📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 33


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  19 novembre 1933 — Comment l’âme qui se dispose à faire la Divine Volonté forme le passeport, la voie, le train/escorte de la manière dont Jésus veut se refaire dans la créature. Le Signataire et le Moteur céleste.

            Mon céleste et souverain Jésus et ma grande Dame du ciel, venez à mon aide, placez la petite ignorante que je suis au milieu de vos très saints Cœurs  ; et alors que j'écris, mon cher Jésus, sois mon souffleur et toi, ma céleste Mère, guide la main de ta fille sur le papier de façon à ce que je sois entre mon Jésus et ma Maman lorsque j'écris, pour que je ne mette pas un seul mot de plus que ce qu'ils veulent et me disent.

            Avec cette confiance au cœur, je commencerai à écrire le 33e tome. Ce sera peut-être le dernier, je n'en sais rien, mais je garde l'espoir que tout le ciel aura pitié de la petite exilée que je suis et qu'ils vont bientôt la rapatrier chez eux  ; mais pour le reste, Fiat ! Fiat !

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté, centre et vie de ma pauvre existence, et mon Jésus, répétant sa fugitive petite visite, me dit :

            Ma brave fille, tu dois savoir que lorsque l'âme est disposée à faire ma Divine Volonté, elle forme le passeport qui lui permet d'entrer dans les interminables régions du Royaume du Fiat ; mais sais-tu qui fournit le matériel pour le constituer et qui se prête à le signer et à lui donner droit d’entrée dans mon Royaume ?

            Ma fille, l’acte de se disposer à faire ma Volonté est si grand, que ma vie elle-même et mes mérites forment le papier et les caractères ; et c'est ton Jésus qui appose sa signature pour lui accorder droit d’entrée. On peut dire que le ciel tout entier se précipite pour aider celle qui veut faire ma Volonté, et je ressens un amour tel que je prends la place de cette créature fortunée, et je me sens aimé d’elle avec ma propre Volonté. Me voyant aimé d’elle par ma propre Volonté, mon amour se fait jaloux et ne veut pas perdre un seul souffle, un seul battement de cœur de l'amour de cette créature. Imagine ma sollicitude, les défenses que je prends, les soutiens que je donne, les stratagèmes amoureux que j'utilise. En un mot, je veux me refaire en elle et afin de me refaire, je m’expose pour former un autre Jésus dans la créature. Par conséquent, je mets en œuvre tout mon art divin pour obtenir ce que je veux. Je n’épargne rien. Je veux tout faire, tout donner là où règne ma Volonté. Je ne peux rien lui refuser parce que je le refuserais à moi-même.

            Se disposer à faire ma Volonté forme le passeport. L'acte initial forme la voie que l'on doit suivre, chemin du ciel, saint et divin. Par conséquent, à celle qui entre dans ma Volonté je murmure à l'oreille de son cœur : Oublie la terre, déjà elle n'est plus à toi. À partir de maintenant, tu ne verras que le ciel. Mon Royaume n'a pas de limites, aussi ton chemin sera long. Il faut donc que dans tes actes tu accélères le pas afin de te former de nombreuses voies et de prendre un grand nombre des biens qui sont dans mon Royaume. C'est pourquoi l'acte initial forme la voie, son accomplissement forme l'escorte, et lorsque je vois que l'escorte est formée, j'agis comme un moteur afin d’accélérer sa marche ; et, oh ! comme il est beau et délicieux de marcher dans ces voies que la créature a formées dans ma Volonté. Ces actes accomplis dans ma Volonté sont des siècles qui contiennent des biens et des mérites incalculables, parce que c'est le divin moteur qui marche, lequel va à une telle vitesse qu’en une minute il renferme les siècles et rend la créature si riche, si belle et si sainte que nous sommes fiers de la présenter à toute la Cour céleste comme le plus grand prodige de notre art créateur.

            De plus, lorsque la créature forme son acte dans ma Divine Volonté, les veines de l'âme se vident de ce qui est humain et je pourrais dire qu’il y coule un sang divin qui fait ressentir en substance les vertus divines dans la créature et possède la vertu de s’écouler presque comme le sang de la vie elle-même qui anime son Créateur, ce qui les rend inséparables l'un de l'autre ; si bien que celui qui veut trouver Dieu peut le trouver à son poste d’honneur dans la créature, et qui veut trouver la créature la trouvera dans le centre divin.

2.  26 novembre 1933 — Comment les œuvres de Dieu dressent la table pour la créature, et vivant dans son divin Vouloir, elle agit en reine dans les mers de l’Être suprême. Comment la créature qui fait sa propre volonté est tenue à l’écart et reste l’âme abandonnée et perdue de la Création.

         Je faisais ma ronde dans les œuvres du divin Fiat et comme je suis trop petite, je ressentais le besoin d'être portée dans ses bras. Tantôt je me perds dans son immensité et dans la multiplicité de ses œuvres, tantôt je ne sais comment avancer, mais comme il veut me faire connaître ses œuvres, trouver sa parole et son œuvre d'amour et dire combien il m'a aimée, il me prend dans ses bras et me conduit à travers les interminables chemins de la sainte Volonté de mon Jésus et de ma Maman. Mais ce n'est pas assez, il met en moi dans chacune de ses œuvres, dans la mesure où je peux le contenir, l’amour de chaque œuvre. Il veut entendre en moi le son que contient chaque œuvre. Je suis également une de ses œuvres, un acte de sa Volonté, et ayant tout fait pour mon amour, il veut que je mette en moi tous les sons et toutes les notes d’amour que ses œuvres contiennent.

            C'est pourquoi, alors que je tournais dans ses œuvres, mon bien-aimé Jésus me surprit et me dit :

            Ma fille bien-aimée, tu ne peux comprendre le plaisir que je prends à te voir tourner dans les œuvres que nous avons créées. Elles sont imprégnées d’amour et lorsque tu tournes en elles, elles débordent d'amour et te donnent l'amour dont elles sont remplies ; et c'est une des raisons pour lesquelles je veux que tu tournes dans nos œuvres. Elles préparent la table de notre amour pour les créatures, et elles se sentent honorées d'avoir une de leurs petites sœurs parmi elles, qui se nourrit et qui forme en elle autant de notes d’amour de leur Créateur que d’œuvres qui furent créées. Mais ce n'est pas tout. Ma Divine Volonté ne se contente pas de la faire tourner dans nos œuvres, et après lui avoir fait connaître tant d’œuvres de la Création et l’avoir remplie d’amour à ras bord, elle la porte dans ses bras jusque dans le sein de l'Être suprême qui la jette comme un petit galet dans les mers interminables de ses attributs. Et qu'est-ce que fait la petite fille de notre Vouloir ? Comme un petit galet jeté dans la mer, elle fait onduler toutes les eaux de la mer et agite ainsi la mer entière de notre Être divin. Et en nageant en lui, elle s’inonde d’amour, de lumière, de sainteté, de sagesse, de bonté, etc. Et, oh ! comme il est beau de la voir et de l'entendre dire alors qu'elle se sent submergée : « Tout ton amour m’appartient et je le mets en acte pour te prier de faire que le Royaume de ta Volonté vienne sur la terre ; ta sainteté, ta lumière, ta bonté, ta miséricorde sont à moi. Ce n'est plus ma petitesse qui te prie, mais ce sont tes mers de puissance et de bonté qui te prient, qui te pressent, qui t’assaillent et veulent que ta Volonté règne sur la terre. » De sorte que l'on voit la petitesse de la créature agir en reine dans notre Être divin, réunir notre immensité et notre puissance, et elle nous fait demander à nous-mêmes ce qu'elle veut et ce que nous voulons. Elle comprend bien qu'il n'y a pas d'autres biens que notre seule Volonté, et pour les obtenir, elle les fait demander par les infinités de nos divines qualités, comme si elles lui appartenaient, ce qui lui donne un charme et une beauté qui nous ravissent, nous rendent faibles et nous font faire ce qu'elle veut et ce que nous voulons. Elle devient notre écho et ne sait rien nous dire ni nous demander, si ce n'est que notre Volonté envahisse toutes choses et puisse former une seule Volonté une avec toutes les créatures. Ainsi, lorsque la créature a compris ce que signifie la Divine Volonté et qu’elle sent sa vie couler en elle, elle ne ressent plus le besoin de quoi que ce soit d’autre parce qu'en possédant mon Vouloir, elle possède tous les biens possibles et imaginables. Il ne lui reste plus que le désir ardent que ma Volonté embrasse et se constitue la vie de toutes choses. Et cela parce qu'elle voit que c'est ce que veut ma Volonté, et sa petitesse le veut ainsi.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et au grand mal de la volonté humaine, et mon bien-aimé Jésus ajouta en soupirant : 

            Ma fille, la créature qui fait sa propre volonté se met à part et travaille seule. Il n'y a personne pour l'aider, personne pour lui donner  force et lumière afin de faire le mieux possible ce qu'elle fait. Tout le monde la laisse à elle-même, isolée, sans défense. On peut l'appeler l'abandonnée, l'âme perdue dans la Création, qui souffre parce qu'elle veut faire sa propre volonté. Elle ressent le poids de la solitude dans laquelle elle s'est placée et l'absence de toute aide ; et, oh ! combien je souffre de voir tant de créatures se séparer de moi. Afin de leur faire sentir ce que signifie agir sans ma Volonté, je me tiens aussi loin que possible, leur faisant ressentir tout le poids de la volonté humaine qui ne leur laisse pas de repos et devient leur plus cruel tyran. C'est tout le contraire pour la créature qui fait ma Volonté. Tous sont alors avec elle, le ciel, les saints, les anges, car pour l'honneur et le respect de ma Divine Volonté chacun est obligé d'aider cette créature et de la soutenir dans les actes où entre ma Volonté qui se met elle-même en communication avec tous et leur commande de l'aider, de la défendre et d’en faire le cortège de leur compagnie. La grâce et une lumière chatoyante sourient déjà dans son âme, et ma Volonté lui administre ce qu'il y a de mieux et de plus beau dans son acte. Je suis moi-même à l'œuvre dans la créature qui fait ma Volonté que je fais couler dans ses actes pour en avoir l'honneur, l'amour et la gloire de mes actes pour la créature qui a opéré dans ma Volonté. C'est pourquoi elle ressent cette connexion avec tous, la force, le soutien, la compagnie et la défense de tous. C'est pourquoi celle qui fait ma Volonté et vit en elle peut être appelée la retrouvée de la Création, la fille, la sœur, l'amie de tous. Elle est comme le soleil qui des hauteurs de sa sphère fait pleuvoir la lumière et s’étend pour enclore toute chose dans sa lumière, se donner à tous sans se refuser à personne ; et telle une sœur fidèle, sa lumière embrasse toutes choses et donne en gage de son amour envers toutes les choses créées ses effets bénéfiques, en se constituant elle-même vie de l'effet qu'elle donne. En certaines, elle forme la vie de douceur. En d'autres choses créées, la vie de parfum, en d'autres la vie de couleurs, etc. Ainsi ma Volonté, des hauteurs de son trône, fait pleuvoir sa lumière. Et là où elle trouve la créature qui veut la recevoir pour la laisser dominer, elle l’entoure, l'embrasse, la réchauffe, la façonne pour lui faire atteindre sa maturité, et c'est comme si son admirable vie devenait la vie de la créature, et tous sont alors avec elle puisque tout vient de mon adorable Volonté.

3.  10 décembre 1933 — La première parole qu’Adam a prononcée et qui fut la première leçon que Dieu lui donna. La Divine Volonté à l’œuvre dans l’homme.

          Je suis toujours la petite ignorante de l'Être suprême et lorsque la Divine Volonté me plonge dans ses mers, je peux à peine lire les voyelles et je suis si petite que je peux à peine avaler quelques gouttes de tout ce que possède le Créateur.

