No 41 à 45

41.  28 juin 1937 — Ce que Dieu fait à la créature lorsqu'elle entre dans sa Volonté. Lorsqu'elle décide de vivre dans le divin Vouloir, son nom est écrit au ciel, elle reste confirmée dans le bien, dans l'amour et la sainteté divine, et elle devient enrôlée dans la Milice céleste. Exemple.

         Mon vol dans le divin Vouloir continue. Je me sens portée dans ses bras avec un amour et une tendresse tels que j'en reste confuse d'être aussi aimée et entourée de sa maternelle bonté. Et mon doux Jésus, en me refaisant sa petite visite, me dit avec un amour à fendre le cœur :

            Ma fille de mon Vouloir, si tu savais quel plaisir je prends à voir une âme entrer dans notre Volonté. On peut dire que nous courons l'un vers l'autre et lorsque nous nous rencontrons, notre Volonté la revêt de sa lumière, notre amour l’embrasse, notre puissance la prend dans ses bras, notre sagesse la dirige, notre sainteté l’investit et y place son sceau, notre beauté l'embellit. Bref, tout notre Être divin l'entoure pour lui donner de ce qui est à nous. Mais sais-tu pourquoi ? Parce que lorsqu'elle entre dans notre Vouloir, non pour vivre du sien, mais du nôtre, nous recevons ce qui est sorti de nous. Nous sentons que nous est restituée la raison pour laquelle nous l'avons créée, et par conséquent nous sommes en fête. Il n'existe pas d'acte plus beau, de scène plus enchanteresse que celle de la créature qui entre dans notre Volonté. Et chaque fois qu’elle y entre, nous la renouvelons dans notre Être divin en lui donnant de nouveaux charismes d'amour.

            C'est pourquoi celle qui vit dans notre vouloir nous maintient en fête. Elle ressent le besoin de vivre en nous afin d'être caressée par son Créateur, et nous sentons le besoin d'être caressés par elle et de lui donner de nouveaux héroïsmes de grâce et de sainteté.

            Jésus garda le silence et je me sentais plongée dans le Vouloir éternel, étonnée de sentir combien nous sommes aimés par Dieu si nous vivons dans son Vouloir. Des milliers de pensées agitaient mon esprit, et mon bien-aimé Jésus reprit :

            Ma fille, ne sois pas surprise de ce que je viens de le dire. Je te dirai des choses plus surprenantes encore et combien je voudrais que tous puissent les entendre pour que tous décident de vivre dans ma Volonté. Tu sens combien il est beau et consolant de savoir ce que mon amour me pousse à la te dire. Mon amour est si grand que je ressens le besoin de te dire jusqu'où nous allons pour celle qui vit dans notre Vouloir.

            Tu dois savoir que lorsque l'âme décide avec fermeté de ne plus vivre de sa volonté, mais de la nôtre, son nom devient écrit au ciel en caractères indélébiles de lumière, et elle devient enrôlée dans la Milice céleste comme héritière et fille du Royaume de la Divine Volonté. Mais cela ne suffit pas à notre amour. Nous la confirmerons dans le bien de sorte qu'elle ressentira une telle horreur pour chaque petit péché que non seulement elle ne sera plus capable de tomber, mais elle restera confirmée dans les biens, dans l'amour, dans la sainteté, etc., de son Créateur. Elle sera comme investie par la prérogative du District, elle ne sera plus considérée comme une exilée, et si elle reste sur terre, ce sera comme représentante de la Milice céleste et non comme exilée. Elle disposera de tous les biens et pourra dire : Étant donné que sa Volonté est toute à moi, ce qui est à Dieu est à moi. Elle se sentira propriétaire de son Créateur et comme elle ne travaille plus avec sa volonté, mais avec la mienne, toutes les barrières sont brisées qui l'empêchaient de sentir son Créateur. Les distances ont disparu, les dissemblances entre elle et Dieu n'existent plus. Elle se sentira tellement aimée par celui qui l’a créée que son cœur débordera d'amour pour aimer celui qui l'aime, et se sentir aimée par Dieu est la joie, l'honneur, la gloire la plus grande pour la créature. Ma fille, ne sois pas surprise. Notre dessein, la raison pour laquelle la créature a été créée, c’est de trouver en elle notre vie, le règne de notre Volonté et notre amour afin d'être aimés et de l'aimer. S'il n'en était pas ainsi, la Création ne serait pas une œuvre digne de nous.

