no 21 à 40

21.  14 décembre 1937 — Comment la nature humaine passe son jour. Celui qui vit dans le divin Vouloir forme son jour dans les profondeurs de l’âme. Les prodiges qui se produisent en lui.

        Je me sentais immergée dans le divin Vouloir. Il me semblait qu’en faisant mes actes dans le Fiat au milieu de ses vagues de lumière, cette lumière devenait de plus en plus forte et se concentrait de plus en plus sur moi. Je ressentais un besoin grandissant de l’aimer et de la respirer – plus que ma propre vie. Sans elle, j’avais l’impression de manquer d’air, de chaleur et de cœur ; mais en retournant faire mes actes dans le divin Vouloir, j’ai senti que le souffle, la chaleur et le battement de cœur divin revenaient faire les délices de ma pauvre existence. C’est par conséquent pour moi un besoin – un besoin vital – de vivre dans la Divine Volonté. Mon doux Jésus est alors revenu rendre visite à ma petite âme et, toute bonté, il me dit :

            Ma bienheureuse fille, tout comme la nature forme son jour dans la vie humaine durant laquelle toutes les actions de la vie sont accomplies, de la même manière ma Divine Volonté forme son jour dans les profondeurs de la créature qui vit dans ma Volonté. Lorsque la créature commence à former ses actes en elle, à l’appeler comme sa propre vie, elle commence son jour en formant une robe très brillante dans les profondeurs de son âme. Cette aurore rassemble sa puissance, renouvelant dans la créature la puissance du Père, la sagesse du Fils, la vertu et l’amour du Saint-Esprit. Elle commence ainsi son jour avec la très Sainte Trinité qui descend dans les moindres actes et les endroits les plus secrets de la créature afin de vivre avec elle et de faire tout ce qu’elle fait. Cette aurore fait fuir les ténèbres de l’âme de sorte que tout devient lumière en elle ; elle se place en sentinelle afin que tous les actes de la créature puissent recevoir la lumière de la Divine Volonté. Cette aurore est le premier repos de Dieu dans la chambre de l’âme – elle est le commencement du jour éternel dans lequel la vie de l’Être suprême commence avec la créature.

            Ma Volonté ne s’en va pas – elle ne peut et ne sait comment être sans l’adorable Trinité. Elle ne peut qu’aller de l’avant – entraînant toujours avec elle, de façon irrésistible, l’adorable Trinité, formant la chambre divine où les Personnes divines peuvent retrouver leur créature bien-aimée. Partout où elle règne, ma Volonté a le pouvoir de tout centraliser – même notre vie divine.

            Comme il est beau le commencement du jour de celle qui vit dans notre Fiat. Il est l’enchantement du Ciel tout entier. Si la Cour céleste pouvait être sujette à l’envie, elle envierait celle qui a le bonheur de posséder dans son âme – tout en vivant encore dans le temps – le commencement du Jour éternel, le Jour précieux où Dieu commence à vivre sa vie en compagnie de la créature.

            Dès que la créature commence le second acte dans le divin Vouloir, le Soleil de ma Volonté éternelle se lève. La plénitude de sa lumière est telle qu’elle investit la terre tout entière, visitant tous les cœurs en apportant le ‘Bonjour’ de lumière et les joies nouvelles de toute la Cour céleste. Cette lumière déborde d’amour, d’adoration, de reconnaissance, de gratitude, de gloire et de bénédiction – mais à qui tout cela appartient-il ? À la créature qui, avec son acte dans ma Volonté, fait se lever le soleil qui brille sur tous, afin que tous puissent trouver celle qui a aimé Dieu pour eux – celle qui l’a adoré, remercié, béni et glorifié. Chacun y trouve la chose qu’il était censé faire pour Dieu. Elle compense pour tous. Un acte dans ma Volonté doit enclore toutes choses. Il a le pouvoir et la capacité de compenser pour tous et de faire le bien à tous ; sinon, on ne pourrait pas dire que c’est « un acte accompli dans ma Volonté ». Ces actes sont remplis de prodiges inouïs, dignes de notre Œuvre créatrice.

            Lorsqu’elle arrive à son troisième acte dans notre Volonté, le plein après-midi de notre Soleil éternel est formé dans la créature. Sais-tu ce qu’elle nous donne avec ce plein après-midi ? Elle prépare pour nous un banquet. Et sais-tu ce qu’elle nous donne comme nourriture ? L’amour que nous lui avons donné – nos divines qualités. Tout porte la marque de notre beauté et de nos purs et chastes parfums. Cela nous plaît tellement que nous mangeons à satiété ; et même si quelque chose devait manquer à notre condition, comme la créature est dans notre Volonté, elle est propriétaire de tous nos biens ; elle prend alors dans notre trésor ce dont elle a besoin et prépare pour nous le plus magnifique banquet, digne de notre suprême Majesté. Et nous invitons tous les anges et tous les saints à prendre place à ce céleste Banquet afin qu’ils puissent prendre et manger avec nous l’amour que nous avons reçu de la créature qui vit dans notre Volonté. Après avoir partagé ce banquet, les autres actes que la créature accomplit dans notre Volonté servent – pour certains à former pour nous des mélodies célestes, des chants d’amour, les scènes les plus ravissantes ; d’autres répètent nos Œuvres qui sont toujours en action. En somme, elle nous tient toujours en alerte. Et lorsqu’elle a donné cours à toutes ses actions dans notre Volonté, nous lui donnons le repos et nous nous reposons avec elle. Après le repos, nous commençons une autre journée de travail, et ainsi de suite.

            Bien souvent, cette loyale fille – puisque la vraie loyauté consiste à vivre dans notre Volonté – voyant que ses frères et sœurs sont sur le point d’être frappés par les châtiments mérités pour leurs péchés, ne termine pas sa journée, mais prie et souffre pour implorer des grâces pour leurs âmes ainsi que pour leurs corps. La vie de celle qui vit dans ma Divine Volonté est une joie et une gloire nouvelle pour le Ciel, une aide et des grâces pour la terre.

22.  18 décembre 1937 — Tout ce qui est fait dans la Divine Volonté acquiert la vie, et ces vies baignent et flottent dans les mers d’amour du divin Vouloir.

Je suis en proie au divin Vouloir. Il ne fait que déverser hors de lui-même des mers de lumière et d’amour, mais il ne semble pas satisfait avant de voir sa vie de lumière et le petit amour sortant de la créature se rencontrer, s’embrasser et s’aimer mutuellement d’un même amour. Oh ! combien il se réjouit. Et dans son excès d’amour, il dit : La vie de ma Volonté est à l’intérieur et à l’extérieur de la créature. Je la possède. Elle est toute à moi. Et je pensais : « Est-ce que le petit amour de la créature disparaît dans la mer immense de l’amour divin ? » Et mon adorable Jésus, revenant visiter ma petite âme comme inonder de ses flammes d’amour, me dit :

            Fille de ma Volonté, chaque chose que fait la créature en gardant ma Volonté comme principe est vie – si petite soit-elle – contient une vie divine. Par conséquent, dans la mer infinie de ma Volonté et de mon amour, on peut voir un grand nombre de petites vies d’amour et de lumière nager et flotter, ayant pris leur place dans notre mer. Oh ! combien nous nous sentons payés de retour parce que c’est une vie d’amour qu’elle nous donnée dans son petit amour, et une vie de lumière qu’elle nous a donnée en faisant ses actes parce qu’ils ont été formés  dans le centre de vie de notre Fiat qui possède la vraie vie ; et par conséquent ce sont des vies qui sortent de lui. Mon Fiat les crée en premier en les formant en lui-même puis, avant de les sortir de son Sein divin.

            Par conséquent, chaque Je t’aime possède la vie d’amour; chaque adoration possède la vie de divine Adoration; chaque vertu exercée possède chacune à son tour – la vie de divine bonté, la sagesse, la force, la puissance, la sainteté… Comme ce sont de petites vies qui ont reçu la vie de notre Vie, elles ne peuvent rester seules. C’est pourquoi elles courent poursuivre leurs petites vies à l’intérieur de nos mers infinies. Oh ! combien elles nous aiment. Elles sont peut-être petites, mais nous savons que la créature ne peut nous donner que de petites choses, car les grandes choses – les immensités – sont nôtres. La créature ne saurait même pas où les mettre si nous les lui donnions ; il lui faut donc prendre refuge en nous. Et nous, en la voyant dans nos mers, nous nous sentons payés de retour par cet amour que nous voulons de la créature.

            Je pensais à ce que Jésus disait, et il ajouta : Veux-tu le voir pour te convaincre de ce que je te dis ? Jésus me fit alors voir ses mers interminables investissant le Ciel et la terre – et le petit amour de la créature, et tout le reste accompli dans sa Divine Volonté, comme un grand nombre de vies petites, mais belles, qui nageaient dans ces mers. Certaines restaient à la surface pour fixer leur regard sur leur Créateur; d’autres couraient se jeter dans ses bras – pour l’étreindre ou pour l’embrasser; une autre plongeait dans la mer. En somme, elles avaient des milliers de caresses et de stratagèmes amoureux pour Celui de qui elles avaient reçu la vie. L’Être suprême les regardait, mais avec un amour qui le faisait appeler toute la Cour céleste pour célébrer avec lui en disant : « Regardez-les, comme elles sont belles ! Ces vies formées par les actes de la créature – et par ma Volonté – sont ma gloire, mon triomphe, mon sourire ; elles sont l’écho de mon amour, de mon harmonie et de mon bonheur ! » Je pouvais voir toutes ces vies dans le soleil, dans les étoiles, dans l’air, dans le vent et dans la mer. Chaque Je t’aime était une vie d’amour qui courait prendre sa place d’honneur dans les mers divines. Quel enchantement ! Que de beautés ! Que de surprises indicibles ! J’étais sans voix… et je ne savais que dire. Et Jésus : 

            As-tu vu, ma fille, combien de rares beautés de vie ma Volonté est capable de faire ? Son amour et sa jalousie sont si grands qu’elle les garde dans sa propre mer.

            Mais ce n’est pas tout, ma fille. Je veux te dire une autre surprise. Pour la créature qui vit dans ma Volonté, un Je t’aime n’attend pas l’autre. Avec la vie d’amour contenue dans ces prodigieux Je t’aime, ils se suivent les uns les autres et courent prendre leur place dans notre mer infinie. Ils rivalisent entre eux – celui-ci court plus vite, cette autre veut prendre la tête ; celui-là veut être le premier à se jeter dans nos bras ; un autre bondit en tête pour se blottir dans notre sein divin… La vie ne peut pas rester immobile. Ces petites vies – si petites soient-elles – ont un souffle, un cœur qui bat, un pas et une voix. Elle nous regarde de tous leurs yeux. Elles respirent l’amour et nous donnent de l’amour – elles sont palpitantes d’amour, et elles ont notre pas puisque nous sommes en mouvement et que nous marchons parce que nous aimons. Leurs voix parlent toujours d’amour et elles nous aiment tant, qu’elles veulent toujours entendre notre histoire d’amour éternel.

            Ces petites vies ne meurent jamais – elles sont éternelles avec nous. Les Je t’aime – les actes dans ma Volonté peuplent le ciel. Ces petites vies se répandent partout : dans la Création tout entière, dans les saints et dans les anges. Combien d’entre elles entourent la Reine ! Elles veulent prendre place partout au point de descendre dans le cœur des créatures sur la terre en se disant entre elles : « Comment notre Créateur peut-il être dans les cœurs humains sans notre petite vie d’amour ? Ah ! non, non. Nous sommes petites – nous pouvons entrer en eux et aimer notre Créateur pour eux. »

            Ces petites vies sont l’enchantement du ciel tout entier. Elles sont les plus grandes merveilles de notre Être suprême – celles qui en vérité nous paient de retour pour notre amour éternel. Leurs folies d’amour sont si inhabituelles qu’en les regardant, on sait quelles sont nos filles – des vies formées et créées par notre divin Vouloir.

            Qui pourra dire ma surprise ? Et Jésus :

            Ne sois pas surprise. Même ma vie ici-bas ne fit rien d’autre que libérer la vie hors de moi-même, au point que mes pas sont encore sur la terre à la recherche des créatures – ils n’arrêtent jamais. Tous les siècles auront la vie de mes pas. Ma bouche est encore en train de parler parce que chacune de mes paroles contenait une vie qui parle toujours. Seuls ceux qui ne veulent pas écouter ne peuvent entendre ma voix. Mes larmes sont remplies de vie et toujours dans l’acte de couler sur le pécheur – pour le toucher, l’amener au repentir et le convertir, ainsi que sur les justes et les bonnes âmes – pour les embellir et conquérir leur cœur pour m’aimer. Chaque souffrance – chaque goutte de mon sang est une vie distincte qui contient – et forme une force pour les souffrances de toutes les créatures, et un bain pour tous leurs péchés. Ce sont les prodiges de ma Volonté.

            Lorsqu’elle règne avec sa vertu créatrice sur chaque acte – même le plus insignifiant, ma Volonté crée la vie pour nous faire aimer. Tu dois être convaincue qu’avec un si grand amour, il n’est pas possible que nous ne soyons pas aimés. Par conséquent, notre Volonté qui pense à tout et sait faire toute chose crée de nombreuses vies à partir des actes de la créature qui vit en elle. Elle compense pour notre amour et rend moins vive notre impatience d’amour et notre éternel délire d’amour. Par conséquent, vis toujours dans notre Volonté. Elle aime toujours, et tu seras l’enchantement de tout le ciel, notre fête perpétuelle – et nous serons à toi. Nous nous célébrerons l’un l’autre.

23.  21 décembre 1937 — Comment le Royaume de la Divine Volonté sur la terre a été décrété dans le consistoire de l’adorable Trinité. Le nouveau souffle de Dieu par lequel la créature sera restaurée.

         Mon pauvre esprit était accaparé par les grandes merveilles et les prodiges que le divin Vouloir peut opérer lorsqu’il règne dans la créature. Et je me disais : « Quel heureux destin de vivre dans le divin Vouloir ! Il ne peut pas y avoir de plus grand bonheur, que ce soit au ciel ou sur la terre. Mais comment pourra-t-il jamais régner sur la terre si les maux et les péchés abondent de façon si horrifiante ? Seule une puissance divine, avec un de ses plus grands prodiges, pourrait y parvenir; sinon le Royaume de la Divine Volonté régnera au ciel, mais non sur la terre… » Je pensais cela lorsque mon doux Jésus – ma douce vie – visita ma pauvre âme et me dit avec une indicible bonté :

            Ma bonne fille, il a été décrété dans le consistoire de la très Sainte Trinité que ma Divine Volonté aura son Royaume sur la terre. Nous accomplirons autant de prodiges qu’il le faudra. Nous ne reculerons devant rien pour obtenir ce que nous voulons. Mais toujours, nous utilisons les moyens les plus simples, et cependant les plus puissants, pour subjuguer le ciel, la terre et toutes les créatures dans l’acte que nous voulons.

            Tu dois savoir que dans la Création, il n’a fallu que notre souffle omnipotent pour insuffler la vie dans l’homme. Mais combien de prodiges dans ce souffle ! Nous avons créé l’âme avec les trois puissances – véritable image de notre adorable Trinité. Avec cette âme, l’homme avait le cœur, le souffle, la circulation du sang, le mouvement, la chaleur, la parole, la vue… Que fallait-il pour réaliser tous ces prodiges dans l’homme ? Le plus simple de nos actes, armé de notre puissance – notre souffle – et le flux de notre amour qui, incapable de se contenir plus longtemps, courait, courait vers lui, au point de faire de lui le plus grand prodige de l’œuvre de la Création tout entière. Mais, ma fille, puisque l’homme n’a pas vécu dans notre Divine Volonté, ces trois puissances ont été obscurcies et notre adorable image est restée déformée en lui, de sorte qu’il a perdu le premier battement du Cœur de l’amour de Dieu dans son cœur, et le Souffle divin dans son souffle humain. Ou plutôt, il ne la pas réellement perdu – il a simplement cessé de le sentir. Il ne sent plus la circulation de la vie divine, le mouvement du bien, la chaleur de l’amour suprême, la parole de Dieu dans la sienne, la vue qui lui permet de regarder son créateur… Tout a été obscurci, affaibli – parfois même déformé.

            Que faut-il pour restaurer cet homme ? Nous lui redonnerons le souffle avec un amour plus fort et toujours croissant. Nous soufflerons dans la profondeur de son âme ; nous soufflerons avec plus de force dans le centre de sa volonté rebelle – avec une force propre à secouer les maux dans lesquels il est emprisonné. Ces passions seront terrassées et terrifiées devant la puissance de notre souffle. Elles se sentiront brûlées par notre feu divin. La volonté humaine sentira la vie palpitante de son Créateur et elle le cachera comme un voile, de sorte que l’homme retournera au Porteur de son Créateur. Oh ! combien nous serons heureux. Nous allons restaurer l’homme et le guérir par notre souffle. Nous serons semblables à une mère très tendre qui a un enfant infirme et qui par son souffle et ses murmures s’épanche sur son enfant ; elle ne cessera de souffler sur lui que lorsqu’elle l’aura guéri et embelli, comme elle voulait qu’il soit. La puissance de notre souffle ne le quittera pas. Nous n’arrêterons de souffler que lorsque nous le verrons revenir dans nos bras paternels. Nous voulons qu’il soit beau, comme nous. C’est alors seulement que nous sentirons que notre enfant a reconnu notre bonté paternelle, et combien nous l’aimons.

            Tu vois alors ce qu’il faut pour que notre Volonté vienne régner sur la terre : la puissance de notre souffle omnipotent. C’est avec lui que nous renouvellerons notre vie dans l’homme. Toutes les vérités que je t’ai manifestées – les grands prodiges de la vie dans ma Volonté – seront les plus belles et les plus grandes propriétés que je lui donnerai en cadeau. Cela aussi est un signe certain que son Règne viendra sur la terre parce que lorsque je parle – je commence par accomplir des faits – et c’est ensuite que je parle. Ma parole est la confirmation de ce don – des prodiges que je veux accomplir. Pourquoi dévoiler mes propriétés divines et les faire connaître si son Royaume ne devait pas venir sur la terre ?