            C'est pourquoi en tournant dans les œuvres du divin Fiat, je restais en Éden où je voyais la création de l'homme, et je me disais : quelle a pu être la première parole qu’Adam a prononcée lorsque Dieu l'a créé ? Et mon très grand bien Jésus me rendit une brève visite et, toute bonté, comme si lui-même voulait me le dire, il m’expliqua :

            Ma fille, j'ai moi aussi le désir de te dire quel fut le premier mot prononcé par les lèvres de la première créature créée par nous. Tu dois savoir que dès qu’Adam ressentit la vie, le mouvement et la raison, il vit son Dieu devant lui et il comprit que c'est lui qui l'avait formé. Il ressentait en lui-même, dans toute leur fraîcheur et avec reconnaissance, les impressions, le toucher de ses mains créatrices, et dans un élan d'amour, il prononça ses premières paroles : « Je t’aime mon Dieu, mon Père, auteur de ma vie. » Et ce n'était pas seulement sa parole, mais le souffle, le battement de cœur, les gouttes de son sang qui couraient dans ses veines, le mouvement de tout son être qui disaient en chœur : « Je t’aime, je t’aime, je t’aime. » De sorte que la première leçon qu'il apprit de son Créateur, la première parole qu'il apprit à dire, la première pensée qui prit vie dans son esprit, le premier battement qui se forma dans son cœur, ce fut « Je t’aime, je t’aime ». Il se sentait aimé, et il aimait. Je pourrais dire que son Je t’aime n'avait pas de fin. Il ne s'est interrompu que lorsqu'il eut le malheur de tomber dans le péché. Notre divinité était touchée d'entendre  « Je t’aime, je t’aime » des lèvres de l'homme, car c'étaient les paroles que nous avions créées dans l'organe de sa voix qui nous disaient  « Je t’aime », et c'était notre amour que nous avions créé dans la créature qui nous disait  « Je t’aime ». Comment ne pas être touché ? Comment ne pas le payer en retour d’un amour plus grand, plus fort, digne de notre magnificence, en l’entendant dire « Je t’aime ». Ainsi nous lui répétions « Je t’aime », mais dans notre « Je t’aime », nous faisons couler la vie et l’œuvre de notre Divine Volonté. De sorte que nous placions dans l'homme, comme dans un de nos temples, notre Volonté qui se trouvait ainsi enfermée dans le cercle humain tout en restant en nous afin que l'homme puisse accomplir de grandes choses et que notre Volonté soit la pensée, la parole, le battement de cœur, le pas et l'œuvre de l'homme. Notre amour ne pouvait rien donner de plus saint, de plus beau, de plus puissant que notre Volonté opérant dans l’homme, et qui seule pouvait former la vie du Créateur dans la créature. Et, oh ! combien il nous était agréable de voir notre Volonté occuper son poste d'actrice, et la volonté humaine éblouie par sa lumière, jouir de son Paradis et lui donner pleine liberté de faire ce qu'elle voulait, lui accordant la suprématie en toutes choses et le poste d'honneur qui convient à un Vouloir si saint.

            Tu vois par conséquent que le commencement de la vie d’Adam fut un acte rempli d'amour envers Dieu, de tout son être. Sublime leçon que ce commencement de l'amour qui devait courir dans toute l'œuvre de la créature. La première leçon qu'elle reçut de notre Être suprême, dans l'échange de son « Je t’aime », a été que s'il aimait répondre tendrement à son « Je t’aime », il lui donnait en même temps la première leçon de notre Divine Volonté qui lui communiquait sa vie et lui infusait la science de ce que signifie notre divin Fiat. Et à chaque « Je t’aime », notre amour préparait des leçons toujours plus belles de notre Vouloir. Il en était ravi et nous faisions nos délices de converser avec lui. Nous faisions couler sur lui des rivières d'amour et de joies éternelles de sorte que la vie humaine devenait enclose par nous dans l'amour et dans notre Volonté.

            Par conséquent, ma fille, il n'est pas pour nous de plus grande souffrance que de voir notre amour ainsi brisé dans la créature et notre Volonté entravée, étouffée, sans vie et sujette à la volonté humaine. Aussi, sois attentive et commence toute chose dans l'amour et dans ma Divine Volonté.

4.  18 décembre 1933 — Comment la créature a été formée par Dieu "ab aeterno" (dans l'éternité), et aimée d’un amour éternel. Comment la volonté humaine est l’œuvre déréglée parmi les œuvres de son Créateur.

         Mon pauvre esprit continue à traverser la mer infinie du Fiat et il n'en finit jamais de marcher. Dans cette mer, l’âme sent son Dieu la remplir à ras bord de son Être divin de sorte que l'on peut dire : Dieu m'a tout donné de lui-même, et s'il n'a pas mis en moi son immensité, c'est parce que je suis trop petite. Dans cette mer, j'ai trouvé en acte l'ordre, l'harmonie, les mystères obscurs de la façon dont Dieu a créé l'homme, et des prodiges inouïs. L'amour est exubérant, la maîtrise est insurpassable, et le mystère est si grand que l'homme lui-même ni les sciences ne peuvent répéter avec clarté la formation de l'homme. C'est pourquoi je continuai à être surprise par la magnificence et les prérogatives que possède la nature humaine. Et mon bien-aimé Jésus, me voyant si surprise, me dit :

            Ma bienheureuse fille, ton étonnement va cesser lorsqu’en regardant bien cette mer de ma Volonté, tu verras où, qui, comment et quand chaque créature a été entièrement formée. Où ? Dans le sein éternel de Dieu. Par qui ? Par Dieu lui-même qui leur a donné l'origine. Comment ? L'Être suprême lui-même a formé la série de ses pensées, le nombre de ses paroles, l'ordre de ses œuvres, le mouvement de ses pas et les palpitations de son cœur. Dieu a donné cette beauté, cet ordre et cette harmonie afin de pouvoir se retrouver lui-même dans la créature avec une plénitude telle qu’elle ne trouverait pas de place où mettre quelque chose d'elle-même qui n'aurait pas été placé là par Dieu. Nous étions ravis en la regardant, de voir que dans le petit cercle humain notre puissance avait enclos notre œuvre divine et dans notre excès d'amour, nous lui avons dit : « Comme tu es belle ! Tu es notre œuvre, tu seras notre gloire, le sommet de notre amour, le reflet de notre sagesse, l'écho de notre puissance, le porteur de notre amour éternel. » Et nous aimions la créature d'un amour éternel, sans commencement ni fin. Et quand cette créature a-t-elle été formée en nous ? Ab aeterno. Par conséquent, si elle n’existait pas dans le temps, elle a toujours existé dans l'éternité. Elle avait en nous son poste, sa vie palpitante, l'amour de son Créateur. De sorte que la créature a toujours été pour nous notre idéal, le petit espace où développer notre œuvre créatrice, le petit sommet de notre vie, l'exutoire de notre amour éternel. C'est pourquoi il y a tant de choses que les humains ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas les expliquer parce que c'est l'œuvre de la divine incompréhensibilité. Ce sont nos obscurs mystères célestes, nos fibres divines dont nous seuls connaissons les mystérieux secrets, les clefs que nous devons toucher lorsque nous voulons faire des choses nouvelles et inhabituelles dans les créatures ; et comme elles ne connaissent pas nos secrets, elles ne peuvent pas comprendre non plus les voies compréhensibles que nous avons placées dans la nature humaine. Elles arrivent à en juger à leur manière, mais elles ne peuvent pas trouver la raison de ce que nous faisons dans la créature qui est obligée de s'incliner devant ce qu'elle ne comprend pas.

            La créature qui n'a pas notre Volonté met en désordre tous nos actes, ordonnés ab aeterno dans la créature. Par conséquent, elle se défigure elle-même et crée le vide de nos actes divins, formés et ordonnés par nous dans la créature humaine. Nous nous aimions en elle, dans la série de nos actes formés par pur amour et placés dans le temps. Nous voulions que la créature participe à ce que nous avions fait, mais pour cela, la créature avait besoin de notre Volonté qui lui donnait la vertu divine de faire dans le temps ce qui avait été fait par nous et sans elle dans l'éternité. Il n'est pas étonnant que si l’Être divin avait formé la créature dans l'éternité, ce même divin Vouloir le confirmait et le répétait dans le temps, c'est-à-dire qu'il continuait son œuvre créatrice dans la créature. Mais sans ma Divine Volonté, comment la créature peut-elle s'élever, se conformer, s'unir, ressembler à ces actes que nous avions avec tant d'amour formés et ordonnés en elle ? C'est pourquoi la volonté humaine ne fait que déranger nos plus belles œuvres, briser notre amour, sortir nos œuvres, mais qui demeurent en nous parce que nous ne perdons rien de ce que nous avons fait. Tout le mal demeure avec la pauvre créature, et parce qu'elle ressent l'abîme du vide divin, ses œuvres sont sans force et sans lumière, ses pas sont hésitants, son esprit confus. De sorte que sans ma Volonté, la créature est comme une nourriture sans substance, un être paralysé, un sol sans culture, un arbre sans fruits, une fleur qui dégage une mauvaise odeur. Oh ! si notre Divinité pouvait être sujette aux larmes, nous regretterions amèrement celle qui ne se laisse pas dominer par notre Volonté.

5.  2 janvier 1934 — Quand l’âme fait la Divine Volonté, Dieu peut librement faire en elle ce qu’il veut, opérer de grandes choses, parce qu’il trouve la capacité et l’espace pour ce qu’il veut donner aux créatures.

        Bien qu'elle nage dans la mer de la Divine Volonté, ma petite âme est transpercée par les clous de la privation de mon doux Jésus. Quelle terrible souffrance, quelle torture dans ma douloureuse existence ! Oh ! comme je voudrais pouvoir verser des torrents de larmes. Je voudrais pouvoir changer l'immensité de la Divine Volonté en pleurs amers pour que mon doux Jésus me prenne en pitié lorsqu'il s'éloigne de moi sans me dire où il va, sans me montrer le chemin où la trace de ses pas pour je puisse le rejoindre. Mon Dieu ! Mon Jésus ! Comment peux-tu ne pas être pris de compassion envers cette petite exilée dont le cœur est brisé à cause de toi ? Mais alors que sa privation me faisait délirer, je pensais à la Divine Volonté et j'avais peur que son empire, sa vie, puisse ne plus être en moi et que mon éternel amour Jésus me quitte, se cache et ne s'occupe plus de moi. Je lui demandai de me pardonner et mon bien-aimé Jésus, toute bonté, pris de compassion en voyant que je ne pouvais pas endurer cela plus longtemps, est revenu quelques instants pour me dire avec amour : 

            Ma petite fille de ma Volonté, on voit que tu es petite et il suffit que je m'arrête un peu pour que tu te perdes. Tu as peur, tu doutes, tu es opprimée, mais sais-tu où tu te perds ? Dans ma Volonté. Et comme je te vois dans ma Volonté, je ne me hâte pas de venir parce que je sais que tu es en sécurité. Tu dois savoir que lorsque l'âme fait ma Divine Volonté, je peux librement faire dans cette âme tout ce que je veux, opérer les plus grandes choses. Mon Vouloir la vide de toutes choses et forme pour moi l'espace où je peux placer la sainteté de mon acte infini, et l’âme se met à notre disposition. Notre Volonté l’a préparée et rendue capable de recevoir la vertu opérante de notre Être suprême. Au contraire, lorsque notre Divine Volonté n'est pas faite, nous devons nous adapter, nous restreindre, et au lieu d'être à notre manière habituelle une mer, nous devons donner nos grâces gorgée par gorgée alors que nous pouvons donner des rivières. Oh ! comme cela nous pèse de devoir travailler dans la créature qui n'a pas notre Volonté. Elle nous rend incapables de nous faire connaître parce que l'intelligence humaine, sans notre Volonté, est comme un ciel couvert de nuages qui obscurcit la raison et la rend aveugle devant la lumière de nos connaissances. Elle sera au milieu de la lumière, mais incapable de rien comprendre et elle restera toujours illettrée devant la lumière de nos vérités. Si nous voulons lui donner notre sainteté, notre bonté et notre amour, nous devons les donner par petites doses, par fragments, parce que la volonté humaine est encombrée de ses misères, de ses faiblesses et de ses défauts, ce qui la rend incapable et également indigne de recevoir nos dons. Sans notre Volonté, le pauvre vouloir humain ne sait pas comment s'adapter pour recevoir la vertu de nos œuvres créatrices, les grands embrassements de son Créateur, nos stratagèmes amoureux, les blessures de notre amour, et souvent la créature fatigue notre divine patience et nous force à être incapables de rien lui donner. Et si notre amour nous oblige à lui donner quelque chose, c'est pour elle une nourriture qu'elle ne sait pas digérer parce qu'elle n'est pas unie à notre Volonté. Il lui manque la force et la vertu digestive pour absorber ce qui vient de nous. Par conséquent, on voit immédiatement que lorsque notre Volonté n'est pas dans l'âme, le vrai bien n'est pas pour elle. Devant la lumière de mes vérités, elle est devenue aveugle et plus stupide. Elle ne les désire pas et les regarde comme si elles ne lui appartenaient pas. C'est tout le contraire pour l'âme qui fait ma Volonté et vit en elle.

6.  14 janvier 1934 — Douceur et enchantement de la part de Dieu et de la créature. Comment elle acquiert le pouvoir de faire sienne la Divine Volonté. Les souffrances sourient avant la gloire, avant les triomphes et les conquêtes. Jésus caché par les souffrances.