            Je sentais mon cœur exploser de joie en entendant ce que mon cher Jésus venait de me dire, et je pensai : Un si grand bien est-il possible ? Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, ne suis-je pas le propriétaire capable de faire et de donner ce que je veux ? Il suffit que je le veuille, et tout est fait. C'est aussi ce qui se passe dans ce bas monde, d'une certaine manière, lorsqu'un homme signe son nom dans l’armée du gouvernement qui, pour être sûr de lui, lui fait prononcer un serment de fidélité. Ce serment le lie à l’armée, et il reçoit un uniforme de la milice afin que tous sachent qu'il appartient à l’armée. Et après avoir fait preuve de ses capacités et de sa fidélité, il reçoit un salaire pour la vie, que personne ne peut lui enlever. Il ne manque de rien, il peut avoir des serviteurs et vivre avec tous les conforts de la vie, et après un temps prendre sa retraite. Et qu'a-t-il donné au gouvernement ? Uniquement la partie extérieure de sa vie qui lui a valu le droit de recevoir sa solde durant sa vie.

            Par contre, celle qui prend la ferme décision de me donner sa volonté m'a donné la partie la plus noble et la plus précieuse d'elle-même, c'est-à-dire sa volonté. Comme elle m'a donné tout l'intérieur et l'extérieur, et même le souffle, elle a ainsi mérité d'être enrôlée dans l'armée divine, et pour que chacun reconnaisse qu'elle appartient à notre milice, comment puis-je la laisser manquer de quoi que ce soit et ne pas l’aimer ? Ce serait alors pour ton Jésus une grande tristesse et cela m'enlèverait la paix que je possède par nature de ne pas aimer celle qui m'a tout donné et qu'avec un amour indescriptible je possède, que je garde dans mon cœur, et à qui je donne ma vie elle-même.

42.  4 juillet 1937 — Comment Dieu veut former tant de ses vies divines en chaque créature. Comment celle qui vit dans le divin Vouloir se fait porteuse de tous et de toutes choses à son Créateur.

      Je me trouvais tout investie du divin Vouloir. Je le trouvais partout qui voulait me donner sa vie, et combien j'étais heureuse de sentir son empire qui voulait à tout prix et par ses amoureux stratagèmes me prendre dans sa vie éternelle. J'en demeurais surprise et mon toujours aimable Jésus, visitant ma pauvre petite âme, me dit avec sa douceur et sa bonté habituelles :

            Ma bienheureuse fille, si tu savais combien je suis heureux et combien mon amour est soulagé de te manifester ses célestes arcanes, l'amour de notre Être suprême, notre adorable Volonté. J'attends de pouvoir te dire comment nous nous trouvons parmi les créatures et le grand bien que nous pouvons leur faire. Tu sais que notre immensité englobe toutes choses. Notre pouvoir et notre force sont si grands que nous portons comme une plume dans nos bras tous les êtres et toutes les choses. Tout cela est naturel dans notre Être trois fois saint, si bien que si nous voulions nous diminuer, nous ne pourrions le faire. Notre immensité et notre puissance coulent dans chaque fibre du cœur, dans tous les souffles, dans la rapidité du sang qui coule dans les veines, dans la vélocité de la pensée. Nous sommes les acteurs, les spectateurs et la lumière de toutes choses.

            Mais tout cela n'est rien. Ce ne sont que les qualités de notre Être suprême. Ce qui est plus étonnant encore, c'est que nous voulons former toutes ces vies en chaque créature. C'est une œuvre divine que d'avoir la vertu de pouvoir former autant de vies divines que de créatures à qui nous avons donné le jour. Les créatures sont à nous, elles ont été créées par nous, nous vivons ensemble et parce que nous les aimons notre amour nous porte avec une force et une puissance irrésistibles à former notre vie en elles. Et notre art créateur, non content de créer les créatures, veut dans l'enthousiasme de son amour se créer lui-même en chaque personne créée. Tu vois par conséquent dans quelles conditions nous nous trouvons parmi la famille humaine. Nous sommes toujours dans l'acte de former notre vie dans les créatures, mais notre art créateur reste rejeté et suffoque sans pouvoir continuer notre divine création. Nous vivons parmi elles, elles vivent à nos dépens, elles vivent parce qu'elles vivent de nous, et nous avons pourtant la grande peine de ne pas pouvoir former notre vie en elles. Ce serait la plus grande satisfaction, la plus grande gloire qu’elles pourraient nous donner si elles nous accordaient la liberté d'être la vie de chacune d’elles.

