📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 32


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.   12 mars 1933 — Comment les choses créées sont les haillons qui couvrent la Divine Volonté. Exemple du roi déguisé. Comment la Création et la Rédemption sont toujours en acte pour appeler les créatures à travailler ensemble.

Mon céleste souverain Jésus, cache-moi dans ton divin Cœur afin que je puisse non pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de ton Cœur commencer ce livre, ainsi la plume sera la lumière de ton divin Vouloir trempée dans la fournaise de ton amour pour me dicter ce que tu veux me dire et je ne serai qu’une simple auditrice qui te prêtera le papier de ma petite âme, et c’est toi-même qui écriras ce que tu veux, comme tu le veux et autant que tu le veux  ; mon aimable Maître, ne me laisse rien écrire par moi-même, sinon je ferai mille bêtises. Et toi, ma Reine souveraine, cache-moi sous ton manteau, défends-moi contre tout et ne me laisse jamais seule afin que je puisse accomplir en toute chose la Divine Volonté.

            Après quoi je continuais à penser à l’adorable Fiat ; je me sentais entourée par toutes les choses créées et chacune disait : Je suis la Divine Volonté et ce que tu vois de nous extérieurement ne sont que les haillons qui la recouvrent, mais en nous se trouve une vie active et palpitante, et combien nous nous sentons glorieuses et honorées de former le vêtement de la Divine Volonté ; le soleil forme pour elle un vêtement de lumière, le ciel un vêtement d’azur, les étoiles un vêtement d’or, la terre un vêtement de fleurs. Bref, toutes les choses avaient eu l’honneur de former le vêtement de la Divine Volonté et toutes en chœur se réjouissaient.

            J’étais émerveillée, stupéfaite, et je me disais : oh ! si je pouvais moi aussi dire que je suis le vêtement de la Divine Volonté, combien je serais heureuse. Et mon grand Roi Jésus rendit visite à sa petite fille et lui dit :

            Ma bonne fille, être Roi, Créateur, Divine Volonté, cela signifie dominer, investir et maintenir notre vie en chaque chose que nous avons créée ; créer signifie étendre sa propre vie, cacher notre Volonté créatrice dans la chose même que nous créons. Créer, c’est faire venir les choses de rien, y enfermer le Tout afin de les conserver dans l’intégrité de beauté où nous les avons créées. Tu dois savoir que ma Volonté étant une Reine déguisée en chaque chose créée, si les créatures la reconnaissent sous ses vêtements, elle se révèle et donne en abondance ses actes divins et ses dons royaux comme seule cette céleste Impératrice est capable de donner ; si elle demeure inconnue, elle reste cachée, sans faire ni bruit ni pompe de sa royale personne, mais sans donner en abondance les dons que seul un Vouloir si saint peut accorder. Les créatures touchent ses vêtements, mais de mon Fiat et de ses dons, elles ne savent et ne reçoivent rien, et mon Fiat reste dans la tristesse de ne pas être reconnu et le cauchemar de ne pas avoir fait ses dons divins, parce que sans le connaître, la créature n’a ni la capacité ni la volonté de recevoir ses dons royaux. J’agis comme un roi qui passe déguisé au milieu de ses sujets et s’ils le remarquent, bien qu’il ne porte pas les vêtements royaux, ils le reconnaîtront à ses manières, à son visage, et viendront l’entourer pour lui rendre les honneurs dus à un roi, ils lui demanderont des dons et des faveurs, et le roi récompensera l’attention de ceux qui le reconnaissent sous son déguisement en leur donnant plus que ce qu’ils veulent ; et pour ceux qui le ne reconnaissent pas, il reste un inconnu sans rien leur donner. D’autant plus qu’eux-mêmes ne lui demandent rien, croyant qu’il n’est que l’un des leurs. Voilà ce que fait ma Volonté lorsqu’elle est reconnue sous le vêtement des choses créées, elle se révèle, mais elle n’attend pas comme le roi qu’on lui demande des dons et des faveurs, car c’est elle-même qui dit : « Je suis ici, que voulez-vous ? » Et elle surabonde de dons et de faveurs célestes. Mais ma Volonté fait encore plus que le roi, car en se dédoublant, c’est sa propre vie qu’elle donne à la créature qui l’a reconnue, ce qu’un roi ne peut faire. Tu peux alors dire : « Je suis la Volonté de Dieu », et faire de toi la guenille, le vêtement qui cache ma Divine Volonté ; non seulement si tu la reconnais dans les choses créées, mais si tu la reconnais en toi-même, si tu lui accordes de régner dans tous tes actes, et si tu mets à son service tout ce que peut faire la guenille de ton être pour faire grandir sa vie en toi, ma Volonté te remplira alors à tel point qu’il ne restera de toi que les haillons qui te serviront seulement de couverture, et toutes les choses créées seront plus heureuses parce que tu seras la guenille vivante, que tu partageras avec ma Volonté ses joies, son bonheur et aussi ses infinies souffrances, car elle veut être la vie de toutes les créatures, mais les ingrates ne la laissent pas entièrement régner. Bref, vous vivrez toujours ensemble et tu lui tiendras éternellement compagnie en ne formant avec elle qu’une seule et même vie. 

            Je continuai après cela à suivre les actes accomplis par la Divine Volonté dans la Création, et comme elle est toujours dans l’acte de créer, en vertu de la conservation qu’elle exerce sans cesse en chaque chose créée, je la trouve toujours dans l’acte créateur afin de pouvoir dire avec des faits à toutes les créatures : « Combien je vous aime, et c’est réellement pour vous que je crée toute la machine de l’univers ! Oh ! reconnaissez combien je vous aime ! » Mais ce qui m’a le plus étonnée, c’était que le Fiat éternel m’attendait, qu’il me voulait dans l’acte créateur afin de pouvoir me dire : « Viens dans mon acte, faisons ensemble ce que je fais. » Je me sentais confuse et mon éternel amour Jésus me surprit en disant :

            Petite fille de mon Vouloir, courage, pourquoi cette confusion ? Dans ma Volonté, il n’y a pas ce qui est tien et ce qui est mien, l’acte de l’un doit s’unir à l’acte de l’autre pour n’en faire qu’un seul, et lorsque la créature entre dans notre Vouloir, elle demeure confirmée dans l’acte que mon Fiat est en train de faire. Son amour et son industrie amoureuse sont si grands qu’il veut pouvoir dire à la créature : « Nous l’avons fait ensemble. C’est ainsi que l’étendue du ciel, la lumière éclatante du soleil et tout le reste sont à toi et à moi, nous avons sur eux des droits communs. » Par conséquent, mon acte est toujours présent parce que je veux la créature toujours avec moi, elle dont l’amour est le seul objet de tous mes efforts et que je veux entendre me dire dans l’acte même que j’accomplis : « Je t’aime, je t’aime, je t’aime. » Ne pas avoir de « Je t’aime » dans une œuvre si grande et si merveilleuse, ne pas être reconnu, ce serait comme si notre amour connaissait la défaite. Mais non ! non! Parmi un si grand nombre de créatures, nous devons en trouver une qui aime et travaille avec nous, qui nous donne le petit échange afin que notre amour puisse trouver son épanchement et son bonheur de la part de la créature. Et en entrant dans notre Fiat, elle demeure confirmée et liée dans ses actes divins de telle sorte que sa vertu qui a le pouvoir de lier puisse unir Dieu et les créatures.

            Et dans la Création comme dans la Rédemption, il n’existe pas d’actes passés et tous les actes sont en action et présents ; car pour l’Être suprême, le passé et l’avenir n’existent pas. De sorte que ton Jésus est toujours dans l’acte d’être conçu, de naître, de pleurer, de souffrir, de mourir et de ressusciter. Tous mes actes continuent d’assiéger chaque créature sans jamais s’arrêter, de la submerger d’amour et afin d’épancher l’ardeur de mon amour je lui redis : « Vois, c’est uniquement pour toi que je descends du Ciel, que je suis conçu et que je viens au monde, et toi, viens te concevoir avec moi afin de renaître avec moi à une vie nouvelle que ton Jésus t’apporte ; regarde-moi, je pleure pour toi, je souffre pour toi, aie pitié de mes larmes et de mes souffrances, souffrons ensemble pour que tu répètes ce que j’ai fait et que tu modèles ta vie sur la mienne afin que je puisse te dire : ‘Ce qui est à moi est à toi et tu es la reproductrice de ma vie.’ » Et si je meurs, je lui demande de mourir avec moi, mais non pour la faire mourir, mais afin qu’elle renaisse de la vie même de celui qui l’aime tant. C’est ainsi que ma vie est continuellement répétée, car un amour passé ou futur ne me satisferait pas et ce ne serait ni l’amour ni la Rédemption d’un Dieu ; c’est l’acte présent qui a la vertu de blesser, de conquérir et de disposer la créature à offrir sa vie pour l’amour de celui qui est dans l’acte d’offrir sa vie pour elle. Mais il existe cependant une grande différence de la part des créatures : certaines m’écoutent et prennent comme un acte en action tout ce que nous avons fait, aussi bien dans la Création que dans la Rédemption ; elles forment leur vie avec nous et sentent couler dans leurs actes nos actes divins et tout leur parle de Dieu. Par contre, d’autres les considèrent comme des choses du passé, elles n’en conservent que la mémoire et la mémoire ne forme en elles ni la vie divine ni l’héroïsme de la sainteté. Prends par conséquent les choses telles qu’elles sont réellement, toujours en acte, afin de toujours t’aimer et de toujours m’aimer.

2.  19 mars 1933 — Nourriture que l’Être suprême donne à la créature, qui sert à faire grandir l’âme et à faire grandir la vie divine dans l’âme. La Divine Volonté dépositaire de tous et de toute chose.

Je suis toujours la proie du divin Fiat, son amour est si grand qu’il ne reste pas un instant sans nourrir ma pauvre âme, mais il me veut pour cela avec lui dans la puissance de ses actes pour préparer ensemble la nourriture qu’il veut me donner. En suivant ainsi ses actes, je m’arrêtai à celui de la création de l’homme et mon très grand bien Jésus me surprit en disant :

            Ma bienheureuse fille, notre suprême bonté ne se contenta pas d’aimer l’homme en mettant l’univers tout entier à sa disposition, mais afin d’épancher notre intense amour, nous avons produit nos divines qualités afin de nourrir son âme : puissance, sagesse, bonté, amour, sainteté, force d’âme constituaient sa nourriture divine et céleste. Chaque fois qu’il venait vers nous, nous annoncions notre céleste table pour le nourrir et le rassasier. Rien ne nous unit et ne nous identifie plus avec la créature que la nourriture qui devient en elle sang, chaleur, force, croissance et vie. Notre Divinité voulant la nourrir de nos divines qualités se faisait  chaleur, force, croissance et vie de la créature. Mais ce n’était pas assez. Digérée, cette nourriture ne faisait pas seulement grandir la créature toute belle et sainte avec les vertus de la nourriture qu’elle prenait, mais servait à faire grandir la vie divine qui ne s’adapte pas à la nourriture humaine, mais a besoin de cette nourriture divine pour grandir et former sa vie dans les profondeurs de l’intérieur de l’âme. Est-il possible de faire preuve d’un amour plus grand, d’une union plus intime et plus inséparable que d’offrir en nourriture notre Être divin, nos immenses et infinies qualités, pour que la créature grandisse à notre ressemblance ? Et qu’elle puisse ensuite nous administrer cette nourriture dans son âme pour ne pas nous laisser jeûner et pouvoir dire : Dieu nourrit l’âme, et moi avec la nourriture qu’il me donne, je nourris sa vie et je la fais grandir en moi. L’amour est alors satisfait lorsqu’il peut dire : « Tu m’as aimé et je t’ai aimé ; ce que tu as fait pour moi, je l’ai fait aussi pour toi. » Et comme nous savons que la créature ne peut jamais parvenir jusqu’à nous, nous lui donnons de ce qui est nôtre et nous sommes ainsi égaux entre nous, heureux et satisfaits, la créature et nous. Parce que l’amour vrai se sent heureux et satisfait lorsqu’il peut dire : « Ce qui est à toi est à moi. » Et ne crois pas qu’il en était ainsi seulement pour le premier homme. Ce que nous faisons une fois, nous le continuons toujours, nous sommes maintenant tout à la disposition des créatures.  Chaque fois qu’elle s’unit à notre Volonté, qu’elle se perd dans la nôtre et la laisse dominer, c’est une visite qu’elle rend à notre Être suprême ; et nous, nous allons la renvoyer à jeun ? Ah ! non, non seulement nous la nourrissons, mais nous lui donnons de ce qui est à nous afin qu’elle ait suffisamment de nourriture pour grandir comme le veut notre Vouloir, et pour que rien ne lui manque pour continuer à faire grandir en elle notre vie. Et pour qu’il ne lui manque rien, nous lui donnons même en surabondance, de sorte que s’il manque quelque chose, c’est toujours de la part de la créature et jamais de notre côté.

            Après quoi mon pauvre esprit continua à se perdre dans le divin Vouloir et mon toujours aimable Jésus ajouta :

            Ma bienheureuse fille, ma Divine Volonté est dépositaire de tout ce qui a été fait par nous et de tout ce que les créatures ont fait. Rien ne manque, pas même une pensée, une parole, les plus grandes œuvres comme les plus petites, les pas, les souffles, les souffrances, tout y est en dépôt. Tout ce que tu fais prend place dans ma Volonté et tu ne peux rien cacher, car elle te comprend dans son immensité, et avec sa puissance elle est actrice de tout ce que tu fais et ses droits divins la rendent maître de posséder, de connaître et de conserver l’œuvre entière de toutes les générations humaines, de les récompenser et de les châtier selon ce qu’elles méritent. Sa bonté et sa puissance sont telles qu’elle ne perd pas une étoile, pas un rayon de lumière du soleil, pas une goutte d’eau de la mer, et elle ne perd donc pas non plus une seule pensée de la créature. Elle le voudrait qu’elle ne le pourrait pas, car son omniscience la trouve en acte dans sa Volonté. Oh ! si les créatures pouvaient comprendre qu’une Divine Volonté reçoit en dépôt tout ce qu’elle fait et pense, oh ! comme elles veilleraient à ce que tout soit saint et droit ; et elles appelleraient la Volonté suprême à être la vie de tout ce qu’elles font pour ne recevoir aucun jugement négatif sur leurs actes qui demeureraient en dépôt dans le divin Vouloir comme des actes que personne ne peut avoir la témérité de juger, et ce seraient des actes du divin Vouloir à l’œuvre dans la créature.

            De plus, comme la Divine Volonté est dépositaire de tous et de toutes choses, la volonté humaine est elle aussi dépositaire de ses pensées, paroles, pas, œuvres, etc., et elle ne perd rien de ce qu’elle fait ; tout forme une seule et même chose avec elle et chaque parole, souffrance, pensée demeure marquée en elle d’un caractère indélébile ; tout demeure écrit et scellé et si la mémoire peut avoir oublié bien des choses, la volonté retient tout et ne perd rien, de sorte qu’elle est dépositaire et porteuse de tous ses actes. Ainsi le divin Vouloir est dépositaire de tous et de toutes choses, et la volonté humaine est dépositaire et porteuse d’elle-même. Quel triomphe ce sera éternellement, quel honneur et quelle gloire pour la créature qui a agi et pensé dans la piété ! Et quelle confusion pour celle qui a déposé dans la volonté humaine péchés, passions, œuvres indignes, et s’est faite porteuse de ses propres maux ! Et si ses maux sont très graves, elle deviendra la pâture des flammes éternelles ; si elles ont moins graves, elle sera la pâture des flammes purgatives. Le feu et les souffrances purifieront la volonté humaine salie, mais elle ne pourra pas restituer le bien et les saintes œuvres qu’elle n’aura pas faits. Par conséquent, sois attentive à cause de tout ce qui est écrit et que ni toi ni nous ne perdons. Chaque pensée, chaque mot aura sa vie éternelle et ce seront les amis fidèles et inséparables de la créature. Tu dois donc former tes bons et saints amis afin qu’ils puissent de donner la paix, le bonheur et la gloire éternelle.

