No 21 à 40

21.  10 janvier 1937 — Le tissage entre le Vouloir divin et le vouloir humain. Tendresse de Jésus pour celles qui vivent dans son Vouloir et sont même heureuses d'avoir pleuré et souffert. Le refuge des œuvres de Dieu.

Je suis sous les vagues éternelles du Fiat et mon pauvre esprit court et court toujours pour être recouvert de ces vagues qui courent elles-mêmes pour me recouvrir, et ce jeu forme entre nous le plus beau des repos. Mais pendant que je courais, mon très grand Bien Jésus m'a retenue et m'a dit :

            Ma fille, comme elle est belle la course de mon Fiat avec la fille de ma Divine Volonté. Les deux s’entremêlent et dans toutes les choses créées où court ma Volonté on peut voir le petit fil du vouloir humain qui tisse avec mon Fiat. Et il semble que mon Fiat ne soit pas satisfait s'il ne voit pas ce fil du vouloir humain dans le ciel, dans le soleil et en toutes choses. C'est comme une compétition entre le Vouloir divin qui veut investir le vouloir humain et le vouloir humain qui veut être revêtu par le Vouloir divin.

            Et je dis avec surprise : Mais comment le vouloir humain qui est si petit peut-il être étendu à toute chose, et en compagnie du Fiat embrasser le grand espace de toute la Création ? Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, ne t'étonne pas. Comme tout a été créé pour la créature, il était juste et approprié que l'âme et la volonté humaine puissent investir et embrasser toutes choses, tout dominer et posséder des merveilles plus grandes que la Création elle-même. D'autant plus qu’unie à ma Volonté, à quoi la créature ne peut-elle pas arriver ? Elle ne peut pas embrasser notre immensité parce que cela n'est donné à personne, mais tout ce qui a été fait pour elle, pourvu qu'elle soit dans notre Fiat, lui a été donné par nous ; le droit d'entrer partout, d'embrasser toutes choses et de faire nôtres ses œuvres. Et mon Fiat verrait son dessein brisé et ne pourrait pas supporter de ne pas trouver le vouloir humain dans ses œuvres. Il veut vivre avec la créature, reconnaître ses œuvres dans les siennes, combien il l'a aimée et combien il veut être aimé.           

            Par conséquent, ma Volonté est très attentive. Elle est comme un espion qui observe la créature pour voir si elle est sur le point de faire un petit acte, un acte d'amour, un souffle, un battement de cœur, afin de pouvoir l’investir de la puissance de son Souffle et lui dire : J'ai accompli mes œuvres pour toi et tu dois travailler pour moi. Par conséquent ce que tu fais est à moi, c'est mon droit, tout comme mes œuvres sont ton droit. Telles sont les lois de la vie dans ma Volonté, le tien est le mien cessent des deux côtés, ils ne forment plus qu'un acte unique et ils possèdent les mêmes biens. Mais ce n'est pas tout, car pour celle qui vit dans notre Fiat, ce fil de la volonté humaine court dans ma conception, dans ma naissance, dans mes pleurs d'enfants et dans mes souffrances. Tu ressens une chose très tendre lorsque ce fil du vouloir humain se tisse avec le mien pour revêtir tous les actes et toutes les souffrances de ton Jésus. Je ressens la joie et la raison d'être conçu et d’être né, je suis heureux d'avoir pleuré pour son amour et mes larmes ne courent plus sur mon visage en voyant que la volonté humaine joint mes larmes aux siennes, les embrasse, les adore et les aime. Oh ! comme je suis heureux et victorieux de sentir que mes larmes et mes souffrances ont conquis le vouloir humain puisque je sens son flux dans tous mes actes et jusque dans ma mort elle-même.

            Tout comme il n'est rien que nous n'ayons fait pour son amour, il n'y a rien où ma Volonté n'appelle cette volonté humaine, et pour en être plus sûre, elle tisse ses œuvres avec les siennes. Il n'est pas question de la laisser derrière et avec un enthousiasme d'amour indescriptible elle lui dit : Ma Volonté est à toi, mes œuvres sont à toi, reconnais-les, aime-les. N'arrête pas, ne laisse rien s’échapper, tu perdrais un droit à ce que tu ne connais pas et que tu ne possèdes pas, et tu me ferais de la peine si dans ma Volonté je ne trouvais pas la tienne tissée dans mes œuvres. Mon dessein serait déchiré, trahi dans l'amour, et comme un père qui ayant des enfants ne les trouve pas dans ses œuvres, dans ses possessions, dans sa résidence, et qui restent distants et mènent une pauvre vie indigne d'un tel père. Par conséquent, les anxiétés, les soupirs, l’avidité de mon Fiat sont incessants. Il remuerait le ciel et la terre, il ne s'épargnerait rien pour que la créature puisse vivre en harmonie avec lui et posséder ses propres biens.

            De plus, tout ce que nous avons fait dans la Création comme dans la Rédemption, tout est en acte pour se donner à l'homme. Ils sont au-dessus de sa tête, mais suspendus sans pouvoir se donner parce qu'il ne les connaît pas, ne les appelle pas et ne les aime pas afin de les prendre dans son âme et de recevoir un tel bien.

            Chez celle qui possède notre Volonté, toute la Vie que j'ai passée sur terre trouve le refuge, l'espace, l’endroit où continuer ma vie, mes œuvres, et l'âme acquiert l'acte et convertit en nature ses œuvres et ma vie. Si bien que cette créature est le refuge de notre sainteté, de notre amour et de la vie de notre Volonté. Et lorsque notre amour n'est plus capable de se contenir et veut se donner à l'excès, nous trouvons refuge en elle pour épancher notre amour, et nous déversons de tels charismes de grâces que les cieux stupéfaits et tremblants adorent l’œuvre de notre Divine Volonté dans la créature.

22.  24 janvier 1937 — Pour celle qui vit en elle, la Divine Volonté forme la répétition de sa vie et de son amour ; elle forme et étend en elle toute la Création et tout ce que Jésus a fait. Comment il lui donnera un nom nouveau en l’appelant : Mon Fiat.

        Je suis dans la puissance du Fiat suprême qui toujours veut me donner de ce qui est à lui, afin de toujours me tenir occupée, et pour que nous ayons toujours quelque chose à faire ensemble à travers ma pauvre âme. Et s'il perçoit quelque vide qui ne soit pas sa Volonté, avec une activité admirable et inimitable, il voit ce qui me manque de tous les actes qu'il a accomplis par amour pour les créatures, et tout heureux il le scelle dans mon âme en me donnant une petite leçon. J'étais surprise et mon toujours aimable Jésus, visitant sa petite fille, me dit :

            Ma bonne fille, ne sois pas surprise. L'amour de mon Vouloir est exubérant, mais avec la plus haute sagesse, car il veut faire pour celles qui vivent dans son Vouloir, œuvres dignes de lui, de petites répétitrices de sa vie, de son amour, et cacher en elles la sainteté et la multiplicité de ses œuvres. Il veut continuer son œuvre créatrice, il veut former, répéter et étendre toute la Création, et même plus encore, dans la créature qui vit dans sa Volonté.

            Tu ressens jusqu'où peut en arriver son amour. Mon Fiat a créé la Création et à chaque chose créée il assigne une valeur, un amour, une fonction distincte de façon à produire un bien distinct pour les créatures, si bien que le ciel a une fonction et un amour qui lui appartiennent en propre ; le soleil, le vent, la mer en ont une autre et ils accomplissent des fonctions distinctes ; et ainsi de suite pour toutes les choses créées. Tu ressens maintenant ce que fait ma Volonté pour la créature qui vit en elle. Tout ce qu'elle fait lui appartient, de sorte que dans un acte, elle place la valeur, l'amour et la fonction du ciel, et elle donne à la créature l'amour et la valeur du ciel. Dans un autre acte, ma Volonté prononce son Fiat et elle y place la valeur et l'amour qu'elle avait en créant le soleil et elle lui fait remplir la fonction du soleil. Dans un autre, ma Volonté place la valeur du vent, son amour dominant, et prononçant son Fiat lui fait accomplir la fonction du vent. Dans un autre encore, ma Volonté place la valeur de la mer et, prononçant son Fiat, lui fait accomplir la fonction de la mer et lui donne la vertu de murmurer toujours, amour, amour, amour. Bref, il n'est pas un acte de la créature où ma Volonté ne prenne plaisir à prononcer son Fiat et à placer ici la valeur de l’air, là le doux chant des oiseaux, ici le bêlement des agneaux, ici la beauté de la fleur. Et si les actes de la créature ne parviennent pas à étendre l’œuvre de la Création, ma Volonté se sert du battement de cœur, du souffle, de la rapidité du sang qui circule dans ses veines, elle anime toutes choses de son Fiat et y forme la Création tout entière.

            Et après avoir tout achevé de tout ce qu’elle a fait dans la Création par amour pour les créatures, ma Volonté étend son empire et avec sa force créatrice conserve toutes choses, maintient l'ordre de la nouvelle Création qu'elle a formée dans les actes de la créature. Elle se sent alors aimée et glorifiée, car elle ne trouve pas la Création sans raison, sans volonté et sans vie, mais elle y trouve la force d'une raison, d'une volonté et une vie qui a volontairement subi la puissance de son Fiat dans ses actes, sa vertu créatrice, sa vie divine, son amour infatigable. En un mot, la créature lui a laissé faire avec elle ce qu'elle a voulu de son souffle et de ses actes.

            Ma bienheureuse fille, continue à m'écouter, laisse-moi épancher mon amour. Je ne peux plus le contenir. Je veux te dire jusqu’où il peut aller et tout ce qu'il peut faire pour celle qui vit dans mon Fiat. Crois-tu que ma Volonté ait été satisfaite, qu’elle ait dit cela lui suffit après avoir placé la valeur, l'amour et les différentes fonctions de toute la Création dans la créature qui vit en harmonie avec elle, dans une seule et unique Volonté ? Non, non. Tu dois savoir que je suis venu sur la terre et que dans la chaleur de mon amour, j'ai offert ma vie, mes souffrances et ma mort même afin de racheter pour les créatures ma Divine Volonté qu'elles avaient avec tant d'ingratitude rejetée et perdue. Et ma vie était le prix à payer pour son rachat afin d'en rendre la possession à mes enfants. Il fallait donc un Dieu capable de posséder une valeur suffisante pour acheter une Divine Volonté. Tu vois par conséquent qu'il est certain que le Royaume de ma Volonté viendra puisque son rachat a été fait par moi.

            Et après avoir formé l'ordre de la Création avec toute la somptuosité et la sublimité de son œuvre créatrice, lorsque la créature répète ses actes, ma Volonté prononce dans cet acte-là son Fiat pour y former ma vie et placer sa valeur ; dans cet autre, elle prononce son Fiat pour y placer ses souffrances et la valeur de mes souffrances. Ma Volonté prononce son Fiat dans ses larmes pour y placer la valeur des miennes, et son Fiat la suit dans ses œuvres, dans ses pas dans ses battements de cœur pour y placer la valeur de mes œuvres, de mes pas et de mon amour. Il n'y a pas de prières ni même d'actes naturels où mon Fiat ne place la valeur de mes actes.

            De sorte qu'avec celle qui vit dans ma Volonté, je me sens répéter ma vie et sa valeur redouble pour acheter ma Divine Volonté pour le bien des générations humaines. On peut dire qu'il y a une compétition entre moi et elle pour celui qui veut donner le plus afin que ma Volonté puisse être à nouveau possédée par la famille humaine.

            Mais ce n'est pas tout, et mon Fiat n'est pas satisfait si ses œuvres ne sont pas achevées. À la valeur de la Création et de la Rédemption qu'il a placée dans l'âme, il ajoute en elle avec un amour incroyable la Patrie céleste et fait résonner sa gloire, ses joies, les béatitudes éternelles comme sceau et confirmation de l'œuvre créatrice et rédemptrice qu'il a formée en elle. Après quoi, étant plus certain, il crée dans cette âme son battement de cœur, son souffle, il fait circuler mieux que le sang sa vie, sa lumière et, triomphant, il lui donne un nom nouveau, il l’appelle « Mon Fiat ». Ce nom est le nom le plus beau, qui fera sourire tout le Ciel et trembler tout l’enfer. Ce nom que je ne peux donner qu'à celle qui vit dans ma Volonté et qui m'a laissé faire avec elle ce que je veux.

            Ma fille, y a-t-il quelque chose que mon Fiat omnipotent ne puisse faire et donner ? Il va jusqu'à donner ses droits sur son propre pouvoir, sur son amour, sur sa justice. Et il incorpore en lui-même la volonté de la créature et lui dit : Sois attentive. Je ne veux rien d'autre de toi que tu fasses ce que je fais. Par conséquent, il est nécessaire que tu sois toujours avec moi, et moi avec toi. 

23.  10 février 1937 — Le Royaume de la Divine Volonté sera le Royaume de la Reine du Ciel ; ses désirs ardents et ses prières incessantes ; assauts d'amour qu'elle donne à la Divinité pour l’obtenir. Comment elle met sa vie à la disposition des créatures afin de leur donner la grâce de les faire vivre de la Divine Volonté.

       Je me sentais tout immergée dans le divin Vouloir. Il me semblait que le ciel et la terre prient pour que vienne son Royaume sur la terre afin que la Volonté de tous soit une et qu'elle règne sur la terre comme au ciel. La Reine du ciel s'unit à cette prière par des soupirs ardents, avec les anges, les saints, toute la Création et la Divine Volonté elle-même qu'elle possède, pour que le Fiat descende dans les cœurs pour y former sa vie. Je pensais cela lorsque mon aimable Jésus, dans un profond soupir d'amour et le cœur battant si fort qu'il pourrait éclater, me dit :

            Fille de mon Vouloir, écoute-moi. Je suis presque submergé par mon amour, je ne peux plus le contenir et à n'importe quel prix, même s'il me fallait bouleverser le ciel et la terre, je veux que ma Volonté vienne régner sur la terre. Ma céleste Maman s'est unie à moi sans jamais cesser de me répéter : Mon Fils, fais-le bientôt, ne tarde plus, utilise tes stratagèmes d'amour, agis en Dieu puissant que tu es, fais que ton Vouloir investisse le monde entier et avec son pouvoir et sa majesté, uni à un amour auquel personne ne peut résister, prenne possession du monde et règne sur la terre comme au ciel. Elle me dit cela avec des soupirs ardents, un cœur brûlant et avec les stratagèmes de l'amour d'une Mère auquel je ne peux pas résister, elle ajoute : Mon Fils, Fils de mon Cœur, tu m'as fait Reine et Mère, mais mon peuple et mes enfants, où sont-ils ? Si j'étais capable de tristesse, je serais la plus malheureuse des Reines et des Mères parce que je possède mon Royaume sans avoir mon peuple qui vit avec la même Volonté que sa Reine, et si je n'ai pas mes enfants, à qui puis-je confier le grand héritage de leur Mère, et où trouverai-je la joie, le bonheur de ma Maternité ? Par conséquent, fais que le divin Fiat règne et ta Maman sera alors heureuse, elle aura son peuple et ses enfants qui vivront avec elle, avec la même Volonté que leur Mère.

