📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

📘 Tome 30     📚Page d'accueil      📘 Tome 32 


Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 31


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


***********

Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  24 juillet 1932 — Par sa parole, Jésus génère sa sainteté, sa bonté, etc., dans la créature. Folie d’amour pour mettre la créature à égalité et pouvoir rivaliser avec elle.

     Mon très doux Jésus, mon céleste Maître, prends ma petite âme entre tes mains et, si tu le veux, continue tes divines leçons sur ta Volonté. Je ressens le besoin extrême d’être nourrie de ta parole. C’est toi-même qui m’y as habituée et m’as donné ce genre de vie. Tu as fait que je vis de toi et de ta douce parole. Il est certain que ce n’est pas moi qui ai formé ce genre d’existence ; non, c’est toi, Jésus, si bien que je te sentais plus que je ne me sens moi-même. Lorsque tu gardes le silence, je sens que cette vie est brisée et c’est le plus dur des martyres ; mais si tu veux cesser de parler, je suis prête à te dire : Fiat ! Fiat ! Fiat ! Mais prends pitié de moi et ne me laisse pas seule et abandonnée.

            Je me sentais totalement abandonnée dans les bras de la Divine Volonté et je n’aspirais à rien sinon au ciel. Il me semble que je n’ai plus rien d’autre à faire que de finir ma vie dans la Divine Volonté sur la terre et de la commencer au ciel. Et mon céleste Jésus, visitant ma pauvre âme, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu t’inquiètes trop et je ne le veux pas. En te voyant si accablée au milieu de tant de biens, cela montre que tu penses plus à toi qu’aux biens que ton Jésus t’a donnés. Et cela montre aussi que tu n’as pas encore bien compris les dons et les biens que tu as reçus de ton Jésus. Tu dois savoir que chaque parole est un don et qu’elle renferme par conséquent un grand bien parce que ma parole a la vertu créatrice. Elle est communicative et formative, et lorsque nous la prononçons, elle forme le nouveau bien à donner à la créature. Ainsi, je t’ai dit autant de paroles que je t’ai fait connaître de vérités et de biens que je t’ai donnés. Et ces dons renferment des biens divins, tous distincts. Tout est dans la parole qui sort de nous et dans laquelle est formé le bien que nous voulons faire sortir. Lorsque ce bien sort, il est certain qu’il aura sa vie chez les créatures parce que ces biens sont animés et formés par notre puissance créatrice, et ils sont conservés dans notre parole même pour assurer le bien que nous voulons donner. Notre parole ébranlera le Ciel et la terre afin de donner le fruit du bien qu’elle possède. 

            Ma fille, tu dois aussi apprendre une autre chose étonnante concernant nos paroles. Suppose que je te parle de sainteté. Cette parole renferme le don de sainteté divine qui doit être fait à la créature dans la mesure du possible pour une créature. Si je te parle de la bonté divine, ma parole renferme le don de bonté. Si je parle de Divine Volonté, elle contient le don de notre Volonté. En somme, ce que notre parole dit de la beauté, de la bonté, de la grandeur ou de la sainteté, elle le contient dans ce don. 

            Écoute à présent un geste de nos stratagèmes amoureux. C’est comme si nous n’étions heureux que lorsque nous formons de nouvelles inventions d’amour à donner aux créatures. Par conséquent, si notre parole dit sainteté, c’est parce que nous voulons faire le don de notre divine sainteté afin que la créature soit à égalité avec notre sainteté et qu’elle puisse rivaliser avec nous. Et, oh ! quel bonheur de voir notre sainteté divine opérant dans la créature ! Et si nous entendons la créature dire : « Je sens la sainteté de mon Créateur imprégnée en moi. Oh ! comme je suis heureuse de me sentir capable de l’aimer avec sa sainteté elle-même. » Oh ! alors, notre amour devient extrême et se déverse sur la créature de façon si exubérante qu’il en devient excessif. Et de la même manière, si notre parole dit bonté et Divine Volonté, c’est parce que nous voulons faire le don de notre bonté et de notre Divine Volonté afin que la créature puisse être à égalité avec notre bonté et notre Volonté, et pouvoir soutenir la compétition avec son Être suprême.

            Tu peux comprendre notre joie en voyant la créature dotée de nos divines qualités dont notre parole était porteuse. C’est notre habitude de diriger notre parole vers une créature. Notre parole est fertile, puissante et pleine d’une lumière qui est comme un soleil formé par une de nos paroles et qui d’un seul coup illumine tout et donne le bien que possède la lumière. 

            Alors, pourquoi cette inquiétude alors que tu vois ton Jésus utiliser souvent sa parole pour te faire don après don ? Et ces dons ne prendront pas seulement vie en toi, mais en beaucoup d’autres créatures, car ils possèdent la puissance générative ; ils donnent et génèrent afin de donner et de générer à nouveau. Notre parole est une naissance de notre sein ; par conséquent elle est notre enfant, et comme un enfant elle porte le bien qui a été généré par son père. Alors, au lieu d’être accablée, pense plutôt à ton Jésus et aux nouvelles surprises qu’il veut te faire par ses divines paroles afin d’être disposée à recevoir un tel bien. 

                        Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté, et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, lorsque l’âme permet d’être dominée, investie et subjuguée par ma Divine Volonté en chaque partie de son être, que ce soit de l’âme ou du corps, ma Volonté opérante est alors en possession de tout. L’esprit est alors animé par la science de la Divine Volonté, la voix la possède pour en parler, les mains la possèdent, les pieds possèdent ses pas divins, et le cœur possède son amour. Et combien ma Volonté sait aimer ! Ainsi, tout est uni et forme la sainteté divine dans la créature et nous retrouvons tous nos droits dans la créature. Comme tout est à nous, nous trouvons les droits de la Création, les droits de notre sainteté, de nos œuvres, les droits de notre divin Fiat, de notre bonté et de notre amour. Bref, il n’est rien qui nous appartienne que nous ne retrouvons et qui, par conséquent, est notre droit, et en échange la créature trouve son droit dans son Créateur. Comme la Volonté des deux est une, les droits de l’un sont les droits de l’autre.

            Par conséquent, voilà ce que signifie vivre dans mon Vouloir : c’est recevoir de droit notre sainteté, notre amour, notre science et notre bonté. Nous ne pouvons donner moins parce qu’ils sont la propriété de la créature de la même manière qu’ils sont la propriété de notre Fiat, car sa vie est déjà vécue dans notre Fiat. De plus, celle qui vit dans notre Volonté grandit toujours en sainteté, en amour et en beauté, comme en toute autre chose. Cette croissance continuelle forme un acte nouveau que la créature peut donner à son Créateur. Nous donnons à la créature l’acte nouveau que nous possédons par nature, et la créature nous le donne en vertu de notre Volonté. Et, oh ! quelle satisfaction pour les deux, quelle joie ils éprouvent ! Pouvoir recevoir de la créature, et pour nous, pouvoir donner ! Donner et recevoir maintient l’aliment de correspondance, conserve l’union qui grandit toujours, et c’est comme le souffle qui garde le feu allumé et la flamme de l’amour vivante, sans danger qu’ils s’éteignent. Par conséquent, va toujours de l’avant dans ma Volonté et tout ira bien.

2.   7 août 1932 — Avec la lumière de la Divine Volonté, tout le reste perd sa vie. La Divine Volonté donne un divin repos, la créature qui vit en elle est confirmée dans le bien et elle acquiert le droit d’être citoyenne du ciel.

     Bien que je sois sous le poids des privations de mon très doux Jésus, je suis dans les bras de la Divine Volonté. Sans Jésus, les heures sont des siècles et les jours interminables. Et, oh ! comme sa douce et aimable présence me manque, et je sens toute la dureté de mon long exil. Mais alors que je gémis et soupire, le divin Fiat déverse sa lumière sur ma peine et la soulage pour me faire couler dans les vagues éternelles de ses actes afin d’unir mes actes aux siens pour qu’ils ne soient qu’un. Ah ! il semble qu’il ne me laisse même pas le temps de souffrir d’être privée de celui que j’aime tant ! Sa lumière s’impose sur tout, elle éclipse et absorbe tout. Elle réclame tout et ne vous permet pas de perdre du temps, même dans les choses les plus saintes, comme la privation de Jésus. Mais je nageais dans une mer de douleur lorsque Jésus, ma vie, est venu dans un éclair qui disparut rapidement, et visitant ma pauvre âme il me dit :

            Ma bonne fille, courage ! Laisse-toi conduire par la lumière de ma Divine Volonté qui saura convertir tes tristesses, tes souffrances et mes privations en paix et en divines conquêtes. La nature de sa lumière éclipse, corrobore, fortifie, et partout où elle parvient la souffrance perd de sa force. Elle est vie et change la peine en conquêtes et en joies parce que la force de sa lumière surmonte cette peine et prend sa place, et toute chose perd sa vie. Et si devant la lumière de ma Divine Volonté, on ressent d’autres effets et d’autres désirs, cela veut dire que l’âme n’est pas remplie de la plénitude de sa lumière et que ma Divine Volonté n’a pas son règne absolu dans l’âme. Le règne de ma Volonté est absolu et inconditionnel ; il a par conséquent le droit suprême de tout absorber, de faire perdre sa vie à toute chose, et de tout convertir en Divine Volonté.