       Je suis sous la pluie du divin Fiat qui pénètre jusqu’à la moelle de mes os et me dit Fiat, Fiat, Fiat. Je l'appelle sans cesse à former sa vie dans mes actes, son battement dans mon cœur, son souffle dans le mien, sa pensée dans mon esprit. J'aurais voulu pouvoir m'attacher le divin Vouloir pour former sa vie en moi, toute de Divine Volonté, et cette pensée m'inquiétait, mais mon très grand bien Jésus me rendit une brève visite et me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que lorsque la créature invoque et appelle mon Fiat, implore pour que sa vie soit formée en elle, elle émet une lumière qui fait l'enchantement de Dieu. Il regarde la créature et fait l'échange de son doux enchantement avec le vide dans l'acte de la créature afin de pouvoir enclore la Divine Volonté dans son acte. Il y développe sa vie et l'heureuse créature acquiert le pouvoir de la faire sienne, et comme elle lui appartient, elle l'aime plus que sa propre vie. Ma fille, bien que la créature sache que c'est un don reçu de Dieu et qu’elle se sent heureuse et victorieuse d'en avoir la possession, il ne lui est pas possible d'aimer ma Divine Volonté comme il convient, ni de ressentir le besoin de sa vie et ma Volonté ne peut pas se développer en toute liberté dans la créature. Par conséquent, le fait de l'appeler te dispose à cela et tu ressens le grand bien de posséder sa vie. Tu l'aimeras alors comme elle mérite d'être aimée et tu la garderas jalousement pour ne pas perdre un seul de ses souffles.

            Comme je souffrais un peu plus que d'habitude, je me disais : « Oh ! comme je voudrais que ma souffrance me donne des ailes pour voler jusqu'à ma céleste Patrie. Ainsi, au lieu de m'affliger, mes petites souffrances seraient pour moi une fête. » Je me sentais inquiète et mon bien-aimé Jésus ajouta : 

            Ma fille, ne sois pas surprise. Les souffrances précèdent le sourire de la gloire. Elles triomphent en voyant les conquêtes qu'elles ont remportées. Les souffrances confirment et établissent la gloire plus ou moins grande dans la créature. C'est en fonction des souffrances que la créature reçoit les nuances de beauté les plus variées et les plus belles, et en se voyant ainsi transformée, elle triomphe. Les souffrances de la terre commencent aux portes du ciel leur éternel sourire qui ne finit jamais. Les souffrances de la terre sont porteuses d'humiliation, mais aux portes éternelles, elles sont porteuses de gloire. Sur terre, elles rendent malheureuse la pauvre créature, mais avec le miraculeux secret qu’elles possèdent, elles opèrent dans les fibres les plus intimes et dans l'être humain tout entier le Royaume éternel. Chaque souffrance a son rôle particulier. Elles peuvent être ciseau, marteau, lime, pinceau, couleur. Et lorsqu'elles ont fini leur travail, triomphantes elles conduisent la créature au ciel et elles la quittent lorsqu’elles voient chaque souffrance échangée contre une joie distincte, un bonheur éternel. Pourvu cependant que la créature les reçoive avec amour et ressente avec chaque souffrance le baiser, l'embrassement et l'étreinte de ma Divine Volonté. C'est alors que les souffrances possèdent leur miraculeuse vertu. Autrement, c'est comme si elles n’avaient pas les outils appropriés pour accomplir leur œuvre. Mais veux-tu savoir qui est la souffrance ? Je suis la souffrance ; et je me cache en elle afin de former les œuvres profondes de ma céleste Patrie. Et je rends en échange et avec usure pour le bref séjour que les créatures m'ont accordé sur la terre. Je suis emprisonné dans la pauvre prison de la créature afin de continuer ma vie de souffrance sur la terre. Il est donc juste que ma vie reçoive ses joies, ses bonheurs, son échange de gloire dans la Région céleste. Par conséquent, cesse d'être surprise si ce sont tes souffrances qui sourient avant les victoires, avant les triomphes et les conquêtes.

7.  28 janvier 1934 — Fraternisation dans la gloire entre l’Être suprême et la créature sur terre. Puissance sur Jésus lui-même. Comment la créature qui œuvre dans la Divine Volonté acquiert la force unie, communicative et diffusive.

       Je faisais ma ronde dans le divin Fiat et mon pauvre esprit s'arrêtait à différents actes divins afin d'y voir la beauté, la puissance, l'infini de la Divine Volonté créatrice. Il semble que toutes les suprêmes qualités étaient exposées dans toute la Création afin d'aimer les créatures, de se faire connaître, de s'unir à elles et de les emmener jusque dans le sein du Créateur d'où sont sorties toutes choses. Tous les actes de la Divine Volonté sont des aides puissantes, révélatrices, et elles se font porteuses des âmes jusque dans la céleste Patrie pour celles qui se laissent dominer par elle. Je m'arrêtai au point où le divin Fiat accomplit l'acte solennel de la création de l'homme, et mon bien-aimé Jésus me surprit en disant : 

            Ma bienheureuse fille, arrête-toi avec nous pour regarder la maîtrise, la somptuosité, la noblesse, la puissance et la beauté avec lesquelles l'homme fut créé. Toutes nos divines qualités s'écoulaient dans l'homme. Chacune voulait couler plus abondamment que l'autre et s'unir avec lui. Notre lumière coulait sur l'homme pour en faire son frère de lumière, notre bonté pour en faire son frère de bonté, notre amour pour les remplir de notre amour et former son frère d'amour, de puissance, de sagesse, de beauté, de justice. Et notre Être suprême se réjouissait de voir nos divines qualités toutes à l'œuvre pour s'unir avec l'homme. Et notre Volonté, qui prenait vie dans l'homme, maintenait l'ordre de nos divines qualités pour le rendre aussi beau que possible. Notre occupation était l'homme, notre regard était fixé sur lui pour qu'il puisse nous imiter et s'unir à nous, et cela non seulement en le créant, mais durant tout le cours de sa vie. Nos qualités étaient toujours à l'œuvre pour maintenir la fraternisation avec celui qu'elles aimaient tellement. Et après cette union avec lui sur la terre, elles préparaient la grande fête de la fraternisation à la gloire de la céleste Patrie. Fraternisation de joies, de béatitude, de bonheur infini. J'aime l'homme parce qu'il a été créé par nous et qu'il est tout à nous. Je l'aime parce que notre Être divin se déverse toujours sur lui plus qu'un torrent impétueux. Je l'aime parce qu'il possède ce qui vient de moi et par conséquent, je m'aime moi-même en lui. Je l'aime parce qu'il est destiné à peupler le ciel, et comme mon frère de gloire, nous nous glorifierons l'un l'autre. Je serai sa gloire comme vie, et il sera ma gloire comme œuvre. Si j'aime tellement qu'une créature vive dans ma Volonté, c’est parce qu'avec elle mes divines qualités trouvent leur place d'honneur et qu'elles peuvent maintenir la fraternisation avec la créature. Sans ma Volonté dans la créature, elles ne trouvent pas de place et ne savent pas où se mettre. La fraternisation est brisée et ma vie étouffée. Ma fille, quel changement mortel lorsque la créature se retire de ma Volonté. Je ne retrouve plus mon image ni ma vie qui grandit en elle. Mes qualités ont honte de s'unir à elle parce que lorsque le vouloir humain est séparé du divin, tout est dérangé et devient figé. Par conséquent, prends bien soin de ne pas sortir de ma Volonté. Avec elle, tu seras unie avec tout ce qui est saint, tu seras la sœur de toutes nos œuvres, et tu auras en ton pouvoir ton Jésus lui-même.

            Après quoi je continuai mes actes dans le divin Vouloir et mon souverain Jésus ajouta : 

            Ma fille, tout ce que la créature accomplit dans ma Volonté reste identifié à elle. Elle en acquiert l'unité, la force de communication et de diffusion, et comme nos actes divins s'étendent à tout le monde, aucune créature n'est mise de côté. Ainsi, la créature qui œuvre dans notre Vouloir, avec son acte, s'étend à tout le monde. Elle veut faire du bien à tous et se trouve honorée et glorifiée d'avoir été la porteuse universelle du bien à toutes choses et à tous.

            Et moi : et pourtant, mon amour, on ne voit pas dans les créatures le fruit de ce bien universel. Oh ! si toutes pouvaient le recevoir, combien il y aurait de transformations dans ce bas monde. Et Jésus répéta :  

            C'est parce qu'elles ne le reçoivent pas avec amour. Leur cœur est une terre stérile et elles n'ont pas suffisamment de semences que notre lumière peut féconder. C'est comme pour le soleil qui illumine et réchauffe toute la terre ; mais s’il ne trouve pas de semences à féconder, il ne peut pas lui procurer sa vertu générative et productive. Malgré sa lumière et sa chaleur, pas un seul bien n'a été reçu. Mais le soleil est malgré tout honoré et glorifié d'avoir donné sa lumière à tous. Personne n'a pu y échapper et il demeure triomphant parce qu'il a donné sa lumière de façon universelle à tous et à toutes choses. C'est la même chose pour nos œuvres et nos actes, car ils possèdent la vertu de pouvoir se donner de façon universelle à toutes les créatures et de faire du bien à toutes. C'est pour nous le plus grand honneur et la plus grande gloire. Il n'y a pas de plus grand honneur ni de plus grande gloire que de pouvoir dire, je suis le Porteur du bien à tous. J'embrasse toutes les créatures dans mon acte et je possède la vertu de générer le bien chez toutes. Et comme mon idéal est la créature, je l'appelle dans ma Volonté afin qu'avec moi elle s'étende à toutes les créatures pour qu’elles sachent comment et avec quel amour œuvre ma Volonté.

8.  4 février 1934 — L'amour de Dieu caché dans la Vierge. La Paternité divine lui donne la Maternité divine et génère en elle, comme ses enfants, les générations humaines. Comment la divine immensité rend toutes ses œuvres inséparables.

       Mon abandon continue dans la Divine Volonté et en voyant tout ce qui a été fait en elle, le petit atome de mon âme se tournait et se retournait pour lui donner également mon petit Je t’aime pour tout ce qu'elle avait fait dans l'éternité par amour pour toutes les créatures. Et mon bien-aimé Jésus m’arrêta dans les vagues de l'interminable amour de la Conception de ma céleste Maman, et toute bonté, il me dit : 

            Petite fille de ma Volonté, ton « Je t’aime », si petit soit-il, blesse notre amour et par les blessures qu'il nous fait, il nous donne l'occasion de manifester notre amour caché, de révéler nos secrets intimes, et à quel point nous avons aimé les créatures. Tu dois savoir que nous aimions toute l'humanité, mais nous étions contraints de conserver caché dans notre Être divin tout l'immense enthousiasme de notre amour, parce que nous ne trouvions pas dans cette humanité la beauté qui ravissait notre amour, ni l'amour qui, en nous blessant, ferait sortir le nôtre pour inonder l'humanité, se faire connaître, l'aimer et se faire aimer. Les créatures étaient immergées dans la léthargie des fautes au point de nous les rendre horribles à voir. Mais notre amour brûlait, nous les aimions et nous voulions que notre amour parvienne à toutes les créatures. Comment faire ? Nous avons dû beaucoup manœuvrer pour y arriver et voici comment. Nous avons appelé à la vie la toute petite Vierge Marie, en la créant toute pure, toute sainte, toute belle, tout amour, sans la tache du péché originel ; et notre propre Divine Volonté fut conçue avec elle, de sorte qu'entre elle et nous, il y avait libre accès, union éternelle et inséparable divinité. La céleste Reine nous ravissait par sa beauté, son amour nous blessait et notre amour débordant s'est caché en elle. Notre amour pouvait se manifester en voyant sa beauté et son amour pour toutes les créatures, et j'aimais toutes les créatures d’un amour caché dans cette céleste Reine. Nous aimions toute l'humanité en elle et à travers sa beauté, elle ne nous semblait plus laide. Notre amour n'était plus restreint en nous, mais diffusé dans le cœur d'une créature si sainte qu'en lui communiquant notre divine Paternité, et en aimant en elle toutes les créatures, elle a acquis la divine Maternité afin de pouvoir aimer toutes les créatures comme ses enfants générés par son Père céleste. Comme elle sentait que nous aimions en elle toutes les créatures, elle voyait que notre amour formait la nouvelle génération de l'humanité dans son Cœur maternel. Peut-on imaginer plus grand stratagème d'amour par notre paternelle Bonté pour aimer les créatures, même celles qui nous offensaient, que celui de choisir dans cette même race une créature, la rendre aussi belle que possible pour que notre amour ne puisse plus trouver d'obstacle à aimer toutes les créatures en elle et la faire aimer par toute l'humanité ? Toutes les créatures peuvent trouver dans cette céleste Reine notre amour caché, d'autant plus qu'en possédant notre Divine Volonté, elle nous dominait pour nous faire aimer toutes les créatures ; et nous, par notre doux empire, nous la dominions pour qu'elle soit la Mère la plus affectueuse de toutes. L'amour vrai ne sait pas ne pas aimer et il utilise tous les arts, saisit toutes les occasions, les plus grandes comme les plus petites afin de pouvoir aimer. Notre amour est tantôt caché, tantôt révélé. Il est parfois direct et parfois indirect afin de faire connaître que nous aimons d'un amour incessant Celle que nous avons sortie de la profondeur de notre amour. Nous ne pouvions pas faire à toutes les générations un don plus grand que celui de cette inimitable créature comme Mère de toute l'humanité et porteuse de notre amour caché en elle pour le donner à tous ses enfants.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté. La pensée que ma céleste Maman possédait dans son Cœur maternel l'amour caché avec lequel mon Créateur m'aimait me remplissait de joie. Et penser que Dieu me regardait à travers ma céleste Mère, à travers sa sainteté, sa ravissante beauté ! Oh ! combien j'étais heureuse de savoir que je ne devais plus être aimée et regardée toute seule, mais aimée et regardée à travers ma Maman. Oh ! et pour que mon Jésus m'aime encore plus, elle me couvrira de ses vertus, m'habillera de sa beauté et cachera mes misères et mes faiblesses. Mais la pensée me vint que cela ne pouvait se faire que lorsque la Reine du ciel vivait sur la terre et que lorsqu'elle fut enlevée au ciel, ce stratagème d'amour divin s'arrêtait. Et mon doux Jésus est revenu pour me dire : 

            Ma bienheureuse fille, nos œuvres continuent toujours et sont inséparables de nous. Notre amour caché continue dans la Reine du ciel et il continuera toujours. Ce ne serait pas une œuvre de Dieu si tout ce que nous faisons pouvait être séparé de nous et ne pas avoir une vie éternelle. Notre amour peut sembler sortir de nous, mais en réalité, il reste avec nous et l'amour qui coule sur les créatures est inséparable de nous et rend inséparable Celle qui a reçu notre amour. De sorte que toutes nos œuvres, au ciel comme sur la terre, toutes les créatures qui ont vu le jour, semblent être sorties de nous. Mais elles sont toutes inséparables de nous en vertu de notre immensité qui englobe toutes choses. Il n'y a pas d'endroit où elle ne se trouve et rend inséparable tout ce que nous faisons. Ainsi, nous ne pouvons pas être séparés de nos œuvres, ni nos œuvres de nous. On peut dire qu'elles forment un seul corps avec nous, et notre immensité et notre puissance sont comme un sang qui circule et maintient toutes choses en vie. Tout au plus peut-il y avoir une distinction entre les œuvres, mais jamais de séparation.