            Crois-tu que je puisse rester indifférent à ce discours de ma Mère qu'elle fait résonner continuellement à mes oreilles et qui doucement investit mon Cœur comme des flèches et des blessures d'amour continuelles ? Je ne peux pas et je ne le veux pas. D'autant plus qu'elle ne m'a jamais rien refusé et que je n'aurais pas la force de lui résister. Mon divin Cœur me presse de la satisfaire. Unis-toi à nous et prie pour que ma Volonté soit connue et vienne régner sur la terre, et pour te confirmer grandement dans cette prière je veux te faire entendre ma douce Maman.

            J'ai alors senti qu'elle était tout proche et me cachant sous son manteau azuré pour m’élever jusqu'à son sein maternel, elle me dit avec un amour que je ne sais comment décrire :

            Fille de mon Cœur maternel, le Royaume de la Divine Volonté sera mon Royaume, la sacro-sainte Trinité me l’a confié comme elle m'a confié le Verbe éternel lorsqu'il est descendu du ciel sur la terre. Elle m'a confié son Royaume et mon Royaume, par conséquent mes soupirs sont ardents, mes prières incessantes. Je n'arrête pas d'assaillir la très sainte Trinité avec mon amour, avec les droits de Reine et de Mère qu'elle m'a donnés, afin que ce qu'elle m'a confié vienne au jour, forme sa vie, et que mon Royaume triomphe sur la face de la terre. Tu dois savoir que mon désir est si grand qu'il me brûle, que j'ai le sentiment de ne pas avoir de gloire, alors que j'en ai tellement que le ciel et la terre en sont remplis, si je ne vois pas pleinement formé le Royaume de la Divine Volonté parmi mes enfants, car chacun de ces enfants qui vivra en lui me donnera tant de gloire qu'il redoublera celle que je possède. C'est pourquoi, en me voyant privée, j'ai le sentiment de ne pas recevoir la gloire d'une Reine et l'amour d'une Mère de la part de mes enfants, et mon Cœur ne cesse d'appeler et de répéter, « Mes enfants, mes enfants, venez à votre Mère, et aimez-moi comme une Mère puisque je vous aime comme mes enfants. Si vous ne vivez pas avec la Volonté dans laquelle j'ai vécu, vous ne pouvez pas me donner l'amour de vrais enfants et vous ne pouvez pas savoir jusqu'où va mon amour pour vous. »

            Tu dois savoir que mon amour est si grand et mon impatience si ardente de voir exister ce Royaume sur la terre que je descends du ciel et parcours les âmes pour voir celles qui restent les plus disposées à vivre du divin Vouloir. Je suis pour ces âmes comme un espion et lorsque je les vois bien disposées, j’entre dans leur cœur et je forme ma vie en elles, je les prépare en l'honneur de ce Fiat qui viendra en prendre possession et formera sa vie en elles. J’en serai par conséquent inséparable, je mettrai ma vie, mon amour, mes vertus, mes souffrances à leur disposition, comme un mur de courage insurpassable afin qu’elles puissent trouver dans leur Mère ce qu'il faut pour vivre dans un Royaume si saint.

            Et alors ma fête sera complète, mon amour reposera dans mes enfants, ma Maternité trouvera celle qui m'aime comme une enfant, je donnerai des grâces surprenantes et je mettrai en fête tout le ciel et la terre. J'agirai en Reine et dispenserai des grâces inouïes. Par conséquent, ma fille, tu resteras unie à ta Maman pour prier et implorer avec moi le Royaume de la Divine Volonté.

24.  26 février 1937 — Un acte de plus de la créature accompli dans la Divine Volonté est l'harmonie, la musique et le ravissement du ciel et de la terre. C'est l’installation de la créature en Dieu et de Dieu dans la créature.

        Ma pauvre petite âme se sent entourée par la Divine Volonté à l'intérieur comme à l'extérieur, à droite comme à gauche. Elle coule en moi, et même sous mes pieds. Partout elle court pour me dire : C'est moi qui forme ta vie, qui te réchauffe de ma chaleur, qui forme ton mouvement, ta respiration. Reconnais que ta vie est animée par moi et je ferai en toi des choses dignes de moi. Mon esprit était perdu dans le Fiat lorsque mon doux Jésus m'a fait sa brève visite, comme s'il ressentait le besoin de m'aimer et de parler de sa Volonté, et il me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, mon amour réprimé ressent le besoin de s'épancher, sinon il me fait délirer et suffoquer dans mes propres flammes. Mon discours est par conséquent un épanchement d'amour, un soulagement pour mon cœur et pour me rétablir, je cherche quelqu'un qui veuille m'écouter. Tu vois jusqu'où peut aller mon amour et le grand prodige de la vie agissante de ma Volonté dans la créature. Un acte de plus accompli par la créature dans ma Volonté est une harmonie de plus qu'elle crée entre le ciel et la terre, c'est une nouvelle musique céleste qu'elle forme pour son Créateur, une musique d'autant plus agréable qu'elle nous vient de la terre, car les choses du ciel sont à nous et personne ne peut dire dans la Patrie céleste que quelqu'un nous donne quelque chose, puisque c'est nous qui donnons, qui rendons heureux et qui béatifions ; mais l'âme qui est sur terre peut dire : Je donne à mon Créateur. Et nous sommes ravis et nous donnerons à nouveau notre Volonté qui agit en elle et forme pour nous une autre nouvelle et belle musique. Comme il est beau de sentir notre ciel sur la terre, d'entendre une nouvelle musique céleste qui vient de cette voyageuse. Tout le ciel est en fête et nous ressentons alors que la terre est à nous et nous l'aimons plus encore. Chaque acte de plus que la créature fait dans ma Divine Volonté emporte le ciel et la terre parce que tous, anges et saints, courent dans cet acte avec la Création elle-même pour occuper leur place d'honneur dans l'acte de ma Volonté. Personne ne veut rester en dehors de l'acte de mon divin Fiat. Il se produit une véritable centralisation de tous et de toutes choses et ma Volonté ne pourrait pas faire moins que faire participer tous ceux en qui elle règne.

            Lorsque ma Volonté travaille, elle veut tout enclore et tout donner parce qu'elle ne sait pas comment faire des actes incomplets, mais seulement des actes complets avec la plénitude de tous les biens. Mais qui pourra te dire, ma fille, ce qui se passe dans cet emportement du ciel et de la terre lorsque mon Vouloir agit dans la créature ? Lorsque chacun veut prendre part à cet acte, il se produit des merveilles, des prodiges inouïs des scènes si émouvantes que les cieux en sont étonnés et restent en extase devant la puissance de ma Volonté. Et où donc ? Dans le petit cercle de la créature. Et tous sont impatients d'être à nouveau emportés dans l'acte agissant de ma Volonté dans la créature. Oh ! avec quelle impatience ils l'attendent. Ils se sentent embellis et ressentent le merveilleux bonheur de l'acte conquérant de ma Volonté dans la créature, ce qu'ils ne peuvent plus avoir dans le ciel parce qu'il n'y a plus pour eux de conquêtes à faire ni rien à acquérir dans le ciel. Ce qu'ils ont fait sur la terre a pris fin, et c'est fini.

            Mais ce n'est pas encore tout, car faire un acte de plus dans ma Volonté c’est incorporer Dieu dans la créature et la créature en Dieu, installer l'un dans l'autre, et la vie de l’un coule dans la vie de l'autre presque comme du sang dans les veines. C'est la fusion du battement de cœur humain dans le battement du Cœur éternel, et la créature sent en elle comme une vie, l'amour, la sainteté, la vie de son Créateur. Et l'Éternel sent couler en lui-même le petit amour de la créature qui, en vivant en lui, forme un amour et une volonté une. Chaque souffle, chaque battement de cœur et chaque mouvement sont des blessures, des flèches, des dards d'amour que la créature envoie à celui qui l’a créée. Et, oh ! le ciel tout entier reste stupéfait lorsqu’il regarde Dieu et trouve la créature fusionnée en lui, qui l’aime avec son amour. Ils regardent la créature sur la terre et trouvent leur Créateur qui a son trône dans la créature et vit avec elle. Tels sont les très grands excès de notre amour envers celle que nous aimons tant. Lorsque nous trouvons la créature qui se prête à nous et ne nous refuse rien, nous ne regardons pas sa petitesse, mais plutôt ce que nous savons et pouvons faire. Nous pouvons tout faire et en faisant un étalage de notre amour et de tout notre Être divin, nous investissons la créature et nous nous laissons investir. Nous faisons de grandes choses dignes de nous, mais avec une telle magnanimité que chacun demeure surpris et stupéfait. Qu'il suffise de te dire qu’à chaque acte de plus que fait la créature dans ma Volonté, comme si nous avions besoin de la créature, nous donnons tellement que nous augmentons les grands liens d'union et d'amour entre nous, et nous en arrivons à lui donner des droits nouveaux sur notre Être divin, et à nous sur elle. L’acte de notre Fiat sur la créature est si grand qu'il n'y a pas assez de siècles pour dire ce qui se passe, et ni les anges ni les saints ne peuvent dire tout le bien qu'il contient. Seul ton Jésus peut dire tout le bien qui est formé dans cet acte parce que c'est moi qui en suis l’acteur et je sais comment dire ce que je fais, et la grande valeur que je place en toi. Par conséquent, sois attentive ; tu ne peux pas me donner une satisfaction et un amour plus grands qu’en me prêtant tes petits actes, ton petit amour, pour que je fasse descendre en eux ma Volonté afin de la laisser travailler. Son amour est si grand qu'elle ressent le besoin d'avoir son champ d'action dans les petits actes de la créature.

25.   6 mars 1937 — La Création, premier moyen d'aider à former la vie de la Divine Volonté en nous ; deuxième moyen, Dieu directement ; troisième, les circonstances de la vie.

        Je continuai à nager dans la mer immense du divin Vouloir et je me disais : Mais comment la créature peut-elle former cette vie du Fiat en elle-même ? Je me sens si minuscule que cela me semble impossible. Peut-être que vivre en lui est plus facile, parce que je trouve tellement d'espace que je n'en vois pas les limites, mais quant à mettre le Fiat en moi, il me semble qu'il n'y a pas d'espace pour faire cela. Et mon toujours aimable Jésus, avec sa bonté habituelle, me dit :

            Ma fille, tu dois savoir que notre puissance est si grande que nous prenons plaisir à former notre vie dans la petitesse de la créature pourvu qu'elle ne soit pas encombrée par d'autres choses qui ne nous appartiennent pas. C'est souvent sur le pur néant que nous accomplissons les plus grandes choses et comme c'est notre Volonté que cette vie de notre Vouloir puisse être formée et possédée dans son âme, tout ce que nous avons créé et qui existe au ciel et sur la terre reçoit de nous le mandat que tout doit aider et servir la créature, et servir de moyens pour former à faire grandir cette vie en elle. De sorte que la première qui se prête à communiquer et à faire sentir la puissance et l'amour de notre Volonté, c'est toute la Création. Elle a reçu de nous la vertu qu’alors elle nourrit, aide et soutien la vie naturelle, pénétrant ainsi à l’intérieur de l'âme par des actes humains, ils pénètrent dans l'âme et remplissent une double fonction. Et si ces actes trouvent la petite vie de ma Volonté, cette Volonté même qui se trouve dans les choses créées, la Création embrasse cette Volonté qu'elle trouve dans la créature, elle la façonne, agrandit sa capacité, et trouvant son petit paradis, elle se repose et administre l’aide et les moyens que contient cette chose créée afin de voir à ce que rien ne manque pour faire grandir et maintenir la vie de ma Volonté dans la créature. C'est pourquoi le ciel est toujours étendu au-dessus de sa tête pour veiller sur la créature afin que rien ne puisse entrer qui ne soit la Volonté de Dieu. Le soleil se rapproche et manifeste son amour en faisant sentir sa chaleur, il remplit son œil de lumière pour guider ses mains et ses pas, et pénétrant dans l'âme, il la remplit de l'amour, de la lumière et de la fécondité dont ma Volonté est remplie, et il laisse le dépôt de sa chaleur et de sa lumière, de sorte qu'elle ne puisse pas vivre sans l'amour et la lumière qui appartiennent à ma Volonté. Et ce soleil poursuit sa course et forme les magnifiques floraisons, la variété des couleurs et tout le reste pour l'amour de la créature qui possède ma Volonté.

            On peut dire que chaque fois que le soleil revêt la créature, c'est ma Volonté qui la visite afin de voir si elle a besoin de quelque chose, s'il ne manque rien pour faire grandir sa vie en elle. Que n'ai-je pas déjà fait et que ne ferais-je pas pour former cette vie de mon Fiat dans la créature ? C'est pourquoi l'air qui sert à donner la respiration du corps sert aussi à donner le souffle de ma Volonté à l'âme ; le vent qui sert à purifier l'air de la nature, sert à donner les caresses, les baisers, la loi de ma Volonté à ma vie qu'elle possède. Il n'y a pas de chose créée, ayant en elle mon Vouloir, qui ne coure dans l'intérieur de l'âme pour l’aider, la défendre et la faire grandir comme je le veux.

            Mais ce n'est pas tout. Ma Volonté en créant les choses doit être voilée afin de former cette vie en elles. Mais combien de créatures ne la reçoivent pas et ma Volonté reste dans ses voiles, réprimée et incapable de donner les biens qu'elle possède. Il existe une deuxième manière, plus splendide, et c'est tout l'amour qui brûle en nous, notre désir que la créature possède la vie de notre Volonté, que chaque acte, pensée, parole, battement de cœur, travail et mouvement de la créature soit une émanation divine de ce que nous faisons. Notre Être divin court en chacun de ses actes pour lui donner de ce qui est à nous ; nous l'entourons, nous la vivifions pour la faire renaître dans notre Volonté. Nous pouvons dire que nous nous mettons à sa disposition pour former cette vie. Mais sais-tu la raison de notre intérêt ? C'est que nous voulons que notre Volonté forme la merveilleuse génération de la Divine Volonté dans la volonté de la créature, et nous aurons ainsi autant de vies qui nous aiment, qui nous glorifient. Comme la Création sera belle ! Tout sera à nous, nous trouverons partout notre trône et notre vie palpitante. 

