notre Volonté régnant dans la Création. Toutes les choses créées devaient servir de dépôt pour son retour d’amour, d’adoration et de gloire envers nous. Toutes les choses créées parlent de notre amour envers les créatures, et la créature, à travers elles, devait aimer leur Créateur. Tu dois savoir que chacun de tes « Je t’aime », que tu caches dans le soleil, dans le ciel et dans les autres choses créées, est pour nous un joyau. Nous les aimons, nous les embrassons, nous les étreignons et ils font notre délice – nous nous sentons glorifiés et payés de retour pour tout ce que nous avons fait. Crois-tu que nous restions indifférents devant les nombreux  « Je t’aime » avec lesquels tu as revêtu la Création. Pas du tout ! Nous les regardons, un par un, comme nos joyaux. Ils nous donnent la gloire que nous avions durant la Création. Par conséquent, que notre fête continue, et si ces « Je t’aime » ne peuvent être vus que par nous-mêmes, c’est parce que notre Volonté, immense également dans la Création, éclipse par sa lumière tes « Je t’aime » en les gardant jalousement cachés dans son sein.

            Il en est comme du soleil dont la lumière et la chaleur sont plus grandes et plus intenses que tous les précieux effets contenus en lui. Ils ne peuvent pas être vus, mais il est certain que le soleil possède ces effets. En fait, si sa lumière touche la fleur, elle lui donne la couleur, peignant comme un artiste la variété des beautés et des couleurs pour former le doux enchantement des générations humaines. Si sa lumière touche les plantes et les fruits, elle leur donne la variété des douceurs et des goûts. Cela montre comment le soleil n’est pas seulement lumière et chaleur, mais cache aussi d’autres biens dans son sein de lumière. Il en est ainsi de la créature qui vit dans notre Volonté. Lorsqu’elle aime et adore, elle forme la beauté de son arc-en-ciel d’amour dans ses œuvres, la variété des joies et des douceurs de ses bonnes actions qu’elle cache jalousement dans son sein. Ma Volonté est la cachette pour l’amour et pour tout ce que la créature accomplit en elle, formant ainsi le plus bel ornement de nos œuvres divines et le doux enchantement de nos yeux. Et nous en sommes si heureux que nous le montrons à toute la Cour céleste pour qu’ils s’en réjouissent avec nous.

            Par conséquent, la créature ne peut nous donner plus de joie qu’en suivant nos actes de Création, car elle s’unit ainsi à notre dessein. Elle se joint à notre amour et nous sentons ses baisers qui se mêlent aux nôtres dans un même et unique amour. Quelle joie, quel bonheur d’avoir avec nous la créature qui nous aime et fait tout ce que nous voulons faire !

            Dans la Rédemption, le dessein est différent : c’est l’homme coupable que nous recherchons. Dans la Création, tout était fête – nos œuvres nous souriaient avec joie, amour et gloire. Au contraire, dans la Rédemption – souffrances, amertume, pleurs, remèdes pour restaurer l’homme… Mais la créature, en entrant dans notre Volonté, peut investir toutes mes souffrances, mon amertume et mes pleurs avec ses tendres et compatissants « Je t’aime » et cacher en eux son joyau. Ainsi, en embrassant ces joyaux, je ne suis pas seulement réconforté, soutenu et accompagné par celle qui vit dans ma Volonté, mais dans les joyaux de ses « Je t’aime » je trouverai aussi celle qui sèche mes larmes, celle qui partage mes souffrances – celle qui me défend. Par conséquent, je te veux toujours dans ma Volonté. Ainsi, que ce soit dans la fête ou dans les souffrances, je te garderai toujours avec moi.

17.  20 novembre 1937 — Comment la Divine Volonté fait surgir l’amour afin que partout elle se sente aimée par la créature. Où que puisse être notre Volonté, nous trouvons le matériau adaptable pour la conception, la naissance et la croissance de notre vie.

        Mon pauvre esprit continue de nager dans la mer du divin Vouloir. Ses surprises sont si grandes si nombreuses, son impatience de voir sa vie dans la créature est telle qu’il m’est impossible de tout répéter. Et mon bien-aimé Jésus, visitant mon âme, me dit avec un amour indicible : 

            Ma bienheureuse fille, c’est pour moi une grande fête de parler de ma Volonté. Le Ciel s’unit à moi dans cette célébration et comme tous me voient parler de ma Volonté, ils se font attentifs et ils écoutent. Parler de ma Divine Volonté est la plus grande fête que je puisse donner à toute la Cour céleste.