            J'ai été stupéfaite en entendant cela et je dis : Et pourtant, mon amour, il y a les réprouvés qui déjà sont séparés de toi. Ils sont aussi des œuvres sorties de toi. Pourquoi est-ce qu'ils ne t'appartiennent plus ? Et Jésus :

            Tu te trompes ma fille. Ils ne m'appartiennent plus dans l'Amour, mais dans la Justice, mon immensité conserve son pouvoir sur eux. Et s'ils n'appartenaient pas à ma Justice punitive, elle n'aurait pas à les punir, car ils ne m'appartiendraient pas à l'instant où ils perdent la vie. Mais si cette vie existe, il y a quelqu'un qui la conserve et qui avec justice la punit. Par conséquent, la Dame souveraine possède toujours au ciel notre amour caché envers chaque créature. C'est son plus grand triomphe et sa plus grande joie que de sentir toutes les créatures aimées par son Créateur en son Cœur maternel. Et comme une vraie Mère, combien de fois elle les cache dans son amour pour les faire aimer, dans ses souffrances pour les faire pardonner, dans ses prières pour leur faire obtenir les plus grandes grâces. Oh ! comme elle sait couvrir ses enfants et les excuser devant le trône de notre majesté. Par conséquent, laisse ta céleste Maman te couvrir, elle qui pensera aux besoins de sa fille.

9.  10 février 1934 — La créature qui vit dans ma Divine Volonté est élevée dans ses bras. Ma Volonté forme avec sa force d'âme sa petite victorieuse. Elle est sa petite Reine qui répète sa vie avec son Jésus dans son cœur.

      Je me sens petite, mais si petite que j’en éprouve le besoin extrême que la Divine Volonté, plutôt que ma Mère, me porte dans ses bras, me nourrisse de ses paroles, administre le mouvement de mes mains, soutienne mes pas, forme le battement de mon cœur et la pensée de mon esprit. Ô Divine Volonté, combien tu m'aimes ! Je sens ta vie se déverser en moi pour me donner la vie, attendre les atomes de mes actes pour les investir de sa force créatrice et me dire : Les atomes de ma fille sont à moi parce qu’ils possèdent mon invincible force. Mais alors que mon esprit demeurait surpris de voir les stratagèmes amoureux et maternels de la Divine Volonté, mon toujours aimable Jésus, qui veut toujours être le spectateur de ce que le divin Vouloir fait en moi, me dit : 

            Ma petite fille, tu dois savoir que mon suprême Vouloir cherche toujours la créature qui veut naître en lui et grandir dans ses bras sous ses soins maternels. Et lorsqu'elle voit que sa petite fille veut se donner avec ses petites œuvres pour lui dire qu'elle l’aime, cette divine Mère la presse  contre sa poitrine, fortifie le mouvement, la parole et le pas de sa fille. Sa force l'investit tout entière, la transforme, et bien que petite, elle se voit forte et victorieuse, et cette Mère prend plaisir à se faire vaincre par sa petite fille. De sorte que cette créature se voit forte dans l'amour, forte dans la souffrance, forte dans les œuvres. Elle est invincible auprès de Dieu. Ses faiblesses et ses passions tremblent devant elle. Dieu lui-même sourit et change sa justice en amour et en pardon devant la force d'âme de cette créature et de celle de sa Maman qui la rend forte et invincible.

            Par conséquent, si tu veux être victorieuse sur toutes choses, grandis dans les bras de ma Volonté. Elle se coulera en toi, tu sentiras sa vie palpitante et elle t’élèvera à sa ressemblance. Tu seras son honneur, son triomphe et sa gloire.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et les plus merveilleuses scènes de l'œuvre divine se sont présentées à mon esprit dans l'acte de se donner à moi afin de se faire connaître pour recevoir mon petit amour, ma gratitude et ma reconnaissance. Et mon bien-aimé Jésus ajouta : 

            Ma bienheureuse fille, à celle qui vit dans ma Volonté, tous les temps lui appartiennent et j'aime l'entendre me répéter ce que les créatures n’ont pas fait pour moi qui ai travaillé pour elles avec tant d'amour. Par conséquent, celle qui vit dans ma Volonté trouve la Création en action et elle se retrouve dans l'azur du ciel, dans le soleil rayonnant, dans les étoiles scintillantes. Elle me donne ses baisers, son amour filial, et combien je suis heureux de trouver dans toutes ces choses créées les baisers, l'acte de reconnaissance de ma fille. Je convertis pour elle toutes ces choses en joie et j'en fais sa propriété. Oh ! comme il est beau d'être reconnu dans ces œuvres que nous avons accomplies et aimées. La créature trouve la petite époque de l’Adam innocent et me donne avec lui ses innocentes étreintes, ses chastes baisers, son amour d'enfant. Combien je suis heureux de voir ma paternité reconnue, aimée et honorée, et je leur donne à mon tour mes baisers, mes étreintes paternelles, et leurs droits de propriété. Que ne donnerai-je pas à mes enfants après avoir été aimé et reconnu comme Père ? Je ne leur refuse rien, car je ne sais rien refuser à celle qui vit dans ma Volonté. Il y a en elle échange d'œuvres, d'amour réciproque, scènes émouvantes qui forment le paradis de Dieu et de l'âme. Oh ! qu'elle soit mille fois bénie celle qui vient vivre dans le céleste séjour de ma Volonté.

            Tu dois savoir que la créature qui fait la Divine Volonté entre en elle comme une Reine et se présente devant nous entourée de toutes ses œuvres. Elle fait sienne la Conception de la Vierge et en s'unissant à la Vierge, la créature nous donne ce que nous lui donnons. Et nous recevons l'amour, la gloire, les mers immenses dont nous avons doté cette Vierge comme si elle les répétait et, oh ! quels abysses de grâce sont renouvelés entre le ciel et la terre. L’âme dans la Divine Volonté devient la répétitrice de ses œuvres. Et comme la créature est incapable de nous donner en un seul acte ce qui a été formé par nous en un seul et unique acte, sa petitesse parcourt notre Volonté et prend tantôt une œuvre, tantôt une autre, et avec l'empire que lui donne notre Volonté, elle descend dans l'Incarnation du Verbe, et comme il est beau de la voir investie de son amour, ornée de ses larmes et de ses plaies, en possession de ses prières. Toutes les œuvres du Verbe l'entourent au-dedans comme au-dehors, et il les convertit pour elle en joies, en béatitude et en force d'âme avec l'inséparabilité de son Jésus comme temple sacré dans son cœur afin de faire d'elle la répétitrice de sa vie. Oh ! quelles scènes émouvantes elle présente devant Dieu lorsque, avec Jésus dans son cœur, elle prie, souffre, aime avec Jésus, et que dans sa petitesse infantile elle dit : Je possède Jésus, il me domine et je le domine. Je lui donne ce qu'il ne possède pas, mes souffrances, afin de former sa vie complète en moi. Il est pauvre en souffrances, parce que glorieux, il ne peut en avoir. Je lui fournis ce qu'il n'a pas et il me donne ce qui me manque. Ainsi, dans notre Volonté la créature est la vraie Reine. Tout lui appartient et elle nous fait la surprise de nos œuvres. Ce qui nous ravit et forme notre bonheur, c'est ce que la créature peut nous donner dans notre très sainte Volonté.

10.  24 février 1934 — En faisant sa propre volonté la créature perd la tête, la divine raison, l'ordre et le régime. Jésus est le Chef de la créature.

      Je continuai ma ronde dans la Divine Volonté et son doux empire, son irrésistible force, son amour et sa lumière inextinguible se déversaient sur ma petitesse, ravie de trouver dans la mer de la Divine Volonté ses douces surprises, ses voies toujours nouvelles, sa ravissante beauté, son immensité qui porte comme en son sein toutes choses en elle. Mais ce qui frappe le plus, c'est son amour pour la créature ; elle semble n'avoir d’yeux que pour la regarder, de cœur que pour l’aimer, de mains et de pieds que pour la presser sur son sein et lui montrer le chemin. Ô combien elle désire donner sa vie à la créature pour qu'elle puisse en vivre. Il semble que ce soit un délire qui la tient, un vœu qu'elle a fait, une victoire qu'elle veut remporter à tout prix, que sa vie puisse former la vie de la créature. Mon esprit était perdu au milieu de ce spectacle d'amour de la Divine Volonté et mon doux Jésus, toute tendresse, me dit : 

            Ma fille, en faisant sa propre volonté, l’homme a perdu la tête, la divine raison, le régime, l’ordre de son Créateur. Et comme il n'était plus le chef, tous les membres voulaient occuper cette place. Mais comme ils n'en ont ni la vertu ni la capacité, ils ne savaient comment maintenir ni le régime ni l’ordre entre eux et chaque membre se dressait contre l'autre. Ils étaient divisés entre eux, de sorte qu’ils demeuraient éparpillés parce qu’ils ne possédaient pas l'unité du chef. Mais notre Être suprême aimait l’homme et de le voir sans chef nous faisait souffrir. C'était le plus grand déshonneur de notre œuvre créatrice et nous ne pouvions tolérer un tourment si grand chez celui que nous aimions tant. Mais notre Divine Volonté nous dominait et notre amour conquérant m'a fait descendre du ciel sur la terre pour me constituer le Chef de l’homme et réunir tous les membres dispersés sous mon Chef ; et les membres ont acquis le régime, l’ordre, l’union et la noblesse du Chef. De sorte que mon Incarnation, tout ce que j'ai fait et souffert et ma mort elle-même, n'était rien d'autre que ma façon de partir à la recherche de ces membres éparpillés afin de communiquer, en vertu de mon Chef divin, la vie, la chaleur et la résurrection à des membres morts pour faire de toutes les générations humaines un corps unique sous mon Chef divin. Combien cela m'a coûté. Mais mon amour m'a permis de tout surmonter, de faire face à toutes les souffrances et de triompher de tout. Tu vois ainsi, ma fille, ce que signifie ne pas faire ma Volonté, perdre la tête, se séparer de mon Corps et devenir des membres détachés qui avec difficulté et à tâtons avancent à la manière des monstres et inspirent la pitié. Tout le bien de la créature est centralisé dans ma Divine Volonté et elle forme notre gloire et celle des générations humaines. C'est notre délire et notre promesse d’obtenir que par l'amour et des sacrifices inouïs, la créature vive dans notre Volonté. Par conséquent, sois attentive et contente ton Jésus.

11.  4 mars 1934 — Les actes accomplis dans la Divine Volonté forment les voies et embrassent les siècles. Ce qui forme la prison. L’Ingénieur divin et l'insurpassable Artisan.

