📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 34


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  2 décembre 1935 — Comment la Divine Volonté darde la créature pour y agir en actrice, former la noblesse divine et rendre inséparables Dieu et la créature. Exemple : le soleil.

      Jésus mon roi d'amour et Maman ma divine Reine, oh ! tissez ma volonté dans la vôtre pour n'en faire qu'une seule, et enfermez-moi dans votre Cœur pour que je n'écrive rien en dehors de vous, mais tout dans le Cœur de mon Jésus et dans le sein de ma céleste Maman afin de pouvoir dire : « C'est Jésus qui écrit et c’est ma Maman qui me dicte les paroles. » Aidez-moi et donnez-moi la grâce de vaincre la grande répugnance que je ressens en commençant un autre tome, vous qui connaissez mon pauvre état. Je ressens le besoin d'être soutenue, fortifiée et renouvelée par la puissance de votre divin Fiat afin de pouvoir faire en toutes choses et toujours votre Divine Volonté.

            Après quoi je me sentis immergée dans le divin Vouloir qui prit l'aspect d'un acteur afin de pouvoir entrer dans les plus intimes parties de mon âme et travailler en moi. J'étais surprise et mon doux Jésus, rendant visite à ma petite âme, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, lorsque la créature agit est vit dans la Divine Volonté, notre Être suprême la darde continuellement de sa lumière. Il darde son esprit pour mettre en elle la noblesse des pensées divines de sorte que la créature ressent dans son intelligence, sa mémoire et sa volonté, la sainteté, le souvenir de son Créateur, l'amour, la Volonté de celui qui, agissant comme acteur, forme en elle l'ordre divin et la sagesse divine. Il darde de ses baisers de lumière la substance divine de son esprit, de sorte qu'en elle tout est noble, tout est saint, tout est sacré. Cet acteur de mon Vouloir, formant son siège dans l'intelligence créée, avec sa puissance et sa maîtrise, forme là son image. Il darde son cœur pour y former la noblesse de l'amour, des désirs, des affections, des battements de cœur ; il darde la bouche pour y former la noblesse des paroles ; il darde les œuvres et les pas et forme la sainteté des œuvres, la noblesse des pas. Il ne darde pas simplement l'âme, mais aussi le corps, et avec sa lumière il investit le sang et l'ennoblit, de sorte que la créature sent couler dans son sang et dans ses membres la plénitude, la sainteté, la substance de la divine noblesse. Cet acteur de ma Divine Volonté joue le rôle d'un insurpassable artisan pour transformer Dieu en créature et la créature en Dieu. Lorsque ma Volonté est arrivée à cela, l'acte le plus grand qu'elle puisse accomplir et qui est de former avec Dieu et la créature une vie unique, les rendant inséparables l'un de l'autre, ma Volonté se repose alors de son travail et ressent une grande joie parce qu'elle a conquis la créature, elle a formé en elle son œuvre et accompli sa Volonté. Ma Divine Volonté semble alors dire dans son enthousiasme d'amour : « J'ai tout accompli dans la créature, il ne me reste plus qu'à la posséder et à l'aimer. »

            J’étais inquiète en entendant cela et mon aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, pourquoi douter ? Le soleil ne remplit-il pas lui aussi sa fonction lorsqu'il darde la fleur de sa lumière, lui donnant ainsi la substance de la couleur et du parfum, lorsqu'il darde le fruit pour lui infuser la douceur et le goût, lorsqu'il darde les plantes en communiquant à chacune la substance et les effets dont elle a besoin ? Si le soleil peut faire tout cela, ma Divine Volonté peut et sait faire mieux encore toutes choses ; et tout comme le soleil cherche la semence pour lui donner ce qu'il possède, ma Divine Volonté cherche les dispositions des créatures qui veulent vivre de ma Volonté pour les darder aussitôt et leur communiquer la substance et la noblesse divines afin de former et de faire grandir sa vie.

2.  8 décembre 1935 — Prodiges de l'Immaculée Conception. Communication des droits divins. Comment Dieu ne fait rien sans sa céleste Mère.

        Je faisais ma ronde dans les actes de la Divine Volonté, et arrivée à l'acte de la création de la Vierge immaculée par le Fiat omnipotent, je m'arrêtai et, oh ! quelle surprise de prodiges inouïs. L’enchantement du ciel, du soleil et de toute la Création ne peuvent s’y comparer et, oh ! combien ils demeurent inférieurs à la Reine souveraine. Et mon doux Jésus, me voyant si surprise, me dit :

            Ma bienheureuse fille, tu dois savoir qu'il n'y a pas de beauté, de valeur ou de prodiges qui puissent se comparer à la Conception immaculée de cette céleste Créature. Mon Fiat omnipotent a fait d'elle une nouvelle Création, ô combien plus belle, plus prodigieuse que la première. Mon divin Vouloir n'a ni commencement ni fin, et le plus grand prodige était que cette Créature puisse renaître, non pas une seule fois, mais qu’elle grandisse à chaque instant, à chaque acte et à chaque prière, et dans cette croissance ma Volonté multipliait ses prodiges à l'infini. Nous avons créé l'univers de façon admirable et nous le maintenons sous l’empire de notre acte créateur et conservateur, sans rien lui ajouter. Mais dans cette Vierge, nous maintenons l’acte de création, de conservation et de croissance, et c'est le prodige des prodiges. La vie de notre Vouloir renaissait en elle, sa croissance continuait en chacun de ses actes et notre Fiat, afin de renaître en elle, s'est prononcé lui-même dans l'acte de sa Conception. Et la somptuosité, la sublimité, la hauteur, l'immensité et la puissance de notre acte étaient si grandes qu'elle prenait tout le monde dans le filet de son amour, sans rejeter personne. Tout le monde peut prendre le bien que possède notre Fiat, hormis ceux qui pourraient ne pas le vouloir. Notre Divinité, en voyant renaître notre Volonté dans cette sainte Créature lui partageait ses droits divins, de sorte qu'elle était maîtresse de notre amour, de notre puissance, de notre sagesse et de notre bonté, et Reine de notre Fiat. Elle nous ravissait par l’acte continuel de notre Vouloir et nous aimait tellement qu'elle en arrivait à nous aimer pour tous. Elle couvrait toutes les créatures, les cachait dans son amour et nous faisait ressentir l'écho de l'amour de tous et de chacun.

            Oh ! combien nous nous sentons liés et emprisonnés par l'amour de cette très Sainte Vierge. D'autant plus qu'elle nous aimait, nous adorait, nous priait et agissait avec l'acte continuel de croissance de notre Fiat qu'elle possédait. Elle avait en elle-même son Créateur. Lorsqu'elle nous aimait ainsi, nous nous sentions absorbés en elle sans être capables de lui résister, car sa puissance était si grande qu'elle nous dominait et enfermait en elle-même notre très Sainte Trinité. Et nous l'aimions tellement que nous la laissions faire ce qu'elle voulait. Qui aurait eu le cœur de lui refuser quoi que ce soit ? Nous étions heureux de la satisfaire parce qu'une âme qui nous aime est notre bonheur, parce que nous ressentions l'écho et la joie de son bonheur ; et la créature qui possède la vie de notre Volonté est tout pour nous. C'est le grand prodige de celle qui possède la vie de notre Volonté que de participer au droit divin. La créature sent alors que son amour ne finit jamais, et cet amour est si grand qu'elle peut aimer pour tous et donner à tous de l'amour, car son acte continuel de croissance ne dit jamais à sa sainteté que cela suffit. D'autant plus que la Reine souveraine qui possède la vie de notre Volonté peut toujours nous donner, toujours nous parler, toujours nous tenir occupés, et nous avons toujours à lui donner et à lui communiquer nos secrets amoureux, si bien que nous ne faisons jamais rien sans elle. C'est en elle d'abord que nous les faisons sentir, puis nous les déposons dans son Cœur maternel et c’est de ce Cœur qu'ils descendent dans l'heureuse créature qui doit recevoir ce bien.

            De sorte qu'il n'y a pas de grâce qui descende sur la terre, il n'y a pas de sainteté qui soit formée ni de pécheur qui se convertisse, il n'y a pas d'amour qui descende de notre trône qui n’aient d’abord été déposés dans son Cœur de mère qui forme la maturation de ce bien, le féconde de son amour. Elle l'enrichit de ses grâces et, si nécessaire, avec la vertu de ses souffrances, elle le dépose dans la créature qui doit le recevoir. Si bien que celle qui le reçoit ressent la divine Paternité et la Maternité de sa Mère céleste. Nous pouvons le faire sans elle, mais nous ne le voulons pas. Qui aurait le cœur de la mettre de côté ? Notre amour, notre sagesse infinie, notre Fiat lui-même nous l'imposent, et ne nous laissent rien faire qui ne descende d'abord à travers elle.

            Tu vois par conséquent jusqu'où va notre amour pour celle qui vit de la Divine Volonté - jusqu'à ne rien vouloir faire sans elle. Elle est l'harmonie de notre sagesse infinie qui tourne toujours autour de nous comme tourne la Création de l'univers, et en tournant, ils fécondent la terre et maintiennent la vie naturelle de toutes les créatures. Ainsi, cette Création nouvelle de la Conception de la Dame immaculée tourne toujours autour de Dieu et Dieu tourne toujours autour d'elle, et ils maintiennent la fécondité du bien, ils forment la sainteté des âmes et le rappel des créatures vers Dieu.

3.  15 décembre 1935 — Comment l'amour véritable veut se faire connaître, se répandre, courir et voler à la recherche de celle qu'il aime parce qu'il sent le besoin d'être aimé en retour. Puissance de l’acte créatif que reçoit la créature en tournant dans la Création.

         Mon pauvre esprit est toujours transporté dans la mer de la Divine Volonté qui lui rend présent et comme en acte tout ce qu'elle a fait par amour pour les créatures, et elle attend ardemment que les créatures reconnaissent ce qu'elle a fait, combien elle les a aimées, et de pouvoir leur dire dans leurs actes : nous les faisons ensemble, nous ne travaillons plus seule, si bien que ce que j'ai fait, tu le fais aussi, et que nous pouvons dire avec un amour égal que nous nous sommes aimées. Comme il est beau de pouvoir se dire l'une à l'autre, tu m'as aimée et je t'ai aimée. C'est la compensation des œuvres les plus grandes et des plus douloureux sacrifices.

            Mon esprit tournait dans la Création, dans l'acte où le Fiat omnipotent se prononçait, créait et étendait le ciel azuré, et mon éternel amour, mon doux Jésus, se réjouissait de m'avoir avec lui dans cet acte pour lui tenir compagnie et, en me gardant, il me dit :

            Ma bonne fille, aimer et ne pas se faire connaître est contraire à la nature de l'amour véritable parce que l'amour vrai veut se répandre, courir et voler à la recherche de celle qu'il aime. Et après l'avoir trouvée, s'il l'enferme et la cache dans son amour pour la transformer en ses propres flammes, il veut trouver en elle son même amour, ses mêmes œuvres accomplies par amour par celle qu'il aime. Et comme la créature ne peut jamais faire ce que nous faisons pour elle, notre amour appelle la créature, la cache dans son propre amour, et la fait agir avec notre acte créatif et conservateur, de sorte que la créature peut dire en réalité : « Je t'ai aimé. Ce que tu as fait pour moi, je l’ai fait aussi pour toi.» Et nous nous sentons réellement aimés en retour avec notre même amour et nos mêmes œuvres.

            Tu dois savoir que lorsque la créature s'élève elle-même avec sa volonté dans la nôtre, dans les choses que nous avons créées, notre Être suprême renouvelle en elle l'acte créatif, et, oh ! les merveilles de grâce, de sainteté, de soleils dans son âme que nous accomplissons. Notre acte fait ses délices de se répéter lui-même et lorsque la créature tourne dans les choses créées, notre amour veut se faire connaître, il veut lui faire toucher de la main combien nous l'aimons, et il répète en elle notre acte créatif qui n'est jamais sujet à s’interrompre, de sorte qu'elle ressent toute la force de notre amour, la puissance de nos œuvres ; et saisie de stupeur, elle nous aime avec la force créatrice que nous avons infusée en elle. Et, oh ! quelle satisfaction de nous voir connus et aimés par celle que nous aimons tant.

            Si nous avons créé tant de choses, c'est que nous attendions la créature pour lui faire connaître combien nous l'aimons et lui donner en chaque chose créée la potentialité de notre amour afin de nous faire aimer. L’amour, lorsqu'il n'est pas connu, est malheureux, et lorsqu'il n'est pas retourné par celle qu'il aime, il se sent entravé dans son action, sa vie se perd et ses plus belles œuvres tombent dans l'oubli. Mais lorsque l'amour est connu et aimé, sa vie multiplie notre acte créateur dans la créature afin d'être aimé comme nous l'aimons. Son action est libre, il peut voler vers la créature bien-aimée, la presser sur son sein pour l'aimer et nous faire aimer par elle, et notre amour ressent le bonheur de l'amour qu'elle nous apporte.

            Par conséquent, il n'y a pas de plus grand honneur que la créature puisse nous rendre que de venir dans notre Divine Volonté. Lorsque nous la voyons arriver, nous mettons à sa disposition toute la Création qui lui appartient parce que c'est pour elle que tout a été fait. Et en tournant dans chaque chose créée, elle trouve notre puissance créatrice qui l’investit et lui communique notre amour qui est en chaque chose créée. Et elle peut nous aimer avec notre force créatrice qui s'élève. Elle peut nous aimer comme elle le veut et autant qu'elle le veut, et c'est ainsi que l'amour du Créateur et de la créature échangent un baiser. L’un se repose dans l'autre et ils ressentent tous deux la satisfaction de l'amour en vérité. Oh ! combien est belle la compagnie de celle qui nous aime. Notre satisfaction est si grande que notre amour s'élève et invente des œuvres plus belles encore, des industries d'amour pour aimer et nous faire aimer.

4.  29 décembre 1935 — Le poste royal de la créature dans l'union de la Divine Unité. Comment elle demeure unie en lui et peut former les plus rares beautés et l’enchantement de son propre Créateur.

        Je suis entre les bras du divin Fiat qui attire tellement que mon petit rien se trouve perdu dans le Tout, et bien que perdu, il sent que sa vie est soutenue, nourrie et ravivée par le Tout ; et si je voulais m'en retirer, ce serait impossible parce que je ne trouverais même pas un trou où me réfugier sans y retrouver mon Tout, et mon petit rien n'aurait plus de vie. Je sentais que le divin Vouloir soufflait sur mon rien et me faisait sentir sa vie, son amour et sa puissance, mais alors que mon esprit nageait dans le Tout et dans son interminable lumière, mon bien-aimé Jésus rendit visite à ma petite âme et, toute bonté, il me dit :

            Ma petite fille de ma Volonté, comme il est surprenant, merveilleux et sublime de travailler dans mon divin Vouloir. Lorsque la créature accomplit son acte en lui, cet acte est débarrassé de ce qu'il a d'humain et il acquiert l'union de l'unité de l'acte divin. La créature occupe alors son poste royal, son acte est dans l'unité de notre acte unique, et si elle aime, elle aime dans notre unité ; si elle nous adore, si elle nous bénit, si elle nous comprend, c'est à l'intérieur de notre unité ; elle ne voit, ne fait et ne sent rien en dehors de nous. Tout se passe à l’intérieur de notre Être divin et elle peut dire : « Je ne connais, je n'aime et je ne veux rien d'autre que le divin Vouloir, et que son unité me maintienne enclose en lui. »

            Le plus grand bonheur, la grâce la plus sublime pour la créature, la gloire, le plus grand honneur pour nous est de posséder la volonté humaine et son acte dans notre unité, et sais-tu pourquoi ? Parce que nous pouvons alors donner de l'amour quand nous le voulons et nous faire aimer quand nous le désirons. Nous pouvons l'enrichir de grâce, de sainteté et de beauté, et nous sentir ravis par les biens et la beauté que nous avons infusés en elle. Nous pouvons aimer cette créature, confier le Tout au rien, puisqu'elle contient ce qui est à nous, et elle sentira la puissance et l'amour qui la rendront capable de défendre le Tout. Nous nous sentons en sécurité dans ce rien parce que nous lui avons accordé nos armes pour nous mettre en sécurité et nous défendre.