            Mais il y a encore une troisième manière. Les circonstances de la vie, les occasions, l'ordre de ma Providence autour de chaque créature, les mortifications, les peines, sont autant de moyens pour faire grandir et développer d'une manière admirable cette vie de ma Volonté dans les créatures. C'est pourquoi il n'y a rien en quoi ma Volonté ne prépare son acte premier de vie à donner aux créatures. Oh ! si toutes les créatures pouvaient être attentives ! Comme elles se sentiraient heureuses et en sécurité sous la pluie d'un Vouloir si saint qui les aime tant qu'il en arrive à l'excès de vouloir former sa vie dans la pauvre créature.

26.  14 mars 1937 — La Divine Volonté est vie, et comme vie elle forme la génération de sa vie dans les actes de la créature qui veut vivre en elle et former la longue génération des enfants du divin Fiat.

         Le divin Vouloir ne me quitte jamais. Il semble vouloir me confirmer de plus en plus et me faire désirer vivre en lui. Non seulement à moi, mais tous à ceux qui voudront vivre, il veut dire des choses nouvelles et ce que signifie un acte de plus accompli dans sa très sainte Volonté. Et mon doux Jésus qui se fait le porte-parole d'un Vouloir si saint, visitant ma petite âme, me dit :

            Ma bienheureuse fille, je veux encore te dire tout le bien que contient un acte de plus de la créature dans mon Vouloir. Ma Volonté est vie et ne fait rien d'autre que générer cette vie. Chaque acte de plus que la créature accomplit en elle contient l'acte générateur que possède ma Volonté. En faisant cet acte, la créature prête le voile où former et cacher cette divine naissance. Lorsque l'acte est accompli, ma Volonté parcourt le monde entier afin de trouver des âmes bien disposées où elle pourra déposer sa naissance générée, et former un enfant du Royaume de son Fiat. Tu vois par conséquent que chaque acte forme un enfant de plus dans mon Royaume, de sorte que plus des actes sont accomplis dans ma Volonté, plus le Royaume de mon Vouloir est peuplé. Ma fille, c'est là un délire de notre Être suprême de vouloir que la créature vive dans notre Volonté. Nous utiliserons toutes les astuces de l'amour pour arriver à ce but. Comme il est beau de voir que les premiers enfants de notre Fiat utiliseront leurs actes pour former la nouvelle génération de vie de notre Volonté dans la créature. Notre amour est si grand que nous profitons de leurs actes pour donner ce grand bien qui contient le ciel et la terre.

            Après avoir dit cela, mon doux Jésus me fit voir qu'il gardait dans son divin Cœur tous les actes accomplis dans son Vouloir, y compris ceux de la céleste Maman, qui étaient nombreux. Et à l’intérieur de chaque acte généré, la vie débordante de la Divine Volonté. Il se tournait vers toutes les générations, et là où il trouvait des âmes mieux disposées, il s'approchait, leur parlait à l'oreille, soufflait sur elles comme s'il voulait faire une création nouvelle, puis comme pour une fête, il disposait alors avec l'acte, la vie de sa Volonté. Il ne voulait pas séparer l'acte de la vie de sa Volonté, car étant l'acte premier où il avait généré sa vie, il ne voulait pas s'en détacher et voulait servir de gardien de cette vie. En voyant cela, je demeurais émerveillée et inquiète. Je me disais : Tout cela est-il possible ? Il me semble que cela tient de l'incroyable. Et mon doux Jésus reprit son discours :

            Fille, pourquoi t'en étonner ? Ma Volonté ne peut-elle pas faire ce qu'elle veut ? Il suffit qu'elle le veuille et tout est fait. Et c’est ce que fait le soleil, lui que l'on peut appeler l'ombre de mon Fiat. Lorsqu'il trouve les fleurs, et les plantes qu'il touche de sa lumière, il génère la couleur, le parfum, il fait pousser la plante et génère la douceur des fruits et une grande diversité de couleurs et de saveurs pour toutes les fleurs et les fruits qu'il touche de sa lumière et réchauffe de sa chaleur. Mais si le soleil ne trouve ni fleurs ni fruits à revêtir de sa lumière et de sa chaleur, il ne donne rien, il retient en lui-même tous les biens qu'il possède. Telle est ma Volonté qui mieux que le soleil, lorsqu'elle trouve la créature qui la veut et l'appelle dans ses actes, descend dans les profondeurs de l'acte humain, l'investit, le réchauffe, le transforme, et comme elle possède la vie, ma Volonté génère la vie et forme alors un prodige divin. Et comme le soleil, si ma Volonté ne trouve pas celle qui veut vivre dans mon Vouloir pour y former ses actes, toutes les vies divines que je pourrais donner demeurent dans ma Volonté et attendent avec une patience infinie celle qui me laissera générer ma vie dans ses actes.

            Ma Volonté est une tendre Mère qui possède en elle-même la longue génération de ses vies qui veulent sortir à la lumière pour former la longue génération de ses enfants qui devraient former son Royaume. Et par conséquent, ma Volonté cherche la créature qui lui prêtera ses actes. Mais sais-tu pourquoi elle va chercher les actes de la créature ? Ayant à descendre dans les profondeurs des actes humains pour y former sa vie, ma Volonté veut se servir de ces actes pour donner cette vie aux créatures. D'autant plus que cette vie ne peut pas être formée à l'extérieur des personnes, mais toujours en elles, autrement il lui manquerait les choses nécessaires, les humeurs vitales pour y former une vie. C'est pourquoi ma Volonté ne peut pas former sa vie à partir du ciel ni à l’extérieur de la créature, mais doit descendre dans les créatures, et la volonté humaine doit céder la place à la Volonté divine, doit participer avec elle, car nous ne voulons pas forcer les choses. Et lorsque nous avons trouvé cette créature, qui peut te dire ce que nous faisons alors, les grâces que nous déversons, le bien que nous lui voulons ? Il ne s'agit pas alors d'œuvres, mais de vies à former, et c'est pourquoi nous ne nous épargnons rien. Ce n'est qu’au ciel que la créature saura tout ce que nous avons fait. Par conséquent, sois attentive et demeure toujours sous la pluie de mon Vouloir qui revêtira tous tes actes pour les animer de sa vie, et tu me donneras ainsi autant d'enfants que d'actes que tu accompliras.

27.  18 mars 1937 — La Divine Volonté fait don de toutes ses œuvres à la créature qui vit en elle. Le souffle de Dieu dans ses œuvres et dans toutes les saintes œuvres des créatures. La Divine Volonté se fait la pourvoyeuse de tout ce qui manque à la créature.

       Je faisais ma ronde dans le divin Fiat afin de suivre dans la mesure du possible ses actes divins, la Création et tous les saints actes des créatures, sans exclure ceux de ma céleste Mère ni ceux de mon cher Jésus. Mais ce qui est extraordinaire, c'est que je les retraçais en les faisant miens. Le divin Vouloir me les donnait comme si j'avais un droit sur toutes les choses offertes à mon Créateur, comme l'hommage le plus merveilleux, l'amour le plus intense, l'adoration la plus profonde envers celui qui m'avait créée. Je me sentais investie du soleil, du ciel avec toutes les étoiles, du vent et de toutes choses. Tout était à moi parce que tout était de la Divine Volonté. J'étais dans l’admiration et mon doux Jésus, répétant en moi sa brève visite, me dit :

            Ma bienheureuse fille, pourquoi t'en émerveiller ? Tu dois savoir que tout ce qui est saint et bon appartient à mon Fiat et il veut tout donner à celle qui vit avec lui. Il se produit un échange des deux côtés et la créature ne veut rien garder pour elle-même, elle veut tout donner, et mon Vouloir veut tout lui donner, même lui-même. D'autant plus que la Création, la Rédemption, la Reine du ciel, tous les actes bons et saints ne sont rien d'autre que le souffle de Dieu. Il souffla et dit Fiat, et il fit toute la Création. Il souffla et appela la Très Sainte Vierge Marie à la vie ; il souffla et fit descendre le Verbe éternel sur la terre ; il souffla et donna vie aux bonnes œuvres de toutes les créatures. La créature qui vit en moi ne fait rien d'autre que retracer toutes ses œuvres afin de trouver son souffle divin pour les apporter à Dieu comme des fruits du souffle et de la puissance de son Créateur. Combien il se sent glorifié et aimé en trouvant dans les œuvres qui lui sont offertes par la créature, son souffle, sa vie elle-même, et chaque fois que la créature tourne dans ses œuvres, il sent que lui sont redonnés sa vie, sa gloire, son amour. Oh ! comme il attend ces présents, car il sent qu'on lui redonne ce qu'il a donné. Il se sent à nouveau aimé dans ses œuvres ; il sent son amour et sa puissance reconnus et sa divine satisfaction est si grande qu'il déverse des torrents d'amour et de grâces sur celle qui a connu ses œuvres et son amour.

            C'est pourquoi, ma fille, lorsque la créature vit avec ma Volonté, elle lui fait don avec un amour sans égal de tout ce qu'elle possède. Elle la rend maîtresse de toutes choses parce que si quelque chose ne nous appartient pas, nous n'avons pas le droit de le donner aux autres. Par conséquent, mon Vouloir lui faisant don de toutes choses la rend capable de donner à son Créateur et de recevoir son échange redoublé. Mais ce don ne peut être fait que lorsque la créature reconnaît nos œuvres, les apprécie et les aime. L'amour donne le droit à la créature de faire siennes les choses qui appartiennent à mon Vouloir éternel. Si mon Vouloir ne faisait pas don à la créature de tout ce qui lui appartient, il se sentirait entravé dans son amour, séparé dans ses œuvres, parce qu'il ne pourrait pas dire : Ce qui est à moi est à toi, et ce que je fais, tu le fais. Ma Volonté ne le tolérerait pas ; elle dirait : Vivre ensemble, former la vie et ne pas pouvoir tout lui donner, cela est impossible pour mon amour. Ce serait comme si je ne pouvais pas me confier à elle ; non, non, je veux tout donner à celle qui vit dans ma Volonté.

            Tu dois savoir que l'amour de mon Fiat est si grand pour celle qui vit en lui que si la créature, non pas à cause de sa volonté, mais par faiblesse et impotence, ne suit pas tous les actes de mon Vouloir, ou encore si à cause de souffrances ou d'autres choses encore sa vie ne coule pas dans ma Volonté, son amour est si grand que ma Volonté fait ce que la créature devrait faire. Elle compense pour toute chose, rappelle son attitude, son ordre, son amour, de sorte que l'âme se secoue et reprend sa vie avec ma Volonté ; et cela afin que la vie humaine ne soit ni divisée ni séparée de ma Volonté. Si elle ne le faisait pas, le vide divin resterait là, mais son amour ne le tolère pas et ma Volonté agit en pourvoyeuse de ce qui manque à la créature parce qu'elle veut que la vie divine ne lui manque jamais, mais soit continuelle dans la créature. Peut-on avoir un amour plus grand ? Il en arrive à dire : Courage, ne crains pas, viens vivre en moi en toute confiance, et si tu ne devais pas toujours couler dans mon Fiat, j'aurai pitié de toi et je prendrai ta part de travail. Ce que tu ne pourras pas faire, je le ferai pour toi en toutes choses. Le Royaume de ma Volonté est un Royaume d'amour, de confiance et d'accord entre les deux parties.

28.  22 mars 1937 — Le divin Fiat a besoin d'amour pour être aimé à nouveau. Comment il donne tant d'amour à celle qui vit en lui pour la faire aimer dans tous les cœurs et dans toute la Création afin que son amour soit échangé contre l'amour de tous. Comment l'âme sans le Fiat est comme une terre sans eau. Des maux et des troubles.

       Mon envol dans le divin Vouloir continue, il me semble qu'il ne fait rien d'autre que déverser de l'amour sur les créatures qui en se voyant aimées si intensément ne peuvent contenir un amour si grand et ressentent le besoin d'aimer celui qui les aime tant. On peut dire que l'amour divin est si grand qu'il ébranle et remue d'une façon irrésistible pour se faire aimer. Les flèches d'amour qu'il envoie pour blesser les créatures leur servent pour blesser à leur tour celui qui les a blessées. Je me trouvais dans cet abîme d'amour lorsque mon cher Jésus, la douceur de ma vie, me surprit et me dit :

            Fille de ma Volonté, tu dois savoir que notre amour est si grand que si dans le bonheur de notre Être divin l'inquiétude pouvait entrer, ce qui ne peut pas être, elle ferait de l'Être divin le plus malheureux et le plus inquiet des Êtres. Puisque nous aimons d'un amour infini et incessant, que nous pouvons noyer toutes choses et tous les êtres dans notre amour, nous ressentons le besoin d'être aimés en retour. Mais, hélas, nous attendons en vain et nos gémissements d'amour tournent au délire, et notre amour au lieu de s'arrêter court encore plus vite. Et sais-tu où va notre amour pour trouver un soulagement et se reposer un peu avant de reprendre immédiatement son vol pour déverser son amour incessant ? Il va dans les âmes qui vivent dans ma Volonté. Parce qu'elles sont déjà noyées dans mon amour, elles entendent mes gémissements, mon besoin d'être aimé en retour, et elles me rendent immédiatement mon amour. Tout comme nous ressentons le besoin d'être aimé en retour, elles sentent la nécessité, le besoin d'être aimées par Celui qui les aime tant.

            Ma fille, notre Vouloir circule comme le sang dans tous les cœurs des créatures, dans toute la Création. Il n'existe pas d'endroit où il ne se trouve pas. Son centre et extensible à travers toute chose et avec sa puissance et son amour créateur, comme par un simple souffle, il conserve et donne la vie à toute chose et à toute créature, et en chaque chose il développe sa vie d'amour. Pourquoi est-ce qu’il crée ? Parce qu'il aime. Pourquoi est-ce qu'il conserve et circule en toute créature ? Parce qu'il aime. La créature qui vit dans notre Vouloir, nous voulons sentir qu'elle nous aime dans tous les cœurs. Qu’elle est belle la note d'amour de la créature en chaque cœur ; et si ces créatures ne nous aiment pas, il y en a une qui nous aime. Dans le ciel, dans le soleil, dans le vent, dans la mer, en toutes choses nous voulons sa note d'amour. Notre Vouloir la transporte partout et comme il vit en elle, le premier don qu'il leur fait est l'amour ; mais il donne afin de recevoir l’échange d'amour de toutes les créatures et de toutes choses.