       Ma pauvre intelligence tourne toujours dans le divin Fiat pour le rencontrer dans ses actes et m’unir à eux, les courtiser, les aimer et pouvoir lui dire : J’ai l’amour de tes actes en mon pouvoir, par conséquent je t’aime comme toi tu m'aimes et ce que tu fais, je le fais aussi. Oh ! comme il est beau de pouvoir dire : Je suis disparue dans la Divine Volonté et par conséquent sa force, son amour, sa sainteté, son œuvre sont à moi. Nous avons le même pas, le même mouvement et le même amour. Et la Divine Volonté tout en fête semble dire : « Comme je suis heureuse, je ne suis plus seule, je sens en moi un battement de cœur, un mouvement, une volonté qui court avec moi. Nous sommes fusionnées, elle ne me laisse jamais seule et fait tout ce que je fais. » Mon esprit était perdu dans le divin Vouloir et je me disais : « Mais qu'est-ce que font tous mes actes dans la Divine Volonté alors que je ne fais rien. C'est elle qui fait tout et comme je suis en elle, la Divine Volonté me dit que je fais ce qu'elle fait. Et c'est avec raison, car être dans la Divine Volonté et ne pas faire ce qu'elle fait est chose impossible, parce que son pouvoir est si grand qu'il investit mon néant qui fait ce que font tous ses actes. D'ailleurs, elle ne sait ni ne peut agir autrement. » Et mon doux Jésus, me surprenant par une de ses brèves visites, me dit :

            Ma petite fille de ma Volonté, comme c'est beau. La créature ne peut pas recevoir de plus grand honneur que d'être admise en elle. Les petits actes accomplis dans ma Volonté embrassent les siècles et comme ils sont divins, ils sont investis d'un tel pouvoir que l'on peut faire avec eux ce que l'on veut et tout obtenir. L’Être divin reste lié dans ces actes parce qu'ils sont les siens et il doit leur donner la valeur qu'ils méritent. De plus, tu dois savoir que les actes accomplis dans ma Volonté forment les voies qui doivent servir aux âmes pour entrer dans ma Volonté. Et ces voies sont si nécessaires que si des âmes héroïques ne viennent pas d'abord vivre dans ma Volonté afin de former les grandes voies de son Royaume, les générations, ne trouvant pas les voies d’accès, ne sauront pas comment entrer dans ma Volonté. Ma fille, avant de construire une cité, on trace d'abord les voies qui doivent constituer l’ordre de la cité et c'est alors qu'on jette les fondations pour la construire. Si les routes, les sorties, les voies de communication ne sont pas formées, il y a alors danger qu'au lieu d’une cité, les citoyens construisent une prison d’où ils ne sauraient sortir. Tu vois combien les voies sont nécessaires. Cette cité sans voies, c'est la volonté humaine qui dans sa prison a fermé toutes les routes qui mènent à la céleste cité de ma Divine Volonté. L'âme qui entre dans ma Volonté brise la prison, détruit la cité infortunée qui n'a pas de voies ni de sorties, et le divin Ingénieur, uni à la puissance de mon Vouloir, forme le plan de la cité, l’ordre des voies et des communications ; et tel un insurpassable Artisan, il construit la nouvelle citadelle de l’âme avec maîtrise et trace les voies de communication qui permettent aux autres âmes d'entrer et de bâtir des citadelles pour former un Royaume. Et la première sera le modèle de toutes les autres. Tu vois par conséquent à quoi serviront les actes accomplis dans ma Volonté. Ils sont si nécessaires que sans eux, je n'aurais pas le moyen de la faire régner. Par conséquent, je te veux toujours dans ma Volonté, et n'en sors jamais si tu veux rendre ton Jésus heureux.

12.  11 mars 1934 — Comment la créature qui ne vit pas dans la Divine Volonté la laisse seule et la réduit au silence. Le temple de Dieu. La Divine Volonté est le temple de l’âme. La petite Hostie. Signe pour savoir si la créature vit dans la Divine Volonté.

     J'ai l’impression d'entendre l'écho continuel du divin Fiat qui gronde dans mon âme et avec son invincible puissance, appelle dans ses actes mes petits actes pour n'en faire qu'un seul. Il semble trouver ses délices dans cette créature. Il ne se sent plus seul et trouve quelqu'un à qui raconter ses joies et ses peines. Bref, il ne connaît plus la solitude et n'est plus réduit au silence. Au contraire, lorsque la créature ne vit pas dans le divin Vouloir, il ressent le poids de la solitude ; il veut parler et confier ses secrets, mais il n'est pas compris parce qu'il manque la lumière de sa Volonté qui fait comprendre à la créature son langage céleste. Il est dans la tristesse, car alors qu'il n'est que voix et paroles, il ne trouve personne à qui dire un seul mot.

            Oh ! adorable Volonté, fais-moi vivre en toi afin que je puisse briser ta solitude et te donner l’espace où tu pourras parler. Mais alors que mon esprit était perdu dans les vastes horizons du divin Fiat, mon doux Jésus, répétant sa petite visite, me dit dans sa bonté :

            Ma petite fille de mon Vouloir, il est bien vrai que la créature qui ne vit pas dans notre Volonté la tient dans la solitude et la réduit au silence. Tu dois savoir que chaque créature est pour nous une œuvre nouvelle et distincte, et que nous avons par conséquent des choses nouvelles à dire. Si elle ne vit pas dans notre Vouloir, nous la sentons éloignée de nous parce que sa volonté n'est pas dans la nôtre. Par conséquent, nous nous sentons seuls, entravés dans notre œuvre, et lorsque nous voulons dire quelque chose, c'est comme si nous parlions à des sourds muets. C'est pourquoi celle qui ne vit pas dans notre Volonté est notre croix. Elle nous empêche d'avancer, nous lie les mains, détruit nos plus belles œuvres, et moi qui suis le Verbe, j’en suis réduit au silence. Or, tu dois savoir que l’âme en état de grâce est le temple de Dieu. Mais lorsque l'âme vit dans notre Volonté, c'est Dieu lui-même qui se fait le Temple de l'âme. Et combien est grande la différence entre la créature temple de Dieu et Dieu Temple de l'âme. Le premier est un temple exposé aux périls, aux ennemis, sujet aux passions. Bien souvent, notre Être suprême se trouve dans ces temples comme en un temple de pierre, abandonné, où il n'est pas aimé comme il devrait l’être. Et la petite lampe de son amour continuel que l’âme devrait avoir en hommage au Dieu qui réside en elle, est éteinte par manque d'une huile pure. Et si cette âme devait tomber dans un péché grave, notre temple s'écroule et l’âme est occupée par des voleurs et des ennemis qui la profanent et se moquent d'elle.

            Le second Temple, qui est Dieu Temple de l'âme, n'est pas exposé aux dangers. Les ennemis ne peuvent pas s'en approcher, les passions s'éteignent, et l'âme dans ce Temple divin est comme la petite Hostie qui porte Jésus en elle ; et avec l’amour éternel qu'elle en retire, l'âme est nourrie et devient la petite lampe vivante qui toujours brûle sans jamais s'éteindre. Ce Temple occupe un poste royal et l'âme est notre gloire et notre triomphe. Et que fait la petite Hostie dans notre Temple ? Elle prie, elle aime, elle vit de la Divine Volonté ; elle prend la place de mon Humanité sur la terre et occupe mon poste de souffrances ; elle appelle toutes nos œuvres pour lui faire cortège, la Création, la Rédemption, elle les fait toutes siennes et elle leur commande. Elle les place toutes comme une armée autour de son acte de prière, d'adoration et de glorification. Mais elle se tient toujours à la tête pour faire faire à nos œuvres ce qu'elle veut qu’elles fassent et termine toujours par son petit refrain que nous aimons tant : « Que votre Volonté soit connue et aimée, qu'elle règne et domine dans le monde entier. » De sorte que les désirs, les soupirs, les intérêts, les sollicitudes et les prières de cette petite Hostie qui vit dans notre Temple divin, c'est que notre Fiat embrasse toute chose, éloigne tous les maux des créatures et que par son souffle tout-puissant il occupe son poste dans le cœur des créatures pour se faire la vie de toutes.

            Y a-t-il une chose plus belle, plus sainte, plus importante et plus utile au ciel et sur la terre que ce que fait cette petite Hostie qui vit dans notre Temple ? De plus, notre amour use de tous les stratagèmes pour la créature qui vit dans notre Volonté. Il se fait petit et s'enferme dans son âme afin d'y former sa vie. Il se fait Temple somptueux pour la mettre en sécurité et jouir de sa compagnie. L'âme qui vit dans notre Volonté pense toujours à nous et nous pensons toujours à elle. Par conséquent, prends bien soin de toujours être dans notre Volonté.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Le signe que l'âme vit dans ma Volonté, c’est que toutes les choses, intérieures et extérieures, sont porteuses de ma Volonté, car dire que l'on porte la vie en soi et ne pas la sentir est chose impossible. Par conséquent, elle sentira ma Volonté dans son battement de cœur, dans son souffle, dans le sang qui circule dans ses veines, dans la pensée qui lui vient à l'esprit, la voix qui donne vie à sa parole, etc. L’acte intérieur qui résonne dans l’acte extérieur fait que ma Volonté se trouve dans l’air qu'elle respire, dans l’eau qu'elle boit, la nourriture qu'elle prend, le soleil qui lui donne sa lumière et sa chaleur. Bref, l'intérieur et l'extérieur se donnent la main et forment la vie de ma Volonté dans ses actes. La vie ne se forme pas par un seul acte, mais par des actes continuels et répétés. Dans ma Volonté, tous nos actes sont présents comme en un seul acte et la créature entre dans la puissance de nos actes présents et fait ce que nous faisons. Elle est investie de notre force créatrice par notre amour qui toujours grandit. Elle comprend que c'est réellement pour elle qu'il fait toutes choses et, oh ! combien elle aime son Créateur et veut tout faire pour lui. Par contre, pour la créature qui vit en dehors de notre Fiat, tout ce que nous avons fait est considéré comme choses du passé, faites pour tout le monde et pas simplement pour elle. Par conséquent, l’amour n'est pas éveillé en elle ; elle dort et demeure comme en léthargie avec un amour distant et non en acte.

            Par conséquent, la différence entre la créature qui vit dans ma Volonté et celle qui vit en dehors d'elle est si grande qu'il n'y a pas de comparaison possible. Aussi, sois attentive et remercie-moi pour le grand bien que je t'ai fait en te faisant savoir ce que signifie la vie de ma Volonté.

13.  25 mars 1934 — Comment la prière de la Divine Volonté se fait porte-parole des actes du divin Fiat. Comment l'Humanité de Notre Seigneur possède la vertu générative. Comment l'Amour divin consiste en ceci qu'il doit être reproduit en tous et en chacun.

       Mon pauvre esprit semble ne pas pouvoir s'empêcher de partir à la recherche des actes accomplis dans la Divine Volonté. S'il le pouvait, il me semble qu'il me manquerait le palais où résider, la nourriture pour m'alimenter, l'air pour respirer, les pas pour parcourir ses interminables domaines. Tandis que je pars à la recherche des actes de la Divine Volonté, ce sont eux qui me cherchent et s'unissent à moi ; il semble qu'ils me murmurent à l'oreille : nous sommes en ton pouvoir et avec le pouvoir de ces actes, tu as suffisamment de quoi demander le Royaume de notre Fiat suprême. Il faut des actes divins pour obtenir un divin Vouloir et pour la créature qui vient dans notre Volonté, nos actes l'entourent et portent les siens en triomphe pour demander le règne de notre Volonté sur la terre.

            Mon esprit se réjouissait dans la lumière enchanteresse de mes petits actes entourés par les mers des actes divins, dans mon petit amour entouré par la mer de l'Amour divin qui d'une voix mystérieuse et incessante ne faisait que demander le Fiat voluntas tua sur la terre comme au ciel, lorsque mon souverain Jésus me surprit et, tout amour, il me dit :

            Ma bienheureuse fille, comme il est doux et consolant d'entendre ma Volonté, avec tous ses actes, dans le petit acte d'amour et d'adoration de la créature, demander le règne du Fiat sur la terre. Mon Fiat se sert du petit amour de la créature comme porte-parole pour faire résonner ma Volonté dans tous ses actes et lui faire demander son Royaume. Il ne veut pas le faire seul et veut pour cela qu'elle serve d'intermédiaire. Mais veux-tu savoir à quoi sert cette prière qui contient une puissance et des armes divines pour nous faire la guerre de manière incessante ? Elle sert à appeler Dieu sur la terre, à donner la vie à toutes les créatures, à faire que ma Divine Volonté et toutes ses œuvres viennent régner sur la terre ; elle sert à préparer le poste de la créature en Dieu. C'est une prière divine et prodigieuse qui sait comment tout obtenir.