            Mais sais-tu où nous sommes libres de former cette vie ? En celle qui vit dans notre Volonté. Notre divin Fiat nous prépare la matière première où former notre vie ; il y place sa puissance, sa sainteté, son amour et il nous appelle dans les profondeurs de l'âme. Et lorsque nous trouvons cette matière adaptable et pratique, nous formons notre vie divine avec un amour indescriptible. Nous la formons et nous l'élevons avec délice, nous développons notre art créateur autour de cette céleste créature, et commence alors la chaîne des prodiges. Elle possède son Créateur, notre Volonté travaille et elle devient la porteuse de tous et de toutes choses. Si elle pense, elle nous apporte les pensées de tous et se fait la suppléante et la réparatrice de toutes les intelligences humaines. Si elle parle, si elle travaille, si elle marche, elle porte les paroles, les œuvres, les pas de chacun. La Création elle-même lui fait cortège et la fait porteuse du ciel, des étoiles, du soleil, du vent et de toutes choses. Elle n'oublie rien. Elle nous apporte l'hommage, la gloire de toutes nos choses créées, et même l'hommage du doux chant des petits oiseaux. Comme elle possède la vie de celui qui l’a créée, elle fait de tout cela notre couronne. En fait, toute chose a le désir être apportée par celle qui possède la faculté de parler afin que pour chaque chose elle puisse dire l’histoire d'amour pour laquelle chacune été créée par son Créateur.

            Ainsi celle qui possède notre Volonté acquiert aussi notre jalousie d'amour. Nous voulons tout pour elle et en toute justice parce qu'il n'y a rien que nous ne lui ayons donné, et c'est donc avec justice que nous voulons tout. Elle aussi, saisie par notre folie d'amour, veut tout avoir afin de pouvoir tout nous donner et, jalouse, elle veut tout nous apporter afin de pouvoir nous dire pour tous et pour toute chose créée son petit mot d'amour.

            Par conséquent, celle qui vit dans notre Volonté ne reste jamais seule. Elle est d'abord avec son Créateur avec qui elle est toujours en compétition d'amour pour savoir comment ils peuvent tous deux s’aimer plus, et de toutes les choses qui l’entourent, elle se fait la porteuse vers celui qu'elle aime et qui, étant amour infini, veut voir dans la créature toutes les choses converties en amour par amour pour lui.

43. 12 juillet 1937 — Comment les réflexions humaines prennent la place des divines et sont les déchets qui forment la source de l'âme turbide. Comment la Divine Volonté convertit son amour en nature, et la créature qui vit en elle peut s'attendre à cela au moment de la mort.

         Je suis entre les bras du divin Vouloir qui mieux qu'une vigilante sentinelle veut non seulement être la vie de tous les actes, mais pénétrer dans tous les recoins de mon cœur et de mon esprit. Il me rappelle à l'ordre si tout ce qui entre en moi ne fait pas partie du Fiat. Et mon aimable Jésus rendit visite à ma petite âme pour se faire le Maître qui veut tout enseigner à sa fille, et il me dit :

            Bienheureuse fille de ma Volonté, tu dois savoir que tes réflexions, impressions, oppressions, mélancolies, doutes, petites peurs, entravent les réflexions divines, les saintes impressions, le vol rapide vers le ciel, les joies du vrai bien, la céleste paix. Ce sont comme autant de détritus jetés dans un lac alors que la créature regarde dans ces eaux limpides comme dans un miroir et pour y voir toute sa personne belle et ordonnée.