            Mais ce n'est pas tout. Tout ce que peut faire la créature, les actions naturelles, les actes les plus indifférents, les paroles, les œuvres, les pas, tous ces actes possédant notre unité sont unis aux nôtres, symbole du soleil qui avec les effets de sa lumière forme la beauté, les floraisons, l'enchantement de toute la Création. Revêtu de la lumière de mon Fiat, tout devient son effet. L'acte et la Volonté sont un, mais les effets sont innombrables qui peuvent former les plus rares beautés et l’enchantement le plus séduisant pour celui qui l’a créée et qui la possède dans son Unité.

            Ma fille, notre Être suprême possède un acte unique, si bien que dans toute la Création chaque créature n'est rien d'autre que l'effet de l'unité de notre acte de sorte qu'en s'unissant la volonté humaine devienne notre effet continuel. Et sais-tu ce que signifie cet effet ?  : lui donner toujours et toujours recevoir de la créature.

            Je demeurais stupéfaite et fixée dans le divin Vouloir, et je comprenais tant de choses sur cette union dans l'unité divine. Elle enfermait toute la Création, et toutes les créatures étaient encloses dans cette unité, soutenues et unies dans cette unité qui soutient et donne vie à toutes choses. Et je regardais le ciel avec toutes ses lumières et sa beauté qui possédait toute la variété des couleurs dans la voûte azurée. Et ces lumières si nombreuses faisaient cependant une unité qui pénétrait les cieux et descendait dans les profondeurs pour donner à tous la lumière sans jamais s'arrêter. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, ces lumières sont les merveilles des actes accomplis dans mon divin Vouloir. Comme elles sont belles ; elles portent l'empreinte de leur Créateur.

5.  5 janvier 1936 — Celle qui vit dans le divin Vouloir forme la petite vie de la Divine Volonté dans la créature. Comment elle devient aimée par Dieu d'un amour nouveau et redoublé.

       Ma pauvre et petite volonté ressent le besoin extrême du divin Vouloir. Sans lui, je suis dans le jeûne, sans force, sans chaleur et sans vie. Je sens la mort à chaque instant parce qu'il n'y a personne d'autre pour me nourrir de sa vie. C'est pourquoi je répète : « J'ai faim. Viens ô Divine Volonté me donner ta vie et me rassasier de toi, sinon je vais mourir. » Je délirais en voulant sentir en moi la plénitude de la Divine Volonté lorsque mon doux Jésus, répétant en moi sa brève visite, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, ton délire, ta faim, ton besoin extrême de vouloir sentir la vie de ma Volonté à chaque instant sont pour moi des blessures au Cœur, des larmes d'amour qui me forcent à courir, à voler vers toi pour faire grandir en toi la vie de ma Volonté. Tu dois savoir que lorsque la créature veut faire ma Volonté pour qu'elle vive et émette ses actes dans la créature, elle appelle son Créateur qui se sent appelé par la puissance de son propre Vouloir dans la créature, ce qu’il ne peut refuser ni retarder le moindrement. Au contraire, comme nous ne nous laissons jamais vaincre en amour, dès que nous voyons qu'elle va nous appeler, nous ne lui en laissons pas le temps, nous l'appelons et elle accourt dans notre Être divin comme en son propre centre, elle se jette dans nos bras et nous la pressons contre nous pour la transformer en nous, dans un accord parfait entre Créateur et créature. Et notre enthousiasme d'amour est si grand que nous l'aimons d'un amour nouveau et redoublé. Mais ce n'est pas assez ; nous lui donnons une communication avec notre Être suprême afin de nous faire aimer par elle d'un amour nouveau et redoublé, et si tu savais ce que signifie être aimé par Dieu d’un amour nouveau et redoublé, et pouvoir aimer d’un amour nouveau et redoublé. Ces merveilles et ces prodiges n'existent que dans notre Divine Volonté. Dieu s'aime lui-même dans la créature, tout est sien. Il n'est donc pas étonnant qu'il mette en œuvre son amour toujours nouveau, le redouble 100 fois et autant qu'il veut, et qu’il accorde une grâce à la créature afin qu'elle puisse l'aimer avec son propre amour. S'il n'en était pas ainsi, la disparité serait grande entre celui qui peut aimer et celle qui ne peut pas aimer, et la pauvre créature resterait humble, anéantie, sans élan et sans union d'amour avec son Créateur. Et lorsque deux êtres ne peuvent pas s'aimer d'un même amour, cette inégalité produit de la tristesse, alors que notre Volonté est Unité et qu'elle donne librement son amour à la créature pour qu'elle puisse aimer. Elle lui donne sa sainteté pour la rendre sainte, sa sagesse pour se faire connaître ; il n'est rien que ma Volonté possède et qu'elle ne lui donnerait pas. D'autant plus qu'en vivant dans notre Fiat, en mettant de côté sa volonté pour donner vie à la nôtre dans ses actes, la créature a formé en elle la petite vie de notre Vouloir qui demande à grandir, et il suffit d'un acte de plus dans mon Vouloir pour qu'il grandisse, d'un soupir pour satisfaire la faim, d'un désir entier pour que mon Vouloir accoure dans tout son être et forme la nourriture suffisante pour que la créature se sente satisfaite avec tout ce qui appartient à son Créateur. La plus grande attention est nécessaire et ma Volonté fera tout ce qu'il faut pour former sa vie dans la créature.

6.  22 janvier 1936 — Celle qui vit dans la Divine Volonté forme le théâtre des œuvres de son Créateur et répète en elle-même la scène émouvante de la Rédemption.

        Je faisais ma ronde dans les actes de la Divine Volonté et cherchais à revêtir de mon amour le ciel, le soleil et toute la Création. J’arrivais dans les actes de la Rédemption et mon doux Jésus a enclos ses actes en moi et répété les scènes les plus émouvantes pour me rendre mon petit amour. J’étais surprise et mon bien-aimé Jésus, toute tendresse et tout amour, me dit :

            Ma bonne fille, fille de ma Volonté, tu dois savoir que mon amour est si grand que pour m’en libérer je veux répéter mes œuvres ; mais en qui puis-je le faire ? En qui puis-je trouver la place où les enclore pour me sentir aimé ? En celle qui vit dans ma Volonté. Lorsque la créature fait sa tournée dans mes œuvres afin de les connaître, de les aimer et de les appeler, elle les reproduit en elle et forme ainsi le théâtre de nos œuvres, et combien de scènes émouvantes. Voilà le ciel qui s’étend, le soleil qui se lève dans toute sa majesté, la mer qui murmure et forme ses vagues comme pour inonder d’amour son Créateur ; voilà maintenant que la créature forme les champs de fleurs les plus belles en leur faisant nous dire son petit refrain : « Je vous aime, je vous glorifie, je vous adore, et que votre Fiat vienne régner sur la terre. » Il n’y a pas un être que la créature n’appelle en elle-même pour nous répéter sa petite histoire : « Je vous aime, je vous aime. » Ma fille, notre amour n’est pas satisfait s’il ne peut tout donner et répéter nos œuvres en celle qui vit dans notre Volonté.

            Mais ce n’est pas tout, et tu le sens. En tournant dans les œuvres de la Création, elle répète mes œuvres et c’est mon très grand plaisir et délice d’assister aux très splendides scènes de la Création dans la créature, et lorsqu’elle tourne dans les actes de la Rédemption pour les faire siens, je répète ma vie. De sorte que je répète ma Conception, ma Naissance durant laquelle les Anges répètent le gloire au Ciel et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, et si l’ingratitude humaine m’oblige à pleurer, je pleure en elle parce que je sais que mes larmes seront payées de retour et ornées de son « Je vous aime ». C’est pourquoi je passe pour répéter ma vie, mes pas, mes leçons, et lorsqu’ils me renouvellent les coups, les souffrances, la Crucifixion et la mort, je ne souffre jamais en dehors de cette créature, mais je vais en elle pour endurer mes souffrances, la croix et la mort parce qu’elle ne me laissera pas seul, qu’elle prendra part à mes souffrances et restera crucifiée avec moi, et me donnera sa vie en échange de ma mort.

            C’est ainsi que dans celle qui vit dans ma Volonté je trouve le théâtre de ma vie, les scènes émouvantes de mon enfance et de ma Passion ; je trouve les cieux qui me parlent, les soleils qui m’aiment, les vents qui gémissent d’amour pour moi, bref, toutes les choses créées réunies pour me dire un petit mot, un « Je vous aime », un témoignage de reconnaissance. Mais qui les fait parler ? Qui prend la voix de toutes choses ? Celle qui vit dans ma Volonté. Ma Volonté la transforme au point qu’il n’y a pas d’amour qu’elle ne donne ni d’œuvre que ma Volonté ne puisse répéter en elle. Ces créatures peuvent par conséquent se dire les vies de ma Volonté et les répétitrices des œuvres de leur Créateur.

7.   1er mars 1926 — Les prodiges de l’Incarnation du Verbe divin. Comment les Cieux en sont étonnés et les Anges en restent muets. Les prodiges de l’œuvre de la Divine Volonté dans la créature. La divine Trinité appelée en conseil. Comment Dieu en la créant place une dose de son amour dans la créature.

        Je subis la privation de mon doux Jésus et je me sens accablée comme si ma vie voulait s'arrêter. Mais le divin Vouloir triomphe de mon petit être en se levant dans mon âme et il m'appelle à vivre ma journée dans sa Volonté. J'ai l'impression que lorsque je me sens mourir sans mourir, il forme sa victoire et son triomphe, et que sa vie surgit plus belle par-dessus ma volonté mourante, pleine de majesté et d'un amour redoublé. Oh ! Divine Volonté, combien tu m'aimes ! Tu me fais ressentir la mort afin de mieux centraliser ta vie en moi.

            Après quoi je continuai ma journée dans ses actes divins, et arrivée à l'Incarnation du Verbe l'amour était si grand que je me sentais brûlée et consumée dans ses flammes divines. Et Jésus, mon très grand bien, noyé dans ses flammes d'amour, me dit :

            Ma bienheureuse fille, mon amour était si grand en m'incarnant dans le sein de ma céleste Mère que le ciel et la terre ne pouvaient pas le contenir. L'acte de mon Incarnation s'est produit en un acte unique d'amour si intense, si fort et si grand, qu'il était plus que suffisant pour brûler d'amour toutes choses. Tu dois savoir qu'avant de m'incarner, mon céleste Père regarda en lui-même, et incapable de contenir l'enthousiasme de son amour, il déversa des mers et des torrents d'amour. Dans cet enthousiasme d'amour, il regarda son Fils, je me retrouvai dans ces mêmes flammes d'amour et je me commandai à moi-même de pouvoir m'incarner. C'est cela que je voulais, et dans un élan d'amour, sans quitter mon Père ni le Saint-Esprit, le grand prodige de l'Incarnation s'est produit. Je restai avec mon Père tout en descendant en même temps dans le sein de ma Mère. Les Trois Personnes Divines étaient inséparables et par conséquent je pouvais dire : Je restai au ciel et descendis sur terre, et le Père et le Saint-Esprit sont descendus avec moi sur terre et ils restaient au ciel. Il y avait dans cet acte si grand de notre Être divin un tel débordement d'amour que les Cieux en demeuraient stupéfaits et les Anges surpris et muets, tous blessés dans nos flammes d'amour. L'Incarnation n'était rien d'autre qu'un acte de notre Divine Volonté. Y a-t-il une chose que notre Volonté ne puisse faire ? Par sa puissance et son amour infini, elle parvient même à opérer ce prodige inouï, encore inconnu, de nous faire demeurer au Ciel et de descendre dans la prison du sein maternel. C'est ce que voulait notre Volonté, et c’est ce qui fut.

            Ma fille, chaque fois que l'âme veut faire notre Volonté, mon Père céleste regarde premièrement en lui-même, appelle en conseil la sacro-sainte Trinité afin de remplir cet acte de notre Volonté de tous les biens possibles et imaginables. Il la fait ensuite sortir de lui-même et fait investir la créature par cette Volonté agissante, communicante et transformante ; et tout comme dans l'Incarnation les Trois Personnes divines sont restées au Ciel et descendues dans le sein de la Vierge immaculée, ma Volonté, par sa puissance, transporte avec elle dans son acte coopératif la divine Trinité dans la créature tout en la laissant au Ciel, et elle forme alors dans la volonté humaine son acte divin.

            Qui pourra dire les merveilles encloses dans cet acte de notre Volonté ? Notre amour s’élève et se diffuse au point de ne plus trouver où se mettre, et lorsqu'il a tout rempli, il se retire en notre source, et notre sainteté se sent honorée par l'acte divin de notre Volonté à l'œuvre dans la créature, et elle se répand en grâces surprenantes afin de communiquer sa sainteté à toutes les créatures. Ce sont des prodiges inimaginables que ma Volonté accomplit lorsque la créature l'appelle à travailler en elle. Par conséquent, fais tout disparaître dans ma Volonté. Nous mettrons tout en ton pouvoir et tu seras capable de tout nous donner, même nous-mêmes.

            Après quoi je sentais ma petite intelligence si remplie de la Divine Volonté qu'elle ne pouvait la contenir. Je poursuivis ma ronde dans ses actes divins et j'arrivai à l'acte où la Reine immaculée fut conçue. Je comprenais comment l'Être suprême, avant de l'appeler à la vie, déversa en elle tant d'amour qu'elle ressentait le besoin d'aimer son Créateur et avait en elle-même cet amour qu'elle exprimait. J'étais surprise et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, ne sois pas surprise. Lorsque nous donnons le jour à une créature, nous lui accordons toujours en la créant une dose d'amour. Nous lui accordons ainsi sa part de notre divine Substance et, selon les desseins que nous formons sur elle, nous augmentons la dose de notre amour. Si bien que chaque créature possède en elle-même une particule de la substance de l'Amour divin. Autrement, comment pourrait-elle nous aimer si nous n'avions pas sorti ce qui vient de nous pour nous faire aimer ? Ce serait demander à quelqu'un ce qu'il ne possède pas. Nous savons déjà que la créature ne possède rien par elle-même ; par conséquent, nous devons enclore comme en un sanctuaire notre amour et notre Volonté pour lui demander de nous aimer et de faire notre Vouloir. Et si nous le demandons, c'est parce que nous savons qu'elle a en son pouvoir notre amour et notre Vouloir que nous avons nous-mêmes placés dans les profondeurs de son âme. Si la créature nous aime, cette dose de notre amour surgit, est magnifiée, et la créature ressent le besoin de nous aimer plus puissamment et de vivre de la Volonté de son Créateur. Si elle ne nous aime pas, cet amour ne grandit pas et les faiblesses humaines, les passions, forment la cendre de notre amour, au point que la créature en arrive à ne plus ressentir le besoin de nous aimer. La cendre a recouvert et étouffé notre Feu divin, et bien que le feu existe, elle ne le sent pas. Alors que chaque fois que la créature nous aime, elle ne fait rien d'autre que souffler pour chasser la cendre afin de sentir le feu qui brûle en son sein. Ce feu deviendra si grand qu'elle ne sera plus capable de vivre sans nous aimer.

            Ma fille, dès le premier instant de sa conception, la Reine immaculée, comme elle sentait en elle plus que sa propre vie l'amour de son Créateur et notre Volonté agissante, nous aimait tellement qu'elle ne perdait pas un seul instant sans nous aimer et magnifiait et ainsi cette dose d'amour au point de pouvoir nous aimer pour toutes les créatures, de donner de l'amour à toutes, et d'aimer chacune d’elle toujours et sans jamais cesser. Tu dois savoir que notre amour est si grand qu'en plaçant cette dose d'amour dans la créature nous mettons en elle une semence de bonheur, car le vrai bonheur doit occuper son poste royal dans l'âme. Le bonheur qui ne réside pas dans l'âme ne peut pas être appelé un bonheur véritable. C'est un vent impétueux qui remplit la pauvre créature d'amertume, se disperse bientôt en laissant des traces converties en épines qui la rendent amère. Il n'en est pas ainsi pour le bonheur que nous plaçons à l'intérieur de l'âme. Il est durable et grandit toujours, il se félicite et il nous félicite. La créature qui n’aime pas ne peut jamais être heureuse, celle qui n'aime pas ne peut jamais avoir aucun dessein ni aucun intérêt pour achever une œuvre ni sentir l'héroïsme de faire du bien à quelqu'un ; le sacrifice qui donne à l'amour les plus merveilleuses teintes n'existe pas pour elle.