            Ma Volonté fait se lever l’amour opérant dans les âmes sur la terre et l’amour béatifique dans le ciel. Lorsqu’il n’y a pas d’amour, je ne me déplace même pas – je n’y vais pas et ne sais pas non plus quoi faire avec la créature. Mais l’amour que ma Volonté fait surgir est immense et il n’y a pas de lieu où celle qui vit dans ma Volonté ne peut pas se trouver tout investie et presque surchargée de mon amour. Elle a bientôt notre même destinée : aimer partout et en tout lieu – aimer tous et toujours. Nous sentons qu’elle nous aime dans le cœur de tous. Son amour court partout et elle nous aime dans le soleil, dans les cieux, dans le scintillement des étoiles, dans les murmures du vent et de la mer, dans la course des poissons, dans le chant des oiseaux… Nous sentons qu’elle nous aime également dans le cœur des anges et des saints, et même dans notre sein divin. Tout le monde dit : Sois la bienvenue ! Oh ! combien nous t’attendions. Viens occuper ta place d’honneur ! Viens adorer en nous notre Créateur !

            Ma Volonté jalouse la tient serrée contre elle pour l’inonder d’un amour toujours nouveau et lui fait faire, pour elle seule, des chants et des hymnes d’amour, de doux enchantements d’amour – des blessures d’amour. Elle semble dire : « J’ai trouvé quelqu’un qui m’aime et je veux en profiter. Je ne serai pas heureuse si elle ne me disait pas toujours et partout ‘Je t’aime, je t’aime.’ » L’âme qui vit dans notre Volonté sera notre triomphe, notre victoire, le dépôt de notre amour – notre gloire continuelle. Mon amour ressent le besoin de la compagnie de cette créature pour s’y déverser et recevoir son amour. C’est pourquoi je veux respirer avec elle – palpiter et opérer avec elle. Cette union peut produire les joies les plus merveilleuses, les satisfactions les plus ineffaçables, les œuvres les plus grandes – l’amour le plus intense.

            Ma Volonté donnera tellement d’amour à cette créature qui vit en elle qu’il lui sera possible d’inonder la Création tout entière. Mon Vouloir étendra un nouveau ciel d’amour sur toutes les générations humaines pour se sentir embrassé et aimé par l’amour de cette créature qui fut donné par ma Volonté elle-même, partout, en tous et en tout lieu. Et cette créature, étreignant et aimant ma Volonté, dira : « Ô suprême Vouloir, viens régner sur la terre ! Investis toutes les générations ! Conquiers et gagne tout ! » Ne vois-tu pas combien il est beau de vivre dans ma Volonté, d’avoir ton amour en son pouvoir qui possède tant de puissance et de vertu que personne ne peut lui résister ? Quand cet amour aura tout investi – l’amour d’une créature qui vivait dans notre Fiat et qui porte avec elle le lien de la famille humaine – nous nous laisserons vaincre. Nous abattrons tous les obstacles et nous aurons notre Royaume sur la face de la terre. Par conséquent, prie et que tout serve à me demander que ma Volonté puisse venir régner sur la terre comme au ciel.

            Je continuais à être inondée dans le divin Fiat qui déversait sur moi lumière et amour : lumière, pour se faire connaître – amour, pour être aimé. Et mon doux Jésus est revenu pour ajouter :

            Ma fille, comme il est beau de vivre dans ma Volonté ! Nous ne pouvons pas être sans cette créature. Nous pensons toujours à lui faire de nouvelles surprises, à lui donner quelque chose de nouveau, à lui dire de nouvelles choses pour qu’elle puisse mieux connaître notre Fiat. Selon sa connaissance, nous pouvons agrandir la mer de notre amour en elle. La connaissance est la petite cloche qui, lorsqu’elle sonne, appelle notre puissance, notre sainteté, notre bonté et notre amour avec un son très doux pour les enfermer dans la créature qui vit dans ma Volonté – pour nous faire opérer des prodiges inouïs.