3.    26 mars 1933 — La petitesse dans la Divine Volonté. Comment Dieu accomplit gratuitement les plus grandes œuvres. Exemple, la Création et la Rédemption, c'est-à-dire le Règne de la Divine Volonté. Dans l’Incarnation, les Cieux se sont abaissés.

            Je me sens assiégée, investie par la lumière du Vouloir éternel. Ma petitesse est telle que dans ma crainte, je ne fais que chercher à me cacher dans ce séjour céleste. Oh ! comme je voudrais détruire ma petitesse elle-même pour ne plus ressentir que le divin Vouloir, mais je comprends que je ne peux pas le faire et que Jésus ne veut pas qu’elle soit totalement détruite, car il la veut vivante afin de pouvoir vivre dans un Vouloir vivant et non pas mort, afin d’avoir son petit champ d’action dans ma petitesse qui petite, incapable et faible doit avec raison se prêter à recevoir la grande œuvre du divin Fiat. Dans ce séjour tout est parfois silence et paix, dans une sérénité où on ne sent pas le moindre souffle de vent. D’autres fois, une brise légère nous rafraîchit et nous fortifie, et le céleste Occupant, Jésus, se révèle et parle avec amour de son Palais, de ce qu’il a fait et de ce que fait son aimable et adorable Volonté. Et Jésus me dit :

            Ma petite fille de ma Divine Volonté, tu dois savoir que la petitesse de la créature nous sert d’espace où former nos œuvres et comme dans la Création, le rien nous permet d’appeler la vie dans nos plus belles œuvres. Nous voulons de cette petitesse qu’elle soit vide de tout ce qui ne nous appartient pas, mais vivante pour qu’elle puisse voir combien nous l’aimons, et sentir la vie des œuvres que notre Volonté développe en elle ; tu dois par conséquent être heureuse de ta petitesse sans en être maître, car c’est le grand sacrifice et l’héroïsme de celle qui vit dans la Divine Volonté de se sentir vivante et de se soumettre à son règne divin afin qu’elle puisse faire ce qu’elle veut, quand elle le veut et tant qu’elle le veut ; c’est là le sacrifice des sacrifices, l’héroïsme des héroïsmes. Cela te semble-t-il peu de chose pour une créature de sentir la vie de sa propre volonté sans qu’elle puisse s’en servir, comme si elle n’en avait pas le droit, de perdre volontairement sa propre volonté afin qu’elle puisse servir ma Volonté en lui donnant tous les droits ?

            Jésus garda le silence puis, comme s’il lisait certains doutes dans mes pensées sur la Divine Volonté, il ajouta :

            Ma fille, les plus grandes œuvres accomplies par notre Être suprême ont toutes été faites gratuitement, sans nous préoccuper du mérite de la créature ou de ce qu’elle pourrait nous dire. Pour que nous nous préoccupions de cela avant d’agir, il aurait fallu nous attacher les bras et ne plus travailler ; et même si les ingrates créatures ne nous glorifient pas et que nous n’avons pas le bien de nous voir glorifier et louer par nos propres œuvres, une seule de nos œuvres nous glorifie plus que toutes les œuvres ensemble sorties de toutes les générations humaines ; un seul acte accompli par notre Volonté emplit le Ciel et la terre et avec sa vertu et sa puissance régénératrice et communicative, il régénère pour nous tant de gloire infinie qu’il est à peine donné aux créatures de le comprendre.

            En fait, quel mérite l’homme pouvait-il avoir pour la création du ciel, du soleil et de tout le reste ? Il n’existait pas encore et rien ne pouvait nous parler. Si bien que la Création fut une grande œuvre de merveilleuse magnificence de Dieu, et toute gratuite. Et la Rédemption, crois-tu que l’homme la méritait ? Tout était gratuit, et si l’homme nous priait, c’était parce que nous lui avions fait la promesse d’un Rédempteur à venir. Ce n’est pas lui qui fut le premier à nous le dire, mais nous-mêmes. C’était notre décret, entièrement gratuit, que le Verbe prendrait chair, et il a été accompli alors que le péché, l’ingratitude humaine parcouraient et inondaient la terre. Et s’il peut leur sembler qu’ils aient fait quelque chose, ce furent à peine des gouttelettes qui ne pouvaient mériter une œuvre si grande. Cela relève de l’incroyable qu’un Dieu se fasse semblable à l’homme pour le mettre en sûreté, et qu’il en arrive à l’offenser si grandement. À présent, la plus grande œuvre qui est de faire connaître ma Volonté pour qu’elle puisse régner parmi les créatures sera une œuvre toute gratuite et c’est une erreur de croire qu’il y aura un mérite de la part des créatures. Ah ! oui, il y en aura, comme les gouttelettes de mérite des Hébreux quand je suis venu les racheter, mais la créature est toujours la créature. Ce sera donc gratuitement qu’en l’inondant de lumière, de grâce et d’amour elle ressentira une force encore inconnue et sentira notre vie palpiter dans son âme de sorte qu’il lui sera doux de laisser régner notre Volonté. Notre vie existe encore dans l’âme, nous la lui avons donnée au commencement de la Création, mais elle est si réprimée et cachée que c’est comme si elle ne l’avait pas ; elle est comme le feu sous la cendre qui la recouvre si bien qu’elle ne sent pas le bienfait de sa chaleur. Mais que survienne un grand vent, les cendres sont emportées et le feu de sa vie est ressenti à nouveau. Ainsi le grand vent de la lumière de mon Fiat mettra en fuite les maux, les passions qui comme la cendre cachent la vie divine et, la sentant vivante, les créatures auront honte de ne pas avoir laissé régner notre Volonté. Ma fille, tout sera dit avec le temps et celles qui ne croient pas seront dans la confusion.

            Après quoi je suivis la Divine Volonté dans l’Incarnation du Verbe pour faire ma course d’amour, d’adoration et d’action de grâce dans cet acte si solennel, si rempli de tendresse et d’excès d’amour que le Ciel et la terre en restaient muets et tremblants, sans trouver les mots pour exprimer un amour aussi incroyable, et mon doux Jésus, avec une tendresse à briser le cœur, me dit :

            Très chère fille, dans mon Incarnation, l’amour était si grand que les Cieux se sont inclinés et la terre s’est élevée. Et si les Cieux ne s’étaient pas abaissés, la terre n’ayant pas la vertu de pouvoir s’élever, c’est le Ciel de notre Être suprême qui dans un excès d’amour, le plus grand qui fût jamais, s’est abaissé pour embrasser la terre et l’élever jusqu’à lui pour l’unir à lui-même pour avoir avec elle une vie commune, et former non seulement un excès d’amour, mais une chaîne continuelle d’excès, restreignant mon immensité dans le petit cercle de mon Humanité ; pour moi la puissance, la force et l’immensité étaient ma nature, et en faire usage ne m’aurait rien coûté. Ce qui me coûtait était que dans mon Humanité, je devais restreindre mon immensité et être comme si je n’avais ni puissance ni force alors qu’elles étaient avec moi et inséparables de moi ; et je devais m’adapter aux petits gestes de mon Humanité uniquement par amour. Mon Humanité est descendue dans tous les actes humains pour les élever et leur donner la forme et l’ordre divins. L’homme, en faisant sa volonté, avait détruit en lui la voie et l’ordre divins, et ma Divinité recouverte par mon Humanité est venue refaire ce que l’homme avait lui-même détruit. Est-il possible de manifester un amour plus grand envers une créature si ingrate ? 

4.   2 avril 1933 — Comment le souffle et le battement de cœur de Dieu est le "Je t’aime"; son amour générateur et agissant. Le plus grand prodige est d’enclore sa vie dans la créature.

           Ma petite âme ressent le besoin extrême de vivre entre les bras du divin Fiat et comme je suis à peine nouveau-née, je suis faible et ne sais pas encore faire un pas, et si je voulais m’y essayer, je me tromperais et courrais le risque de me faire du mal. Par crainte de ce que je peux faire, je m’abandonne encore plus dans ses bras en disant : si tu veux que je fasse quelque chose, faisons-le ensemble parce que je ne sais rien faire toute seule ; et je sens alors en moi un courant continuel d’amour, un mouvement, un souffle qui n’est pas de moi, mais si bien fusionné en moi que je ne sais plus ce qui est à moi ou non, et toujours inquiète, mon souverain Jésus qui est toute bonté m’a surprise en disant :

            Ma bienheureuse fille, tu dois savoir que notre Être divin n’est rien d’autre qu’une substance toute d’amour, si bien que toute chose, en nous comme en dehors de nous est amour ; notre souffle est amour et l’air que nous respirons est amour, et notre palpitation d’amour forme la circulation d’un pur amour dans notre Être divin dans une course qui jamais ne s’arrête, et comme cette circulation conserve notre vie dans un pur et parfait équilibre d’amour, elle donne à tous de l’amour et voudrait que tous lui donnent de l’amour ; et rien de ce qui n’est pas amour ne peut pénétrer en nous ni trouver un endroit où se placer, car la plénitude de notre amour brûlerait tout ce qui n’est pas pur et saint amour. Mais qui dirige cette vie toute d’amour ? : la lumière, la sainteté, la puissance, la clairvoyance et l’immensité de notre Volonté qui remplit le ciel et la terre de notre Être suprême, de telle sorte qu’il n’existe pas de lieu où elle ne se trouve, où elle ne sait rien faire d’autre qu’aimer et donner de l’amour ; mais cet amour de notre Volonté n’est pas stérile, non, non, il est fécond et génère continuellement, il est à l’œuvre et par un simple souffle d’amour, il forme les plus belles et les plus merveilleuses des œuvres, des prodiges inouïs, si bien que devant la plus petite de ces œuvres toutes les sciences humaines se retrouvent ignorantes, confuses et réduites au silence. Écoute, ma bonne fille, le grand prodige de notre vie dans la créature dont aucun amour et aucune puissance ayant jamais existé ne peuvent se vanter de dire : « Je peux me dédoubler et tout en restant ce que je suis, je peux former une autre vie de moi-même dans une personne que j’aime. » Ce serait une folie et une absurdité de le dire, car aucun Ange ni aucun saint ne possède ce pouvoir. Dieu seul, ton Jésus, possède ce pouvoir parce que notre Être est plénitude, il est totalité, il est toute chose et emplit toute chose, et dans l’immensité où il se trouve, qui comprend toute chose, il respire, et d’un seul souffle nous formons notre vie divine dans la créature, et notre Volonté la domine, la nourrit, la fait grandir et forme le grand prodige d’enclore notre vie divine dans le petit cercle de l’âme de la créature. C’est pourquoi notre continuel « Je t’aime » est à nous, il est le souffle de notre vie, il est le battement de cœur qui ne peut palpiter qu’en disant « Je t’aime, je t’aime, je t’aime », ce qui sert à maintenir notre vie qui ne sait rien faire d’autre qu’aimer, donner de l’amour et vouloir être aimée ; et comme ce « Je t’aime » qui est à nous est aussi le tien, que lorsque nous te donnons de l’amour, tu nous donnes aussi de l’amour et que notre « Je t’aime » est fusionné avec le tien, il se rencontre lui-même et se sent comme un seul « Je t’aime » alors qu’ils sont deux et qu’en se ravissant l’un l’autre, ils n’en forment plus qu’un. Mais qui peut sentir cette vie divine palpiter en elle ? La créature qui vit dans notre Volonté ; elle ressent notre vie, nous ressentons la sienne, et nous vivons ensemble. Toutes les autres créatures l’étouffent et vivent comme si elles ne pouvaient pas l’avoir, et mon amour donne sans recevoir, et je vis en elles dans un douloureux délire amoureux, sans même que ces créatures sachent que je suis elles. Par conséquent, sois attentive et que tes « Je t’aime » soient continuels, car ils ne sont rien d’autre pour moi qu’un exutoire.

            Après quoi j’ai fait ma ronde dans la Création et en vertu de sa divine Immensité, je sentais sa vie palpiter dans les choses créées attendant avec un amour indescriptible le battement de cœur du « Je t’aime » de ma petitesse. Et je me disais : « Quelle différence y a-t-il entre la manière dont Dieu est dans la Création et dans la créature ? » Et mon toujours aimable Jésus, toute bonté, me dit :

            Ma fille, il y a une grande différence. Notre Divinité dans les choses créée est dans l’acte de création et de conservation, sans ajouter ni retirer quoi que ce soit à ce qui a été fait parce que chaque chose créée possède la plénitude du bien qu’elle contient ; le soleil possède la plénitude de la lumière, le ciel, la totalité de l’extension de son manteau azuré, la mer, la plénitude des eaux, etc., et ils peuvent dire : nous n’avons besoin de rien, car telle est notre abondance que nous pouvons donner sans jamais nous épuiser, et nous rendons par conséquent une gloire parfaite à notre Créateur. Par contre, dans la créature, notre acte divin est créateur, conservateur, opérant et croissant ; notre amour ne lui a jamais dit que c’était suffisant, non, mais il veut toujours donner et opérer des choses nouvelles, et si la créature correspond à notre amour, notre vertu créatrice est toujours en mouvement pour lui donner tantôt un amour nouveau, tantôt une lumière, une science, une sainteté nouvelle, et notre vertu opérante ne s’arrête jamais ; toujours nous voulons donner et en donnant nous œuvrons. En créant les créatures, nous avons ouvert un commerce entre le ciel et la terre dont l’activité consiste pour nous à donner, et pour elle à recevoir ; de plus nous voulons qu’elle travaille avec nous, car nous ne voulons pas être seuls. Si nous étions capables de souffrir, cela gâterait notre bonheur si nous ne pouvions pas l’avoir avec nous. Ainsi la créature se trouve sous la pluie de notre amour et de notre acte créateur, conservateur, opérant et croissant.

5.   9 avril 1933 — L’amour divin est si grand qu’il arrive à s’épuiser dans son œuvre. Jalousie de la Divine Volonté. La petite voie de la créature dans la Divine Volonté.

