no 41 à 44

41.  28 mars 1938 — Comment, pour celles qui vivent dans la Divine Volonté, la Création représente autant de cités que la créature peut rapatrier. Comment l’acte humain doit commencer et finir dans le divin Vouloir afin d’être complet. Pluie de lumière. La plus grande douleur de Jésus est de voir que les créatures ne vivent pas dans sa Volonté.

           Mon pauvre esprit part toujours à la recherche des actes accomplis par le divin Vouloir. Il me semble qu’alors que je les cherche, c’est eux qui attendent que je les trouve, car ces actes aspirent à être connus par les créatures, à recevoir leurs « Je vous aime », et à leur faire connaître combien elles sont aimées ; l’âme se sent alors rapatriée dans les actes de son Créateur, immergée dans la mer de joies et de bonheur. Mon toujours adorable Jésus, me voyant surprise, me refit sa petite visite et me dit :

            Ma bienheureuse fille, puisque l’homme a été fait par nous pour vivre dans notre Volonté, tous nos actes devaient servir comme autant de petites cités ou nations dans lesquelles l’homme pouvait trouver, de droit, sa Patrie céleste – les différentes cités où il devait trouver ses plaisirs, ses joies, et les scènes charmantes et délicieuses que son Créateur avait préparées pour lui avec tant d’amour. On peut dire par conséquent que le soleil est une cité et lorsque l’âme entre dans notre Volonté, elle trouve cette cité de lumière ainsi que toute la diversité de beautés, de couleurs et de douceurs. Elle trouve notre acte créateur et festif plein de joie, d’amour et de bonheur indicible, et elle plonge dans ces mers de beauté, de douceur, d’amour et de joie pour faire de longues promenades dans sa Patrie céleste en propriétaire de tous les biens qu’elle y trouve.

            Oh ! combien nous sommes heureux de voir nos œuvres – nos cités, créées uniquement pour l’âme, non plus désertiques, mais peuplées par nos enfants. En entrant dans notre Volonté, ils trouvent le chemin qui les conduit vers les différentes cités que nous avons formées dans la Création ; ils trouvent ici un délice, là une autre joie distincte, ailleurs une connaissance plus grande de leur Créateur, ailleurs encore un amour si intense qui les étreint, les embrasse et leur communique la vie de l’amour.

            Chaque chose créée possède quelque chose de nous-mêmes ; non pour elle-même, mais afin de le donner aux créatures. Cependant, les créatures doivent vivre dans notre Volonté, sinon les portes demeurent fermées et elles peuvent tout au plus profiter des effets, mais non de la plénitude des biens contenus dans nos œuvres. C’est pourquoi, ma fille, l’acte de la créature doit commencer et finir dans notre Volonté pour être parfait et complet. Notre Volonté elle-même donne sa propre vie de lumière et d’amour afin que l’acte puisse être complet et que rien de beau, de saint et de bon ne puisse lui manquer. Si cet acte ne commence pas dans notre Volonté, l’ordre, la sainteté et la beauté en seraient absents, et cet acte ne pourrait pas porter le sceau de notre Volonté, comme  « acte qui lui appartient ».

            Il y a de quoi pleurer, ma fille, en voyant tant d’actes humains déréglés et désordonnés – certains abandonnés au commencement, d’autres à mi-chemin ou à un autre point ; et, ce qui est pire encore, certains sont couverts de boue, de pourriture ; d’autres sont imprégnés de culpabilité et ne font qu’irriter notre Justice. Il ne peut rien y avoir de bon dans la créature sans notre Volonté, et même s’il semble qu’elles aient fait un peu de bien, ce n’est qu’une apparence de bien qui ne peut pas durer parce qu’il ne possède pas la substance de la vie de notre Fiat. Il suffit d’une déconvenue ou d’une déception pour que ce bien cesse et que les créatures regrettent de l’avoir fait. Par contre, tout ce qui est fait dans ma Volonté possède une inébranlable fermeté et ne s’arrête pas face aux déceptions et aux déconvenues ; au contraire, ces actes s’intensifient pour donner la vie du bien qu’ils possèdent. Tu dois savoir que la créature qui fait ses actes dans notre Volonté accomplit des actes parfaits et complets ; mais celle qui vit toujours dans notre Volonté se trouve sous une pluie continuelle de lumière qui déverse sur elle tous les effets des multiples beautés de notre Vie divine lorsque la créature agit, palpite ou respire. Notre Être divin est une lumière très pure et sans fin qui contient tous les biens possibles et imaginables. Il est lumière et il est parole, il voit tout – rien ne peut nous être caché. Cette lumière est également travail ; elle est rythme et elle est vie, qui donne vie à tous et à toutes choses. Elle contient d’inépuisables beautés, des joies et des bonheurs sans fin.           