            Que se passe-t-il alors ? Pendant qu'elle se contemple dans ces eaux limpides, on y jette quelques déchets. L'eau est troublée. Des rides apparaissent à sa surface et qu'arrive-t-il à la pauvre créature qui se regardait dans ces eaux ? Les rides qui se sont formées à la surface de l'eau emportent un pied, un bras, une main, une tête, de sorte que la créature se voit toute déformée par les ondulations qui ont troublé la limpidité des eaux, de sorte qu’elle ne voit malheureusement plus son image tout entière à cause de ces quelques débris.

            C'est le cas de l'âme créée par Dieu qui mieux qu'une claire fontaine permettait à Dieu de se voir en elle, et elle-même en Dieu. À présent, les réflexions, les oppressions, les doutes, les peurs, etc., sont autant de gravats jetés dans les profondeurs de l'âme, et Dieu ne se voit plus tout entier en elle, mais divisé en petits morceaux, de sorte que la force, la joie, la sainteté et la paix divines sont divisées. Cela empêche la créature de savoir qui est Dieu, combien il l'aime et ce qu'il attend d'elle. Ces détritus entravent la marche de la créature et la font boiter, ce qui l’empêche de voler pour se contempler en celui qui l’a créée. Ce qui semblait de peu d'importance a maintenant formé la connaissance de Dieu dans la créature, l’union, la sainteté, le regard de Dieu dans la créature et de la créature en Dieu. On ne peut pas dire que ces gravats soient des petits riens alors qu'il leur manque la solidité et la substance de l'amour vrai. Ils sont toujours turbides et Dieu ne peut plus se voir en eux pour y former son image. Par conséquent, sois attentive et recherche toujours ma Volonté.

            Jésus a gardé le silence et j'ai continué à penser au grand mal que ces réflexions peuvent nous faire, et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, ce n'est que dans ma Volonté que l'âme parvient au sommet de la plus haute sainteté et peut renfermer en elle-même un acte complet, pour autant que cela est possible à une créature de se remplir elle-même de ma Volonté au point de ne laisser en elle aucun vide et de convertir en sa propre nature le bien qu'elle fait. Si elle aime mon Fiat, la vague d'amour la recouvre tout entière, investit ses fibres les plus intimes, se fait Reine et convertit en nature son amour dans la créature au point qu'elle en ressentira le souffle, le cœur, le mouvement, les pas et tout son être, de sorte qu'elle ne saura plus faire autre chose qu’aimer. Cette vague d'amour s'élève jusqu'au ciel et monte à l'assaut de son Créateur pour l'aimer toujours parce que lorsque le bien et convertit en nature, la créature ressent le besoin de répéter le bien reçu comme un acte qui constitue sa vie. Si elle adore, elle sentira sa nature changée en adoration de sorte que tout ce qu'elle ressentira se changera en adorations profondes pour son Créateur. Si elle fait réparation, elle sentira le besoin de retrouver toutes les offenses pour y mettre sa réparation. Bref, ma Volonté avec sa force créatrice ne laisse aucun vide et sait convertir en nature tout ce que la créature accomplit en elle.

            Tu vois quelle différence il peut y avoir pour celle qui vit dans ma Volonté et la possède comme une vie agissante, et celle qui la reconnaît comme une vertu, peut-être dans les circonstances les plus douloureuses de la vie, mais non dans toutes les autres. Je veux te dire maintenant une autre consolante surprise. Notre bonheur est si grand lorsque la créature décide de vivre avec une immuable fermeté dans notre Vouloir qu'au moment de sa mort, nous la confirmons dans le bien où elle se trouve elle-même. Car tu dois savoir que tout ce qu'elle a fait dans sa vie, ses prières, sa vertu, ses souffrances, ses bonnes œuvres, servent à former notre vie divine dans son âme. Pas une âme bienheureuse n'entre dans le ciel sans posséder cette vie divine selon le bien qu'elle aura fait. Et selon que les âmes auront accompli plus ou moins ma Volonté, elles recevront plus ou moins, parce que l'âme doit posséder en elle le vrai bonheur et les vraies joies ; si bien que si les âmes mourantes ne sont pas remplies à ras bord avec l'amour et ma Volonté, je les confirme bien, mais elles n'entrent pas au ciel. Je les envoie au Purgatoire pour remplir ces vides d'amour et de ma Volonté par des souffrances, des angoisses et des soupirs. Et lorsqu'elles sont entièrement remplies et véritablement transformées en mon amour et ma Volonté, elles peuvent alors prendre leur envol vers le ciel.