            Je me disais alors : « Dans l’ordre divin, qu’adviendra-t-il de toutes les bonnes œuvres qui ne sont pas sorties du divin Vouloir et par conséquent ne peuvent pas avoir la vie, puisqu’il leur manque la semence de cette vie ? » Et mon doux Jésus, toujours aimable, me dit :

            Ma fille, il n’est pas surprenant que chaque acte de la créature – même un petit Je t’aime accompli dans ma Volonté et possédant par nature sa vie créatrice – atteigne sa maturité dans le centre de sa vie divine, et ces actes acquièrent naturellement à nouveau la vie. Tout ce qui est fait dans ma Volonté est régénéré dans notre amour éternel, et acquiert la longue génération de nombreuses vies divines qui nous appartiennent exclusivement. Les bonnes œuvres qui ne sont pas accomplies dans notre Volonté peuvent être comme de beaux ornements à l’intérieur de nos œuvres créatrices ; certaines peuvent être plus belles que d’autres – mais elles n’ont jamais la vie. Même dans l’ordre de la Création, il y a des vies et il y a des ornements. Les fleurs ne sont pas des vies, et elles forment un magnifique ornement à la terre – bien qu’il ne soit pas permanent. Les fruits ne sont pas des vies, mais ils servent à nourrir l’homme et à lui faire goûter de nombreuses douceurs – bien qu’elles ne soient pas durables, et l’homme ne peut pas toujours les goûter quand il le veut. Si les fruits et les fleurs étaient des vies, l’homme pourrait toujours en jouir. Le soleil, le ciel, les étoiles, le vent et la mer ne sont pas des vies, mais comme ce sont nos œuvres, que de bien ne font-ils pas ? Ils servent de magnifique et première résidence à l’homme… Que sont les maisons des hommes comparées à la grande résidence que nous avons faite de tout l’univers ? Il y a une voûte azurée parsemée d’or qui ne ternit jamais ; il y a un soleil qui ne s’éteint jamais ; il y a l’air qui, respiré, donne la vie ; il y a le vent qui purifie et rafraîchit… et bien d’autres choses encore.

            Il était nécessaire pour notre amour de faire un mélange d’œuvres et de vies parce qu’elles devaient servir à faire les délices de l’homme, à servir de décorum et de résidence décente pour celui que nous avions créé avec tant d’amour. Comme nous avions créé des œuvres plus que suffisantes, l’homme devait profiter de nos œuvres et vivre dans notre Divine Volonté afin de former de nombreuses vies d’amour et de gloire pour celui qui l’aimait tant. Mais la différence entre les œuvres et la vie est grande. La vie ne meurt pas, tandis que les œuvres sont sujettes à de nombreux changements ; et si elles ne sont pas justes et saintes, au lieu de former notre ornement, elles forment notre déshonneur et leur propre confusion – peut-être même leur condamnation.

24.  25 décembre 1937 — La descente du Verbe divin. Comment il quitta le ciel tout en y demeurant. Prodiges de l’Incarnation. Le commencement de la fête de la Divine Volonté. Comment dans ses œuvres divines il met de côté l’ingratitude humaine. La greffe. L’amour de Jésus.

          Je suivais les actes du divin Vouloir et mon pauvre esprit s’arrêta dans l’acte de la descente du Verbe divin sur la terre. Mon Dieu ! Que de merveilles, que de surprises d’amour, de puissance, de divine sagesse ! Elles sont si grandes si nombreuses qu’on ne sait par où commencer pour en parler. Et mon bien-aimé Jésus, comme inondé dans sa mer d’amour qui forme ses vagues, me surprit en disant : 

            Ma bienheureuse fille, dans ma descente sur la terre les merveilles – l’ardeur de notre amour – furent si grandes et si nombreuses que ni les anges ni les créatures ne peuvent comprendre tout ce que notre Divinité a opéré dans le mystère de mon Incarnation. Tu dois savoir que notre Être suprême possède par nature son mouvement incessant. Si ce mouvement pouvait s’arrêter, ne serait-ce qu’un instant – ce qui ne peut pas être – tout serait paralysé et sans vie parce que toute chose – la vie, la préservation de tout ce qui existe dans le ciel et sur la terre – toute chose – dépend de ce mouvement. Par conséquent, en descendant du ciel sur la terre, Moi, Verbe et Fils du Père, Je suis sorti de notre mouvement premier ; je veux dire qu’en y demeurant, je suis parti. Le Père et le Saint-Esprit sont descendus avec moi – ils étaient participants (et jamais je n’ai accompli un seul acte, sinon avec eux) et demeuraient cependant sur le Trône – pleins de Majesté, dans les Régions célestes.

            Lorsque je suis parti, mon immensité, mon amour et ma puissance sont descendus avec moi ; et mon amour – qui est incroyable et n’est pas satisfait s’il ne forme pas, à partir de ma vie, une vie pour chaque créature existante – fit non seulement cela, mais forma également ma vie partout et en tout lieu – en la multipliant. Gardant mon immensité dans sa puissance, mon amour la remplit d’un grand nombre de mes vies afin que chacun puisse avoir pour soi une vie venant de moi, et que la divinité puisse recevoir la gloire et l’honneur d’une vie divine pour autant de choses et de créatures que nous avons mises au jour. Ah ! notre amour nous payait de retour pour l’œuvre de Création. Et en formant un grand nombre de nos vies, nous étions non seulement payés de retour, mais cela nous donnait même encore plus que ce que nous avions fait. Notre Divinité était sous le charme et ressentait un doux enchantement en voyant les tours et les stratagèmes de notre amour – en voyant un si grand nombre de nos vies répandues, puisque notre amour utilisait notre propre immensité comme cercle pour les y placer. Par conséquent, alors que ma vie était le centre, mon immensité ma puissance était la circonférence dans laquelle ces innombrables vies étaient déposées. Ces vies s’offraient à tous et à toutes choses pour nous aimer et être aimées.

            J’étais surprise en entendant cela et mon doux Jésus, sans me laisser de temps, ajouta immédiatement :

            Ma fille, ne sois pas surprise. Lorsque nous opérons, nos œuvres sont complètes si bien que personne ne puisse jamais dire : « Il n’a pas fait cela pour moi. Sa vie n’est pas toute à moi. »  Ah, l’amour ne peut pas naître lorsque les choses ne sont pas nôtres et ne sont pas en notre pouvoir. Et n’est-ce pas aussi ce que fait le soleil – cette œuvre créée par nous – en devenant lumière pour les yeux au point de les remplir tout entier de lumière et d’être en même temps lumière – pleine et entière – pour la main qui travaille, pour le pas qui marche ? De cette manière, chacun – les choses créées comme les créatures – peut dire : « Le soleil est à moi. » Alors que le centre du soleil est dans les hauteurs de l’atmosphère, sa lumière part et demeure. Avec son cercle de lumière, il investit la terre et devient lumière pour tous – même pour la petite fleur et le minuscule brin d’herbe.

            Le soleil n’est pas vie. Il a de la lumière, et c’est de la lumière qu’il donne avec les biens contenus dans cette lumière. Notre Divinité est vie – l’auteur et la vie de toute chose. Par conséquent, en descendant du ciel sur la terre, je devais faire des actes complets et – plus que le soleil – déployer ma vie, la multiplier en de nombreuses vies, afin que le ciel, la terre et toutes choses puissent posséder ma vie. Autrement, cela n’aurait pas été une œuvre digne de notre sagesse et de notre amour infini.

            Jésus garda le silence et je continuai à penser à la naissance du petit Enfant Jésus. Et il ajouta :

            Petite fille de ma Volonté, la fête de ma naissance fut la fête – le commencement de la fête – de ma Divine Volonté. Alors que les anges chantaient « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté », tous les anges et toute la Création entraient en fête et, en célébrant ma naissance, ils célébraient la fête de ma Divine Volonté. En fait, avec ma naissance, notre Divinité recevait une gloire véritable au plus haut des cieux ; et les hommes connaîtront la vraie paix lorsqu’ils reconnaîtront ma Volonté en lui donnant le règne et en lui permettant de régner. Ce n’est qu’alors qu’ils ressentiront le bien de ma Volonté – et ils ressentiront la force divine ; alors seulement le ciel et la terre chanteront ensemble : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qui posséderont la Divine Volonté. » Tout sera en abondance dans ces hommes, et ils posséderont la paix véritable.

            Je continuai à penser à la naissance du petit Roi Jésus, et je lui dis : « Beau petit enfant, dis-moi, qu’est-ce que tu as fait quand tu as vu la grande ingratitude humaine envers ton grand amour ? » Et Jésus :

            Ma fille, si j’avais tenu compte de l’ingratitude humaine envers mon grand amour, je serais retourné au ciel ; mais j’aurais alors attristé et rempli d’amertume mon amour et transformé la fête en deuil. Voudrais-tu alors savoir ce que je fais dans mes plus grandes œuvres afin de les rendre encore plus belles ? Avec pompe et avec le plus grand étalage de mon amour, je mets tout de côté – l’ingratitude humaine, les péchés, les misères, les faiblesses – et je laisse libre cours à mes plus grandes œuvres comme si toutes ces choses n’existaient pas. Si j’avais voulu faire attention aux maux de l’homme, je n’aurais pas pu accomplir de grandes œuvres ni mettre tout mon amour en action. Je serais resté entravé – suffoqué dans mon propre amour. Au contraire, afin d’être libre dans mes œuvres et de les rendre aussi belles que possible, je mets tout cela de côté et, si nécessaire, je recouvre tout de mon amour de sorte que je ne vois rien d’autre que mon amour et ma Volonté. Je vais de l’avant avec mes plus grandes œuvres et je les accomplis comme si personne ne m’avait offensé. Pour notre gloire, rien ne peut manquer à notre décorum – à la beauté et à la grandeur de nos œuvres.

            C’est pourquoi je voudrais que toi non plus tu ne te préoccupes pas de tes faiblesses, de tes maux et de tes difficultés. En fait, plus la créature pense à ces choses, plus elle se sent faible et plus la pauvre créature se sent submergée par le mal, alors que ses misères la pressent avec toujours plus de force. Penser à la faiblesse nourrit la faiblesse et la pauvre créature tombe encore plus bas ; le mal devient plus fort et les misères la réduisent à la famine. Mais si elle n’y pense pas, elles disparaissent d’elles-mêmes.

            Dieu est complètement le contraire. Un bien en nourrit un autre – un acte d’amour appelle plus d’amour. Un abandon dans ma Divine Volonté lui fait ressentir une vie divine nouvelle en elle-même. Par conséquent, penser au bien forme la nourriture et la force pour faire plus de bien. C’est pourquoi je veux que tu ne penses qu’à m’aimer et à vivre dans ma Volonté. Mon amour brûlera toutes tes misères et tous tes maux, et mon divin Vouloir deviendra ta vie, en se servant de tes misères comme base sur laquelle élever son trône.

            Je continuai alors à penser au petit nouveau-né Jésus – et, oh ! comme cela me brisait le cœur de le voir pleurer, sangloter, gémir et trembler de froid. Je voulais placer un de mes Je t’aime pour chaque souffrance et chaque larme du divin Enfant, pour le réchauffer et calmer ses pleurs. Et mon Jésus ajouta :

            Ma fille, je peux sentir celle qui vit dans ma Volonté dans mes larmes et dans mes vagissements. Je la sens couler dans mes sanglots et dans le tremblement de mes petits membres. En vertu de ma Volonté qu’elle possède, elle change les pleurs en sourires, et les sanglots en joies célestes. Avec ses chants d’amour, elle me réchauffe et transforme les souffrances en baisers et en étreintes. Mieux encore, sache que celle qui vit dans ma Volonté reçoit les greffes continuelles de tout ce que fait mon Humanité. Si je pense, je greffe ses pensées ; si je parle et prie, je greffe sa parole ; si je travaille, je greffe ses mains – je ne fais rien qui ne forme une greffe pour la créature, pour faire d’elle la répétition de ma vie ; plus encore, étant donné que ma Divine Volonté est en elle et que je peux trouver ma puissance, ma sainteté et ma vie même pour faire tout ce que je veux avec elle.

            Combien de prodiges ne puis-je pas faire lorsque je trouve ma Volonté dans la créature ! Je suis venu sur terre pour couvrir toutes choses de mon amour, pour noyer tous les maux et tout brûler de mon amour. En toute justice, je voulais payer de retour mon Père, car il était juste qu’il fût restauré dans son honneur, dans la gloire, dans l’amour et dans la gratitude que tous lui devaient – c’est pourquoi mon amour ne pouvait trouver de paix. Il a rempli les vides de sa gloire et de son honneur au point que, par l’amour, il paya de retour la Divinité qui avait créé un ciel, un soleil, un vent, une mer, une floraison et tout le reste, alors que l’homme n’avait pas encore murmuré même un seul « Merci » pour tous les biens qu’il avait reçus. L’homme avait été le vrai voleur – l’ingrat – l’usurpateur de nos biens. Mon amour a couru afin de remplir les abysses de distance entre le Créateur et la créature. Il a payé mon céleste Père avec l’amour, et c’est avec l’amour qu’il a racheté les générations humaines pour leur rendre la vie de ma Divine Volonté, ayant déjà formé avec elle de nombreuses vies en rançon. Et lorsque c’est mon amour qui paye, sa valeur est telle qu’il peut payer pour tous et racheter tout ce qu’il veut. Par conséquent, tu as déjà été rachetée par mon amour ; alors, laisse-moi t’aimer et te posséder.

25.  28 décembre 1937 — Tout comme la Rédemption a servi à sauver les résidences, le Royaume de ma Volonté servira à les sauver et à les rendre à celui qui les a créées. Comment Dieu crée sa vie divine dans chaque acte accompli dans la Divine Volonté.

          Je continuai à penser à la Divine Volonté. Combien de scènes touchantes me venaient à l’esprit ! Un Jésus qui pleure, qui prie, qui souffre parce qu’il veut être la vie de chaque créature, et une foule d’enfants infirmes – des aveugles, des muets, des boiteux, des paralysés et d’autres encore couverts de plaies au point d’en faire pitié. Et mon doux Jésus, avec un amour que lui seul peut avoir, court de l’un à l’autre pour les serrer contre son cœur, les toucher de ses mains créatrices pour les guérir et parler à leur cœur en leur disant lentement et calmement : Mon enfant, je t’aime. Reçois mon amour et donne-moi le tien, et je te guérirai – par l’amour. Mon Jésus, ma chère vie, combien tu nous aimes ! J’étais suffoquée par son amour – qui venait de son souffle brûlant, lorsqu’il me surprit et me dit :

            Fille de mon amour, laisse-moi épancher mon amour – je ne peux plus le contenir. Combien il est dur d’aimer sans être aimé. Ne pas avoir quelqu’un à qui je puis donner mes surprises d’amour est pour notre Être suprême la souffrance la plus inexprimable. Alors, écoute.

            Tu dois savoir que je suis venu sur la terre pour sauver mes résidences. L’homme est ma résidence que j’avais formée avec tant d’amour et à laquelle – pour la rendre digne de moi – ma puissance et l’art créateur de ma sagesse avaient participé. Cette résidence était le prodige de notre amour et de nos mains divines. Or, en se retirant de notre Volonté, notre résidence s’est effondrée et obscurcie – une résidence pour des ennemis et des voleurs. Quelle souffrance pour nous ! C’est pourquoi ma vie ici-bas a servi à rendre, à restaurer et à sauver cette résidence que nous avions formée avec tant d’amour. Elle nous appartenait – il valait la peine de la sauver pour pouvoir y résider à nouveau. J’ai utilisé tous les remèdes imaginables pour sauver cette résidence : j’ai exposé ma vie elle-même pour la renforcer et la cimenter à nouveau ; j’ai répandu tout mon Sang pour la nettoyer de sa saleté ; et avec ma mort, j’ai voulu restaurer sa vie pour la rendre digne de recevoir à nouveau – comme sa résidence, Celui qui l’avait créée.

            Ayant utilisé tous les moyens possibles pour sauver notre résidence, il convenait également que nous sauvions le Roi qui y avait résidé. Notre amour demeurait entravé à mi-chemin dans sa course – comme suspendu et empêché dans son élan. Par conséquent, le Royaume de notre Volonté sauvera ce Fiat qui fut rejeté par la créature – pour permettre son entrée dans sa résidence et le faire régner et dominer comme le Souverain qu’il est. Sauver les résidences ne serait pas une œuvre digne de notre sagesse créatrice si nous laissions Celui qui est censé y résider, errer à l’extérieur sans Royaume et sans Empire. Sauver les résidences sans se sauver soi-même – sans pouvoir vivre dans les résidences sauvées – serait absurde ; comme si nous n’avions pas assez de puissance pour nous sauver nous-mêmes. Cela ne sera jamais. Si nous avons eu le pouvoir de sauver notre œuvre créatrice, nous aurons aussi le pouvoir de sauver notre propre vie dans notre œuvre. Oh ! oui, nous aurons notre Royaume et nous accomplirons pour cela des prodiges inouïs.  Notre amour accomplira sa course – il ne s’arrêtera pas à mi-chemin. Il se débarrassera des entraves, continuera sa course, apportant le baume aux plaies de la volonté humaine, et décorera ses résidences avec des ornements divins. Avec son empire, il appellera notre Fiat pour y résider et régner, en lui donnant tous les droits qui lui sont dus. Si le Royaume de ma Volonté n’était pas certain, pourquoi est-ce que je réparerais et restaurerais les résidences ? Ah ! ma fille, tu ne comprends pas bien ce que signifie « Ne pas faire notre Volonté » : ils nous enlèvent tous nos droits – ils étouffent un grand nombre de nos vies divines.