            Tu dois savoir que lorsque nous trouvons notre Volonté dans la créature, nous nous sentons béatifiés, et nous aimons tant la regarder que, pour en profiter encore plus, nous regardons son esprit pour y engendrer la conception, la naissance et la croissance de notre intelligence. Nous regardons sa bouche pour y concevoir notre parole et la faire grandir, de sorte qu’elle parlera de notre Être suprême avec tant d’éloquence et de grâce qu’elle sera aimée par tous ceux qui auront le bonheur de l’écouter. Nous regardons sa volonté pour y faire renaître et grandir notre Volonté à une vie nouvelle. Nous regardons son cœur pour y concevoir notre propre amour – ses harmonies, ses stratagèmes pour nous faire gagner et la faire toujours renaître dans notre amour. Nous regardons ses pieds, pour y concevoir et y faire grandir nos œuvres et nos pas… Nous pourrions faire tout cela en une seule foi, mais nous ne le faisons pas afin de passer plus de temps avec elle – de profiter d’elle plus longtemps.

            Notre amour est tel que nous voulons former nos propres mains créatrices – notre vie même dans la créature. Tout ce que nous sommes, nous voulons le lui donner. Notre amour n’est pas satisfait si nous ne répétons pas notre vie en elle ; et nous ne découvrons le matériau adaptable que si nous trouvons en elle notre Volonté qui a préparé, purifié et embelli le terrain pour nous. En formant notre vie, nous chantons victoire et gloire à notre Être divin. Et que fait-elle ? Elle nous donne la nourriture pour être nourris et grandir en elle. Elle nous donne l’eau pour notre soif, son être pour nous vêtir, son âme comme chambre, son cœur comme lit pour nous y reposer, et tous ses actes afin d’être amusés et entourés par nos propres joies célestes.

            Qui peut te dire, ma fille, tout ce que nous pouvons faire et donner à la créature qui vit dans notre Volonté ? Nous donnons tout et toutes choses – et elle nous donne tout.

18.  29 novembre 1937 — Nos souffrances, unies aux souffrances de Jésus, forment sa vie en nous. Il n’y a pas de bien qui ne vienne de ces souffrances. Comment le manque d’amour martyrise l’amour divin.

      Mon pauvre esprit nage dans la mer du divin Vouloir. Je le sens qui respire, palpite et circule, mieux que le sang dans les veines de mon âme, en disant : « Je suis ici, en toi et en dehors de toi – plus que ta propre vie. Je cours en chacun de tes actes. Je rends chaque chose facile pour toi avec mon amour, et je te rends heureuse. »

            En même temps, il me montrait toutes les peines que je souffrais, revêtues de lumière – en les gardant serrées contre son cœur comme autant de conquêtes de sa Volonté. J’étais encore préoccupée et mon toujours adorable Jésus me rendit visite et me dit :

            Ma petite fille de ma Divine Volonté, sache que toutes les souffrances que ma très sainte Humanité a endurées sur la terre – chaque larme que j’ai versée, chaque goutte de mon sang, chaque pas et chaque mouvement, et même mon souffle – ont été et sont encore investis par une voix unique avec laquelle ils parlent et crient continuellement : Nous voulons que le Royaume de la Divine Volonté règne et domine parmi les créatures. Nous voulons que nos droits divins soient placés en force !... Et ils prient, ils parlent et ils gémissent autour de notre Trône suprême, sans jamais s’arrêter, pour que la Volonté du ciel et de la terre soient une.

            Toutes les créatures qui s’unissent à mes souffrances, à mes battements de cœur, à mes respirations, à mes pas et à mes œuvres – prient, parlent et gémissent avec tout ce que j’ai fait et souffert sur terre. Il n’y a pas de bien qui ne vienne de mes souffrances. Unies à celles de la créature, mes souffrances forment le dépôt – les hôtes qui reçoivent ses souffrances pour former une unique prière, une seule voix – une seule Volonté. Plus encore, mes souffrances portent les souffrances de la créature et tout ce qu’elle fait devant notre Majesté, afin de lui faire vouloir les faire ce que j’ai fait. Les souffrances de la créature kidnappent mes souffrances sur la terre afin d’inclure toutes les créatures dans mes souffrances et dans les siennes, pour disposer toutes les créatures à recevoir la vie de ma Divine Volonté. L’union avec moi – de ces souffrances avec mes souffrances – produit le grand prodige de ma vie dans la créature ; une vie qui opère, parle et souffre comme si j’étais à nouveau sur la terre. Ainsi, j’anime l’être tout entier de la créature avec la puissance de mes actes. Ma vie s’écoule même dans les choses les plus banales, afin que tout puisse être mien, animé par ma puissance créatrice, et qu’elle puisse me donner l’amour et la gloire de ma propre vie.