            Celle qui vit toujours dans notre Volonté est toujours sous la pluie de lumière de notre Verbe souverain et créateur. Oh ! combien notre Verbe transforme cette créature ; il lui parle toujours de notre Être suprême en produisant sur elle tous nos divins effets avec une variété de beautés telle que nous en sommes nous-mêmes ravis. Notre regard de lumière est constamment sur elle ; nos pas la poursuivent toujours ; nos œuvres l’étreignent de leurs bras de lumière et la tiennent serrée sur nos genoux. Tous déversent sur elle notre lumière pour lui communiquer notre regard de lumière, nos œuvres et nos pas de lumière. Par conséquent, la créature qui vit toujours dans notre Volonté est en communication continuelle et directe avec son Créateur, et elle reçoit tous les effets qu’un Dieu peut produire. D’autre part, celle qui opère dans notre Volonté est en communication avec nos œuvres, et ses œuvres sont façonnées avec nos œuvres.

            Je continuai ensuite à retracer les actes de la Divine Volonté, et arrivée à ceux de Notre-Seigneur dans la Rédemption, je les embrassais, les adorais et les bénissais – je les remerciais un par un et, utilisant le même amour avec lequel Jésus les aima, je les aimais moi aussi. Et Jésus, ému et touché de voir ses actes aimés avec son même amour, me dit :

            Ma fille, seul l’amour me touche, me blesse et me porte à parler pour révéler mes secrets à ma créature bien-aimée ; des secrets qui sont cachés à ceux qui ne m’aiment pas, car sans m’aimer, ils ne comprendraient pas mon dialecte d’amour. Tu dois savoir que chacun des actes que j’ai accomplis sur la terre contient une souffrance si intense que si ma Divinité ne m’avait pas soutenu, cela aurait été suffisant pour me faire mourir. En agissant, ma Volonté créait en moi la souffrance de ne pas trouver la volonté humaine dans la mienne pour que je puisse l’enclore dans mes actes et lui donner la vertu et la grâce de la faire vivre dans ma Volonté. En tout ce que je faisais, que ce soit respirer, palpiter, regarder ou marcher, je cherchais la volonté humaine afin de l’enclore et de lui donner la première place dans mon souffle, mon battement de cœur, mon regard et mes pas.

            Quelle souffrance, ma fille, de vouloir faire le bien et de ne trouver personne à qui le donner ! Je voulais mettre la créature en lieu sûr, là où elle aurait pu être heureuse, puisque mes souffrances, mes œuvres et mon Humanité elle-même auraient été non seulement sa défense, mais aurait formé également son palais royal dans lequel la créature aurait été logée comme une Reine ; au lieu d’être reconnaissante et à l’écoute, la créature s’est éloignée de moi – de mes souffrances – pour vivre malheureuse au milieu des dangers et des ennemis sans personne pour la défendre. Quelle souffrance ! Quelle souffrance !

            Je peux dire que ma plus grande douleur ici-bas, qui me causait une mort continuelle, était de voir que la créature ne faisait pas ma Volonté, ne vivait pas dans ma Volonté, parce que je voyais que mes actes n’accomplissaient pas le dessein pour lequel je les faisais – ne donnaient pas la vie dont ils étaient investis. Et si je n’avais pas pu voir et embrasser tous les siècles comme en un seul acte présent, ainsi que mes enfants bien-aimés qui allaient vivre dans ma Divine Volonté et devoir utiliser tout ce que mon Humanité faisait et souffrait afin d’établir mon Royaume et en faire leur plus belle résidence – je n’aurais pas pu supporter une aussi grande souffrance. Par conséquent, continue à retracer mes actes, mes pas et mes souffrances, pour demander que ma Volonté vienne et règne sur la terre ; ma douleur sera apaisée et se changera en amour pour abréger le temps et faire que ma Volonté soit connue, aimée – et règne. Je te garderai pour moi comme un repos, une porteuse du baume pour mes souffrances ; et lorsque je verrai mes actes et mes souffrances aggravés parce que la créature s’éloigne de ma Volonté, je viendrai prendre refuge en toi pour apaiser et embaumer mes souffrances envenimées par la douleur. 