            Notre amour était – et il est toujours – si grand que dans chaque acte de la créature nous voulions nous créer nous-mêmes pour être aimés, pour être connus, et pour avoir un continuel échange de vies entre nous et les créatures. Il est impossible de faire cela sans notre Volonté. Seule notre Volonté a la puissance et la vertu d’adapter la créature à recevoir notre vie divine, et à mettre notre amour sur la voie afin de nous créer nous-mêmes dans l’acte de la créature. Tu dois savoir qu’en tout ce qu’elle fait dans notre Volonté, une force irrésistible nous appelle. Nous la regardons, nous nous reflétons en elle, et avec un amour irrésistible nous créons notre vie… Si tu savais ce que signifie créer notre vie ! Il y a un si grand déploiement d’amour que dans notre excès d’amour nous disons : Ah ! la créature nous laisse former notre vie en son acte. Nous ressentons l’égalité avec notre amour, notre sainteté et notre gloire, et nous attendons avec impatience la répétition continuelle de ses actes dans notre Volonté pour répéter notre vie – pour avoir, dans son acte, nous-mêmes qui nous aimons et nous glorifions. Alors seulement, nous remplissons l’étendue véritable de la Création : tous et toutes choses nous servent. Même le plus petit acte de la créature sert à répéter notre vie et à montrer notre amour. Par conséquent, vivre dans notre Vouloir sera tout pour nous et tout pour la créature.

26.  2 janvier 1938 — Dans la Divine Volonté, les misères et les faiblesses sont transformées en de magnifiques conquêtes. Tout ce qui est fait dans le divin Vouloir est d’abord formé dans le ciel. Toute la Cour céleste y participe et ces actes descendent faire le bien sur la terre.

          Je continue mon vol dans le divin Vouloir, en me disant : « Vivre dans la Divine Volonté est presque incroyable. Comment peut-on y vivre alors que les misères et les faiblesses que l’on ressent… les rencontres, les circonstances, sont si nombreuses que même lorsque qu’on les éprouve, on dirait que la Divine Volonté veut tout investir de sa lumière et tout brûler de son amour afin que rien en dehors de la Volonté et son amour ne puisse exister entre Elle et la créature ? » Je pensais cela lorsque mon doux Jésus qui veille toujours pour voir si quelque chose se passe en moi qui n’est pas selon sa Volonté, me dit :

            Ma bonne fille, ma jalousie envers celle qui vit dans ma Volonté est telle que je ne tolère pas même une pensée, une faiblesse ou quoi que ce soit qui n’ait pas la vie en soi. Tu dois savoir que commencer à vivre dans ma Volonté demande une décision de la part de Dieu, et une ferme décision de la part de la créature de vivre en elle. Or, cette décision est animée par une vie nouvelle – une force divine nouvelle afin de rendre la créature invincible, quels que soient les maux ou les circonstances de la vie. Cette décision n’est pas sujette à des changements, car lorsque nous décidons, nous n’avons pas affaire à des enfants qui jouent avec leurs décisions, mais à la créature que nous savons devoir persévérer. Par conséquent, nous donnons de nous-mêmes afin qu’elle ne puisse pas abandonner. Elle peut ressentir les misères, les maux et les faiblesses, mais cela ne veut rien dire, puisque ces choses meurent devant la puissance et la sainteté de ma Volonté – elles ressentent la souffrance de la mort et elles s’enfuient ; d’autant plus que les misères ne sont pas nées de la volonté humaine qui est plongée dans ma Volonté et par conséquent ne peut rien vouloir, sinon ce que je veux. Ma Volonté utilise même souvent ces misères pour en faire les plus belles conquêtes ; elle répand sur elles sa vie pour former son Royaume, imposer son empire et convertir les faiblesses en victoires et en triomphes. Pour celle qui vit dans ma Volonté, toutes choses doivent servir à l’expression de l’amour le plus beau que la créature donne à celui qui forme sa vie – un peu comme une pierre, une brique et même de la ferraille peut servir celui qui veut se construire une belle maison.

            Tu dois savoir qu’avant qu’elle entre dans notre Volonté, nous glorifions tout – nous couvrons et cachons tout dans notre amour afin de ne rien voir si ce n’est l’amour dans cette créature. Une fois que notre amour a tout caché – même les misères – elle prend sa place dans notre Volonté ; de plus, chaque fois qu’elle accomplit ses actes, elle est d’abord purifiée, et alors notre Volonté l’investit, en faisant d’elle tout ce qu’elle veut.

            Ma fille, il n’y a dans ma Volonté ni jugements ni juges ; la sainteté, l’ordre, la pureté et l’utilité de nos manières d’agir sont si grands et si nombreux que tous doivent baisser la tête et adorer tout ce que nous faisons. Par conséquent, ne perds pas la paix – ne pense pas aux misères et aux circonstances. Laisse-les à la merci de ma Volonté afin que je puisse en faire les prodiges de son amour. 

            Après quoi il ajouta : 

            Ma fille, tout ce que la créature fait dans ma Divine Volonté est premièrement formé au ciel – dans le Jour éternel qui ne connaît pas la nuit. La Cour céleste tout entière sait déjà qu’une créature de la terre a pris refuge dans la Patrie céleste qui est déjà la sienne – mais pour quoi faire ? Pour entrer dans le centre du Fiat et appeler sa puissance et sa vertu créatrice afin de lui donner l’occasion d’opérer dans son acte. Oh ! avec quel amour elle est accueillie – non seulement par le divin Vouloir, mais aussi par la très Sainte Trinité. Ils la mettent en harmonie avec eux-mêmes ; ils embaument son acte et insuffle en lui leur puissance créatrice pour en faire de grandes merveilles – et donner au ciel tout entier tant de joie et de bonheur que dans toutes les Régions célestes résonnent des voix harmonieuses : « Merci, merci. Vous nous avez donné le grand honneur d’être les spectateurs de votre Volonté opérant dans l’acte de la créature ! »

            Le ciel est augmenté de joies et de bonheurs nouveaux de sorte que tous en sont reconnaissants et l’appellent, tous ensemble « Notre bienvenue ». Cette créature plus que céleste se sent aimée par Dieu avec un double amour – elle se sent inondée par des mers nouvelles de grâce. Tout comme elle s’élève vers le ciel pour apporter ses actes et laisser Dieu former en eux ses merveilles, elle redescend en devenant porteuse de tout ce que Dieu a opéré dans son acte. Elle inonde la terre et investit la Création tout entière pour que tous puissent recevoir la gloire et la joie des merveilles que le divin Fiat a opérées dans l’acte de la créature. Il n’y a pas d’hommage, d’amour et de gloire plus grands que nous puissions lui donner que de nous laisser faire tout ce que nous voulons dans ses actes.

            Nous pouvons faire les plus grandes merveilles sans que quiconque nous donne quoi que ce soit – et même sans que quelqu’un nous dise rien – comme nous l’avons fait dans la Création. Personne ne nous a rien dit, mais pourtant, combien de merveilles n’avons-nous pas créées ? Mais alors, il n’y avait personne – personne ne pouvait nous donner même un soupir en prétexte pour notre amour, et comme refuge où placer nos merveilles créatrices. Mais maintenant, il y a celles qui peuvent nous dire et nous donner la variété de leurs petits actes – même les actes naturels, puisque la nature est également nôtre et que tout peut nous servir à former les plus grandes merveilles dans la créature. Notre amour y prend plus que goût – notre puissance est des plus exaltées en accomplissant en eux nos plus grandes merveilles plutôt qu’à l’extérieur du petit cercle de l’acte de la créature. Après tout, ce sont les prétextes habituels de notre amour qui, afin de donner, part à la recherche d’une occasion de faire et de dire : « Elle m’a donné et je lui ai donné. Il est vrai qu’elle est petite, mais elle n’a rien gardé pour elle-même. Par conséquent, il est juste que je lui donne tout – même Moi-même. »

27.  7 janvier 1938 — Celle qui vit dans le divin Vouloir forme le refuge pour la vie de la Divine Volonté. Le « Je t’aime » comme repos pour l’Amour divin. Comment Dieu se sent reconnaissant envers celle qui vit dans sa Volonté.

         Mon pauvre esprit flottait dans le divin Vouloir et je pouvais voir l’impatience, les désirs et le bonheur qu’il ressent en regardant si la créature veut vivre avec lui, l’aimer avec son propre amour et, si elle ne peut pas faire plus que cela, et enclore ses impatiences et ses soupirs ardents dans son âme pour dire : « Je suis ici avec toi. Je ne te laisserai jamais seul. Je calmerai ton impatience d’amour et je te rendrai heureux. » Je pensais cela lorsque mon cher Jésus, ma douce vie, visitant ma petite âme avec un si grand amour, comme si son cœur adorable était près d’exploser, me dit :

            Ma très chère fille, le ciel, la terre et toutes les créatures sont entièrement enveloppés et comme enfermés dans l’intensité de notre amour. Notre Vouloir s’écoule avec une telle rapidité dans chaque fibre, dans chaque atome, en chaque instant – et avec une telle vitesse et plénitude que rien ne reste, pas même un souffle, qui ne soit vie de notre Volonté. Notre amour aime ardemment, mais avec une telle ardeur qu’il ressent le besoin que quelqu’un apporte un peu de repos à l’immensité de son amour.

            Veux-tu savoir ce qui peut apporter du soulagement à l’intensité, la totalité et la plénitude de notre amour ? Le Je t’aime de la créature. Et plus elle le dit, plus elle nous accorde de repos. Ce Je t’aime entre dans nos flammes ; il les brise, il les élève, il les apaise, et dans un très doux soulagement, elle dit : Je t’aime, Je t’aime. Tu aimes parce que tu veux aimer et je suis ici pour t’aimer…’ Ce Je t’aime ouvre sa voie dans notre intensité pour former sa propre petite place – le petit espace où placer son Je t’aime. Par conséquent, le Je t’aime de la créature est un support pour le nôtre – notre repos, le calme pour notre amour, qui peut délirer à l’excès. Ma fille, aimer sans être aimé, c’est comme essayer d’empêcher le cours de notre amour, de le restreindre en nous-mêmes – nous faire ressentir toute la souffrance et la dureté de notre amour qui n’est pas retourné. C’est pourquoi nous partons à la recherche de celle qui nous aime. SonJe t’aime est si doux et si reposant pour nous qu’on ne peut savoir ce que nous donnerions pour l’avoir.

            Tu vois ainsi comment nous trouvons le refuge pour notre vie dans celle qui vit dans notre Volonté. Nous ne faisons qu’un échange de vie continuel : elle nous donne sa vie et nous lui donnons la nôtre. Dans cet échange de vie, nous trouvons celle qui peut recevoir notre vie ; nous donnant la sienne, nous pouvons donner de nous-mêmes et faire tout ce que nous voulons – nous nous sentons Dieu, ce que nous sommes. Par conséquent, vivre dans notre Volonté nous sert de refuge – de théâtre pour nos œuvres, de repos pour notre amour et de retour pour la Création tout entière. Comme il n’est rien que nous ne trouvions dans cette créature, nous l’aimons tellement que nous nous sentons obligés de lui donner tout ce qu’elle veut. Avec chaque acte supplémentaire qu’elle accomplit dans notre Volonté, elle nous attache encore plus et ajoute des chaînes. Et sais-tu ce qu’elle nous donne pour nous faire sentir reconnaissants ? Notre vie, nos œuvres, notre amour et notre Volonté elle-même. Crois-tu que ce soit peu de chose ? Tout ce qu’elle nous donne est si exubérant que si ce n’était de notre puissance qui peut tout donner, nous manquerions de moyens pour la payer de retour. Mais notre amour, qui ne se laisse jamais vaincre et surpasser par l’amour de la créature, part à la recherche de nouveaux moyens – invente de nouveaux stratagèmes – au point de redonner plusieurs fois notre vie pour remplir son obligation envers sa créature bien-aimée.

            Dans son excès d’amour, il dit : « Combien je suis heureux que tu vives dans ma Volonté !  Tu es ma joie et mon bonheur, si bien que je me sens comme obligé de te donner l’air à respirer et, me sentant obligé, je respire avec toi. Le soleil t’apporte sa lumière dans mes mains, mais je ne te laisse pas seule – je reste avec toi. Par conséquent, il n’est rien – eau, feu, nourriture et tout le reste – que je ne t’apporte de mes propres mains parce que je me sens obligé ; et je veux rester avec toi pour voir comment tu les prends – je veux tout faire moi-même…»  Et si, en le prenant, elle me dit, Je prends tout dans ta Volonté parce que je t’aime. Je veux t’aimer et te glorifier avec ta propre Volonté… Oh ! qui peut te dire alors le soulagement qu’elle me donne en essayant de me payer de retour. Et je la laisse – mais je reviens toujours avec mes surprises d’amour. Par conséquent, s’il te plaît, rends-moi heureux en vivant toujours cœur à cœur et synchronisée avec ma Volonté, et nous serons heureux et joyeux ensemble – toi et moi.

28.  10 janvier 1937 — Le premier sermon que le petit Roi Jésus prêcha aux enfants de l’Égypte. Comment chacun d’eux avait dans son cœur le Père céleste qui les aimait et voulait être aimé.

         Je faisais ma ronde dans le divin Fiat – et, oh ! combien je désirais qu’aucun acte ne m’échappe de tout ce qu’il avait fait dans la Création comme dans la Rédemption. Il me semble que je manque quelque chose si je ne reconnais pas tout ce qu’il a fait pour pouvoir aimer, embrasser et serrer tout cela contre mon cœur comme si tout m’appartenait. Le divin Vouloir serait mécontent si celle qui vit en lui ne connaissait pas tous ses actes, et s’il ne pouvait pas trouver le petit Je t’aime de sa bien-aimée en tout ce qu’il a fait. Il n’y a rien qu’il n’ait fait pour cette créature. J’arrivais donc au point où le céleste Enfant était en Égypte en train de faire ses premiers pas. J’embrassais ses pas, je plaçais mon Je t’aime en chacun d’eux et je lui demandais les premiers pas de sa Volonté pour toutes les générations humaines. J’ai essayé de le suivre en toutes choses. S’il priait, s’il pleurait – je demandais que sa Volonté puisse animer toutes les prières des créatures, et que ses larmes puissent régénérer la vie de son Fiat dans la famille humaine. J’étais attentive à le suivre en toutes choses lorsque l’Enfant Roi, visitant ma pauvre âme, me dit :

            Fille de ma Volonté, combien je suis heureux lorsque la créature ne me laisse pas seul ! Je la sens derrière moi, devant moi, et dans tous mes actes.

            Tu dois savoir que mon exil en Égypte n’a pas été sans conquêtes. Lorsque j’avais environ trois ans, de notre petite masure, je pouvais entendre les enfants qui jouaient et criaient dans la rue ; et tout petit que j’étais, je suis allé me joindre à eux. Dès qu’ils me virent, ils ont couru vers moi en se bousculant pour être le plus près possible parce que ma beauté, l’enchantement de mon regard et la douceur de ma voix étaient si grands qu’ils en étaient ravis. Ils m’entouraient et m’aimaient tellement qu’ils ne pouvaient plus se détacher de moi. J’aimais moi aussi ces enfants et je leur ai fait mon premier petit sermon en l’adaptant à leurs petites capacités – car lorsque l’amour est vrai, il essaye non seulement de se faire connaître, mais également de donner tout ce qui y peut rendre heureux dans le temps et dans l’éternité ; d’autant plus que, possédant l’innocence, ils pouvaient facilement me comprendre.

            Et veux-tu savoir sur quoi portait mon sermon ? Je leur ai dit : Mes enfants, écoutez-moi. Je vous aime beaucoup et je veux vous faire connaître votre origine. Regardez le ciel. Vous avez là-haut un Père céleste qui vous aime beaucoup et qui ne s’est pas contenté d’être seulement votre Père du ciel – de vous guider, de créer pour vous un soleil, une mer, une terre et des fleurs pour vous rendre heureux ; vous aimant d’un amour exubérant, il voulait descendre dans votre cœur pour former sa Résidence royale dans les profondeurs de votre âme, en se faisant le doux prisonnier de chacun de vous. Mais, pour faire quoi ? Pour donner vie à votre cœur, votre souffle et votre mouvement. Ainsi, lorsque vous marchez, il marche dans vos pas ; il bouge avec vos petites mains ; il parle avec votre voix… et parce qu’il vous aime beaucoup, lorsque vous marchez ou bougez – il vous embrasse, il vous serre dans ses bras et vous porte en triomphe comme ses propres et chers enfants. Combien de baisers et d’étreintes cachées notre céleste Père ne vous donne-t-il pas ! Mais, puisque par manque d’attention vous n’avez pas laissé votre baiser rencontrer son baiser, et vos étreintes rencontrer son embrassement paternel, il était dans la douleur de voir que ses enfants ne l’embrassaient pas.

            Mes chers enfants, savez-vous ce que ce céleste Père veut de vous ? Il veut être reconnu en vous et avoir sa propre place dans le centre de votre âme ; et comme il vous donne toute chose – il n’est rien qu’il ne vous donne pas – il veut votre amour en tout ce que vous faites. Aimez-le ! Que l’amour soit toujours dans votre petit cœur, sur vos lèvres, dans vos œuvres – en toutes choses – et ce sera la délicieuse nourriture que vous donnerez à sa Paternité.