            Crois-tu que ma Volonté n’ait pas tenu compte de tout ce que tu as souffert ? Bien sûr que si. Ma Volonté préserve dans son sein de lumière toutes tes souffrances – petites ou grandes – tous tes soupirs de détresse et toutes tes privations. Elle s’en est même servi comme matériau pour pouvoir concevoir, faire naître et développer sa vie. Elle a pu grandir à travers chacune de tes souffrances qui était nourrie par sa sainteté, remplie de l’ardeur de son amour, et embellie par son inatteignable beauté.

            Ma fille, combien tu dois me remercier pour tout ce que j’ai disposé pour toi, et pour tout ce que je t’ai fait souffrir. Tout a servi à former ma vie en toi ainsi que le triomphe de ma Volonté. Quel bonheur pour la créature de voir que ses souffrances servaient ma vie, si sainte, et qui auront comme accomplissement ma vie palpitante en elle ! Crois-tu que ce soit peu de chose que le Créateur montre son besoin de la créature, lui qui est omnipotent et donne la vie à toutes choses ? N’est-ce pas là le plus grand excès de notre amour ?

            Jésus garda le silence. J’ai continué à penser à ce qu’il venait de me dire et j’ai vu toutes mes souffrances alignées en moi, répandant des rayons de lumière, transformées en souffrances de Jésus pour former le divin soutien et la défense de la créature – demandant avec des voix et des soupirs continuels que la Divine Volonté vienne régner. Et Jésus poursuivit :

            Ma bonne fille, notre amour est tel que partout et en tout lieu – même dans le plus petit brin d’herbe, dans l’air que respire la créature, dans l’eau qu’elle boit, même sous ses pas lorsqu’elle marche sur le sol – nous envoyons nos voix, nous envoyons nos cris d’amour – Je t’aime, Je t’aime, Je t’aime ! Mais notre amour ne peut pas trouver la paix lorsqu’il sent que la créature ne l’écoute pas et n’entend pas qu’il lui répète Je t’aime, Je t’aime !... Et dans notre délire d’amour nous disons : Oh… est-ce que quelqu’un nous écoute ? Oh… personne ne nous dit Je t’aime, Je t’aime ? Pourquoi alors dire Je t’aime, Je t’aime, Je t’aime, si personne ne nous le dit en retour ? À qui disons-nous Je t’aime… à l’air, au vent, au vide de l’espace ? Notre Je t’aime ne sait pas où aller, où s’appuyer, s’il ne trouve pas le Je t’aime de la créature pour le recevoir et lui renvoyer avec le sien afin que son amour puisse trouver refuge à l’intérieur de notre amour immense, reposer sur lui et grandir de plus en plus.

            Lorsque la créature entend notre Je t’aime et nous le renvoie, dans notre excès d’amour et comme réconciliés par son amour, nous disons : « Finalement, on nous écoute. Notre amour a trouvé où aller, un lieu de refuge. Nous avons été reconnus. Nous avons trouvé quelqu’un qui dit Je t’aime. » Alors notre amour est en fête. Mais lorsque que nous ne pouvons pas trouver quelqu’un qui dit Je t’aime, nous ne trouvons pas alors quelqu’un qui nous reconnaisse, qui nous écoute – quelqu’un qui nous aime. Combien il est dur d’aimer et de ne pas être aimé ! Combien je voudrais que tous sachent qu’avec mon amour, je les soutiens, je les serre dans mes bras, je les aime et je les fais respirer ; je les aime et je fais battre leur cœur ; je les aime et je leur donne la parole ; je les aime et je leur donne la marche ; je les aime et je leur donne le mouvement, la pensée, la nourriture, l’eau… Tout ce qu’ils sont et tout ce qu’ils reçoivent est l’effet de mon amour débordant. N’est-ce pas alors une horrible ingratitude que de ne pas aimer ? C’est faire de notre amour un martyr – parce que nous avons aimé et nous ne sommes pas aimés.