            Après quoi je continuai à m'abandonner dans les bras de Jésus. Son divin Cœur bondissait de joie, d'amour et de bonheur, et il ajouta :

            Ma fille, tous les actes de mon Humanité possédaient la vertu générative. C'est pourquoi l’esprit qui pense et génère des pensées saintes, pense et génère science, sagesse, connaissances divines, vérité nouvelle. Tout cela coule comme un torrent dans l’esprit de la créature sans jamais cesser de générer. Ainsi, chaque créature possède tout cela comme en réserve dans son esprit, avec la différence que certaines honorent ces vertus et leur laisse la liberté de produire le bien qu'elles possèdent, alors que d'autres ne s'en occupent pas et les étouffent. Mes regards génèrent des regards d'amour, de compassion, de tendresse et de miséricorde. Je ne quitte personne des yeux, mes regards se multiplient sur toutes les créatures et, oh ! avec quelle pitié je regarde les misères humaines. Ma pitié est si grande que pour mettre la créature en sûreté, mon regard l’enferme dans ma pupille pour la défendre, l’entourer d’affection et d’une inexprimable tendresse au point d’en stupéfier le ciel tout entier. Ma langue parle et génère des paroles qui donnent la vie et des enseignements sublimes. Elle génère des prières, des flèches d'amour pour donner la génération de mon amour ardent à toutes les créatures afin de me faire aimer par toutes. Mes mains génèrent des œuvres, des plaies, des clous, du sang, des étreintes, afin de donner à toutes les créatures un baume pour adoucir leurs plaies, des clous pour les blesser et les purger, du sang pour les laver, des embrassements pour les emporter en triomphe dans mes bras. Toute mon Humanité génère continuellement afin de se reproduire en chaque créature. Notre Amour divin consiste réellement en ceci : se reproduire en chaque créature. Et si nous n'avions pas la vertu générative, cela ne pourrait pas être une réalité, mais une façon de parler. Or c'est en nous que nous accomplissons d'abord les actes et si nous utilisons la parole, c'est afin de confirmer les actes. D'autant plus que mon Humanité est inséparable de la Divinité qui possède par nature la vertu générative et se tient au-dessus des créatures comme une Mère avec les bras ouverts pour générer en elles une vie admirable. Mais veux-tu savoir qui reçoit les effets, tout le fruit de cette génération continue ? C'est la créature en qui règne ma Volonté et qui non seulement reçoit la génération de mes actes, mais les reproduit de façon admirable.

14.  28 avril 1934 — Comment la Divine Volonté appelle en chacun de ses actes toutes les créatures afin de leur donner tout le bien que ses actes contiennent. Exemple : le soleil.

     Je suis toujours dans le cher patrimoine du Fiat. Je sens son doux empire qui m'absorbe et m’investit au point que je n'ai plus le temps de m'attrister de la privation de mon bien-aimé Jésus qui est pour moi, hélas, si douloureuse. Ses actes continuels, multiples et infinis s’imposent sur moi pour me rendre présente et participante au bien qu'ils contiennent, pour me dire combien il m'aime et me demander si je l'aime. Mon esprit était perdu et ravi en voyant qu'il voulait toujours me donner de lui-même et me présenter ses actes. Quelle bonté ! Quel amour ! Et mon souverain Jésus me surprit en disant :

            Ma petite fille de ma Volonté, ton Jésus a la mission de manifester le secret de ma Divine Volonté. Son amour est tel qu'il ne sait et ne peut être sans se donner lui-même, de façon continuelle, à la créature. Tu dois savoir que lorsque ma Volonté accomplit un acte, elle appelle dans cet acte toutes les créatures, et elle se donne tout entière afin de donner à chacune le bien que cet acte possède. De sorte que toutes les créatures sont contenues dans son acte et reçoivent le bien de cet héritage divin, mais avec cette différence que celle qui est volontairement et par amour dans notre Volonté conserve la possession de ce bien. Le bien de la créature qui n'est pas dans notre Volonté ne reste pas perdu, mais attend son héritière, celle qui décidera d'avoir la vie dans notre Volonté qui lui en donnera la possession. Et avec une libéralité toute divine, nous donnons à la créature qui n’est pas dans notre Volonté les intérêts de ce bien, c'est-à-dire les effets, afin qu'elle ne meure pas de faim des biens de son Créateur. Notre Volonté possède par nature la vertu universelle et par conséquent, en chacun de ses actes, elle embrasse toutes les créatures, les appelle toutes et offre à chacune d'elles ses biens divins.

            Le soleil est l’image et le symbole de notre Divine Volonté. Créé par mon Fiat avec sa vertu universelle, il offre sa lumière à toutes les créatures sans la refuser à personne. Et si on ne voulait pas prendre le bien de sa lumière, le soleil ne détruirait pas cette lumière ; il ne le peut d'ailleurs pas. Il attend que l'on décide de prendre le bien de la lumière et se donne immédiatement, même à celles qui ne décident pas directement d’en prendre le bien. À certaines choses il donne la fécondité et la maturation, à d'autres le développement et la douceur et il n'existe pas de choses créées auxquelles le soleil ne donne de lui-même. De sorte que la créature, en se servant des plantes pour se nourrir, prend les effets et les intérêts que donne la lumière et que volontairement, elle ne prend pas.

            Ma Volonté fait plus encore que le soleil dans tous ses actes et offre à toutes les créatures ses biens divins.

            Celle qui vit dans notre Volonté en a la propriété et elle possède le bien que ma Volonté lui a donné en chacun de ses actes. Elle sent en elle-même la nature du bien puisque le bien est en son pouvoir. La bonté, la patience, l’amour, la lumière, l’héroïsme du sacrifice, tout est à sa disposition. Si elle en a l'occasion, elle les pratique sans effort, sinon elle les conserve toujours, telles de nobles princesses qui forment l'honneur et la gloire de la propriété que ma Volonté lui a donnée. Il en est comme pour l'œil de la créature qui possède la vue. S'il est nécessaire de regarder et d’aider avec la vue qu'il possède, elle le fait. Si ce n'est pas nécessaire, elle ne perd pas la vue et conserve son œil qui forme son honneur et sa gloire. Posséder ma Volonté et ne pas en posséder les vertus est presque impossible. Ce serait comme un soleil sans chaleur, une nourriture sans substance, une vie sans battements de cœur. Par conséquent, celle qui possède ma Volonté a tout en sa possession, comme dons et propriété que ma Divine Volonté lui apporte.

15.  6 mai 1934 — Le premier dessein de la Rédemption est de restaurer la vie de la Divine Volonté dans la créature. Comment Dieu fait les petites choses avant d'accomplir les grandes.

    Je suis sous les plus hautes vagues du divin Fiat qui me fait voir et toucher de la main que les choses et tous les actes divins ont leur origine dans le divin Vouloir et sont tous porteurs d'une Volonté si sainte. De sorte que le dessein premier de Dieu, autant dans la Création que dans la Rédemption, n'était rien d'autre que de former la vie palpitante de la Divine Volonté en chaque créature et en toutes choses. Il voulait son poste royal et la transfusion de toutes choses et de chaque acte dans sa Volonté. Et cela avec justice et raison, car étant l’auteur de toute chose et de toute créature, comment s'étonner qu'il veuille sa juste place en tout ?

            Je suivais la Divine Volonté dans ses actes. J'arrivai à la Rédemption et mon Jésus me dit en soupirant :

            Ma fille, le but premier de la Rédemption, dans notre esprit, était de faire revivre le Royaume de la Divine Volonté dans la créature. C'était l’acte le plus beau et le plus noble que notre Volonté avait placé en elle et c'est en vertu de cet acte que nous aimions follement la créature. Elle avait ce qui venait de nous, nous nous aimions nous-mêmes en elle, et par conséquent notre amour était parfait, entier et incessant. C’était comme si nous ne pouvions pas nous défaire d'elle, nous sentions cette Volonté à l’intérieur de la créature qui nous imposait de l'aimer et si je suis descendu du ciel, c’est sous l’empire et la puissance de mon Fiat qui m'appelait en réclamant ses droits de faire revivre et de mettre en sûreté son acte noble et divin, et de restaurer son Royaume dans les créatures. Il n'y aurait pas eu d'ordre et nous aurions agi contre notre nature si, en descendant du ciel, j'avais mis les créatures en sûreté et que notre Volonté - qui est divine et le plus bel acte que nous ayons placé en elles, commencement, origine et fin de toutes choses - n'avait pas été mise en sûreté, et si son Royaume n'avait pas été restauré dans les créatures. Mais qui ne pense à se sauver d'abord lui-même avant de sauver les autres ? Personne. Et ne pas pouvoir se sauver soi-même est le signe que l'on ne possède ni la vertu ni le pouvoir de sauver les autres. En restaurant le Royaume de ma Volonté dans la créature, j'ai accompli l’acte le plus grand, un acte que Dieu seul peut opérer, c'est-à-dire celui de mettre en sûreté ma vie elle-même dans la créature. Et en me sauvant moi-même, j'ai mis en sûreté toutes les créatures. Elles n'étaient plus en danger parce qu'elles avaient en leur pouvoir une vie divine en qui elles trouvaient tous les biens dont elles avaient besoin. C'est pourquoi ma Rédemption, ma vie, mes souffrances et ma mort serviront à disposer les créatures envers ce bien, et à préparer au grand prodige du Royaume de ma Volonté dans les générations humaines. Et si elles ne voient pas encore les fruits et la vie de ma Volonté, cela ne veut rien dire, parce qu'il y a dans mon Humanité la semence et la vie de mon Fiat, et cette semence possède la vertu de former la longue génération de tant d'autres semences dans les cœurs afin de régénérer en eux le renouveau de la vie de ma Volonté dans les créatures. Il n'y a par conséquent pas un acte accompli par notre Être suprême qui ne sorte de notre Volonté et son amour est tel qu'il se fait vie dans nos actes, et comme il est vie, il exige ses droits de se développer ; aussi, comment pourrais-je venir pour racheter si je ne restaurais pas ces droits dans ma Volonté ? Ces droits ont été restaurés dans ma céleste Mère et dans mon Humanité, et c'est alors que j'ai pu venir restaurer. Autrement, je n'aurais trouvé ni le chemin ni le lieu où descendre, et mon Humanité s'était engagée envers l’Être suprême, par ses souffrances, à le rétablir dans ses droits, à le faire régner dans le temps et dans la famille humaine. Par conséquent, prie et unie à moi, n'épargne pas le sacrifice de ta vie pour une cause si sainte et si divine, et pour un amour si héroïque et si grand envers toutes les créatures.

            Ce que je venais d'écrire m’inquiétait et je me disais : Comment se peut-il que lorsqu'il dit que son but premier pour sa venue sur terre était d'établir le Royaume de la Divine Volonté alors que les fruits de la Rédemption sont abondants, mais qu'on n’en voit presque aucun du règne de son Fiat ? Et Jésus ajouta :

            Ma fille, il serait absurde et contraire à l’ordre divin de ne pas donner la primauté à notre Volonté comme nous l'avons fait. Le Royaume de la Divine Volonté a commencé d'abord dans ma céleste Mère puis dans mon Humanité qui possédait la plénitude de la Volonté suprême. Je représentais avec la Reine du ciel la famille humaine tout entière et en vertu de ce Royaume que nous possédions afin de réunir tous les membres éparpillés, la Rédemption pouvait venir. C'est véritablement de l'intérieur du Royaume de ma Volonté que la Rédemption est sortie. Si ma Mère et moi n'avions pas possédé ma Volonté, son Royaume serait resté un rêve dans notre esprit divin. Comme je suis la Tête, le Roi et le Sauveur véritable de l’humanité, les membres de cette humanité ont droit à ce qui se trouve dans la Tête, et les enfants ont le droit d'hériter des biens de leur Mère ; c'est pourquoi la Rédemption est venue. La Tête veut guérir les membres et se les attacher par le moyen des souffrances et de la mort afin de jouir en eux des vertus de la Tête. La Mère veut réunir ses enfants pour se faire connaître afin de les constituer héritiers de ce qu'elle possède. Il fallait le temps pour que du Royaume de ma Volonté sorte la Rédemption comme son premier acte, et la Rédemption sera un puissant moyen de communiquer aux membres le Royaume que possède la Tête. Et moi qui insiste tellement pour que les créatures commencent par ma Volonté, moi qui possède la vie de cette Volonté et qui devait descendre du ciel sur la terre et payer un tel prix, je ne devrais pas donner la primauté à ma Volonté ? Oh ! ma fille, cela signifie alors que l'on ne sait pas vraiment qu'un acte de ma Volonté a plus de valeur que toutes les créatures ensemble et qu'il est bien certain que la Rédemption avait la vie de ma Volonté, tandis que la Rédemption ne possédait pas la vertu de donner la vie à ma Volonté. Mon Fiat est éternel, il n'avait de commencement ni dans l’éternité ni dans le temps, tandis que la Rédemption avait son origine dans le temps, et puisque ma Volonté n'a pas de commencement et qu'elle seule peut donner la vie à toutes choses, elle possédait dans sa nature sa primauté sur toutes choses. Et il n'est rien que nous fassions sans que règne et prédomine notre Volonté. Mais tu dis que l'on peut voir les fruits de la Rédemption alors que ceux du Royaume de la Divine Volonté ne sont pas encore visibles. Cela signifie que l'on ne comprend pas nos manières divines d’agir, car nous faisons d'abord les petites choses avant de donner place à nos grandes œuvres et de réaliser notre principal dessein. Écoute-moi, ma fille, car dans la Création notre dessein premier était l'homme, mais au lieu de commencer par créer l'homme, nous avons créé le ciel, le soleil, la mer, la terre, la mer et les vents comme habitation où placer cet homme et lui faire trouver tout ce dont il avait besoin pour vivre. Dans la création de l'homme lui-même, nous avons commencé par faire le corps avant de lui infuser l'âme, plus précieuse, plus noble, et qui a plus de valeur que le corps. Il est souvent nécessaire de faire en premier les petites choses afin de préparer un poste convenable pour nos grandes œuvres. Pourquoi s'étonner, par conséquent, qu'en descendant du ciel sur la terre, notre dessein premier dans notre esprit était de constituer le Royaume de de notre Volonté dans la famille humaine ? D'autant plus que la première offense de l'homme était dirigée contre notre Volonté. C'est donc avec justice que notre premier objectif devait être de réparer la partie offensée de notre Volonté, de lui restituer son poste royal. C'est après qu’est venue la Rédemption de façon surabondante et avec des excès d'amour propres à étonner le ciel et la terre. Mais pourquoi en premier ? Parce qu'elle devait servir à préparer convenablement et somptueusement, par le moyen de mes souffrances et de ma mort, un royaume, une armée, une habitation comme cortège où faire régner ma Volonté. Pour guérir l'homme, il fallait mes souffrances ; pour lui donner la vie, il fallait ma mort. Et pourtant, une seule de mes larmes, un seul de mes soupirs, une seule goutte de mon sang aurait suffi à sauver tout le monde, car tout ce que je faisais était animé par ma suprême Volonté. Je peux dire que c'était elle qui dans mon Humanité courait dans tous mes actes, dans mes souffrances les plus atroces, afin de chercher l'homme pour le mettre en sécurité. Comment nier par conséquent le dessein premier d’un Vouloir si saint, si puissant qu'il embrasse toutes choses et dans lequel il n'y a ni vie ni bien sans cette Volonté ? Cette pensée même est absurde. C'est pourquoi je veux que toute chose reconnaisse ma Volonté comme acte premier de toute chose, et tu te placeras donc dans notre ordre divin où rien n'existe qui ne donne la primauté à notre Volonté.