           Le divin Vouloir continue de toujours s’étendre autour de moi et en moi, et la jalousie de sa merveilleuse lumière est telle que rien ne peut pénétrer en moi sinon ce qui vient de lui, afin de me rendre complète et d’accroître la vie de la Divine Volonté, de me faire voir ses voies divines pour que je puisse les copier, de m’administrer le nécessaire afin de pouvoir me dire :  « Les œuvres de notre fille sont petites parce que la créature ne pourra jamais nous atteindre, mais ce sont des œuvres modèles et qui ressemblent aux nôtres. » Mon esprit suivait la lumière de la Divine Volonté lorsque mon Jésus, tout amour, visitant ma pauvre âme, me dit :

            Ma fille, un acte est terminé lorsque celui qui y travaille accomplit en lui tout ce qui est nécessaire à son accomplissement. S’il manque quelque chose ou si on peut y ajouter quoi que ce soit, on ne peut pas dire que ce travail est terminé. C’est toujours ainsi que nous travaillons, en mettant tout ce nous pouvons mettre d’amour, de puissance et de beauté afin que l’œuvre qui sort de nos mains soit terminée, complète et parfaite. Ce n’est pas que nous nous épuisions nous-mêmes, car l’Être suprême n’est jamais épuisé, mais c’est que dans l’œuvre que nous avons faite, nous n’avons plus rien à y mettre pour qu’elle soit complète et que si nous voulions y mettre davantage, ce que nous pouvions ajouter aurait été inutile, sinon nuisible. C’est cela que nous avons fait dans l’œuvre de la Création, de la Rédemption, et avec les desseins que nous avons pour la sainteté de chaque créature. Qui peut dire qu’il manque quelque chose à la Création ? Qui peut dire que notre amour à l’œuvre dans la Rédemption ne s’est pas épuisé, si grand qu’il y en a encore d’interminables mers que les créatures peuvent prendre et qu’elles n’ont pas encore prises, et que ces mers refluent autour d’elles parce qu’elles veulent apporter leurs fruits, les cacher dans leurs vagues afin que l’amour, les œuvres, les souffrances infinies du Dieu humanisé puissent prendre vie en elles ? Nous ne sommes satisfaits qu’après nous avoir épuisés et c’est l’amour épuisé qui nous apporte le repos et le bonheur, mais si nous avons autre chose à donner ou à faire dans nos œuvres, cela nous garde éveillés, nous sommes aux aguets, notre Être divin est tout entier sur ce que nous sommes en train de faire pour donner, même au point de ne pas trouver l’acte complet dans la plénitude de notre épuisement. Dans la Création et dans la Rédemption, il n’y avait pas de luttes ni d’empêchements à notre épuisement pour accomplir nos œuvres parce que l’œuvre ne dépendait de personne, aucune volonté humaine n’y participait qui pouvait nous empêcher de nous épuiser comme nous le voulions. Toute lutte vient de la part des créatures pour chaque dessein de sainteté que nous voulons accomplir en elles et, oh ! quelles difficultés elles nous causent lorsque la volonté humaine refuse de s’unir à la nôtre, si elle ne se remet pas entre nos mains pour que nous puissions la conduire comme nous le voulons afin d’achever nos desseins et de nous épuiser nous-mêmes en formant un Acte complet. Ah ! nous ne pouvons pas donner ce que nous voulons, si ce n’est des miettes et des étincelles de notre amour parce que la volonté humaine est toujours en train de nous rejeter et de nous livrer combat. Aussi, lorsque nous trouvons une volonté qui s’y prête, c’est avec abondance et surabondance que nous donnons, que nous veillons sur elle mieux qu’une mère sur son enfant pour la faire grandir belle et attirante, afin de former la gloire et l’honneur de l’enfant et le bien du monde entier. Ainsi, nous ne la quittons pas un instant, nous donnons toujours, nous la tenons toujours occupée pour ne pas lui laisser le temps de s’occuper d’autre chose afin de pouvoir dire : « Tout est à nous », nous pouvons nous épuiser sur cette créature, et comme notre amour est plaideur, c’est avec justice qu’elle veut mettre dans tous ses actes tout ce qu’elle peut, tout son amour, toute sa vie, afin de pouvoir dire : « Tu t’es épuisé pour moi, si bien que je ne peux même contenir tout ce que tu m’as donné, et je veux moi aussi m’épuiser pour toi. » Et la créature se modèle donc sur nos œuvres et elle copie nos actes divins. D’où la jalousie de la Divine Volonté, la lumière qui toujours brille en toi et autour de toi parce qu’elle veut que tout soit à elle, et bien qu’alors que ta volonté se sent vivante, elle ne doit pas avoir de vie pour que ma Volonté forme sa vie en elle et complète ses actes divins. Pouvant ainsi me vanter d’avoir donné tout ce que je voulais donner, je me suis épuisé dans cette créature et elle s’est épuisée pour moi. Il n’est pas de bonheur plus agréable, de fortune plus grande que cet épuisement mutuel entre Dieu et la créature. Mais qu’est-ce qui peut produire tout cela ? Un acte complet de notre Volonté agissante.

            Après quoi je continuai mes actes dans la Divine Volonté et en les suivant, j’arrivai en Éden où l’Amour divin  m’arrêta, et mon souverain Jésus me dit :

            Ma bienheureuse fille, notre Être divin est lumière très pure et nos Attributs sont autant de Soleils tous distincts les uns des autres, mais unis ensemble et inséparables pour former notre couronne. À sa création, la créature s’est trouvée dans ces immenses Soleils pour y former sa petite voie. Et qui peut former cette petite voie ?: la créature qui vit dans notre Volonté alors que nos divins attributs s’alignent à sa droite et à sa gauche pour lui indiquer le chemin afin de guider ses pas pour qu’elle puisse former sa petite voie, et sur sa route recueillir des gouttes de lumière dont elle demeure couverte et qui sont un enchantement, car elle se nourrit de cette lumière qui l’embellit, et elle ne comprend ni ne sait comment parler autrement que dans cette lumière. Mes Attributs entourent et aiment cette créature comme la pupille de leurs yeux et ils sentent sa vie en eux et leur vie en elle, et ils se donnent la tâche de la rendre aussi belle qu’ils le peuvent et de ne pas la laisser dévier d’un pas du chemin qu’ils ont formé dans cette interminable lumière. Si bien que pour la créature qui vit dans notre Volonté, on peut appeler cette voie petite dans le temps. Mais dans l’Éternité, ce ne sera plus la petite, mais la longue voie, ou plutôt la voie qui ne finit pas, parce que la lumière est sans fin et ces créatures seront toujours sur la voie pour recevoir de cette lumière sans fin des beautés, des joies et des connaissances nouvelles. Notre Amour s’est manifesté plus que jamais dans cet Éden en créant l’homme et, finalement, pour le mettre plus en sécurité, nous avons formé sa voie en l’éclairant de la lumière de nos Attributs, mais il en est sorti parce qu’il ne voulait pas faire notre Volonté. Mais notre bonté était telle qu’elle n’a pas fermé cette voie en la laissant ouverte pour celle qui veut vivre uniquement dans notre Divine Volonté.

6.   16 avril 1933 — Comment Dieu en chaque chose créée veut toujours nous dire « Je vous aime ». Comment Jésus a toujours placé dans tous les actes de sa vie l’amour, les conquêtes, les triomphes.

           Je faisais mes rondes dans le divin Vouloir. Je me sens comme un petit papillon qui tournoie dans sa lumière et son ardent amour, espérant toujours que j’y resterai brûlée et consumée dans sa divine lumière pour me sentir une seule chose avec sa Très Sainte Volonté, et comme je pars du premier point de la Création, j’y trouve toujours de nouvelles surprises d’amour qui me laissent ébahie, et mon Très Haut Jésus, afin de me faire mieux comprendre, me dit :

            Ma fille, puisque tu aimes ton séjour dans les actes de notre Être suprême dans la Création, je me sens ravi et contraint par mon amour de te raconter l’histoire d’amour que nous avons eue dans la Création et tout ce que nous avons fait par pur amour pour les créatures, car venir dans nos actes, c’est comme entrer dans notre maison et ne rien dire de tous ces actes serait comme te renvoyer à jeun, ce que notre amour ne sait pas et ne veux pas faire. Tu dois donc savoir que notre Fiat a étendu cette voûte azurée que notre amour a constellée d’étoiles, mettant en chacune un acte d’amour continuel pour les créatures, si bien que chaque étoile peut dire : « Ton Créateur t’aime et ne peut jamais cesser de t’aimer, et nous sommes ici sans jamais bouger afin de pouvoir te dire ‘Je t’aime, je t’aime’ » Mais notre Fiat a aussi créé le Soleil qu’il a rempli de tant de lumière afin de pouvoir éclairer toute la terre ; et notre amour, en compétition avec le Soleil, l’a rempli d’effets innombrables : effets de douceur, variété de beautés, de couleurs, de goûts et seule la terre, parce qu’elle est touchée par cette lumière, reçoit ces admirables effets de vie. Il redit son admirable et incessante petite chanson : je t’aime avec mon amour de douceur, je t’aime et je veux te rendre belle, je veux t’embellir de mes divines couleurs et si j’embellis les plantes pour toi, je te veux plus belle encore. Sache que dans cette lumière, je descends vers toi pour te dire avec force que je t’aime, et je tends l’oreille pour t’entendre me dire « Je t’aime ». Je peux dire que le Soleil est rempli de mes continuels « Je t’aime ». Mais hélas ! La créature ne m’accorde aucune pensée et ne fait pas attention à notre amour manifesté de tant de façons que cela suffirait à la noyer et à la consumer d’amour. Mais nous n’arrêtons pas, notre Fiat continue. J’ai créé le vent et notre amour le remplit de ses effets pour que la fraîcheur, les tourbillons, le sifflement, les gémissements, les fracas du vent soient des « Je t’aime » répétés que nous disons à la créature. Dans la fraîcheur et les tourbillons, nous lui soufflons notre amour, et même dans les gémissements et les hurlements du vent nous redisons notre amour incessant. La mer, la terre ont été créées par notre Fiat, les poissons, les plantes qu’elles produisent sont des effets de notre amour qui répète puissamment en chaque chose que je vous aime. Je vous aime en toute chose, je vous aime en vous, et mon amour est si grand, oh ! ne me refusez pas votre amour. Et il semble pourtant que les créatures n’aient pas d’oreilles pour nous entendre ni de cœur pour nous aimer. Par conséquent, lorsque nous trouvons une créature qui nous écoute, nous la gardons afin de pouvoir épancher notre amour avec une petite secrétaire de l’histoire de la Création.

            Après quoi il garda le silence et je continuai dans les actes de la Divine Volonté pour arriver à la Rédemption, et mon Jésus bien-aimé ajouta : 

            Ma bienheureuse fille, écoute encore ma longue histoire d’amour. Je pourrais dire que c’est une interminable chaîne d’amour incessant et jamais interrompu. Après tout, j’ai créé la créature afin de l’aimer, de l’unir à moi, et ne pas l’aimer serait aller contre ma Volonté, j’agirais contre ma propre nature qui est tout amour. Je l’ai créée parce que j’éprouvais le besoin d’exprimer mon amour et lui faire entendre ce doux et continuel murmure : « Je t’aime, je t’aime, je t’aime. » Tu dois savoir que dès ma conception et durant tout le cours de ma vie, j’ai placé amour, conquête et triomphe dans tous les actes que j’ai accomplis. Mon œuvre était très différente de celle des créatures. Il était en mon pouvoir de faire ou de ne pas faire, de souffrir ou de ne pas souffrir. Ma clairvoyance ne me cachait rien et j’ai d’abord mis ma Volonté dans mes actes, la plénitude de sainteté, la plénitude d’amour, la plénitude de tous les biens, et avec pleine connaissance, j’ai œuvré ou j’ai souffert selon ce que moi-même je voulais, et je suis ainsi devenu le conquérant et le triomphateur de mes actes. Mais sais-tu pour qui j’ai réalisé ces conquêtes et ces triomphes ? Pour les créatures. Je les aimais tant et je voulais donner, je voulais être le Jésus conquérant, leur donner moi-même mes conquêtes et mes triomphes pour faire leur conquête. Si bien que ma vie ici-bas n’était rien d’autre qu’un acte d’amour continuel et héroïque pour qui les conquêtes et les triomphes ne sont jamais suffisants afin de rendre mes enfants heureux. Et j’ai fait cela pour toute chose. Je possédais la vertu de pouvoir me rendre d’une ville à l’autre sans faire usage de mes pas, mais je voulais marcher et je courais, je courais afin de mettre dans chacun de mes pas mon amour, et en chacun d’eux je me faisais conquérant et triomphateur de mes pas. Oh ! si les créatures avaient prêté attention, elles auraient senti dans mes pas ce cri continu : « Je cours, je cours à la recherche des créatures pour les aimer et être aimé. » Ainsi, lorsque je travaillais avec saint Joseph pour nous procurer les nécessités de la vie, c’est l’amour qui courait, ce sont des conquêtes et des triomphes que je remportais, parce qu’un seul Fiat aurait suffi à tout mettre à ma disposition, et voyant que je me servais de mes mains pour un petit profit, les cieux en étaient stupéfaits, les Anges demeuraient ravis et muets de me voir m’abaisser aux plus humbles actions de la vie, mais mon amour y trouvait son épanchement, il débordait dans mes actes, et j’étais toujours le divin conquérant et triomphateur. Je n’avais pas besoin de prendre de la nourriture, mais j’en prenais par amour et pour faire de nouvelles conquêtes et de nouveaux triomphes. Je m’adonnais ainsi aux choses les plus humbles et les plus basses de la vie, ce qui n’était pas nécessaire pour moi, mais je l’ai fait afin de former ainsi autant de manières distinctes de faire courir mon amour, de former des conquêtes et des triomphes nouveaux sur mon Humanité afin de les donner à celles que j’aime tant, et c’est pourquoi la créature qui ne m’aime pas forme mon plus douloureux martyre et crucifie mon amour. Une seule de mes larmes, un seul soupir aurait suffi pour former la Rédemption, mais mon amour n’aurait pas été satisfait. Étant capable de donner et de faire plus, mon amour serait demeuré empêché en lui-même et il n’aurait pas pu se glorifier de dire : « J’ai tout fait, j’ai tout donné, j’ai tout souffert. Je vous ai tout donné, mes conquêtes sont surabondantes, mon triomphe est complet. » Je peux dire que j’en suis même venu à confondre l’ingratitude humaine par mon amour, par mes excès et des souffrances inouïes. C’est pourquoi j’ai mis moi-même en chaque souffrance l’intensité de la plus amère et de la plus intense douleur, les plus humiliantes confusions, la plus cruelle barbarie, et après avoir chargé pour moi ces souffrances des plus douloureux effets, tels que seul un homme Dieu pourrait endurer, je me suis présenté pour en souffrir et, oh ! les admirables conquêtes de mes souffrances et le complet triomphe que mon amour a obtenus. Personne n’aurait pu me toucher si je ne l’avais pas voulu et c’est là tout le secret, car mes souffrances étaient volontaires, voulues par moi, et elles contiennent par conséquent le secret miraculeux, la force conquérante, l’amour qui porte au remords, et elles possèdent la vertu de balayer le monde entier et de changer la face de la terre.

7.   23 avril 1933 — Comment la vie de Jésus a été un abandon continuel entre les mains du Père. La créature qui vit dans la Divine Volonté n’interrompt jamais sa marche. Exemple de l’horloge. Elle prend le ciel d’assaut. 

            Je continue à penser aux souffrances de mon Jésus passionné, et arrivée au dernier souffle de sa vie, je sentais résonner au plus profond de mon cœur : « Entre tes mains, Père, je remets mon esprit. » Ce fut pour moi la plus sublime leçon, le rappel de tout mon être entre les mains de Dieu, le plein abandon entre ses mains paternelles. Mon esprit était perdu dans ces réflexions quand mon Jésus douloureux visita ma petite âme et me dit :

            Ma bienheureuse fille, ma vie ici-bas a commencé comme elle s’est terminée et dès l’instant de ma conception mon acte était continuel. Je peux dire qu’à tout moment il me mettait entre les mains de mon Père céleste. C’était le plus bel hommage que son Fils puisse lui donner, la plus profonde adoration, le sacrifice le plus total et le plus héroïque, le plus intense amour de progéniture que pouvait lui donner mon plein abandon entre ses mains. Par la voix de mon Humanité qui demandait tout, j’obtenais tout ce que je voulais. Mon céleste Père ne peut rien refuser à son Fils unique abandonné entre ses bras. Mon abandon de chaque instant était l’acte le plus agréable, si bien que je voulais couronner le dernier souffle de ma vie par ces mots, « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » L’abandon est la plus grande des vertus, c’est une promesse à Dieu de s’abandonner entre ses mains, un abandon qui dit à Dieu : « Je ne veux rien savoir de moi-même, ma vie n’est pas à moi, mais à toi, et la tienne est à moi. » Par conséquent, si tu veux tout obtenir, si tu veux m’aimer en vérité, vis abandonnée entre mes bras, laisse-moi sentir à chaque instant l’écho de ma vie : abandonne tout entre mes mains, et je te porterai dans mes bras comme la plus chère de mes filles.