            Le délire d'amour de notre divin Fiat est si grand qu'il transporte cette note d'amour de la créature jusque dans l'Empyrée et il dit à tous les bienheureux : Écoutez comme est belle la note d'amour qui vit sur la terre dans ma Volonté ; et il fait résonner cette note amoureuse dans les saints, dans les anges, dans la Vierge, dans la sacro-sainte Trinité, de sorte que tous en ressentent la double gloire et célèbrent la Divine Volonté à l’œuvre dans la créature. Et ensemble, ils célèbrent la créature qui a laissé œuvrer la Divine Volonté pour qu'elle puisse être sur la terre et célébrée dans le ciel. La Divine Volonté ne tolérerait pas que celle qui vit en elle puisse ne pas lui donner l'échange d'amour de toutes choses et de toutes les créatures. Mon divin Fiat trouve dans la créature tout ce qu'il veut ; il trouve sa vie et la sienne, il trouve la gloire qui lui est due, il trouve l'appréciation, l'estime qui lui est due, il trouve une confiance filiale qui lui permet de tout lui donner. Si bien que l'amour est générateur de tous les biens divins. Par conséquent, ma fille, sois attentive et aime dans ma Volonté ; tu trouveras alors tout l'amour pour aimer tout le monde et l'amour de celui qui t'aime tant.

            Après cela, quant aux misérables circonstances de ma vie, il n'est pas nécessaire de les mettre sur papier. Mieux vaut qu'elles soient connues au ciel. Je me sentais oppressée, ennuyée et presque troublée, sans la paix habituelle et mon abandon entier dans le divin Fiat. Et mon doux Jésus me surprit et me dit :     

            Ma fille, qu'est-ce que tu fais ? Ne sais-tu pas que l'âme sans la plénitude de ma Volonté et l'abandon total en elle est comme une terre sans eau incapable de produire un seul brin d'herbe. Elle meurt de soif sans pouvoir faire le plus petit bien et personne ne peut la désaltérer. Sans le soleil de mon Fiat, elle mourra dans l'obscurité qui assombrira ses yeux, elle ne verra pas le bien qu'elle doit faire et elle n'aura pas la chaleur pour faire mûrir le bien lui-même. Sans ma Volonté, elle se sentira sans vie divine, et le corps sans l'âme devient pourriture et on l'enterre. Sans la vie de mon Vouloir, les passions font pourrir la créature et elles l’enterrent dans les péchés. En plus de cela, les oppressions et les troubles empêchent l’envol dans ma Volonté. L'âme perd sa vélocité et ne peut pas suivre toutes ses œuvres, et comme elle n'a pas suivi toutes nos œuvres, je ne peux pas l'emporter pour la faire reposer dans le sein de notre Divinité.

            Par conséquent, sois attentive, mets entre les mains de ton Jésus les oppressions, les troubles qui te dérangent et je les mettrai dans la lumière et la chaleur de mon Fiat pour qu’ils soient brûlés, et tu te sentiras libre. Tu suivras plus facilement l’envol dans mon Vouloir. Je ne veux pas que tu sois inquiète et je penserai à tout. Ma fille, sois en paix, autrement la vie de ma Volonté ne peut pas se développer et grandir comme je le veux, et ce sera pour moi une très grande tristesse. Je ne serai pas libre de respirer, de palpiter, et je me sentirai empêché de continuer ma vie en toi.

29.  26 mars 1937 — La Création, l'Humanité de Notre-Seigneur, sont les champs où l'âme développe ses actes qui vivent dans la Divine Volonté. Comment elle forme l'Humanité de Notre-Seigneur et le Paradis pour Jésus sur la terre.

         Mon vol dans le divin Fiat continue et je sens en lui que tout m'appartient et que je dois connaître et aimer ce qui est à moi et qu'il m'a donné avec tant d'amour. Je tournais dans les œuvres du divin Vouloir lorsque mon cher Jésus, douceur de ma vie, m'a refait sa petite visite et, toute bonté, il me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, combien il est vrai que pour aimer il faut posséder ce que l'on aime. Il est presque impossible de ne pas aimer ce qui est à nous. C'est pourquoi j'aime tant les créatures ; je les conserve, je leur donne la vie parce qu'elles sont mes œuvres. Je les ai créées, je les ai mises au monde, elles sont à moi, je suis le battement de leur cœur, leur souffle, la vie de leur vie. Je ne peux que les aimer. Si je ne les aimais pas, mon amour m'en ferait le continuel reproche ; il me dirait : Pourquoi les as-tu créées si tu ne devais pas les aimer ? C'est un droit d'aimer, d'aimer ce qui nous appartient. Ma justice me condamnerait, tous mes attributs me feraient la guerre. Et pour être aimé par les créatures, je leur dis : Je suis votre Dieu, votre Créateur, votre Père céleste. Je suis tout à vous. C'est pourquoi je dis également à celle qui veut vivre dans mon Vouloir : Tout est à toi, le ciel, le soleil, toute la Création est à toi, ma vie est à toi, mes souffrances et mon souffle t'appartiennent. C'est pourquoi tu ressens comme moi le besoin d'aimer, d'aimer ce qui est à toi, ce que t'a donné ton Jésus.

            Tu dois savoir que la Création, mon Humanité, sont les champs dans lesquels l'âme développe ses actes et vit dans ma Divine Volonté. Comme elle en a reçu la possession, elle ressent le besoin de circuler, comme le sang dans les veines, dans les œuvres de son Créateur. Elle veut connaître la valeur et le bien qu'elles font, la fonction qu'elles occupent afin de les aimer encore plus, de les apprécier et de se sentir plus heureuse, plus riche des nombreux biens qu'elle possède. C'est pourquoi elle s'approche maintenant du soleil afin de connaître les secrets de sa lumière, l'arc-en-ciel de ses couleurs, la vertu de sa chaleur, le continuel miracle qu'il développe à la surface de la terre où, par le simple toucher de sa lumière, il ravive, colore, adoucit et transforme. Oh ! combien elle aime le soleil parce qu'il est à elle, et elle aime d'autant plus celui qui l’a créé. Et elle en est ainsi pour toutes les autres choses créées. Elle veut connaître la vertu secrète qu'elles contiennent afin de mieux les aimer, d'en être plus reconnaissante et de mieux aimer celui qui lui en a donné la possession. Il n'est pas étonnant que celle qui vit dans mon divin Fiat soit appelée l'héritière de toute la Création.

            Du champ de la Création, elle passe au champ de mon Humanité, mais comment te dire, ma fille, les merveilles qui se produisent dans ce champ vivant ? Ce ne sont pas seulement des œuvres comme dans la Création, mais une vie humaine et divine. La créature se met à ma place et je ne peux le lui refuser parce que je suis l'une d'elles. Elles ont un droit sur moi et je suis heureux qu’elles me possèdent parce qu'alors elles m’aimeront plus encore. Dans ce champ, les créatures répètent ma vie. Elles aiment avec mon amour et leurs actes fusionnés avec les miens forment dans  mon Humanité des soleils, des cieux et des étoiles, oh ! combien plus beaux que ceux de la Création. Combien je me sens aimé et glorifié, parce que ces soleils, ces cieux et ces étoiles ne sont pas muets comme ceux de la Création. Ce sont des soleils qui parlent avec la plénitude de la raison, et comme ils parlent bien de mon amour ! Ils parlent et ils m’aiment, ils parlent et ils me racontent les histoires des âmes et celle de mon amour, et ils m’obligent ainsi à les mettre en sûreté. Ils parlent et ils se recouvrent de mes souffrances afin de répéter ma vie, et je sens les larmes de ces âmes couler dans mes larmes, dans mes paroles, dans mes œuvres et dans mes pas, et je sens en elles le soulagement de mes souffrances, mon soutien, ma défense, mon refuge. Et mon amour pour elles est si grand que j'en arrive à les appeler ma vie. Oh ! combien je les aime. Je les possède et elles me possèdent. Posséder et aimer, même jusqu'à la folie, c'est la même chose.

            Ces âmes qui vivent dans ma Volonté sont disposées à recevoir toutes les souffrances de mon Humanité parce qu'il est impossible pour moi de souffrir. Car glorieuse dans le ciel, ma Volonté avec son souffle omnipotent crée les souffrances et la douleur, et forme en elles mon Humanité vivante et tout ce qui lui manque. Et ces âmes sont les nouveaux Sauveurs qui donnent leur vie afin de sauver le monde entier. C'est ainsi que du ciel je regarde la terre et je trouve autant de Jésus qui, saisis par la même folie de mon amour, offrent leur vie au prix des souffrances et de la mort afin de me dire : Je suis ta fidèle image. Les souffrances me font sourire parce que j'y enferme les âmes, et combien je les aime ! Je ne me sens plus seul. Je suis heureux et victorieux parce que j'ai de la compagnie qui développe la même vie, les mêmes souffrances, et qui veut ce que je veux. C'est ma plus grande joie et mon Paradis sur la terre.

            Tu vois par conséquent combien sont grandes et prodigieuses les choses que peut faire ma Divine Volonté, pourvu que la créature vive en elle. Ma Volonté forme mon Humanité vivante et me procure la joie de ma céleste Patrie. Par conséquent, aie bien à cœur de toujours vivre dans ma Volonté. Ne pense à rien d'autre, car si tu fais cela, je sens mon amour brisé en toi, et si tu savais combien il m'en coûte de ne pas être aimé, même pour un instant. Parce que dans cet instant, je reste seul, tu brises mon bonheur et, dans mon délire d'amour, je répète : Comment cela se peut-il ? Je l'aime toujours et elle n'en fait pas autant. Par conséquent, sois attentive, car je ne veux jamais rester seul.

30.  4 avril 1937 — Lorsque la créature donne sa volonté à Dieu, Dieu acquiert sur elles des droits divins ; comment trois murs de résistance sont formés afin de ne pas la laisser sortir en dehors du Fiat.

       Je suis sous les vagues éternelles du divin Vouloir et si quelques pensées m'échappent, ces vagues se font plus fortes et submergent ma pensée et mes peurs d'une façon qui me redonne immédiatement la paix, et je poursuis ma course avec le divin Fiat. C'est pourquoi je suis souvent tourmentée à la pensée de pouvoir encore sortir de ce divin Fiat. Mon Dieu, quelle souffrance. Je me sens mourir rien que d'y penser. Il me semble alors que je ne serai plus la sœur des choses créées. Je perdrai ma place parmi elles ; elles ne seront plus miennes, et que donnerai-je alors à mon Dieu s'il ne me reste que le pur néant. Je me sentais si mal en pensant à cela que j'étais sous la torture et mon doux Jésus, pris de compassion devant l’état où j'étais réduit, accourut pour me soutenir dans ses bras et, toute bonté, il me dit :

            Ma fille, qu'est-ce que tu fais ? Courage. Tu te tourmentes trop et ton Jésus ne le veut pas. Cette souffrance est le signe que tu ne veux pas sortir de ma Divine Volonté, et ta volonté me suffit. Elle est pour moi un gage certain et je la tiens contre mon divin Cœur comme la chose la plus précieuse afin que personne d’autre n'y touche que moi. Je ne tiens pas compte des sentiments de la créature, qui n'existent pas pour moi, et souvent ils servent à la faire se jeter dans mes bras pour que je la libère de ses ennemis qui lui font perdre la paix.

            Tu dois savoir que lorsque l'âme m'a donné sa volonté avec une ferme décision et une connaissance certaine de ce qu'elle fait, sans vouloir la reprendre, elle a déjà trouvé une place dans la mienne et j'en suis de droit le propriétaire. Comment peux-tu croire que ces droits soient faciles à abandonner ? En vérité, j'utiliserai tous les moyens, je mettrai en jeu ma puissance elle-même pour que ce qui constitue mes intérêts ne me soit pas enlevé. Tu dois savoir que le transfert de sa volonté est pour la créature le lien le plus fort qui puisse exister avec le Créateur, et ils deviennent inséparables. Nous sentons sa vie comme si elle était la nôtre, car une est la Volonté qui nous anime. Crois-tu qu'avec une simple pensée, un sentiment, ces liens pourraient être brisés, que tu pourrais perdre notre inséparabilité et que nous abandonnerions ce qui est à nous, et cela sans décider par des actes répétés que la créature veut faire sa volonté ? Ma fille, tu te trompes. D'autant plus que notre amour pour elle est si grand qu'aussitôt après nous avoir donné son vouloir, nous entourons de murs la créature. D'abord d’un mur de lumière afin que si elle voulait en sortir, l'éclipse de la lumière fait qu'elle ne sache plus où aller et elle reviendrait alors se cacher dans le sein de son Créateur. Le second mur est tout ce que mon Humanité a fait sur la terre, mes pleurs, mes œuvres, mes pas et mes paroles, mes souffrances, mes plaies et mon sang entourent d'un mur l'heureuse créature afin de l'empêcher de sortir, car ce mur contient le secret, la force et la vie pour donner vie à celle qui vit dans le divin Vouloir. Et crois-tu qu'après avoir obtenu la conquête de cette volonté par mes souffrances, je laisserais partir ce qui m'a coûté mon sang, ma vie et ma mort ? Ah ! tu n'as pas encore bien compris mon amour. Lorsqu'il s'agit d'une simple résignation, il est facile de ne pas faire ma Volonté parce que ces créatures ne m'ont pas abandonné leurs droits. Elles tiennent à leur volonté et par conséquent elles sont tantôt résignées, tantôt impatientes ; elles aiment tantôt le ciel et tantôt la terre. Mais la créature qui m'a donné sa volonté a pris place dans l'Ordre divin. Elle veut et fait ce que nous faisons ; elle se sent reine et il lui est alors presque impossible de sortir de notre Fiat ; et elle ne serait pas non plus adaptée à être une servante, une esclave, si elle devait sortir de notre Vouloir. Le troisième mur est celui de toute la Création qui sent en elle la vertu agissante du divin Vouloir. Ce mur possède en lui la vie du divin Vouloir et pour lui rendre hommage, le soleil avec sa lumière, le vent avec son empire, bref toutes les choses créées ressentent la force créatrice, la vertu toujours nouvelle et toujours agissante dans la créature, et toutes les choses créées ne peuvent que tourner autour de la créature pour jouir des œuvres de ce Fiat qui les anime. Par conséquent, n'y accorde pas même une pensée. Jouis de la paix de ce Vouloir que tu possèdes, et ton Jésus pensera à tout.

31.  8 avril 1937 — Tout ce qui est fait dans le divin Vouloir constitue un droit pour chacun, et chacun peut faire ce bien. Ces droits ont été donnés par Adam, par la Reine du ciel, par Notre-Seigneur qui a préparé pour nous le vêtement royal.