            Il vous aime beaucoup et veut être aimé. Personne ne pourra jamais vous aimer comme il vous aime. Il est vrai que vous avez un père sur la terre, mais combien différent de l’amour du Père céleste ! Votre père sur la terre ne peut pas toujours vous suivre, surveiller vos pas où dormir avec vous ; il ne palpite pas non plus dans votre cœur, et si vous tombez, il peut même ne pas le savoir. Au contraire, votre Père céleste ne vous quitte jamais. Si vous êtes sur le point de tomber, il vous tend sa main pour ne pas vous laisser tomber ; si vous dormez, il veille sur vous ; et même si vous jouez et que vous faites quelque chose d’impertinent, il est toujours avec vous et il sait tout ce que vous faites. Par conséquent, aimez-le beaucoup, beaucoup !

            Et dans mon excitation, je leur dis : Donnez-moi votre parole que vous allez toujours, toujours l’aimer ! Dites avec moi : « Nous t’aimons notre Père qui es aux cieux. Nous t’aimons, notre Père qui demeure dans nos cœurs ! »

            Ma fille, à mes paroles des enfants sont demeurés immobiles, d’autres étaient ravis ; certains se sont serrés contre moi et ne voulaient plus me laisser partir. Je leur ai fait sentir la vie palpitante de mon Père céleste dans leur petit cœur et ils étaient dans la fête parce qu’ils n’avaient plus un Père qui était loin d’eux, mais qui demeurait dans leur propre cœur. Et pour les raffermir et leur donner la force de me quitter, j’ai béni ces enfants en renouvelant sur eux notre puissance créatrice – invoquant la puissance du Père, la sagesse du Fils, moi-même, et la vertu du Saint-Esprit ; et je leur ai dit : «Allez – vous reviendrez. Alors ils m’ont quitté…»

            Ils allaient revenir le jour suivant, presque en foule – une masse – d’enfants. Ils se sont mis à surveiller quand je devais sortir, et regarder ce que je faisais dans notre masure. Et lorsque je sortais, ils battaient des mains, faisaient la fête et criaient tellement que ma Mère sortait pour voir ce qui se passait. Oh ! comme elle était ravie de voir son Fils parler à ces enfants avec tant de grâce. Son cœur débordait d’amour et elle pouvait voir les premiers fruits de ma vie ici-bas puisque pas un de ces enfants qui m’écoutaient – pas un seul d’entre eux – ne s’est perdu. Sachant qu’ils avaient un Père dans leur cœur était comme un dépôt pour pouvoir posséder la Patrie céleste – pour aimer ce Père qui était aussi dans les cieux.

            Ma fille, ce sermon que tout petit Enfant je donnai aux enfants de l’Égypte était la fondation – l’essence de la création de l’homme. Il contient la plus indispensable doctrine et la plus haute sainteté. Il fait surgir l’amour à chaque instant : l’amour entre le Créateur et la créature. Quelle douleur de voir de si nombreuses petites vies qui ne connaissent pas la vie d’un Dieu dans leur âme ! Ces enfants grandissent sans Paternité divine comme s’ils étaient seuls au monde. Ils ne sentent et ne savent pas combien ils sont aimés. Alors, comment peuvent-ils m’aimer ? Sans amour, le cœur s’endurcit et la vie se dégrade, et – pauvre jeunesse ! – ils s’adonnent aux crimes les plus graves… C’est une douleur pour ton Jésus et je veux que ce soit pour toi aussi une douleur ; alors, prie pour que tous sachent que je suis dans leur cœur – que j’aime et que je veux être aimé.

29.  16 janvier 1938 — Comment la Divine Volonté appelle la créature dans ses actes afin de lui donner ses œuvres. Si la créature répond, elle appelle Dieu et reçoit le don. Échange de volontés entre les créatures et Dieu.

         Le divin Vouloir est toujours autour de moi – tantôt il m’appelle, tantôt il me tient serrée sur son giron de lumière ; et si je réponds à son appel – si je l’embrasse à mon tour, il m’aime tellement – il veut tant me donner – que je ne sais plus où le mettre. Je demeure confuse au milieu de tant d’amour et de générosité et j’appelle alors la sainte Volonté qui m’aime tant. Et mon doux Jésus, visitant ma petite âme, me dit avec une indicible tendresse :

            Fille de ma Volonté, tu dois savoir que seul ton Jésus connaît les secrets de mon Fiat parce que, comme Verbe du Père, je me glorifie en devenant le narrateur de tout ce qu’il a fait pour la créature. Son amour est exubérant. Il t’a appelée en tout ce qu’il a fait, dans les œuvres de la Création comme dans les œuvres de la Rédemption. Et si tu écoutais son appel en disant : « Je suis ici. Dis-moi ce que tu veux ? », il te ferait le don de ses œuvres. Si tu ne répondais pas, il continuerait toujours à t’appeler jusqu’à ce que tu écoutes.

            Lorsqu’il créait le ciel, il t’appelait dans sa voûte azurée en disant : « Ma fille, viens voir le beau ciel que j’ai créé pour toi. Je l’ai créé pour t’en faire don. Viens recevoir ce grand cadeau. Si tu ne m’écoutes pas, je ne peux pas te le donner et tu me laisses ici, à t’appeler constamment avec le cadeau dans mes mains. Mais je ne cesserai pas de t’appeler jusqu’à ce que tu possèdes mon don. »

            Le ciel a une si grande étendue que la terre est comme un petit point en comparaison. Par conséquent, chacun y a sa place – le ciel pour chacun ; et j’appelle chaque créature par son nom pour lui faire ce don. Mais qu’elle n’est pas la douleur de ma Volonté en appelant sans cesse et sans être entendu, alors qu’elle regarde le ciel comme si ce n’était pas un cadeau pour elle. Ma Volonté t’aime tellement qu’en créant le soleil, elle t’appelait avec ses voix de lumière et partez à ta recherche pour t’en faire cadeau. C’est pourquoi ton nom est écrit dans le soleil avec des caractères de lumière – il n’est pas possible que je l’oublie. Et lorsque sa lumière descend de sa sphère jusqu’à toi, elle continue de t’appeler… Elle ne se contente pas de t’appeler des hauteurs de sa sphère, mais t’appelant de plus en plus, elle veut aller jusqu’en bas pour te dire avec sa lumière et sa chaleur : « Reçois mon cadeau. J’ai créé ce soleil pour toi. »  Et si on l’écoute, combien elle est heureuse de voir que la créature possède le soleil comme s’il lui appartenait – comme un don reçu de son Créateur.

            Ma Volonté t’appelle partout et en tout lieu. Elle t’appelle dans le vent : tantôt avec autorité, tantôt en gémissant, tantôt comme si elle voulait pleurer pour que tu écoutes afin de pouvoir recevoir le don de cet élément. Elle t’appelle dans la mer avec son murmure pour te dire : « Cette mer est à toi. Accepte-la comme un cadeau de moi. »

            Si l’âme répond à l’appel, le don est confirmé. Si elle ne répond pas, les dons restent suspendus entre le ciel et la terre. En fait, si ma Volonté appelle, c’est parce qu’elle veut être appelée à maintenir l’échange entre elle et les créatures – pour se faire connaître et faire surgir un amour incessant entre elle et celle qui vit dans son Fiat. Seules les créatures qui vivent dans la Divine Volonté peuvent entendre ses nombreux appels, car si elle les appelle de l’intérieur de ses œuvres, elle se fait aussi entendre dans la profondeur de son âme – en appelant des deux côtés.

            Que pourrais-je te dire de plus concernant les nombreuses fois où je t’ai appelée et t’appelle encore dans tous les actes de mon Humanité ? J’ai été conçu, et je t’ai appelée pour te faire le don de ma Conception. Je suis né, et je t’ai appelée plus fort au point de pleurer et de gémir pour obtenir ta compassion et que tu puisses bientôt me répondre – pour te faire le don de ma naissance, de mes pleurs, de mes plaintes et de mes vagissements. Si ma céleste Maman m’entourait de langes, je t’ai appelée pour être emmaillotée avec moi. En somme, je t’ai appelée en chaque parole que je disais, en chaque pas que je faisais, en chaque peine que je souffrais, en chaque goutte de mon Sang. Je t’ai appelée même dans mon dernier souffle sur la croix, pour te faire don de tout. Et pour te mettre en sûreté, je t’ai placée avec moi entre les mains de mon Père céleste.

            Où ne t’ai-je pas appelée pour te donner tout ce que j’ai fait, pour épancher mon amour, pour te faire sentir combien je t’aimais, pour laisser la douceur de ma voix ravissante descendre dans ton cœur – une voix qui ravit, qui crée et conquiert, et pour entendre ta voix me dire : « Me voici. Dis-moi, Jésus, ce que tu veux ? » – comme une réponse à mon amour et une promesse d’accepter mes dons afin que je puisse dire : « J’ai été entendu. Ma fille m’a reconnu et elle m’aime. »

            Il est vrai que ce sont des excès de notre amour, mais aimer sans être reconnu et aimé… Personne ne pourrait le supporter ni continuer à vivre. Par conséquent, nous continuerons nos folies d’amour – nos stratagèmes – pour donner libre cours à notre vie d’amour.

            Puis il ajouta avec un excès d’amour encore plus intense : 

            Ma fille, nos soupirs sont si nombreux – si grande notre impatience d’avoir la créature toujours avec nous, que nous voulons toujours lui donner de nous-mêmes.  Mais sais-tu ce que nous voulons lui donner ? Notre Volonté. En lui donnant notre Volonté, il n’y a pas de bien qu’elle ne reçoive. En la tenant comme noyée dans notre amour, notre beauté, notre sainteté, nous disons : ‘Nous t’avons tant donné, et toi – tu ne nous donnes rien ? La créature, confuse parce qu’elle n’a rien à nous donner – et même si elle a quelque chose, cela vient de nous – regarde sa volonté et nous la donne comme le plus bel hommage à son Créateur. Et sais-tu ce que nous faisons ? Si elle nous donnait sa volonté à chaque instant, chaque fois nous lui en donnions le mérite comme si elle avait une volonté chaque fois qu’elle nous la donnait. Et nous lui donnons notre Volonté chaque fois qu’elle nous a donné la sienne, en redoublant chaque fois notre sainteté, notre amour, etc.

            En entendant cela, j’ai dit : « Mon cher Jésus, je gagne beaucoup en recevant le mérite chaque fois que je te donne ma volonté, et recevoir la tienne en échange est pour moi un très grand profit. Mais où est ton profit à toi ?’ Et lui, avec un sourire : ‘

            À toi le mérite et à moi le gain de recevoir toute la gloire de ma Divine Volonté. Et chaque fois que je te la donne, ma divine Gloire, que je reçois par la créature, est doublée, multipliée – augmentée cent fois. C’est alors que je peux dire : « Elle me donne tout et je lui donne tout. »

30.  24 janvier 1938 — Comment Notre-Seigneur est descendu du ciel pour rester sur terre dans les Tabernacles afin d’accomplir le Royaume de la Divine Volonté. Celle qui vit dans la Divine Volonté peut dire avec Jésus : « Je pars et je reste. »

        Mon vol dans le divin Vouloir continue. Je rendais visite à Jésus dans le Sacrement et je voulais embrasser tous les Tabernacles et chaque Hostie sacramentelle pour vivre avec mon prisonnier Jésus. Et je me disais : Quel sacrifice. Quel long emprisonnement – non pas durant des jours, mais depuis des siècles ! Pauvre Jésus… Pourrait-il au moins être payé de retour pour tout cela ? Et mon bien-aimé Jésus, venant visiter ma petite âme, tout immergée dans ses flammes d’amour, me dit :

            Ma bonne fille, ma première prison fut l’amour. Il m’emprisonna si bien que je n’avais même pas la liberté de respirer, de palpiter ou d’œuvrer si ces deux n’étaient pas emprisonnés dans mon amour. Par conséquent, mon amour m’emprisonnait dans le Tabernacle, mais avec raison et une très haute Sagesse divine. Tu dois savoir que les chaînes de mon amour m’ont fait quitter le ciel durant mon Incarnation. Je suis descendu sur la terre à la recherche de mes enfants, de mes frères et de mes sœurs, afin de former pour eux, avec mon amour, des prisons d’amour pour rendre leur fuite impossible. Mais en partant, je continuais à rester au ciel puisque mon amour – étant ma prison – me gardait dans les célestes Régions.

            Ayant rempli mon ministère ici-bas, je suis remonté au ciel tout en demeurant emprisonné dans chaque petite Hostie sacramentelle. Sais-tu pourquoi? Parce que mon amour, mon doux emprisonnement, me disait : « Le dessein pour lequel tu es descendu du ciel sur la terre n’est pas accompli. Où est le Royaume de notre Volonté ? Il n’existe pas et n’est pas connu. Demeure prisonnier dans chaque Hostie sacramentelle, ainsi il n’y aura pas seulement un Jésus, comme dans notre Humanité, mais un Jésus pour chaque Hostie sacramentelle. Dans une furie d’amour, tes nombreuses vies seront un chemin vers la Divinité ainsi que dans chaque cœur qui te recevra. Ces vies auront un petit mot à dire pour faire connaître notre Volonté parce que, lorsqu’elles descendront dans chaque cœur, elles ne seront pas muettes, mais parleront de notre Fiat dans le secret de leur cœur. Tu seras le porteur de notre Royaume. » J’ai reconnu que les demandes de mon amour étaient justes et j’ai accepté de rester sur terre afin de former le Royaume de ma Volonté – jusqu’au complet accomplissement de l’œuvre.

            En partant pour le ciel tout en demeurant sur terre, ma vie répandue en de nombreuses Hosties sacramentelles ne sera pas inutile. Je formerai le Royaume de ma Volonté. Je ne serais jamais resté si je savais que je n’obtiendrais pas ce que je désire ; d’autant plus que cela est pour moi un sacrifice plus grand que celui de ma vie mortelle. Combien de larmes secrètes, combien de soupirs amers au milieu des flammes d’un amour dévorant ! Je voudrais dévorer toutes les âmes dans mon amour pour que celles qui vont vivre dans mon divin Vouloir renaissent à une vie nouvelle. Ce Royaume viendra du centre de mon amour. Il brûlera le mal de la terre en s’armant de son omnipotence ; victoire après victoire, il obtiendra notre Règne au milieu des créatures pour le leur donner.

            Mais je ne voulais pas rester captif tout seul. Mon amour s’est enflammé plus encore et t’a choisie pour être prisonnière avec des chaînes si fortes qu’il t’est impossible de m’échapper. C’est un épanchement de mon amour qui me permet, grâce à ta compagnie, de te parler abondamment de ma Volonté – de son impatience, de ses soupirs et de son désir de régner – et c’est aussi un prétexte de mon amour pour pouvoir dire devant la suprême Majesté : « Une créature de la race humaine est déjà notre prisonnière. Nous lui parlerons de notre Volonté pour la faire connaître et étendre son Royaume. Cette prisonnière est comme un dépôt pour toute la famille humaine pour que nous ayons notre Royaume de droit. Je peux dire que chacune de mes vies sacramentelles est également comme un dépôt que je vous donne, suffisant pour assurer mon Royaume pour mes enfants. Mais à ces nombreux dépôts, mon amour voulait ajouter le dépôt d’une simple créature qui porte les marques de mon emprisonnement de façon à renforcer les liens entre la créature et le Créateur, et par conséquent accomplir et compléter le Royaume de notre Volonté parmi les créatures. »

            Mes prières dans chaque Tabernacle sont incessantes afin que les créatures puissent connaître ma Volonté et la laisser régner ; et tout ce que je souffre – pleurs et soupirs – je l’envoie au Ciel pour obtenir que la Divinité concède une grâce si grande. Je l’envoie vers chaque cœur, pour qu’ils aient compassion de mes pleurs et de mes souffrances – et qu’ils acceptent de recevoir un bien si grand.

            Jésus garda le silence et je me disais : « En se faisant prisonnier, mon cher Jésus accomplit un acte d’héroïsme si grand que seul un Dieu en était capable. Mais tout en étant prisonnier, il est également libre ; d’autant plus qu’il est libre dans le ciel où il possède la plénitude de sa liberté. Et même sur terre, combien de fois ne vient-il pas à moi sans ses voiles sacramentels ? Mais ma pauvre existence est emprisonnée… et cette fois, c’est bien réussi. Il sait en quelle étroite prison il m’a placée et combien mes chaînes sont dures ; et je ne peux pas être comme lui, qui est à la fois prisonnier et libre… Ma prison est continuelle. » Je pensais cela lorsque Jésus reprit :

            Ma fille, ma pauvre fille, tu as reçu ma propre destinée ! Lorsque mon amour veut faire le bien, il ne ménage rien – ni sacrifices ni souffrances. C’est presque comme s’il ne voulait pas entendre parler d’autre chose : son seul objet est de faire naître ce bien. Il fallait que je le fasse. Il ne s’agissait pas d’un bien quelconque, mais de l’établissement du Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Ce bien sera si grand qu’aucun autre ne peut lui être comparé ; tous les autres seront comme des gouttes d’eau devant la mer – de petites étincelles devant le soleil. Par conséquent, ne sois pas surprise si, comme tu dis, ‘cette fois, c’est bien réussi’. Ton emprisonnement continuel était nécessaire à mon amour pour me tenir compagnie et me permettre de te parler de la connaissance de ma Volonté qui est pour moi si importante et qu’il me fallait faire connaître. Tu dois savoir que lorsque je t’en parle, mon amour te paie de retour et te libère des entraves de ta volonté humaine pour te rendre libre dans les territoires et les domaines du Royaume de ma Volonté. Toute la connaissance est dirigée vers ceci : libérer la créature des chaînes de sa volonté, de ses passions et de ses misères. Par conséquent, remercie-moi pour ce que j’ai fait de toi. Mon amour saura comment te payer de retour et je tiendrai compte de chacun de tes souffles et de chaque instant de ton emprisonnement.