            Après quoi je suivais tout ce que la Divine Volonté avait fait et je sentais en moi des ordres les uns après les autres, et je devais les suivre. J’étais surprise et mon doux Jésus ajouta :

            Petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que celle qui fait ma Divine Volonté et vit en elle ne peut faire moins que d’avoir toujours présents en elle tous les actes accomplis par ma Volonté.  Elle contient tout en elle-même, elle est toujours en acte et contient tout ce qu’elle a fait, de sorte qu’il n’est pas étonnant que dans l’âme où elle règne ma Volonté contienne tous ses actes avec l’ordre tout entier qu’elle contenait en les créant. Et la créature peut avec facilité suivre ces actes un par un pour s’unir à eux, comme si elle voulait faire cela même que ma Volonté a fait. Si une créature se trouve avec ma Volonté, comment peut-elle s’abstenir de faire ce qu’elle fait et de placer dans un champ d’action, unissant avec ma Volonté son petit amour, son adoration, ses grâces, ses attentions et ses émerveillements pour des œuvres si grandes ? Tu dois donc savoir que ma Volonté donne le cordon à l’âme qui se prête à le recevoir et qu’avec ce cordon sont prises toutes nos œuvres. L’âme en suivant ce cordon se place à la lumière de toutes nos œuvres. Il en est comme pour l’horloge : si quelqu’un tire le cordon, les petites roues tournent, l’horloge marque les minutes et les heures, et celui qui la possède a le privilège de connaître toutes les heures du jour. Mais si l’on ne tire pas le cordon, l’horloge ne marque rien et c’est comme si elle n’était pas en vie, et celui qui la possède n’a pas le privilège de connaître les heures de la journée. Nous pouvons appeler notre horloge l’âme qui laisse régner en elle notre Volonté. Nous lui donnons le cordon et elle marque les minutes et les heures de nos œuvres, elle a le bien de connaître les heures du jour de notre Divine Volonté. Si une âme tire le cordon, l’horloge continue son tic-tac jusqu’à la fin du cordon lui-même et elle n’interrompt pas sa marche, de sorte que l’âme qui reçoit le cordon de ma Volonté doit la faire marcher, et si elle veut l’arrêter, elle en est incapable parce que le cordon met en action les petites roues de son âme et la fait aller de l’avant dans le grand jour des heures de nos œuvres. Par conséquent, sois attentive pour recevoir le bien de ce divin cordon si tu veux connaître les heures du jour du Fiat suprême. 

            D’autant plus que si l’âme se dispose à faire ma Volonté et à la suivre, tout ce que ma Volonté a fait cherche à entrer dans cet acte parce que son Acte étant unique, elle n’a pas d’actes détachés et par conséquent tout ce qu’elle a fait dans l’ordre de la Création, de la Rédemption, dans les Anges et dans les Saints, ma Volonté l’enferme dans l’œuvre de la créature qui œuvre en elle, parce que si elle se donne, ma Volonté ne se donne pas à moitié, mais tout entière ; tout comme le Soleil qui se donne à la terre ne se donne pas à moitié, mais tout entier avec la plénitude de sa lumière et il se produit des merveilles sur la face de la terre. Ainsi ma Volonté, si la créature l’appelle pour être la vie de ses actes, se donne avec la plénitude de sa lumière, de sa puissance et de sa sainteté dans ses œuvres. Si elle n’apportait pas tout avec elle, ma Volonté entrerait dans la créature et dans ses actes comme un Roi sans cortège, sans armée et sans puissance créatrice, et rendrait ainsi inopérantes les merveilles que nous pouvons accomplir. Ah ! non, non. La créature qui œuvre dans notre Volonté doit pouvoir dire : « Je prends en main le ciel, je prends d’assaut le ciel et je le place dans mon acte. »

8.  29 avril 1933 — La créature qui fait la volonté humaine prend la terre, et celle qui fait la Volonté divine prend le ciel. Comment Jésus sait pratiquer tous les arts. Le plaisir qu’il prend dans son travail. Comment la créature est la noble Princesse qui descend des hauteurs du ciel.

           Mon abandon dans le divin Fiat continue. Je sens que vivre en lui est pour moi d’une extrême nécessité et que si je ne le faisais pas ce serait comme si je n’avais plus la terre sous mes pieds, le ciel par-dessus ma tête, l’air pour respirer, le soleil pour m’éclairer et me réchauffer, la nourriture pour me nourrir ; comment ferais-je alors pour vivre ? Et si je pouvais vivre, combien ma vie serait malheureuse ! Mon Dieu, épargne-moi de vivre un seul instant en dehors de ta Volonté. Je pensais cela lorsque mon toujours aimable Jésus me fit une petite visite et me dit :

            Ma fille, vivre en dehors de ma Volonté c’est vivre sans connexion avec la vie divine, en dehors du Ciel, comme si l’âme ne pouvait pas avoir d’amitié, de relations avec le Père céleste. On peut dire alors que si l’âme sait qu’elle a un Père, elle ne le connaît pas, qu’elle vit loin de lui, et que par conséquent elle ne participe pas à ses biens divins, d’autant plus que chaque acte de la volonté humaine qu’elle accomplit prend toujours de la terre, qu’elle le sait et aime cela, et qu’elle participe ainsi au malheur que produit la terre qu’elle continue à acquérir par ses actes humains. Si bien que la volonté humaine sans connexion avec le Divin ne sait que produire beaucoup de terre qui sème les passions, les épines, les péchés et accumule les misères et les tristesses qui affligent sa vie. Chaque acte de la volonté humaine ne fait que ramasser un peu de terre. Par contre, avec chaque acte accompli dans ma Volonté, la créature perd la terre humaine et acquiert celle du ciel, de sorte que chacun de ses actes prend de ce qui est du ciel et elle agrandit ainsi ses propriétés célestes. Et c’est moi qui répands alors la semence en me faisant le céleste Fermier qui sème les plus belles vertus ; je fais d’elle mon séjour, mon refuge, mes délices, et je ne vois guère de différence entre vivre au ciel parmi les Saints dans les célestes Régions et vivre dans le ciel de cette créature. J’éprouve même encore plus de plaisir à être dans le ciel de la volonté humaine sur la terre parce que j’ai chez elle du travail à faire pour magnifier encore plus ce ciel, et que je peux y faire de nouvelles acquisitions, recevoir un amour nouveau, et bien que le travail soit un sacrifice, il possède cependant la vertu de produire de nouvelles inventions, de nouvelles beautés, des arts nouveaux. C’est du travail que surgissent les œuvres les plus étonnantes, les sciences les plus hautes et les plus profondes, et moi qui comprends tous les arts et toutes les sciences, je travaille dans ce ciel pour y former les œuvres les plus belles, les inventions les plus nouvelles et les plus artistiques, et j’y communique les sciences les plus hautes et les plus profondes. Si bien que tantôt je me fais le Maître qui enseigne les sciences les plus sublimes, tantôt l’Artisan qui forme dans ce ciel des statues vivantes et tantôt le Fermier, et mes mains créatrices changent, transforment la petite terre de la créature en un ciel. J’éprouve un grand plaisir à exercer tous les arts et je m’amuse si bien que j’accomplis tantôt une œuvre et tantôt une autre, tantôt j’invente des choses nouvelles et ces nouveautés m’apportent toujours plus de plaisir, plus d’enthousiasme et plus de gloire ; et ces ciels terrestres serviront aussi de surprises et de satisfactions nouvelles à toute la Cour céleste. Je peux tout faire là où ma Volonté règne comme vie de la créature ; elle devient dans ma main une matière première me permettant de développer mes œuvres divines, et le fait de pouvoir travailler est pour moi la chose la plus agréable en alternance avec le plus doux repos. Au ciel, dans ma céleste Patrie, il n’y a pas de travaux, ni de ma part ni de la part des créatures : « Mon œuvre est terminée, ce que j’ai fait est fait, et je ne peux ajouter une seule virgule à mon œuvre ou à ma sainteté ; et je ne peux pas faire de nouvelles conquêtes dans leurs âmes parce que la mort prononce la confirmation et ces âmes ne peuvent pas faire un pas de plus en avant. Il n’y a par conséquent pas d’œuvres dans la céleste Patrie, mais tout y est triomphe et gloire. Je peux dire que je donne des bonheurs nouveaux, des joies et des béatitudes continuelles et que le ciel tout entier est dans un ravissement ; mais dans les âmes, il ne m’est pas donné de faire de nouvelles acquisitions. C’est pourquoi le ciel de la terre me plaît plus, parce que les conquêtes, les œuvres, les saveurs que je trouve dans le ciel terrestre du vouloir humain ne peuvent pas se trouver là où il n’y a que triomphe et gloire, même dans les régions de ma céleste Patrie. Par conséquent sois attentive à ne jamais sortir de ma Volonté, et je te promets que je ne n’arrêterai jamais mes œuvres divines dans ton âme. »

            Après quoi je continuai à penser au grand bien que la Divine Volonté apporte à la créature, et mon souverain Jésus ajouta :

            Ma bienheureuse fille, tu dois savoir que notre amour de la créature et notre désir de l’avoir avec nous sont tels qu’à peine créée, nous lui avons assigné une place royale dans notre Divine Volonté. Chaque créature possède ainsi sa place d’honneur dans notre divin Palais de sorte que son commencement, son premier acte de vie, dans l’éternité comme dans le temps, est dans notre Fiat. Elle n’était pas dans le monde que déjà nous l’aimions, et non seulement nous la regardions avec plaisir en lui accordant sa place, mais nous lui avons donné en cortège notre amour, notre sainteté, notre puissance, notre lumière et notre beauté. Elle est la noble princesse qui descend des hauteurs du ciel pour s’en aller en exil, mais notre Vouloir ne la quitte pas, il descend avec elle, il l’accompagne dans son exil et en chaque acte qu’elle accomplit, dans ses souffrances, dans ses joies ou dans ses rencontres, il place en premier son acte divin de sorte qu’elle conserve sa noblesse et son état de princesse. Et après l’avoir comblée de tous les biens, au point qu’il ne lui reste plus d’espace où mettre d’autres biens, elle remonte vers le ciel, dans les hauteurs des sphères, et en triomphateur il la présente à toute la Cour céleste. Voilà ce que ma Divine Volonté veut faire et voilà ce qu’elle est capable de faire avec la créature. Mais à notre grande tristesse, nous voyons qu’en descendant en exil, elle ne pense plus à son poste royal ni à la noblesse de son origine et qu’elle voudrait échapper à notre Volonté qui mieux qu’une tendre Mère la porte dans ses bras, et nous voyons que la créature, se servant des portes des sens que nous lui avons donnés, descend dans les profondeurs de sa volonté humaine. Les portes que nous avions données pour remonter vers nous afin qu’après l’exil elle puisse s’échapper dans le sein de son Créateur, elle s’en sert plutôt pour fuir dans les misères, les faiblesses et les passions qui la rendent ignoble ; elle ne se voit plus comme la princesse du ciel, mais comme la servante de la terre. Malgré cela nous ne fermons pas nos portes qui sont notre amour, notre paternelle Bonté, notre miséricorde, les espérances que nous avons, et dès que nous voyons qu’elle ferme ses propres portes pour venir dans notre Volonté, nous allons vers elle, nous ouvrons toutes grandes nos portes et en la voyant belle et misérable avec ses habits de Princesse sales et déchirés, nous ne lui faisons pas de reproches, mais avec une Compassion toute paternelle nous lui disons : « Où es-tu allée ? Pauvre fille, à quoi tu as été réduite. Vois-tu tout le mal que tu as fait en vivant dans les profondeurs de ta volonté humaine, séparée de la nôtre ? Tu as marché sans guide, sans lumière, sans nourriture, sans défense. Aussi, ne recommence plus afin qu’en retraçant ton chemin tu refasses le bien perdu. » Nous savons que la créature sans notre Divine Volonté ne peut faire aucun bien ; c’est comme si elle voulait regarder sans avoir des yeux, marcher sans avoir de pieds, vivre sans nourriture. Par conséquent, sois attentive et ne sors jamais de notre divin Vouloir si tu veux trouver la force, la lumière, le soutien et avoir ton Jésus lui-même à ta disposition.

9.  7 mai 1933 — La volonté symbolise le souffle qui tantôt enflamme et tantôt éteint. La Divine Volonté pourvoyeuse de ses actes dans les actes de la créature.

           Mon abandon continue dans le divin Vouloir et mon esprit est souvent sous l’emprise de deux courants, c'est-à-dire celui du grand bien de la Divine Volonté qui élève l’âme au-dessus de toute chose et la porte dans les bras de son Père céleste, là où tout est joie, fête et sourires divins qui font oublier à l’âme enivrée la terre et toutes ses misères, car dans la Divine Volonté, même le souvenir du mal a disparu, autrement le bonheur ne serait pas complet, et l’autre courant, celui de l’abysse de la volonté humaine qui jette l’âme dans toutes les misères en la portant presque dans les bras des démons pour qu’ils la tyrannisent autant qu’il leur plaît. Je pensais à cela lorsque mon souverain Jésus se manifesta près de moi et me dit :

            Ma bienheureuse fille, lorsque l’âme entre dans mon Vouloir, il lui dit avec son empire : « Oublie tout, même la maison de ta mère la terre, et viens vivre du ciel », car il n’y pas de place pour les misères et le malheur où ma lumière détruit tout et transforme les maux en bien. Tu dois savoir que la volonté symbolise le souffle qui enflamme ou éteint la vertu ; si l’on veut enflammer, en soufflant sur une petite étincelle, on peut provoquer un grand feu ; si la volonté est d’éteindre, en soufflant, on peut lui enlever la vie et la réduire en cendres. Telle est la volonté humaine. Si elle veut faire la mienne, elle souffle dans tous ses actes et ma Volonté anime ce souffle de sa puissance, et ses petits actes, comme des étincelles, sont changés en flammes. En répétant ses actes, elle répète le souffle de façon à faire de la petite créature une flamme de lumière de Divine Volonté. Par contre, si elle veut faire sa volonté, elle éteint toute chose par son souffle et demeure dans une nuit profonde, sans même le bien des petites étincelles. Ainsi la créature qui vit dans ma Volonté acquiert la lumière dans sa nature, elle voit la lumière dans tous ses actes et ils lui parlent de lumière. La créature qui fait sa propre volonté acquiert les ténèbres et la nuit dans sa nature, et l’obscurité naît de tous ses actes qui lui parlent de misères, de peur et d’appréhensions qui rendent sa vie insupportable.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et je la sentais en moi et autour de moi, tout attentive, comme si elle voulait tout me donner et tout faire avec moi, et mon doux Jésus ajouta :

            Petite fille de ma Volonté, tu dois savoir que lorsque l’âme décide de vivre dans ma Volonté, son amour pour cette âme est si grand que lorsqu’elle se prépare à faire un acte, mon Fiat offre son acte dans cet acte de sorte que le vouloir humain devient champ d’action, et que mon acte devient vie. De sorte que lorsque la créature palpite, mon Fiat offre sa palpitation divine, qu’il offre son souffle lorsqu’elle respire, et que lorsque la créature veut parler, il offre sa parole dans sa voix, sa pensée dans ses pensées, son mouvement dans ses pas. Ma Divine Volonté devient ainsi la pourvoyeuse de ses actes dans ceux de la créature. Son amour devient alors incessant, ses attentions inlassables, parce que ma Volonté veut former sa vie entière autant que cela est possible pour une créature ; ma Volonté veut trouver en elle sa sainteté, ses palpitations, son souffle, ses paroles, etc., et comment le pourrait-elle sans les lui donner et les lui offrir continuellement ? Par conséquent, il se produit une telle identification entre la Divine Volonté et la créature qui veut vivre en elle que les deux en deviennent inséparables, et mon Vouloir ne tolérerait lui non plus aucune séparation d’avec la créature qui se prête à lui laisser former sa vie. Aussi, sois attentive, et ton envol sera continuel dans ma Divine Volonté.