            Tu dois savoir qu’une rosée bienfaisante descend sur la créature chaque fois qu’elle accomplit un acte dans ma Volonté. Cela lui conserve la fraîcheur divine et procure l’opium pour tout ce qui ne lui appartient pas. Et, oh ! comme il est beau de la voir toujours nouvelle dans ses actes, nouvelle dans son amour, dans sa peine, et dans l’espoir de recueillir la rosée pour recevoir l’opium qui convertira la peine en une douce conquête de mon divin Vouloir ! La nouveauté rend une personne ou un objet aimable et attrayant. Les vieilles choses ne plaisent à personne. Et c’est pourquoi j’aime tant celle qui vit dans ma Divine Volonté parce que je sens en elle la nouveauté divine et les parfums suaves ; bref, elle nous donne ce qui est à nous. Et moi, ton Jésus, j’enferme dans mon divin Cœur cette créature aimée et je forme et fais grandir toute chose dans ma Volonté. Ainsi, ce groupe d’enfants de mon Vouloir sera formé dans mon très saint Cœur comme autant de petites reines, les enfants du grand Roi.

            Poursuivant dans mon état de dépression dû à la privation de mon doux Jésus, je me disais : « Et bien que je sois privée de celui qui est ma vie même, je ressens une paix profonde et ne crains pas la possibilité d’être perdue. Je ne sens dans ma petite âme qu’une mer profonde qui murmure, mais son murmure n’est qu’un Je t’aime. Mon petit Je t’aime à moi ne demande qu’une chose : ‘Que le Royaume de ta Volonté vienne sur la terre.’ Et sans jamais cesser de murmurer, je fais souvent sortir de petites vagues pour être libérée de mon exil et prendre le ciel de force pour m’enfermer dans la céleste Patrie. Mais en vain ! Mes vagues retombent dans ma mer et je continue paisiblement à murmurer : Je t’aime ! Je t’aime ! et je relie le Ciel et la terre pour demander ton Fiat. » Mais alors que mon esprit bredouillait, mon Jésus immensément bon me serra dans ses bras et, toute tendresse, il me dit :

            Petite nouveau-née de ma Volonté ! Tu sembles vouloir t’inquiéter, mais je ne le veux pas. Dans la mer de ton âme, je veux la paix éternelle et non les tempêtes. Les craintes, les soucis et les doutes sont des tempêtes. Ils empêchent le murmure continuel de ton paisible « Je t’aime » qui doit couler et murmurer toujours pour l’emporter sur ton Créateur afin qu’il envoie son Vouloir sur la terre pour y régner.

            Tu dois savoir que pour celle qui se laisse dominer par ma Volonté et vit en elle, les forces du mal perdent leur vie : la peur de m’offenser, les soucis et les embêtements perdent leur semence de renaissance. Le corps et l’âme demeurent confirmés dans le bien. La créature se trouve dans la même condition que les bienheureux et le mal n’a plus de vie en eux parce que dans ces célestes régions, dans ma Volonté, les forces du mal ne peuvent absolument pas entrer. Ainsi, celle qui vit dans ma Volonté peut être appelée citoyenne du ciel et elle en acquiert les droits. Et si elle se trouve sur la terre, elle est comme une citoyenne perdue de la céleste Patrie que ma Divine Volonté a placée là en vue de son grand dessein et pour le bien de la misérable humanité. Mais bien qu’elle soit sur la terre, elle ne perd pas les droits des citoyens du ciel, ni celui de vivre avec les biens de la céleste Patrie. Et bien qu’elle se sente perdue, elle possède légitimement le ciel dans son âme afin de vivre non de la terre, mais du ciel.

            Ah ! la vie dans la Divine Volonté appelle le ciel sur la terre, et sa lumière écrit sur le front en lettres indélébiles : « Amour éternel, paix inébranlable, confirmation de tous biens, fille de l’Être suprême ! » Par conséquent, je te veux toujours dans ma Volonté pour que tu puisses jouir des biens de ta céleste Patrie qui sont : amour continuel, paix immense et Divine Volonté comme vie de tous les bienheureux.

3.  14 août 1932 — Celui qui ne vit pas dans la Divine Volonté se trouve dans la condition de ceux qui sont paresseux devant la lumière du soleil. Quiconque vit dans la Divine Volonté possède la Très Sainte Trinité en acte.

      Je pensais à la Divine Volonté et à la manière dont tous les droits appartiennent à celui qui lui accorde le plein empire, et comment ceux que les autres obtiennent par pitié et miséricorde, par la bonté de Dieu, il l’obtient de droit. Il obtient de droit la sainteté parce que ce qui le domine est saint et possède la vertu de transformer le corps et l’âme en sainteté, bonté et amour. Aussi, les victoires, les conquêtes et les droits sont tous à lui, et il assiège le ciel comme quelqu’un qui le possède. Quelle différence entre celui qui vit dans la Divine Volonté et celui qui vit de sa volonté humaine ! Mais je pensais à cela lorsque mon adorable Jésus m’a refait sa petite visite et m’a dit :

            Bienheureuse fille, la différence entre l’un et l’autre est grande et incalculable. Celui qui ne vit pas dans ma Volonté est comme le soleil pour ceux qui sont paresseux ; bien que ses rayons les revêtent de sa lumière et de sa chaleur, ils ne font rien, ils n’apprennent et ne gagnent rien. La lumière du soleil est pour eux rendue stérile, et comme ils restent sans rien faire, ils se fatiguent, ils sont dérangés par sa lumière et recherchent les ténèbres comme repos pour leur malheureuse paresse. Par contre, pour ceux qui travaillent, la lumière est active. Elle est lumière pour l’œil afin de voir tout ce qu’il doit faire ; car peu importe la lumière qu’il puisse y avoir en dehors de l’œil, si l’œil n’a pas la lumière de la vie, la lumière qui l’entoure ne servira à rien. Et si l’œil n’a pas la lumière extérieure, le fait d’avoir la lumière comme vie dans son œil ne lui sera d’aucune utilité. Ma bonté paternelle a placé cette union et cette harmonie entre la lumière extérieure de la créature et la lumière de son œil. L’une ne peut agir sans l’autre. Ma Volonté est lumière pour les mains si elles veulent travailler, si elles veulent écrire, lire, etc. Ainsi la première partie active de la créature est faite par la lumière ; sans elle, il serait presque impossible de pouvoir faire un peu de bien et de pouvoir gagner un morceau de pain pour vivre. 

            Telle est la lumière de ma Volonté pour celui qui ne vit pas en elle. Elle brille et existe pour tous, mais elle n’opère pas et ne domine pas dans l’acte de la créature. Malgré toute sa lumière, la créature reste paresseuse, elle n’apprend rien du divin et ne conquiert rien. Les plus belles choses sont fatigantes et ennuyeuses pour cette créature.

            La volonté qui veut vivre dans la mienne est comme un œil rempli de lumière et qui se rend capable de s’unir avec la lumière de ma Volonté. Comme elles sont en accord, elles accomplissent des œuvres grandes et prodigieuses qui étonnent le ciel et la terre. Vois-tu ce que signifie vivre dans ma Volonté ? C’est ne pas être paresseux. La petite lumière de l’âme en harmonie avec la lumière du Fiat éternel la rend opérante dans les actes du Fiat et forme l’inséparabilité entre les deux.

            Une multitude de pensées sur la Divine Volonté continuaient à occuper mon esprit, et mon céleste Jésus ajouta :

            Bienheureuse fille, ma Volonté produit la lumière dans l’âme. La lumière à son tour engendre la connaissance. La lumière et la connaissance, dans leur mutuel échange d'amour, engendrent l’amour de Dieu. Ainsi, partout où règne ma suprême Volonté, la Très Sainte Trinité règne elle aussi en acte. Notre adorable Divinité est amenée de par sa nature même et de façon irrésistible à générer continuellement et sans interruption. Le premier acte générateur est accompli par nous. Le Père m’engendre continuellement et moi, son Fils, je me sens continuellement engendré en lui. Le Père céleste m’engendre et m’aime, je suis engendré et je l’aime, de l’un et de l’autre procède l’Amour. Cet acte générateur qui jamais ne cesse renferme toute notre merveilleuse connaissance, nos secrets, nos béatitudes, tous les temps, toutes nos dispositions, notre puissance et notre sagesse.  Toute l’éternité est contenue dans un acte générateur qui forme l’unité de notre Être divin.

            Par conséquent, cet Amour réciproque que forme la Troisième Personne de notre Être suprême, inséparable de nous, ne se contente pas de cet acte générateur, mais veut générer en dehors de nous dans les âmes. Et voilà que cette tâche est confiée à notre Volonté qui animée par notre Amour descend dans les âmes et avec sa lumière forme notre divine génération. Mais cela ne peut être accompli qu’en celles qui vivent dans notre Vouloir ; il n’y a pas de place en dehors de notre Volonté où former notre vie divine. Notre parole ne trouverait pas les oreilles capables d’écouter, et faute de notre connaissance, l’Amour ne trouverait pas la substance avec laquelle engendrer. Notre Sainte Trinité est alors désordonnée dans la créature. Par conséquent, seule notre Volonté peut former notre divine génération. Aussi, sois attentive et écoute ce que veut te dire cette lumière afin de lui donner le champ d’action de son acte générateur.

4.  21 août 1932 — Le désir de Jésus et le besoin qu’il ressent du Je t’aime de la créature. Son amour en faillite. L’amour, sang de l’âme. L’anémie qui existe dans le monde.