       Mon pauvre esprit ne fait que plonger dans la mer du Fiat suprême et s'il est vrai que je ressens en moi le ciel du divin Vouloir, il m'arrive souvent de perdre Jésus dans l'immensité de ce ciel. Je ne le trouve plus et sa privation est le plus dur martyre de ma pauvre existence ici-bas. Je dois en être réduite pour le trouver à un état si misérable que je me sens proche de la mort, et lorsqu'il vient, tantôt par un stratagème d'amour, tantôt avec une surprenante vérité, je sens revenir ma vie au point d'en oublier les souffrances passées. Ah ! Jésus, comme tu fais bien toute chose. Et je pensais : Pourquoi Jésus ne m'amène-t-il pas dans ses célestes régions ? Pourquoi me rend-il la vie si dure ? Il me semble que je vois les portes et qu'il ne me reste qu'un saut à faire pour entrer, mais alors une force puissante me fait reculer et je retourne dans mon pauvre exil. Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus, toute bonté et compassion, me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage. Le courage détruit les plus solides places fortes. Il peut vaincre les armées les mieux entraînées. Il affaiblit notre puissance, ou plutôt il se l'approprie et conquiert ce que veut la créature. Et nous, voyant qu'elle n'a pas le moindre doute d'obtenir ce qu'elle veut, car le doute diminue le courage, nous lui donnons plus que ce qu'elle demande. Ma fille, courage, confiance et insistance, amour dans notre Volonté, voilà les armes qui nous blessent, nous affaiblissent, et permettent à la créature d'obtenir de nous ce qu'elle veut.

            Je veux te dire la raison pour laquelle je te retiens sur cette terre. Tu sais que notre Divine Volonté est immense et qu'il manque à la créature la capacité et l'espace pour être capable de l'embrasser tout entière. Il lui est par conséquent nécessaire de la prendre par petites gorgées, que tu lui donnes lorsque tu accomplis tes actes dans mon Vouloir. Lorsque je te manifeste une vérité concernant mon Vouloir, si tu pries, si tu désires que mon règne arrive, si tu souffres pour l'obtenir, ce sont toutes des petites gorgées qui augmentent la capacité et forment l'espace où placer les gorgées de mon Vouloir. Et en faisant cela, tu enfermes tantôt une génération, tantôt une autre, qui doit posséder le Royaume du divin Fiat.

            Tu dois savoir que les générations sont comme une famille où chacun a droit à l'héritage du Père, dont les membres forment un corps unique dont je suis la Tête. Et lorsqu'un membre accomplit et possède un bien, les autres membres acquièrent le droit de faire est de posséder ce bien. Tu n'as pas encore enfermé toutes ces générations qui doivent posséder ma Volonté et c'est pourquoi elles ont encore besoin de la chaîne de tes actes, de ton insistance et de tes souffrances afin de pouvoir prendre d'autres gorgées pour former l'espace, de leur donner le droit de vouloir posséder mon Royaume. Dès que tu auras accompli le dernier acte nécessaire, je t'amènerai immédiatement dans la céleste Patrie.

            Ma fille, ma Divine Volonté englobe dans son immensité toutes choses et il n'y a pas un être qui ne baigne en elle. Par conséquent, tout ce que fait une créature devient le droit de toutes, et chacune peut répéter cet acte. Tout au plus certaines peuvent-elles ne pas vouloir le répéter et le posséder. Je ne veux pas alors reconnaître qu’elle vit dans ma Volonté et que sa vie est animée par le divin Fiat. Ces créatures-là sont les aveugles qui, éclairées par le soleil, ne voient pas sa lumière et sont comme s’il faisait nuit. Elles sont comme paralysées, et bien qu'elles aient l'usage de leurs membres pour faire le bien, elles se contentent de rester immobiles. Elles sont les muettes qui ne savent parler, volontairement aveugles, paralysées et muettes. Mais pour toutes les autres, comme ma Volonté est vie et communication, tout ce que fait l'une dans ma Volonté est vie ; c'est un bien et un droit pour toutes, et chacune peut répéter cet acte afin de former l'œuvre de la vie divine en elle. Les premiers droits pour faire que le Royaume de mon Vouloir soit possédé par les générations humaines ont été donnés à Adam, car dans la première époque de sa vie, ses actes étaient accomplis dans le divin Vouloir. Et bien qu'il ait péché et perdu volontairement la vie agissante de ma Volonté en lui et de la sienne en nous, ses actes sont restés, parce que ce que l'on fait dans notre Vouloir ne sort jamais de nous. Ce sont nos gains, nos victoires sur le vouloir humain. Ils sont à nous et nous ne perdons jamais ce qui est à nous. C'est pourquoi la créature qui entre dans notre Volonté y trouve le premier amour d'Adam, ses premiers actes qui lui donnent le droit de posséder notre Fiat et de répéter les mêmes actes qu'il a accomplis. Ses actes parlent encore, son amour est encore fusionné dans le nôtre et il aime sans cesse avec notre amour.

            C'est pourquoi l'œuvre dans le divin Vouloir est éternelle et reste à la disposition de toutes les créatures, de sorte que c’est par ingratitude qu’on ne la prend pas pour s’en servir et recevoir la vie. Ces droits de posséder la vie de ma Volonté ont été donnés par la Reine du ciel, car elle fait aussi partie de l'humanité, mais de façon plus grande et avec plus de sacrifices parce qu’il lui en a coûté la vie de son propre Fils-Dieu pour donner la possession du Royaume de notre Fiat aux générations humaines. Et comme il lui en a tellement coûté, c'est elle qui prie et implore le plus pour que ses enfants entrent dans ce Royaume si saint.

            Et puis il y a eu ma descente du ciel sur la terre où, en prenant chair humaine, chacun de mes actes, chaque souffrance, prière, larme, soupir, œuvre et pas, constituait un droit pour les générations humaines de posséder le Royaume du Fiat. Je peux dire que mon Humanité est à toi, et toutes celles qui veulent entrer dans le Royaume trouveront en elle la porte, les droits et le vêtement royal pour y entrer. Mon Humanité est le vêtement qui doit couvrir et habiller décemment toutes celles qui veulent posséder le Royaume. Mon amour est si grand que j'appelle les autres créatures afin qu'avec des grâces prodigieuses et le sacrifice de leur vie, je les fasse vivre dans mon Vouloir, et qu'elles puissent constituer de nouveaux droits en payant de leur vie afin de donner la possession de mon Royaume à la famille humaine. Par conséquent, garde toujours ta volonté dans la mienne afin que tes actes puissent prendre leur envol dans la céleste Patrie.

32.  18 avril 1937 — Rencontres continuelles entre le divin Vouloir et la créature. Comment celle qui vit dans le divin Vouloir a formé la toute petite mer du Fiat. Comment elle court toujours en toutes choses afin de donner de nouvelles grâces et un nouvel amour.

        Mon envol dans le Fiat se poursuit et je le sens venir à ma rencontre à chaque instant, dans chaque chose que je touche ou que je fais, dans les souffrances et dans les joies, dans toutes les choses créées qu’il place autour de moi pour que je les utilise. Il semble m’espionner pour se faire connaître et me dire : Je suis ici, dis-moi ce que tu veux, tu feras mon bonheur si tu me rends capable d'abondance, car je suis heureux du bonheur de ma fille. Mon esprit baignait dans la mer divine lorsque mon bien-aimé Jésus me fit sa petite visite surprise, et avec un amour qu'il ne pouvait plus contenir, il me dit :

            Ma bienheureuse fille, l'amour excessif de la Divine Volonté tient de l'incroyable. Lorsque la créature vit en elle, qu’elle a formé la petite mer du Fiat dans son âme, ma Volonté cherche toujours à agrandir cette mer dans le cercle de l'âme. Tu la sens courir avec un amour irrésistible dans chacun des actes de l'âme. Si ma Volonté voit qu'elle doit faire usage de la parole, elle court à sa rencontre, investit la parole de son Fiat et augmente la puissance divine dans la parole de la créature. Si elle voit que la créature doit travailler, ma Volonté accourt, lui prend les mains et les investit de son Fiat en accroissant la puissance divine de ses œuvres. Si elle voit que l'âme a le désir de devenir toujours meilleure, elle se précipite et augmente sa bonté. Il n'y a pas de pensée, de battements de cœur ni de souffle que ma Volonté ne revête de son Fiat afin de faire grandir sa sagesse, sa beauté et le cœur de son amour éternel.

            Mais ce n'est pas tout. Crois-tu que mon Vouloir puisse arrêter sa course vers la créature qui possède son Vouloir ? Il se sert en réalité de tout ce qu'il peut. Si le soleil brille sur elle, il accourt pour lui donner plus de lumière et comme la créature est plus grande que le soleil, il lui donne les propriétés que contient la lumière ; il les augmente même, il lui donne sa douceur divine, sa fécondité, la diversité de ses parfums célestes, le goût de ses saveurs divines, ses qualités suprêmes comme ses plus belles variétés de couleurs. Et il fait cela avec la puissance de son Fiat pour que sa créature bien-aimée, plus qu'un soleil, ne soit que lumière et chaleur. Si le vent souffle sur la créature, mon Vouloir accourt pour la revêtir de son Fiat, il augmente la puissance de son amour, de ses gémissements divins afin de la faire gémir avec ses propres soupirs et ses gémissements pour que son Royaume vienne sur terre. Il l'embrasse, il la caresse et la serre contre lui pour lui faire sentir combien il l’aime et combien il veut être aimé en retour. Si elle boit de l'eau, il accourt pour la revêtir de sa fraîcheur et des célestes rafraîchissements. Si elle prend de la nourriture, il la nourrit de sa Volonté pour que la vie divine grandisse dans la créature. Il reconfirme toujours plus sa présence en elle.

            Bref, il n'est rien où mon Vouloir n’accoure et, oh ! quelle fête lorsqu'il voit que la créature reçoit cette douce rencontre et le bien que sans cesse il veut lui donner. Et si la créature se précipite elle aussi en toutes choses vers celui qui accourt vers elle, mon Fiat est alors pris d'un amour tel que son interminable mer monte, forme des vagues énormes, et se déverse dans la toute petite mer pour agrandir de façon merveilleuse et prodigieuse la capacité et la largeur de la petite mer de cette âme. Ma fille, notre Divinité aime toujours et sans cesse, elle donne sans jamais s'arrêter. S'il n'en était pas ainsi, il y aurait une limite à notre puissance et à notre amour. Mais même nous, nous en sommes incapables parce que notre Être est infini. Il court à la recherche de celle qui nous aime et veut être aimé en retour. C'est pourquoi les limites n'existent pas. Il est possible que quelques ingrates ne veuillent pas nous reconnaître ; elles sont alors comme les aveugles qui bien que le soleil ne leur refuse pas sa lumière, elles ne la voient pas, ne la connaissent pas, mais ne peuvent cependant pas nier qu’elles ressentent sa chaleur.

            Mais cela ne peut pas arriver à celle qui vit dans notre Vouloir. Il la place lui-même en sentinelle dans l'attente continuelle de nos rencontres pour courir vers nous et si notre amour, afin de la faire courir davantage, cache notre course alors que nous courons toujours, oh ! comme notre pauvre fille est brisée d’angoisse, au point que nous sommes bientôt contraints de lever immédiatement le voile qui nous cache pour lui dire : Nous sommes ici, calme-toi, ne crains pas que nous n’abandonnions jamais notre fille, la fille de notre Vouloir. Et pour la tranquilliser, nous lui faisons ressentir notre amour bien vivant et nous lui accordons en abondance de plus grandes grâces.

33.  25 avril 1937 — Prodige de l'acte de la Divine Volonté en action dans la créature. Comment celle qui laisse la Divine Volonté travailler en elle devient la désirée, la bienvenue, la chérie de toute la Cour céleste. Tout ce que la créature fait dans la Divine Volonté acquiert la vertu de produire la vie divine.

        Je pensais à la Divine Volonté à l'œuvre dans la créature. Mon Dieu, que de surprises, de scènes émouvantes, de merveilles et de prodiges que seul un Dieu peut accomplir ! Et la petitesse humaine demeure stupéfaite et ravie en voyant l'immensité du divin Fiat qui tout en restant immense s'enferme dans son petit acte et avec sa puissance créatrice y forme son acte avec une chaîne de prodiges divins inouïs, tant et si bien que les cieux en demeurent stupéfaits et que la terre tremble devant l'acte du divin Vouloir en action dans la créature. Mon esprit se perdait dans ces surprises lorsque mon très grand bien Jésus, répétant sa brève petite visite, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille du Fiat suprême, notre amour est si grand que dès que la créature appelle notre Vouloir dans son acte, il accourt et descend dans l'acte de la créature. Appeler notre Vouloir n'est rien d'autre que préparer le petit endroit où il devrait travailler. L'appeler, c’est dire qu’on l’aime et qu'on ressent le besoin de l'action de ma Volonté afin que la créature ne travaille plus seule, mais devienne le marchepied et l'admiratrice d'un Vouloir si saint. Il descend alors et apporte avec lui sa vertu créatrice, ses joies et ses béatitudes célestes, la Trinité sacro-sainte elle-même comme spectatrice et actrice de son travail. Et dans le petit espace de la créature, mon Vouloir prononce son Fiat, forme des prodiges et des merveilles qui surpassent le ciel et le soleil, dépassent toute la beauté de la Création. Il crée sa musique divine, les soleils les plus éblouissants. Il crée sa vie agissante, ses joies nouvelles, si bien que les Anges et les Saints voudraient quitter les célestes régions pour profiter de l’action de leur Fiat créateur. La beauté, la somptuosité, la vertu vivifiante de cet acte divin sont si grandes que mon divin Vouloir les emporte dans le ciel comme une conquête et un triomphe de l'âme où il a travaillé, afin d'offrir des joies et des béatitudes nouvelles à la Cour céleste. La joie et la gloire qu'ils en reçoivent sont si grandes qu’ils ne font que remercier mon divin Vouloir qui avec tant d'amour a œuvré dans la créature, car il n'existe pas de gloire ni de joie plus grande que ce travail et cette conquête de mon Vouloir dans la créature.