            Après quoi je continuais à penser aux prodiges du divin Vouloir et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Fille de ma Volonté, comme l’a dit ton Jésus, en descendant du Ciel sur la terre – « Je m’en vais et je reste » ; et lorsqu’il est monté au Ciel, il a dit – « Je reste et je m’en vais ». Ma parole répète, en descendant comme Sacrement dans les créatures –  « Je m’en vais et je reste dans les Tabernacles ». De la même manière, la créature qui vit dans ma Volonté peut répéter ma parole dans tous ses actes. Dès qu’elle commence son acte, son Jésus est formé dans cet acte. Ma vie a la vertu de se multiplier à l’infini aussi souvent que je le veux. Par conséquent, en toute vérité, elle peut dire :Je m’en vais et je reste. Je m’en vais au ciel pour le béatifier, pour atteindre ma Patrie et faire connaître à tous mon cher Jésus que j’ai enfermé dans mon acte afin que tous puissent profiter de sa présence et l’aimer. Je reste sur terre, comme vie, en soutien et défense pour tous mes frères et sœurs. Que de beautés dans un acte accompli dans ma Volonté !

31.  30 janvier 1938 — Tout ce qui est accompli par celle qui vit dans la Divine Volonté acquiert une nature divine. Ses prodiges en créant la Vie divine dans l’acte humain. Fête pour le ciel tout entier. Le vrai retour pour la Création.

       Mon pauvre esprit nage dans la mer du divin Vouloir. Son murmure est continuel – mais que murmure-t-il ? Amour, âmes, et lumière qui veut investir chacun de ses enfants et régner parmi eux. Oh ! combien de stratagèmes d’amour il utilise pour les faire rentrer dans le sein de sa lumière d’où ils sont issus. Et il s’écrie dans sa douleur : « Mes enfants, mes enfants, laissez-moi régner et je vous donnerai tant de grâces que vous reconnaîtrez que vous êtes les enfants de votre Père céleste ! » Mais mon esprit se perdait dans cette mer divine et mon doux Jésus, ma douce vie, répéta sa petite visite et, toute bonté, il me dit :

            Ma petite fille de mon divin Vouloir, si grande est mon impatience – si nombreux les soupirs parce que ma Volonté veut régner dans l’acte de la créature, que je commence à épier pour voir si l’âme appelle l’acte premier de mon Vouloir dans ses propres actes. Lorsqu’il est appelé, il prend un air de fête et court s’insuffler dans l’acte de la créature pour imprimer sur lui sa force créatrice et le convertir en nature divine. Alors, cette créature sent la nature de l’amour divin qui l’investit, l’entoure et s’écoule comme du sang dans ses veines – jusque dans la moelle de ses os, dans le battement de son cœur. Son être tout entier ne parle que d’amour.

            La conversion des actes humains en nature divine est le plus grand prodige que peut accomplir ma Volonté. Elle ne peut donner que ce qu’elle possède : elle possède l’amour et c’est l’amour qu’elle donne. Oh ! combien elle est heureuse de n’avoir et de ne ressentir que de l’amour – et de ne pouvoir être sans aimer. On peut dire que ma Volonté a jeté la créature dans son propre labyrinthe d’amour. Aussi, si elle adore, remercie où bénit, sa force divine court changer cette adoration, cette action de grâces et cette bénédiction en nature divine. Par conséquent, la créature a en son pouvoir, comme par nature, de toujours adorer, remercier et bénir la suprême Majesté parce que ce que ma Volonté communique par nature possède l’acte continuel et incessant.

            Nous la tenons alors à notre disposition. Notre amour trouve quelqu’un qui l’aime avec son propre amour et ressent le besoin de se déverser, ayant trouvé une créature en qui libérer ses épanchements. Notre majesté trouve ses adorations éternelles dans la créature qui peut réellement lui dire un divin Merci – un divin Je te bénis. En somme, nous trouvons quelqu’un qui peut nous donner de nous-mêmes. Oh ! combien nous aimons cette créature plus que céleste. Elle nous garde toujours en activité de sorte que nous pouvons lui donner tout ce que nous voulons ; et pour nous, donner signifie être plus béatifiés et plus heureux. Par contre, celle qui ne vit pas dans notre Vouloir nous laisse oisifs – sans activité. Et si nous donnons quelque chose, tout est mesuré, puisque nous ne savons pas où le mettre. Nous craignons que cette créature ne le perde et ne soit pas capable d’apprécier le peu que nous lui donnons.

            Puis, avec encore plus d’impatience, il ajouta : 

            Ma bonne fille, les prodiges que mon Fiat opère dans l’acte de la créature qui vit en lui sont inouïs. Lorsqu’il voit qu’elle est sur le point de l’accomplir, mon Fiat court prendre cet acte entre ses mains ; il le purifie, le façonne et l’investit de sa lumière. Puis il regarde pour voir si cet acte peut recevoir sa sainteté et sa beauté ; pour voir s’il peut l’enclore dans son immensité ; et s’il peut laisser s’écouler en lui sa puissance, son amour. Une fois qu’il a fait tout cela – parce que rien ne peut manquer à son acte – il l’embrasse, il l’étreint et s’épanche tout entier sur lui ; avec un amour et une solennité indescriptibles, il prononce son Fiat omnipotent et crée un autre lui-même dans cet acte. Les Cieux deviennent tout attentifs lorsque ma Volonté est sur le point d’opérer dans l’acte de la créature ; émus, émerveillés et ravis ils s’exclament : « Est-il possible qu’un Dieu trois fois saint avec sa Volonté aime au point de se créer lui-même dans l’acte de la créature ? »

            Mon Fiat revient voir ce qu’il a fait dans l’acte de la créature et il en est enchanté – ravi de voir une vie nouvelle. Saisi d’une joie indescriptible, il met le ciel tout entier en fête et déverse une abondance de grâces sur toute la terre. J’appelle ces actes  « Ma vie, mon acte, l’écho de ma puissance – les prodiges de mon amour ».

            Ma fille, rends-moi heureux. Telles sont les joies de la Création – les fêtes de ma vertu créatrice : être capable de former une de mes vies pour chaque acte accompli par la créature. Par conséquent, appelle-moi toujours dans tes actes, ne me laisse jamais de côté, et je ferai toujours des choses nouvelles en toi – à en étonner tous les peuples. Je n’aurai le retour et la gloire de la Création tout entière que lorsque j’aurai rempli le ciel et la terre d’un grand nombre de mes vies nouvelles.

32.  7 février 1938 — Comment Dieu n’aime pas la force, mais la spontanéité. Étalage de magnificence, de splendeur et de somptuosité que le divin Vouloir accomplira en celles qui vivent en lui. Comment la Création n’est pas terminée.

         Je suis sous l’empire du divin Vouloir. Sa vertu créatrice a une telle force qu’elle fait sentir son doux empire sur la pauvre créature qui, doucement – sans se sentir forcée – s’accorde avec le Fiat, lui donnant toute liberté de faire tout ce qu’il veut. Elle lui dit même : « Combien je suis honorée que tu veuilles faire un prodige de mon être au point de vouloir utiliser ta force créatrice et opérante dans ma pauvre âme. » Mais mon esprit était immergé dans la vertu créatrice du divin Fiat lorsque mon toujours adorable Jésus, me surprenant avec une petite visite, me dit avec un indicible amour :

            Fille de ma Volonté, combien mon Fiat est beau lorsqu’il opère avec sa vertu créatrice ! Tu vois qu’il n’utilise pas la violence, mais la douceur – une irrésistible douceur ; peut-être plus irrésistible que la violence elle-même. Il embaume la créature de sa douceur, en lui faisant sentir la beauté du divin, si bien qu’elle-même s’écrie : Dépêche-toi, sainte Volonté, ne tarde pas plus longtemps. Je languis de te voir opérer en moi avec ta vertu créatrice.

            Ma fille, nous n’avons jamais aimé des choses ou une volonté forcées. De fait, nous ne voulons même pas de ces choses. Elles sont très humaines et ne s’accordent pas avec notre amour et nos œuvres. Tout est spontanéité et plénitude de Volonté. Nous voulons un bien ; nous le désirons – et nous le faisons. Et nous le faisons avec une telle plénitude d’amour et de grâce que personne ne peut nous égaler, au point que si nous ne voyons pas de spontanéité et de désir de recevoir le bien que nous voulons faire dans la créature, nous ne faisons rien. Tout au plus, nous attendons, en lui faisant entendre nos soupirs – notre impatience anxieuse ; mais nous n’agissons pas – pas avant de la voir disposée avec amour à recevoir l’œuvre de son Créateur.

            Tu dois savoir que la vie de notre Volonté continue à grandir dans la créature avec chaque acte qu’elle accomplit en elle ; et lorsqu’elle atteint la plénitude où tout en elle est ma Volonté, nous commençons à déployer notre amour et nos grâces afin qu’à chaque instant nous lui donnions un amour nouveau et de nouvelles grâces surprenantes. Nous manifestons notre pompe divine ainsi que la magnificence et la splendeur de nos stratagèmes d’amour. Tout ce que nous lui faisons porte la marque de la générosité de son Créateur. Lorsque l’âme est remplie de notre divin Vouloir, nous ne ménageons rien : ce que nous avons, nous le donnons – et tout ce qu’elle désire est à elle. L’opulence dont nous témoignons est telle que nous faisons couler une note de nos divines mélodies pour chacun de ses actes, de sorte que même notre musique ne puisse lui manquer. Et elle joue souvent pour nous de magnifiques petites sonates de nos notes divines – oh ! combien nous sommes ravis dans les harmonies de nos mélodies et de nos sons divins. Tu dois savoir que pour l’âme qui vit dans notre Volonté, nous surpassons l’opulence, la pompe, la magnificence et la somptuosité que nous avons utilisées dans la Création. Tout était abondance : abondance de lumière qui ne peut être mesurée ; extension des cieux, opulents de beautés et ornés d’innombrables étoiles. Chaque chose fut créée avec abondance, investie d’une splendeur et d’une opulence telle que personne ne pourrait jamais manquer de rien ; au contraire, chacun peut donner sans avoir besoin de recevoir.

            Seule la volonté humaine impose des limites et des contraintes à la créature, la plonge dans les misères et l’empêche de recevoir mes biens. Par conséquent, j’attends impatiemment que ma Volonté puisse être connue et que les créatures puissent vivre en elle. Je ferai alors montre de tellement d’opulence que chaque âme sera comme une nouvelle Création – belle, mais distincte de toutes les autres. Je m’amuserai ; je serai son insurpassable architecte ; je déploierai tout mon art créateur. Oh ! combien j’attends ce moment, combien je le désire, combien je soupire. La Création n’est pas terminée. Il me reste encore à accomplir mes plus belles œuvres.

            Par conséquent, ma fille, laisse-moi travailler. Et sais-tu quand je travaille ? Quand je te manifeste une vérité sur ma Divine Volonté. Je deviens immédiatement l’architecte, et je travaille en toi avec mes mains créatrices afin que cette vérité puisse devenir la vie dans ton âme. Oh ! combien je prends plaisir à mon travail. L’âme devient comme une cire malléable dans ma main pour être formée dans la vie que je veux. Par conséquent, sois attentive et laisse-moi faire.

33.  14 février 1938 — Comment les actes de celle qui vit dans la Divine Volonté sont étendus à tous et deviennent les narrateurs de l’Être suprême. Étalages d’amour. Comment Dieu créa le pardon en créant la Vierge.

         Mon vol continue dans le divin Vouloir. Oh ! combien je me sens perdue dans son immensité. Sa puissance et son activité sont telles que lorsqu’il opère dans l’acte de la créature, il veut donner cet acte à tous, remplir le ciel et la terre pour faire voir et sentir à tous ce qu’il peut faire et combien il peut aimer. J’étais surprise et mon bien-aimé Jésus, rendant visite à ma petite âme, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, l’amour de ma Volonté qui opère dans la créature est tel qu’il peut sembler incroyable. Lorsqu’elle travaille, ma Volonté veut que tous reçoivent cet acte et se l’approprient. Avec son souffle omnipotent, ma Volonté met des ailes sur cet acte afin de l’imposer au soleil, aux cieux, aux étoiles, au vent, à la mer et même à l’air que tous respirent. Puis l’acte s’élève plus haut jusqu’aux régions célestes et tous – les anges, les saints, la Mère et Reine, et même notre Divinité – parcourent cet acte de telle sorte que tous puissent dire : « Cet acte est à moi. » Et sais-tu pourquoi ? L’amour de ma Volonté est tel qu’il veut que chacun possède cet acte, qui donne la vie à tous. Il veut décorer, orner et revêtir tous et toute chose de sa vertu créatrice afin de recevoir de toute chose et de chacun la gloire, l’amour et l’honneur de ma Volonté.

            Mon Vouloir n’arrête jamais. Il n’est satisfait que lorsqu’il voit que son acte a rempli toutes choses ; il emporte alors avec lui – comme en triomphe – la créature qui lui a donné la liberté d’opérer dans son acte, de le faire connaître et aimer par tous. Ce sont nos fêtes – nos pures joies de Création : être capables de nous placer dans la créature comme si nous voulions dédoubler notre puissance, notre immensité, notre amour et notre gloire à l’infini dans l’acte humain de la créature. Et cela n’a rien d’étonnant – notre Divine Volonté est partout, par conséquent nos actes qui animent les actes de la créature s’envolent, vont s’abriter dans notre Vouloir, même dans les endroits les plus petits et les plus secrets où ma Volonté est présente. Ces actes nous servent de retour d’amour pour toute la Création, comme une très douce compagnie – narrateurs de notre Être suprême. C’est pourquoi notre amour est exubérant pour celle qui veut vivre dans notre Fiat. Nous avons les yeux fixés sur elle – presque pour l’espionner – et voir quand elle nous donnera son acte pour laisser notre vertu créatrice opérer en lui. Cette créature est pour nous le témoignage de notre amour – l’activité de notre puissance ; et elle devient la répétitrice de notre propre vie.

            Après quoi je continuai ma ronde dans le divin Vouloir tandis que mon doux Jésus transportait ma petite volonté dans l’acte créateur de sa Volonté. Mon Dieu, que de surprises ! Ma pauvre intelligence se perd et elle est incapable de rien dire. Puis, mon toujours adorable Jésus, me refaisant sa brève petite visite, toute bonté, me dit :

            Ma bonne fille, notre Fiat a manifesté notre amour opérant, puissant et sage dans la Création de telle sorte que toutes les choses créées sont remplies de notre amour, de notre puissance, de notre sagesse et de notre indicible beauté. Nous pouvons les appeler « les administrateurs de notre Être suprême ». Mais nous avons fait plus encore dans la création de la Reine Souveraine. Notre amour n’était pas satisfait par une simple démonstration et voulait adopter une attitude de piété, de tendresse et de compassion, profonde et intime au point de se transformer en larmes d’amour pour les créatures. C’est pourquoi, en prononçant notre Fiat pour la créer et l’appeler à la vie, nous avons créé le pardon, la miséricorde et la réconciliation entre nous et l’humanité, et nous les avons déposés dans cette céleste Créature comme administrateurs entre nos enfants et les siens. Par conséquent, la Dame souveraine possède des mers de pardon, de miséricorde et de piété, ainsi que des mers de larmes de notre amour dans lesquelles elle peut couvrir toutes les générations humaines, régénérées dans ces mers créées par nous en elle – des mers de pardon, de miséricorde et de piété d’une tendresse propre à adoucir les cœurs les plus durs.

            Ma fille, il était juste que tout soit déposé dans cette céleste Mère afin que, possédant le règne de notre Volonté, nous puissions tout lui confier. Elle est la seule qui possède suffisamment d’espace pour pouvoir posséder ces mers créées par nous. Avec sa puissance créatrice et préservatrice, notre Volonté maintient intact tout ce qu’elle crée, sans que rien ne diminue jamais malgré nos dons continuels. C’est pourquoi là où notre Volonté n’est pas présente, nous ne pouvons ni donner, ni confier, ni déposer – nous ne trouvons tout simplement pas l’espace. Notre amour demeure entravé dans l’accomplissement des nombreuses œuvres magnifiques que nous voulons accomplir dans les créatures. Ce n’est que dans la Dame souveraine que notre amour ne trouve aucun obstacle et il a manifesté et accompli tant de merveilles qu’il lui a donné la divine Fécondité et a fait d’elle la Mère de son Créateur.

            Ainsi, mon bien-aimé Jésus m’a montré tous les actes qu’il a accomplis avec sa céleste Mère et leurs mers d’amour devenaient alors une, et soulevant leurs vagues jusqu’au Ciel, investissaient toute chose, même notre Divinité, dit Jésus, formant une dense pluie d’amour sur notre Être divin, ces mers transportaient l’amour de tous – le rafraîchissement et le baume par lequel notre Être divin était apaisé – tournant la justice en mouvement d’amour pour les créatures. On peut dire que notre amour régénérait la famille humaine d’un amour nouveau, et Dieu l’aimait avec un amour redoublé – mais où ? Dans la Reine et dans son cher Fils.

            Écoute maintenant une autre surprise. Lorsque, petit enfant, je suçais le lait de ma Maman, je suçais les âmes parce qu’elle les gardait en dépôt et, en me donnant son lait, elle déposait en moi toutes les âmes ; elle voulait que je les aime, que je les embrasse toutes et que je fasse d’elles ma victoire et la sienne. Mieux encore – en me donnant le lait, elle me faisait téter sa maternité et sa tendresse, s’imposant sur moi de telle sorte que j’aimais les hommes avec un amour maternel et paternel. Je recevais en moi sa maternité et son indicible tendresse, de sorte que j’aimais les âmes avec un amour divin, maternel et paternel.