        Je faisais ma ronde dans les actes de la Divine Volonté et, oh ! combien je voulais lui donner l’échange de mes actes. Comme je suis trop petite et incapable d’accomplir des actes égaux aux siens pour les échanger, je viens avec mon petit Je t’aime. Bien qu’il soit petit, Jésus le veut et il l’attend pour me dire :

            La petite nouveau-née de ma Volonté a placé ce qui est sien dans nos actes. Nos actes ne sont plus seuls et ils ont la compagnie de celle pour qui ils ont été créés. C’était et c’est toujours notre Volonté que de donner un champ d’action à la créature dans nos actes pour pouvoir dire : « Aimons et agissons dans un seul et unique champ. »

            Je me disais : « Qu’est-ce que mon petit Je t’aime peut avoir de spécial pour que Jésus l’aime et le veuille à ce point ? » Et mon bien-aimé Jésus, toute bonté, me dit :

            Petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que j’aime ton Je t’aime et que je l’attends toujours. Je t’aime et ne cesse jamais de t’aimer, et si tu arrêtes tes Je t’aime, j’ai l’impression que je te donne mon amour continuel et que tu ne me le retournes pas. Et mon amour a le sentiment que tu l’as volé. Par contre, lorsque mon Je t’aime court et trouve le tien prêt à être donné et à recevoir mes Je t’aime, mon amour se sent payé de retour, et il n’y a pas de laps de temps entre mon Je t’aime et ton Je t’aime. Il y a une course, une compétition d’amour entre le Créateur et la créature. De plus, lorsque je vois que tu es sur le point de me dire Je t’aime, ma Volonté revêt ton petit Je t’aime pour le rendre grand, et je retrouve mon amour dans le tien. Comment puis-je ne pas vouloir l’aimer ?

            Ma fille, ce sont mes stratagèmes habituels. Je donne afin de recevoir. Voilà mon commerce : j’aime, je donne de l’amour pour recevoir de l’amour, et si je ne suis pas aimé, mon commerce fait faillite. Et comme l’amour est ma passion, je ne me lasse jamais et ne regarde jamais en arrière. Je recommence et reprends mon commerce. J’ai une abondance de stratagèmes et de tendresse pour renouer ma faillite d’amour dans la créature. Oh ! si tu savais comme mon Cœur est blessé et combien il souffre lorsque je dis Je t’aime et que la créature n’entend pas l’appel de mon amour pour recevoir son amour.

            De plus, tu dois savoir que l’amour est le sang de l’âme. Tout comme ma Volonté est vie, dans l’ordre naturel, la vie ne peut pas fonctionner sans le sang, et le sang ne peut pas circuler s’il n’a pas de vie. Et on jouit de la vie en fonction de l’abondance du sang. C’est la même chose dans l’ordre surnaturel. Ma Divine Volonté ne peut pas fonctionner sans le sang de l’amour. Plus il y a d’amour, plus elle sera forte, en santé et active. Sinon, elle souffrira d’anémie et pourrait finir par être déficiente. Ainsi, lorsqu’il n’y a pas suffisamment de sang d’amour, bien qu’elle soit vie, ma Volonté est rendue malade et inactive dans l’âme parce que le sang de l’amour lui manque pour pouvoir fonctionner. Toutes les vertus sont rendues anémiques et la patience, la force et la sainteté sont flétries et converties en défauts. C’est pourquoi il y a beaucoup d’anémie dans le monde, car il y manque la pureté du sang de mon amour et, en conséquence, le monde se dirige vers une terrible déficience qui entraînera la ruine du corps et de l’âme. C’est pourquoi j’aime tant ton Je t’aime et je le veux dans tous mes actes, dans toutes les choses créées, et dans chaque acte des créatures afin de former assez de sang pour servir d’antidote et de remède à l’anémie existante. Ce sera la préparation du Royaume de ma Divine Volonté.

            C’est pourquoi  je ressens le besoin de ton amour. Il est vrai qu’il est petit, mais je ne le vois pas comme petit ou grand ; je vois qu’il est donné dans la puissance de ma Volonté qui convertit les plus petits actes en actes très grands et les revêt d’une telle beauté que j’en suis ravi. Ainsi, c’est assez de le faire simplement en sachant que je le veux, que je l’aime, et que cela me rend heureux. Je verrai à le rendre grand ou petit. Et ton Je t’aime, je le veux dans le battement de ton cœur, dans l’air que tu respires, dans le soleil, le ciel, en toute chose. Oh ! comme je voudrais voir ton "Je t’aime" investir le Ciel et la terre, les créatures et le Créateur.

5.  28 août 1932 — Divines alternatives : travail et repos. Dieu saisit toujours la créature au moyen de l’amour. Amour universel et spécial.

        Mon petit esprit continue de se dépenser dans le divin Vouloir. Il me semble ne pas pouvoir exister sans me plonger dans ses vagues pour trouver en acte ce qu’il a fait par amour pour nous ; mais au milieu de cette immensité d’amour, mon amour gémissait douloureusement à cause de la privation de mon doux Jésus. Je ressens son profond silence dans mon âme même si l’air y est très pur, le ciel très clair et constellé d’étoiles scintillantes de toutes les couleurs et qu’un soleil brille continuellement sur ma petitesse afin que tout en moi devienne Divine Volonté. Tout est paix et sérénité. Pas même le bruit d’un petit souffle de vent. Tout cela est un effet et une caractéristique du Fiat éternel. Et cependant, je me disais : « Il me semble qu’il me manque le Roi, celui dont l’amour est inexprimable, celui qui a tout fait et tout ordonné en moi, et que je me sens seule parce qu’il n’est pas là. Mais dis-moi, pourquoi m’as-tu quittée ? Pourquoi ne parles-tu pas ? » Et mon cher Jésus, blessé par mes gémissements, m’a prise dans ses bras et m’a dit :

            Ma fille, ne sois pas surprise. Après avoir travaillé, j’ai l’habitude de vouloir trouver le repos parmi mes œuvres qui sont plus qu’un doux lit, qui se prêtent dans l’acte de profonde adoration et qui, dans leur silence, me donnent le repos. Le repos après le travail est la récompense du travail. C’est le plaisir et le bonheur que le sacrifice sait comment donner. N’est-ce pas ce que j’ai fait dans la Création ? J’ai commencé par créer avec mon Fiat parce que notre parole est travail ; elle est passage ; elle est tout. Et lorsque tout a été accompli et ordonné, j’ai trouvé le plus beau et le plus doux des repos. Notre Être suprême alterne entre le travail et le repos. Le travail appelle le repos et le repos nous appelle au travail. Aussi, ne veux-tu pas que je me repose dans ton âme ? Tout ce que tu vois en toi n’est rien d’autre que l’œuvre de ton Jésus. Chaque parole que je t’ai dite était une œuvre que j’accomplissais, et par ma parole j’ai formé en toi une création nouvelle, plus belle que la Création elle-même. La Création devait servir le corps, tandis que cette nouvelle création devait servir les âmes afin de leur donner la vie de ma Volonté.

            Si je n’alternais pas entre le travail et le repos, ce serait un signe que je n’avais pas la liberté de travailler dans ton âme avec ma puissance créatrice. J’aurais alors continué mon travail jusqu’à obtenir ce que je voulais, et ensuite je me serais reposé. Tant que je n’ai pas terminé une œuvre, je ne me repose pas, et si après un repos je travaille à nouveau, c’est parce que j’entreprends de nouvelles œuvres. Ne veux-tu pas que je me repose sous ce ciel serein, ces étoiles et ce soleil qui fait tomber sur moi cette pluie de douces et rafraîchissantes gouttes qui m’invitent au repos par leurs doux chants ? Et qui dans leur silence me disent : « Que tes œuvres, ta Volonté opérante et la puissance créatrice de la vie que tu nous as données sont belles ! Nous sommes tes œuvres, repose-toi en nous, et nous formerons ta gloire et ton adoration perpétuelle. » À ces douces paroles, je me repose et me réveille en même temps, et je préserve mon œuvre et prépare d’autres œuvres que je vais accomplir.

            Et si seulement tu savais ce qu’est mon premier travail après mon repos ! Je commence mon travail en disant à la créature un doux Je t’aime. Je veux commencer mon travail avec mon amour pour que la créature, se sentant blessée et captivée par la force irrésistible de mon amour, me permette d’agir et me donne le champ d’action de son âme. C’est ainsi que je commence toujours mes œuvres, en demandant le sacrifice par la force de l’amour. Mon amour lui procure le bonheur, l’investit, l’absorbe et l’enivre. Et la créature enivrée, devant cet amour, me permet de faire ce que je veux et parvient au sacrifice de sa propre vie. Parce que mon Je t’aime vient des profondeurs de ma Divinité qui contient l’immensité, il est partout ; il est infini, puissant et capable de faire toute chose ; il est sagesse et dispose de tout. Tout ce qui existe ressent alors la force de mon Je t’aime, et toute chose le répète avec moi. Le ciel le répète avec toute la cour céleste ; les étoiles le disent et leur scintillement se convertit en Je t’aime. Le soleil, le vent, l’air et l’eau disent : Je t’aime parce qu’ayant été dit par moi, mon Je t’aime a retenti en toute chose et partout, et tout le répète avec moi. Et la créature se sent sous la pluie d’un immense Je t’aime et, submergée par mon amour, elle me permet d’agir ; elle ne dit mot ; elle se prête à me laisser accomplir les plus belles œuvres. Et bien que la créature ressente le besoin de me dire aussi Je t’aime, elle voit que son Je t’aime est trop petit devant le mien parce qu’il ne possède pas des armes qui sont immenses, puissantes et infinies. Et pourtant, elle ne veut pas qu’on la laisse en arrière et elle utilise la capacité de pouvoir le dire dans la puissance de ma Volonté. Et, oh ! combien cela me rend heureux. Et ma Volonté n’est pas seulement pressée de travailler, mais de répéter mon Je t’aime direct et spécial. Il est vrai que j’aime toutes les créatures. Mon amour ne cesse jamais pour personne, mais lorsque je veux accomplir des œuvres spéciales, des œuvres nouvelles, un dessein particulier, je ne me satisfais pas de mon amour général. J’ajoute un amour spécial et distinct qui, en servant à fasciner la créature, sert aussi de matière, de sol où mon œuvre peut être formée et étendue. Par conséquent, laisse-moi faire. Je sais quand il faut travailler, parler, garder le silence, et quand il faut se reposer.