            C'est pourquoi la très Sainte Vierge possédait la mer de bonheur, car elle avait autant de vies d'amour que de créatures existantes. De plus, en ne faisant jamais sa volonté et toujours la mienne, elle formait autant de vies de ma Volonté en elle, de sorte qu'elle peut donner à chaque créature une vie d'amour et une vie de divin Vouloir. Il est donc juste qu'elle soit Reine de l'amour et Reine de la Volonté suprême. C'est pourquoi la Reine souveraine aime et désire avec ardeur faire sortir ces vies pour les déposer dans les créatures et former le Royaume de pur amour et le Royaume de notre Volonté. Elle atteindra ainsi le point maximum d'amour pour son Créateur, et le point maximum d'amour et de bienfaits pour les créatures.

8.   21 avril 1936 — Étalage divin pour celle qui vit dans sa Volonté ; comment il la rend participante de ses œuvres. Comment il veut toujours donner et œuvrer avec la créature.

         Je suis toujours dans la mer du divin Vouloir où je trouve force, paix et amour, car en voyant ma petitesse et que je ne suis bonne à rien, la Divinité qui m'aime tant met sa Volonté à l'œuvre dans ma petitesse, arme de sa sainteté, sa sagesse, sa bonté et sa force la lumière qui m'entoure pour que sa Volonté trouve en moi ses divines qualités afin de pouvoir faire agir en moi son acte. C'est elle qui vient donner la grâce à la créature pour la faire œuvrer en elle. Après quoi je suivis les actes de la Divine Volonté qui me portait dans ses bras, me soutenait, s'insufflait en moi pour me faire recevoir la participation de ses actes. J'arrivai dans l'acte de la Conception de la Vierge et je me trouvai dans le petit Cœur de la Vierge conçue. Mon Dieu, je ne sais plus quoi dire, je ne sais plus comment continuer, mais mon doux Jésus, me faisant comprendre, m'a dit :

            Bienheureuse fille de mon Vouloir, tu as raison, tu es inondée par les vagues de mon Vouloir, tu te noies et ta petite capacité reste perdue et a besoin de ton Jésus afin de mieux expliquer ce que tu vois, mais que tu ne sais pas comment le dire. Sache, ma fille, que notre amour est si grand pour celles qui veulent vivre et qui vivent dans notre divin Vouloir que nous les rendons participantes de toutes nos œuvres dans la mesure où cela est possible pour une créature et en lui donnant le mérite de nos œuvres divines. Lorsque la créature entre dans notre Volonté, celle-ci met en action son œuvre divine comme si elle agissait en cet instant même, et en unissant la créature à son acte, elle lui fait voir les prodiges de son œuvre, elle confirme la créature dans le bien et lui fait sentir la vie nouvelle de son acte ; tu as vu la conception de la Reine souveraine et en étant dans ma volonté tu t'es vue toi-même conçue dans son sein maternel. Tu vois combien grande est la différence pour celle qui vit dans ma Volonté et les prodiges inouïs de l’Immaculée Conception. Ma Volonté qui animait cette conception, et à laquelle personne ne peut échapper, appelait toutes les créatures à être présentes afin qu’elles puissent rester conçues dans son sein virginal et recevoir sa Maternité, son aide, sa défense, et trouver le refuge et le soutien de cette céleste Mère.

            Celle qui vit dans notre Vouloir se trouve dans l'acte qui conçoit. Elle est la fille dont la volonté cherche spontanément sa Mère et elle prend place, enclose dans le sein maternel, afin que la céleste Reine soit sa Mère. Cette créature aura part aux richesses de la Reine souveraine, à ses mérites, à son amour. Elle sentira en elle la noblesse et la sainteté de cette Reine parce qu'elle sait à qui elles appartiennent. Et Dieu la rendra participante des biens infinis et de l'amour exubérant présents à la Conception de cette sainte Créature. Ainsi, lorsque la créature recherche nos œuvres et les appelle dans notre Volonté pour les connaître et les aimer, nous mettons notre Volonté au centre de ses actes et nous lui faisons ressentir tout notre amour, la puissance de notre force créatrice ; et la petitesse de la créature est comblée au point de ne plus pouvoir en contenir davantage.

            Ma fille, il nous serait impossible de ne pas faire participante de nos œuvres celle qui vit dans notre Volonté, et ce ne serait pas non plus notre amour véritable parce que nous possédons par nature la force communicative et nous voulons communiquer à tous nos biens divins. Ce sont les créatures qui les rejettent, mais pour celle qui vit dans notre Vouloir, nous nous manifestons en communiquant nos biens ; nous ne trouvons en elle aucune opposition, sinon nous empêcherions d’agir notre Être divin. Mais c'est notre bonheur à nous d'aimer, de donner en abondance à nos créatures bien-aimées.

            Tu vois maintenant la grande différence qui existe pour celle qui vit dans notre Volonté. Les autres créatures se trouvent dans nos œuvres, dans la Conception de la Sainte Vierge, dans l'Incarnation du Verbe, dans mes souffrances, dans ma mort et même dans ma Résurrection, mais elles s’y trouvent en vertu de notre puissance et de notre immensité, je dirais presque par nécessité et non par amour, ni parce qu'elles connaissent nos biens ou parce qu'elles aiment faire en eux leur séjour pour y trouver leur joie ; en fait, c'est parce que rien ne peut échapper à notre Être divin. Alors que la créature qui vit dans notre Volonté recherche nos œuvres, les connaît, les aime et les apprécie ; elle vient prendre sa place en elles, et elle aime et travaille avec nous. C'est pourquoi elle en est participante, et acquiert des connaissances et un amour nouveaux. Tandis que les autres ne connaissent pas nos œuvres, ne nous aiment pas et n’ont pas un mot à nous dire. On pourrait dire qu'elles encombrent notre immensité, et souvent pour nous offenser.

            C'est par conséquent notre ardent désir que l'âme vive dans notre Vouloir. Nous avons toujours quelque chose à faire avec elle et à lui donner. Elle se tient toujours avec nous, un acte en appelle un autre et nous nous connaissons bien. Notre Volonté nous la fait connaître et aimer et forme ainsi l'union éternelle de la créature dans notre Volonté.

9.   20 mai 1936 — Différence entre celle qui appelle la Divine Volonté dans ses actes et celle qui accomplit de bonnes œuvres sans elle. L'Ascension ; comment il monta aux Cieux et resta sur la terre.

       Mon pauvre esprit continuait à tourner dans les actes de la Divine Volonté et je me disais : Quelle différence y a-t-il entre celle qui appelle la Divine Volonté dans ses actes et celle qui fait de bonnes œuvres sans l'avoir appelée ? Et mon doux Jésus me fit sa petite visite et me dit : 

            Ma fille, il n'y a pas de comparaison possible entre l'une et l'autre. La première, en appelant ma Volonté dans ses actes, se débarrasse de ce qui est humain et elle forme le vide dans son vouloir humain pour faire de la place au mien. Mon Vouloir embellit, sanctifie, forme sa lumière dans ce vide avant de prononcer son Fiat créateur, et il appelle à la vie son œuvre divine dans cette œuvre humaine. Et la créature non seulement participe à cet acte, mais elle devient propriétaire de l'acte divin qui possède la puissance, l'immensité, la sainteté et la valeur divine qui sont inépuisables. C'est pourquoi dans celle qui vit dans notre Vouloir, nous nous trouvons nous-mêmes avec nos actes qui nous honorent et nous couronnent.

            Par contre, en celles qui font de bonnes œuvres sans être animées par notre Vouloir, ce n'est pas nous-mêmes que nous trouvons, mais l'acte fini de la créature, et comme nous ne trouvons rien de nous dans ce qu'elles font nous leur donnons le mérite comme paiement, mais ce paiement n'est pas la propriété qu'elles peuvent toujours produire. C'est pourquoi ces créatures symbolisent celles qui vivent au jour le jour et difficilement avec le paiement qu’elles reçoivent. Mais elles ne deviennent jamais riches, elles ressentent toujours le besoin d'être payées pour leurs œuvres afin de pouvoir vivre. Et si elles ne travaillent pas, elles courent le risque de mourir de faim, c'est-à-dire de ne pas avoir la satisfaction du bien, la vie des vertus, mais la sordide misère des passions.

            Au contraire, pour celle qui vit dans notre Vouloir, tout est abondance. Nous lui disons nous-mêmes : prends ce que tu veux et autant que tu peux prendre. Nous mettons à ta disposition nos richesses, notre lumière, notre sainteté et notre amour parce que ce qui est à nous et à toi et ce qui est à toi est à nous. Il ne nous reste plus qu'à vivre et à travailler ensemble.

            Après quoi j’accompagnai l'Ascension de Jésus au ciel. Comme il était beau, toute majesté, entouré de la plus brillante lumière qui ravissait et captivait les cœurs. Et mon doux Jésus, toute bonté et tout amour, me dit :

            Ma bienheureuse fille, il n'est rien dans ma vie qui ne symbolise le Royaume de ma Divine Volonté. En ce jour de mon Ascension, je me sentais victorieux et triomphant ; mes souffrances étaient terminées et je les laissais parmi mes enfants sur la terre pour les aider et les soutenir, comme un refuge où se cacher dans leurs propres souffrances et s'inspirer de mon héroïsme dans leurs sacrifices. Je peux dire que j'ai laissé mes souffrances, mes exemples et ma vie elle-même comme une semence qui grandit pour former le Royaume de ma Divine Volonté. De sorte que je partais et restais en même temps. Je restais en vertu de mes souffrances, je restais dans leur cœur pour être aimé, et après que ma très sainte Humanité fut montée au ciel, je me sentais davantage pressé par le lien de la famille humaine. Et comme je n'aurais pas été adapté pour recevoir l'amour de mes enfants et de mes frères que je laissais sur la terre, je suis resté dans le Très Saint Sacrement afin de pouvoir toujours me donner à eux et qu'ils puissent me recevoir continuellement pour trouver le repos, le soulagement et le remède à tous leurs besoins. Nos œuvres ne souffrent pas la mutabilité. Ce que nous faisons une fois, nous le faisons toujours.

            J'avais aussi en ce jour de mon Ascension une double couronne. La couronne de mes enfants que j'amenais avec moi dans la céleste Patrie, et la couronne de mes enfants que je laissais sur la terre. Ils symbolisaient le petit nombre qui seront le commencement du Royaume de ma Divine Volonté. Tous ceux qui m'ont vu monter au Ciel ont reçu de nombreuses grâces pour consacrer leur vie à faire connaître le Royaume de la Rédemption et poser les fondations de mon Église afin de rassembler dans son sein maternel toutes les générations humaines. C'est ainsi que les premiers enfants du Royaume de ma Volonté seront peu nombreux, mais les grâces dont ils seront investis seront si grandes et si nombreuses qu'ils consacreront leur vie à appeler toutes les âmes à vivre dans ce saint Royaume. Une nuée de lumière m'a caché à la vue de mes disciples qui sont restés figés en regardant ma Personne. L’enchantement de ma beauté était si grand que leurs yeux ravis ne pouvaient plus s'abaisser pour regarder la terre, si bien qu'il a fallu un Ange pour les secouer et les faire retourner au cénacle.     

            C’est également le symbole du Royaume de mon Vouloir. La lumière sera si grande qu'elle va investir ses premiers enfants qui porteront la beauté, l'enchantement et la paix de mon divin Fiat, de sorte qu'ils voudront connaître et aimer un bien si grand. Le plus beau symbole est celui de ma Maman présente parmi mes disciples pour assister à mon départ vers le Ciel. Elle est ainsi la Reine de mon Église pour l'aider, la protéger et la défendre. Elle sera présente parmi les enfants de ma Volonté, elle sera toujours le moteur, la vie, le guide, le modèle parfait, la majesté du Royaume du divin Fiat si cher à son Cœur. Ses ardents désirs, ses délires d'amour maternel sont de vouloir que ses enfants vivent sur terre dans le Royaume où elle a vécu. Elle ne se contente pas d'avoir ses enfants au Ciel dans le Royaume de la Divine Volonté, elle les veut aussi sur terre. Elle pense que la mission de Mère et de Reine que Dieu lui a donnée n'est pas achevée, qu'elle ne sera terminée que lorsque la Divine Volonté régnera sur la terre parmi les créatures. Elle veut que ses enfants lui ressemblent et possèdent l'héritage de leur Maman.

            C'est pourquoi la grande Dame met tout son Cœur et tout son amour à aider la créature qu'elle voit disposée à vouloir vivre dans la Divine Volonté. Par conséquent, dans les difficultés, pense qu'elle est avec toi pour te soutenir, de donner de la force et prendre ton vouloir dans ses mains maternelles afin qu'il reçoive la vie du Fiat suprême.

10.   31 mai 1936 — Comment la Divine Volonté contient tous les actes de Jésus comme en action afin de toujours les répéter par amour pour les créatures. La vie de Jésus symbolise l’appel du Royaume de la Divine Volonté sur la terre.

       Ma pauvre intelligence suivait la vie de mon doux Jésus dans la Divine Volonté, où je le trouvais dans l’acte de continuer sa vie lorsqu’il était sur la terre, et oh ! combien de merveilles, combien de surprises d’amour inimaginables ! Si bien que le divin Fiat contient tous les actes de la vie de Jésus comme dans l'acte de les répéter toujours pour l'amour des créatures afin de donner à chacune sa vie tout entière, ses souffrances, son ardent amour. Et mon doux Jésus, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, mon amour veut s'épancher, il ressent le besoin de faire connaître à celle qui veut vivre dans ma Volonté ce que j'ai fait et ce que je fais, afin que ma Volonté revienne régner et dominer parmi les créatures. Tu dois savoir que toute ma vie n'était rien d'autre que l’appel continuel de ma Volonté au milieu des créatures, et le rappel des créatures dans mon Fiat suprême ; de sorte que conçu, mon Fiat symbolisait le rappel, le retour de sa conception dans les créatures, ce Fiat suprême qu'avec une si grande énormité les créatures avaient sorti de leur âme, et il rappelait les créatures à être conçues en lui. Ainsi conçu, le Fiat suprême faisait revivre mon Vouloir dans toutes les œuvres humaines, dans toutes mes larmes d'enfants, mes gémissements, mes prières et mes soupirs. Il rappelait avec mes larmes et mes soupirs ma Volonté dans les larmes, les souffrances et les soupirs des créatures afin qu'il n'y ait rien en quoi les créatures ne puissent sentir la force et l’empire de ma Volonté qui pourrait régner en elles, une Volonté qui prenant pitié de mes larmes et de celle des créatures leur donnerait la grâce du retour dans son Royaume.

            Mon exil symbolisait aussi la façon dont les créatures étaient exilées de mon Vouloir et je voulais être exilé pour rappeler ma Volonté parmi les pauvres exilées afin de pouvoir les rappeler, et convertir l’exil en Patrie où elles ne seraient plus tyrannisées par les ennemis, un peuple étranger, les viles passions, mais où elles auraient la plénitude des biens de ma Volonté. Et combien mon retour à Nazareth symbolise ma Divine Volonté. J'y ai vécu caché. Son règne était en pleine action dans la famille sacrée, il était le Verbe, la Divine Volonté en personne, voilée par mon Humanité ; cette même Volonté qui régnait en moi se diffusait dans toutes les créatures, les embrassait, était le mouvement et la vie de chacune d'elles. Je sentais en moi le mouvement et la vie de chaque créature dont mon Fiat était l’acteur qui souffre, dont la souffrance n'est pas reconnue, qui ne reçoit pas un remerciement, un Je vous aime, un acte de gratitude, ni de la part du monde entier ni de Nazareth lui-même, où non seulement ma Volonté, mais aussi ma sainte Humanité a vécu au milieu des créatures, mon Humanité qui n’a jamais cessé de donner la lumière à celles qui seraient capables de me voir et de s'approcher de moi. Mais dans ma souffrance, je restais toujours le Dieu caché.