            Après avoir déposé toutes les âmes en moi, avec un de mes stratagèmes d’amour – avec un souffle, avec un doux regard – je les redéposai dans son Cœur maternel et pour la payer de retour, je lui donnai mon amour paternel – mon amour divin qui est incessant, ferme, inébranlable et ne change jamais. L’amour humain change facilement, c’est pourquoi je voulais que mon inséparable Mère ait les mêmes attributs que mon amour pour aimer les âmes comme seul Dieu peut aimer. Par conséquent, chaque acte qu’elle accomplissait, des plus petits jusqu’aux plus grands, était un échange de dépôt des âmes – moi en elle et elle en moi. Plus encore, je peux dire que nous multipliions ce dépôt des âmes parce que je gardais dans mon divin Cœur, avec la plus grande jalousie, tout ce que je recevais de ma chère Maman comme le plus grand cadeau qu’elle pût me faire. Et elle recevait mon don si jalousement qu’elle utilisait toute sa maternité pour conserver ce don que son Fils lui faisait. Dans ces échanges de dépôt, notre amour grandissait et aimait toutes les créatures avec un amour nouveau. Nous formions des projets sur la manière de les aimer plus encore et de faire leur conquête, par l’amour, en exposant notre vie pour les sauver.

34.  20 février 1938 — Comment Jésus, dans son Incarnation, a fait de lui-même un Jésus pour chaque créature qui existera afin que chacune d’elles puisse avoir un Jésus à sa disposition.

         Je suis dans les bras du divin Vouloir qui m’aime tellement et qui pour me le montrer veut continuellement me raconter son éternelle et longue histoire d’amour, ajoutant toujours de nouvelles surprises, au point que l’on en demeure ravi en trouvant impossible de ne pas l’aimer. Seuls des êtres ingrats et stupides pourraient ne pas l’aimer. Le divin Fiat m’a fait prendre conscience de tout ce qu’il avait fait dans la descente du Verbe sur terre, et mon Jésus, me refaisant sa petite visite, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de ma Volonté, tu dois savoir que mon amour est si grand qu’il a besoin d’être libéré et de confier ses secrets à celle qui vit dans ma Volonté afin qu’en prenant conscience de toute chose, nous puissions l’aimer d’un seul amour et répéter en elle tout ce que j’ai fait en moi-même. Écoute, ma fille, les excès auxquels mon amour s’est livré en me faisant faire des choses inouïes et incroyables pour les esprits créés.

            En venant sur terre, je voulais me faire Jésus pour chaque créature qui avait existé, existe et existera. Chacune devait avoir son propre Jésus – complètement à elle – à sa disposition. Chacune devait avoir ma Conception pour demeurer conçue en moi – ma naissance pour renaître, mes larmes pour être lavée, mon âge infantile pour être restaurée et commencer sa vie nouvelle, mes pas pour guider les siens, mes œuvres pour faire se lever ses œuvres dans les miennes, mes souffrances comme baume et force pour ses souffrances et en remboursement de toute dette contractée envers la divine Justice, ma mort pour retrouver sa vie, ma Résurrection pour renaître entièrement dans ma Volonté, pour la gloire qu’elle devait donner à son Créateur. Et tout cela avec le plus grand amour, avec raison, avec justice et avec la plus haute sagesse.

            Mon céleste Père devait trouver en moi autant de vies auxquelles il avait donné et aller donner le jour, afin d’être satisfait, glorifié et payé de retour pour son grand amour. Même si toutes les créatures n’allaient pas prendre cette vie, mon Père céleste exigea ma vie afin d’être glorifié pour tout ce qu’il avait fait dans l’œuvre de Création et de Rédemption. Je peux dire que dès que l’homme se retira de ma Volonté, la gloire qui était due à mon divin Père cessa. Par conséquent, si je n’avais pas formé de moi-même un Jésus pour chaque créature existante, la gloire du Père céleste aurait été incomplète – et je ne peux pas faire des œuvres incomplètes. Mon amour aurait été en guerre contre moi si je n’avais pas formé beaucoup de Jésus – premièrement, pour notre propre gloire et décorum, et ensuite, pour donner ce bien complet à chaque créature.

            C’est pourquoi notre plus grande peine et qu’en dépit de mes nombreuses vies offertes à chaque créature, certaines ne les reconnaissent pas, d’autres ne les regardent même pas, ne les utilisent pas, les offensent, et d’autres encore ne prennent que les miettes de ma vie. Rares sont celles qui disent : Je fais la vie de Jésus avec Jésus. J’aime comme Jésus aime, et je veux ce que Jésus veut. Ces créatures sont, avec moi, le retour de la gloire et de l’amour de Création et de Rédemption. Mais même si toutes mes vies ne servent pas à la créature, elles servent admirablement la gloire de mon divin Père, puisque je ne suis pas venu sur terre seulement pour les créatures, mais également pour réintégrer les intérêts et la gloire de mon Père céleste. Oh ! si vous pouviez voir quelle merveilleuse cour toutes mes vies forment autour de notre Divinité. Et lorsque l’amour et la gloire débordent de ces vies, tu en serais tellement enchantée qu’il te serait difficile de rentrer en toi-même !

            Jésus garda le silence. Je restai avec la scène dans mon esprit de tous ces Jésus pour autant de créatures existantes. Mais j’avais une épine dans mon cœur qui me torturait et me remplissait d’amertume – jusque dans la moelle de mes os – pour une personne qui m’était très chère, nécessaire à ma pauvre existence, qui était en danger de mort et je voulais à tout prix sauver cette personne. Par conséquent, j’ai pris la Divine Volonté, je l’ai faite entièrement mienne et dans ma souffrance, j’ai dit à Jésus : « Jésus, ta Volonté est la mienne. Ta puissance et ton immensité sont en mon pouvoir. Je ne le veux pas, c’est pourquoi toi non plus tu ne dois pas le vouloir. » Mon Dieu, j’avais l’impression de combattre une puissance ; et afin de gagner, mon esprit s’était mis devant la Divinité tandis que je plaçais autour d’elle l’étendue des cieux avec toutes les étoiles en prière, l’immensité de la lumière du soleil avec la force de sa chaleur, la Création tout entière – en prière ; et également les mers de puissance et d’amour de la Reine du ciel, mes souffrances et le sang répandu par Jésus, comme autant de mers autour de la Divinité – toutes en prière ; et ensuite, tous les Jésus pour chaque créature, afin qu’ils puissent donner un soupir – une prière, pour obtenir ce que je voulais. Mais quels ne furent pas ma surprise et mon émoi en voyant et en entendant que tous les Jésus de toutes les créatures priaient pour obtenir ce que je voulais. Je restai confuse en voyant tant de bonté et de complaisance divines. Qu’il soit remercié et béni à jamais. Et que tout soit pour sa gloire.

35.  26 février 1938 — Comment Dieu se reconnaît lui-même dans celle qui s’efforce de reconnaître Dieu dans ses œuvres. Bonheur que Dieu reçoit de l’amour de la créature. Place de l’homme dans la Création et dans la Divinité elle-même. Comment la Divinité forme les membres de celle qui vit dans la Divine Volonté.

         Je suis sous l’empire du divin Vouloir qui aime et soupire de désir d’être reconnu dans toutes ses œuvres. Il semble prendre la petite créature par la main, l’emporter dans son vol pour lui montrer tout ce qu’il a fait, combien il l’a aimée en chaque chose créée, et comment, de droit, il veut être aimé en retour. Aimer sans recevoir de l’amour en retour est la plus grande des souffrances. J’ai été surprise, et mon toujours adorable Jésus, visitant ma petite âme, toute bonté me dit :

            Ma bienheureuse fille, aimer et être aimé, est pour notre amour le meilleur des repos. Le bonheur de la terre s’unit au bonheur du ciel et lorsqu’ils s’embrassent, nous sentons que la terre elle aussi fait notre délice, nous apporte l’amour de la créature qui nous reconnaît et nous aime. Elle nous apporte la plus belle des joies et le plus grand des bonheurs ; d’autant plus que les joies du ciel sont les nôtres et que personne ne peut nous les enlever. Et celles que nous recevons par l’amour de la créature sont pour nous des joies nouvelles qui forment nos nouvelles conquêtes.

            Après nous avoir reconnus dans nos œuvres, la créature vole pour reconnaître celui qui l’a créée. Être reconnus est pour nous la gloire la plus grande – l’amour le plus intense que nous puissions recevoir. C’est en étant reconnus que nous formons notre armée, la divine milice – notre peuple à qui nous ne demandons rien d’autre que le tribut d’être aimés. Nous mettons toutes nos œuvres à leur disposition pour les servir, donnant en abondance tout ce qui peut les rendre heureux. S’ils ne nous reconnaissent pas, nous sommes comme le Dieu sans armée et sans peuple. Quelle douleur de donner le jour à tant de créatures et de rester sans armée et sans peuple !

            Maintenant, écoute encore. Dès que la créature nous reconnaît dans les choses créées – et qu’elle nous aime, nous scellons en elle une note d’amour et de bonheur pour son Créateur ; et en continuant à reconnaître son Créateur, elle nous reconnaît et nous reconnaissons notre Être divin en elle. Si tu savais ce que signifie se reconnaître l’un l’autre ! Notre amour, en étant aimé, nous donne la paix et aime plus intensément celle qui l’aime ; il atteint un tel excès que pour se reconnaître dans la créature, il se crée lui-même. Mais pour quoi faire ? Pour se reconnaître dans la créature et être aimé.

            Qu’il est beau de nous reconnaître nous-mêmes dans la créature ! Elle devient pour nous notre trône, notre chambre divine – notre ciel. Les mers de notre amour l’inondent. Ses petits actes forment des vagues d’amour qui nous aiment, nous glorifient et nous bénissent ; elle nous reconnaît en nous-mêmes ; elle nous reconnaît en elle-même ; elle nous reconnaît dans toutes les choses créées. Et nous la reconnaissons dans toutes nos œuvres : dans le ciel, dans le soleil, dans le vent – en toutes choses. Notre amour, uni à notre Fiat, la porte partout et nous la plaçons en ordre à l’intérieur de toutes nos œuvres.

            Après quoi mon esprit continua à baigner dans la mer du divin Vouloir. Mon Dieu, que de surprises, que de merveilles ! Et mon doux Jésus, visitant ma petite âme tout inondée de ses flammes d’amour, me dit :

            Bienheureuse fille de ma Volonté, mon amour ne me laisse pas en paix s’il ne me fait pas révéler de nouvelles surprises concernant le divin Fiat. Il veut te faire connaître la sublimité et la noblesse de la place qu’il occupe pour ceux qui vivent dans le divin Vouloir, à la fois dans la Création et dans notre Être divin. Tu dois savoir que la créature qui vit dans notre Divine Volonté occupe la première place dans la Création. Toutes les choses créées se sentent si reliées et unies à elle qu’elles deviennent ses membres inséparables. Par conséquent, le soleil est son membre, l’étendue du ciel, le vent et l’air que tous respirent sont ses membres. Toutes les choses créées se sentent heureuses – honorées d’être les membres de cette créature fortunée ; et certaines deviennent son cœur, d’autres sa main, d’autres encore ses pieds, ses yeux, son souffle. En somme, il n’y a pas une chose créée qui n’ait sa place distincte et n’exerce le ministère d’être son membre. Son âme, comme la tête, garde ses membres en ordre et reçoit de Dieu tout l’amour, toute la sainteté, toute la gloire et tous les biens que contiennent les choses créées ; d’autant plus que toutes les choses créées sont également nos membres.

            Par conséquent, pour la créature qui vit dans notre Volonté, ses membres sont les nôtres et nos membres sont les siens. Ils maintiennent notre Être suprême en communication avec la créature et nous devenons pour elle plus que le sang qui circule dans les veines de son âme ; le continuel battement d’amour en palpitant dans son cœur ; la respiration divine en respirant dans son âme. Aimant cette créature d’un amour excessif, nous mettons en circulation son petit amour et ses actes dans notre Être divin. Nous sommes jaloux des battements de son cœur et de son souffle, aussi nous les enfermons dans les nôtres. Rien ne sort d’elle qui ne demeure enfermé en nous-mêmes pour la payer en retour de notre amour et entendre son doux et délicieux refrain : Je vous aime, je vous aime, je vous aime.

            Lorsque notre amour ne trouve pas l’amour de la créature, il demeure suspendu et crie de douleur comme s’il voulait assourdir la créature en lui disant : « Pourquoi est-ce que tu ne nous aimes pas ? Ne pas nous aimer et pour nous la plus cruelle des blessures. » Mais ce n’est pas tout. Si notre amour n’atteint des excès, il n’est pas satisfait. Veux-tu savoir pourquoi nous avons fait de la Création de nombreux membres qui devaient nous servir comme nos membres ainsi que les membres de la créature ? Nous avons placé en chaque chose créée nos dons, notre sainteté et notre amour comme porteurs de ce que nous voulions donner à la créature et comme messagers de ce qu’elle faisait pour nous. Toutes les choses créées sont des dépositoires comblés de tout ce que nous voulions lui donner. Le ciel, avec toutes ses étoiles, symbolise la multitude de nos actes nouveaux et distincts que nous voulions lui donner ; le soleil symbolise notre lumière éternelle avec laquelle nous voulons l’inonder, et la chaleur et ses effets représentent notre amour qui veut également l’inonder pour lui faire sentir combien nous l’aimons, alors que ses effets sont la variété des beautés dont nous voulions la revêtir. Dans chaque souffle du vent, nous placions nos baisers et nos caresses amoureuses, et dans ses vagues impétueuses notre amour dominant, pour l’emporter dans notre amour avec nos étreintes afin de la rendre inséparable de nous. En somme, chaque chose créée possède nos dons destinés à la créature. Mais qui donc les prend ? Uniquement celles qui vivent dans notre Volonté. Je peux dire que toutes les choses créées sont remplies de nos dons, mais elles ne peuvent pas les donner – elles ne peuvent pas être leurs porteuses parce qu’elles ne trouvent pas celle qui vit dans notre divin Fiat, qui a la vertu et le pouvoir de placer la créature en communication avec toutes nos œuvres – plus que ses propres membres – et avec son Créateur lui-même – plus que sa propre vie.

            Combien de prodiges inouïs n’allons-nous pas sortir de notre Sein divin pour les créatures qui laisseront régner notre Volonté ! Nos œuvres chanteront triomphes et victoires, et – les mains pleines – nous donnerons en abondance les dons et les biens de leur Créateur qu’elles possèdent. Toutes seront heureuses – celles qui donnent et celles qui reçoivent. Par conséquent, sois attentive et ne t’inquiète de rien sinon de vivre dans ma Volonté parce que j’ai beaucoup à te donner, et toi, tu as beaucoup à recevoir.

            J’étais surprise et je me disais : « Ce qu’il vient de dire est-il réellement possible ? Cela semble incroyable ! » Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, ne sois pas surprise. Tu dois savoir que tout ce que nous avons fait devait servir la créature qui devait posséder ma Divine Volonté comme vie. C’était nécessaire à notre décorum, notre sagesse, notre puissance, et à notre Majesté. Lorsque la créature s’est retirée de notre Volonté, la Justice exigeait que nous lui enlevions tous ce qui devait servir dignement notre suprême Majesté ; et la créature est restée comme une tête sans ses membres. Pauvre tête qui n’a pas de membres ! Quel bien pourrait-elle jamais faire ? Il est vrai que la tête a la suprématie sur les membres, mais sans les membres, la tête ne peut rien faire – elle n’a pas de vie et pas d’œuvres.

            Mais puisque ma Volonté veut retourner dans la créature, mon amour veut – exige – non seulement la restitution des membres, mais également la vie même de celui qui les a créés. Le règne de notre Volonté remettra en vigueur toutes ses œuvres et rendra à la créature tout ce qu’elle a perdu en faisant sa propre volonté humaine qui dévaste tous les biens, brise toutes les communications avec nos œuvres et avec son Créateur lui-même, pour devenir comme un os disloqué qui perd toute communication avec tous ses membres – et n’apporte que souffrance.

36.  6 mars 1938 — Oppressions et mélancolies n’ont pas de raison d’être dans la Divine Volonté. Elles forment les nuages et les petites gouttes d’amertume qui aigrissent Dieu et la créature. Prodiges de l’abandon dans le divin Vouloir. Comment toutes les choses créées sont animées par celle qui vit dans le Fiat.

         La mer du divin Vouloir ne cesse de me plonger dans ses vagues comme s’il voulait que rien d’autre n’entre en moi que sa lumière, afin de grandir en moi par sa lumière, sa chaleur et la vie de sa Volonté. Mais je me sentais malgré tout oppressée, avec un air de mélancolie en raison des circonstances, hélas trop pénibles de ma pauvre existence ici-bas. Elle formait autour de moi les nuages comme pour m’empêcher de jouir de la beauté de la lumière, de la douceur de la chaleur dans laquelle l’âme est fécondée pour renaître et grandir dans son Créateur. Et mon doux Jésus, qui veille jalousement sur ma pauvre âme, toute bonté, me dit :

            Combien il nous déplaît de voir qu’une créature qui vit dans notre Volonté soit affligée ou oppressée ! Et comme elle vit dans notre Vouloir, dans la Volonté une qui nous anime, nous sommes forcés d’entendre ses affections et ses oppressions. Nous retirer lorsque la créature se sent affligée n’est pas selon notre Être divin – selon notre amour. Au contraire, nous utilisons notre puissance et nous l’inondons encore plus de notre amour pour que nous puissions la voir de nouveau avec un sourire sur les lèvres et la joie au cœur. De plus, la pensée du passé est réellement absurde – c’est comme vouloir réclamer des droits divins. Tu dois savoir que toutes les choses belles et bonnes que la créature a faites sont déposées en nous, attestent de son amour et de la gloire qu’elle nous donne, et forment sa couronne pour sa première entrée dans notre Patrie céleste. Par conséquent, le plus bel acte de la créature est de se jeter dans nos bras – de s’abandonner – en nous laissant faire tout ce que nous voulons avec elle, dans le temps comme dans l’éternité. C’est alors seulement que nous obtenons toute la saveur de faire d’elle une des plus belles statues pour orner notre Jérusalem céleste.