            Fiat !

6.  4 septembre 1932 — L’échange, le besoin d’amour divin. La Divine Volonté opérante ; continuation de la Création.

        Je suis toujours dans la mer du divin Vouloir qui rend présente pour moi toute la Création. Quel immense théâtre où des scènes émouvantes révèlent clairement le grand amour de Dieu pour la créature et captivent le cœur pour le faire aimer ! Et je pensais à la grande ingratitude de ne pas permettre de se laisser saisir pour l’aimer. Et mon Jésus m’a surprise avec son Cœur plein d’amour et m’a dit :

            Ma bonne fille, notre Être suprême a fait la Création pour donner de l’amour et recevoir en échange l’amour des créatures. Rien n’a été créé qui n’ait eu cette raison : recevoir un échange d’amour. Sinon, nos œuvres n’auraient pas été communicatives, fructueuses, nourrissantes et remplies de vie pour rendre l’homme heureux. Elles auraient été des œuvres destinées seulement à attirer l’œil et n’auraient fait de bien à personne. Au contraire, en voulant cet échange, nous avons créé la communication de la lumière afin de donner à la créature la vie de la lumière. Nous avons créé l’air pour donner à la créature la vie du souffle, l’eau, la nourriture et le feu afin de donner la vie et les biens qu’ils possèdent, et ainsi de suite pour tout le reste. Combien d’actes de vie nous avons placés autour de la créature pour la faire grandir, la nourrir et entretenir sa vie !

            Vouloir un échange était ainsi un besoin de notre amour. Les œuvres sans échange sont des œuvres sans témoin et sans appréciation, et peu importe l’usage que les créatures puissent en faire, elles restent des œuvres isolées et non appréciées. L’échange ne fait pas simplement usage de l’œuvre, il entre à l’intérieur pour reconnaître celui qui l’a créée par amour. L’échange donne vie à la gratitude et à l’action de grâce. On peut dire que l’échange maintient la communication, l’amitié et la correspondance entre celui qui fait le don et celui qui le reçoit.

            Ma fille, écoute une autre caractéristique de l’immensité de notre amour pour l’homme. Afin d’avoir cet échange, nous avons placé dans l’homme en le créant notre Volonté opérante unie à la sienne. Ainsi, tout comme notre Volonté dans l’acte de Création a créé tant de choses par amour pour lui, en son âme, parce qu’il possède la Divine Volonté et en vertu de cette Volonté, l’homme pouvait avoir une force égale et nous donner l’échange que nous voulions. Notre Fiat agissant dans la Création et dans la créature devait engager la volonté humaine dans un jeu pour faire usage de tous les actes de notre Volonté, petits ou grands. Cela pour qu’il puisse y avoir un juste échange pour toutes nos œuvres dans la Création, et plus encore pour connaître le nombre, la variété, la beauté et la valeur de toutes nos œuvres. La créature ne devait rien moins qu’opérer avec la même multiplicité, la même somptuosité et la même beauté que notre Fiat avait manifestées dans l’univers et, par conséquent, échanger les œuvres extérieures et intérieures de notre Fiat dans les profondeurs de l’âme. 

            La Divine Volonté devait se servir de la volonté humaine comme matière entre ses mains pour continuer sa Création. C’est pourquoi l’homme, en rejetant notre Volonté, a fait cesser notre vie opérante dans ses actes que notre Volonté aurait utilisés pour les transformer en cieux, en étoiles, en soleils, en mers, etc. Il a fait obstacle à notre œuvre, il l’a arrêtée, il a bouleversé les douces harmonies et les chers échanges qui auraient pu exister en vertu de notre Vouloir. Nous aurions pu tout faire en lui si notre Volonté avait eu sa force opérante en lui. C’est la raison de notre hâte, de nos soupirs, de notre insistance et de nos souffrances pour que la terre de l’homme puisse devenir un champ d’action dans lequel notre Vouloir aurait toute liberté de faire ce qu’il veut. Et ne pense pas que seul l’Être suprême veuille l’échange dans ses œuvres, car la première raison pour ses œuvres est aussi pour la créature d’avoir l’échange. Si cet échange est là, ou si au moins le désir de cet échange est présent, la créature a des mains et des pieds pour bouger, une bouche pour parler, une force pour le sacrifice et le temps pour agir. Mais s’il n’y a pas d’échange, la créature semble ne pas avoir de mains, de pieds, de bouche, de force et de temps. Elle sent que la vie de cette œuvre est morte. Il semble que l’échange ne soit rien, mais ce n’est pas vrai ; c’est au contraire le commencement et la vie de toute œuvre. L’échange est par conséquent une nécessité pour mon amour, et il me permet de poursuivre l’œuvre de la Création.

            Je continuai mon abandon dans le divin Fiat, et un flot de pensées, de doutes et de difficultés surgissait dans mon esprit. Et mon céleste Maître ajouta :

            Ma fille, ma Volonté a la vertu de centraliser tout l’être d’un homme dans un acte. Si ma Volonté agit dans la créature avec sa vertu unifiante, elle centralise les pensées, le cœur, les pas et toute chose de telle sorte que la créature ressent non seulement ses actes, mais aussi son être tout entier investi par sa force opérante. Ses actes sentent le commandement de ma Volonté opérante et tout ne fait qu’une seule chose. Cette force unifiante rend la créature dominante et ordonnée parce que le premier don que fait mon Fiat est celui de l’ordre et de la maîtrise sur soi. Ainsi, la créature prend son empire divin et devient un matériau malléable dans les mains de ma Volonté et elle se prête à ses œuvres merveilleuses. Au contraire, sans ma Volonté, la créature ne possède même pas la force unifiante dans ses actes et, par conséquent, on la voit éparpillée, sans ordre, et comme un matériau durci qui ne prend pas la forme que notre Vouloir veut lui donner.

            Fiat !

7.  8 septembre 1932 — Le prodige de la naissance de la Reine du Ciel. Les moyens de communication entre le Créateur et la créature. Ce qui forme la noblesse de l’homme.

       Mon petit esprit fait toujours ses rondes à l’intérieur et à l’extérieur du divin Vouloir et j’ai beau tourner et tourner, je ne me fatigue jamais. Je sens une force mystérieuse qui me pousse et jamais ne me dit d’arrêter. Elle me dit : « Cours, cherche ses actes, aime, adore, embrasse, transforme tes actes en les siens et forme toute ta vie dans la Divine Volonté. » Et si je ne sais que dire au cours de mes rondes, je raconte ma petite histoire : « Je t’aime, je t’aime, je t’adore, je te bénis ô adorable Volonté, en toutes tes œuvres. » Et comme c’est aujourd’hui la naissance de la Reine du Ciel, je me suis arrêtée pour penser au grand prodige de sa naissance où le ciel et la terre étaient en adoration devant ce divin prodige. Et mon immense bien, Jésus, avec un amour et une tendresse inexprimables, me dit :

            Bienheureuse fille de ma Volonté, la naissance de ma céleste Mère renferme tout ensemble tous les prodiges et toutes les merveilles, et sais-tu pourquoi ? Ce n’était pas seulement elle qui naissait pure, sainte, belle et immaculée. Non, avec la céleste enfant naissait ma Divine Volonté déjà conçue et enclose en elle pour former sa vie opérante et grandir dans cette gracieuse enfant. 

            Ma Volonté s’est enclose afin de naître avec la céleste créature, et elle s’est servie de son corps pour opérer et former sa vie divine. C’était un prodige que seul l’Amour éternel, la Sagesse et la Puissance divines pouvaient opérer ! Ce n’était pas seulement une vie qui était donnée ni simplement un don pour la libérer de la tache originelle, cela n’aurait rien été pour notre Puissance. Ce qui a attiré l’attention de tous et a causé leur stupéfaction, c’est ma Volonté qui est née avec elle dans le monde. Si bien que le ciel et la terre en furent bouleversés. Tous étaient attentifs et sentaient une force mystérieuse, la force même qui dominait et préservait toute la Création. C’était notre Volonté qui donne le mouvement à toute chose et se plaçait elle-même et toute la Création au service et à la disposition de cette nouveau-née.

            C’est pourquoi la naissance de ma Volonté avec elle fut le commencement qui amena tous les autres prodiges à être centralisés en elle. Là où règne mon Fiat, il n’y a pas de bien qui ne soit présent, et il n’y a pas de prodige qui ne soit accompli. Il veut manifester son amour et sa puissance en formant sa vie opérante et la déposer autant qu’il est possible pour la créature de la contenir. 

            Par conséquent, admire et rends grâce à notre Être suprême qui en est venu à tant d’amour pour cette nouveau-née, qu’Il a fait que notre Volonté, laquelle n’a ni commencement, ni fin, ni limites, a pu renaître en elle.