42.  30 mars 1938 — Lorsque les sacrifices sont faits avec bonne volonté, Jésus place en eux ses saveurs divines pour les rendre plaisants et aimables. Comment Dieu créa en eux la passion pour l’amour.

       Je me sens dans les bras du divin Fiat. Son amour est si grand qu’il me nourrit de sa lumière et me réchauffe de sa chaleur, et si je suis fatiguée, il me berce sur ses genoux pour me donner du repos et une vie nouvelle. Divine Volonté, comme tu es adorable. Toi seule peux m’aimer véritablement ; c’est en toi que je trouve un refuge à tous mes maux ! Je me sentais oppressée en voyant que ceux qui m’entouraient souffraient de grands sacrifices à cause de moi. Comme il est douloureux de voir les autres sacrifiés ! Et mon doux Jésus, me serrant dans ses bras dans un acte de compassion, toute tendresse, me dit :

            Ma pauvre fille, courage. Je ne veux pas que tu penses à cela. Tu dois savoir que je peux payer de retour et que je sais comment récompenser même les plus petits sacrifices – et certainement les plus grands. Je tiens compte de tout et je ne laisse même pas un souffle sans récompense ; et plus encore si ces sacrifices sont faits pour quelqu’un qui m’aime – pour quelqu’un qui veut vivre dans ma Volonté – c’est comme si ces sacrifices étaient faits pour moi. Pour que ces sacrifices soient faits dans ma Volonté, je place en eux mes saveurs divines afin qu’on puisse sentir le goût, le besoin et le plaisir de faire ces sacrifices. Ces saveurs sont comme le sel et les épices pour la nourriture, comme la graisse pour les roues qui ne pourraient presque pas bouger, mais lorsqu’on y a mis un peu de graisse, elles peuvent tourner. La saveur divine vide le sacrifice en le rendant léger et agréable. C’est la raison pour laquelle, dans notre amour, nous avons créé une sainte passion, un goût et un plaisir qui font qu’il nous est impossible de ne pas aimer la créature.

            C’est cette passion d’amour qui nous a fait ressentir le besoin extrême de prouver notre amour pour les créatures par nos œuvres. De fait, personne ne nous a priés de créer un ciel, un soleil et tant d’autres choses. Après les avoir créées, nous les avons regardées et pris en elles tant de plaisir que, dans un excès d’amour, nous nous sommes exclamés : « Comme nos œuvres sont belles ! » Mais nous en recevrons plus de gloire et de plaisir lorsque nos œuvres se donneront aux créatures pour les aimer et nous faire aimer. À notre passion d’amour et à cet extrême besoin d’aimer, nous avons ajouté plus de folie et de délire d’amour au point que nous ne pouvions plus nous satisfaire uniquement de nos œuvres. Notre amour atteignait un tel excès que nous ressentions le besoin de donner également la vie.

            Que ne m’a pas fait faire cette nécessité d’amour que je ressentais en moi ? Elle m’a fait souffrir des douleurs inouïes, subir les pires humiliations – et même la mort au milieu de spasmes atroces. Mais notre passion d’amour n’est pas satisfaite si nous ne laissons pas la créature y participer. Par conséquent, dans les sacrifices que nous lui faisons faire, nous créons la sainte passion, accompagnée de saveurs et de plaisirs, pour lui faire faire les plus belles conquêtes. Cette passion devient ingénieuse, trouve mille formes nouvelles et semble ne pas pouvoir rester ou vivre sans agir. S’il n’y a pas une passion et un goût pour le sacrifice – même dans les saintes œuvres – il semble que ces œuvres soient simplement des peintures – elles ne sont pas vivantes ; elles ont une froideur et une apathie qui produit plus de dégoût que de saveurs, et peut-être plus de mal que de bien. Par conséquent, ma fille, ne t’inquiète pas pour les sacrifices que les autres font pour toi. En réalité, je dois te dire qu’ils les font pour moi et non pour toi ; et j’infuserai tant de grâce, de goût et de plaisir jusqu’à vider le sacrifice. Ensuite, selon l’amour avec lequel ils feront ce sacrifice, je me déverserai en eux, et lorsqu’ils feront ce sacrifice voulu par moi, je ferai grandir ma vie en eux.