            Après quoi je me disais : « Mais comment la créature peut-elle savoir que Notre-Seigneur lui dit et lui répète ses continuels Je t’aime afin de pouvoir lui donner les siens en retour ? » Et mon doux Jésus ajouta :

            C’est en vérité très facile de le savoir si la créature a en elle la vie de la Divine Volonté. La Divine Volonté lui donne son ouïe divine qui l’a fait écouter lorsque son Créateur lui dit Je t’aime. La Divine Volonté lui donne non seulement le sens de l’ouïe, mais aussi son Verbe divin, si bien que lorsque l’oreille écoute, le Verbe dit Je t’aime. Ou mieux encore, avant même qu’il dise Je t’aime, elle sent déjà qu’elle va recevoir le Je t’aime de son Dieu. Elle fait alors se rencontrer son Je t’aime avec le divin Je t’aime, comme si elle entrait en compétition avec son Créateur.

            Ma Volonté veut tout donner à la créature qui vit en elle. Elle lui donne ses bras pour l’étreindre, ses pas pour courir après elle. Nous ressentons notre divine nature qui est tout amour, et notre besoin d’aimer – au point que s’il était possible de nous empêcher d’aimer nous pourrions suffoquer et perdre le souffle de notre vie divine. Et comme notre souffle, notre mouvement et notre Volonté même est amour pour nous, et qu’il nous est impossible de ne pas aimer – de la même manière, la créature qui possède notre Volonté ressent le besoin de nous aimer – de nous aimer toujours. Par conséquent, seule ma Volonté peut mettre de l’ordre entre le Créateur et la créature, la garder continuellement consciente de notre amour et de notre sainteté – en la mettant en communication avec notre Être suprême.

19.  6 décembre 1937 — Lorsque la créature vit dans le divin Vouloir, Jésus fait résonner sa petite sonnette pour appeler les résidents du Ciel et ceux de la terre. Comment l’Amour divin a un besoin urgent de la compagnie de la créature.

        Je sens sa vie en moi débordante d’amour et qui déverse des mers d’amour en disant à chaque cœur : « Je t’en prie, regarde-moi, connais-moi et reçois-moi dans ton cœur ! Laisse-moi régner ! Je viens charger de tous mes biens pour vivre avec toi. Mais, hélas, je ne suis pas reconnue. Et même, ils me rejettent. Et comme je ne suis pas connu, mes lois d’amour ne s’appliquent pas pour eux ; mes biens demeurent en moi et il ne m’est pas possible de les donner à mes enfants. »

            Je suivais ensuite les actes de la Divine Volonté et arrivée à la voûte azurée constellée d’étoiles, j’appelais avec moi les résidents du ciel et les résidents de la terre afin qu’ensemble nous puissions payer de retour, avec notre petit amour, l’amour de Dieu qui avec tant d’amour avait créé l’étendue du ciel pour nous recouvrir et nous cacher dans son amour. Tous, sans exception, ont le devoir d’aimer celui qui nous a tant aimés. Je faisais cela lorsque mon très grand bien, Jésus, visitant ma petite âme, tout amour, me dit :

            Ma bienheureuse fille, si seulement tu savais avec quel amour j’attendais que tu les appelles tous, que tu sentes dans ton acte le retour d’amour pour tous ! Dès que tu commences à appeler, je fais sonner la petite cloche des résidents du ciel et de la terre, et je n’arrête de sonner que lorsque je vois que tous ont accouru dans ton acte.

            Les premiers sont les résidents célestes qui, vivant dans ma Volonté, ne peuvent ni ne veulent être mis de côté. Ils sentent la Divine Volonté unifiante qui les unit à cet acte. Mieux encore, ils attendent avec impatience mon appel afin de pouvoir retourner mon amour. Comme celle qui les appelle est une créature de la terre qui possède sa volonté propre, ils sentent qu’ils peuvent me donner à travers elle un amour nouveau. Oh ! comme ils se réjouissent au son de ma petite clochette et volent se placer dans cet acte de la créature qui veut m’aimer. Quant aux résidents de la terre, il se trouve qu’ils entendent à peine la vibration de ma clochette parce que tous ne vivent pas dans ma Volonté.