            Je suivis alors les œuvres de la Divine Volonté dans toutes les choses créées, et mon aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, les choses créées ont été faites par nous comme autant de voies offertes à l’homme pour venir à nous. Nous avons laissé toutes les portes ouvertes afin qu’en tout temps, s’il voulait venir, il n’aurait pas à frapper ou à les ouvrir pour venir à nous. Il était notre fils, et il était juste et raisonnable qu’il ait toutes les avenues ouvertes pour aller vers son Père céleste et rester avec lui pour l’aimer et être aimé, et pouvoir demander en tant que fils des grâces et des faveurs. Mais sais-tu ce que ce fils ingrat a fait ? Il a lui-même fermé la voie. Il a formé des barrières et fermé les portes avec le péché. Il a rompu toute correspondance avec celui qui lui a donné sa vie.

            Veux-tu savoir qui revient ouvrir les portes et brûler les barrières ? Quiconque m’aime et vit dans ma Divine Volonté. L’amour et mon Fiat sont les forces puissantes qui brûlent et vident tout. Elles ouvrent toutes les avenues afin de ramener le fils dans les bras de son céleste Père.

            Tu dois savoir que toutes les vertus, les bonnes œuvres, l’amour et la vie dans ma Divine Volonté forment la noblesse de l’homme, mais la substance de cette noblesse est la richesse de ma grâce. Tout le bien repose sur elle qui devient la fontaine et la gardienne de tout le bien qui peut être fait ; sinon, on peut dire que l’homme, bien que d’origine noble, est sans richesses. Aussi, par besoin, il se voit commettre des actes indignes de sa noblesse. En fait, si quelqu’un est noble sans être riche, il ne peut se vêtir comme un noble ou vivre dans des palais. Sa noblesse est donc réduite à un souvenir de son état. Ainsi, pour celui qui ne possède pas la richesse de ma grâce, tout le bien se voit réduit à des vertus sordides qui font qu’on le voit souvent pauvre en patience, en prière, en charité, et ainsi de suite pour toutes les autres vertus. Le bien qui est formé par ma noblesse est préservé par la richesse de ma grâce, et ma Volonté forme le Roi qui domine et, avec une divine maîtrise, régit et ordonne toute chose.

8.  18 septembre 1932 — La page écrite dans la Divine Volonté est l’histoire de la créature. Dieu ne nous veut pas servantes, mais princesses dans son Royaume. L’Amour divin en quête de toutes les créatures pour les aimer.

        Mon abandon dans la Divine Volonté continue et je me sens cachée par ses vagues éternelles qui embrassent tout. Rien n’échappe à son immensité. Quiconque veut tout trouver, tout embrasser et entendre l’histoire de chaque chose doit entrer dans cette mer du Fiat suprême. Mon esprit se perdait en lui lorsque mon doux Jésus rendit visite à ma petite âme et me dit :

            Ma bienheureuse fille, ma Volonté renferme tout, ou plutôt chaque créature y a sa page écrite sur la façon dont son histoire et sa vie doivent se dérouler. Et cette page est là, écrite de toute éternité dans la lumière de notre Volonté. La vie de chaque créature a eu son commencement dans le temps, mais elle n’a pas eu de commencement dans notre Être suprême et elle était aimée par nous d’un amour sans commencement ni fin. La Création n’existait pas encore que nous aimions la créature parce qu’elle était déjà en nous. Dans le temple de notre Divinité était enclose la naissance de chaque créature et en chacune nous voyions sa page écrite, les événements, et sa petite histoire. Et nous aimions la créature plus intensément, selon ce qui était écrit, et la façon dont notre très sainte Volonté devait être plus ou moins accomplie et glorifiée.

            Tu n’existais pas encore, mais notre Volonté te contenait et avec amour, nous te donnions une place, un repos sur nos genoux paternels. Nous te donnions des leçons diverses sur notre Fiat. Et, oh ! quel plaisir nous avions à te voir écouter et écrire dans ton âme, comme pour le copier, ce qui était écrit dans notre page éternelle. Tu dois savoir que ce que nous voulons que la créature fasse dans notre Volonté est d’abord fait et formé par nous dans notre Vouloir, puis, s’écoulant hors de nous, ma Volonté veut l’accomplir et le former dans la créature, et y avoir son champ d’action pour cette divine activité. Notre amour est si grand que nous voulons que la créature fasse ce que nous avons fait et rien d’autre, et nous lui donnons le modèle de notre acte afin qu’elle le copie. Et combien d’aide et d’assistance nous lui donnons pendant qu’elle le copie. Nous lui donnons notre Volonté comme acte personnel et premier matériau afin que la copie sorte conformément à notre dessein !

            Pour quiconque fait sa propre volonté, chacun de ses actes ne fait que ruiner notre dessein, annuler ce qui est écrit sur notre page. Chaque mot écrit contenait un amour spécial et éternel, le développement de sa vie selon notre ressemblance, dans laquelle la créature devait enclore son histoire d’amour et l’accomplissement de la Divine Volonté envers son Créateur. Le vouloir humain ne fait que falsifier cette page, renverser notre ressemblance, et au lieu de former une copie à l’image de notre page écrite avec amour, la créature forme sa propre page écrite avec des notes de souffrance et de confusion, et une histoire si vile et si basse que les siècles n’en garderont pas le souvenir. Et l’Éternel ne trouve pas l’écho de son histoire écrite sur sa page où devaient être racontées les louanges de sa divine histoire dans la créature.

            Ma fille, il y a une idée fausse dans ce bas monde où l’on croit que la créature peut vivre en dehors de nous ; quelle erreur, quelle erreur ! La Création tout entière n’est rien d’autre qu’un héritage issu de nous. Par conséquent, il est nôtre, il nous appartient, et bien que nous l’ayons créé, nous l’avons fait inséparable de nous et nous voulons la gloire et l’honneur de notre patrimoine. Et nous voulons que les créatures ne soient pas de viles servantes, mais nos enfants, des princesses de notre Royaume. Et cette noblesse a été donnée à la créature par l’inséparabilité de notre Volonté, si bien que la créature ne peut rien faire sans elle, ni vivre séparée d’elle. L’enfer lui-même ne peut pas en être séparé. Tout au plus, une créature peut-elle avoir ma Volonté opérante tandis qu’une autre l’aura uniquement pour maintenir son être, sans donner à ma Volonté la possibilité de faire le bien. Vivre sans ma Volonté serait avoir un corps vivant sans l’âme. Ce qui est impossible. On voit bien que lorsque l’un des membres du corps est coupé, il n’a plus le mouvement, il perd la chaleur et se putréfie parce que l’âme est absente. C’est ce qui arriverait si ma Volonté devait manquer ; tout retournerait au néant.

            Voici ce qu’est la vie dans ma Volonté : sentir couler dans son être, dans tous ses actes, la lumière, la force divine et la vie de ma Volonté, parce que là où il n’y a pas son acte agissant, l’acte demeure sans vie, sans chaleur, sans force et sans lumière divine. Il est comme mort au bien, et lorsqu’il n’a pas en lui le bien, c’est le mal qui est formé et l’âme finit putréfiée. Oh ! si la créature pouvait se voir sans la force opérante de mon Vouloir. Elle se verrait si déformée qu’elle en serait horrifiée !

            Par conséquent, laisse-toi toujours emporter par les vagues éternelles de mon Vouloir en qui tu trouveras ta page écrite, ton histoire tissée pour toi avec tant d’amour, et ainsi tu ne seras plus contrariée par ce que nous avons disposé pour toi. Tu trouveras que ce sont toutes des choses qui t’appartiennent et qui par une absolue nécessité doivent former ta vie, remplir ton histoire, et satisfaire notre besoin d’amour que nous voulions de toute éternité, qui est de faire connaître notre Volonté. Sois fidèle, n’entrave pas notre amour et laisse-nous libres de développer nos admirables desseins formés sur toi.

            Après quoi je poursuivis mon abandon dans le divin Fiat, et mon doux Jésus ajouta :

            Ma bonne fille, celle qui fait mon Vouloir et vit en lui s’élève jusqu’à l’unité de ma Volonté et descend en elle en toute chose, afin de m’aimer en tout, en toutes les créatures, et en chacun de leurs actes.

            Et moi : « Mon amour, quoi que je fasse pour t’aimer en tous et dans tous leurs actes, et voulant couvrir chacun de mon amour afin que tu reçoives de l’amour de tous, je vois cependant que tous ne t’aiment pas. C’est pour moi une tristesse parce que j’ai le sentiment que mon amour n’a pas la force vitale et que, par conséquent, je ne sais comment te faire aimer par tout le monde. »

            Et Jésus : Ma fille, c’est la force de l’unité de mon Vouloir qui te précipite sur tous et sur toute chose pour aimer et me donner un échange d’amour pour tous. Et si tous ne me donnent pas leur amour, je ne peux pas dire que je ne reçois pas le tien ; plus exactement, je sens dans ton amour la note d’amour que chacun devrait me donner, et, oh ! combien je suis heureux.