            N’est-ce pas, en fait, ma passion d’amour qui me fait parler si souvent de ma Volonté afin de créer dans l’homme la passion de vivre dans mon Vouloir ? En disant toutes ces choses, je veux noyer la volonté humaine dans nos saveurs divines – au point de lui faire décider de vivre dans ma Volonté en vertu du goût et du bonheur qu’elle ressent. Et ne peux-tu pas dire toi-même combien de saveurs, de satisfactions et de joies j’ai mises dans l’état de sacrifice où je t’ai placée ? Aussi, laisse faire ton Jésus qui sait comment ajuster le sacrifice et le rendre aimable, facile et même désirable ; d’autant plus que j’ajoute la force, le soutien et la vie de mon propre sacrifice à celui de la créature. Je peux dire que mon sacrifice prend le sacrifice de la créature sur ses genoux et devient guide, vie et lumière pour quiconque veut se sacrifier pour moi.

43.  4 avril 1938 — Comment Dieu créa la nécessité de notre Volonté dans la créature, et comment elle ne pourrait pas vivre sans elle. Exemple : comment il créa la nécessité de l’eau et du soleil pour la terre. Comment celle qui ne veut pas vivre dans la Divine Volonté veut confiner Dieu au ciel. Chaque parole additionnelle sur la Divine Volonté donne une vie nouvelle et distincte.

         Mon pauvre esprit ressent le besoin extrême de retracer les actes du divin Vouloir comme respiration et cœur de ma pauvre existence. Si je ne le faisais pas, j’aurais l’impression de manquer d’air et de cœur. Mon Dieu, comment peut-on vivre sans l’air et la vie de votre Volonté ? Cela me semble impossible. Et mon doux Jésus, visitant ma petite âme, toute bonté, me dit:

            Ma bonne fille de ma Volonté, mon amour était si grand dans la création de l’homme que je lui ai donné ma Volonté comme vie première et absolue nécessité, au point qu’il ne pourrait rien faire de bon sans elle. La terre ne peut rien produire sans eau puisque l’eau et comme l’âme de la terre. Mais sans le soleil qui féconde, purifie et embellit la terre par sa lumière et sa chaleur, l’eau ne servirait qu’à rendre la terre boueuse comme un égout qui répandrait dans l’air une contagion capable d’infecter la terre. La semence est nécessaire pour produire sur terre les plus belles floraisons, des plantes et des fruits qui font les délices du fermier et forment de la nourriture pour toutes les générations humaines. C’est la nécessité de l’union de ces éléments qui forme la beauté, l’unité, la bonté et la fécondité de nos œuvres créatrices. Séparées, elles peuvent être dangereuses et nuisibles pour la pauvre créature – unies, elles peuvent faire beaucoup de bien.

            De la même manière, j’ai créé la forte nécessité de ma Volonté dans la créature. J’ai créé l’âme, comme de l’eau pour la terre, qui devait couler – plus que l’eau – dans la terre du corps. J’ai créé ma Volonté, comme soleil, lumière et chaleur, qui devait vivifier, féconder et embellir l’âme avec une beauté capable de continuellement nous ravir d’amour pour elle. Puis, tout comme le fermier répand les semences dans le sol pour le faire produire, ma Volonté s’est engagée à semer de nombreuses semences divines dans la créature, qui devaient germer comme autant de soleils, les uns plus beaux que les autres, pour produire des floraisons et des fruits célestes pour servir de nourriture aux créatures, et même de nourriture pour leur Créateur ; car notre nourriture – notre vie – c’est notre Volonté.