            Lorsque je les vois tous réunis dans cet acte, notre divinité se place, tout attentive, dans une attente amoureuse – et, oh ! comme il est beau d’entendre dans cet acte les voix innombrables qui nous disent : «Nous vous aimons, nous vous aimons. Nous vous reconnaissons dans vos œuvres ! Combien vous nous avez aimés. Aussi, pour tout cela, nous vous rendons votre amour ! » Notre Être suprême, blessé par toutes ces voix, déverse encore plus de mers d’amour, les couvrant et les revêtant avec tant de joie et de bonheur que tous en demeurent ravis et jouissent d’un paradis de plus grâce à cette créature. Celle qui vit dans notre Volonté nous donne le champ pour de nouvelles œuvres et fait jaillir plus fortement notre amour. Incapable de le contenir, nous déversons de nouvelles mers d’amour pour aimer la créature et être aimés. Oh ! combien nous l’aimons.

            Tu dois savoir que le besoin le plus urgent de notre Être suprême est la compagnie de la créature. Nous ne voulons pas être le Dieu isolé, ni garder la créature loin de nous – l’isolement n’a jamais produit ni grandes œuvres ni bonheur. La compagnie donne naissance au bien et fait surgir les plus belles œuvres à la lumière. C’est pourquoi nous avons créé tant de choses : avoir ainsi l’occasion de sa compagnie très souvent pour autant de choses créées. Et comme nous sommes toujours dans l’acte de faire ce que nous avons fait une fois, celle qui vit dans notre Volonté nous accompagne – toujours ; elle reçoit notre acte créateur et nous recevons la gloire et le retour de l’amour créé. Par conséquent, nous lui gardons compagnie dans les célestes sphères, dans le soleil qui brille, dans le vent qui souffle, dans l’air que tous respirent, dans le murmure de la mer – partout et en tout lieu elle nous suit, elle nous défend et nous retourne l’amour. Elle ne peut pas vivre sans nous – sans nous aimer, et nous ne pouvons pas être sans elle, aussi – jaloux, nous la gardons serrée contre notre sein divin.

            Puis il ajouta : La compagnie de la créature nous est si chère que nous formons avec elle notre récréation ; nous formons les plus importantes décisions pour notre gloire et le bien des générations humaines ; nous accomplissons nos desseins en sa compagnie. Notre amour s’élève à une vie nouvelle et continue à trouver de nouveaux stratagèmes d’amour et de nouvelles surprises afin d’enchaîner la créature à notre amour – toujours et de plus en plus. Sans sa compagnie, en qui pourrions-nous nous épancher ? Sur qui pourrions-nous former nos desseins ? Où pourrions-nous placer notre amour toujours renaissant ? Sans la compagnie de la créature, nos biens seraient déprimés, incapables de donner vie à ce que nous voulons faire par amour pour les créatures. Tu vois alors combien est nécessaire sa compagnie à notre amour, à nos œuvres – à l’accomplissement de notre Volonté.

20.  8 décembre 1937 — La Conception de la Reine du ciel. Sa course d’amour. Où que fût le Créateur, elle était là pour l’aimer. Comment elle resta conçue en chaque chose créée et fut constituée Reine du ciel, du soleil et de tout.

          Aujourd’hui, en baignant dans le divin Vouloir, mon pauvre esprit trouva en action la Conception de la Reine du ciel. Oh ! quelles merveilles. Quelles surprises. On ne peut tout simplement pas les décrire. Et je me disais : « Que peut-on encore dire d’autre sur l’Immaculée Conception après tout ce que l’on a déjà dit ? » Mon adorable Jésus me surprit et, tout en fête, comme s’il voulait célébrer la Conception de la céleste Reine, il me dit :

            Ma bienheureuse fille – oh ! combien de choses encore j’ai à te dire sur la Conception de cette céleste Créature. C’est une vie que nous étions en train de créer – pas une œuvre. Il y a une grande différence entre une œuvre et une vie. De plus, c’était une vie à la fois divine et humaine dans laquelle il devait y avoir une harmonie parfaite de sainteté, d’amour et de puissance qu’aucune autre vie ne pouvait égaler. Les merveilles que nous avons accomplies en créant cette vie étaient telles qu’il nous a fallu opérer le plus grand des prodiges – une chaîne de miracles – pour que cette vie puisse contenir tout le bien que nous déposions en elle.