            Tu dois savoir que c’est là notre fonction divine : de la hauteur de notre seul et unique acte que jamais nous n’interrompons, notre lumière, notre amour, notre puissance et notre bonté descendent et se mettent à la poursuite de tous les actes, battements de cœur, pas, paroles et pensées pour les façonner, les investir et les sceller de notre amour. Nous ressentons le besoin d’amour irrésistible de partir à la recherche de tous et de tout, et rien ne nous échappe, pas même un battement de cœur, pour donner notre Je t’aime. Et pourtant, les créatures ne nous aiment pas ; plus exactement, il y a celles qui fuient sous la pluie de notre amour. Mais nous continuons, nous n’arrêtons pas, parce que notre nature divine est amour et elle doit aimer. Et nous ressentons la satisfaction, le bonheur que notre amour nous donne en aimant. Il a la vertu d’aimer tout le monde et de s’étendre sur tous et partout. Il n’y aurait pas en nous la plénitude du bonheur si notre amour souffrait d’un manque de puissance d’aimer, ou même d’avoir à s’arrêter s’il ne reçoit rien en retour.

            Alors continue à aimer pour tous et à tout submerger de notre amour. Et bien que tu n’obtiennes pas tout ce que tu veux, tu ressentiras les notes de bonheur de notre amour en voulant nous aimer pour tous.

9.  25 septembre 1932 — La Divine Volonté appelle la vie de notre Seigneur dans l’âme ; l’abandon appelle ses œuvres. Le droit que donne la Divine Volonté à celui qui vit en elle.

         Je suis toujours dans les bras du divin Vouloir comme une petite enfant qui veut être bercée dans les bras de sa mère pour entrer dans un doux sommeil. Et si sa mère ne la berce pas, la pauvre petite ne se sent pas en sécurité, elle est troublée, elle pleure et implore sa mère de la prendre dans ses bras pour s’y reposer. Et elle se calme lorsqu’elle obtient ce qu’elle veut. Je suis comme cette petite enfant qui vient à peine de naître et je ressens vivement le besoin d’être en sécurité dans les bras du Fiat pour être bercée et protégée. Et comme je n’ai pas d’expérience, je ressens le besoin d’être guidée et de savoir ce que je dois faire dans sa Volonté. Et comme je me sentais oppressée par les privations de mon doux Jésus et à cause d’autres incidents, Jésus, mon immense bien, toute bonté, me dit :

            Ma petite nouveau-née de mon Vouloir, viens dans mes bras. Tu as raison de dire que tu n’es en sécurité que dans mes bras. Il n’y a aucun danger dans ma Volonté qui mieux qu’une mère te tient serrée contre son sein. Elle te nourrit de sa lumière et de son amour. Il n’y a pas d’oppressions, de tristesse ni de craintes ; ces choses-là sont en dehors de ma Volonté. Dans ma Volonté, il n’y a que paix, joie et une continuelle disposition. Il y a tant à faire dans ma Volonté que l’âme n’a ni le temps ni le moyen d’être oppressée. L’oppression n’est rien d’autre que le manque d’abandon dans mes bras. L’abandon produit un doux sommeil et dans ce sommeil, l’âme rêve de celui qu’elle aime et de celui qui l’aime tant qu’il tient l’âme fermement contre son sein. Au contraire, l’oppression et la peur produisent la veille et la créature s’intéresse à elle-même et non à celui qui l’aime et veille sur elle.

            Tu dois savoir que faire ma Volonté et vivre en elle forme ma vie en toi et qu’un abandon total appelle mes œuvres. La créature qui ne vit pas abandonnée en moi entrave ma vie et mes œuvres, et je suis malheureux si je ne peux pas développer ce que je veux dans la créature. Par conséquent, abandonne-toi totalement en moi et je m’occuperai de tout. 

            Après quoi j’ai fait mes rondes dans la Création pour y placer mon échange d’amour en tout ce que Dieu a créé et préservé par pur amour, et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, la grande étendue du monde attachée à la grande étendue de la Divinité tourne continuellement, animée pas notre incessant mouvement. Elle tourne autour de nous pour nous rendre la gloire, l’honneur et l’amour avec lesquels elle est sortie de nous. Nous sommes ainsi au milieu de nos œuvres qui, en tournant autour de nous, enchantent notre Être suprême par des voix secrètes et mystérieuses. Nous sentons notre vie dispersée dans les choses créées, et que nous reviennent la pulsation de notre amour, la profondeur de notre adoration, la louange de notre gloire, le halo de notre étincelante beauté et la vie de notre lumière. La créature qui fait sa ronde dans nos œuvres s’unit pour nous donner tout ce que la Création nous donne. Ma Divine Volonté lui donne une place dans toutes les choses créées pour y faire ce qu’elles font. Et il se trouve qu’en faisant sa tournée, elle acquiert plus d’amour et plus de lumière de connaissance, ce qui l’embellit plus encore. C’est un enchantement de voir qu’en faisant sa tournée elle prend la vie de son Créateur et la copie, et mon divin Fiat lui donne le droit d’avoir sa place d’honneur dans ses œuvres. Qui vit dans notre Volonté est inséparable de nous, et de la plus grande à la plus petite des œuvres de notre Création, la force créatrice de notre Volonté l’unit à toute chose avec une indissoluble et éternelle unité.

10.  9 octobre 1932 — Dieu a créé l’homme dans une extase d’amour. La Création est le trousseau de l’homme. Le doux son de la cloche, l’extase entre le Créateur et la créature. Prodige de la conception de la Vierge.

       Mon abandon dans le Fiat continue et plus je m’abandonne, plus je me sens fortifiée par sa force. Sa vie anime la mienne. Sa lumière me rassure. Il me révèle avec clarté celui en qui je m’abandonne totalement. Il me donne le puissant désir de parcourir ses œuvres et veut avec amour que sa petite fille soit la spectatrice de ce qu’il a fait pour l’amour des créatures. Je faisais ma tournée lorsque mon souverain Jésus m’arrêta dans l’acte de la création de l’homme et me dit :

            Ma fille, quel doux souvenir que la création de l’homme ! Il a été créé dans une de nos extases d’amour. Notre amour était si grand que nous étions en admiration devant l’œuvre que nous avions mise au jour. La beauté dont nous l’avions investi, la sainteté dont nous l’avions rempli, sa forme et l’harmonie avec laquelle il avait été formé nous captivaient. Ses prérogatives, chacune de ses qualités, étaient pour nous des extases d’amour qui nous ravissaient. Notre amour en était ébranlé, subjugué, et nous mettant en extase, il faisait naître en nous un amour impérieux et agissant pour l’homme. Et dans cette extase d’amour, nous étions ravis. Nous ne faisions attention à rien. Nous ne mettions aucune limite pour manifester notre amour. Nous l’avons enrichi de tous les biens ; nous n’avons laissé aucun vide en lui afin que son amour pour nous soit entier et qu’il puisse nous fasciner afin que nous l’aimions continuellement. Le souvenir de la création de l’homme fait revivre notre extase d’amour envers lui.

            La créature qui fait sa ronde dans notre Volonté et trouve nos œuvres en préparation pour la création de l’homme fait sonner la cloche qui appelle toutes les créatures à reconnaître cet amour de Dieu pour l’homme. Et ce doux son éveille notre attention, réveille notre amour, et fait surgir en nous cette extase d’amour envers l’homme. Une extase signifie un épanchement sans limites sur celui qui est aimé. Celui qui vit dans notre Volonté possède la force de faire se lever en nous notre extase d’amour qui se déverse sur la créature. Par notre puissance, nous faisons que la créature soit en extase pour nous afin qu’il ne lui reste rien et que tout se déverse dans notre Être suprême. Il se produit un épanchement entre les deux ; par conséquent, rien ne nous plaît tant que de voir la créature dans la Volonté même où elle fut créée. Voir nos œuvres, les connaître, sentir la pulsation de notre amour que possède chaque chose créée, tel était le trousseau que nous préparions et que nous donnions à l’homme à la création de toute chose.

            Qui donc reçoit la vie du bien que contiennent les choses créées ? Qui profite d’un aussi splendide trousseau, et en ayant les droits de le posséder ? Celui qui les reconnaît. En les connaissant, il y trouve notre amour palpitant, notre Volonté opérante, et il les aime. Il aime en eux cet Être suprême qui l’aime tant. Par conséquent, sois attentive et constante en faisant ta ronde dans nos œuvres pour que nous puissions contribuer mutuellement à nous aimer. Il y aura entre nous une extase d’amour et tu pourras profiter du grand trousseau que le Créateur t’a donné avec tant d’amour.

            Après quoi mon petit esprit parcourut les actes accomplis dans la Divine Volonté et, passant de l’un à l’autre, j’arrivai à la conception de la Très Sainte Vierge Marie. Oh ! mon Dieu. Le Ciel restait muet devant cet acte accompli dans la Divine Volonté. Les Anges semblaient balbutier, sans pouvoir tout dire sur ce grand prodige. Ah ! Dieu seul peut en parler, car il est l’auteur de ce prodige qu’il a opéré dans cette conception. Et je restai stupéfaite lorsque mon aimable Jésus me surprit en disant :

            Ma fille, la conception de la Vierge immaculée était un nouvel acte de notre Volonté, c'est-à-dire dans le temps : nouveau dans la manière, nouveau dans le temps, et nouveau en grâce. En Elle, toute la Création a été renouvelée. Dans notre regard qui embrasse toute chose et dans notre immensité, nous avons appelé toutes les créatures ainsi que tous leurs bons actes – présents, passés et futurs – comme s’ils n’étaient qu’un, afin que sur tout être et sur toute chose cette conception pût être formée pour donner ce droit à tous, et leur donner ce droit sur toute chose, non avec des paroles, mais avec des faits.

            Lorsque notre Volonté accomplit un acte qui doit être utile en tant que bien universel pour tous, personne n’est mis de côté. Et ma Volonté, par son omnipotence, réunit toute chose – les créatures et leurs actes (sauf ceux qui sont accomplis dans le péché, car le mal n’entre pas dans nos actes) – et elle accomplit les actes qu’elle veut faire. Tu vois, tes actes y participent. Tu as fait ta part ; par conséquent, en droit, tu es sa fille, et la Vierge Reine est ta Mère. 