16.  12 mai 1934 — Nécessité absolue de l'abandon dans le divin Vouloir ; ses vertus. Comment toutes les créatures tournent autour de Dieu ; seule la volonté humaine s'en écarte et bouleverse tout.

          Mon abandon dans le Fiat est pour moi un besoin extrême de mon pauvre cœur parce que je sens sa Paternité et sa Maternité divine qui avec ses bras de lumière me garde pressée contre son sein afin de se déverser en moi comme une très tendre Mère qui aime sa fille d'un amour inséparable, au point de vouloir générer sa vie dans sa fille. Cela semble être un délire, une passion divine de cette sainte Mère dont les regards, l'attention, la sollicitude et le cœur sont continuellement dans l’acte de concevoir et de faire grandir sa vie dans sa fille, tout abandonnée dans ses bras. Si bien que l'abandon dans la Divine Volonté facilite les soins et permet les sollicitudes de cette céleste Mère pour former sa vie toute de Divine Volonté dans la créature.

            Ma jolie maman, oh ! ne me détache pas de ton sein de lumière afin que je puisse sentir la vie en moi qui me fait continuellement savoir combien tu m'aimes, qui tu es, et combien belle, aimable et adorable tu peux être.

            Mais alors que mon esprit était perdu dans l'abandon total au divin Vouloir, mon doux Jésus, renouvelant sa brève petite visite, me dit :

            Ma bienheureuse fille, plus on comprend mon Vouloir, mieux on peut profiter de sa beauté et de sa sainteté, et participer à ses biens. L’abandon dans ma Volonté détruit tous les obstacles et garde sans effort l'âme bien serrée dans les bras de mon Fiat qui peut régénérer sa vie divine dans la créature. Voici ce que dit un abandon véritable et complet : « Fais de moi ce que tu veux, ma vie t'appartient et je ne veux plus m’en soucier. » De sorte que l'abandon possède la vertu de mettre la créature au pouvoir de ma Divine Volonté. Car tu dois savoir que toute chose, et la nature humaine elle-même, participe du mouvement éternel de Dieu, de sorte que tout tourne autour de lui. Toute la création, le souffle, le battement de cœur, la circulation du sang, sont tous sous l'empire du mouvement éternel, et comme toutes les choses et toutes les créatures tirent leur vie de ce mouvement, elles sont inséparables de Dieu, et comme elles ont la vie, elles tournent toutes autour de l'Être suprême. Il n'est pas au pouvoir de la respiration, du battement de cœur, du mouvement humain, de respirer, de palpiter, de se mouvoir par eux-mêmes. Le mouvement de l'Éternel est incessant et il ressentait également les actes incessants de la respiration, du battement de cœur et du mouvement. L'on peut dire qu'ils sont la vie en Dieu et avec toutes les choses créées, ils tournent autour de lui sans jamais s'arrêter. Seule la volonté humaine, ayant été créée avec le grand don du libre arbitre afin de pouvoir nous dire librement qu'elle nous aime, non parce qu'elle y est obligée comme peuvent être contraints la respiration de respirer, le cœur de palpiter et la créature de recevoir le mouvement de son Créateur. Sans y être obligée, elle peut nous aimer et être avec nous afin de recevoir la vie agissante de notre Vouloir. C'était l'honneur et le très grand don que nous avions fait à la créature qui s'est avec ingratitude retirée de notre union et de cette inséparabilité, et par conséquent de son union avec toutes choses. C'est alors qu'elle s'est perdue, dégradée et affaiblie. La créature a perdu cette force unique et elle est la seule dans toute la Création à avoir perdu sa route, son poste, son honneur, sa beauté, sa gloire. Elle s'écarte du poste qu'elle conserve dans notre Volonté qui l'appelle et se languit de la mettre à son poste d'honneur pour que personne ne perde la vie du mouvement incessant, qu’elle ne se sente pas pauvre et faible, mais riche du mouvement éternel de son Créateur. Parce qu'elle ne veut pas occuper le poste royal de notre divin Vouloir, la volonté humaine égarée est la plus pauvre de toutes, et comme elle se sent pauvre et malheureuse, elle fait le malheur de la famille humaine. Par conséquent, si tu veux être riche et heureuse, ne descends jamais de ta place d'honneur qui se trouve dans notre Volonté. Tu auras alors toute chose en ton pouvoir, la force, la lumière, et ma Volonté elle-même.

17.  20 mai 1934 — Comment la Divine Volonté absorbe en elle-même comme en un seul souffle tous les actes accomplis en elle pour n'en former qu'un seul. Comment la Divine Volonté forme les états de l’Humanité de Notre-Seigneur et les rend présents aux créatures.

      Je me sentais pauvre d'amour, mais j'avais la volonté de l'aimer infiniment. J'avais reçu mon doux Jésus sacramentellement et il était inondé d'amour. Je n'en avais que quelques petites gouttes et il me demandait pourtant de l'amour afin de pouvoir m'en donner, mais comment égaler le sien ? Alors je me suis dit que ma céleste Maman veut que j'aime mon Jésus et son Jésus énormément. Je vais alors verser les petites gouttes de mon amour dans les mers de son amour et je dirai alors à Jésus : « Je t'aime tellement que je t'aime comme ta Maman t'aime. » Il me semblait que la Dame souveraine se réjouissait de voir que sa fille aimait Jésus avec son amour et que lui était encore plus content de savoir qu'il était aimé avec l'amour de sa Maman. Tout heureux, il me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que la créature qui vit dans mon Fiat n'est jamais seule dans ses actes. Elle est incorporée à tout ce que mon Fiat a fait, fait et fera en elle-même comme dans toutes les créatures. De sorte que je ressentais dans l'amour de ma Mère l'amour de la fille, et dans l'amour de la fille, l'amour de ma divine Mère. Oh ! comme elles sont belles tes petites gouttes d'amour investies dans les mers d'amour de ma Maman. Lorsqu'une créature vit dans ma Volonté, je sens le ciel couler dans ses actes, dans son amour, dans sa volonté. Je sens que la créature est au ciel et ses actes, son amour, sa volonté investissent l’Empyrée pour former un seul acte, un seul amour et une seule volonté avec tous ; et le ciel tout entier se sent aimé, glorifié dans la créature qui se sent elle-même aimée par tous dans le ciel. Dans ma Volonté, tout est unité. La séparation n'existe pas, ni les distances ni les temps. Les siècles disparaissent dans mon Vouloir et avec sa puissance, il dévore tout en un seul souffle et forme un seul acte continuel de toutes choses. Quelle heureuse fortune pour la créature qui vit dans ma Volonté et qui peut dire : « Je fais ce que l'on fait au ciel et mon amour n'est pas différent de leur amour. » Il n'y a que pour celles qui ne vivent pas dans ma Volonté que les actes sont séparables et leurs souffrances solitaires. Leurs actes sont différents de nos actes parce qu'ils ne sont pas investis par la puissance de ma Volonté qui possède la vertu de convertir en lumière ce que l'on fait en elle. Comme ces actes ne sont pas lumière, ils ne peuvent pas s'incorporer avec les actes de notre Volonté, lumière inaccessible qui sait comment convertir toutes choses en lumière. Il n'est donc pas étonnant que lumière et lumière s'incorporent ensemble.

            Après quoi je m'abandonnai dans les bras de l'Enfant Jésus qui se fit voir et, rempli d'amour, il s’abandonna dans le mien afin de jouir de l'amour que je lui donnais venant de lui et de sa Maman. Et il ajouta :

            Ma fille, si tu me vois petit Enfant, c'est en vertu de ma Divine Volonté qui possède en elle-même toutes les périodes de ma vie sur terre, mes larmes, mes souffrances et tout ce que j'ai fait. Ma Volonté répète à chaque instant différentes périodes de ma vie afin d’en donner les admirables effets aux créatures. Elle me forme tantôt en petit Enfant afin de donner les fruits de mon enfance, mon très tendre amour qui pleurait afin d'obtenir celui des créatures et me permettre de recevoir de la tendresse et de la compassion pour mes larmes, tantôt en petit garçon d’une beauté enchanteresse afin de me faire connaître et de ravir la créature, tantôt comme jeune homme pour l'enchaîner d'une inséparable union, et tantôt en Crucifié pour me permettre de réparer ; et ainsi de suite pour tout le reste de mon Humanité sur terre. Oh ! puissance et insurpassable amour de ma Volonté. Ce que j'ai fait durant ce petit espace de 33 ans, après être monté au ciel, ma Volonté le fera pendant des siècles et des siècles en tenant ma vie prête à être donnée à chaque créature.

            Tu dois savoir que si la sainte Église a le grand honneur de voir des âmes qui ont le bonheur de me voir, de m'entendre parler comme si j’étais là avec elles, c’est à ma Divine Volonté qu’elle le doit. C'est elle qui me rend présent aux créatures sous différents états. Mon Humanité est enclose dans son immensité et ma Volonté possède la vertu de présenter l’acte de ma naissance et de me donner l'état de l'Enfant Jésus. Je grandis et elle me donne l'état d'un jeune garçon. Toute ma vie est en son pouvoir. Ma Volonté la forme parce qu'elle veut me la donner selon l'âge où elle choisit de me montrer et maintient ainsi toute ma vie comme un acte présent parmi les créatures. Ma Volonté maintient ton Jésus vivant et selon les dispositions des créatures, elle leur fait sentir que je pleure, que je souffre, que je continue de naître et de mourir, et que je brûle d'amour parce que je veux être aimé. Que ne ferait-elle pas ? Elle peut tout faire et il n'est rien sur quoi elle ne maintienne sa suprématie, la vertu conservatrice et l'équilibre parfait et continuel, sans jamais cesser toutes nos œuvres. Ma fille, je dis avec tristesse qu'il vous manque la connaissance de ce que fait mon adorable Volonté, le grand bien qu'elle offre continuellement aux créatures, et c'est pourquoi elle veut être connue. Et parce qu'elle n'est pas connue, elle n'est ni appréciée ni aimée et la créature ne donne pas la suprématie à toutes nos œuvres. Oh ! si l'on savait ce que signifie la Volonté de Dieu, le bien qu'elle offre aux créatures, la terre en serait transformée et si fortement attirée que l'on resterait le regard fixé sur elle pour recevoir ses biens éternels. Mais comme elle n'est pas connue, les créatures n'y pensent même pas et perdent en partie ses bienfaits parce que tantôt elles la veulent et tantôt elles ne la veulent pas, tantôt elles la connaissent et tantôt elles ne la connaissent pas, tantôt elles croient et tantôt elles ne croient pas que c’est mon divin Fiat qui donne la vie, le mouvement et toutes choses, et qu'il est la raison de toute la Création. Et c'est pourquoi mon divin Fiat aime tant être connu pour ce qu'il fait et ce qu'il peut faire, afin de pouvoir dispenser de nouveaux dons et témoigner de son amour envers les créatures avec une plus grande abondance. C'est pour cela que j'ai voulu le sacrifice de ta vie, un sacrifice que je n'ai demandé à personne, un sacrifice qui te coûte tant, même si tu ne comptes ce sacrifice que lorsque les obstacles et les circonstances surviennent. Mais moi j’en compte tous les jours, j'en mesure l'intensité, la difficulté et la perte de vie quotidienne à laquelle tu te soumets. Ma bonne fille, ton sacrifice était nécessaire à ma Volonté pour se faire connaître. Elle avait besoin pour donner ses connaissances et se faire connaître de se servir de toi comme d'un canal, et de faire de ton sacrifice une arme puissante afin de conquérir, de se révéler, d'ouvrir son sein de lumière et de manifester qui elle est. D'autant plus que la créature, en faisant sa propre volonté humaine, rejetait et perdait la vie de la Divine Volonté. Il était donc nécessaire qu'une créature accepte le sacrifice de perdre sa vie et la maîtrise d'elle-même afin que mon Vouloir puisse agir, se faire connaître et restaurer sa vie divine. Il en est toujours ainsi dans notre œuvre. Lorsque nous voulons agir avec surabondance envers la créature, nous demandons le sacrifice d'une créature comme prétexte et c'est alors que nous faisons connaître le bien que nous voulons faire ; et ce bien est accordé selon les connaissances que les créatures acquièrent. Par conséquent, sois attentive et ne cherche pas à t’occuper l’esprit de pensées inutiles sur la raison de ton état. Il était nécessaire à notre Volonté. Cela suffit et tu devrais t'en réjouir et la remercier.