            Tel est le sort de mon divin Vouloir. L'homme a été créé avec la force créatrice du Fiat. Il est né et a été pétri, imprégné du Fiat qui administre en lui le mouvement, la chaleur, la vie. L'homme finira sa vie dans le Fiat, et pourtant, qui le sait, qui est reconnaissant de cet acte divin continuel qui sans jamais se lasser et avec tant d'amour pénètre la vie de la créature pour lui donner sa Vie ? Presque personne, ma fille. Faire du bien, être la cause première de la conservation et donner la vie éternelle à la créature, maintenir l'ordre de toutes les choses créées autour d'elle et uniquement pour elle, et ne pas être reconnu, voilà la souffrance des souffrances, et la patience de ma Volonté tient de l'incroyable. Mais connais-tu la raison de cette patience si constante et inébranlable ? C'est parce que ma Volonté sait que son Royaume viendra, que sa Vie palpitante sera reconnue parmi les créatures, et c’est en vue de la grande gloire qu'elle recevra en étant reconnue que ma Volonté se fait la Vie de chaque vie et que parce qu'elle est la Vie, elle recevra chacune de ces vies pour régner en elles. Elle ne sera plus cachée, mais révélée et reconnue, et c'est pourquoi ma Volonté supporte tant de refus d'être reconnue et que seule une divine Patience pourrait supporter tant de siècles d'ingratitude humaine.

            De Nazareth, je passai au désert et dans la grande solitude, la plupart du temps avec le rugissement des animaux féroces autour de moi, symbole de ma Divine Volonté qui n'étant pas connue, forme le désert autour de la créature et une solitude qui engendre l’horreur et la peur. Le bien devient désert et l'âme est entourée par des animaux féroces qui sont ses passions brutales poussant des rugissements de colère, de furie bestiale, de cruauté, de toutes sortes de maux. Ma sainte Humanité retraçait pas à pas les souffrances que ma Divine Volonté avait endurées afin de la restaurer et de la rappeler pour régner au milieu des créatures. Je peux dire que chacun de mes battements de cœur, chaque souffle, chaque parole et chaque souffrance était le continuel rappel de ma Volonté pour se faire connaître par les créatures et régner en elles pour leur faire connaître le grand bien, la sainteté, le bonheur de vivre dans le Fiat.

            Du désert, je passai à la vie publique où rares étaient ceux qui croyaient en moi, que j'étais le Messie. Et j'ai voulu utiliser ma puissance, semant des miracles afin de former mon peuple pour que, s'il ne croyait pas mes paroles, il puisse croire par la puissance de mes miracles. Telles étaient mes divines et amoureuses industries pour que, à n'importe quel prix, je fasse connaître que j'étais leur Sauveur. Car sans me connaître, elles ne pouvaient pas recevoir le bien de la Rédemption. Il était donc nécessaire de me faire connaître pour que ma venue sur la terre ne soit pas inutile pour elles. Oh ! combien ma vie publique symbolise le triomphe du Royaume de mon Fiat parmi les créatures qu'avec des vérités surprenantes je ferai connaître, et pour y arriver, je ferai des miracles des prodiges avec la puissance de mon Vouloir, je rappellerai la vie à la vie les cadavres, je répéterai le miracle de la résurrection de Lazare, et malgré le fait qu’elles se soient décomposées dans le mal, qu’elles soient devenues un corps malodorant comme Lazare, mon Fiat les rappellera à la vie. Il arrêtera la puanteur du péché, il les ressuscitera dans le bien. Bref, je me servirai de toutes mes divines industries pour que mon Vouloir règne au milieu du peuple. Tu vois par conséquent qu’en chaque parole que j'ai dite et en chaque miracle que j'ai opéré, j'ai appelé ma Volonté à régner au milieu des créatures et que je les ai appelées à vivre dans mon Fiat.

            De la vie publique, je suis passé à la Passion, symbole de la Passion de ma Volonté qui durant tant de siècles avait souffert de toutes ces volontés rebelles des créatures qui, en refusant de se soumettre à ma Volonté, avaient fermé le Ciel, brisé les communications avec leur Créateur ; et elles étaient devenues les esclaves malheureuses de l'ennemi infernal. Mon Humanité lacérée recherchait la mort. Crucifiée, elle représentait l'humanité malheureuse sans mon Vouloir devant la divine Justice, et en chaque souffrance elle appelait mon Fiat à donner le baiser de paix aux créatures afin de les rendre heureuses, et je les appelais dans mon Fiat pour mettre fin à la douloureuse Passion de ma Volonté.

            Finalement la mort qui préparait ma Résurrection, qui appelait toutes les créatures à ressusciter dans mon divin Fiat. Et, oh ! comme elle symbolise la Résurrection du Royaume de ma Volonté. Mon Humanité blessée, déformée, méconnaissable, est ressuscitée en pleine santé avec une beauté enchanteresse, glorieuse et triomphante. Elle préparait le triomphe, la gloire de ma Volonté, appelant en elle toutes les créatures et demandant que chacune puisse ressusciter dans mon Vouloir pour passer de l’état de cadavre à la vie, de la laideur à la beauté, du malheur au bonheur. Mon Humanité ressuscitée assure le Royaume de ma Volonté sur la terre. Elle était mon acte unique de triomphe et de victoire ; elle était importante pour moi parce que je ne voulais pas partir pour le Ciel avant d'avoir pu donner tout ce qui peut permettre aux créatures de rentrer à nouveau dans le Royaume de mon Vouloir et dans toute la gloire, le bonheur, le triomphe de mon Fiat suprême afin qu'il puisse dominer et régner en elles. Par conséquent, unis-toi à moi et fais qu'il n'y ait aucun acte que tu fasses et aucune souffrance que tu subisses sans appeler ma Volonté à occuper sa place royale et dominante, et ta victoire sera de la faire connaître, aimer et désirer par toutes les créatures.

11.  14 juin 1936 — Dieu et sa Volonté, sa Volonté avec la Création, sa Volonté avec les êtres célestes, sa Volonté en désaccord avec la famille humaine.

        Le divin Vouloir m’appelle avec force dans la mer interminable de sa Volonté et, oh ! comme on y est bien ! Combien de surprises, combien de choses merveilleuses l’on comprend, qui produisent des joies infinies, une vie divine, un amour qui ne dit jamais c'est assez, mais qui fait voir et sentir que tout est Divine Volonté, que toute la création forme un acte unique du Vouloir suprême. Mon esprit se perdait en lui lorsque mon doux Jésus me rendit sa petite visite et, avec un amour inexprimable, il me dit :

            Bienheureuse fille de mon Vouloir, tu dois savoir que le chef du Royaume de ma Divine Volonté est Dieu lui-même. Notre Divinité ne fait que continuer son acte unique. Nous ne faisons jamais la volonté de quiconque, mais toujours la nôtre. La couronne de nos attributs est dominée par notre Fiat, son Royaume est en nous et s'étend en dehors de nous dans notre immensité, dans notre amour, notre pouvoir et notre bonté, en toutes choses. Si bien que pour nous, tout est notre Volonté.

            En second lieu viennent la Création, les cieux, les soleils, les étoiles, les vents et les eaux, ainsi que le plus petit brin d'herbe. Ils ne font rien d'autre qu'un acte continuel de notre Fiat. Il y a entre eux et nous un acte respiratoire. Nous émettons le souffle de notre Volonté et la Création le reçoit, et en l'émettant à son tour elle nous donne le souffle que nous lui avons donné. Ce sont tous des effets que notre Volonté a insufflés en eux et elle s'unit à notre acte unique. Combien de gloire et d'honneurs ne recevons-nous pas, combien notre Être suprême est exalté simplement de ce que notre Volonté a insufflé dans toute la Création qui sait comment nous rendre le souffle que nous lui avons donné. Il y a une telle unité de Volonté avec toute la Création que tout ce qui sort de nous et entre dans la Création forme un acte unique de Volonté suprême ; et la multiplicité et la diversité des choses qui se voient et qui se produisent ne sont que les effets que produit notre acte unique. Car notre Fiat ne change jamais et n'est pas non plus sujet au changement. Toute sa puissance est réellement de pouvoir faire un acte unique pour produire tous les effets possibles et imaginables.

            En troisième lieu viennent tous les Anges, les Saints et les Bienheureux de la Patrie céleste. Ils tournent autour de notre Être suprême et respirent la force, la sainteté, l'amour, les joies infinies et les bonheurs sans nombre du divin Vouloir. Ils forment une vie unique avec lui. Ils ressentent en eux cette Vie comme leur propre vie, ils la ressentent à l’extérieur quand elle leur apporte la mer d'un bonheur divin toujours nouveau ; mais unique est l'acte que forme dans le Ciel la Divine Volonté, un est le souffle ; une seule chose est nécessaire, la Divine Volonté. S'il fallait jamais que dans le Ciel entrât un seul acte, un seul souffle qui ne fût pas la Divine Volonté, la céleste Patrie perdrait tout son enchantement, toute la beauté et tout le charme dont elle est investie. Mais cela ne peut pas être.

            Tu vois par conséquent que mon Fiat détient toute la suprématie. Un seul souffle remplit les bienheureux de mers de joies et de bonheurs incomparables, et en émettant le souffle notre Divinité ressent le bonheur dont jouissent tous les saints ; et nous magnifions notre Vouloir suprême comme commencement, source et origine de tous les biens.

            En quatrième place vient la famille humaine. Les créatures tournent autour de nous, mais comme leur volonté n'est pas une avec la nôtre, elles ne respirent pas notre Vouloir qui apporte l'ordre, la sainteté, l’union et l’harmonie avec son Créateur. Par conséquent, elles restent éparpillées, désordonnées et loin de nous. Ce sont des êtres malheureux. La paix, le bonheur, l'abondance des biens se trouvent loin d’eux et tous les maux viennent de ce que notre Volonté n'est pas la leur. Nous n'échangeons pas notre souffle et cela empêche la communication de nos biens, l’union parfaite avec notre Être suprême. Notre main créatrice qui devrait former son chef-d’œuvre le plus beau en chaque créature en est empêchée par l’absence de notre Volonté. Elle ne trouve pas leur âme préparée, adaptable pour rendre faisable notre art divin. Là où manque notre Vouloir, nous ne savons que faire de cette créature.

            Voilà pourquoi nous désirons tellement que notre Divine Volonté règne et forme la vie en elle, car notre œuvre créatrice est empêchée, nos œuvres sont suspendues, le travail de notre Création est incomplet, et pour obtenir cela, une doit être la Volonté du ciel et de la terre, une la vie, un l'amour, un le souffle ; et tel est le grand bien que nous voulons pour les créatures. Nous voulons encore accomplir bien des œuvres merveilleuses, mais le vouloir humain entrave nos pas, attache nos bras et rend inactives nos mains créatrices. C'est pourquoi la créature qui veut faire notre Volonté et vivre en elle nous donne du travail, et nous faisons d’elle ce que nous voulons.

            Tu dois savoir que lorsque la créature décide de vivre de la Divine Volonté, elle met en sécurité son salut, sa sainteté. Nous sommes en elle comme dans notre maison et sa volonté nous sert de matériau dans lequel nous prononçons le Fiat en chacun de ses actes afin de former des œuvres dignes de celui qui vit en elle. Nous agissons comme un roi qui utilise les pierres, le tuf et le mortier pour former un palais somptueux afin d'émerveiller le monde entier. Pauvre roi, s'il lui manque les pierres et les matériaux nécessaires pour bâtir le palais ; bien qu'il ait toute la bonne volonté et tout l’argent pour le faire, faute de matériaux, il restera sans palais.

            C'est notre cas, s'il nous manque la volonté de l’âme. En dépit de notre puissance et de notre Volonté, nous ne pouvons pas former dans l'âme le magnifique palais digne de notre résidence s'il nous manque la volonté de l'âme. Mais lorsque la créature nous donne sa volonté et prend la nôtre, nous sommes en sécurité, nous trouvons tout à notre disposition, les petites choses comme les grandes, les naturelles et les spirituelles, tout est à nous et nous pouvons nous servir de tout pour accomplir l’œuvre de notre Fiat omnipotent. Et comme notre Volonté ne sait pas rester oisive, elle fait le rappel de ses œuvres dans le palais qu'avec tant d'amour elle a formé dans la créature. Elle l’entoure de toutes les œuvres de la Création, les cieux, le soleil et les étoiles lui rendent hommage. Elle met en ordre dans la créature tout ce que j'ai fait dans la Rédemption, ma vie, ma naissance, mes pleurs d'enfants, mes souffrances et mes prières. Rien ne devrait manquer à ma Volonté parce que tout est sorti d'elle. Tout lui appartient de plein droit et par conséquent elle forme, là où elle règne, la centralisation de toutes ses œuvres. Et, oh ! les beautés, l'ordre, l’harmonie, les biens divins qui sont formés dans cette créature ! Les Cieux sont stupéfaits et tous admirent l'amour et la puissance de la Divine Volonté, et ils l’adorent en tremblant. Par conséquent, laisse travailler ma Volonté et elle fera de grandes choses qui vont te stupéfier.

            En plus de notre amour, notre Sagesse éternelle a établi toutes les grâces que nous devrions donner à la créature, les degrés de sainteté qu'elle devrait acquérir, la beauté dont nous devrions l’orner, l'amour avec lequel elle devrait nous aimer, et les actes eux-mêmes qu'elle devrait accomplir. Là où règne notre Fiat, tout devient réalisé. L'ordre divin est en pleine force, pas même une virgule n’est déplacée, notre œuvre est en totale harmonie avec les œuvres de la créature et, oh ! combien elle fait nos délices. Et lorsque nous lui aurons donné notre dernier amour dans le temps et qu'elle aura accompli notre dernier acte de Divine Volonté dans sa vie mortelle, notre amour lui donnera l’envol dans notre céleste Patrie et notre Volonté la recevra dans le Ciel comme un triomphe de sa Volonté agissante et conquérante qui, avec tant d'amour, a vaincu sur la terre. De sorte que son dernier acte sera l’entrée qu'elle fera dans le Ciel afin de vivre dans notre Volonté un bonheur sans fin.

            Au contraire, là où notre Vouloir ne règne pas il n'y a pas d'ordre divin, mais combien de nos œuvres brisées et sans effet, combien de vides divins, remplis parfois de passions et de péchés ; il n'y a pas de beauté, mais une difformité qui fait pitié. Par conséquent, sois attentive et fais que notre Vouloir règne et vive en toi.

12.   4 juillet 1936 — Comment un acte de la volonté humaine peut gâcher l'Ordre divin et ses plus belles œuvres. La première chose que Dieu désire est une absolue liberté. Comment la Divine Volonté formera là où elle règne autant de Jésus.

        Mon pauvre esprit est incapable de ne pas tourner et voler dans le divin Vouloir, ma pauvre volonté humaine ressentait la pression de la Divine Volonté et je me disais : Ah, oui, c'est merveilleux de sentir le triomphe, le règne, le bonheur, les merveilleuses conquêtes de la vie dans le divin Vouloir, mais le vouloir humain doit continuellement mourir. Il est vrai que c'est un très grand honneur que l'amour de Dieu descende dans la volonté de la créature et qu'avec sa majesté et sa puissance, il fasse ce qu'il veut. Et la volonté humaine reste à sa place et ne peut faire que ce que Dieu fait. Mais elle doit arrêter tout ce qui vient d'elle, et c'est le sacrifice des sacrifices, spécialement en certaines circonstances. Oh ! comme la vie peut parfois lui paraître douloureuse, comme si elle n'en avait pas, parce que le divin Fiat ne tolère pas que même une fibre de vouloir humain puisse agir en lui. Et une foule de pensées occupaient mon pauvre esprit lorsque mon doux Jésus, par compassion pour mon ignorance et l’état douloureux dans lequel je me trouvais, est venu avec une incroyable tendresse mettre sa très sainte main sur ma tête, et il me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage, ne te tourmente pas. Mon divin Vouloir veut tout parce qu'il sait qu’un seul petit acte, un désir, une fibre de vouloir humain, gâcherait ses plus belles œuvres. L'ordre divin et sa sainteté seraient entravés, son amour restreint, sa puissance limitée. C'est pourquoi il ne tolère pas que même un fragment de vouloir humain puisse avoir sa vie. Il est vrai que c'est le sacrifice des sacrifices. Aucun autre sacrifice ne peut avoir le poids, la valeur, l'intensité du sacrifice de vivre sans sa volonté, si bien qu'il est nécessaire d'avoir la vie éternelle, le miracle continuel de mon divin Vouloir, pour être capable de souffrir ce sacrifice. Les autres sacrifices, en comparaison, peuvent être appelés des ombres, des images, des peintures, des jeux d'enfants qui pleurent pour rien. Parce que c'est lorsqu'il y a le vouloir humain que dans la souffrance, dans les situations douloureuses, on ne se sent pas seul, sans vie, sans satisfactions, et par conséquent les sacrifices semblent beaucoup plus légers. Mais ils sont cependant vides de Dieu, de sainteté, d'amour, de lumière, de vrai bonheur, et peut-être même pas vides de péchés. Car le vouloir humain, sans le mien, n'est jamais capable de faire des choses bonnes et saintes.