            Vois-tu alors la nécessité de l’union des actes qui, comme des semences, sont formés par la créature ? Cette nécessité détermine la croissance de ma Volonté en elle ; elle communique la vertu de nos divines qualités, produisant de nombreux prodiges de grâce et de beauté. Et nous aimons tellement la créature que non seulement nous devenons inséparables, mais que nous opérons aussi continuellement en elle. Nous savons que si nous aimons, elle aime ; si nous travaillons, elle travaille – et qu’elle ne peut d’ailleurs rien faire sans nous. S’il n’y avait pas d’union entre nous, elle serait réduite à l’inutilité, comme une terre sans eau, sans soleil et sans semences. Par conséquent, comme nous l’aimons beaucoup, nous faisons tout en elle. Peux-tu voir dans quelle dangereuse et presque horrible condition la créature se met sans notre Volonté ?

            Puis il ajouta sur un ton de très grande tristesse : Ma fille, comme il nous est pénible de ne pas voir la créature vivre dans notre Volonté ! En refusant de vivre en elle, elle veut nous confiner dans notre céleste Patrie. Elle ne veut pas que nous vivions avec elle sur la terre. Notre Volonté est un poids pour elle ; elle fuit notre sainteté, ferme la porte à la lumière et recherche l’obscurité. Pauvre créature. En faisant sa volonté, elle mourra de froid et de famine, et dira : « Le ciel ne m’appartient pas. » Ces créatures vivent en exil sur la terre, sans soutien, sans défense et sans force ; le bien lui-même se transforme pour elles en amertume et même en défaut – elles forment notre souffrance et nous font continuellement suffoquer d’amour.

            L’amour de notre Volonté est tel que chaque parole ou connaissance que je manifeste concernant notre Vouloir est une vie divine – et même une vie nouvelle, chacune différente de l’autre – différente en sainteté, en beauté et en amour. C’est pourquoi notre délice est de faire connaître ce qu’est notre Volonté, ce qu’elle peut faire, et à quel noble et sublime état elle veut élever la créature dans notre Sein divin. En fait, en la faisant connaître, nous ne faisons rien d’autre que déverser nos vies divines nouvelles et lorsque ces vies sont possédées par la créature, nous recevons d’elle un renouveau d’amour, de beauté, de bonté, etc. Grâce à nos propres vies, combien nous nous sentons glorifiés et aimés par celle à qui nous nous sommes révélés. Nous faire connaître – trouver celle qui veut nous connaître – est l’acte qui nous glorifie le plus. Notre amour trouve celle en qui il peut s’épancher – pour lui donner tout ce que nous voulons. Après tout, pourquoi aurions-nous fait la créature si nous ne voulions pas nous faire connaître ? C’est la connaissance qui nous fait descendre en elle, et qui lui donne les ailes pour monter jusqu’à nous. Aussi, lorsque nous voyons ton désir d’en savoir davantage sur notre Volonté, nous préparons immédiatement pour toi les plus belles surprises de notre Fiat omnipotent – non seulement pour te faire connaître, mais pour te donner le bien que nous te révélons.

            Après quoi, très ému, il ajouta : Ma fille, celle qui vit dans ma Volonté est la créature désirée par tous, parce que tous se sentent aimés par elle. Son amour s’étend à tous, embrasse toute chose, se place dans le cœur de tous, pour nous faire aimer par tous. Même les plus petits Je vous aime, Je vous adore, Je vous bénis de la créature qui vit dans notre sainte Volonté ont le droit d’être enclos en tous. Même les Saints et les Anges se sentent honorés de faire place en eux au plus petit Je vous aime de cette créature fortunée – et ils nous aiment ainsi avec ce Je vous aime. Quelle ne sera pas sa joie lorsqu’elle viendra dans la Patrie céleste et qu’elle verra son Je vous aime dans tous les Bienheureux qui aiment son Dieu ! Tout cela arrive de la façon la plus simple : puisque notre Volonté est tout, tout ce qui est fait en elle trouve sa place partout et acquiert l’acte continuel de toujours aimer. Par conséquent, même le soleil, les cieux, les étoiles – la Création tout entière – posséderont ces actes afin de nous aimer et de nous bénir.