10.  14 mai 1933 — Petit poste d’amour que l’âme occupe dans son Créateur, et petit poste que Dieu occupe dans l’âme. Comment la sainteté devient formée par les degrés d’amour. La semence que Jésus répand, d’abord par des faits puis par des paroles.

          Je me sentais immergée dans le Fiat suprême où je répétais ma ronde unie à ses actes, et je sentais ses vagues d’amour déferler sur moi en m’apportant l’amour de mon Créateur. Oh ! comme j’étais heureuse de me sentir aimée par Dieu. Je crois qu’il n’existe pas de bonheur plus grand pour la créature, que ce soit au ciel ou sur la terre, que d’avoir une place dans le sein du Père céleste qui fait se lever ses vagues d’amour afin de l’aimer. J’étais sous l’effet de ces vagues lorsque mon doux Jésus, toute bonté, visita ma pauvre âme et me dit :

            Ma bienheureuse fille, faire une tournée dans les actes que nous avons accomplis dans la Création comme dans la Rédemption par amour pour les créatures fait surgir un amour nouveau dans notre Être divin qui investit celle qui s’unit à nos actes divins. En s’unissant à nos œuvres, elle prépare le petit poste où recevoir nos vagues d’amour, et en les recevant, elle nous aime également d’un amour nouveau et forme ses propres vagues d’amour pour son Créateur, de telle sorte qu’elle occupe un petit poste d’amour dans notre Être divin, et que nous occupons notre poste dans la créature. Tu dois savoir que la vraie sainteté est formée par les degrés d’amour avec lesquels tu es aimée par Dieu, et la créature prend alors possession de cet amour lorsqu’elle aime. Lorsqu’elle reçoit son amour divin et qu’elle aime, Dieu se dispose à l’aimer plus encore d’un amour nouveau, et être aimée par Dieu d’un amour nouveau est le plus grand acte que Dieu puisse accomplir envers la créature ; et toute la sainteté et toute la gloire sont constituées par le nombre de fois où elle a été aimée par Dieu et le nombre de fois où elle l’a aimé. Car tu dois savoir que si notre Être divin aime toutes les créatures et toujours, de façon universelle et générale, à cela s’ajoute un amour spécial et direct envers la créature qui en nous aimant nous donne son amour. Si la créature a été aimée par Dieu d’un amour spécial une fois, trois fois, dix ou cent fois, elle atteint selon ces chiffres différents degrés de sainteté et donc de gloire. Tu vois par conséquent que faire tes rondes dans ma Volonté, t’unir à ses actes, cela nous appelle à t’aimer d’un amour spécial et nouveau. Dieu t’appelle à se faire aimer de ton amour nouveau et spécial, et Dieu lui-même sera ton témoin qui dira à tous, au ciel et sur la terre : « Il est vrai que je l’ai aimée, mais elle-même m’a aimé. Je peux dire que mon amour appelait le sien et que son amour appelait le mien pour s’aimer l’un l’autre. » Par conséquent, la créature qui vit dans notre Volonté met notre amour en sécurité et nous n’avons pas la souffrance de pouvoir être rejetés, et en signe de l’avoir reçu, elle nous répond en nous donnant son amour.

            Après quoi je pensais à la Divine Volonté et des milliers de pensées envahissaient mon esprit, des pensées de doutes, d’anxiétés, de certitudes, d’attentes, de désir que la Volonté soit la vie de ma vie. Je voulais son doux empire en moi et en dehors de moi. Je pensais à cela lorsque mon toujours aimable Jésus ajouta :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que lorsque je manifeste un bien, une vérité, c’est un signe certain que je veux donner ce bien ou faire le don d’une vérité afin qu’ils deviennent la propriété de la créature. Sinon, je la tromperais, je la séduirais et lui ferais perdre son temps avec des milliers de désirs inutiles sans lui donner la possession d’un bien que je lui aurais fait connaître. Je suis incapable de tromper et ne fais pas de choses inutiles. Je décide d’abord de donner un bien, puis je manifeste la nature de ce bien et place déjà en même temps sa semence dans la profondeur de l’âme afin qu’elle commence à sentir le commencement de la vie nouvelle du bien que je lui ai fait connaître, et la succession de mes manifestations sert à faire germer la semence, à l’arroser pour former la vie entière du don que je veux lui faire ; et le signe que l’âme a accepté et apprécié la vie nouvelle du don que je veux lui faire, c’est que je continue à manifester les différentes qualités, les belles prérogatives, la valeur immense que possède mon don. Et lorsqu’il est certain que l’âme possède la vie entière du don que je veux lui faire, je lui fais connaître mes desseins, l’œuvre que j’ai accomplie en elle, et le don qu’elle a déjà en sa possession. Ma Sagesse est infinie, mes industries d’amour innombrables. En premier j’accomplis des faits, puis viennent les paroles pour apprendre à la créature comment recevoir, conserver et utiliser le bien qui lui a été donné et révélé. Donner un bien sans le faire connaître serait comme donner de la nourriture à un cadavre et je ne m’occupe pas des cadavres, mais des vivants. Faire connaître un bien à l’âme sans le lui accorder serait une plaisanterie et ne serait pas selon notre divine nature. Par conséquent, si je t’ai manifesté tant de vérités sur ma Divine Volonté, c’est parce que je veux te faire le don de sa vie opérante en toi, et s’il n’en était pas ainsi, je ne t’aurais pas dit tant de choses. Mon discours lui-même est messager, porteur et dépositaire du grand don de ma Divine Volonté, non seulement à toi, mais au monde entier. Par conséquent, sois attentive à ce que ma semence soit reçue en toi pour se changer même en nature, et tu sentiras alors par des faits le bien de ma Volonté régnant dans ton âme.

            N’est-ce pas ainsi que j’ai agi avec ma Mère céleste ? Premièrement, je l’ai formée, préparée et dotée. J’ai préparé le poste et j’ai étendu mon ciel dans la profondeur de son âme. Je lui ai fait connaître bien des choses et lui faire connaître, c’était lui en faire don, et je pouvais dire que la Mère et le Fils agirent premièrement ensemble. Lorsque plus rien ne manqua à ma sainteté, à ma divine bienséance, au nouveau ciel qu’elle habitait sur la terre, je lui ai alors manifesté le secret que je l’avais élue pour être ma Mère, et c’est lorsque j’eus manifesté le secret qu’elle s’est sentie Mère de son Créateur. Tu vois par conséquent la nécessité de manifester ce que je veux faire avec la créature afin que Dieu et la créature veuillent la même chose ; et mon Incarnation elle-même ne s’est pas produite avant, mais dans l’acte lui-même de savoir que je la voulais comme Mère et qu’elle a accepté de l’être. Il faut par conséquent être très attentif lorsque je fais connaître un bien que je veux faire à la créature. Elle ne connaît pas mes desseins et je ne fais pas tout connaître immédiatement, mais c’est la main dans la main que je manifeste et travaille pour en arriver au point où je veux aller, et si la créature n’est pas attentive et ne me suit pas, elle peut être laissée à mi-chemin et j’aurai alors la tristesse de ne pas pouvoir faire mes dons et de ne pas accomplir mes desseins. 

11.  25 mai 1933 — Comment la Divine Volonté est un miracle permanent. La créature qui vit en elle est porteuse des œuvres divines, et ses champs d’action sont la Création et la Rédemption.

           Je suis toujours avec le Fiat suprême, son doux empire, son puissant attrait, ses baisers de lumière qu’il dépose dans mes actes pour s’y enfermer afin de former sa vie ; il est le doux enchantement de ma petite âme et entre émerveillement et étonnement, je m’exclame : Oh ! Divine Volonté, combien tu m’aimes pour t’abaisser jusqu’à mon petit acte pour y enfermer ta vie opérante ; et mon petit esprit se perdait en lui lorsque mon doux Jésus, lui aussi sous le charme des manières admirables de son Vouloir, toute bonté et tendresse, me dit :

            Très chère fille de ma Divine Volonté, mon divin Vouloir est en lui-même un miracle continuel. Descendre dans la bassesse de l’acte de la créature pour y former son acte, sa vie, est le plus grand miracle qu’il ait été donné d’opérer. Sa vertu pénètre tout, son baiser de lumière ravit l’acte de la créature, elle le travaille, le transforme, et sa miraculeuse vertu forme son acte dans celui de la créature sans le détruire. Il utilise l’espace pour y installer son acte et se sert du vide pour y former sa vie, si bien que de l’extérieur, on voit l’acte humain et de l’intérieur, les merveilles, la sainteté, le grand miracle de l’acte divin. Ainsi la créature qui fait ma Volonté et vit en elle n’a pas besoin de miracles, car elle vit sous la pluie des miracles de mon Vouloir et possède en elle-même la source, la fontaine qui transforme la créature dans la miraculeuse vertu de ma Divine Volonté, de sorte que l’on voit en elle le miracle de la patience invaincue, le miracle de l’amour éternel envers Dieu, le miracle de la prière continuelle sans fatigue, et si l’on voit des souffrances, ce sont des miracles de conquêtes, de triomphes et de gloire qu’elle enferme dans ses souffrances. Car à l’âme qui vit en elle, ma Volonté veut donner le miracle de l’héroïsme divin, et dans les souffrances, elle place le poids et la valeur infinis, l’empreinte, le sceau et les souffrances de ton Jésus. 

            Tu dois savoir, ma fille, que notre amour envers celle vit dans la Divine Volonté est si grand que nous lui faisons don de tout ce que nous faisons dans la Création et la Rédemption, et elle fait sien tout ce qui est nôtre, et comme tout est à elle et à nous, comme une chose connaturelle dans ses actes, et qu’elle cherche la Divine Volonté, elle se trouve tantôt dans le ciel, tantôt dans le soleil, dans la mer, etc. Elle sent en elle-même toute la sainteté de nos œuvres qui sont aussi les siennes, et identifiée avec elles, elle comprend ce que signifie conserver un ciel toujours étendu, un soleil qui donne toujours sa lumière, une mer qui toujours murmure, un vent qui par ses tourbillons apporte à tous les caresses de son Créateur ; elle se sent ciel, étoiles, soleil, mer et vent et, oh ! comme elle nous aime. Et avec la force ravissante de son amour qui est notre amour, elle vient déposer toute chose devant notre Trône divin et, oh ! combien nous sommes enchantés par ses notes et ses courants d’amour. Nous pouvons dire que si nous conservons cette créature sur la terre, c’est pour faire d’elle la porteuse de nos œuvres que nous avons répandues dans la Création, et il semble qu’elle les rassemble pour venir à nous et nous dire combien nous l’avons aimée et combien elle nous aime. Mais c’est plus beau encore lorsqu’elle passe dans le Royaume de mes actes de la Rédemption. Avec quel amour elle va d’un acte à l’autre, les embrasse, les adore et les remercie, les enferme dans son cœur et me dit dans son amour : « Jésus, ta vie sur terre s’est terminée, mais tes œuvres, tes paroles et tes souffrances sont restées ; touche-moi maintenant pour continuer ta vie et que tout ce que tu as fait serve à ma vie, sinon je ne peux former de moi-même un autre Jésus. Si tu ne me donnes pas tout, je ne suis pas capable de former ni de continuer ta vie sur la terre. » Et, tout amour, tu lui réponds : « Ma fille, tout t’appartient, prends de moi ce que tu veux. D’ailleurs, plus tu prendras plus je serai heureux et plus je t’aimerai. » Mais la plus belle chose de cette heureuse créature, c’est qu’en voulant tout et en prenant tout, elle s’aperçoit qu’elle ne peut pas contenir tout ce qu’elle a reçu et qu’elle vient à son Jésus, me donne tout, se répand en moi avec sa petitesse, son petit vouloir, et, oh ! combien j’en suis heureux. Je peux dire que ce sont de continuels échanges de vie que nous faisons, moi en elle et elle en moi. La force de l’union de celle qui vit dans notre Volonté est telle entre nous que pas plus qu’elle, nous ne pouvons la séparer de nos œuvres. Si cela se pouvait, ce serait comme si l’on séparait en deux la lumière du soleil, et il est impossible de diviser l’unité de la lumière. Et si l’on voulait essayer de diviser la lumière, elle en serait humiliée et, avec la force de son unité, elle s’en moquerait. Ou encore, ce serait vouloir fendre le ciel en deux, séparer la force du vent, l’unité de l’air, toutes choses impossibles parce que leur vie, la force qu’ils possèdent est dans leur unité. C’est dans ces conditions que l’on trouve la créature qui vit dans notre Volonté, avec sa force, son mérite, sa beauté, sa sainteté dans la force unique et unie avec son Créateur. Par conséquent, sois attentive et que ta vie soit en nous, avec nous et avec nos œuvres.

12.  28 mai 1933 — Précipice, portes et enfer vivant du vouloir humain. Portes, escaliers et Paradis vivant de la Divine Volonté. Nécessité de ses connaissances, royauté qu’elle acquiert. La fille du grand Roi.

           Mon pauvre esprit compare souvent la beauté, la puissance, la valeur infinie et les innombrables prérogatives de l’éternel Vouloir d’une part, et les précipices, la laideur et tous les maux du vouloir humain d’autre part. Mon Dieu, quelle différence ! Si l’on pouvait la voir, on donnerait sa vie plutôt que de faire sa propre volonté. Je tremblais en pensant à tous les grands malheurs dans lesquels ma volonté pourrait me précipiter, quand mon bien-aimé Jésus me surprit et me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage, il est nécessaire que tu saches où peut mener la vie dans ma Divine Volonté, et dans quel abysse tombe la créature qui se laisse dominer par son propre vouloir. En fait, chaque malheur que je te fais connaître est une porte que je te fais fermer à la volonté humaine. C’est une sentinelle que je place au cas où tu voudrais encore y entrer et descendre dans le précipice du vouloir humain. Cette sentinelle te repousse et garde la porte fermée, et chaque fois que je te fais connaître d’autres maux du vouloir humain, ce ne sont que d’autres défenses et sentinelles que j’ajoute pour que tu ne descendes pas dans les profondeurs de ces abysses. Car tu dois savoir que les maux de la volonté humaine sont autant de portes qu’elle possède pour te faire descendre dans le royaume des maux, des vices, des terribles horreurs de l’enfer vivant, au point de te rendre repoussante, insupportable à Dieu et à toi-même. Et en te faisant connaître ces maux, je ne fais que murer ces portes et les marquer de mon sceau en disant : « Cette porte ne peut plus être ouverte. » La volonté humaine a ses portes et ses escaliers pour descendre dans l’abîme du mal, et non pour monter. Ma Divine Volonté a ses portes et ses escaliers qui montent, ses cieux, ses immenses biens, et elle forme le Paradis vivant pour la créature qui la possède. Chaque connaissance sur ma Volonté est une porte qui est ouverte, un escalier qui est formé, un chemin qui s’ouvre devant toi et que tu dois emprunter pour posséder par des faits ce dont tu as pris connaissance. Tu vois par conséquent le grand bien de tant de connaissances que je t’ai manifestées. Ce sont autant de portes qui facilitent ton entrée dans son Royaume, et à chaque porte, j’ai placé un Ange en sentinelle afin qu’il puisse te donner la main et te conduire en sécurité dans les régions de la Divine Volonté. Chaque connaissance est une invitation, une force divine que je te livre et elle te fait sentir le besoin extrême, l’absolu nécessité de vivre dans la Divine Volonté. En se faisant connaître, ma Volonté tend les bras pour te prendre dans les siens et t’amener dans cette connaissance qu’elle t’a manifestée, elle l’adapte à ta capacité, façonne ton âme afin d’entrer en elle comme humeur vitale, comme sang, comme air, et elle produit en toi la vie, les biens que possède sa connaissance. Elle te guide et mieux qu’une Mère, elle veille à ce que sa fille ait absorbé jusqu’à la dernière goutte ce qu’elle lui a fait connaître afin de lui ouvrir à nouveau son sein pour se déverser dans sa fille et lui faire connaître d’autres valeurs, d’autres effets que contient la vie dans mon Vouloir. Et ma Volonté recommence son travail parce qu’elle veut voir en elle la valeur de sa vie, les effets et la substance de ses biens. Les connaissances sur ma Divine Volonté instruisent le vouloir humain qui acquiert science et raison, et c’est non seulement justice qu’elle règne et domine comme vie première dans son âme, car c’est le bien le plus élevé qu’elle reçoit, un honneur et une grande gloire que ce saint Vouloir, par sa domination, vient lui donner avec l’état de divine royauté parce que l’âme se sent alors fille du Grand Roi et que la royauté devient alors aussi sa propriété. Lorsque la créature en est arrivée à comprendre tout cela grâce aux connaissances et aux leçons que mon divin Vouloir lui a données, tout est accompli. Ma Volonté a conquis le vouloir humain et le vouloir humain a conquis la Divine Volonté. Les connaissances de ma Volonté sont très nécessaires parce qu’elles servent à dessécher les humeurs mauvaises pour y substituer les saintes humeurs. Elles sont comme un soleil qui darde ses rayons sur le vouloir humain pour lui communiquer sa vie, sa sainteté, et l’ardent désir de posséder le bien qu’il connaît. Par conséquent, sois attentive à écouter ses leçons et à correspondre à un tel bien.