            Si mon Fiat n'avait pas la vertu de contenir en lui le vouloir humain sans lui donner vie ou de l'enfermer en lui-même afin qu'il ne trouve ni la place ni le temps de pouvoir agir, il ne pourrait pas travailler avec cette divine splendeur, ce luxe et cette pompe avec lesquels il accomplit habituellement nos œuvres. S'il y avait eu dans la Création une autre volonté, elle aurait empêché la somptuosité, la splendeur et la pompe divines que nous avons mises dans toute la Création. Elle aurait empêché l'extension du ciel, la multiplicité des étoiles, l'immensité de la lumière du soleil, la variété de tant de choses créées. Elle nous aurait mis une limite.

            C'est pourquoi notre Vouloir veut être seul afin de pouvoir faire ce qu'il sait faire et veut faire. C'est pourquoi il veut avoir la volonté humaine en lui, coopérante, spectatrice, admiratrice de ce qu'il veut faire en elle. Mais elle doit être convaincue, si elle veut vivre dans ma Volonté, que la sienne ne peut plus agir et qu'elle doit servir afin d'enfermer ma Volonté dans la sienne pour la laisser accomplir ses œuvres en toute liberté, avec toute la somptuosité, avec le luxe de grâces et avec la pompe de ses divines variétés. La première chose que nous voulons est une absolue liberté. Nous voulons être libres, ma fille, quels que soient les sacrifices que nous demandons et les œuvres que nous voulons faire. Sans cela, la vie dans ma Volonté sera une façon de parler, mais en réalité elle n'existera pas.

            Mon Jésus a gardé le silence. Je pensais à tout ce qu'il m'avait dit et je me disais : Il a raison de dire que le vouloir humain ne peut pas agir devant la sainteté et la puissance de son Vouloir divin. Le vouloir humain s'est déjà placé dans ce néant. Trop de choses sont nécessaires pour agir devant une Divine Volonté. On se sent incapable. Et je prie moi-même de ne pas avoir le grand malheur d'avoir formé un mouvement, une fibre de mon propre vouloir. Mais ma croix, et tu la connais, est d'être dans le labyrinthe ou tu m'as placée. Je me sens entravée et humiliée même dans la poussière. Tu savais de qui j'avais besoin. Incapable de m'aider moi-même, pas un jour, pas une année, oh ! comme cela est difficile. Je sais que c'est uniquement ton Vouloir qui me donne la force et la grâce, et que par moi-même je n'aurais pas été capable de le supporter. Je ressentais tant d'amertume qu'il me semblait mourir. Et mon toujours aimable Jésus, avec compassion, reprit son discours :

            Ma fille, ma Divine Volonté veut faire dans la créature un acte complet. Et sais-tu ce que signifie un acte complet de ma Volonté ? Cela veut dire un acte complet de Dieu dans lequel il place sainteté, beauté, amour, puissance et lumière jusqu'à en étonner le Ciel et la terre. Dieu lui-même doit en être ravi au point de former son siège, son trône de gloire dans cet acte complet qui le servira lui-même et descendra comme une rosée bienfaisante pour le bien de toutes les créatures. C'est pourquoi, afin de faire cet acte complet, je dois déposer sur toi une croix nouvelle, jamais encore donnée à aucune autre, pour faire se lever en toi les dispositions nécessaires chez toi pour recevoir et chez moi pour accomplir cet acte complet de ma Volonté. Sans rien, on ne peut rien faire. Par conséquent, toi afin de recevoir et nous afin de donner des choses nouvelles, nous devions disposer des croix nouvelles qui, unies au travail continuel de notre Vouloir, prépareraient tout ce qu'il faut pour un acte si grand.

            Tu dois savoir que mon Fiat ne t'a jamais quittée. C'est pourquoi tu ressens sa douce impression et sa loi sur chaque fibre, chaque mouvement et désir de ton vouloir. Jaloux de toi et de l'acte complet qu'il voulait faire, mon Fiat a maintenu son règne royal. Mais sais-tu pourquoi ? Écoute un doux et cher secret : Lorsque mon Vouloir dominait ton esprit, ton regard, tes paroles, il formait ainsi ton Jésus dans ton esprit, son regard dans le tien, ses paroles dans les tiennes. Lorsqu'il dominait les fibres, le mouvement, le cœur, il formait ainsi les fibres, le mouvement du Cœur de ton Jésus en toi. Lorsqu'il dominait les œuvres, les pas, tout ton être, il formait ainsi ses œuvres, ses pas, Jésus tout entier en toi. Et si ma Volonté t’avait donné la liberté de faire tes propres actes, même dans les choses les plus petites et les plus innocentes, elle n’aurait pas pu former ton Jésus en toi. Et moi je ne peux ni ne veux vivre d'une volonté humaine. Mon Vouloir n'aurait pas pris la décision de me former dans l'âme s'il n'avait pas été certain que je pourrais trouver ma Volonté elle-même avec laquelle mon Humanité était animée. Ce sera réellement son Règne sur la terre de former autant de Jésus que de créatures qui veulent vivre de la Divine Volonté, avec Jésus dans leur âme. Son Royaume aura sa somptuosité, sa sublimité, son luxe de choses inouïes, et il sera assuré. C'est alors que dans le Royaume de mon divin Fiat j’aurai autant de Jésus vivants qui m'aiment, me glorifient, et me rendront une gloire complète. C'est pourquoi je languis après ce Royaume. Et toi aussi tu languis après lui. Ne t’intéresse à rien d'autre, laisse-moi faire, aie confiance en moi, et je penserai à tout.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, la lumière est le symbole de mon divin Vouloir. Sa nature est de se répandre autant qu'il peut et où il peut. Mon divin Vouloir ne refuse sa lumière à personne, qu'on le veuille ou non. Tout ce qui peut arriver, c'est que celui qui veut se servir de la lumière l’utilise pour faire de grandes choses, alors que celui qui ne le veut pas ne fait aucun bien, mais il ne peut pas nier qu'il a reçu le bien de la lumière.

            Telle est ma Volonté qui plus que la lumière se répand partout, investit chaque créature et chaque chose. Et le signe que l'âme possède ma Volonté est qu'elle ressent le besoin de se donner aux autres avec elle, de faire du bien à tous, de courir vers tous avec ses actes pour faire autant de Jésus et les donner à tous. Ma Volonté est de tous, je suis le Jésus de tous, et par conséquent je suis heureux lorsque la créature fait siennes ma Volonté et ma vie, et qu'elle veut me donner à tous. Elle est alors ma joie et ma fête continuelles.

13.  23 août 1936 — Le tout petit champ assigné à la créature dans l’immensité de la Divine Volonté. Jésus met sa vie à la disposition des créatures, jusqu'à ce qu'il obtienne qu’elles vivent dans le divin Vouloir. Le grand prodige de la création de la Vierge.

         Je continue mon abandon dans le Fiat. Mon pauvre esprit nage dans la mer divine et comprend les célestes arcanes, mais je ne sais comment les répéter, car il n'y a pas de mots ici-bas pour cela. Lorsque je suis dans cette mer divine et que je regarde son immensité, il n'y a pas d’êtres ou de choses qui puissent lui échapper. Tous les êtres et toutes les choses forment leur vie et la reçoivent dans le divin Vouloir. Mais que peut prendre la créature de cette immensité ? À peine quelques gouttes tant elle est petite ; et en prenant les gouttes, elle n'est pas capable de sortir de cette immensité. Elle la sent courir intérieurement et extérieurement, à sa droite et à sa gauche, partout, incapable même pour un instant de se débarrasser d'elle. Oh ! Divine Volonté, combien tu es admirable ! Tu es tout à moi, tu m’élèves en toi ; je te trouve partout, tu m'aimes toujours jusqu'à former la vie de ma vie. Mon esprit était perdu dans cette mer lorsque mon doux Jésus, toute bonté, sortit de cette mer et s’approchant de moi, il me dit :

            Fille de mon Vouloir, tu as vu combien l'immensité de mon Fiat est inatteignable. Aucun esprit créé, peu importe sa sainteté, ne peut l’embrasser et voir où finissent ses limites. Tous ont une place en lui, chaque créature possède son petit champ dans l'immensité de ma Divine Volonté. Mais qui travaille ce petit champ assigné à la créature ? Celle qui vit dans ma Volonté, parce que prenant la créature dans son sein, elle la met au travail, unie à l’œuvre qu’elle veut accomplir dans le tout petit champ qui a été donné à la créature dans ma Volonté. Et comme elle possède sa force créatrice, ce que la créature pourrait faire durant un siècle, elle le fait en une heure avec ma Volonté. De sorte qu’en une heure elle peut acquérir un siècle d'amour, de travaux, de sacrifices, de connaissances divines, de profondes adorations. Et après le travail, ma Volonté appelle l’âme au repos afin de se reposer et de se féliciter mutuellement. Ensuite en voyant la beauté du petit champ, la joie qu'elle ressent, afin de se féliciter l'une l'autre davantage, elles retournent au travail, et c'est une alternance de travail et de repos. Car parmi les si nombreuses qualités que possède la Divine Volonté, il y a l'attitude du mouvement continu. Elle n'est pas oisive. À chaque chose créée, elle a donné son œuvre continue afin de se glorifier et de faire du bien à tous. Dans ma Volonté, l'oisiveté n'existe pas. En elle tout est travail. Si elle aime c’est un travail, si elle s'occupe à connaître, c'est un travail, si elle adore, si elle souffre, si elle prie, c'est un travail et un travail divin et non pas humain, qui se convertit en argent d'une valeur infinie qu'elles peuvent acquérir pour agrandir leur petit champ.

            Ma fille, tu dois savoir que c’est ma Volonté absolue que la créature fasse ma Volonté. Combien il me tarde de la voir régner et travailler en elle, combien je veux l'entendre dire : la Volonté de Dieu est la mienne, ce que Dieu veut, je le veux ; ce que Dieu fait, je le fais. Comme c’est ma Volonté qui vit en elle, elle doit lui donner les moyens et l’aide nécessaire. Et voilà mon Humanité qui se met à la disposition de la créature dans le tout petit champ de l'immensité de ma Volonté assignée à la créature, afin que je puisse démontrer ma force pour soutenir sa faiblesse, mes souffrances pour l’aider dans les siennes, mon amour pour cacher le sien dans le mien, ma sainteté pour la recouvrir, ma vie pour la soutenir et lui fournir le modèle. Bref, ma Divine Volonté doit trouver autant de Jésus que de créatures qui veulent vivre de ma Volonté. Alors, ma Volonté ne trouvera plus d'obstacles parce que les créatures seront cachées en moi et auront la volonté de faire plus de choses avec moi qu'avec elles-mêmes. Et les créatures trouveront toute l’aide nécessaire en surabondance pour vivre de ma Volonté. Il en est toujours ainsi avec Dieu lorsqu'il veut quelque chose : il donne tout ce qui est nécessaire pour que ce qu'il veut puisse en arriver à sa conclusion.

            C'est pourquoi j'aimerais que les créatures sachent ce que je mets à la disposition de celles qui veulent vivre de ma Volonté. Elles trouveront ma vie qui leur fournira tout ce qui est nécessaire pour les faire vivre dans la mer de mon divin Vouloir. Sinon, leur petit champ dans mon immensité restera sans travail et par conséquent sans fruits, sans bonheur et sans joie. Elles seront comme celles qui vivent sous le soleil sans jamais rien faire, et le soleil ne servira qu’à les brûler et à leur donner une soif ardente, au point d'avoir l'impression de mourir. Toutes les créatures, en raison de la création, se trouvent dans cette immensité. Mais si leur volonté ne travaille pas avec la mienne, elles vivent seules. Elles sentiront tous les biens brûler et seront assoiffées par les passions du péché et les faiblesses qui les tourmenteront. C'est pourquoi il n'y a pas de mal plus grand que de ne pas vivre de ma Volonté.

            Après quoi je poursuivis ma ronde dans les actes accomplis par la Divine Volonté dans la Création et j'arrivai à la Conception de la très Sainte Vierge. Mon doux Jésus m'arrêta et me dit :

            Ma fille, le plus grand prodige de la Création est la Vierge, le divin Vouloir qui subjugua son vouloir humain dès le premier instant de sa Conception, et le vouloir de cette Sainte Créature qui subjugua le divin Fiat. L’un faisant la conquête de l'autre, ils étaient gagnants tous les deux et le divin Vouloir entra en Roi dominant dans son vouloir humain. Les chaînes de ce grand prodige divin commencèrent dans cette sublime créature. La force incréée se déversa dans la force créée de telle sorte qu'elle pouvait soutenir toute la Création comme si elle n'était qu'un fétu de paille. Et toutes les choses créées ressentaient la force créée dans la force incréée qui les soutenait et contribuait à leur conservation. Oh ! combien elles se sentaient honorées et heureuses parce qu’une force créée coulait en toutes choses comme leur Reine afin de les soutenir et de les conserver. Sa force était telle qu’elle régnait sur tous et même sur son Créateur. Elle était invincible, car avec la force du divin Fiat elle conquérait tous et toutes choses, et tous se laissaient conquérir par cette divine Impératrice parce qu'elle possédait une force puissante et ravissante à laquelle personne ne pouvait résister. Les démons eux-mêmes se sentaient affaiblis et ne savaient où se cacher de cette force insurpassable. Tout l’Être suprême coulait dans cette volonté créée qui avait été subjuguée par la Divine Volonté, et l'amour infini se déversait dans l'amour fini, et tous et toutes choses se sentaient aimés par cette sainte créature. Son amour était si grand que mieux que l'air elle se faisait respirer par tous de sorte que cette Reine d'amour ressentait le besoin d'aimer toutes les créatures en Mère et Reine de toutes. Elle était revêtue de notre beauté jusqu'à posséder la force, l'amour, la bonté, la grâce ravissante qui la faisait aimer par tous, même par les choses qui ne possèdent pas la raison.

            De sorte qu'il n'y avait pas un acte, une prière, une adoration, une réparation qui n’emplissait le ciel et la terre. Elle maîtrisait toutes choses, et son amour et tout ce qu'elle faisait s'écoulait dans le ciel, dans le soleil, dans le vent, en toutes choses. Notre Être suprême se sentait aimé et adoré dans toutes les choses créées, par cette sainte créature. Une vie nouvelle s'écoulait en toutes choses. Elle nous aimait pour tous et nous faisait aimer par tous. C'était la Volonté incréée qui avait eu la place d'honneur dans la volonté créée, qui était capable de faire toutes choses, de nous donner l’échange, à la disposition de qui nous avions mis toute la Création. Avec la conception de cette grande Reine, la vraie vie de Dieu commença dans la créature et la vie de la créature en Dieu. Oh ! les échanges d'amour, de courage, de beauté, de lumière entre l'une et l'autre ! Les prodiges qui alternaient en elle étaient par conséquent continus et inouïs. Les cieux et la terre étaient stupéfaits, les Anges demeuraient ravis devant l'œuvre de ma Divine Volonté dans la créature.