            Quant à celle qui ne veut plus faire sa propre volonté mais seulement la mienne, nous n'attendons pas. Notre amour nous porte avec une force irrésistible à la confirmer d'avance dans le bien et à convertir en nature notre amour et notre Volonté, de sorte qu'elle sentira que mon amour et mon Vouloir sont en elle. Elle ressentira plus ma vie que la sienne. Mais il y a une différence avec celles qui sont confirmées au moment de la mort et qui ne grandiront plus dans le bien ; leurs mérites sont terminés. Pour les âmes qui vivent dans ma Volonté, ma vie grandit toujours, les mérites ne finissent pas. Elles auront les mérites divins et continueront à m'aimer et à vivre dans ma Volonté. Ainsi elles me connaîtront mieux, elles m'aimeront mieux et elles augmenteront leur gloire. Je peux dire que je cours en chacun de leurs actes pour lui donner mon baiser, mon amour, et reconnaître qu'il est à moi. Je leur en donne la valeur et le mérite comme si je l'avais fait moi-même.

            Ah ! tu peux comprendre ce que nous ressentons pour la créature qui vit dans notre Vouloir, combien nous l'aimons et voulons la rendre heureuse en toutes choses. Parce que c'est en elle que nous trouvons la réalisation du dessein de la Création, que nous centrons la gloire que toutes les choses devraient nous donner, et ainsi notre Volonté accomplie est entièrement nôtre.

44.  25 juillet 1937 — Comment un acte dans le divin Vouloir peut être un vent impétueux, un air, une atmosphère céleste. Trois cercles. Lorsque Dieu aime, il œuvre ; s’il parle, il donne.

       La mer du divin Vouloir murmure toujours et forme souvent ses vagues impétueuses pour monter à l'assaut des créatures pour les emporter dans ses vagues amoureuses et leur donner sa vie, mais avec tant d'insistance et d'amour que l’on demeure étonnés qu'elle semble avoir besoin de nous, pauvres créatures. Oh ! combien il est vrai que Dieu seul sait comment nous aimer. Mon esprit se perdait dans cette mer lorsque mon doux Jésus me fit sa brève visite et me dit :

            Ma bienheureuse fille de mon Vouloir, as-tu vu combien est doux le murmure de la mer de ma Volonté ? Et les âmes qui vivent en elle ne font que murmurer avec cette mer, échos parfaits de mon Fiat. Elles ne cessent de murmurer amour, gloire, adoration. Si elles respirent, elles murmurent amour. Si le sang circule dans leurs veines, si elles pensent, si elles marchent, en tout ce qu'elles font elles murmurent amour, gloire à notre Créateur. Et si elles appellent ma Volonté dans leurs actes, elle forme des vagues impétueuses pour y mêler Dieu et les créatures afin que le ciel et la terre ne forment plus qu'une seule et même Volonté. Un acte dans ma Volonté peut être un vent impétueux qui emporte avec force les passions, les faiblesses, les mauvaises habitudes, l'air putréfié du péché afin de leur substituer les vertus, la force divine, les saintes habitudes, l'air sanctifiant de ma Volonté.

            Un acte dans mon Vouloir peut être un air universel qui pénètre partout et en tous, de nuit comme de jour. Il peut se faire respirer pour infuser sa vie, sa sainteté, et emporter l'air malsain du vouloir humain pour y substituer l'air saint de mon Fiat et le parfumer, le revivifier et le guérir par son air divin.

            Un acte dans mon Fiat peut être une atmosphère céleste qui contient en elle toutes nos œuvres, la Création elle-même, et avec la force de nos œuvres assaillir notre divinité et s'imposer sur nous pour nous faire accorder des grâces et des dons afin de rendre les créatures capables de recevoir le Royaume de notre Vouloir. Un acte dans notre Volonté peut contenir une merveille telle que la créature est incapable d'en comprendre toute la valeur.