44.  10 avril 1938 — Comment Jésus veut trouver toutes choses dans la créature qui vit dans la Divine Volonté, et veut la trouver en chacun. Comment Dieu veut trouver dans notre amour le soutien pour ses œuvres et le lieu caché de sa vie.

       Mon pauvre esprit retourne toujours dans le divin Vouloir. Après avoir communié, je disais à mon adorable Jésus : « Dans ta Volonté, tout m’appartient; ainsi je t’aime avec l’amour de ma Mère et Reine – qui est aussi la tienne. Je t’embrasse avec ses lèvres ; je te serre contre moi avec ses bras ; et, t’emportant avec moi, je me réfugie dans son Cœur pour te donner ses joies, ses délices, sa maternité, afin que tu puisses trouver la douceur et la protection que seule ta Maman peut te donner. » Mais alors que je me réfugiais avec mon Jésus dans ma Maman – toute tendresse, mon doux Jésus me dit : 

            Ma fille, et fille de ma Mère, comme je suis heureux de trouver la fille avec ma Mère et ma Maman avec sa fille. Elle veut que les créatures m’aiment avec son propre amour et se servent de ses lèvres pour m’embrasser et de ses bras pour m’étreindre. Elle veut leur sonner sa Maternité pour me mettre en sûreté pour que je puisse les avoir toutes comme Maman. Trouver la fille et la Mère qui m’aiment d’un seul amour est pour moi la plus grande des joies – je sens que des deux me donnent un nouveau Paradis sur la terre.

            Mais ce n’est pas assez. Je veux trouver toutes choses en celle qui vit dans ma Volonté. Si quelque chose manque, je ne peux pas dire que ma Volonté est complète dans la créature. Je veux non seulement trouver ma Maman avec la créature à sa place d’honneur comme Reine et Mère, mais également mon Père céleste et le Saint-Esprit. Aussi, ma fille, fais mes délices en me disant que tu m’aimes comme le Père et le Saint-Esprit m’aiment. 

            Jésus gardait le silence et attendait que je lui dise ce qu’il voulait entendre. Malgré mon indignité, pour lui plaire, j’ai dit : « Je t’aime avec l’immense puissance d’amour du Père et avec l’amour infini du Saint-Esprit. Je t’aime avec l’amour dont tous les Anges et les Saints t’aiment. Je t’aime avec l’amour dont toutes les créatures passées, présentes et futures t’aiment – ou devraient t’aimer. Je t’aime pour toutes les choses créées et du même amour dont tu les as créées…» Mon doux Jésus poussa un long soupir, et il ajouta :

            Finalement, je trouve satisfaction à mon désir ardent de trouver toutes choses dans la créature. Je trouve nos mers d’amour infinies, je trouve les délices de ma Mère aimante – je trouve toute chose et toutes les créatures. C’est pourquoi je dois tout trouver dans la créature qui vit dans ma Volonté, et je dois la trouver chez toutes. Après tout, mon Père céleste m’a engendré par amour et c’est pourquoi je trouve avec moi – dans l’acte continuel de donner et de recevoir l’amour – celles qui m’aiment, et que je ne laisse rien de notre amour leur échapper.

            Puis il ajouta : Ma fille, c’est pourquoi dans notre amour nous ressentons un immense besoin que les créatures nous connaissent – nous et nos œuvres. Si elles ne nous connaissent pas, nous sommes comme mis à l’écart bien que nous vivions en elles et en dehors d’elles ; et alors que nous savons tout ce qu’elles font et tout ce qu’elles pensent – que nous les aimons en chacun de leurs actes – non seulement elles ne nous aiment pas, mais elles ne nous reconnaissent même pas. Quelle souffrance ! Si elles ne nous reconnaissent pas, l’amour ne peut pas naître ; et s’il n’y a pas d’amour, nous ne trouvons pas de place pour nos œuvres et notre amour ne peut pas trouver un refuge où se répandre et s’abriter. Tout demeure suspendu. C’est pourquoi nous voulons trouver le Je vous aime de la créature dans nos œuvres afin qu’en l’armant de notre puissance nous puissions mettre en lui nos plus grandes œuvres. Oh ! combien nous sommes heureux de trouver son petit Je vous aime comme une étagère où disposer nos œuvres. Il est douloureux pour nous d’opérer sans trouver un endroit pour nos œuvres – c’est comme si nos œuvres manquaient de vie. Notre amour opérant demeure réprimé – suffoqué. Nous sommes capables d’agir et nous ne le pouvons pas, et cela parce que la créature, ingrate, ne nous reconnaît pas et ne nous aime pas.