            Ma fille, en vivant dans le divin Vouloir cette Grande Dame se sentit de fait Reine de tous et de toutes choses et également Reine du Grand Roi divin, si bien qu'elle forma la porte du Ciel pour faire descendre le Verbe éternel. Elle prépara le chemin et la chambre de son sein où il ferait sa demeure et dans l’enthousiasme de son amour elle me dit : Descends, ô Verbe éternel, tu trouveras en moi ton Ciel, tes joies, cette même Volonté qui règne dans les Trois Personnes divines. Mais elle forma aussi la porte et le chemin permettant aux âmes d'accéder à la Patrie céleste. Et c'est seulement parce que la Vierge a vécu sur terre de la Divine Volonté comme si elle vivait au Ciel que les bienheureux ont pu entrer dans les célestes régions et jouir de ses délices, parce que la céleste Mère les tenait cachés dans sa gloire et dans tous les actes qu'elle accomplit dans la Divine Volonté, de sorte que les bienheureux ressentent dans leurs joies, l'amour, les œuvres, la puissance de cette Mère et Reine qui les rend heureux. Qu'est-ce que peut faire ma Volonté ? : tous les biens possibles et imaginables ; et dans la créature où elle règne, elle donne une puissance qui en arrive à dire : Fais ce que tu veux, commande, prends, donne. Je ne te refuserai jamais rien, ta force est irrésistible, ton pouvoir me rend faible. Par conséquent, je remets tout entre ses mains, parce qu'elle agit en Maîtresse et Reine.

            Tu dois savoir que cette sainte créature ressentit dès sa conception la palpitation en elle de mon Fiat, et elle m'aima avec chaque battement de son cœur. Et la Divinité redoublait d'amour avec chaque battement de cœur. Elle sentait dans son souffle celui du divin Vouloir ; elle nous aimait en chaque souffle et nous la payions de retour avec notre amour redoublé en chacun de ses souffles. Elle sentait le mouvement du Fiat dans ses mains, dans ses pas, dans ses pieds, et elle ressentait dans tout son être la vie du divin Vouloir. Elle nous aimait en toutes choses, pour elle-même et pour tous, et nous l'aimions toujours et à chaque instant. Notre amour courait comme un torrent rapide et elle nous gardait toujours attentifs et en fête afin de recevoir son amour et de lui donner le nôtre. Si bien qu'elle en arriva à couvrir tous les péchés et toutes les créatures de notre amour. C'est pourquoi notre Justice restait désarmée par cette invincible amante, et nous pouvons dire qu'elle faisait de notre Être suprême ce qu'elle voulait. Oh ! comme je voudrais que chacun puisse comprendre ce que signifie vivre dans le divin Vouloir, afin de pouvoir rendre tout le monde heureux et saint.

14.  3 novembre 1936 — Réflexions entre le Créateur et la créature. Inséparabilité des deux. Comment à chaque instant Dieu demande que la créature reçoive la vie de sa Volonté. Comment, lorsque la créature décide de vivre de sa Volonté, Dieu couvre tout ce qu'elle a fait de sa Divine Volonté.

       Je suis toujours entre les bras du divin Vouloir. Je sens en moi et en dehors de moi sa puissance créatrice qui ne me laisse pas le temps de faire autre chose. Je ne veux et ne demande rien d'autre, pour moi comme pour tous, que le règne de la Divine Volonté sur la terre. Mon Dieu, quelle force magnétique elle possède. Elle donne tout, elle vous investit de toutes parts, mais en même temps elle prend tout ce qui appartient à la petitesse de la pauvre créature. Mon pauvre esprit était immergé dans la foule des innombrables pensées sur le divin Fiat quand mon toujours aimable Jésus rendit visite à ma petite âme et, toute bonté, il me dit :

            Ma bienheureuse fille, notre amour infini est toujours excessif et il tient de l'incroyable. Qu'il suffise de te dire qu'il est si grand que nous ne faisons que penser à la créature. Notre mouvement incessant se reflète en elle pour lui donner la vie, notre amour se reflète en elle pour lui dire continuellement Je t'aime, notre puissance se reflète en elle pour la soutenir. Bref, notre sagesse se reflète en elle et la dirige, notre lumière se reflète en elle et l'illumine, notre bonté se reflète en elle et prend pitié d'elle, notre beauté se reflète en elle et l'embellit, notre Être suprême se répand sans cesse sur la créature. Mais ce n'est pas tout, car en nous reflétant en elle, elle aussi se reflète en nous, de sorte que si elle pense nous ressentons le reflet de ses pensées, en parlant, elle reflète en nous sa parole. Nous sentons le reflet de ses battements de cœur en notre sein, le mouvement de ses travaux, le piétinement de ses pieds. Il existe une telle inséparabilité entre l’Être divin et l’être humain que l'un se déverse continuellement dans l'autre. Notre amour est si grand que nous nous plaçons dans la condition de ne pas pouvoir être sans la créature.

            Mais ce n'est pas encore fini. Si notre amour ne donne pas dans l’excès, il n'est pas satisfait. Sachant que si la créature ne possède pas la vie de notre divin Vouloir, il y a une grande différence entre eux, entre ses reflets et les nôtres, notre divin Vouloir se fait amour suppliant, et si elle pense, il la prie de laisser notre Volonté régner dans son esprit, si elle parle, il la supplie de le laisser régner dans ses paroles, si elle touche, travaille et marche, il l'implore de laisser ma Divine Volonté régner partout avec elle. En tout ce qu'elle fait, que ce soit une plainte, un soupir, une prière, il lui dit continuellement : Reçois mon Fiat, sois investie par mon Fiat, oh ! possède mon Fiat, laisse-moi voir mon Fiat régner, dominer et se réjouir dans ta vie. Je te prie de ne pas me refuser ton vouloir et je te donnerai le mien. Et s'il obtient cela, comme s'il avait obtenu la chose la plus précieuse, il enferme la créature dans son amour, la voile de sa lumière ; il monte la garde et, triomphant, il ressent en elle les notes de son amour, et ils disent tous deux : Nous nous aimons d'un même amour, nous avons la même vie, ton Fiat et à toi et à moi. Si bien que l'harmonie, l'ordre de son Créateur s'élève en elle. Notre Volonté, notre amour a atteint son but, il ne lui reste plus qu'à jouir de sa créature bien-aimée.

            Par conséquent, ma fille, faire don de la vie de notre Volonté à la créature nous tient à cœur et nous soupirons tellement depuis des siècles, ou plutôt de toute éternité, que nous contemplions avec plaisir le prodige de notre vie en elle ; nous éprouvions la joie, le bonheur de tant de vies multipliées et formées dans les créatures. Autrement, la Création n’aurait pas été une grande chose, et si nous avons créé et amené tant de choses à la lumière du jour, c'est parce que cela devait servir au prodige des prodiges de former en vertu de notre Fiat notre vie dans la créature, faute de quoi cela aurait été pour nous comme si nous n'avions rien fait. Aussi, fais plaisir à ton Jésus, donne la paix à mon amour toujours délirant et unis-toi à moi, soupire, prie et demande que ma Volonté règne en toi et en toutes les créatures. Et en disant cela, il prit un voile de lumière pour me couvrir tout entière et je ne savais comment sortir de sous ce voile.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et, oh ! combien de douces et chères surprises passaient dans mon esprit. Ah ! Si l'on savait comment les dire avec des mots, je pourrais étonner le monde entier et tous aimeraient posséder la Divine Volonté. Mais le langage du ciel ne s'adapte pas au langage de la terre et je suis par conséquent obligée de passer. Et mon bien-aimé Jésus, revenant vers sa pauvre petite et ignorante fille, avec un amour indescriptible, me dit :

            Fille de mon Vouloir, écoute-moi, fais attention. Je veux te parler de l'acte d'amour le plus beau, le plus tendre et le plus intense de mon Fiat. Tu dois savoir que tous les actes, pensées et paroles passés, présents et futurs, sont tous présents devant l’Être suprême. Si bien que les créatures n'existaient pas encore dans le temps et leurs actes brillaient devant nous. Et à cause de cela, parce que mon Fiat accomplit l'acte avant la créature, il n'y a pas de pensée, de parole ou d'œuvre que mon Fiat ne commence pas. Tu peux dire que premièrement tout est formé en Dieu avec tous les actes, et qu'ensuite nous amenons la créature à la lumière du jour. Or la créature en faisant sa propre volonté s'est retirée des actes divins, mais elle ne peut pas détruire la vie de ces actes qui avaient pour origine le Fiat et qui étaient sa propriété, elle qui a elle-même changé les actes divins en actes humains. Mais si l'homme refuse de reconnaître celui qui a donné la vie à ses actes, mon Vouloir ne refuse pas de les reconnaître.

            C'est pourquoi la créature ressent le plus grand excès d'amour de mon Vouloir quand elle décide avec une immuable fermeté de vouloir vivre de ma Volonté, de la laisser régner et dominer en elle. Notre infinie bonté est si grande, notre amour ne sait pas comment résister à une décision véritable de la créature, d'autant plus qu'il ne veut pas voir en elle des acteurs différents des nôtres. Comprends-tu ce qu'il fait ? Il recouvre alors tous les actes de la créature de ma Volonté, il les façonne, les transforme dans sa lumière, de telle sorte qu'il voit que tout est transformé par le prodige de son amour, que tout devient sa Volonté dans la créature, et avec un amour tout divin il continue à former sa vie et ses actes dans la créature. N'est-ce pas là un amour étonnant et excessif de mon Vouloir que de décider de faire vivre de ma Volonté même les plus ingrates, sachant qu'il veut mettre tout de côté,  tout couvrir et fournir ce qui manque de ma Volonté en elles ? Cela montre également l'absolu de notre Volonté qui veut régner parmi les créatures, sans faire attention à rien, ni à ce qui manque à la créature, qui veut donner non pas en paiement pour ce que la créature mériterait, oh non, mais en don gratuit de notre grande libéralité et pour l’accomplissement de notre propre Volonté. Et accomplir notre Volonté, cela est tout pour nous.

15.  8 décembre 1936 — Comment la Reine du ciel dans sa conception fut conçue dans les mérites, dans la vie, dans l'amour et les souffrances du futur Rédempteur, afin de pouvoir alors concevoir le Verbe divin en elle pour venir sauver les créatures.

        Mon pauvre esprit s'immergeait dans le divin Fiat et il trouva en acte la Conception de la Reine immaculée. Il était tout en fête et rassemblait tout le monde autour de lui, les anges et les saints, pour leur faire voir ce prodige inouï, les grâces, l'amour avec lequel le divin Fiat appela du néant cette sublime Créature, afin que chacun puisse la connaître et l’exalter comme Reine et Mère de toutes les créatures. Je demeurais surprise et je serais restée là Dieu sait combien de temps si mon doux Jésus ne m'avait pas appelée pour me dire :

            Je veux honorer ma céleste Mère. Je veux raconter l’histoire de son Immaculée Conception. Moi seul peux en parler, qui suis l'Auteur d'un prodige si grand. Ma fille, le premier acte de cette Conception fut un Fiat prononcé par nous avec une solennité et une plénitude de grâces propres à enclore toute chose et toute créature. Nous avons centralisé en cette Conception de la Vierge dans notre divin Fiat le passé et le futur, l’Incarnation du Verbe, et nous l'avons conçue et incarnée dans la même Incarnation de moi-même, futur Rédempteur, et mon Sang qui était en acte comme si je le répandais moi-même la nourrissait, l’embellissait, la confirmait et l'affermissait continuellement de manière divine.

            Mais ce n'était pas suffisant pour mon amour. Tous ses actes, ses paroles et ses pas furent premièrement conçus dans mes actes, mes paroles et mes pas, et c’est alors qu’ils eurent la vie. Mon Humanité était le refuge, la cachette, l'incorporation de cette céleste Créature. Si elle nous aimait, son amour était incarné et conçu dans mon amour, et, oh ! combien son amour nous aimait ! Il enfermait tout et toutes choses. Je peux dire qu'elle aimait comme un Dieu sait aimer. Elle avait les mêmes folies d'amour pour nous et pour toutes les créatures. Et quand cet amour aime une fois, il aime pour toujours sans jamais cesser. Sa prière était conçue dans ma prière et elle avait par conséquent une valeur immense, un pouvoir sur notre Être suprême, et qui pouvait lui refuser quoi que ce soit ? Ses souffrances, ses peines, ses martyres qui étaient si nombreux, furent premièrement conçus dans mon Humanité, et ensuite elle ressentait en elle-même la vie des souffrances et des atroces martyres, tous animés par une Puissance divine. C'est pourquoi on peut dire qu'elle a été conçue en moi, que de moi est sortie sa vie. Tout ce que j'ai fait et souffert entourait cette sainte Créature pour lui faire cortège et me déverser continuellement sur elle afin de pouvoir lui dire : Tu es la vie de ma vie, tu es toute belle, tu es la première rachetée, mon divin Fiat t’a modelée, t’a créée par son souffle et t’a conçue dans mes œuvres, dans mon Humanité elle-même.

            Ma fille, la Conception de cette céleste Créature dans le Verbe incarné fut faite par nous avec la plus haute sagesse, une puissance inatteignable, un amour inépuisable et une bienséance propre à nos œuvres. Comme il fallait que Moi, le Verbe du Père, je descende du Ciel pour m'incarner dans le sein d'une Vierge, sa virginité ne suffisait pas à la sainteté de ma Divinité, et il était par conséquent nécessaire à notre amour et à notre sainteté de l’exempter de la tache du péché originel et que cette Vierge soit d'abord conçue en moi avec toutes les prérogatives les vertus et les beautés que devait posséder le Verbe incarné. Je pouvais alors être conçu en celle qui avait été conçue en moi, et je trouvai en elle mon Ciel, la sainteté de ma vie, mon propre Sang qui avait généré et irrigué le sien si souvent. J'y trouvai ma Volonté qui, lui communiquant sa divine fécondité, forma sa vie et celle du Fils de Dieu. Mon divin Fiat, pour la rendre digne de me concevoir, la gardait revêtue de son empire continuel qui possède tous les actes comme s'il s'agissait d'un seul afin de tout lui donner. Il appela en acte mes mérites anticipés, toute ma vie, et la déversa continuellement dans sa belle âme.

            C'est pourquoi je suis seul à pouvoir dire la véritable histoire de l’Immaculée Conception et toute sa vie parce que je l'ai conçue en moi et que je suis la lumière de toutes choses. Et si la sainte Église parle de la céleste Reine, ils ne peuvent dire que les premières lettres de l’alphabet de sa sainteté, de sa grandeur et des dons qui l’ont enrichie. Si tu savais la satisfaction que je ressens en parlant de ma céleste Mère, qui sait combien de demandes tu me ferais pour me donner la joie de me faire parler de celle que j'aime tant et qui m'a aimé.

16.  20 décembre 1936 — Le divin Fiat a fait concevoir la Vierge en chaque créature afin que chacune puisse l’avoir pour Mère. La dot que Dieu donna à la Vierge. Triomphes et victoires de Dieu, victoires et triomphes de la Vierge en qui toutes les créatures sont dotées.

          Mon très bon Jésus me tient immergée dans le grand prodige de la Reine souveraine et il me semble qu'il veut continuer à parler de ce que Dieu a fait dans cette grande Dame. Et avec un air de fête et une joie inexprimable, il me dit :

            Écoute-moi… Ma bienheureuse fille, les prodiges inouïs, les surprises que je vais te raconter vont étonner tout le monde. Je ressens le besoin amoureux de faire connaître ce que nous avons fait pour cette céleste Mère et le grand bien que toutes les générations ont reçu. Tu dois savoir que dans l'acte de Conception de cette sainte Vierge, notre Divine Volonté qui possède tout et qui avec son immensité embrasse toutes choses, possède la clairvoyance de tous les êtres possibles et imaginables ; et sa vertu qui, lorsqu'elle travaille, accomplit toujours une œuvre universelle, appela toutes les créatures à être conçues dans le Cœur de cette Vierge. Mais ce n'était pas suffisant pour notre amour. Donnant dans les plus incroyables excès, notre Volonté a fait concevoir cette Vierge en chaque créature afin que toutes puissent avoir une Mère et ressentir sa maternité dans les profondeurs de leur âme ; une Mère qui les aime comme ses enfants et les garde conçus en elle pour se tenir à leur disposition, les élever, les guider, les protéger contre les périls, et avec sa puissance maternelle les nourrir du lait de son amour et de la nourriture qu'elle-même a reçue, c'est-à-dire le divin Fiat. Notre Volonté ayant en elle sa pleine liberté, sa domination totale et sa puissance, appela toutes les créatures dans cette céleste Créature pour avoir la joie de les voir toutes contenues en elle et de l’entendre dire : tes enfants sont déjà tous en moi et par conséquent je vous aime pour chacun d’eux. Notre Volonté va ensuite en chaque âme pour sentir l'amour de notre Fille, toute belle et tout amour. Et nous pouvons dire qu'il n'y a pas de créature pour qui elle ne s'engage pas de nous aimer. Notre Fiat l’a élevée afin de lui donner toutes choses et dès le premier instant de sa vie nous l'avons constituée Reine de notre Fiat, Reine de notre amour, et lorsqu'elle nous aimait sa maternité apparaissait dans son amour et harmonisait l'amour de toutes les créatures. Oh ! comme il était beau cet amour qui ne formait plus qu'un, comme il nous touchait, nous félicitait au point de nous faire languir pour cet amour qui nous désarmait et nous faisait voir toutes choses, le ciel, le soleil, la terre, les mers et les créatures couverts et cachés dans son amour.