            Mais sais-tu pourquoi nous avons créé ainsi cette sainte créature ? C’était afin de renouveler la Création tout entière, de l’aimer d’un amour nouveau, et de mettre en sûreté tous les êtres et toute chose sous les ailes de cette créature et céleste Mère. Nos œuvres ne sont jamais isolées, mais nous partons toujours d’un seul et unique acte. Et si cet acte est un, il unit toute chose et accomplit toute chose comme si tous les actes étaient un. Telle est notre omnipotence, notre force créatrice : faire toute chose en un acte, trouver toute chose, et faire le bien pour tous.

11.  16 octobre 1932 — La Divine Volonté prend tous les siècles pour n’en faire qu’un seul. Elle simplifie, forme le vide, forme la nature divine et sa marche dans la volonté humaine.

        La Divine Volonté, avec ses doux enchantements, continue de tisser dans mon âme sa vie divine. Elle la fait grandir, lui donne sa forme, la nourrit, la couvre de ses ailes de lumière et la cache si bien que pas même un souffle de vent ne peut empêcher la croissance de sa vie dans mon âme. Oh ! sans la Divine Volonté qui mieux qu’une mère se montre tendre et aimante et me garde dans ses bras, recouverte de lumière dans toutes les circonstances de ma vie, oh ! ce serait sans elle trop pénible et je ne sais pas ce que je ferais. Mais sa lumière me calme et me fortifie, et je continue. Oh ! adorable Volonté, combien je te remercie pour tant de bonté. Je t’offre l’infini de ton Vouloir pour te remercier comme tu le mérites.

            Mon esprit était immergé dans sa lumière lorsque mon bien-aimé Jésus m’a refait sa courte visite et m’a dit :

            Ma bienheureuse fille, comme il est beau de voir la créature sous les ailes de lumière de ma Volonté ! La créature recouverte de cette lumière ne voit, ne sent et ne touche rien d’autre que sa mère de lumière qui la recouvre. Et si d’autres créatures blessent, battent et remplissent cette créature d’amertume, elle s’enfonce plus profondément dans les bras de lumière et répond à ceux qui veulent la blesser avec un sourire de lumière et les ridiculise en confondant leur humaine perfidie. Oh ! puissance de ma Volonté opérante. Elle échappe à tout. Elle triomphe de tout, et avec sa lumière, elle forme son trône de gloire impériale dans l’âme qui lui donne la liberté d’agir.

            Tu dois savoir que sa puissance est telle qu’elle prend tous les siècles pour n’en faire qu’un seul. Son règne s’étend partout, et tous les actes bons des créatures ne sont rien d’autre que des atomes qui, réunis ensemble, ne forment qu’un acte. Ils reconnaissent son pouvoir et se prosternent à ses pieds, ils forment la gloire et l’adoration des générations humaines de cette Volonté suprême. Le soleil en est un symbole, qui n’est rien d’autre que des atomes de lumière qui, assemblés, forment le soleil qui donne la lumière à la terre. Mais ces atomes sont armés d’une puissance divine et chacun d’eux contient un pouvoir merveilleux, si bien qu’il lui suffit de toucher la terre pour communiquer aux plantes les bienfaits et les merveilleux effets de la formation d’une vie distincte pour chaque plante et chaque fleur. De la même manière, les actes des créatures, bien qu’ils soient des atomes, contiennent le merveilleux pouvoir de ma Volonté ; par conséquent, ils sont remplis de merveilleux effets.

            Tu dois savoir que lorsque la créature est disposée à accomplir un acte dans ma Volonté, ma Volonté l’arme de sa puissance et le simplifie. Elle forme le vide, forme la nature divine dans la volonté humaine, et, victorieuse, ma Volonté forme sa vie dans la volonté de la créature. Elle va toujours de l’avant et ne s’arrête que si la volonté humaine lui barre la route en faisant sa propre volonté et non la mienne. Quelle offense que de barrer la voie de mon Vouloir dans la volonté de la créature ! J’ai créé les créatures afin d’avoir ces chemins dans la volonté humaine pour les parcourir continuellement et y avoir mon acte agissant. Et quiconque obstrue ma route veut arrêter la continuation de ma Création, entrave mes pas et me lie les mains pour m’empêcher d’agir. 

            Oh ! ne pas faire ma Volonté semble peu de chose, et pourtant, c’est la plus grande des offenses et elle crie vengeance devant la Divine Majesté pour les pauvres créatures, spécialement lorsque l’on sait que ma Volonté veut une œuvre ou un sacrifice. Ne pas faire ma Volonté, c’est se saisir de la vérité, ce qui est un péché contre le Saint-Esprit qui crie vengeance devant Dieu. Connaître ma Volonté et ne pas l’accomplir, c’est fermer le Ciel, rompre les relations divines et ne pas reconnaître le divin mandat que chaque créature a l’obligation de connaître et auquel elle doit se soumettre, serait-ce au prix de sa vie. Par conséquent, sois attentive, adore ma Volonté et ce que j’ai disposé pour toi si tu veux rendre ton Jésus heureux.

12.  21 octobre 1932 — La créature : un ciel constellé d’étoiles. La Création est enclose dans la créature. La pratique du bien forme la vie du bien dans la créature. Le signe que Jésus réside dans l’âme.

       Je suis toujours la proie du divin Fiat. Il m’attend dans toutes les choses créées pour reproduire l’amour qu’il avait en créant tant de choses pour moi. Il semble que le divin Vouloir soupire après l’amour de ses créatures bien-aimées afin de trouver un endroit où reposer son grand amour. Le ciel, le soleil et le vent ne sont rien d’autre que des appels pressants pour nous dire : « Je t’ai précédé avec mon amour, et ne me laisse pas sans le tien. » Mais alors que je voyais que tout m’appelait à aimer mon Créateur, mon bien-aimé Jésus me surprit et me dit :

            Ma fille, tout comme j’ai créé un ciel constellé d’étoiles qui s’étend par-dessus ta tête, j’ai aussi créé un ciel en toi. Et ce ciel est ton âme qui s’étend partout, du sommet de ta tête à l’extrémité de tes pieds. Il n’y a pas d’endroit en toi où ce ciel ne s’étende. Tu as ainsi un ciel au-dessus de toi et un autre ciel en toi qui est plus beau encore. Et tout ce que fait ce ciel par le moyen de ta nature, c'est-à-dire penser, parler, marcher et souffrir, n’est rien d’autre que de brillantes étoiles dont le ciel de ton âme est constellé. Le soleil qui brille dans ce ciel est ma Volonté, la mer qui s’écoule est ma grâce, et le vent est mes sublimes vérités qui forment les champs de fleurs des plus magnifiques vertus. Il n’aurait pas été digne de notre sagesse ni de la puissance de notre amour que de faire la Création à l’extérieur et non à l’intérieur de la créature, en laissant ainsi l’intérieur sans un ciel avec des étoiles et des soleils, là où ce ciel est vital et substantiel. Non, non, lorsque nous accomplissons une œuvre, nous la remplissons à l’extérieur comme à l’intérieur de nos créations et de notre vie ; si bien qu’il ne doit pas y avoir une particule de son être qui ne ressente la vie et la force de nos œuvres créatrices. C’est pourquoi nous aimons tant la créature qui est notre œuvre, et nous laissons en elle notre vie pour préserver ce que nous avons créé.

            C’est pourquoi quiconque ne sent pas en lui la vie de ma Volonté la connaît en théorie, mais non en pratique. Lorsqu’un bien est connu et mis en pratique, il a la vertu de former la substance de la vie du bien qui est connu. Sinon, le bien resterait sans être mis en pratique, comme une peinture qui n’ayant pas la vie, n’a pas la vertu de former sa vie en qui la regarde. Ma Volonté est vie. Nos œuvres sont des œuvres vivantes, non des œuvres mortes. Cependant, pour celui qui ne les connaît pas, ne cherche pas à les connaître, et ne les met pas en pratique, ces œuvres sont pour lui sans vie, comme des œuvres mortes. C’est par conséquent dans la mise en pratique que j’attends la créature afin de réaliser, de former, de faire grandir la vie de mon Vouloir et de rendre vivantes nos œuvres dans la créature.

                       Après quoi je ressentais dans mon âme une peur, un doute quant à la présence de mon doux Jésus dans mon âme, ou s’il s’était retiré en me laissant seule et abandonnée. Mon Dieu ! Quelle cruelle épine qui nous transperce et nous fait ressentir une mort cruelle ! Mais mon toujours aimable Jésus m’a surprise en disant :

            Ma fille, n’aie pas peur. Pour te rassurer, je veux te dire quel signe montre que  je réside dans ton âme, et quand je la quitte. Si l’âme se soumet à ma Volonté, l’aime, lui donne la première place, c’est alors un signe que je suis là, parce que ma présence a la vertu de garder la volonté humaine sujette à la mienne. Par contre, si l’âme se sent rebelle envers ma Volonté, c’est alors le signe certain que je me suis retiré. Par conséquent, sois calme et n’aie pas peur.

13.  30 octobre 1932 — Celui qui vit dans ma Volonté émet trois actes : coopérer, aider et recevoir. Toutes les divines qualités appellent continuellement celui qui vit dans sa Volonté à le former et à lui permettre de grandir à leur image.