            Surprise d'entendre cela, je lui dis : Mon amour, si cet acte est transporté au ciel, la pauvre créature reste sans rien et privée de cet acte. Et Jésus ajouta :

            Non, non, ma fille, l'acte est toujours celui de la créature. Personne ne peut le lui enlever et s'il réjouit la céleste Patrie, il demeure comme base, fondation et propriété dans les profondeurs de l'âme. Cette conquête est la sienne et si elle réjouit la Cour céleste, elle ne perd rien et ressent en elle la vertu créatrice et continuelle de mon Fiat toujours en train d’opérer de nouvelles conquêtes. L'acte demeure dans l'âme en même temps qu'il est emporté au ciel comme une gloire et une joie nouvelle pour les Saints, et une pluie bénéfique pour tous les habitants de la terre. La famille humaine est ainsi liée au ciel et le ciel à la terre. Un lien existe entre eux et tous ont le droit d’y participer. Ce sont des membres unis entre eux de façon connaturelle et ce bien les parcourt pour se donner à tous. Et lorsque ma Volonté œuvre dans l'âme, tous se tiennent dans l'attente, car immergés dans le Fiat, ils sentent qu'il va se mettre à l'œuvre et attendent avec impatience de recevoir les merveilleuses conquêtes et les joies nouvelles que ma Volonté sait accomplir. C'est pourquoi la créature qui la laisse œuvrer dans ses actes devient la joie nouvelle du ciel, la bienvenue, la chérie, celle qui est attendue par toute la Cour céleste, d'autant plus que dans le ciel, il n'existe plus de joies ou de conquêtes nouvelles et qu’ils les attendent par conséquent de la terre. Oh ! si tous pouvaient connaître ces secrets de mon divin Fiat, ils donneraient leur vie pour pouvoir vivre en lui et le faire régner dans le monde entier.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté. Je la sens en moi qui me donne la vie, je la sens à l’extérieur de moi comme une tendre Mère qui me porte dans ses bras, me nourrit, m’élève et me défend contre tout ; et mon doux Jésus ajouta :         

            Ma fille, que ma Volonté est belle ! Personne ne peut se vanter d'aimer la créature autant qu'elle. Son amour est si grand qu'elle veut tout faire pour elle et ne veut confier cette tâche à personne. Ma Volonté crée la créature avec son Fiat, elle l’élève, la nourrit, la porte dans ses bras de lumière, lui enseigne les sciences les plus sacrées, lui révèle les secrets les plus cachés de notre Être suprême, lui donne la connaissance de notre amour, des flammes qui me brûlent afin de la faire brûler avec nous. Dans chacun de ses actes ma Volonté ne la laisse jamais seule, et elle accourt pour y mettre sa vie. De sorte que chaque acte est animé par sa vie divine et possède la vertu de pouvoir produire cette vie. Et ma Volonté prend ces vies dans les actes de la créature afin de donner une vie divine, une vie de grâce, de lumière, de sainteté aux autres créatures, et une vie de gloire à toute la Cour céleste. Ma Volonté est toujours à l'œuvre et veut se donner à tous par l’intermédiaire de celle qui vit dans son Vouloir. Et lorsqu'elle a formé la plénitude de son chef-d'œuvre, ma Volonté l’emporte au ciel en triomphe comme une victoire de sa puissance et de son art divin qu'elle sait et peut mettre en œuvre dans la créature pourvu que celle-ci se prête à vivre en elle et se laisse porter dans ses bras. Par conséquent, sois attentive et laisse travailler un Vouloir si saint qui t'aime tant et veut être aimé.

34.  6 mai 1937 — Comment Jésus ne sait que faire d’une âme qui ne possède pas la paix. À celles qui vivent dans le divin Vouloir, Dieu fait le don de toutes ses œuvres et de sa vie elle-même pour leur faire voir combien et comment il veut être aimé.

       Mon abandon dans le divin Vouloir continue. Mon pauvre esprit est oppressé par les incidents de la vie, trop pénibles pour moi. Je cherche refuge dans le centre du Fiat où je me sens renaître d’une vie nouvelle, rajeunie et réconfortée, mais dès que je me retire de ce centre, les oppressions ressurgissent à nouveau au point de me valoir les justes reproches de mon cher Jésus qui me dit : 

            Ma fille, fais attention, parce que je ne sais que faire d’une âme qui n'est pas en paix. La paix est mon céleste séjour, la cloche qui par ses douces vibrations appelle mon Vouloir à régner, c'est la paix. La paix possède une voix si puissante qu'elle appelle le ciel tout entier, et éveille son attention pour en faire le spectateur des merveilleuses conquêtes de l'œuvre du divin Vouloir dans la créature. La paix chasse les terribles tempêtes et fait apparaître le sourire céleste des Saints, le doux enchantement d'un printemps qui ne finit jamais. Par conséquent, ne me cause pas le chagrin de ne pas te voir en paix.

            Je cherchais alors à me plonger davantage dans le divin Vouloir afin de ne plus penser à moi, de suivre ses actes de la Création comme de la Rédemption, et mon bien-aimé Jésus couvrant ma pensée de sa voix créatrice, tout amour, me dit :

            Ma bienheureuse fille, laisse-toi aller et viens dans ma Volonté. Nous ressentons le besoin extrême de faire savoir jusqu'où va notre amour pour celle qui vit en elle. Et notre amour est si grand que nous attendons avec impatience qu'elle s'unisse et s'identifie à nos œuvres, afin de lui en donner les droits comme si elles étaient siennes. Et comme notre puissance créatrice est toujours en action, en s'identifiant à nous comme si nous renouvelions nos œuvres, nous lui en faisons le don et nous lui disons : Ce sont tes œuvres, fais avec elles ce que tu veux. Avec nos œuvres en ton pouvoir tu peux nous aimer autant que tu veux, tu peux nous donner une gloire infinie, tu peux faire du bien à qui tu veux. Tu as un droit non seulement sur nos œuvres, mais sur Celui qui a créé toutes choses et nous prenons un droit sur toi qui est déjà nôtre. Comme ils sont doux ces droits de la petitesse humaine dans notre Être divin. Ce sont de douces chaînes d'amour qui nous font aimer avec plus d'intensité notre œuvre créatrice et dans notre enthousiasme d'amour, nous redisons : Comme elle est belle ! Elle est à nous, toute à nous, et nous sommes tout pour elle. Il ne nous reste plus qu'à nous aimer l’un l'autre. Nous l'aimerons d'un amour éternel et elle nous aimera d'un amour éternel.

            Je demeurais surprise comme si je pouvais avoir un doute. Et Jésus ajouta :

            Fille, ne sois pas surprise. C'est la pure vérité ce que ton Jésus te dit, que voulant être aimé, il veut faire savoir jusqu'où la créature peut en arriver et combien il l'aime. Nous voulons avoir la satisfaction de lui faire posséder ce que nous possédons et qu'elle nous aime comme nous savons aimer. Pour celle qui vit dans notre divin Vouloir, cela est presque connaturel. Elle trouve notre Fiat en train de créer le ciel et le soleil, elle s'unit à cet acte afin de faire ce que nous faisons. Notre bonté est telle que dans cette union, nous avons formé un mariage, et dans notre Vouloir nous avons formé l'acte de donner le ciel et le soleil en cadeau à la créature. Avec ce don, elle nous donne la gloire d'un ciel étendu, elle nous aime en chacun de ses points, elle fait du bien aux créatures pour leur faire posséder un ciel, et comme elle a le soleil en son pouvoir, elle nous donne la gloire de donner la lumière au globe terrestre. Tout homme qui est revêtu de la lumière et de la chaleur du soleil est une gloire qu'elle nous donne, une petite sonate d'amour qu'elle joue pour nous, qui enchante et augmente notre amour. Chaque plante, chaque fruit et chaque fleur fécondés et réchauffés par sa chaleur sont des cris de gloire et d'amour qu'elle nous donne. Le petit oiseau qui chante au soleil levant, le petit agneau qui bêle, sont tous des accents de gloire et d'amour qu'elle nous envoie, et les mérites de tant de biens que fait le soleil à la terre sont incalculables. À qui appartiennent-ils ? À celle qui vit dans notre Volonté. En elle, ce qui est à nous est à elle, et comme n'avons pas besoin de mérites, c'est à elle que nous les laissons. Nous ne voulons toujours en échange que son cri d'amour en chaque chose, et ainsi dans le bien que font toutes les choses créées, le vent, l'air et toutes choses.

            En entendant cela, j'étais non seulement stupéfaite, mais je voulais créer beaucoup de difficultés et en passant aux actes de la Rédemption, je me trouvais immergée dans ses souffrances. Et mon toujours aimable Jésus, peut-être pour me convaincre, s'est fait voir en moi dans l'acte de souffrir la douloureuse Crucifixion. J'ai pris part à ses souffrances et je suis morte avec lui. Son Sang divin coulait, ses plaies étaient ouvertes. Et lui, avec un tendre et émouvant accent, comme pour me briser le cœur, me dit :

            Je suis en toi. Je suis à toi. Je suis à ta disposition. Mes plaies, mon Sang, toutes les souffrances sont à toi. Tu peux faire avec moi ce que tu veux. En véritable imitatrice et amante, sois magnanime et courageuse. Prends mon Sang pour le donner à qui tu veux, prends mes plaies pour guérir celles des pécheurs, prends ma vie pour donner la vie de grâce, de sainteté et d'amour de la Divine Volonté à toutes les âmes. Prends ma mort pour que les âmes mortes dans le péché reviennent à la vie. Je te donne toute liberté. Fais-le. Tu sais le faire, ma fille. Je me suis donné à toi et cela suffit. Tu penseras à faire que tout me revienne dans la gloire et à me faire aimer. Ma Volonté donnera l’envol pour apporter mon Sang, mes plaies, mes baisers, ma tendresse paternelle à mes enfants et à tes frères. Par conséquent, ne sois pas surprise. C'est véritablement une œuvre divine que de répéter ces œuvres continuellement pour en faire don aux créatures. Chacune pourra dire, tout est à moi et Dieu lui-même est à moi. Oh ! comme nous sommes heureux de voir les créatures recevoir nos dons et posséder leur Créateur. Ce sont là les excès de notre amour, et pour être aimés, nous voulons faire sentir combien nous les aimons et quels dons nous voulons leur faire. Pour celle qui vit dans notre Volonté, ce serait pour nous la voler que de ne pas lui faire don de toutes choses, et cela nous ne le voulons pas. Par conséquent, sois attentive et que ton âme soit toujours embaumée par notre paix divine, car nous ne connaissons pas l’inquiétude, et tout sera pour toi sourire, douceur et amour de ton Créateur.

35.  10 mai 1937 — Comment Dieu se fait nourriture pour la créature ; l’échange, l'harmonie, la conversation entre les deux forment les plus belles œuvres. Comment la Reine du ciel continue son travail de Mère et fait grandir son Fils dans les créatures.

       La mer du divin Vouloir continue de m'inonder et comme je suis incapable de faire quoi que ce soit, il semble ravi de me donner de ses mains maternelles, comme à un tout petit enfant, la nourriture de son Fiat, et de m'enseigner mot à mot, syllabe par syllabe, les premières voyelles de la science de la Divine Volonté. Et lorsque je semble avoir compris quelque chose, combien il est heureux d'avoir la certitude de former une âme toute de Divine Volonté. Et en voyant ses soins maternels, combien je suis heureuse et je le remercie de tout mon cœur. Et mon bien-aimé Jésus, porte-parole de son Vouloir, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, chaque vérité que je te manifeste sur mon Fiat le fait grandir en toi. C'est une bouchée de plus qui sert à te fortifier et à te rendre plus conforme à lui. C'est une gorgée que tu prends dans la mer immense de ma Volonté. C'est une propriété de plus que tu acquiers. Tu dois savoir que pour chaque acte que tu accomplis dans ma Volonté, nous préparons pour toi la Table céleste, et si tu aimes, nous te donnons à manger notre amour ; si tu nous comprends, nous te nourrissons de notre Sagesse. Oh ! combien de merveilleuses et nouvelles connaissances elle te donne sur ton Créateur, si bien que ton Dieu devient la nourriture de choix. Par conséquent, en tout ce que tu fais, il te nourrit de notre puissance, de notre bonté, de notre douceur, de notre force, de notre lumière et de notre miséricorde. La petitesse humaine qui vit dans notre Vouloir éternel absorbe gorgée par gorgée, bouchée par bouchée, parce qu'elle est petite et autant qu'il est possible pour une créature d'absorber, ce qu'elle doit prendre de notre Être divin. Ce que nous lui servons fait notre délice à tous deux. Nous donnons et elle reçoit. Nous donnons de ce qui est à nous et elle nous donne sa petitesse. Nous faisons en elle ce que nous voulons, et elle se prête à notre travail. C'est un échange mutuel, une harmonisation, une conversation qui forme nos plus belles œuvres et nous développons la vie de notre Volonté dans la créature sans qu'elle fasse rien. Il est par conséquent nécessaire de travailler, de parler, de nous faire comprendre afin d'en faire les plus belles statues, les reproductions de notre vie.

            C'est pourquoi, lorsque nous trouvons des créatures qui veulent nous écouter, se donner à nous afin de nous recevoir, nous ne nous épargnons rien et nous faisons tout ce que nous pouvons pour ces créatures. Ma fille, lorsque la créature est nourrie de notre Fiat au point de ne pas vouloir d'autre nourriture et d'avoir formé la chaîne de ses actes tous scellés par les caractéristiques des divines vertus, Dieu reste ainsi prisonnier de ses divines vertus dans la créature. Alors, si elle aime, c'est Dieu qui manifeste la puissance de son amour, de sa bonté, de sa sainteté, etc., dans les actes de la créature, si bien que la puissance des actes que Dieu accomplit dans la créature est si grande qu'elle recouvre le ciel et la terre, plane au-dessus de toutes les âmes pour les revêtir de la puissance de son amour, les emporter et leur donner le baiser du divin Vouloir, de sorte que la famille humaine ressent sa puissance, son amour qui veut régner.

            Le Dieu caché leur donne ces droits au moyen d'une créature qui appartient à leur race humaine ; des droits qu'elles ne peuvent refuser de reconnaître sans perfidie, mais que ma puissance saura renverser et conquérir. Aussi, laisse-moi achever l’œuvre de ma Volonté en toi, ne t'y oppose en rien, et toi et moi nous serons heureux de la voir régner dans les autres créatures.

            Après quoi j’ai reçu la sainte Communion et mon cher Jésus s'est fait voir en moi, tout petit, et la Mère céleste étendait son manteau d'azur au-dessus de moi et du divin Enfant. Puis je l'ai sentie en moi qui embrassait et caressait son cher Fils qu'elle tenait dans ses bras, pressé contre son cœur. Elle le nourrissait et lui témoignait mille stratagèmes d'amour. J'étais émerveillée et la céleste et souveraine Maman me dit avec un amour qui faisait mon admiration :

            Ma fille, il n'y a pas de quoi être surprise. Je suis inséparable de mon cher Jésus. Là où est le Fils, la Mère doit être là elle aussi. Mon devoir est de l’élever dans les âmes. Il est tout petit, les âmes ne comprennent pas comment elles doivent l’élever et elles n'ont pas le lait de l'amour pour le nourrir, calmer ses pleurs et le réchauffer lorsqu'elles le laissent transi de froid. Je suis la Maman, je connais les besoins de mon divin Enfant et lui ne voudrait pas rester sans sa Mère. Nous sommes tous les deux inséparables et je répète dans les âmes ce que j'ai fait lorsqu'il était petit Enfant. Je prends soin des âmes pour le rendre heureux. C’est ma mission très céleste et lorsque je vois mon Fils dans les âmes, j’accours et je descends en elles pour veiller à ce qu'il grandisse.