13.  4 juin 1933 — Celle qui vit dans la Divine Volonté reçoit la force créatrice de la création continuelle. Harmonie avec la Divine Volonté.

          Mon abandon dans le Fiat continue. Je suis à peine une nouveau-née et je ressens le besoin de rester dans ses bras pour boire à longs traits le lait de ses vérités afin de recevoir les vagues de ses lumières, le doux réconfort de sa chaleur. Je sens que le divin Vouloir veut aussi me tenir dans ses bras, serrée contre le sein de sa lumière, afin de pouvoir m’infuser l’acte continuel de sa vie opérante parce que la vie signifie avoir des actes qui ne cessent jamais, autrement elle ne s’appellerait pas la vie. C’est pourquoi, si je ne voulais pas rester dans ses bras pour recevoir ses reflets continuels de sa vie, ou s’il ne voulait pas me tenir dans ses bras, je ne pourrais pas former sa vie en moi, si bien que le mot vie ne serait plus qu’un mot et non une réalité, pas même une image. Mon Jésus, oh ! ne le permets pas, et fais que tu formes la réalité de sa vie dans mon âme. Je pensais à rester dans les bras de la Divine Volonté lorsque mon Jésus souverain visita ma petitesse et me dit :

            Fille de mon Cœur, tu as raison de ressentir le besoin extrême de rester dans les bras de la Divine Volonté, car y demeurer signifie la mettre à sa disposition et l’engager à former sa vie dans la créature. Si la créature ne se met pas dans ses bras, elle reste au loin et la vie ne se forme pas à distance, mais tout près, unie avec cette vie que l’on veut recevoir. Aucune mère n’a conçu son enfant de loin, mais plutôt à l’intérieur de son sein. Une semence ne peut pas germer ni produire sa plante si elle ne s’unit pas et ne se cache pas sous la terre. Ainsi, dire que je veux former la vie de la Divine Volonté en moi et ne pas rester dans ses bras, en harmonie avec elle pour vivre de son souffle omnipotent, cela est impossible. Tu dois savoir que notre Être suprême se sert de la même puissance créatrice que dans la Création ; il continue à l’utiliser dans les actes que fait la créature dans la Divine Volonté. Chaque acte que la créature accomplit en elle subit une nouvelle création et mon Fiat, en vertu de sa puissance créatrice, est conçu dans l’acte de la créature. Il se produit une continuelle alternance : la créature prête l’acte et ma Divine Volonté crée et se conçoit elle-même dans cet acte et en se concevant, elle y forme sa vie et l’élève avec la nourriture de sa lumière et de son amour. Les cieux en sont stupéfaits et demeurent muets d’émerveillement devant un simple acte de la créature qui contient en lui-même la force créatrice de la conception du divin Fiat. En demeurant dans ses bras, la créature se met à notre disposition et nous, en la tenant dans nos bras, nous nous mettons nous-mêmes à sa disposition et elle nous fait sa douce promesse de nous permettre de faire avec elle tout ce que nous voulons. Si bien que sa vie, ses actes, sont autant de promesses qu’elle nous fait, et en ayant ses promesses, nous pouvons sans crainte utiliser notre vertu créatrice et travailler en Dieu dans l’acte de la créature. Tu dois savoir que lorsque notre Volonté est à l’œuvre, aussi bien en nous que dans l’acte humain, elle ne met jamais de côté sa vertu créatrice, ce qu’elle ne peut d’ailleurs pas faire puisqu’elle est dans sa nature. Son acte est par conséquent toujours une création et la créature qui vit en nous subit dans ses actes son acte créateur et, oh ! combien de merveilles se produisent. Par conséquent, sois attentive, déférente et reconnaissante. Reçois en toi et dans tes actes cette vertu créatrice si tu veux faire non de petites, mais de grandes choses, et dignes uniquement de notre adorable Volonté.

14.  15 juin 1933 — L’intention forme la vie de l’action, elle forme le voile pour cacher l’action divine. L’Acteur caché.

          Mon pauvre esprit est toujours occupé par le divin Fiat qui non seulement veut se faire vie, mais aussi nourriture, parce que la vie n’est pas suffisante sans avoir quelque chose pour satisfaire la faim et que l’on mourrait de faim. C’est pourquoi il me donne très souvent la nourriture céleste et délicieuse de quelques autres vérités qu’exige son divin Vouloir, de sorte que non seulement il nourrit, mais élève sa vie en moi. Et combien de fois je ressens le besoin que mon bienheureux Jésus me dise quelque chose concernant son Vouloir, car je me sens mourir de faim, et mon aimable Jésus, parce que c’est lui-même qui veut et me donne cette faim, visita ma pauvre âme et me dit:

            Ma fille, ton désir d’être nourrie par ma parole blesse mon cœur, et blessé, je cours vers toi pour te donner la divine nourriture que moi seul peux te donner. Ma parole est vie et forme en toi une vie divine, elle est lumière et elle t’illumine, et la vertu illuminative demeure en toi et te donne toujours la lumière, c’est un feu qui fait monter la chaleur en toi, c’est un aliment qui te nourrit.

            Or tu dois savoir que je ne considère pas l’action externe de la créature, mais l’intention qui forme la vie de l’action et qui est comme l’âme de l’action et devient comme le voile de l’intention. Il en est comme de l’âme avec le corps. Ce n’est pas le corps qui pense, parle, bat, travaille et marche, mais l’âme qui donne vie à la pensée, la parole, le mouvement, de sorte que le corps est le voile de l’âme. En la couvrant, il s’en fait le porteur, mais la partie vitale, l’action, le pas vient de l’âme. Telle est l’intention, vie véritable des actions. Or si tu appelles ma Divine Volonté comme vie de ton esprit, battement de ton cœur, action de tes mains, etc., tu formeras la vie de l’intelligence de ma Volonté dans ton esprit, la vie de ses actions dans tes mains, son pas divin dans tes pieds, de telle sorte que tout ce que tu feras servira de voile à la vie divine qu’avec ton intention tu as formée dans l’intérieur de tes actes. Mais quelle est cette intention ? C’est ta volonté faisant appel à la mienne et qui se vide d’elle-même et forme le vide dans son acte afin de céder la place à l’action de ma Volonté qui, se faisant voile elle-même, cache dans les actions, même les plus ordinaires et naturelles, l’action extraordinaire d’un Dieu. Si bien que de l’extérieur, on ne voit que des actions communes, mais que si l’on ôte le voile du vouloir humain, on y trouve la vertu opérante de l’action divine. Et ce qui forme la sainteté de la créature, ce n’est pas la diversité des actions ni les œuvres qui font du bruit, non, mais la vie ordinaire, les actions nécessaires de la vie que la créature doit accomplir pour vivre. Toutes ces actions sont les voiles qui cachent notre Volonté et elles se transforment en un champ d’action où Dieu lui-même s’abaisse afin de devenir lui-même acteur de ces actions divines. Et tout comme le corps voile l’âme, la volonté humaine voile Dieu. Elle le cache et forme au moyen des actions ordinaires la chaîne des actions extraordinaires de Dieu dans l’âme. Par conséquent, sois attentive, appelle ma Volonté en tout ce que tu fais et ma Volonté jamais ne te refusera son acte afin de former en toi, autant qu’il est possible, la plénitude de sa sainteté.

15.  25 juin 1933 — Si la Divine Volonté règne dans l’âme, Dieu se recherche lui-même et se trouve dans la créature ; la créature se cherche en Dieu et elle se trouve en son Centre divin.

        Ma pauvre et petite intelligence était envahie par des pensées concernant la Divine Volonté et je me disais : Pourquoi Jésus insiste-t-il tellement pour que l’on prie que vienne le règne de sa Divine Volonté ? Il est vrai que ce sera pour la créature la plus grande des acquisitions que d’avoir en son pouvoir un immense Vouloir, une puissance inépuisable, un amour toujours brûlant, une lumière inextinguible, une sainteté incroyable et toujours plus grande, au point de pouvoir dire qu’il ne lui reste plus rien à désirer puisqu’elle possédera alors toute chose, mais pour Dieu, quel peut être son avantage, sa gloire, son honneur ? Je pensais à cela lorsque mon Jésus souverain visita ma petite âme et, toute bonté, il me dit :

            Ma fille, très chère fille de ma Volonté, si je désire tellement que ma Divine Volonté prenne sa place et règne en souveraine dans la créature, c’est pour que mon Être suprême puisse se trouver lui-même dans la petitesse humaine. Pense bien à ce que cela peut signifier qu’un Dieu parte à la recherche de lui-même, et où ? dans l’expansion des cieux ? non ; dans l’étendue de la lumière qui occupe toute la terre ? non ; alors, dans la multiplicité des eaux de mer ? non. C’est dans le petit cœur humain de la créature que nous voulons cacher notre immensité, notre puissance, notre sagesse et tout notre Être divin. Nous cacher dans ce qui est grand n’est pas une grande chose, mais c’est dans les petites que nous faisons montre de plus d’amour, de plus de puissance, etc., et comme nous pouvons tout faire et que nous le faisons, c’est pour nous un plus grand délice et nous mettons plus d’ardeur à nous cacher dans la petitesse humaine que dans les grandes choses. Et si nous ne trouvons pas en elle notre Volonté, nous ne pouvons pas non plus nous y chercher et nous y trouver nous-mêmes. Il nous manque le poste où nous installer, et tous nos divins Attributs seraient incapables de cacher notre vie divine là où n’est pas notre Volonté. Tu vois par conséquent que si nous voulons et désirons ardemment que la créature prie et désire vivre du divin Vouloir, c’est parce que nous partons à la recherche de nous-mêmes en la créature et nous voulons nous y trouver nous-mêmes comme en notre propre centre. Cela te semble-t-il peu de chose ce grand avantage que nous trouvions la gloire et l’honneur que nous recevons lorsque le petit cœur humain cache notre Volonté et notre vie elle-même pour pouvoir nous rendre double amour, double puissance, double sagesse et bonté, afin que nous nous trouvions mis en compétition avec nous-mêmes ? Si tu ne le comprends pas, cela signifie que tu es encore aveugle aux voies interminables de ma Divine Volonté. Si, en voulant que notre Fiat règne dans la créature nous nous cherchons et nous nous trouvons en elle, la créature, en voulant notre Fiat, se cherche elle-même en Dieu et elle se trouve en lui. Tu vois par conséquent par quels échanges, par quel travail des deux côtés, par quels stratagèmes et quelle ingéniosité amoureuse Dieu se cherche continuellement dans la créature ? Mais où se trouve-t-il ? Au centre de la créature. Et lorsqu’il se cherche et se recherche encore, appelle et appelle encore, là où l’appelle son amour, là où sa propre vie réside, la créature de son côté imite son Dieu, tourne et retourne, cherche et recherche, appelle et appelle encore, où se trouve-t-elle alors elle-même ? dans le centre Divin. Voilà ce qu’est l’échange de vie entre les deux, c’est la Volonté qui domine la créature et Dieu, et le même amour qui les anime. Il n’est donc alors pas étonnant que ce que l’un fait, l’autre le fasse également. Et seule notre Volonté est capable de ces prodiges. Sans elle, tout est stérile, rien n’est possible de la part de Dieu, et du côté des créatures, nous nous sentons prisonniers de nous-mêmes et la créature se sent prisonnière de sa volonté humaine, sans envol, empêchée en elle-même et sans vie divine. Par conséquent, n’est-il pas juste que nous ne voulions qu’une chose : que notre Volonté règne et domine ?

16.  29 juin 1933 — Comment la Divine Volonté ne cesse jamais de répéter notre vie. La mission qui lui est confiée. Comment Dieu s’adapte à la petitesse humaine.

          Mon vol dans la Divine Volonté continue et je sens que s’il ne devait pas continuer, il me manquerait la vie pour vivre, la nourriture pour satisfaire ma faim, la lumière pour voir et les pieds pour marcher. Hélas, je resterais immobilisée, enveloppée dans une nuit profonde, je perdrais ma route et resterais au milieu du chemin. Mon Dieu, mon Jésus, sainte Maman, délivrez-moi, et lorsque vous me voyez en danger de m’arrêter, venez à mon aide, donnez-moi la main pour que je ne m’arrête pas ; ou alors portez-moi au ciel où ces dangers n’existent pas et où je pourrai me vanter de dire : « Je ne me suis jamais arrêtée de sorte que je n’ai jamais manqué de rien, ni de nourriture ni lumière ni de Celui qui me conduisait par ses doux enseignements et me ravissait. » Mon esprit était plongé dans la Divine Volonté lorsque mon sage Maître me surprit par une brève petite visite et me dit :

            Ma bienheureuse fille, celle qui vit dans ma Divine Volonté ressent le besoin de ne jamais interrompre sa marche et il n’y a aucun danger qu’elle s’arrête, ni sur la terre ni au ciel, parce que ma Volonté étant éternelle, ses voies et ses pas sont interminables et la créature qui vit en elle reçoit dans sa nature le bien de pouvoir marcher toujours. S’arrêter dans ma Volonté ferait que ma vie divine manquerait un acte qu’elle forme dans l’acte de la créature. Car tu dois savoir que celle qui vit dans ma Volonté en arrive au point de pouvoir répéter notre vie divine et que notre Fiat lui donne alors tous les matériaux nécessaires pour se faire dans ses actes la répétitrice de la vie même de Dieu. Si tu savais ce que signifie répéter notre vie, la gloire, l’honneur et l’amour que cela nous donne. Le bien qu’elle fait descendre sur toutes les générations est incalculable et seule notre Volonté détient le pouvoir d’accomplir un aussi grand prodige, car personne d’autre n’a ce pouvoir de répéter notre vie divine dans la créature. 