            Jésus a gardé le silence et je demeurais inondée par cette mer. Je me sentais transportée dans la Patrie céleste au milieu de trois cercles de lumière au sommet desquels se trouvaient la Reine du ciel et Notre-Seigneur dans une beauté et un amour indescriptibles, parmi une multitude d'âmes toutes transformées dans la lumière où elles vivaient et grandissaient, mais gardées, dirigées et nourries par Jésus et la céleste Mère. Combien de merveilleuses surprises on pouvait voir. Ces âmes possédaient la ressemblance et la vie de leur Créateur, et mon doux Jésus et sa Mère me dirent :

            Ces cercles de lumière que tu vois sont un symbole de la sacro-sainte Trinité, et les âmes sont celles qui formeront le Royaume de la Divine Volonté. Ce Royaume sera formé dans le sein de la divinité. Les Chefs de ce Royaume seront la Mère et le Fils qui le garderont jalousement. Tu vois par conséquent la certitude de ce Royaume. Il est déjà formé parce qu'en Dieu les choses sont déjà faites. Par conséquent, prie pour que ce qui est au ciel soit réalisé sur la terre.

            Je me trouvais après cela dans la très grande tristesse de me retrouver à nouveau dans la prison de mon corps. Et Jésus, mon très grand bien, toute bonté, me dit :

            Ma fille, notre Être divin est tout amour, et cet amour est si grand que nous ressentons le besoin de faire sortir de nous cet amour, peu importe si la créature le mérite ou non. Si nous avions voulu faire attention aux mérites, toute la Création serait restée dans notre sein. Lorsque nous aimons, nous œuvrons. Nous avons aimé et nous avons créé la Création, et comme don de notre libéralité et de l'excès de notre amour agissant, nous en avons fait don à l'homme. Nous n'aimons pas faire nos dons comme des paiements ou contre un mérite ; et où pourrait-on trouver suffisamment d'argent pour payer nos dons, ou tous les actes pour les mériter ? Cela entraverait notre amour, le réprimerait en nous que de ne rien donner à la créature ou même de ne pas l'aimer, parce que si nous aimons, nous devons œuvrer et donner. Notre Être suprême se trouve très souvent dans de tels délires d'amour que nous ressentons le besoin de faire sortir de notre sein divin des dons et des grâces pour les donner aux créatures. Mais pour former ces dons, nous devons aimer et les manifester afin de les faire connaître. Ainsi, lorsque nous aimons, nous œuvrons. Si nous parlons, notre parole créatrice consigne le don, elle le confirme et dote la créature de notre don. Notre parole est la porteuse qui nous met en condition de pouvoir nous décharger de notre amour réprimé.

            Mais veux-tu savoir pourquoi nous ne faisons pas nos dons contre un paiement ou un mérite ? C'est parce que nous les faisons à nos enfants, et lorsque des dons sont faits aux enfants, on ne se préoccupe pas de savoir s'ils le méritent, on les fait à cause de l'amour qu'il y a entre nous. Tout au plus le leur faisons-nous comprendre. D'où la nécessité de la parole afin qu'ils apprécient les dons, qu'ils les gardent et qu'ils aiment celui qui les leur a donnés et qui les aime tant. Par contre, on les donne comme paiement ou comme mérite à des serviteurs et à des étrangers et, oh ! avec combien de mesure. C'est pourquoi, dans l'excès de notre amour sans lequel personne ne pourrait ni prier ni mériter, nous avons fait la Création afin d'en faire don à l'homme. Dans un autre excès, nous avons créé la Vierge pour en faire don, et dans un autre excès, moi, le Verbe éternel je suis descendu du ciel pour me donner moi-même et me faire la douce proie de l'homme. Dans un autre grand excès d'amour, je ferai le grand don du Royaume de mon Vouloir. La céleste Vierge héritière de ce Royaume appellera les créatures ses enfants pour qu'ils reçoivent le don de son grand héritage.