            La Volonté de mon Fils est une avec la mienne, et là où il est, je suis moi aussi avec lui pour remplir mon devoir de Mère envers celui qui m'aime tant, et envers la créature que nous aimons aussi tellement, car c’est alors pour moi comme la naissance de jumeaux, mon Fils-Dieu et la créature. Comment ne pas les aimer ?

            Puis elle ajouta avec un accent tendre et très émouvant :

            Ma fille, comme elle est belle, grande et prodigieuse, la vertu de la Divine Volonté. Elle vide l'âme de tout ce qui n'est pas lumière ou divin, elle unit ce qui est distant et lointain, elle répète ce qui a été fait à travers les siècles et les siècles pour rendre connaturel l'acte humain dans le divin. C'est une force créatrice qui arrive à se multiplier pour transformer sa vie dans la créature. Par conséquent, aime-la beaucoup et ne lui refuse rien.

36. 16 mai 1937 — La naissance divine des vérités, le plus grand miracle que Dieu puisse accomplir et le grand bien qu'elle apporte aux créatures.

        Je reviens toujours dans la mer du divin Vouloir et les si nombreuses vérités qu'elle m'a manifestées. Elles envahissent mon petit esprit comme autant de soleils resplendissants qui veulent tous me raconter l’histoire du divin Fiat, mais chacun à sa manière. Certains veulent me dire l’histoire de son éternelle lumière, d'autres de sa sainteté, quelques-uns de la manière dont il forme sa vie dans le centre de l'âme. Bref, ils ont tous quelque chose à dire sur une Volonté si sainte, et tous ont une mission spéciale d'être porteurs du bien que chacun a en lui, et unis tous ensemble, ils formaient une seule et unique vie. Mais pour être capables de déposer le bien que chacun possédait, ils voulaient être écoutés, reconnus, priés et appréciés, les portes de l'âme ouvertes afin de pouvoir déposer la vie qu’ils contenaient. J'étais perdu au sein de si nombreux messagers qui tous voulaient me dire l'histoire éternelle du Fiat. Et mon très grand bien Jésus, me refaisant sa petite visite, me dit avec un amour indescriptible :

            Ma petite fille du divin Vouloir, tu dois savoir que le plus grand miracle que puisse accomplir mon Être divin est de manifester sur nous une vérité, car elle est d'abord formée et mûrie dans notre sein et nous la faisons sortir comme une naissance, porteuse de la vie divine pour le bien des créatures. Et les flammes de notre amour sont si grandes que nous ressentons alors le besoin de manifester nos naissances divines. Tu vois par conséquent que ce n'est pas le soleil ni le ciel ni le vent que nous manifestons dans une vérité, mais notre vie, comme porteuse de la vie divine aux créatures. Les autres miracles, la Création elle-même, sont nos œuvres, mais pas notre vie. Les vérités sont par contre la vie éternelle, et si elles trouvent quelqu'un pour les recevoir, elles se bilocalisent, se multiplient de façon incroyable pour chaque créature, si bien que chacune peut les garder pour elle-même, comme une vie qui lui appartient. Ces vérités sont nos naissances. Elles ressemblent en toutes choses à notre Être suprême. Elles ne sont pas une voix, mais elles parlent et font parler. Elles n'ont pas de pied, mais elles marchent, et si rapidement que personne ne peut les rattraper ni les entraver. Elles entrent dans l'intelligence et forment la pensée afin de se faire connaître. Elles se transmuent afin de se faire posséder. Elles renouvellent la mémoire afin de ne pas oublier. Elles marchent dans les chemins du cœur afin de se faire aimer. Elles n'ont pas de main et elles travaillent, elles n'ont pas d’yeux et elles regardent, elles n'ont pas de cœur et génèrent l'amour.

            Les vérités ne sont rien d'autre que les vies palpitantes de notre Être divin au milieu des créatures, la palpitation de notre cœur, parce que notre cœur est la créature et que nous, pur Esprit, nous nous trouvons partout. Nous sommes le cœur que l’on sent battre sans le voir, et nous formons la vie pour la donner à toutes les générations humaines. C'est pourquoi il n'y a pas de miracle comparable à celui de la manifestation d'une vérité. C'est une de nos vies que nous dévoilons et qui mieux qu'un soleil se fera lumière pour les créatures, et qui en les dardant de sa chaleur vitale fera mûrir sa vie, premièrement dans celles où elle est dirigée, pour se diffuser ensuite dans celles qui voudront la recevoir. Et si elles trouvent des ingrates qui ne veulent pas recevoir un si grand bien, nos vérités ne sont pas pour autant sujettes à la mort ni à perdre la vie. Elles attendent, avec une patience infinie, durant des siècles s'il le faut, les générations nouvelles à qui elles donneront les biens qu'elles possèdent et elles accompliront le dessein pour lequel elles sont sorties du Sein divin.

            Pour manifester nos vérités, nous regardons les siècles, et lorsque nous sommes certains qu'elles vont se répandre et multiplier nos vies parmi les créatures, nous les faisons connaître pour donner le bien qu'elles possèdent et afin d’en recevoir l'honneur divin et la gloire divine. Nous ne faisons jamais des choses inutiles. Crois-tu que toutes les vérités que nous t'avons manifestées sur notre Volonté avec tant d'amour ne donneront pas leurs fruits et qu'elles ne formeront pas leur vie dans les âmes ? Si nous les avons manifestées, c'est parce que nous savons avec certitude qu'elles porteront des fruits et qu'elles établiront le Royaume de notre Vouloir parmi les créatures. Et si ce n'est pas aujourd'hui, parce qu'il leur semblera que ce n'est pas une nourriture qui leur convient et que les créatures mépriseront peut-être ce qui pourrait former en elles la vie divine, le temps viendra où elles rivaliseront entre elles pour savoir qui possédera le plus grand nombre de ces vérités. Les connaissant, elles les aimeront. Leur amour en fera une nourriture convenable et elles formeront la vie que mes vérités leur offriront.

            Par conséquent, sache que c'est une question de temps. Je sais ce qui arrivera. Je n'arrêterai pas. Je continuerai de manifester mes vérités et toi, poursuis ton envol et continue à m'écouter et à les mettre en pratique.

37.  23 mai 1937 — Comment la Divine Volonté est ordre et paix, ce qui est un signe de son règne. Celle qui vit dans le divin Vouloir est toujours renouvelée en sainteté, en fraîcheur et en amour divins, et l'acte créateur et croissant des biens divins court dans ses actes.

       La mer du divin Vouloir murmure continuellement, mais avec tellement d'harmonie, d'ordre et de paix que ses vagues pourtant très hautes sont toujours pacifiques. Et en recouvrant les créatures, le ciel et la terre, elle commence par leur donner le baiser de la paix avant d'entrer dans leur âme. Si les créatures ne reçoivent pas le baiser de paix, c'est que le divin Vouloir n'est pas là, car il n'y a pas de place pour lui là où la paix n'existe pas. Mon esprit était perdu dans cette mer lorsque mon toujours aimable Jésus, rendant visite à ma petite âme, me dit avec une paix et une douceur divines :

            Ma bienheureuse fille, ma Volonté est ordre, et le signe qu'elle règne dans l'âme est l'ordre parfait qui génère la paix, de sorte que la paix est fille de l'ordre, et l'ordre est le fils immédiat généré par mon Fiat. Mais tu ne sais pas tout le bien que l'ordre produit. Il rend la créature maîtresse d'elle-même et de toutes les choses créées puisque sa domination est divine, générée par mon Vouloir. Elle domine sur ma Volonté elle-même et sur toutes choses.

            Mais ce n'est pas tout. La vertu de l'ordre est admirable. Elle communique à tous ses vagues pacifiques et dominatrices. Elle fait sienne la force de la Création, des saints qui sont au ciel, de la force divine elle-même. Ses manières ordonnées et pacifiques sont si pénétrantes et insinuantes que tous la laissent faire ce qu'elle veut. Comme elle sait donner à tous et qu'elle ne retient rien pour elle-même, il est juste que tous se donnent à elle. C'est pourquoi la créature ressent en elle la paix, la joie et le bonheur de la Patrie céleste. Chacun se sent uni, relié par une union inséparable parce que ce que ma Volonté unit n'est pas sujet à la séparation.

            C'est pourquoi l'ordre entraîne l’union, l'accord entre tous ; il trouve une place en chacun et chacun une place en lui, et la créature aimera avec l'amour même dont elle est aimée par son Créateur. Tels sont les prodiges que peut accomplir mon Fiat omnipotent là où il règne. Il ne peut accomplir que des œuvres qui lui ressemblent, et elles génèrent dans l'âme les effets qui forment la vie elle-même, si bien que personne ne pourra s'opposer à quoi que ce soit et je pourrai dire : Personne ne peut me toucher et personne ne peut la toucher, et si quelqu'un osait le faire, je saurais comment me défendre. Mon amour se convertira pour elle en feu de Justice et il mordra la poussière. Par conséquent, veille à maintenir en toi l'ordre et la paix. Si quelque chose te contrarie, viens me prier et me presser de renverser tout ce qui n'est pas ordre et paix éternels.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, lorsque la créature appelle ma Volonté dans ses actes afin de vivre en elle, ma Volonté l’investit de sa force créatrice et renouvelle sa vie divine. Si elle appelle lorsqu'elle est en train de travailler, ma Volonté s'unit à elle pour ne plus former qu'un seul acte et, manifestant sa force créatrice, elle transforme en divin tout ce que fait et a fait la créature. Elle scelle la sainteté de ses œuvres et lui en donne le nouveau mérite et la gloire comme si elle avait tout retravaillé pour son amour ; si la créature aime, ma Volonté appelle à la vie toutes les fois où elle a aimé, pour en faire un seul amour ; si elle souffre, elle appelle à la vie toutes les fois où elle a souffert et y place le sceau des souffrances divines en lui donnant le nouveau mérite de toutes les fois où elle a aimé et souffert. Bref, elle répète tout ce que la créature a fait en s'y unissant pour recevoir beauté, sainteté, grâce et fraîcheur nouvelles, amour et mérite nouveaux. Il n'existe pas dans ma Volonté d'actes séparés ni de divisions, mais la plus grande unité. La créature possède alors notre acte créateur et croissant. Par contre, notre Être suprême n'est pas sujet à grandir ni à diminuer, si grande est notre plénitude, notre immensité et notre infini que pour épancher notre amour nous ressentons le besoin de donner et d'aimer les créatures, et d'en être aimés, mais sans jamais diminuer en quoi que ce soit.

            C'est pourquoi nous sommes aux aguets pour voir quand la créature veut avoir la vie dans notre Vouloir afin d'avoir l'occasion de l'aimer plus encore et de l'enrichir de notre amour pour recevoir de l'amour. Nous pouvons dire que nous la recouvrons de notre Être divin, nous nous harmonisons avec elle pour partager sa joie et lui donner la nôtre. Et lorsqu'elle est remuée par les fibres de notre amour, par notre souffle brûlant qui lui dit continuellement : Je t'aime, je t'aime, ô fille, et elle nous fait écho et nous répète : Je t’aime, je t'aime, vie de ma vie, amour de mon amour, mon Père, mon Créateur, tu es tout à moi et je t'aime. Elle nous met en fête et nous donne les joies très pures que nous voulons parce que nous lui avons donné la vie.

            Par conséquent, nous la voulons dans notre Volonté afin de la tenir comme nous le voulons, de lui donner ce que nous voulons, et de recevoir d'elle ce que nous voulons. En dehors de notre Fiat, notre amour pour elle demeure entravé. La séparation est telle entre elle et nous qu’elle en arrive à se sentir loin de nous et à nous croire loin d'elle. Elle en arrive même à nous craindre et à avoir peur de nous. C'est la volonté humaine qui éloigne de nous la créature que nous aimons tant. 

38.  28 mai 1937 — La Reine porteuse de Jésus, le grand don qui lui a été confié. La mission qu'elle avait reçue de l'Être suprême.

         La vie dans le divin Vouloir continue et son amour est tel qu'il me cache dans sa lumière pour que je ne voie, ne sente et ne touche que sa très sainte Volonté. La céleste Mère m'a fait ce matin une douce et chère surprise. Après avoir reçu la sainte Communion, elle m'a fait voir intérieurement qu'elle était en harmonie avec l’Enfant Jésus. Elle le tenait bien serré contre son cœur maternel en le couvrant de ses bras, de sorte que pour le regarder avec mon petit amour, j'ai dû m'abandonner entre les bras de notre céleste Mère afin d'être en harmonie avec eux et de pouvoir aimer comme Jésus et notre Maman Reine aimaient. Oh ! comme ils étaient heureux de voir que je voulais vivre avec eux ; et la Reine souveraine, toute bonté et tendresse, me dit :

            Ma chère fille, tu dois savoir que je suis la porteuse de Jésus. C'est un don que m'a confié l'Être suprême, et lorsqu'il fut certain que je possédais la grâce, l'amour, la puissance et la Divine Volonté elle-même pour le protéger, le défendre et l'aimer, l’Être suprême m’a fait le don du Verbe éternel qui s'est incarné dans mon sein, et il m'a dit : Notre fille, nous te faisons le grand don de la vie du Fils-Dieu de sorte que tu en deviens propriétaire pour le donner à qui tu veux. Prends soin de lui, défends-le, ne le laisse jamais seul avec ceux à qui tu le donnes afin que s'ils ne l'aiment pas, tu puisses faire réparation s'il est offensé. Tu veilleras à ce qu'il ne manque de rien en matière de sainteté et de pureté. Sois attentive. Il est le plus grand don que nous puissions te faire et nous te donnons le pouvoir de le donner autant de fois que tu voudras à ceux qui voudront recevoir et posséder ce grand don. Ce Fils est à moi, il est mon don et je connais son secret amoureux, ses angoisses, ses désirs au point qu'il en arrive à me dire avec des sanglots : « Maman, donne-moi aux âmes, je veux des âmes. » Je veux ce qu'il veut. Je peux dire que je soupire et pleure avec lui parce que je veux que tous possèdent mon Fils, mais je dois mettre en sécurité la vie du grand don que Dieu m'a confié.