            Puis il ajouta : Ma fille, lorsque la créature s’abandonne dans notre Volonté, notre satisfaction est si grande qu’elle se déverse en nous et que nous déversons en elle notre vie nouvelle, notre amour nouveau, notre sainteté nouvelle et une connaissance nouvelle de notre Être suprême. Lorsque la créature s’abandonne dans notre divin Vouloir, nous pouvons accomplir en elle les plus grands prodiges et les grâces les plus surprenantes, puisque notre propre Volonté recevra et déposera ce que nous voulons donner à la créature. En s’abandonnant dans notre Volonté, elle emporte le ciel d’assaut et son empire est tel qu’elle s’impose à notre Être divin pour l’enfermer dans sa petitesse ; tandis qu’elle-même, triomphante, s’enferme dans notre Sein divin.

            Les Cieux sont émerveillés et les anges et les saints en extase ; tous sentent couler en eux une vie nouvelle en vertu de l’acte d’abandon de la créature encore en pèlerinage sur la terre. Et la trouvant abandonnée dans notre Fiat, nous trouvons que nous pouvons faire tout ce que nous voulons – elle se prête entièrement à notre pouvoir. Nous commençons alors notre travail et formons dans son âme de nombreuses petites fontaines d’amour, de bonté, de sainteté, de miséricorde, etc. De cette manière, lorsque notre amour veut aimer, nous mettons en mouvement ces petites fontaines d’amour avec notre souffle omnipotent, et elles nous aiment, en laissant tant d’amour s’écouler de la fontaine au point d’inonder la Cour céleste tout entière. Lorsque nous voulons utiliser notre bonté, notre miséricorde et notre grâce, nous mettons ces fontaines en mouvement et la terre est inondée de notre bonté et de notre miséricorde – et certains sont convertis, d’autres reçoivent des grâces.

            Nous pourrions faire tout cela directement de nous-mêmes, mais il nous est plus agréable d’utiliser les fontaines que nous avons formées dans la créature. À travers elles, nous nous sentons plus portés à faire miséricorde à toutes. Nous avons notre intermédiaire entre le ciel et la terre, qui, dans son abandon, nous fait déverser des grâces et aimer toutes les créatures d’un amour nouveau. Par conséquent, plus tu seras abandonnée à notre Volonté, plus nous serons magnanimes envers toi et toutes les créatures. Et toutes – au moins les mieux disposées – trouveront une force et une direction nouvelles.

            J’étais surpris et il ajouta : Ma bonne fille, comme je voudrais que toutes sachent ce que signifie vivre dans mon divin Vouloir. Cela semble incroyable, mais sais-tu pourquoi ? Parce qu’elles ne savent pas ce qu’est ma Volonté et toute la série des prodiges qu’elle peut et veut accomplir dans la créature. Ainsi, ne le sachant pas, elles croient qu’il est impossible que ma Volonté puisse faire dans la créature tout ce que je te dis. Oh ! si elles savaient. Ce que ma Volonté fait et dit est peu de chose – c’est la connaissance qui nous met en marche vers la créature et prépare notre place, formant l’espace où nous pouvons placer nos prodiges inouïs. C’est la connaissance qui forme les yeux pour être capable de voir et d’apprécier nos merveilles divines. Tout est prodige pour celle qui vit dans notre Volonté.

            Tu dois savoir que lorsqu’une créature accomplit ses actes dans ma Volonté, toutes les choses créées demeurent animées par sa volonté et sa parole. Toutes les choses possèdent une voix : certaines disent ‘Amour’, d’autres ‘Gloire’, ‘Adoration’, d’autres ‘Merci’, et d’autres encore ‘Bénédiction’ à notre Créateur. Quelle harmonie elles forment dans l’atmosphère, quel doux enchantement – au point que nous en sommes ravis. Mais d’où viennent ces voix ? Ce sont les voix de celles qui vivent dans notre Volonté.

            C’est comme lorsque ces voix et ces chants sont ingénieusement enfermés dans des instruments de bois et de métal. Les instruments chantent et parlent. C’est la même chose pour celle qui vit dans ma Volonté : son amour de me voir aimé et glorifié est tel qu’elle enferme sa volonté, sa voix et son amour dans la chose créée ; et certaines me racontent l’histoire de mon amour, d’autres chantent ma gloire ; il semble que toutes les choses ont quelque chose à me dire. Oh ! combien je suis heureux de voir que la créature maîtrise la Création tout entière et, en reine, anime toutes choses et me fait aimer par toutes. Oh ! que ce son est doux à nos oreilles divines. Je lui ai tout donné et elle me donne tout – alors je lui retourne tout à nouveau. 

37.  12 mars 1938 — Comment Dieu aime et se prie lui-même pour donner le Royaume de la Divine Volonté. La vie de celle qui vit en elle est formée en Dieu. Comment elle renaît continuellement. Semer les vies divines. Comment elle est accueillie et aimée par tous.

         Je me sens dans les bras du divin Vouloir qui exerce sur moi son pouvoir et se montre très attentif à investir toutes choses – même les plus petits riens – de sa vie et de sa lumière afin d’enclore le Tout dans ce petit rien. Quelle bonté ! Quel amour ! Il semble vouloir à tout prix avoir quelque chose à faire avec la créature. Mais faire quoi ? Donner, toujours donner. En donnant, il s’épanche. En donnant, il se sent opérationnel, faisant beaucoup de choses de lui-même – des choses qui l’aiment, le louent pour ce qu’il est réellement. C’est alors que mon doux Jésus qui prend toujours grand plaisir à me dire des choses toujours nouvelles sur son adorable Volonté, visitant ma pauvre âme comme s’il ressentait le besoin de me confier ses secrets, me dit :

            Ma bienheureuse fille, la vie de la créature dans notre Volonté est notre amusement, notre plaisir, notre occupation perpétuelle. Tu dois savoir que lorsque la créature s’unit à notre Vouloir et entre en lui, notre Volonté embrasse la volonté humaine, et la volonté humaine embrasse notre Volonté. Nous-mêmes nous aimons, prions et demandons de nous-mêmes que notre Volonté puisse régner dans les générations humaines. La créature disparaît dans notre mer divine comme une petite goutte d’eau, et ce qui reste est notre prière qui veut revêtir toutes choses de sa puissance pour obtenir ce que nous avons demandé de nous-mêmes. Nous ne pouvons pas ne pas répondre à notre prière.

            Par conséquent, lorsque nous avons prié, nous nous mettons en marche, parcourant toutes les nations et tous les cœurs pour voir si nous trouvons ne serait-ce qu’une petite disposition à vivre dans notre Volonté. Nous prenons alors cette petite disposition dans nos mains créatrices ; nous la purifions, la sanctifions et l’embellissons, plaçant en elle le premier acte de notre Volonté. Et nous attendons afin de pouvoir placer le second acte, le troisième acte de la vie dans notre Fiat, et ainsi de suite. Par conséquent, tout ce que la créature fait dans notre Volonté est en réalité fait par nous-mêmes : nous vous aimons, nous vous prions. On peut dire que nous nous engageons tout entier afin de donner ce que nous voulons, et il est impossible de ne pas nous l’accorder à nous-mêmes. Vois-tu alors ce que signifie vivre dans notre Volonté ? C’est l’imposition de la créature sur nous-mêmes, nous faisant faire ce qu’elle veut – nous faisant donner ce qu’elle veut que nous lui donnions.

            Après quoi mon bien-aimé Jésus ajouta : Ma fille, la vie de celle qui vit dans notre Volonté est formée à l’intérieur de notre Être divin – elle est conçue, elle naît et renaît continuellement. Tout comme notre Être divin de toujours dans l’acte de générer, de la même manière, elle est toujours dans l’acte de naître à nouveau ; elle renaît à un amour nouveau, à une sainteté et une beauté nouvelles. En renaissant, elle grandit et prend toujours de nous-mêmes. Ces naissances nouvelles sont sa plus grande fortune – et la nôtre également, parce que nous sentons que non seulement la créature vit en nous, mais qu’elle renaît également et grandit dans notre vie, étant renouvelée dans notre acte lui-même qui est toujours nouveau. Et lorsqu’elle renaît, nous prenons plaisir à la regarder parce qu’elle acquiert une beauté nouvelle – plus belle, plus attirante que la précédente. Mais va-t-elle en rester là ? Ah ! non. D’autres beautés vont l’investir sans s’arrêter jamais – nombreuses au point d’enchanter notre regard, de nous empêcher de la quitter afin d’admirer en elle nos beautés infinies. Et nous aimons nos beautés dont nous la revêtons sans cesse. En regardant cette créature sous la pluie de nos multiples beautés, notre amour ne veut pas être en retard ; il la fait renaître à chaque instant dans notre amour, qui est toujours nouveau. Par conséquent, elle nous aime avec un amour toujours nouveau, un amour qui grandit toujours et ne s’arrête jamais.

            Qui pourra te dire ce qu’est la vie de cette créature formée en nous ? C’est notre paradis que nous formons en elle. En renaissant en nous, elle nous donne des joies toujours nouvelles et de nouvelles surprises de bonheur parce qu’en renaissant, elle renaît dans notre puissance, sagesse, bonté et sainteté. Reconnaissant notre vie en elle, nous l’aimons comme nous nous aimons nous-mêmes.

            Comme elle renaît en nous bien des fois, nous lui donnons la vertu de pouvoir recevoir notre semence afin de pouvoir semer en elle autant de vies divines que nous voulons. Et c’est alors qu’entre en jeu notre Volonté. Avec son Fiat, ma Volonté parle et crée ; elle parle et sème des vies divines, les faisant grandir de son souffle, les nourrissant de son amour, leur donnant avec sa lumière les couleurs de toutes ses diverses beautés. Et comme c’est une vie renée en nous de nombreuses fois et qui a grandi en nous, nous avons insufflé en elle tous les attributs nécessaires pour être capable de recevoir la semence de nos vies divines. Ces vies sont des plus précieuses. Elles possèdent la vertu créatrice – elles en ont la même valeur. Nous pouvons dire : « Nous avons formé nous-mêmes un grand nombre de nos vies et nous les avons semées dans la créature. Si nous comparons ces vies au soleil, sa lumière est comme une ombre devant elles. L’étendue du ciel est petite comparée à elles. »

            Veux-tu savoir à quoi serviront nos vies qui ont été formées avec tant d’amour dans la créature ? Elles serviront à peupler la terre et à générer la vie de notre Volonté dans la famille humaine. Elles sont nos vies, ma fille. Notre vie ne meurt jamais – elle est éternelle, avec nous. Par conséquent, toutes attendent de prendre possession des créatures afin de former avec elle une vie une. Et c’est également la cause – notre grande et divine raison pour laquelle nous avons parlé si longuement de notre Divine Volonté. Chaque parole que nous disons et une vie à laquelle nous donnons naissance – c’est une naissance que nous mettons au jour. Chaque parole que nous prononçons sur notre Fiat est une vie que nous dévoilons, qui se met en communication avec les créatures. Chaque connaissance que nous manifestons porte notre baiser pour que la créature puisse former notre vie à chaque souffle. Et comme la vie est mouvement, chaleur, battement de cœur et souffle, nous devons également par nécessité ressentir en nous-mêmes cette vie qui est la nôtre. Cette vie aura la vertu de transformer en elle-même la vie de cette créature fortunée. Par conséquent, ma fille, sois attentive. Ne laisse pas échapper ne serait-ce qu’un seul mot de notre Fiat, parce que ces mots sont des vies – des vies que nous vivons dans les autres créatures. La valeur d’un seul amour sur notre Fiat et si grande que la Création tout entière lui est, oh ! combien, inférieure. La Création est une œuvre tandis qu’une parole sur notre Fiat est vie, et la vie a toujours plus de prix que toutes les œuvres.

            De plus, notre amour pour cette créature qui reçoit la semence de nos vies divines est si grand que lorsque nous lui parlons de notre Volonté, notre amour éternel s’épanche sur elle, se libère et se sent aimé en retour. Le poids de l’ingratitude humaine – de ne pas être aimé – demeure nul parce que nous trouvons une créature qui nous aime avec notre amour ; ce qui a la vertu de compenser pour tout l’amour que toutes les créatures devraient nous donner – de brûler tous leurs maux, et de combler et de raccourcir les plus grandes distances. Notre amour trouve en elle notre repos, nos revanches ; aussi l’aimons-nous infiniment. Mais nous ne sommes pas satisfaits de la faire aimer par nous-mêmes. Nous la faisons aimer par la céleste Reine comme une fille très tendre ; par les anges et les saints, comme leur inséparable sœur ; nous la faisons aimer par les cieux, le soleil, le vent – par tous. Tous sentent en elle la force, la vertu de notre amour ; ils se sentent heureux de l’aimer parce qu’elle est la porteuse des joies de tous. Et notre joie et notre satisfaction sont si grandes que nous l’appelons  «notre consolatrice, notre Fiat que nous apportons sur la terre, notre dépôt » ; tout en elle nous appartient.

38.  16 mars 1938 — Comment le divin Fiat en arrive à compter les souffles, les minutes, pour faire revivre en lui la créature. Le marteau de porte qu’elle fait à toutes les créatures. Comment le divin Fiat veut être dans l’acte continuel de donner et de recevoir. Les souffrances de Jésus embrassent les souffrances de la créature.

        Il me semble que le divin Vouloir attend de moi qu’à chaque instant je puisse entrer en lui pour faire entrer mon acte dans tous ses actes et si je m’échappe un instant, il se sent isolé et pleure, inconsolable, la compagnie de sa créature ; et dans sa douleur, il dit :

            Comment ! Tu me quittes ? Pour toi, je me suis laissé dans les sphères, dans le soleil, dans l’air, pour te tenir compagnie et recevoir la tienne, mais sais-tu pourquoi ? Pour t’aimer et pour être aimé, et afin de pouvoir dire : ce que je fais au ciel dans notre Être divin, je le fais dans les sphères et je veux le faire dans ma créature bien-aimée ; mais si tu n’es pas dans mon Vouloir, tu te retires de moi et moi de toi, et je demeure isolé ; mais dans ma douleur, je ne cesse de t’appeler.

            Divine Volonté, combien tu m’aimes ! Combien tu es aimable et admirable ! Et je ressentais la souffrance de sa solitude. Mais mon doux Jésus m’a refait sa petite visite et m’a dit :

            Ma bonne fille de mon Vouloir, l’attente est une de nos plus grandes souffrances ; elle nous fait monter la garde ; nous en arrivons à compter les souffles, les battements de cœur, les minutes lorsque nous ne sentons pas la créature avec nous ; pour lui faire sentir notre amour et nous aimer l’un l’autre d’un seul amour, nous nous sentons harmoniser avec la créature, et victorieuse nous la transportons dans notre sein divin. C’est pourquoi, sans elle, les minutes nous semblent des siècles et nous languissons après son retour.

            Plus encore, lorsqu’elle entre dans notre Vouloir et nous demande que notre Volonté vienne régner sur la terre, nous faisons la fête parce qu’elle veut alors ce que nous voulons, et que c’est une grande chose et la plus belle de toutes que la créature veuille ce que veut son Créateur. Cela forme notre repos, notre amour sourit et il est apaisé.

            Lorsqu’elle demande que notre Vouloir vienne régner, elle cogne à la porte de toutes les choses créées, au soleil, au vent, au ciel, aux étoiles et à toutes choses. Je domine dans toutes ces choses et j’entends les coups qu’elle frappe. J’ouvre toutes les portes et je me mets en route afin de venir régner. Mais elle ne s’arrête pas là ; elle grimpe plus haut et frappe à la porte de notre Divinité, à celle de tous les anges et les saints et à tous elle me fait demander que mon Fiat vienne. Que ces coups frappaient à la porte sont doux, puissants et pénétrants, parce que tout le monde ouvre et se fait tout oreille ; elle continue et demande à tout le monde ce qu’elle veut. C’est pourquoi la vie dans notre Vouloir remue ciel et terre et prépare notre œuvre à une cause si sainte.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, veux-tu savoir pourquoi nous voulons que la créature vive dans notre divin Vouloir ? C’est parce que nous voulons toujours lui faire des dons nouveaux, lui donner un amour nouveau, de nouveaux charismes ; nous voulons lui dire des choses toujours nouvelles sur notre Être divin. Et elle, parce qu’elle doit recevoir et nous écouter, si elle ne vit pas dans notre Vouloir, elle n’aura pas la place où mettre nos dons, et nous ne pouvons pas faire de dons si nous n’avons pas un endroit où les déposer ; et nous restons avec la tristesse de vouloir donner et de ne pas pouvoir le faire ; nous sommes comme suffoqués par l’amour et nous ne pouvons pas nous soulager parce qu’il n’y a personne pour le prendre ; et nous sommes contraints de voir la pauvre créature faible et ignorante. Quelle tristesse ! Alors que dans notre Vouloir, nous mettons tous nos biens en commun, et nous allons vers elle en disant : « Prends ce que tu veux et en remerciement, donne-nous le petit tribut de ton amour et de ta Volonté. »

            Par conséquent, ma fille, faisons des pactes. Nous nous mettrons d’accord que je devrai toujours te donner et que tu devras toujours me donner ton petit amour ; ainsi, nous serons toujours en communication, nous aurons toujours cela à faire ensemble, nous nous aimerons d’un même amour, nous serons heureux d’un même bonheur.

            Dans son impatience Jésus souffrait, et il reprit : Ma fille, mes souffrances embrassent les tiennes, elles les unissent aux miennes et leur font prendre vie dans mes propres souffrances, de sorte qu’elles reçoivent la valeur infinie et le bien de mes propres souffrances.