            Oh ! comme il était beau de la voir, de la sentir Mère de toutes les créatures. Et formant en elles sa mer d'amour, elle envoyait ses notes, ses flèches, ses dards amoureux à son Créateur. Agissant en vraie Mère, elle nous les apportait devant notre trône dans la mer de son amour pour que nous les regardions afin de nous rendre propices, et avec la force de notre divin Vouloir elle s'imposait à nous, les mettait dans nos bras, pour les caresser, les embrasser et leur accorder des grâces surprenantes. Quelle sainteté était ainsi formée et demandée par cette céleste Mère, et son amour demeurait en éveil.

            Tu dois aussi savoir que dès le premier instant de la vie de cette céleste Créature notre amour était si grand que nous l'avons dotée de toutes nos divines qualités. De sorte qu'elle avait pour dot notre puissance, notre sagesse, notre amour, notre bonté, notre lumière et tout le reste de nos divines qualités. Déjà à toutes les créatures que nous amenons à la lumière du jour nous accordons cette dot. Aucune créature ne naît sans être dotée par son Créateur, mais comme elles se sont retirées de notre Volonté, on peut dire qu'elles ne le savent même pas. Mais cette Sainte Vierge n'est jamais sortie de notre Volonté et elle a sa vie éternelle dans les mers interminables de notre Fiat. C'est pourquoi elle a grandi avec nos attributs et en formant ses actes dans nos divines qualités, elle formait des mers de puissance, de sagesse, de lumière, etc. Nous pouvons dire qu'en vivant avec notre science nous lui donnions des leçons continuelles sur son Créateur. Elle grandissait dans notre connaissance et connaissait si bien l'Être suprême que ni ange ni saint ne pouvait se comparer à elle. Tous étaient des ignorants devant elle parce qu’aucun n'a grandi et fait sa vie avec nous. Elle entrait dans nos secrets divins, dans les cachettes les plus intimes de notre Être divin sans commencement ni fin, dans nos joies et nos béatitudes impérissables et avec notre puissance qu'elle avait en son pouvoir, elle nous dominait et nous maîtrisait. Et nous la laissions faire. En fait, nous étions heureux de sa maîtrise et afin de la rendre encore plus heureuse, nous lui donnions nos chastes embrassements, nos sourires amoureux, nos condescendances, en lui disant : Fais ce que tu veux. Notre vouloir a tant d'amour envers la créature et son désir de la voir vivre en lui est si grand que s'il obtient cela, il la jette dans un abîme de grâce et d'amour jusqu'à la submerger, et la petitesse humaine est contrainte de dire : C'est assez, je suis déjà noyée, je me sens dévorée par ton amour, je ne suis plus capable d'en supporter davantage.

            Tu dois savoir que notre amour n'est pas satisfait et ne dit jamais c'est assez. Peu importe ce qu'il donne, il veut toujours donner plus et lorsque nous donnons, c'est pour nous une fête. Nous préparons la table pour celle qui nous aime et nous la pressons de rester avec nous pour avoir la vie ensemble. Ma fille, écoute maintenant un autre prodige de notre Fiat dans cette sainte Créature, et comment elle nous aimait et étendait sa maternité à toutes les créatures. Dans chacun de ses actes, si elle aimait, priait ou adorait, si elle souffrait, tout, et même le souffle, le battement de cœur, le pas, comme tout était notre Fiat, tout était triomphe et victoire que notre Être suprême obtenait dans les actes de la Vierge. La céleste Dame triomphait et conquérait en Dieu. Tous les instants de son admirable et prodigieuse vie étaient des triomphes et des victoires entre Dieu et la Vierge. Mais cela n'est rien. Agissant en véritable Mère, elle appelait tous ses enfants, elle les couvrait et les cachait dans tous ses actes, les recouvrait de ses victoires, leur donnant tous ses actes avec toutes ses victoires et tous ses triomphes.

            Puis, avec une tendresse et un amour à briser le cœur et à nous sentir conquis, elle nous dit : Adorable Majesté, regardez-les, ce sont tous mes enfants, mes victoires et mes triomphes sont de mes enfants, ce sont mes conquêtes et je les leur donne, et si la Maman a conquis et triomphé, les enfants ont conquis et triomphé. Et tous les triomphes et les victoires qu’elle a eus en Dieu sont autant d’actes que les créatures auraient accomplis afin que chacune puisse dire : J’ai reçu en dot les actes de ma Maman Reine et comme sceau elle m’a revêtue des victoires et des triomphes qu’elle a eus avec son Créateur.

            Si bien que la créature qui veut se sanctifier trouve la dot de sa céleste Mère, ses triomphes et ses victoires,  pour parvenir à la plus haute sainteté ; la plus faible trouve la force de la sainteté de sa Maman et ses triomphes pour devenir forte ; l’affligée et la souffrante trouvent la dot des souffrances de sa céleste Mère pour obtenir le triomphe et la victoire de la résignation ; la pécheresse trouve la victoire et le triomphe du pardon. Bref, chaque créature trouve dans la Reine souveraine la dot, le soutien, l’aide pour l’état où elle se trouve. Et comme il est beau, émouvant et ravissant de voir cette céleste Mère en chaque créature, de sentir combien elle aime ses enfants et prie pour eux. C’est le plus grand des prodiges entre le Ciel et la terre, et nous ne pouvions accorder un plus grand bienfait aux créatures.

            Je dois te dire, ma fille, une souffrance de ta céleste Mère est l'ingratitude des créatures devant un si grand amour. Cette dot, qu’avec tant de sacrifices allant jusqu'à l'héroïsme du sacrifice de son Fils avec tant d'atroces souffrances, certains ne la connaissent pas, d'autres s'y intéressent à peine ; et ils vivent dans la pauvreté. Combien elle souffre de voir que ses enfants sont pauvres et ne possèdent pas ces immenses richesses d'amour, de grâce et de sainteté parce que ce ne sont pas des richesses matérielles, mais les richesses de cette céleste Mère et pour lesquelles elle a donné sa vie. Et voyant que ses enfants ne les possèdent pas, elle doit garder ses richesses sans la raison pour laquelle elle les a acquises, et c'est une souffrance continuelle. C'est pourquoi elle veut faire connaître ce grand bien à tous parce que si on ne le connaît pas, on ne peut pas le posséder. Elle a acquis ces dots en vertu du divin Fiat qui régnait en elle, qui l’aimait au point de lui laisser faire ce qu'elle voulait pour en arriver au bien des créatures. C'est pourquoi ce sera mon divin Vouloir qui mettra au grand jour ces célestes dots et leur en fera prendre possession. Par conséquent, prie pour qu'un bien si grand soit connu et désiré par les créatures.

17.  24 décembre 1936 — La Mère céleste et divine et la Mère humaine. La course d'amour de Dieu dans laquelle il laisse cette Mère générer son Jésus dans chaque créature en vertu du Fiat.

         Je continue le même thème sur la très Sainte Vierge. Une lumière qui descend du sein de l’Éternel investit mon pauvre esprit, mais c'est une lumière qui parle et dit tant de choses sur la céleste et souveraine Dame que je ne sais comment faire pour tout dire sur elle. Mais mon bien-aimé Jésus, avec sa bonté habituelle, me dit :

            Courage, ma fille, je vais t'aider, je vais te communiquer les mots. Je sens l’irrésistible besoin de faire connaître qui est cette Mère, les dots, les privilèges et le grand bien qu'elle fait et peut faire à toutes les générations. Par conséquent, écoute-moi et je te dirai des choses qui ne vous sont jamais venues à l'esprit, ni à toi ni aux autres, afin d'ébranler les plus incrédules et les plus ingrats des pécheurs, et pour te dire aussi jusqu'où peut aller notre amour. Un amour qui ne se donnait jamais de repos, qui courait avec rapidité et faisait se livrer notre Être divin à des excès propres à étonner le ciel et la terre au point que chacun s'exclame : Est-il possible qu'un Dieu ait aimé à ce point les créatures ?

            C'est pourquoi, ma fille, tu sens ce que fait notre grand amour. Les créatures avaient un Père céleste et cela ne satisfaisait pas notre amour. Dans son désir et sa folie d'amour, il voulut former pour elle une Mère céleste et une Mère terrestre, de sorte que si les sollicitudes, l'amour et la tendresse de la Paternité céleste pouvaient ne pas leur suffire pour l'aimer, l'amour, la tendresse indescriptible de cette céleste et humaine Mère serait l'anneau de conjonction qui éliminerait toute distance, peur et crainte, si les créatures s'abandonnaient entre ses bras, pour se faire conquérir par son amour afin d'aimer celui qui l’avait formée pour obtenir leur amour et se faire aimer.

            Il fallait par conséquent les prodiges les plus extraordinaires et un amour inépuisable que seul un Dieu peut donner pour réaliser ce projet. Nous avons appelé du néant cette sainte Créature et en nous servant de la même semence des générations humaines, mais purifiées, nous lui avons donné la vie. Dès le premier instant de cette vie la vertu céleste de notre divin Fiat lui était unie pour former une vie divine et humaine qui grandit divinement et humainement, et participant à la divine fécondité, forma en elle le grand prodige de pouvoir concevoir un homme et un Dieu. Elle put former avec le germe humain l'Humanité du Verbe incarné et avec le germe du Fiat, elle conçut le Verbe divin. Il n'y eut plus alors de distance entre Dieu et l'homme. La Vierge étant humaine et céleste rapprocha l'homme et Dieu et donna la filiation à tous ses enfants afin qu’ils puissent s'approcher de lui et contempler en lui et en elle les mêmes traits, les voir revêtus de la même nature humaine. Ils auraient alors la confiance et l'amour pour se laisser conquérir et aimer celui qui les aimait tant. Quel amour une bonne Mère ne reçoit-elle pas de ses propres enfants ? D'autant plus qu'elle était puissante et riche et qu'elle aurait donné sa vie pour mettre en sécurité ses propres enfants. Et que n'a-t-elle pas fait pour les rendre heureux et saints ?

            L'Humanité du Verbe et la Mère céleste et humaine sont comme des dépôts où confier l'amour pour toutes les créatures et leur dire avec amour : N'ayez pas peur, venez à nous, nous nous ressemblons en toutes choses, venez pour que nous puissions tout vous donner. Mes bras seront toujours prêts à vous embrasser, et pour vous défendre, je vous enfermerai dans mon Cœur pour tout vous donner. Qu'il suffise de vous dire que je suis votre Mère et que mon amour est si grand que je vous garde conçus dans mon Cœur.

            Mais tout cela n'est rien encore. Il était Dieu, il devait travailler en Dieu. Notre amour courait pour inventer d'autres stratagèmes d'amour excessif. Tu serais toi-même stupéfaite en les apprenant, et lorsque les générations humaines en entendront parler, elles nous aimeront tellement qu'elles nous rendront une grande partie de notre amour. Fais bien attention, ma bienheureuse fille, et remercie-moi pour ce que je vais te dire. Comme je le disais, il ne suffisait pas à notre amour qu'en vertu de notre Fiat chacun pourrait être conçu dans le Cœur de cette Vierge. Afin d'avoir une maternité véritable, non en paroles, mais avec des faits, elle a été conçue en chaque créature afin que chacune puisse avoir une Mère bien à elle. Et pour posséder le plein droit que chaque créature puisse être son enfant, notre amour est passé un autre excès.

            Tu dois savoir que cette céleste Reine, ayant la plénitude de notre divin Fiat qui possède par nature sa vertu de génération et de bilocation, peut avec le divin Fiat générer et déplacer autant qu'elle veut son Fils Dieu. Notre amour s'est imposé sur cette céleste Créature et dans son désir, avec la vertu de mon Fiat qu'elle possédait, il lui donna le pouvoir de la laisser générer son Jésus en chaque créature, de le faire naître, de l'élever, de faire tout ce qui lui convient pour former la vie de son cher Fils. Elle compense pour tout ce que la créature ne peut pas faire. S’il pleure, elle sèche ses pleurs ; s’il a froid, elle le réchauffe ; s'il souffre, elle souffre avec lui ; et alors qu'en agissant comme Mère elle élève son Fils, elle est aussi une Mère pour la créature qu'elle élève. Si bien qu'on peut dire qu'elle les élève ensemble, qu'elle les aime d'un même amour, qu'elle les guide, les nourrit, les habille ; et formant de ses bras maternels deux ailes de lumière, elle les recouvre et les cache dans son Cœur pour leur donner le plus beau des repos.

            Ce n'était pas suffisant pour notre amour que le Verbe puisse s'incarner pour générer un Jésus en chaque créature et donner une Mère à toutes les générations humaines ; non, non, notre amour n'aurait pas été excessif. Sa course était si rapide, il ne savait pas s'arrêter et il s'est calmé un peu lorsque, avec son pouvoir, il a généré cette Mère en chaque âme afin que chacune puisse avoir Mère et Fils à sa disposition. Oh ! comme il est beau de voir cette céleste Mère générer avec amour son Jésus en chaque créature pour y former un prodige d'amour et de grâce. Tel est l’honneur et la très grande gloire que lui a donnés son Créateur, et le plus grand amour que Dieu puisse manifester aux créatures. Mais il n'y a pas à s'en étonner, car notre Fiat peut tout faire et ce qu'il veut faire est déjà chose faite. Il faut plutôt s'étonner de savoir à quels excès il a poussé son amour de l'homme.

18.  28 décembre 1936 — La céleste Héritière ; comment elle appelle ses enfants à hériter de ses biens. Comment elle arrive à doter les âmes de son Amour maternel afin de former d'autres Mamans à Jésus.

        Je poursuis le même thème. Je pensais à ce que je venais d'écrire et je me disais : Cette chaîne d'amour excessif qui semble ne jamais finir est-elle possible ? Je sais que rien n'est impossible à Notre-Seigneur, mais en arriver à faire descendre des hauteurs de sa sainteté cette céleste Mère dans la profondeur de nos âmes pour nous élever comme ses très tendres filles, générer en nous son Fils Jésus et nous élever avec lui, cela tient de l'incroyable ; et même si j'avais le cœur débordant d'amour et de joie en sentant qu'avec un amour indescriptible elle m’élevait comme sa fille avec son cher Fils, il me semblait ne pas pouvoir le dire et l’écrire de façon à ne pas soulever des difficultés et des doutes. Mais mon cher Jésus, prenant une allure imposante qui ne permettait pas de lui résister, me dit :

            Ma fille, je veux que tu écrives ce que je t'ai dit. Il y a dans ce que je t'ai dit des mers d'amour pour les créatures et je ne veux pas être suffoqué. Par conséquent, si tu n'écris pas, je me retire. As-tu oublié que je dois faire la conquête de l'homme par l'amour, mais par un amour auquel il lui sera difficile de nous résister ?