            Par conséquent, s'il descend dans les cœurs sacramentellement, je descends avec lui pour garantir mon don. Je ne peux pas laisser seul mon pauvre Fils qui n'aurait pas sa Maman avec lui lorsqu'il est si maltraité. Certains ne lui disent même pas un Je t'aime qui vient du cœur, et c'est moi qui dois l'aimer. D'autres le reçoivent de façon distraite sans penser au grand don qu'ils reçoivent, et je me penche vers lui pour qu'il ne sente pas leurs distractions et leur froideur. Certains en arrivent à le faire pleurer et je dois calmer ses pleurs en faisant de doux reproches à la créature afin de ne pas le faire pleurer pour moi. Combien de scènes émouvantes se produisent dans les cœurs qui le reçoivent sacramentellement. Ce sont des âmes qui ne se contentent pas de l'aimer et je leur donne mon amour avec le sien pour qu'ils n'en fassent qu'un seul. Ce sont des scènes du paradis. Les anges eux-mêmes en sont ravis, et nous sommes encouragés par les souffrances que les autres créatures nous ont données.

            Mais qui est capable de tout dire ? Je suis la porteuse de Jésus et il ne veut pas partir sans moi, si bien que lorsque le prêtre est prêt de prononcer les paroles de la consécration sur la sainte Hostie, je fais des ailes de mes mains maternelles pour qu'il descende dans mes mains, pour le consacrer et afin qu'il ne soit pas touché par des mains indignes, je lui fais sentir mes mains qui le défendent et le recouvrent de mon amour.

            Mais ce n'est pas encore assez. Je veille toujours afin de voir s'ils veulent mon Fils, si bien que si un pécheur se repent de ses péchés graves et que la lumière de la grâce se lève dans son cœur, je lui apporte immédiatement Jésus qui le confirme avec son pardon, et je pense à tout ce dont il a besoin pour conserver ce cœur converti. Je suis la porteuse de Jésus parce que je possède en moi le Royaume de sa Divine Volonté. Il me révèle à qui il veut, et je cours et vole pour l'apporter sans pour autant le quitter. Je ne suis pas seulement celle qui porte, mais qui regarde et écoute ce qu'il fait et dit aux âmes.

            Crois-tu que je n'étais pas présente pour écouter toutes les leçons que mon cher Fils t’a données sur sa Divine Volonté ? J'étais là, j'ai goûté chaque parole qu'il te disait et à chaque parole je remerciais mon Fils en me sentant doublement glorifiée de l’entendre parler du règne que je possédais déjà, qui a été toute ma fortune et la cause du grand don de mon Fils ; et en le voyant parler, je voyais greffée la fortune de mes enfants avec la mienne. Oh ! combien j'étais heureuse. Toutes les leçons qu'il t'a données sont déjà écrites dans mon cœur et en les voyant répétées en toi, je ressentais à chaque leçon un Paradis de plus. Et chaque fois que tu n'étais pas attentive et que tu oubliais, je demandais pardon pour toi et je le priais de répéter ses leçons. Et lui, pour me faire plaisir et parce qu'il ne peut rien refuser à sa Maman, il te répétait ses belles leçons. Ma fille, je suis toujours avec Jésus. Je me cache parfois en lui et il semble tout faire comme si je n'étais pas avec lui, mais je suis en lui. Parfois, il est caché dans sa Maman et me fait faire certaines choses, mais il est toujours avec moi. D'autres fois, nous nous révélons ensemble et les âmes voient la Mère et le Fils qui les aiment tant, selon les circonstances et ce dont elles ont besoin. Souvent, c’est l'amour que nous ne pouvons plus contenir qui nous fait avoir ces excès envers elles, mais sois certaine que si mon Fils est présent, je suis là moi aussi, et que si je viens, mon Fils est là avec moi. C'est une mission qui nous a été donnée par l'Être suprême et que je ne peux ni ne veux refuser. D'autant plus que ce sont les joies de ma Maternité, les fruits de mes souffrances, la gloire du Royaume que je possède, la Volonté et l'accomplissement de la sacro-sainte Trinité.

39.  6 juin 1937 — L’intérêt que Dieu prend à ce que la créature vive dans sa Volonté ; la dot qu’il lui fera. Jésus en sentinelle pour fournir ce qui manque à la créature et, si besoin est, faire aussi des miracles. Exemple d'un roi.

       Je me sentais entre les bras du divin Vouloir et je me disais : Il me semble difficile de pouvoir vivre parfaitement en lui. La vie est pleine d'obstacles, de souffrances et de circonstances dans lesquels nous sommes absorbés et son cours rapide nous empêche de courir comme nous le devrions dans ce divin Fiat dont le souffle et le cœur courent toujours en nous pour nous donner la vie. Et mon doux Jésus, par pitié pour mon ignorance, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, tu dois savoir que l’intérêt premier de notre Être suprême est de vouloir que la créature vive dans notre Volonté, puisque c'est l’unique raison pour laquelle nous lui avons donné la vie. Lorsque nous voulons quelque chose, nous donnons aussi tous les moyens et toute l'aide nécessaire pour que les créatures soient capables de nous donner ce que nous voulons qu’elles nous donnent, et s'il faut pour cela un miracle continuel de notre part, nous le faisons, pourvu que nous atteignions notre but.

            Tu ne sais pas ce que signifie un acte voulu par nous et accompli dans la créature. Sa valeur et la gloire qu'il nous donne sont si grandes qu’il en arrive à être une couronne pour l'Éternel. La satisfaction qu'il nous donne est si grande que nous plaçons notre Être divin à la disposition de la créature afin que notre acte voulu par nous et accompli par elle puisse avoir la vie. La première dot que nous donnons à celle qui veut vivre dans notre Volonté, le premier soutien, la protection la plus sûre, ce sont les vérités. Elles ouvrent la voie et, jalouses, se placent en sentinelles fidèles autour de celle qui veut vivre dans mon Fiat. La lumière de nos vérités qui appartiennent à notre Volonté ne quitte plus cette heureuse créature. Elle la recouvre, la caresse, la façonne et l'embrasse. Elle lui donne par petites gorgées son intelligence pour se faire comprendre et accompagne la vie de mon Vouloir qui règne en elle. Les vérités qui sortent de notre sein ont pour mission d'enclore les âmes dans la lumière qu'elles possèdent. Elles gardent les yeux fixés sur les créatures qui ne peuvent leur échapper ni se fatiguer d’elles bien que les siècles puissent passer. Elles restent toujours à leur place.

            Tu vois par conséquent l'importance de la dot que je donnerai à celle qui vivra dans notre Vouloir éternel, toutes les connaissances que j'ai manifestées en elle, ses immenses valeurs, ses mérites, son amour et l'amour qu'elle m'a poussé à manifester. Ce sera la grande dot, le divin héritage que je donnerai à celles qui voudront vivre dans mon Fiat et où elles trouveront l'aide surabondante pour devenir riches et heureuses. Elles trouveront dans ces vérités la tendre Mère qui les prendra dans son sein comme de petits enfants pour les envelopper de lumière, les nourrir et les faire dormir dans son sein, les mettre en sécurité, marcher dans leurs pas, travailler dans leurs mains, parler dans leurs voix, aimer et battre dans leurs cœurs pour leur servir de Maîtresse et leur parler des scènes ravissantes de la Patrie céleste. Les créatures trouveront dans ces vérités celle qui pleure et souffre avec elles, qui sait faire usage même de leur souffle, des choses les plus petites, des petits riens qu'elle changera en conquêtes divines et en valeurs éternelles.

            Mon Jésus, tu as raison, mais la faiblesse humaine est si grande que j'ai peur de faire des petites sorties en dehors de ta Volonté. Et Jésus reprit :

            Ma fille, les craintes me déplaisent. Tu dois savoir que mon intérêt est si grand, que l'amour qui me brûle est si fort pour que l'âme vive dans ma Volonté, que je fais la promesse de tout faire et de suppléer pour elle en toutes choses. Cependant, je fais cela lorsqu'une décision ferme constante a été prise de vivre dans ma Volonté et que l'âme fait tout ce qu'elle peut. Tu devines là un de mes secrets, ma fille, et jusqu'où peut me conduire mon amour. Tu pressens ce que je fais lorsque la créature, ébranlée et perdue à cause des souffrances que moi-même je dispose, ne sait plus comment suivre les actes de la vie qui règne en elle. Et moi, parce que je ne veux pas que cette vie qui est la vie soit brisée, et qu'elle ne soit pas une vertu que les créatures accomplissent par intervalles et selon les circonstances, mais une vie qui demande par nécessité un acte continuel, je suis celui qui veille et demeure jalousement en sentinelle pour veiller à ce que sa course ne soit pas interrompue. Je fais alors ce qu'elle devrait faire. Remuée par mon action dans mon Fiat, elle revient à elle-même et poursuit sa course dans mon Vouloir. Et moi, sans même lui parler de son interruption, je reprends à partir du moment où elle s'est arrêtée de sorte que la vie de mon Fiat est restée ininterrompue en elle parce que j'ai suppléé à tout ; d'autant plus que dans sa volonté, c'est ce qu'elle voulait, mais que c’est sa faiblesse qui a causé l'interruption.

            Tu vois par conséquent que je veux à tout prix que l'on vive dans ma Volonté, et que s'il faut pour cela des miracles continuels, je les fais. Mais as-tu remarqué ma tendresse, la force de mon amour ? Ayant brisé sa course, je ne lui en fais pas le reproche. Je ne lui en parle pas et si elle remarque qu'elle a manqué en quelque chose, je l'encourage, je compatis avec elle afin qu'elle ne perde pas confiance et, toute bonté, je lui dis : N’aie pas peur. J'ai suppléé à tout pour toi et tu seras plus attentive, n'est-ce pas ? Et elle, en voyant ma bonté, l'aime encore plus. Je sais que je dois donner de moi-même pour que la créature puisse vivre dans ma Volonté et j'agirai par conséquent comme un roi qui désire grandement que son royaume soit peuplé. Il fait savoir au monde entier que tous ceux qui le veulent peuvent venir dans son royaume et il veut que l'on sache, afin d'envoyer de l’argent pour le voyage, qu’il mettra à leur disposition une résidence, des vêtements et de la nourriture en abondance. Le roi leur promet de leur donner des biens qui les rendront riches et heureux. La bonté de se roi sera si grande qu'il vivra avec son peuple qu'il aime tellement que c'est avec ses richesses qu’il les a rachetés de leur vie de misères et de malheurs.

            Je ferai connaître au monde entier qui je suis et que je veux le peuple de mon divin Vouloir. Pourvu qu'ils me donnent leur nom et qu'ils me fassent savoir qu'ils veulent venir dans mon Royaume, je leur donnerai tous les biens. Le malheur n'aura plus de place en aucune créature, chacune possédera son royaume, elle sera reine d'elle-même et partagera la vie avec son Créateur. Je me montrerai si généreux que toutes en seront ravies. Ma fille, oh ! combien je désire la vie de la créature dans ma Volonté. Prie et soupire avec moi, et il te sera doux de donner ta vie pour un Royaume si saint.

40.  18 juin 1937 — Ce que l'on obtient et ce que signifie se soumettre à la Divine Volonté. Échanges et abandons entre la Divine Volonté et l'âme. Les mérites que l'on acquiert. Exutoire d'amour. Comment il existe en chaque chose créée un dépôt d'amour pour nous.

           Je suivais le divin Vouloir dans ses actes et, oh ! combien de surprises, combien de choses consolantes. On ressent tant d'amour, jusqu'à être submergés par les flammes divines. Et mon doux Jésus, voulant me faire connaître ce que signifie une soumission, un acte de plus dans le divin Vouloir, toute bonté, me dit :

            Ma fille, si tu savais à quel point mon amour ressent le besoin extrême de se donner et de faire savoir ce qu'il déverse dans la créature lorsqu'elle se soumet à ma Volonté et devient comme notre fille pour vivre en elle ! Lorsqu'elle se soumet et que nous la voyons dans nos divins domaines, qui sont interminables, nous sommes ravis et nous déversons sur elle une nouvelle mer d'amour, si grande qu'elle se sent submergée et, incapable de tout contenir, et elle fait don des mers d'amour qu'elle a reçues à toutes les choses créées, aux saints, aux anges, au Créateur lui-même, ainsi qu'aux cœurs bien disposés sur cette pauvre terre. Nous nous sentons donnés à tous pour être aimés par tous. Quel commerce, quelles amoureuses industries ! Nous nous sentons répéter nos surprises d'amour, nos échanges divins. Lorsque la créature se soumet à notre Volonté pour la faire régner, elle forme en elle-même un endroit où nous laisser travailler comme Dieu dans son petit champ, et les prodiges, les industries d'amour que nous accomplissons sont si nombreux que les cieux eux-mêmes s'abaissent et contemplent stupéfaits ce que nous faisons dans la créature où règne notre divin Fiat.

            Tu dois savoir que notre Création n'a pas été achevée dans l'homme pour avoir été interrompue par son retrait de notre Vouloir. Nous ne pouvions plus nous confier à lui et la continuation de notre œuvre créatrice est demeurée comme suspendue. C'est pourquoi nous attendons avec impatience que la créature revienne dans les bras de notre Fiat pour le laisser régner en elle. Nous reprendrons alors la continuation de la Création et, oh ! combien de choses magnifiques nous accomplirons. Nous lui ferons des dons surprenants. Notre Sagesse mettra en œuvre tout son art divin, et combien de belles images qui nous ressemblent pourra-t-elle créer par cette divine lumière, toutes magnifiques, mais distinctes les unes des autres en sainteté, en puissance et en beauté. Notre amour ne sera plus entravé en voyant que notre Vouloir peut faire et donner tout ce qu'il veut, et il le manifestera en donnant afin de reprendre son amour réprimé. Et comme nous serons libres de donner, ces temps seront les nôtres, nous ferons connaître qui nous sommes, combien nous aimons les créatures et combien elles devraient nous aimer. Nous mettrons notre amour à leur disposition afin de pouvoir nous aimer les uns les autres avec un seul et même amour.

            Celles qui vivront dans notre Vouloir seront notre triomphe, notre victoire, notre armée divine, la continuation de notre Création et son accomplissement. Crois-tu que ce ne soit rien pour nous de vouloir donner et de ne pas pouvoir donner ? D’avoir le pouvoir de créer des prodiges innombrables de grâce et de sainteté, et parce que notre Volonté ne règne pas dans les âmes, d'être rejetés et empêchés de créer nos plus belles œuvres ? C'est le sommet de notre souffrance. C'est pourquoi, en ne faisant jamais ta volonté, tu apaiseras notre peine, et en faisant toujours la nôtre, tu auras notre puissance, notre amour en ton pouvoir. Tu pourras ainsi ravir notre Fiat pour le faire régner dans les générations humaines.