            En entendant cela, je lui dis : « Mon amour, que dis-tu là ? Comment une créature peut-elle en arriver à pouvoir faire une telle chose ? Il me semble que cela tient de l’incroyable. » Et Jésus m’interrompit pour me dire : 

            Ma fille, ne t’étonne pas, car tout est possible à ma Volonté, même répéter notre vie. Tu dois savoir que notre Être suprême possède par nature la vertu de se répéter autant qu’il le veut, comme nous répétons de fait notre vie divine tout entière pour chaque individu, chaque chose créée. Partout et en tout lieu où notre immensité nous porte notre puissance nous forme, et de cette vie unique que nous possédons nous multiplions nos vies divines, si bien que seules les créatures qui ne la veulent pas ne la prennent pas. Autrement, dire que Dieu est partout, au ciel comme sur la terre, ce ne serait que des mots et non des faits. Or, celle qui vit dans notre Volonté peut simultanément dans ses actes faire avec notre vie ce qui est continuellement répété par amour pour les créatures, et nous sentons par conséquent notre vie répétée par sa petitesse. Et, oh ! quelle satisfaction et quel bonheur cela nous donne, et combien notre amour y trouve son exutoire, son échange d’amour en sentant sa vie répétée par sa créature bien-aimée. Et dans cet excès d’amour et de joie indescriptible, nous disons : « Nous lui avons tout donné et elle nous a tout donné. Elle ne peut pas nous donner plus puisque nous sentons qu’elle nous apporte notre immensité. Elle apparaît de tous côtés et se fait sentir en tous points et, oh ! comme il est doux et agréable de sentir partout notre vie dans ses ‘Je vous aime, je vous adore, je vous remercie, je vous bénis’. » Ainsi la mission que nous confions à celle qui vit dans notre Vouloir, c’est de répéter notre vie divine. Par conséquent, sois attentive et que ta marche soit continuelle.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et mon toujours aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, si tu pouvais savoir la douce et agréable surprise que la créature nous fait dans notre Volonté. Elle est toute petite et dans notre Fiat, elle se trouve entourée d’une immensité sans fin, d’un pouvoir sans limites ; elle ressent un amour qui l’envahit tout entière jusqu’à lui faire sentir qu’elle n’est plus qu’amour, que notre beauté l’investit et elle en demeure ravie. Et la petite créature fait marcher ses petits pieds, regarde l’immensité qui l’entoure, et personne ne sait tout ce qu’elle veut prendre de cette immensité, mais elle ne parvient qu’à prendre quelques gouttes de notre puissance, de notre amour et de notre beauté. Pourtant ces quelques gouttes sont assez pour la remplir au point de déborder et de former autour d’elle des rivières d’amour, de puissance et de beauté, et notre petite créature en est embarrassée, elle se fatigue parce qu’elle voudrait prendre plus, mais elle ne le peut parce qu’il lui manque l’espace où placer tout ce qu’elle veut prendre. Et notre Être suprême prend plaisir à voir ses efforts et son embarras, nous lui sourions et la petite créature nous regarde en demandant de l’aide parce qu’elle ressent le besoin de pouvoir s’étendre dans notre immensité, notre puissance et notre amour ; mais sais-tu pourquoi ? Parce qu’elle veut nous donner plus, elle veut avoir la satisfaction de pouvoir nous dire : « Mes efforts et mes embarras, c’est pour vous dire que je vous aime. Oh ! si je pouvais posséder tout votre amour, comme je serais heureuse de pouvoir dire que je vous aime autant que vous m’aimez. » Cette petite créature, par ses efforts, ses embarras et ses paroles, nous blesse, nous ravit et nous enchaîne. Et sais-tu alors ce que nous faisons ? Nous prenons cette petite créature et nous nous adaptons à elle. Par un prodige de notre omnipotence, nous faisons couler notre immensité, notre puissance, notre sainteté, notre amour, notre beauté et notre bonté de telle sorte que notre Être divin demeure en elle et autour d’elle, inséparable de cette créature, et voyant que tout est à elle, la petite créature nous dit dans un excès d’amour : « Combien je suis satisfaite et heureuse. Je peux dire que votre immensité est à vous comme à moi et je vous aime d’un amour immense, d’un amour puissant auquel il ne manque rien, ni votre sainteté ni votre bonté ni votre beauté qui ravit, qui conquiert et obtient tout. » Ne pas satisfaire la petite créature humaine dans notre Volonté est pour nous chose impossible, et comme sa petitesse ne peut s’adapter à nous, c’est Dieu qui s’adapte à elle. Et cela s’avère facile pour nous, car aucun élément en elle ne nous est étranger et tout nous appartient. Et plus elle sera petite et plus nous veillerons à la rendre belle. Par contre, dans la créature qui ne vit pas dans notre Volonté, il y a tant d’éléments qui nous sont étrangers : une volonté, des désirs, des affections et des pensées qui ne sont pas nôtres, et on peut dire que c’est elle qui devrait s’adapter à nous en ôtant ce qui n’est pas nôtre. Sinon, elle ne pourrait pas comprendre notre Volonté et moins encore monter et entrer dans les sphères célestes, et c’est pourquoi elle restera vide de Dieu, remplie de misères dans les difficultés de la vie humaine. Combien de vies humaines se retrouveront sans croissance de vie divine parce qu’elles n’auront pas fait ma Volonté, n’auront pas cherché à comprendre ce que signifie la vie dans ma Volonté et le grand bien qu’elles peuvent en recevoir. C’est pourquoi il y aura tant de petites ignorantes ne connaissant rien de leur Créateur…

17.  8 juillet 1933 — Chaque acte accompli dans la Divine Volonté est un jonc d’union, un lien de stabilité, une fécondité éternelle. Ce que signifie un acte accompli dans la Divine Volonté.

        Mon abandon dans la Divine Volonté continue. Je suis toujours petite et j’ai besoin de ma Maman éternelle, c'est-à-dire la Divine Volonté qui me porte toujours dans ses bras, m’accorde tous ses soins, me défend, m’aide, me nourrit et par son doux empire maintient mon vouloir humain à l’écart. Je vis, mais sans vie, recevant dans ses actes l’attitude de la Volonté suprême. Je reposais dans ses bras en ressentant les mystérieux délices et le repos du céleste Pays lorsque mon souverain Jésus me fit une petite visite et me dit :

            Ma bienheureuse fille, comme je suis heureux de te trouver dans les bras de ma Divine Volonté. Je suis en sécurité et toi aussi lorsque tu es dans ses bras, et tandis que tu te reposes, elle travaille pour toi et ses œuvres sont divines et d’une valeur infinie. Et en te voyant possesseur de ses œuvres, je me réjouis en disant : Oh ! que ma famille est riche. Tu dois savoir que chacun des actes de la Divine Volonté que la créature se prête volontairement à recevoir est un jonc d’union qu’elle forme et acquiert avec son Créateur. On peut dire que cet anneau enferme en lui-même Dieu et l’âme, qu’il les réunit et les fait vivre d’une vie unique en formant l’inséparabilité de l’un et de l’autre. Ainsi, les actes de ma Volonté représentent les anneaux formant une longue chaîne qui réunit Dieu et la créature, laquelle est non seulement reliée, mais également liée par une stabilité et une immutabilité divines, si bien que la créature n’est plus sujette au changement et qu’elle se sent ferme et stable dans le sein de son Père céleste. Elle peut alors dire en toute sécurité : mon séjour est en Dieu et je ne connais rien ni personne, si ce n’est mon Créateur. Cet anneau d’union et ce lien de stabilité produisent une fécondité éternelle. La créature génère continuellement avec cette fécondité amour, bonté, courage, grâce, patience, sainteté et toutes les divines vertus qui possèdent la vertu de dédoublement de telle sorte que tout en les possédant, la créature est capable de les dédoubler en les donnant à qui elle veut et à qui veut les prendre. Par contre, pour celle qui ne laisse pas travailler ma Divine Volonté, ses actes sont des anneaux brisés qui n’ont pas la vertu d’enfermer Dieu et la créature, et comme ils sont brisés, ils s’en échappent et ne peuvent former un lien ni de stabilité ni de fécondité, mais demeurent des actes stériles qui ne produisent pas des générations de bien.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et je me disais : Mais comment peut-on accomplir un acte de total Vouloir divin et qu’est-ce que cela veut dire ? Et mon bien-aimé Jésus, toujours bon envers sa petite ignorante, ajouta :

            Ma fille, comment accomplir un acte complet de divin Vouloir ? Tu dois savoir qu’afin de former cet acte complet, il faut la puissance de ma Volonté et que la créature seule ne peut y parvenir. Par conséquent, ma Volonté investit alors la petitesse humaine et celle-ci se dispose à se laisser investir en se faisant la proie de l’autre. Dans cet investissement, la puissance de mon Fiat vide la créature de tout ce qui ne lui appartient pas et il la remplit à ras bord de l’Être divin de sorte qu’elle ressent la plénitude de la vie de son Créateur. Il ne reste pas la moindre particule qui ne soit remplie, de sorte que la créature sent couler comme en torrents la vie divine dans tout son être. Elle ressent en elle-même la plénitude et la totalité de l’Être suprême dans la mesure où une créature en est capable. Ayant en elle-même cette plénitude et cette totalité, elle ne trouve rien à ajouter ni à retirer de son acte parce qu’elle possède Dieu de tous côtés, lui qui ne sait faire des actes incomplets, et la créature qui le possède se place dans les divines conditions de ne pas pouvoir faire des actes qui ne sont pas complets. Tu vois par conséquent ce que cela signifie et que pour faire un acte complet, il faut posséder Dieu avec sa plénitude, et que c’est Dieu qui œuvre dans les actes de la créature. Ces actes complets ont un pouvoir tel qu’ils attirent l’attention de tous, et les cieux eux-mêmes se penchent afin de voir la grandeur de l’œuvre de leur Créateur dans l’acte de la créature. Lorsque la créature possède cette divine plénitude et cette totalité, tout ce qu’elle fait provient d’une profondeur qui possède tout et à qui rien ne manque. Si elle prie, sa prière possède la plénitude de la Valeur divine, ses vertus sont complètes et nourries par la vie qu’elle possède, si bien que si elle veut donner ses actes tantôt à Dieu en hommage et tantôt aux créatures pour les aider, c’est Dieu lui-même qui le donnera dans ses actes. Imagine alors le grand bien que ces actes complets dans mon Vouloir produiront.

18.  30 juillet 1933 — La créature qui fait la Divine Volonté forme sa résidence qui sert de garde, de défense et de réconfort à la Divine Volonté elle-même. Ses connaissances forment sa vie.

          Je suis toujours la proie du divin Vouloir. Je sens en moi sa vie palpitante, porteuse de bonté et de lumière, qui bien que muette parle avec des faits, parle en m’aimant toujours, parle en formant sa vie, en me faisant grandir, en se faisant sentir. Oh ! bienheureux mutisme qui sait convertir en voix mystérieuses ton mouvement, ta sainteté, ton amour, et tout ton Être en voix opérante. Mon esprit se perdait dans le Fiat lorsque mon doux Jésus me fit une petite visite surprise et me dit :

            Ma bienheureuse fille, tu dois savoir que celle qui vit dans ma Divine Volonté forme la résidence de mon Vouloir suprême, et comme une résidence n’a aucun droit et n’est pas maîtresse de ce qu’elle veut, mais ne fait que servir de garde, de défense et de réconfort pour qui y demeure, ainsi l’âme perd son droit dans le Droit divin, elle abandonne le droit de commander volontairement à ma Divine Volonté et reste comme garde, défense et réconfort de mon divin Vouloir qui y développe sa vie comme il lui plaît. En faisant ma Volonté, la volonté humaine se change non seulement en résidence, mais en résidence honorable que mon Fiat va décorer de frises divines. Cette résidence formera son Palais qui fera l’étonnement des Anges eux-mêmes et c’est là que mon Fiat fera étalage de son amour, de sa sainteté, de sa lumière, de sa beauté incréée. Il y formera sa vie, une vie opérante dans la volonté de la créature. Il existe en nous des droits que nous possédons par nature afin d’opérer de grandes choses. Notre puissance est sans limites, elle peut tout faire et arrive à tout, et si nous ne faisons pas toutes choses, c’est parce que nous ne le voulons pas et non parce que nous ne le pouvons pas. Mais en armant notre puissance en nous faisant œuvrer dans le petit cercle de la volonté humaine, nous pouvons dire que nous faisons montre de plus d’amour, de plus d’art divin, de plus de puissance parce qu’en cette volonté nous devons restreindre ce qui en nous est immense. Par conséquent notre amour se manifeste plus en nous faisant œuvrer dans la créature qui sentira ma Volonté vivre en elle, de telle sorte qu’elle sentira sa vie divine s’écouler partout, dans ce qu’elle fait, dans ses pas, dans son cœur, dans son esprit et même dans sa voix. Elle fera de son être autant de chambres qui donneront à ma Divine Volonté toute liberté pour la laisser tantôt parler et tantôt travailler, tantôt marcher et tantôt aimer ; bref, pour faire tout ce qu’elle voudra.

            Après quoi je continuai à penser à toutes ces vérités que Jésus m’avait dites sur sa Divine Volonté, et mon bien-aimé ajouta :

            Ma fille, toute vie a besoin non seulement de nourriture, mais d’une matière propre à former cette vie à son commencement et durant sa croissance. Ce n’est qu’en nous que les choses n’ont pas de commencement ; dans les créatures, chaque chose à son début. Pour qu’il y ait un commencement de vie agissante de ma Divine Volonté dans la créature, nous devons lui administrer la matière première pour la former, et sais-tu ce qu’a été cette matière première ? Ce sont les premières connaissances et la vérité que je t’ai manifestées sur ma Divine Volonté. Elles ont formé l’humeur, la chaleur et le premier acte de vie pour former le commencement de cette vie. Après avoir formé le commencement de cette vie, il a fallu la former, l’élever et la nourrir. Ainsi, en suivant les manifestations de mon Vouloir, certaines ont servi à la former, certaines à l’élever et d’autres à la nourrir. Si je n’avais pas continué mon discours sur ma Volonté, elle aurait pu suffoquer ou être une vie sans croissance parce qu’elle ne peut être nourrie que par la vérité et les connaissances qui la concernent. Tu vois par conséquent la nécessité de mon long discours sur mon Fiat. Il fallait le faire connaître aux créatures pour former sa vie et qu’il ne manque pas de la nourriture divine de ses propres vérités qui seules peuvent le nourrir, car en dehors de la créature, ma Volonté n’a besoin de rien ni de personne puisqu’elle est par nature vie, nourriture et toute chose. Par contre, ayant besoin dans la créature d’une participation de sa part sous forme de connaissances et de vérité sur elle-même, ma Volonté forme sa vie dans la mesure où la créature la connaît, et ces connaissances forment entre les deux un indissoluble mariage, et la substance, la chaleur, la croissance et la nourriture de la vie de ma Volonté dans la créature. C’est pourquoi je reviens à mon discours, car il sert ma Volonté en toi et à te la faire mieux connaître, aimer et apprécier.