            J'ai répondu Fiat immédiatement et mon bien-aimé Jésus reprit son aspect doux et aimable, et avec un amour qui me brisait le cœur, il ajouta : 

            Ma bienheureuse fille, il n'y a pas de doute à avoir. Mon Être est tout amour, et lorsqu’il semble que je me suis livré à des excès d’amour tels qu’il n’est pas possible de faire plus, d’autres excès d’amour suivent. Mais ces bienfaits n’ont pas été détruits. Ils existent et existeront et lorsqu’un bien n’est pas détruit, il y a toujours la certitude qu'il parviendra à celui à qui il était destiné. La grande Reine a commencé sa vie dans l’héritage de cette Divine Volonté avec une telle abondance qu'elle se sentait submergée par les biens de son Créateur, et par son Fiat elle hérita la fécondité et la maternité divine et humaine, elle hérita le Verbe du Père céleste, elle hérita toutes les générations humaines, et celles-ci héritèrent tous les biens de cette céleste Mère.

            Elle possède le droit comme Mère de générer dans son Cœur maternel ses enfants, mais pour notre amour et le sien, ce n'était pas assez. Elle voulait générer en chaque créature, et comme elle était héritière du Verbe divin elle avait le pouvoir de le générer en chacun de ses enfants. S'ils peuvent hériter les maux, les passions, les faiblesses, pourquoi ne peuvent-ils pas hériter les biens ? C'est pourquoi l’Héritière céleste veut faire connaître l'héritage qu'elle veut donner à ses enfants. Elle veut donner sa Maternité aux créatures afin qu’en la générant, elles soient comme des Mères et qu’elles l'aiment comme elle l'a aimée. Elle veut former autant de mères à son Jésus afin de le mettre en sécurité et que plus personne ne puisse l'offenser. Parce que l'amour de cette Mère est bien différent des autres amours. C'est un amour qui brûle toujours, c'est un amour qui donne vie à son cher Fils. Elle veut doter les créatures de son amour maternel et les rendre héritières de son propre Fils. Oh ! Comme elle se sentira honorée de voir que les créatures aiment son Jésus avec son amour de Mère.

            Tu dois savoir que son amour pour moi et pour les créatures est si grand qu'elle se sent inondée et incapable de le contenir plus longtemps, elle m'a prié de manifester ce que je t'ai dit, son grand héritage pour lequel elle attend ses héritières et ce qu'elle peut faire pour elles en me disant : « Mon fils, n'attend pas plus longtemps, agis bientôt, manifeste mon grand héritage et ce que je peux faire pour les créatures. Je me sens plus honorée, plus glorifiée, lorsque c'est toi qui dis ce que ta Maman peut faire que lorsque je le dis moi-même. » Cependant, tout ceci n'aura son plein effet, la vie palpitante de cette Dame souveraine, que lorsque ma Volonté sera connue et que les créatures prendront possession de l'héritage de leur Mère.

            Après quoi mon doux Jésus me donna un baiser et me dit :

            C’est dans le baiser que se communique le souffle et je voulais par conséquent t'embrasser pour te communiquer avec mon souffle omnipotent la certitude des biens et du grand prodige que ma Mère apportera aux générations humaines. Mon baiser est la confirmation de ce que je veux faire.

            Je demeurais surprise et il ajouta :

            Et toi, donne-moi ton baiser afin de recevoir le dépôt de tous ces biens et de reconfirmer ta volonté dans la mienne. S'il n'y a pas quelqu'un qui donne et quelqu'un qui reçoit, un bien ne peut être ni formé ni possédé.

19.  1er janvier 1937 — La fête que la Reine du Ciel prépara pour son Fils Jésus dans sa naissance. Comment l'amour est un aimant qui transforme et embellit.

        Je pensais à l'incarnation du Verbe et aux excès d'amour de la Divinité qui semblaient comme des mers englobant toutes les créatures. Elles voulaient leur faire sentir combien elles les aimaient afin d'être aimées. Elles leur murmuraient continuellement à l'intérieur comme à l'extérieur : Amour, amour, amour, amour nous donnons et amour nous voulons. Et notre céleste Mère, se sentant blessée par le cri continuel de l'Éternel qui donnait de l'amour et voulait de l'amour, se voyait tout attentive afin de rendre cet amour à son cher Fils, le Verbe incarné, en formant une surprise d'amour. Le céleste Enfant que j'attendais sortit du Sein maternel et se jetant dans mes bras, tout heureux, il me dit :

            Sais-tu, ma fille, que ma Maman prépara pour moi la fête de ma naissance ? Et sais-tu comment ? Dans les mers d'amour qui descendaient du Ciel par la descente du Verbe éternel, elle sentait le cri continuel de Dieu qui voulait être aimé en retour. Elle sentait dans son sein nos anxiétés, nos soupirs ardents, mes gémissements. Souvent elle ressentait mes pleurs et mes sanglots, et en chaque gémissement, une mer d'amour que j'envoyais vers chaque cœur afin d'être aimé. Et voyant que je n'étais pas aimé, elle et moi nous pleurions et sanglotions, mais chaque sanglot redoublait mes mers d'amour pour conquérir les créatures par l'amour. Mais elles convertissaient pour moi ces mers en souffrances, et je me servais des souffrances pour les convertir en autant d'autres mers d'amour. Ma Maman voulait me faire sourire dans ma naissance et préparer la fête pour son petit enfant. Elle savait que je ne peux pas sourire si je ne suis pas aimé, ni participer à aucune fête si l'amour n'y est pas. Par conséquent, comme elle m'aimait d'un véritable amour de Mère et possédait, en vertu de mon Fiat, des mers d'amour, et comme elle est Reine de toute la Création, elle invita le ciel avec son amour et mit sur chaque étoile le sceau du « Je t’aime, ô Fils » pour moi et pour tous ; elle invita le soleil dans sa mer d'amour et elle imprima sur chaque goutte de lumière son « Je t’aime, ô Fils », et elle demanda au soleil de revêtir de sa lumière son Créateur et de le réchauffer afin qu'il puisse ressentir en chaque goutte de lumière le « Je j’aime » de sa Maman. Elle investit le vent de son amour et avec chaque souffle elle scella le « Je t’aime, ô Fils », puis elle l'appela afin de le caresser et qu'il puisse ressentir avec chaque souffle le « Je t’aime, ô Fils, Je t’aime, ô Fils ». Elle invita l'air tout entier dans ses mers d'amour afin qu'en respirant il puisse ressentir le souffle d'amour de sa Mère. Elle recouvrit la mer tout entière de sa mer d'amour, chaque frétillement de poissons, et la mer murmura « Je t’aime, ô Fils », et les poissons frétillaient « Je t’aime, ô Fils ». Il n'est rien que ma Mère n'ait revêtu de son amour et, avec son empire de Reine, elle commanda à tous de recevoir son amour afin de redonner à Jésus l'amour de sa Maman.

            C'est pourquoi les gazouillis, les trilles et les pépiements des oiseaux, même chaque atome de la terre étaient revêtus de son amour. Le souffle des bêtes venait avec le « Je t’aime » de ma Mère, le foin était revêtu de son amour. Il n'y avait rien que je puisse voir ou toucher sans ressentir la douceur de son amour. Elle me préparait ainsi la plus belle des fêtes dans ma naissance, la fête de l'amour et de l’échange de mon grand amour qui m'a fait trouver ma douce Mère. Et c’est son amour qui calmait mes pleurs, me réchauffait dans la mangeoire où j'étais transi de froid. Je trouvais dans son amour celui de toutes les créatures et elle m'embrassait, me pressait contre son Cœur et m’aimait avec l'amour d'une Mère pour tous ses enfants. Et moi, je sentais en chaque créature son amour maternel, et je les aimais comme ses enfants et comme mes chers frères et sœurs. 

            Ma fille, y a-t-il une chose que l'amour animé par un Fiat omnipotent ne puisse faire ? Il devient un aimant qui attire de façon irrésistible et supprime toute dissemblance. Avec sa chaleur, il transforme et confirme celui qu'il aime. Il embellit de façon incroyable au point de ravir le ciel et la terre. Ne pas aimer une créature qui nous aime s'avère impossible. Toute notre puissance et notre force divine sont rendues faibles et impotentes devant la force victorieuse de celle qui nous aime. C'est pourquoi tu me donnes également la fête que ma Mère m'a donnée à ma naissance. Invoque le ciel et la terre avec ton « Je t’aime, ô Jésus,». Que rien ne t'échappe, et fais-moi sourire parce que je ne nais pas qu’une seule fois, mais je renais toujours, et souvent mes renaissances sont sans sourire et sans fête. Et je reste seul avec mes pleurs, mes sanglots et mes gémissements, dans un froid qui me fait trembler et engourdit tous mes membres.

            Par conséquent, serre-moi contre ton cœur pour me réchauffer avec ton amour, et avec la lumière de ma Volonté forme pour moi le vêtement pour m'habiller. Ainsi tu feras aussi pour moi la fête et je la ferai pour toi en te donnant un amour nouveau et une connaissance nouvelle de ma Volonté.

20.  4 janvier 1937 — Comment chaque créature possède même dès le commencement de son existence un acte voulu et décidé par la Divine Volonté qui la crée, l’élève et la forme. Fête de Jésus en chaque acte de la créature qui fait sa Volonté.

       Je suis entre les bras du divin Fiat qui m'entoure de sa lumière et rappelle sur ma pauvre existence l'acte continuel de sa Volonté, mais un acte qui me donne la vie, qui m'aime et sans lequel je ne pourrais pas vivre ni trouver celui qui m'aime vraiment. C'est pourquoi il me veut tout attentive à recevoir cet acte de vie de sa Volonté afin de ne pas l’empêcher de faire ce qu'il veut faire, et que je lui fasse obstacle, car la Volonté de Dieu et l'amour rivalisent entre eux et l'un ne peut être sans l'autre. Je me trouvais sous cet acte du Fiat lorsque mon bien-aimé Jésus, avec une bonté indescriptible, me serra contre son divin Cœur et me dit avec tendresse :

            Ma bienheureuse fille, ma Volonté est tout pour la créature et sans elle tu n'aurais même pas la vie. Tu dois savoir que chaque créature possède depuis le début de son existence un acte voulu et décidé par ma Volonté qui porte en elle-même un acte d'amour intense envers celui ou celle qui commence à vivre. Tu vois par conséquent comment la création de la créature commence sous la loi d'un acte d'amour et de Divine Volonté, voulu avec toute la plénitude de connaissance, si bien que ces deux actes, amour et Divine Volonté, sont pourvus de toutes les grâces, de pouvoir, de sagesse, de sainteté et de beauté avec lesquels la créature vivra et accomplira sa vie.

            Ma Volonté ayant formé son premier acte, elle ne se sépare pas de la créature. Elle la crée, la forme, l’élève, développe son acte afin de la reconfirmer dans son acte voulu. De sorte que ma Volonté et mon amour courent en chaque acte humain et forment la vie, le soutien, la défense et le refuge de la créature, et l’entourant de leur pouvoir, ils la nourrissent de sa vie. Mon amour l’embrasse et la tient pressée contre sur son sein. Ma Volonté l’entoure de tous côtés afin de maintenir l’acte voulu que mon Fiat a prononcé pour l’amener à l’existence.

            Cet acte voulu par notre Fiat est le plus grand et le plus puissant, et celui qui glorifie le plus notre Être divin, un acte que même le ciel ne peut contenir ni comprendre. Il te semble à toi peu de chose que notre Volonté coure en chaque acte de la créature et ne dise pas avec des mots, mais avec des faits : Je suis à toi, à ta disposition. Oh ! reconnais-moi. Je suis la vie, ton acte ; si tu me reconnais, tu me donneras ton petit retour d'amour et si petit soit-il, je le veux, je le réclame afin de me rassurer dans mon œuvre continuelle et dans la vie que je mets en toi. Et mon amour, afin de ne pas rester derrière mon Fiat, ressent le besoin irrésistible de courir et d'aimer chacun des actes de la créature et de dire en chacun d’eux, je t'aime et tu m'aimes. 

            De plus, si la créature vient à reconnaître cet acte voulu de mon Fiat, il fait alors d'elle des prodiges inouïs de sainteté et de beauté qui formeront les plus magnifiques ornements de la Patrie céleste, et les vies les plus resplendissantes à la ressemblance de leur Créateur parce que notre Volonté ne sait pas faire des êtres qui ne nous ressemblent pas. La première chose que crée notre Fiat est notre ressemblance parce qu'il veut se retrouver dans l'acte qui se développe dans la créature. Sinon il pourrait dire : Tu ne nous ressembles pas, et par conséquent tu ne m'appartiens pas. S'il n'est pas reconnu et aimé, il forme alors une souffrance pour ma Volonté, même si elle court dans chaque acte de la créature qui n'aurait pas la vie sans elle. Dans sa douleur, ma Volonté sent sa vie divine rejetée, la sainteté qu'elle veut développer repoussée, et sont enfermées dans son acte voulu les mers de grâces dont elle voudrait inonder la créature, et la beauté dont elle devrait la recouvrir. Par conséquent, ma Volonté peut dire : Il n'y a pas de douleur comparable à ma douleur, car il n'y a pas de bien que je ne voulais lui donner, il n'y a pas d'acte où je n'avais mis le mien.

            Par conséquent, ma fille, sois attentive. Pense qu'en chacun de tes actes se trouve une Divine Volonté qui le forme et lui donne la vie, parce qu'elle t'aime ; ma Volonté veut que tu connaisses la vie qu'elle te donne, et cela en confirmation de ses actes en toi. Par conséquent, choisis plutôt de mourir plutôt que d'empêcher cet acte voulu de ma Volonté depuis le commencement de ton existence. Comme il est beau de pouvoir dire : Je suis la Volonté de Dieu, car il a fait toutes choses en moi. Il m'a créée, il m'a formée et m'emportera dans ses bras de Lumière jusque dans les célestes Régions comme une victoire et un triomphe de son Fiat omnipotent et de son amour.

            Après quoi mon esprit continua à nager dans la mer du Fiat et, oh ! comme il était beau de le voir si attentif à investir mon souffle et mon amour de son Souffle divin et de son Cœur divin pour former sur mon petit amour sa mer d'amour, tellement ravi qu'il attendait avec impatience mes petits actes humains afin de former son œuvre divine. Et mon bien-aimé Jésus célébrait le triomphe de l’œuvre du Fiat dans ma petite âme, et toute bonté, il me dit :

            Fille de mon Vouloir, comme je suis heureux de voir que ma Divine Volonté agit dans l'acte de la créature, et comme cet acte est petit, ma Volonté prend plaisir à le perdre dans son grand acte qui n'a pas de limites, et à s'exclamer triomphante : J’ai vaincu, la victoire m'appartient et à chaque acte de ma Volonté en elle, je fais la fête. Tu dois savoir que la gratification de notre Être suprême est si grande en voyant le petit acte humain perdu, identifié à notre acte, comme s'il avait perdu la vie afin de donner vie au nôtre, que nous élevons cet acte, que nous l'appelons notre acte dans la hauteur de notre acte éternel. Toute l'Éternité entoure cet acte et tout ce qui a été fait et sera fait autour d'elle sera identifié avec cet acte, de sorte que toute l'Éternité appartient à cet acte. Cet acte vit dans le sein de l'Éternel et forme une fête de plus pour notre Être suprême, par conséquent une fête de plus pour le ciel tout entier et une aide, une force et une défense pour toute la terre. La créature qui fait notre Volonté la laisse vivre en elle. C'est la satisfaction unique que nous connaissons, c'est le véritable échange que nous recevons pour avoir fait la Création, c'est la rivalité d'amour entre le Créateur et la créature, c’est notre mise en mouvement pour donner de nouvelles surprises de grâces, et pour la créature de les recevoir.

            Par conséquent, si la créature court dans notre Fiat afin de lui laisser le champ libre pour agir, dans l’enthousiasme de notre amour, nous disons : La créature nous paye en retour pour tout ce que nous avons fait. Après tout, n'avons-nous pas fait toutes choses et la créature elle-même afin qu'elle puisse faire notre Volonté en toutes choses ? C'est ce qu'elle fait, et cela nous suffit, même si elle ne fait rien d'autre. Si cela est suffisant pour nous, à plus forte raison ce devrait l’être aussi pour elle de vivre toujours dans notre Volonté. Ainsi, elle est à nous et nous sommes à elle, et il te semble peu de chose de pouvoir dire : Dieu est à moi, tout à moi et il ne peut pas m’échapper parce que son Fiat omnipotent le maintient lié en moi.