            Ma fille, si l’âme permet à la Divine Volonté de régner, son amour ne sera plus stérile, mais fertile. Il ne sera plus réduit à de simples paroles ou à des œuvres. Elle sentira en elle la force créatrice de notre amour et se mettra elle-même dans notre condition où, lorsque nous aimons, nous œuvrons, et si nous œuvrons, nous donnons, nous faisons le grand don de notre Être divin. Notre amour est si grand que si nous donnons, nous voulons tout donner et nous mettre nous-mêmes au pouvoir de la créature. Notre amour ne serait pas satisfait s'il ne disait pas : J'ai tout donné, je n'ai plus rien à lui donner. D'autant plus qu'en possédant notre Volonté nous sommes en sécurité, nous sommes chez nous, avec tout le décorum, tous les honneurs et la bienséance appropriée à notre divinité. La créature possède ainsi notre propre force créatrice. Si elle nous aime, elle nous donne son amour en échange pour notre don, le don de sa vie, de sorte que c'est la vie que nous échangeons entre nous ; et chaque fois qu'elle nous aimera, notre force créatrice multipliera sa vie pour nous la donner en cadeau. Son amour ne restera pas isolé, mais il sera avec la plénitude de sa vie qu'elle met elle-même au pouvoir de son Créateur. Et c'est ainsi qu'il y aura part égale entre le Créateur et la créature, la vie qu'elle reçoit et la vie qu'elle donne. Et si la créature a ses limites, ma Volonté compensera pour elle, d'autant plus qu'en nous faisant le don de sa vie, elle nous donne tout, il ne reste rien pour elle-même, et notre amour en est satisfait et payé de retour. Par conséquent, si tu veux tout donner et toujours recevoir de nous, fais que notre Volonté règne en toi, et tout te sera accordé.

45.  2 août 1937 — Comment la Création possède le bonheur parfait capable de donner le bonheur terrestre aux créatures. Comment le péché empêche le bonheur. Le grand mal de celle qui se retire de l'origine. Exemple.

       Je faisais ma ronde dans la Création pour suivre les actes de de la Divine Volonté et, oh ! combien de surprises. Chacun des actes avait de quoi faire le bonheur de tous et mon toujours aimable Jésus, en me voyant étonnée, toute bonté, me dit :

            Ma fille, notre Être suprême possède la fontaine du bonheur, c'est pourquoi il ne peut sortir de nous que des choses ou des êtres heureux. Toute la Création possède cette plénitude de bonheur capable de donner à toute la terre un bonheur terrestre parfait. Adam possédait cette plénitude de bonheur. Tout était bonheur et joie pour lui et comme il possédait en lui-même mon Vouloir, il contenait des mers de satisfactions, de béatitudes et de joies sans fin. Lorsqu'il est sorti de ma Volonté par le péché, la joie l’a quitté et toutes les choses créées ont repris les joies qu’elles possédaient dans leur sein pour ne plus donner à l'homme que les moyens nécessaires, non plus comme à un propriétaire, mais comme à un serviteur ingrat. Tu vois par conséquent que ce n'est pas de nous que vient le malheur. Nous ne pouvons pas le donner puisqu'il est impossible de donner ce qu'on ne possède pas. C'est le péché qui a jeté en l'homme la semence du malheur, de la tristesse et de tous les maux qui l'encerclent au-dedans comme à l'extérieur de lui-même.

            C'est pourquoi lorsque la céleste Dame et ma très sainte Humanité sont venues sur la terre, toute la Création était en fête et souriait. Elle a recommencé à nous inonder de joie et de bonheur. Le soleil nous donnait les joies de sa lumière, il réjouissait notre vue par la variété de ses couleurs, il nous donnait la joie de ses baisers d'amour qu'il possédait et s'étendait avec révérence sous nos pieds pour nous adorer. Le vent nous recouvrait des joies de sa fraîcheur et éloignait de nous l'air putride de tant de péchés. Les oiseaux nous entouraient pour nous donner les joies de leurs trilles et de leurs chants. Leur musique était si belle que j'étais obligé de leur commander de s'éloigner de nous et de prendre leur envol pour exalter leur Créateur. La terre fleurissait sous mes pas pour me donner la joie de ses floraisons ; je leur commandais de ne pas me faire autant de démonstrations et les fleurs m'obéissaient. L'air m'apportait les joies de notre souffle omnipotent. Lorsque l'homme respirait, nous lui donnions une vie débordante de joies et de bonheurs divins, et je sentais venir en respirant les joies et les bonheurs que nous connaissions dans la création de l'homme. Il n’y avait pas une seule chose créée qui ne voulût manifester les joies qu'elle possédait, non seulement pour me féliciter, mais pour me rendre les hommages et les honneurs comme à son Créateur. Et je les offrais à mon Père céleste afin de lui donner la gloire, l'honneur, l'hommage et l'amour pour tant d'œuvres merveilleuses et magnifiques accomplies par nous dans la Création par amour pour l'homme.