            Ainsi, lorsque les créatures auront connaissance de mon long discours, de mes visites presque continuelles, des nombreuses grâces qui servent à former en toi la vie de ma Divine Volonté, elles seront émerveillées par mes voies, les grâces que j’ai accordées et toutes les vérités que j’ai dites. C’était la vie qui devait être formée et la vie a besoin d’actes continuels. Y a-t-il une vie qui puisse dire qu’elle n’a pas besoin d’actes continuels ? Aucune. Les œuvres n’ont pas besoin d’actes continuels, mais la vie exige la respiration, les battements du cœur, le mouvement continuel, une nourriture qui la soutient chaque jour, un vêtement qui la recouvre, une demeure qui lui assure la sécurité. Tu vois par conséquent que tout ce que j’ai fait et ferai était nécessaire pour moi afin de former cette vie de ma Divine Volonté ; cela était nécessaire pour que tu puisses la recevoir et la posséder, et ne pas lui faire manquer de ce qui est nécessaire à une vie divine. Lorsque j’agis, c’est avec sagesse, ordre et divine harmonie. Fallait-il que je te dise que mon Fiat voulait former en toi cette vie de ma Divine Volonté sans te la faire connaître, sans te donner les matériaux divins pour la former et la nourriture pour la faire grandir ? Je ne sais pas faire de telles choses. Si je dis que je veux quelque chose, je dois donner tout ce qui est nécessaire, et de façon surabondante, pour que la créature soit en mesure de faire ce que je veux. Et comme les créatures ne connaissent pas ma façon d’agir, certaines s’étonnent, d’autres doutent, et d’autres encore en arrivent à condamner mon œuvre et la créature que j’ai créée afin de compléter mes grands desseins pour le monde entier, car la vie de ma Divine Volonté à l’œuvre dans la créature n’est pas sujette à la mort ni à finir, mais aura sa perpétuité au sein des générations humaines. Par conséquent, laisse-moi faire et poursuis toujours ton envol dans ma Divine Volonté.

19.   6 août 1933 — Comment la céleste Reine grandissait avec la Divine Volonté et comment elle possédait le Soleil qui parle. Joies de Dieu dans la création de l’homme. La puissance qu’il lui donna.

          Je suis toujours dans les bras du divin Fiat qui m’arrête tantôt dans une de ses œuvres et tantôt dans une autre. Il semble vouloir me faire bien comprendre ce qu’il a fait par amour pour nous. C’est pourquoi il m’arrêta dans l’acte de la conception de la Vierge afin de voir comment la Divine Volonté a pris place, a grandi et s’est diffusée dans ses petits membres, et croissait à mesure que la Reine elle-même grandissait. Quelle heureuse croissance, quel grand prodige que cet abaissement de la Divine Volonté qui s’enfermait dans la petitesse de la Sainte Vierge pour grandir avec elle. J’étais dans l’étonnement lorsque mon divin Maître me surprit et me dit :

            Ma bonne fille, faire vivre la céleste Reine dans le divin Fiat fut l’acte d’amour le plus grand, le plus héroïque et le plus intense de notre Être suprême, et si nos biens sont immenses et innombrables, nous ne pouvions faire plus ni rien ajouter à ce don ni lui en faire un autre, car en donnant notre Volonté pour vivre dans le Fiat, nous lui avions tout donné et cela formait en elle la fontaine et la source de tous les biens divins pour autant que cela est possible dans la créature. Or le souverain Tout-Petit qui grandissait dans notre Volonté formait dans son âme, son cœur, ses travaux et ses pas autant de soleils qui nous parlaient avec des voix de lumière et d’amour irrésistibles. Ils nous parlaient sans cesse, ils nous parlaient d’amour, ils nous parlaient de notre Être divin, ils nous parlaient de l’humanité. Ses pas nous parlaient, ses petites mains, les battements de son cœur nous parlaient avec des voix qui parvenaient jusqu’à notre Sein divin et même à l’intérieur de nous. Sa parole ne cessait jamais parce que, notre Vouloir vivant dans la céleste Reine, elle avait tout son être de parole qui parle non avec des voix humaines, mais avec des voix divines et mystérieuses qui jamais ne se taisent ni ne s’épuisent, d’autant plus que le divin Fiat est parole, parole agissante, parole créatrice. Comment pouvait-elle arrêter sa parole si elle l’avait en son pouvoir ? C’est pourquoi sa parole nous assiégeait, nous ravissait, nous entourait de tous côtés, nous occupait de telle sorte qu’elle en était irrésistible et invincible jusqu’à lui donner ce qu’elle voulait. Sa parole était puissante et elle vainquit notre puissance ; elle était suave et douce et subjugua notre justice ; elle était lumière et l’emporta sur notre Être suprême, notre amour et notre bonté. Bref, il n’est rien qui ne fût tendrement subjugué par les puissantes voix de la céleste Créature.

            Mais en me disant cela mon doux Jésus me fit voir la céleste Reine, et de son Cœur sortit un Soleil qui envahissait la Cour céleste et la terre tout entière. Ses rayons étaient formés de la plus éclatante lumière, avec des voix qui parlaient à Dieu, aux Saints, aux Anges et à toutes les créatures de la terre. Ainsi ma céleste Maman possédait toujours sa parole continuelle, son Soleil qui parle à son Dieu avec des voix de lumière, qui l’aiment et le glorifient divinement. Elle parle aux Saints et elle est pour la Cour céleste une Mère béatifiante et porteuse de joie. Elle parle à la terre et comme Mère, elle nous trace le chemin qui nous conduit au ciel. Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Tu vois ainsi ce que signifie la vie dans la Divine Volonté. La créature acquiert ainsi l’acte, la parole, l’amour continuel. Ce qui sort de ma Volonté maintient la vertu opérative et illuminative et les actes triomphants font alors la conquête de Dieu.

            Après quoi je continuai ma ronde dans les actes du divin Fiat et je m’arrêtai à la création de l’homme en offrant les mêmes actes divins et ceux de l’Adam innocent pour demander le Royaume de la Divine Volonté et Jésus, mon très grand bien, ajouta :

            Ma bienheureuse fille, en offrant nos actes lors de la création de l’homme avec ceux de l’Adam innocent pour demander le Royaume de ma Divine Volonté, tu as renouvelé les joies que nous avons connues en créant l’homme et tu as formé de nouveaux liens d’union entre la Divine Volonté et l’homme. Ces actes formaient le lieu où créer l’homme et lui administrer la vie pour l’animer, et ces mêmes actes formeront ainsi la voie lui permettant de revenir dans notre Volonté. Par conséquent, nos actes, lorsqu’ils sont offerts, deviennent armés d’une puissance qui nous fait décider de donner ce que la créature demande, d’autant plus qu’ils sont porteurs de joie et nous mettent en fête ; et qui ne sait pas que les fêtes abondent en dons jamais encore offerts ? Tu dois savoir qu’aucune création ne nous a donné autant de joie que celle de l’homme. Sais-tu pourquoi ? Parce qu’elle nous donnait le pouvoir de donner les battements de notre cœur, notre vie, notre amour, et en donnant nous nous donnions à nous-mêmes. Car ni le ciel, ni le soleil, ni les étoiles, ni le vent, ni rien de ce que nous avons créé n’avait le pouvoir de nous donner quoi que ce soit. Par conséquent, la joie de recevoir n’existait pas dans les choses créées, et la joie de donner, lorsqu’il n’y a pas d’échange, demeure isolée et sans compagnie. Mais en créant l’homme, nous lui donnions le pouvoir de nous donner notre vie, notre cœur éternel qui bat et donne l’amour. C’était notre joie de donner ce pouvoir à l’homme, de sentir notre cœur en lui, de mettre notre vie à sa disposition pour qu’il puisse nous aimer avec une vie divine. L’homme pouvait ainsi nous féliciter et échanger avec nous ses joies, des joies qui pouvaient être égales aux nôtres. En voyant notre vie en lui, en sentant battre notre cœur en lui, notre joie était telle que nous étions en extase devant le si grand prodige de la création de l’homme, et en nous offrant maintenant nos actes, nous sentons que se répètent les joies et le doux souvenir de sa création. Par conséquent, continue tes offrandes si tu veux nous donner des joies et nous incliner à donner le Règne de notre Volonté sur la terre.

20.  13 août 1933 — Délire divin et passion du divin Vouloir de vouloir vivre avec la créature. Son acte nouveau est le Peintre divin. Ce que signifie vivre dans le Vouloir suprême.

         Je suis toujours dans les bras de la Divine Volonté. Elle semble vouloir m’avoir toujours avec elle pour me donner sa vie continuelle et j’ai l’ardent désir de la recevoir. Sans elle, j’aurais l’impression de voir la vie se dérober sous mes pieds, mon cœur semblerait mourir de faim, et rien ne pourrait nous donner la moindre miette pour satisfaire cette faim. Ô Divine Volonté, vis avec moi si tu veux me rendre heureuse et trouve en moi le bonheur de ta vie même. J’étais perdue dans le Fiat lorsque mon bien-aimé Jésus me fit une brève visite et me dit :

            Ma bienheureuse fille, tu pourrais dire que c’est un délire, une passion divine de ma Volonté qui veut vivre avec la créature et se soumettre à elle pour adopter la petitesse humaine. Pourquoi ? Parce que mon divin Vouloir a toujours un acte nouveau à donner à la créature, mais si elle ne vit pas avec lui et n’a pas l’habitude de faire ses actes en union avec lui pour ne former qu’un seul et même acte, je ne peux pas donner cet acte, parce que, premièrement, la créature ne serait pas digne de le recevoir et que, deuxièmement, elle ne comprendrait pas la valeur de ce grand don et n’aurait pas la vertu de l’absorber en elle comme sa propre vie. En vivant avec ma Divine Volonté, la créature acquiert une vie nouvelle, des voies divines, une science céleste, la pénétration des choses les plus profondes. Bref, puisque mon Fiat est le Maître des maîtres, c’est lui qui crée la plus haute science, fais connaître les choses sans leurs voiles et telles qu’elles sont réellement. Aussi, en vivant avec la créature, il ne veut pas qu’elle reste ignorante, il l’instruit, lui fait ses surprises en lui rappelant sa divine histoire, ce qui la transforme et la rend capable de recevoir cet acte nouveau que mon Vouloir veut lui donner, et en chaque acte que l’âme accomplit en union avec mon Vouloir, elle acquiert une nouvelle prérogative de ressemblance divine. En vivant avec mon Vouloir, l’âme se raffine, s’embellit et devient dans nos mains créatrices le canevas désiré par le peintre, et plus la toile sera fine, plus belle sera l’image qu’il désire peindre sur cette toile. Il semble que les coups de son pinceau deviennent plus artistiques et ses couleurs d’autant plus vivantes que la toile est plus fine. Si bien que l’image de la toile en devient vivante et acquiert une valeur qui fait l’admiration de tous. Or ma Volonté est plus qu’un Peintre divin et ne se lasse jamais de donner une beauté, une sainteté et une science nouvelles, et elle n’attend qu’un acte accompli avec elle pour l’enrichir, se faire mieux connaître et se servir de ses coups de pinceau divins pour élever cette âme à une hauteur et à une rare beauté propre à faire l’admiration des générations, de telle sorte que toutes l’appelleront bienheureuse. Tous seront heureux d’avoir la chance de la regarder avec tous les nouveaux actes reçus par Dieu en vertu du fait qu’elle a agi dans ma Volonté. Elle sera louée et exaltée comme la plus belle œuvre de mon divin Fiat. Son désir de s’abaisser jusqu’à vivre dans la créature, son délire divin, sont des signes qu’il veut faire avec elle de grandes choses et dignes de sa puissance créatrice. C’est pourquoi la vie dans mon Fiat est la plus heureuse fortune qui soit et devrait être le délire, la passion et l’ambition ardente de toute créature.

            Après quoi je sentis en moi et en dehors de moi la mer murmurante du divin Fiat. Oh ! combien il est suave et doux. Il murmure, il parle et caresse sa créature bien-aimée, il murmure et il l’embrasse, il la serre dans ses bras en lui disant : « Je t’aime et je demande de l’amour. » Rien n’est plus beau ni plus agréable que le « Je t’aime » d’un Vouloir si saint, et il demande en échange le petit amour de la créature. Je sentais son divin murmure couler comme une vie dans tout mon être et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, savoir où elle se trouve, ce qu’elle doit faire en nous, ce qu’elle peut recevoir, sans oublier ce qu’elle a reçu, ce sont là des signes que l’âme vit dans ma Divine Volonté. Parce que dire qu’elle vit dans notre Volonté sans savoir où est ce divin Palais qui s’offre à être sa résidence serait ne pas l’apprécier. Car lorsque les choses, les personnes et les lieux ne sont pas connus ils ne peuvent être appréciés. Dire que l’on vit dans le divin Vouloir et ne pas le connaître est absurde ; ce n’est pas une réalité, mais une façon de parler, car la première chose que fait ma Volonté c’est de se révéler, de se faire connaître de la créature qui veut vivre en elle. Lorsque l’âme sait où elle se trouve, elle sait ce qu’elle doit faire avec un Vouloir si saint qui veut tout afin de pouvoir tout donner. L’âme agit alors de façon à pouvoir recevoir sa sainteté, sa lumière, et elle vit des biens de cette Volonté avec qui elle demeure, parce que la connaissant, elle n’a plus le sentiment de s’abaisser dans sa volonté humaine, d’autant que celle-ci ne lui appartient plus. La créature acquiert ainsi avec cette connaissance l’ouïe pour entendre ma Volonté, la voix pour lui parler, l’esprit pour la comprendre, la confiance dans les voies divines pour tout lui demander et tout recevoir. Si bien que la créature n’est plus dans l’ignorance des biens qu’elle possède, mais qu’elle veille à les conserver et à remercier cette Volonté qui s’abaisse jusqu’à vivre avec elle. Or, si une créature lit ces lignes que je te fais écrire sans comprendre ce qui est écrit et met en doute une vérité si sainte, c’est le signe qu’elle ne vit pas dans ma Volonté. Comment peut-elle comprendre si elle n’a pas en elle cette vie si sainte, si elle n’a jamais goûté à ses délices, si elle n’a jamais entendu ses magnifiques leçons, si son palais n’a jamais goûté cette céleste nourriture que sait lui donner ma Volonté ? Elle ignore par conséquent ce que mon Fiat peut faire et donner, et si elle l’ignore, comment peut-elle le comprendre ? Si on ne connaît pas un bien, si on n’a pas au moins les dispositions de vouloir y croire, on est alors dans un aveuglement de l’esprit et une dureté du cœur qui peuvent même conduire à mépriser ce bien. Mais pour la créature qui le connaît et le possède, ce bien forme sa fortune et sa gloire, et elle donnerait sa vie humaine pour posséder la vie de mon Fiat et ses biens qu’elle a connus. Et parce qu’elle le connaît, elle tend l’oreille pour l’écouter, elle ouvre grands les yeux pour le voir, elle l’aime de tout son cœur et ne parle que de lui. En fait, elle voudrait avoir un nombre infini de bouches pour dire tout le bien qu’elle en pense, les prérogatives de celui dont elle possède la vie parce que sa bouche ne suffit pas à dire tout ce qu’elle sait. C’est pourquoi lorsque je veux faire un don, spécialement le grand don de ma Volonté comme vie de la créature, je commence par la lui faire connaître. Je ne veux pas donner la lumière pour qu’elle la mette sous le boisseau comme si elle ne l’avait pas, ni faire des dons pour qu’ils soient cachés ou enterrés en elle. Quel serait alors mon profit ? Et si la pauvre créature ne les connaît pas, comment pourrait-elle y correspondre, m’aimer et les apprécier ? Si je donne, c’est parce que je veux que nous ayons la vie ensemble et que, unis, nous profitions des biens que je lui ai donnés. Ton Jésus se fait alors la sentinelle qui garde avec vigilance ce qu’il a donné à sa créature bien-aimée. C’est pourquoi connaître signifie posséder, et posséder signifie connaître. Les vérités deviennent difficiles et sans vie pour celle qui ne les connaît pas. Par conséquent, sois attentive et profite de ce que ton Jésus t’a donné et fait connaître.