18.  16 juin 1934 — La volonté humaine fut créée reine au milieu de la Création. Comment tout coule entre les doigts de notre Créateur.

       Je continue mon abandon dans le divin Fiat. Ses actes sont pour moi autant d'aliments qui me nourrissent et je sens sa force s'imposer sur ma volonté humaine pour la conquérir et la ravir afin de pouvoir lui dire : Nous vivons ensemble et tu seras heureuse de mon propre bonheur. Tu es sortie à la lumière du jour non pour rester à l'écart, mais pour être avec moi, dans ma Volonté. Si je t'ai créée, c'est parce que je ressentais le besoin de t'aimer et d'être aimé, si bien que ta création était nécessaire à mon amour, petit sommet du champ d'action de ma Volonté.

            Ô adorable Volonté, combien tu es aimable et admirable. Tu me veux en toi afin de donner libre cours à ton amour et tu veux que les créatures vivent dans ton divin Vouloir parce que tu ne nous as pas créées sans volonté comme le ciel et le soleil, afin de pouvoir faire ce que tu veux. Je pensais cela lorsque mon doux Jésus me fit une surprise et, toute bonté, il me dit :

            Bienheureuse fille, tu dois savoir que parmi toutes les choses que nous avons créées, la volonté humaine est la plus belle, celle qui nous ressemble le plus. On peut donc l'appeler reine, car c'est ce qu'elle est. Toutes les choses sont belles. Le soleil est beau avec sa lumière vivifiante qui réjouit, sourit à tous et se fait l'œil, la main et le pas de toutes choses. Le ciel est beau qui couvre toutes choses de son manteau étoilé. Mais si belles que soient toutes les choses créées, aucune ne peut se vanter d'avoir fait pour nous le plus petit acte d'amour véritable. Il n'y a pas d'échange, tout est silence et ce que nous faisons, nous le faisons seuls. Personne ne répond à toutes nos mers d'amour ; pas la moindre réponse, car elle doit être formée entre deux volontés qui possèdent la raison et savent si elles font le bien ou le mal. La volonté humaine a été créée reine au milieu de la Création, reine d'elle-même et échange d'amour avec son Créateur. Reine de toutes les choses créées, elle peut librement faire un monde de bien, des prodiges de valeur, d'héroïsme et de sacrifices si elle se met du côté du bien. Mais si elle se place du côté du mal, elle peut en tant que reine faire un monde de ruines et se précipiter de la plus grande hauteur jusque dans la plus basse et la plus profonde des misères. Nous aimons entre tous la volonté humaine parce que nous l'avons faite reine. Elle peut nous dire qu'elle nous aime, elle peut nourrir notre besoin d’aimer, elle peut rivaliser d’amour avec nous parce que nous l'avons dotée de ces prérogatives en lui donnant même notre ressemblance. Elle n'est rien d'autre qu'un simple acte, et cependant elle est la main, le pied, la voix de son être humain. Si la créature n'avait pas une volonté, elle serait semblable aux bêtes, esclave de tous, sans l'empreinte d'une noblesse divine, du très pur esprit de notre Divinité. Il n'y a en nous rien qui soit matériel et cependant nous investissons toutes les créatures et toute chose. Nous sommes la vie, le mouvement, le pilier, la main et l’œil de toutes les créatures. La vie humaine coule de nos doigts et nous sommes le souffle et le battement de chaque cœur. Et ce que nous sommes pour tous et pour toute chose, la volonté humaine l’est pour elle-même. On peut dire qu'en raison des prérogatives qu'elle possède, elle peut se voir en nous et nous trouvons en elle notre petit miroir. Puissance, sagesse, bonté et amour de notre Divinité peuvent former leurs reflets en un seul acte de la volonté humaine. Oh ! volonté humaine, comme tu as été créée belle par ton Créateur ! Le ciel et le soleil sont beaux, mais tu les surpasses en beauté ; et même si tu n'avais pas d'autre beauté, pour la simple raison que tu peux nous dire que tu nous aimes, tu possèdes la plus grande gloire, l’enchantement capable de ravir ton Créateur.

19.  24 juin 1934 — La créature qui vit dans notre Volonté sent battre le Cœur divin dans ses œuvres ; elle connaît ses desseins, travaille avec lui, et elle est la bienvenue de notre Fiat.

       Je me sens entre les bras de la Divine Volonté qui, avec une insurpassable bonté, me montre tout ce qu'elle a fait par amour des créatures. Et comme tout a été fait par pur amour, elle semble ne pas être heureuse à moins d’être connue et aimée à son tour par celles qui sont la cause de toutes ses œuvres et de son indescriptible magnificence. Mon esprit était perdu dans la multiplicité des œuvres divines et mon toujours aimable Jésus, répétant sa brève visite, me dit :

            Ma petite fille, notre amour et nos œuvres veulent prendre vie dans la créature. Ils veulent qu'on les sente palpiter pour lui donner l'amour et les fruits que contiennent nos œuvres qui, en prenant naissance dans la créature, produisent l'amour et les fruits divins.

            Tout ce que nous avons fait est toujours en acte et nous appelons la créature dans l’acte en cours pour lui faire connaître nos œuvres, tout l'amour qu’elles contiennent, avec quelle sagesse et quelle puissance elles ont été formées, et que c’est toujours pour elle que nous agissons. Tout ce que nous avons fait était pour nous faire aimer de la créature. Nous n'avons besoin de rien parce que nous possédons en nous-mêmes, dans notre Être divin, tous les biens possibles et imaginables et comme nous avons la vertu créatrice, nous pouvons créer tous les biens que nous voulons. Par conséquent, toutes nos œuvres externes ont été faites pour les créatures, pour leur donner l'amour, leur faire connaître celui qui les aime tant, afin que cela puisse leur servir d'escalier pour monter jusqu'à nous et nous donner leur petit amour. Nous nous sentons volés et trahis par la créature qui ne nous aime pas. Ma fille, veux-tu savoir qui est celle qui peut recevoir notre amour contenu dans les choses créées, connaître notre dessein, recevoir les connaissances et nous donner son amour en échange ? Celle qui vit dans notre Volonté. Lorsque la créature entre dans ma Volonté, elle la presse contre son sein avec ses ailes de lumière et comme elle possède l'acte incessant elle lui dit : « Regarde-moi et agissons ensemble afin que tu saches ce que je fais. » Mon amour est distinct d'une chose créée à l'autre et tu reçois tous les degrés de mon amour ardent au point d’être couverte et inondée d'amour et de répéter uniquement que tu m'aimes, que tu m'aimes, que tu m'aimes. Mais si la créature ne le sait pas, elle est incapable de recevoir la plénitude de l'amour ou de goûter les fruits de nos œuvres. Mais je vais te faire une autre surprise. Lorsque la créature entre dans notre Volonté pour connaître tout ce que nous avons fait dans la Création, dans la Rédemption et en toutes choses, elle est non seulement admirablement enrichie par les œuvres de son Créateur, mais elle nous donne aussi une gloire nouvelle comme si nos œuvres pouvaient être répétées. Tout ce que nous avons fait passe par le canal de la créature qui est dans notre Volonté et nous nous sentons répéter la gloire en vertu de cette Volonté comme si nous étendions un nouveau ciel et que nous formions une nouvelle Création. Lorsque nous la sentons venir dans notre Volonté, nous l'accueillons, et débordant d'un amour nouveau pour elle nous lui disons : « Viens, touche de ta main ce que nous avons fait. Nos œuvres sont vivantes pour toi, elles ne sont pas mortes, et en le sachant, tu répéteras la nouvelle gloire et le nouvel échange d'amour. » Il est vrai que nos œuvres nous louent et nous glorifient par elles-mêmes. En vérité, c'est nous-mêmes qui nous louons et nous glorifions continuellement. Mais la créature dans notre Volonté nous donne quelque chose de plus. Elle nous donne sa volonté agissante dans nos œuvres, son intelligence pour les connaître et son amour pour nous aimer. Nous ressentons alors la gloire qu'une volonté humaine répète pour nous cette gloire, comme si nos œuvres se répétaient. C'est pourquoi je te veux toujours dans mon divin Fiat afin de recevoir ses secrets et boire à grandes gorgées ses admirables connaissances. Lorsqu'elle est connue, la vie est communiquée, les œuvres sont répétées et le but atteint.

20.  29 juin 1934 — L'attention est l'œil de l'âme. Comment il n'y a pas d'aveugles dans la Divine Volonté. L’aimant, l’empreinte de l'Image divine dans nos actes. Comment Dieu se fait prisonnier de la créature.

       Le divin Vouloir ne me laisse jamais seule et semble toujours me surveiller afin d'investir ma pensée, ma parole, le plus petit de mes actes. Il réclame mon attention et veut que je sache qu'il désire investir mes actes et qu'en se surveillant l'un l'autre, il donne et je reçois. Si mon attention se relâche, il me le reproche, mais avec une douceur propre à me briser le cœur, et il me dit :

            L’attention est l'œil de l'âme qui connaît le don que je veux faire et la dispose à le recevoir. Je ne veux pas donner mes biens aux aveugles. Je veux que tu voies et que tu saches, mais sais-tu pourquoi ? C'est en voyant mon don que tu l'apprécies et en le connaissant que tu l'aimes. Je te fais ressentir ma lumière, ma puissance, mon amour et je sens répété dans ta petite pensée l'amour que la Divine Volonté sait comment donner. Par conséquent, la première chose que fait ma Divine Volonté pour celle qui veut vivre en elle, c'est de lui donner la vue pour nous regarder et nous connaître. Et lorsque nous sommes connus, tout est fait, et la vie de ma Divine Volonté est assurée dans toute sa rigueur.

            Après quoi mon esprit se perdait dans une mer de lumière et de pensées, et mon doux Jésus me surprit en me disant :

            Ah ! ma fille, la vie dans ma Volonté, c’est la vie du ciel ! C'est ressentir dans l'âme la vie de la lumière, la vie de l'amour, la vie de l'action divine, la vie de la prière. Tout est vie palpitante dans ses actes. Tu dois savoir que la créature qui fait la Divine Volonté et vit en elle devient un aimant pour les actes divins. Ses mouvements, ses pensées et ses œuvres sont magnétiques au point de magnétiser son Créateur qui est attiré par elle jusqu’à ne plus pouvoir s'en séparer. Le regard de l'Être suprême est magnétisé et reste fixé sur elle, ses bras magnétisés tiennent fermement la créature contre son sein. Elle attire tant notre amour que nous le déversons sur elle au point d'en arriver à sentir qu'elle nous aime comme nous nous aimons nous-mêmes.

            Lorsque la créature est devenue pour nous cet aimant, notre amour en vient à des excès. Lorsqu'elle forme ses actes, même les plus petits, il y imprime notre sceau divin et nous les faisons passer pour nos actes avec une empreinte de notre Image suprême, et nous les plaçons dans nos trésors divins comme notre propre monnaie que la créature nous a donnée. Et si tu pouvais savoir ce que signifie pouvoir dire que notre Être suprême a reçu nos pièces de monnaie des créatures avec notre image frappée sur ces pièces pour les authentifier, ton cœur en exploserait de joie. Nous avons le pouvoir de donner aux créatures et ce n'est rien d'autre qu'un exutoire de notre amour, mais lorsque la créature est rendue capable de donner et que ce sont nos actes mêmes et non les siens qu'elle nous donne, des pièces de monnaie frappées à notre image, l’amour qui surpasse tout ne peut plus être contenu et dans notre enthousiasme nous disons : « Tu nous as blessés. L'aimant de tes actes nous a enchantés et nous a faits les doux prisonniers de ton âme. Nous allons nous aussi te blesser pour te ravir et t'emprisonner avec nous. » Par conséquent, ma fille, je veux que tu sois tout œil et tout oreille afin de bien voir et de bien savoir ce que ma Divine Volonté veut faire en toi.