            Ma fille, ces joies existent toujours dans les choses créées. La Création a été faite par nous avec splendeur et somptuosité, et avec la plénitude du bonheur. Rien n'a été perdu parce que nous attendons nos enfants, les enfants de notre Volonté qui pourront connaître les joies et le bonheur terrestre que possède toute la Création. Et je peux dire que c'est par amour pour eux qu'elles existent encore. Et si les créatures ne connaissent plus la plénitude du bonheur, il leur reste au moins les choses nécessaires pour être capables de vivre. Le fait que la Création existe encore après tant d’ingratitudes humaines, de péchés horribles, montre la certitude du Royaume de ma Volonté sur la terre, et en le possédant la créature deviendra capable de recevoir les joies de la Création, de nous donner la gloire, l'amour et l'échange de tout ce que nous avons fait pour elle en faisant tout le bien imaginable que peut faire la créature.

            Tout est dans la possession de notre Vouloir parce qu'à l’origine la Création était tout entière dans notre Volonté avec l'homme. Tous vivaient dans notre Volonté et c'est en elle qu'ils trouvaient ce qu'ils voulaient, la joie, la paix, l'ordre parfait ; tout était à leur disposition. L’origine étant perdue, tout a changé d'aspect. Le bonheur est devenu tristesse, la force s’est changée en faiblesse, l'ordre en désordre, la paix en guerre. Sans ma Volonté le pauvre homme est véritablement l'aveugle, le paralysé, qui ne peut faire un peu de bien qu’avec difficulté et amertume.

            Lorsqu'elles sont guidées par l'origine qui leur a donné l’existence, les choses trouvent la voie et le bonheur qui résulte des œuvres de bien qu'elles ont entreprises. Si elles perdent l'origine, elles sont sens dessus dessous, elles vacillent, elles perdent la voie et finissent par ne plus savoir rien faire. Et si elles semblent faire quelque chose, elles font pitié. Il en est également ainsi dans les choses humaines. Si le maître voulait enseigner au petit garçon les consonnes et pas les voyelles, étant donné qu'il y a des voyelles dans tous les mots et les toutes les lettres de toutes les sciences, des plus simples aux plus compliquées, le pauvre petit garçon n'apprendrait jamais à lire, et s'il le voulait, il deviendrait fou. Qui a produit tout ce mal ? Le retrait à l’origine de ce que sont les voyelles. Ah ! ma fille, si l'homme ne revient pas à son origine, s'il ne revient pas dans ma Divine Volonté, mon œuvre créatrice sera une œuvre brisée. Sans les premières voyelles de ma Divine Volonté, elle pourra bien lui donner de la lumière et lui parler, le pauvre homme ne comprendra pas parce qu'il lui manque l'origine. Il lui manque les premières voyelles pour pouvoir lire mes leçons sur mon Fiat. Sans la base, sans la fondation, sans maître, sans défense, son crétinisme est tel qu'il n'a pas conscience de son état et c'est pourquoi il n'implore pas pour revenir dans mon Vouloir afin d'apprendre les premières voyelles avec lesquelles il a été créé par Dieu, et d’être en mesure de continuer à apprendre la véritable science céleste pour former ainsi sa fortune autant sur terre que dans le ciel.

            Par conséquent, je murmure toujours à l’oreille du cœur : Mon enfant, reviens dans ma Volonté, retourne à ton origine si tu veux me ressembler, si tu veux que je te reconnaisse comme mon enfant. Oh ! comme il est triste d'avoir des enfants qui ne me ressemblent pas, des enfants ignobles, pauvres, dégradés, malheureux. Et pourquoi tout cela ? Parce qu'ils ont rejeté le grand héritage du Père céleste et me contraignent à pleurer sur leur sort. Ma fille, prie pour que tous reconnaissent ma Volonté ; et toi, reconnais et apprécie ma Volonté, aime-là plus que ta propre vie, et n’en perds pas un seul instant.

Grâce à Dieu

Que tout soit fait pour la Gloire de Dieu et pour l'accomplissement de sa Volonté.