            Cette sainte Créature, conçue sans le péché originel, ressentait la vie de son Créateur – sa Volonté opérante qui ne fit rien moins que faire se lever de nouvelles mers d’amour. Oh ! combien elle nous aimait. Elle pouvait nous sentir à l’intérieur et à l’extérieur d’elle-même. Oh ! comme elle courait pour être partout et en tout lieu – là où était la vie de son Créateur. Cela aurait été pour elle le plus dur et le plus cruel des martyres que de ne pouvoir être partout avec nous pour nous aimer. Notre Volonté lui donnait des ailes, et notre vie, tout en restant en elle, se trouvait partout pour être aimée et jouir de celui qu’elle aimait tant et qui l’aimait en retour. Écoute maintenant une autre surprise. Dès qu’elle fut conçue, elle commença sa course, et nous l’avons aimée d’un amour infini – ne pas l’aimer aurait été pour nous aussi le plus grand des martyres.

            En courant à l’extérieur à la recherche de notre vie qu’elle possédait déjà en elle-même – car un bien n’est jamais complet s’il n’est pas possédé en dedans comme en dehors – elle demeurait conçue dans le ciel et dans les célestes sphères dont les étoiles formaient sa couronne, en la louant et en la proclamant comme leur Reine ; et elle acquit les droits de Reine sur toutes les sphères célestes. Notre immensité l’attendait dans le soleil – et elle courut et fut conçue dans le soleil qui, devenant un diadème pour son adorable tête, la revêtit de sa lumière et la loua comme Reine de lumière. Notre immensité est notre puissance l’attendaient aussi dans le vent, dans l’air, dans la mer – et elle courait et courait… sans jamais s’arrêter. Ainsi, elle demeura conçue dans le vent, dans l’air et dans la mer, en acquérant les droits de Reine sur toutes choses.

            La souveraine Dame fait couler sa puissance, son amour et sa maternité dans le ciel, dans le soleil, dans le vent, dans la mer et même dans l’air que chacun respire. Elle fut conçue partout – en tout lieu et en toute créature. Partout où se trouvait notre puissance, elle élevait son trône pour nous aimer et aimer tout le monde. Ce fut le plus grand miracle accompli par notre amour tout-puissant : la multiplier en toutes choses et dans tous les êtres créés – pour que nous puissions la trouver partout et en tous.

            La céleste Reine est comme le soleil. Même si quelqu’un ne veut pas à la lumière du soleil, cette lumière s’impose quand même et dit : « Que vous me vouliez ou non, je dois poursuivre ma course. Je dois vous donner la lumière. » Mais si quelqu’un pouvait se cacher de la lumière du soleil, personne ne peut se cacher de la Dame souveraine; autrement, elle ne pourrait pas être appelée Reine et Mère universelle de tous et de toutes choses – et nous ne savons pas comment prononcer des paroles sans produire des faits.

            Peux-tu voir ainsi l’étendue de notre puissance et de notre amour dans la Conception de cette sainte Créature ? Nous l’avons élevée à un tel degré de hauteur et de gloire qu’elle peut dire : « Là où se trouve mon Créateur, je suis aussi – pour l’aimer. Il m’a revêtue d’une telle puissance et d’une telle gloire que je suis souveraine sur tout. Tout dépend de moi. Mon règne s’étend partout à tel point qu’en étant conçue dans toute chose je continue à concevoir en moi le soleil, le vent, la mer – toute chose. Je possède tout en moi – même mon Créateur, et je suis Souveraine et propriétaire de tout. Telle est mon inaccessible hauteur, ma gloire – que personne ne peut égaler, et mon grand honneur : avec mon amour j’embrasse tous, j’aime tout et j’appartiens à tout. Je suis la Mère de mon Créateur. »