            Les créatures nous lient les mains et nous confinent à l’inutilité alors que toutes nos œuvres sont dirigées pour leur bien ; nous ne pouvons pas donner parce qu’il n’y a pas en elles de connaissance et d’amour, ni d’espace où placer nos œuvres. Car enfin, pourquoi devrions-nous agir si nous ne trouvons personne qui accepte de recevoir nos œuvres ? De plus, tu dois savoir qu’avant de faire une œuvre quelconque, nous cherchons quelqu’un capable de connaître cette œuvre, de la recevoir et de l’aimer – alors seulement nous agissons. Mon humanité elle-même n’a pas agi avant de trouver quelqu’un pour aimer et recevoir cet acte. Et même alors, si je ne trouvais pas quelqu’un qui le recevrait, je pouvais voir à travers les siècles et je dirigeais mon acte vers la créature qui l’aimerait, le connaîtrait et le recevrait. Même lorsque je pleurais comme un petit nouveau-né, je dirigeais ces larmes vers celle qui allait se repentir, regretter ses péchés, et en être lavée afin d’acquérir à nouveau la vie de la grâce. Lorsque je marchais, mes pas étaient dirigés vers celle qui devait suivre le chemin du bien, pour être sa force et guider ses pas. Il n’y a pas une œuvre que j’aie accomplie, une parole que j’aie dite ou une souffrance que j’aie soufferte dans laquelle je ne cherchais les œuvres des créatures pour servir de tablette à mes œuvres, où pour leurs paroles où placer ma parole. Mes souffrances cherchaient une tablette dans leur souffrance afin d’y placer le bien contenu dans tout ce que je faisais.

            C’est ma passion d’amour qui me faisait faire uniquement ce qui pouvait être utile à mes enfants. C’est une des principales raisons pour lesquelles je veux que la créature vive dans ma Volonté. C’est alors seulement que toutes mes œuvres – la Création, la Rédemption, et même un seul de mes soupirs – pourront trouver un endroit où s’appuyer, pour devenir les œuvres des œuvres des créatures, les souffrances de leurs souffrances – la vie de leur vie. C’est alors que tout ce que j’ai fait et souffert se transformera en gloire et en victoire pour chasser tous les ennemis et ramener l’ordre, l’harmonie, la paix et le céleste sourire du Père céleste parmi les créatures.

            J’étais surprise et mon bien-aimé Jésus ajouta : Ma bienheureuse fille, la vie dans ma Volonté contiendra tant de surprises et de nouveautés divines qu’elle fera l’étonnement même des Anges et des Saints ; d’autant plus que dans ma Volonté il n’y a pas des paroles, mais des faits. Ma Volonté convertit les paroles, les désirs et les intentions en faits et en œuvres accomplis, alors que tout ce que la créature veut en dehors de ma Volonté se réduit à des paroles, des désirs et des intentions. Dans ma Volonté, qui possède la vertu créatrice, tout ce que veut la créature devient un fait accompli et une œuvre pleine de vie ; d’autant plus qu’en vivant dans notre Volonté elle est déjà consciente de ce que nous faisons, et qu’elle sent ce que nous voulons. C’est pourquoi elle nous accompagne dans nos œuvres, voulant tout ce que nous voulons – elle ne peut tout simplement pas faire autrement et ne pourrait pas se tenir à l’écart. Notre Fiat devient sa plus grande nécessité et elle ne peut s’en passer. C’est pour elle plus qu’une respiration qui doit donner et recevoir ; plus qu’un mouvement qui ressent le besoin extrême de se mouvoir. En somme, ma Volonté est tout pour elle. Il est impossible pour elle de vivre sans ma Volonté. Par conséquent, sois attentive et que ton envol soit toujours dans notre Fiat.


   Que tout soit pour la gloire de Dieu et pour l’accomplissement de la Divine Volonté.

Deo gratias