            Dans ma Volonté, les choses et les souffrances sont transformées, et d’humaines elles deviennent divines. Je sens que ce n’est pas la créature qui souffre, car je les forme en moi, je crée ses souffrances en moi afin de les souffrir avec ma créature bien-aimée ; c’est ma vie qui se répète en elle avec le cortège de mes souffrances et c’est pourquoi je les appelle mes souffrances ; et si tu pouvais savoir ce que je fais avec ces souffrances ! Je les place entre le ciel et la terre, comme une gloire et un amour éternel envers mon Père céleste, comme une défense et un refuge pour les créatures, comme un remords pour celle qui m’offense, comme un cri d’amour pour celle qui ne m’aime pas, comme une lumière pour celle qui ne me connaît pas ; bref, je leur fais remplir tous les offices des biens qui sont nécessaires aux créatures. Par conséquent, laisse-moi faire ; ce sont les œuvres que ton Jésus veut faire, et je peux les accomplir dans celle qui vit dans ma Volonté.

39.  20 mars 1938 — Ruses amoureuses de la créature qui vit dans le divin Vouloir. Exemple d’un enseignant qui possède les sciences et ne trouve personne à qui les enseigner ; d’un riche qui ne trouve personne à qui donner ses richesses.

         Je suis entre les bras du Fiat qui aime tant sa créature bien-aimée vivant en lui qu’il la tient toujours serrée dans ses bras. Il l’aime tellement qu’il la tient toujours dans son mouvement incessant. Les plus petites distances, les moindres instants où il ne la sentirait pas dans sa propre vie seraient pour lui le plus douloureux des martyres d’amour, et dans son chagrin, il lui dirait :

            Ma fille, ne t’éloigne pas de moi un seul instant ; tu blesserais mon amour, car ta vie est comme la nôtre et nous nous sentirions nous-mêmes déchirés, notre amour torturé, car tu dois savoir que ton souffle crée la vie, il souffle dans la nôtre, et lorsqu’il respire, nous nous sentons aimés ; ton mouvement s’anime dans le nôtre, il a notre vie, et travaille avec nous, il parle avec nos paroles, nous te sentons circuler dans notre Être divin comme le sang circule dans les veines des créatures et il dit et répète toujours : « Je vous aime, je vous aime. » L’âme qui vit dans notre Vouloir prend son envol et parcourt les choses créées, rassemble notre amour éparpillé dans toute la Création, et vient s’abriter dans notre Être suprême en nous faisant la surprise de nous amener tout l’amour que toutes les choses créées devraient nous donner si elles avaient la raison. Cette âme trouve toujours de nouveaux moyens pour nous aimer.

            Parfois elle va chez sa Mère la Reine pour lui demander tout son amour et nous faire la surprise de nous apporter l’amour de la grande Dame en nous disant : « Je vous apporte l’amour de ma céleste Maman pour vous aimer. » Et, combien nous sommes heureux ! Il nous est impossible d’être sans celle qui vit dans notre Vouloir.

            Oh ! Divine Volonté, combien d’amour et de puissance tu contiens pour celle qui vit en toi. J’étais si émerveillée que je ne savais plus quoi dire. Et mon bien-aimé Jésus, répétant sa petite visite, me dit avec un amour indescriptible :

            Ma fille, née et renée dans notre Vouloir, tu dois savoir que la vie dans notre Vouloir contient des prodiges et des merveilles inouïs au point d’ébranler les cieux tout entiers, et ils s’inclinent avec révérence parce que dans cette créature, nous pouvons déployer notre œuvre créatrice, nous pouvons déposer notre amour, nos délires d’amour, nos anxiétés et nos soupirs, notre Volonté ; elle fera comprendre notre suprême Majesté, elle nous fera aimer avec notre amour.

            Sans elle, nous sommes comme un enseignant qui possède toutes les sciences ; il pourrait communiquer ses leçons à toutes les universités, à toutes les écoles ; mais il ne trouve même pas un seul élève qui veuille apprendre ses sciences. Quelle tristesse pour cet enseignant qui possède toutes ces sciences sans pouvoir faire comprendre la valeur des sciences qu’ils possèdent ! Oh ! si cet enseignant pouvait trouver un seul élève qui accepterait d’apprendre ses sciences, il le prendrait sur ses genoux, il le garderait avec lui nuit et jour, il sentirait que sa science ne mourra pas, mais vivra avec son élève ; il ne serait plus seul, mais aimé par l’élève à qui il donne ses leçons et l’amertume de sa vie serait changée en joies.

            Telle est la situation de notre Être suprême. Si nous ne trouvons pas celle qui vit dans notre Divine Volonté, nous sommes comme cet enseignant qui n’a personne à qui communiquer ses leçons ; nous possédons des sciences infinies et nous n’avons personne à qui dire un seul mot parce qu’il manque la lumière de notre Vouloir qui leur ferait comprendre ce que nous voulons leur enseigner. Au contraire, si la créature vit dans notre Vouloir, nous nous sentons revivre en elle ; nous pouvons lui enseigner nos sciences divines qui formeront la vie en elle ; elle comprendra notre langue et nos merveilles célestes, elle nous aimera comme nous voulons être aimés. Notre sort et le sien seront changés ; il n’y aura plus de solitude, la compagnie sera éternelle ; nous aurons toujours quelque chose à dire et nous garderons celle qui nous écoute ; notre souffrance éternelle sera changée en joies et en festivités parce que la créature vit dans notre Vouloir.

            Mais si nous ne trouvons pas celle qui vit dans notre Volonté, nous sommes comme celui qui possède d’immenses richesses et ne trouve personne à qui les donner, personne pour prendre ses biens. Pauvre homme, il est très malheureux, noyé dans ses richesses, il souffre cruellement de solitude ; il n’y a personne qui l’aime, qui le respecte, qui lui dise un seul merci ; au contraire, il semble que tous le fuient et il ne trouve personne à qui donner ses richesses, personne qui veuille les prendre. Sans compagnie, la joie meurt, et il sent que ses biens et sa vie ne vivent pas dans les autres, et cet isolement est sa plus grande amertume.

            Oh ! combien de fois nous voulons donner, mais sans trouver personne à qui donner. Ne pas faire notre Volonté, c’est nous fermer les portes, nous empêcher d’entrer, nous garder à distance et s’entourer soi-même de misère, de faiblesse et des plus horribles passions.

            Que la vie dans notre Vouloir puisse éveiller des merveilles en chacun et nous émerveiller nous-mêmes de pouvoir mettre l’infini dans le fini, l’immensité dans la petitesse. Il est nécessaire que nous opérions ces merveilles et ces prodiges que l’amour qui règne sur notre Être divin nous pousse à accomplir, au point que les anges et les saints en demeurent étonnés et muets d’admiration.

40.  22 mars 1938 — Lorsque la créature décide de vivre dans notre Vouloir, toutes les choses sont changées pour elle, et elle devient placée dans les mêmes divines conditions. Ce à quoi serviront les enfants du divin Fiat, et comment ils porteront en eux la vie de leur Père céleste. L’ultime regard d’amour au moment de la mort.

        Je continue mon vol dans le divin Vouloir. Je peux sentir, lorsque j’entre en lui, l’air apaisant de ses vagues balsamiques. Tout est paix. Sa puissance est telle que l’âme se sent investie par une force qui la rend capable de faire n’importe quoi, même ce que fait Dieu lui-même. Divine Volonté, combien tu es capable de changer la volonté humaine ! Ta puissance renouvelle la pauvre créature en la faisant naître à une vie nouvelle. C’est alors que mon adorable Jésus, revenant me faire sa petite visite, toute tendresse, me dit :

            Ma petite fille de ma Divine Volonté, lorsque la créature décide de vivre dans mon Vouloir, tout change pour elle. Notre règne divin l’investit, et nous la faisons dominatrice de toute chose – dominatrice de notre force, de notre bonté et de notre sainteté – dominatrice de la lumière. Le ciel et la terre lui appartiennent de droit. Nous la plaçons dans une atmosphère de sécurité et de paix immuable. Aucun bien, ni santé, ni beauté, ni joies divines ne peuvent manquer à cette créature qui vit dans notre Volonté. Tous ses plus petits actes sont remplis de satisfactions au point de provoquer le sourire du ciel tout entier et de notre Être suprême lui-même. Par conséquent, nous sommes tous très attentifs lorsqu’elle aime et lorsqu’elle travaille – pour en profiter et sourire avec elle. Nous l’aimons au point de la mettre dans les mêmes conditions que nous : nous aimons même si nous ne sommes pas aimés, nous continuons à donner la vie même si on nous ignore et même si nous sommes offensés. Et si la créature revient vers nous en demandant pardon, nous ne lui faisons aucun reproche et nous la serrons contre notre Sein divin. On peut dire que c’est à nous seuls que l’homme peut faire confiance ; non seulement il ne peut pas faire confiance aux autres créatures, mais il ne trouvera en elles que de l’inconstance et de la tromperie ; et au moment où il croira pouvoir compter sur elles, elles le quitteront. L’homme ne peut croire que la créature qui vit dans notre Volonté. Cette créature fera comme nous : sans être aimée, elle aimera ; ignorée ou offensée, elle courra après celui qui l’offense pour le sauver. Nous nous sentons présents dans celle qui vit dans notre Volonté et nous l’aimons tellement que nous ne cessons de déverser sur elle des rivières d’amour pour être aimés de plus en plus d’un amour redoublé et grandissant.

            Après quoi il ajouta avec un amour encore plus tendre et plus touchant : Ma fille, la Création tout entière a été créée dans un épanchement de notre amour très intense. Par conséquent, les enfants de notre Fiat serviront la nécessité de notre amour. Notre amour ressent le besoin de s’épancher, sinon nous nous sentons suffoquer dans nos flammes. Voici pourquoi les enfants de notre Volonté sont nécessaires : pour un continuel épanchement de notre amour, et nous les mettrons dans cette même condition de sentir le besoin d’épancher leur amour en même temps que nous. Nous épancherons de l’amour l’un sur l’autre. Tout comme la Création a commencé dans un épanchement d’amour, de la même manière, nous la terminerons avec nos enfants – dans un épanchement d’amour. Nos enfants serviront à compléter dans la gloire la Création tout entière. Ce ne serait pas une œuvre digne de nous si nous ne recevions la gloire que nous doivent les créatures pour avoir créé tant de choses par amour pour elles.

            Et il y a encore ce très haut, très noble, très saint et très sublime point : nous avons tout créé pour que tout puisse être enfermé et animé par notre Volonté. Par conséquent, tout comme nous avons donné naissance à la Création, elle doit nous revenir – dans notre adorable Fiat. Si nous ne le faisions pas, ce serait comme si nous n’avions pas la puissance nécessaire pour tout faire, l’amour pour tout conquérir ou la sagesse pour pouvoir tout disposer. Les enfants de notre Fiat nous permettront d’accomplir en eux notre Volonté et ils seront par conséquent notre gloire, notre triomphe et notre victoire. Ils seront nos enfants véritables qui non seulement porteront notre image, mais la vie du Père céleste lui-même qui demeurera en eux comme leur propre vie. Ces enfants seront notre vie, nos cieux et nos soleils. Oh ! comme nous prendrons plaisir à créer en eux des vents qui soufflent l’amour et des mers qui murmurent « Je vous aime, je vous aime. » – Nous trouverons tout en eux. Il n’y aura plus de différence entre le ciel et la terre ; ce sera pour nous une seule et même chose, soit que nous les gardions avec nous dans le ciel ou avec nous sur la terre.

            Par conséquent, chéris la chose qui devrait te préoccuper le plus : vivre dans notre Volonté. Notre amour trouvera son repos, sa délivrance et sa paix en toi – ainsi que le commencement de notre bonheur sur terre dans le cœur de la créature. Notre Volonté sera constamment sur toi, pour faire grandir en toi notre vie ; notre amour t’enverra sa brise continuelle pour t’aimer toujours d’un amour nouveau et recevoir le tien comme une expression et un retour de son amour.

            Après quoi mon bien-aimé Jésus ajouta avec une tendresse si indicible que j’en avais le cœur brisé : Ma bonne fille, si tous savaient ce que je te dis concernant tout ce que ma Volonté fait avec la créature et comment elle vit avec elle, ils se jetteraient tous dans ses bras sans jamais plus la quitter. Tu dois savoir que ma Volonté est comme une vraie Mère pour la créature : elle la crée de ses mains, elle la conçoit dans son sein maternel, et elle ne la laisse jamais seule – pas même un seul instant dans ce sein maternel, comme à l’intérieur d’un lieu sacré. Ma Volonté forme la créature, lui donne l’usage de ses membres, elle l’élève avec ses souffles, lui donne sa chaleur, et après l’avoir bien formée, elle lui donne le jour. Mais elle ne la laisse jamais seule. Mieux qu’une mère, elle plane toujours au-dessus d’elle – pour veiller sur elle, l’aider, lui donner le mouvement, l’articulation de ses membres, le souffle et les battements de cœur ; et lorsqu’elle grandit, elle lui donne l’usage de la parole, des pas pour ses pieds. Il n’est rien que puisse faire la créature que ma Volonté ne fasse avec elle pour lui donner le plein usage de la vie humaine. Par conséquent, le principe de la vie humaine, de l’âme comme du corps, est formé entièrement par ma Volonté qui demeure dans la créature comme dans son refuge pour lui donner la vie éternelle.

            Ma fille, jusqu’à ce que la culpabilité commence dans la créature, tout en elle est ma Volonté ; et lorsque commence la culpabilité, commencent aussi les pleurs et les souffrances de cette céleste Mère. Oh ! combien son enfant lui manque. Mais elle ne le quitte pas. Son amour la tient liée à la créature pour lui donner sa vie, et bien qu’elle sente sa vie divine étouffée, et peut-être même inconnue de la créature et non aimée, l’amour de ma Volonté est si grand qu’il continue sa vie sans tenir compte des offenses, pour faire une surprise d’amour et sauver son enfant. Notre bonté et notre amour sont si grands que nous utilisons tous les moyens pour sortir la créature de son péché – pour la sauver ; et si nous ne réussissons pas durant sa vie, nous faisons une dernière surprise d’amour au moment de sa mort. Tu dois savoir qu’à ce moment, nous donnons le dernier signe d’amour à la créature en lui accordant avec nos grâces, amour et bonté, en témoignant des tendresses d’amour propres à adoucir et à gagner les cœurs les plus durs. Lorsque la créature se trouve entre la vie et la mort – entre le temps qui est sur le point de finir et l’éternité qui est sur le point de commencer – presque dans l’acte de quitter son corps, ton Jésus se fait voir avec une amabilité qui ravit, avec une douceur qui enchaîne et adoucit les amertumes de la vie, spécialement en ce moment extrême. Puis, il y a mon regard… Je la regarde avec tant d’amour pour faire sortir de la créature un acte de contrition – un acte d’amour, un acte d’adhésion à ma Volonté.

            En ce moment de désillusions, en voyant – en touchant de ses mains combien nous l’aimions et l’aimons encore, la créature ressent une si grande souffrance qu’elle se repent de ne pas nous avoir aimés ; elle reconnaît notre Volonté comme principe et accomplissement de sa vie et, en satisfaction, elle accepte sa mort pour accomplir un acte de notre Volonté.  Car tu dois savoir que si la créature n’accomplissait pas même un seul acte de la Volonté de Dieu, les portes du Ciel ne s’ouvriraient pas ; elles ne seraient pas reconnues comme héritière de la Patrie céleste et les anges et les saints ne pourraient pas l’admettre parmi eux – et elle-même ne voudrait pas entrer, étant consciente que cela ne lui appartient pas. Sans notre Volonté, il n’y a ni sainteté ni salut. Combien de créatures sont sauvées en vertu de ce signe de notre amour, à l’exception des plus perverties et des plus obstinées ; même si suivre le long chemin du Purgatoire serait plus convenable pour elles. Le moment de la mort est notre prise quotidienne – la découverte de l’homme perdu.

            Puis il ajouta : Ma fille, le moment de la mort est le temps de la désillusion. À ce moment, toutes les choses se présentent les unes après les autres pour dire : « Adieu, la terre est finie pour toi ; maintenant commence l’éternité. » C’est pour la créature comme si elle était enfermée dans une chambre et que quelqu’un lui dise : «Derrière cette porte, il y a une autre chambre dans laquelle se trouvent Dieu, le ciel, le purgatoire, l’enfer ; en somme, l’éternité. » Mais la créature ne peut voir aucune de ces choses. Elle les entend affirmer par d’autres ; et ceux qui les lui disent ne peuvent pas les voir non plus, de sorte qu’ils parlent presque sans même trop y croire ; sans accorder beaucoup d’importance au fait de donner à leurs paroles le ton de la réalité – comme quelque chose de certain.

            Alors, un jour, les murs tombent et la créature peut voir de ses propres yeux ce qu’on lui avait dit avant. Elle voit son Dieu et son Père qui l’aimait d’un grand amour ; elle voit les dons qu’il lui a faits, un par un ; et tous les droits d’amour qu’elle lui devait et qui ont été brisés. Elle voit que sa vie appartenait à Dieu, et non à elle-même. Tout passe devant elle : éternité, paradis, purgatoire, et enfer – la terre qui s’en va ; les plaisirs qui lui tournent le dos. Tout disparaît ; la seule chose qui lui reste présente dans cette pièce aux murs abattus : l’éternité. Quel changement pour la pauvre créature !

            Ma bonté est si grande, voulant sauver tout le monde, que je permets la chute de ces murs lorsque les créatures se trouvent entre la vie et la mort – au moment où l’âme quitte le corps pour entrer dans l’éternité – afin qu’elles puissent faire au moins un acte de contrition et d’amour pour moi, en reconnaissant sur elles mon adorable Volonté. Je peux dire que je leur donne une heure de vérité afin de les sauver. Oh ! si toutes connaissaient les industries d’amour que j’utilise au dernier moment de leur vie pour les empêcher d’échapper à mes mains plus que paternelles – elles n’attendraient pas ce moment, elles m’aimeraient toute leur vie.