    La mer du divin Vouloir continue de murmurer dans mon âme. Oh ! que son murmure est doux, pénétrant et bouleversant. Il me transporte tellement que je murmure avec lui comme si cette mer divine était mienne et, fusionnée en elle, je ne sais plus comment faire autre chose que ce que fait la Volonté suprême. Je murmurais : « Amour, adoration, joies, bonheur et beauté », évoquant les inspirations qui entraient en moi, lorsque mon doux Jésus visita sa petite fille et lui dit :

            Ma bienheureuse fille, ta petitesse dans l’interminable mer de notre Vouloir est notre plus grande joie. Tu dois savoir que celle qui vit dans notre Volonté émet trois actes qui sont : coopérer, aider et recevoir. Dans le premier, elle collabore aux actes de son Créateur, étant donné que la Volonté de l’un est la Volonté de l’autre. Il n’est rien dans ce que fait cette Divine Volonté en quoi elle ne place la créature pour collaborer à son opération. Et c’est pourquoi mon Vouloir n’est plus seul. Il sent l’inséparabilité de celle qui vit en lui. Il sent dans ses actes une volonté finie dans l’infini qui aime et collabore dans la multiplicité à l’incessante opération de nos œuvres. Ainsi, quiconque vit dans notre Volonté brise notre solitude et nous sentons sa participation dans notre mer divine. Et par un continuel épanchement de sa petitesse en nous, elle acquiert les droits de notre Vouloir afin de faire ce qu’il fait. Oh ! tu ne peux comprendre notre bonheur, notre joie, de sentir que la créature collabore afin de ne rien faire d’autre que ce que nous faisons.

            L’acte de coopération donne naissance à l’acte d’assistance ; l’âme coopère et aide. Nous ne faisons rien sans qu’elle le sache et y collabore. Comment cacher quelque chose à celle qui est déjà avec nous, qui collabore et a sa place dans notre Vouloir ? Mais ne fera-t-elle que collaborer et aider ? Oh ! non. Un autre acte se lève. C’est celui de recevoir comme sien et comme nôtre l’infini de notre amour et de nos œuvres, si bien que sa petitesse ne sait où mettre un si grand amour et de si grandes œuvres. Et elle reste par conséquent dans notre Vouloir avec tout le dépôt des biens qu’elle a reçus, et cela de droit, parce que dans ce Vouloir, il y a ce qui est à elle. 

            Tu dois savoir que tout ce qui est fait dans notre Volonté est si grand que la créature est incapable de le posséder et de le restreindre à elle-même. Par conséquent, il lui faut faire usage de cette même Volonté dans laquelle elle a travaillé afin de le conserver en dépôt. De plus, tout ce que la créature fait dans notre Vouloir avec la puissance de notre Volonté – les petites offrandes de ses actions, sa petitesse et même le petit Je t’aime – sont autant d’espaces qu’elle prend dans notre Volonté. Plus elle occupe des espaces, plus elle acquiert des droits, et elle ressent en elle les droits divins et la force divine qui continuellement la ravissent et lui donnent son envol de sorte que sa vie devient totalement formée dans la Divine Volonté. Et comme ce mode de vie devait être celui de toutes les créatures, telle était la raison de notre Création. Mais c’est avec une immense amertume que nous voyons qu’elles vivent presque toutes dans la bassesse de leur volonté humaine.

14.  6 novembre 1932 — Dieu agit en actes et non en paroles. La créature qui œuvre dans la Divine Volonté opère dans l’éternité et celle qui œuvre en dehors opère dans le temps. Les paroles de Jésus sont des œuvres.

        Mon petit esprit se sentait rempli des douces leçons de mon aimable Jésus et, inquiet, il voulait provoquer des doutes et des craintes. Je sais que lorsque Jésus le veut, il permet à l’âme d’arriver là où il veut et comme il veut. Il n’y a pas de lois pour lui et personne n’est là pour lui en dicter. Il ne prête pas attention aux manières humaines de voir les choses ; il fait d’ailleurs toujours quelque chose de nouveau pour les confondre. Aucune âme ne dépasse la puissance de son amour, peu importe le nombre de doutes et de craintes qu’elles rapportent ; il s’en moque et les laisse à leur bavardage pendant qu’il agit dans l’âme qu’il a choisie. Et bien que je sache tout cela, ma fragilité se rappelait mon douloureux sort, je me sentais secouée et je dis : « Qui sait combien de doutes il y aura concernant tout ce discours de Jésus ! » Je me sentais très malheureuse et affligée, mais Jésus veillait sur ma pauvre âme et, répétant sa petite visite, toute bonté, il me dit :

            Bienheureuse fille, ne t’inquiète pas. Ma Volonté a la vertu de faire mourir tout ce qui ne lui appartient pas et de changer en lumière les faiblesses et les misères mêmes de la créature. Tout ce que je te dis n’est pas vertu de la créature, mais vertu et puissance de ma Volonté qui peut tout. Ma Volonté est symbolisée par le soleil qui, à son lever, chasse et fait et mourir les ténèbres, et lorsqu’il revêt la terre, il donne à toute chose sa vie de lumière. Ainsi en est-il de mon Vouloir, et lorsque la créature se laisse revêtir par la puissance de sa lumière, les ténèbres la quittent et ses maux meurent pour être convertis en vie de lumière. Celui qui ne comprend pas montre qu’il est illettré et par conséquent ne peut pas comprendre ce qu’est ma Volonté et ce qu’elle peut faire. Il ne peut pas non plus comprendre ce à quoi peut parvenir celui qui vit dans ma Volonté et peut être investi de sa lumière. Par conséquent, laisse-les parler. Je vais agir et ils continueront à parler. S’ils n’ont pas étudié en profondeur ma Volonté, que veux-tu qu’ils comprennent ? Ils sont peut-être de savants docteurs en d’autres choses, mais sur ma Volonté, ils seront toujours de petits ignorants. Par conséquent, laisse-les de côté et pensons à agir en actes et non en paroles.

            Tu dois savoir que pour quiconque travaille dans ma Divine Volonté, ses œuvres, ses actes et son adoration pour Dieu sont accomplis et formés dans l’éternité parce que ma Divine Volonté est éternelle. Et tout ce qui peut être fait en elle ne sort pas de l’éternité et reste confirmé comme des œuvres, des adorations et de l’amour divins et éternels. On peut dire que ce sont des œuvres de la créature transfusées en Dieu et dans lesquelles Dieu lui-même a opéré. Ce qui est humain ne rentre pas dans le divin Vouloir ou dans l’éternité et, pour entrer, ce qui est humain doit perdre sa vie afin de réacquérir la vie des œuvres de Dieu lui-même. Par conséquent, celui qui vit dans notre Vouloir en vient à être vu par nous, non dans le temps, mais dans l’éternité ; et pour notre cortège et notre honneur, ses actes doivent être nos actes, son amour notre amour.

            Nous sentons que la créature vient dans notre Vouloir nous donner une occasion de nous permettre d’agir et de lui donner notre amour afin que nous soyons aimés avec notre propre amour. Tout doit être nôtre, et tout ce que fait la créature doit être imprégné de l’image de son Créateur. Par contre, celle qui œuvre en dehors de ma Divine Volonté opère dans le temps et tout ce qui est fait dans le temps, ce sont des œuvres sans confirmation, ou plutôt qui doivent attendre le jugement pour être confirmées ou condamnées, ou purifiées par le feu du Purgatoire. Elles sont considérées comme des œuvres de la créature où pourrait manquer la plénitude de la sainteté, de l’amour, et de la valeur infinie. C’est tout le contraire pour qui œuvre dans notre Volonté : comme ce sont nos actes, tous possèdent la plénitude de sainteté, d’amour, de beauté, de grâce, de lumière et de valeur infinie. Il y a une telle distance entre les uns et les autres que si tous le comprenaient, oh ! combien ils seraient attentifs à vivre dans notre Vouloir afin de rester exempts de tout acte humain et remplis de l’acte opérant d’une Divine Volonté. Par conséquent, sois attentive et ne fais rien qui ne soit imprégné et vidé par la lumière de ma Volonté, et tu me rendras immensément heureux en me permettant d’agir en Dieu que je suis. Ainsi je t’attends dans ma Divine Volonté afin de toujours aller vers toi, d’étendre mes bras vers toi pour agir en toi, et de pouvoir parler et rester avec toi pour entretenir de douces conversations et te manifester les secrets mystères de mon Fiat suprême.

            Après quoi je pensais à tout ce que Jésus, mon immense bien, m’avait dit, et c’est comme si des doutes et des difficultés voulaient se lever en moi. Et lui, avec une inexprimable maîtrise, me dit : 

            Ma bonne fille, ne sois pas étonnée de tout ce que je te dis. Tout est possible à ma Volonté. L’impossible n’existe pas. Si la créature se laisse conduire par ma Volonté, tout est fait. Tu dois savoir que tout ce que je te dis sert à former, ordonner et harmoniser le Royaume de la Divine Volonté. Je refais ce que j’ai fait dans la Création : j’ai prononcé le Fiat, puis il y eut un silence. Et bien qu’ils parlent de jours, en ces temps les jours n’existaient pas ; par conséquent, on peut aussi parler d’époques au cours desquelles j’ai formé la grande machine de l’univers. Je parlais et je travaillais, et j’étais si satisfait de l’œuvre produite par ma parole que mon Fiat me disposait, ravi, à prononcer un autre Fiat, puis un autre encore, et mon Fiat ne s’arrêta que lorsque je vis que rien ne manquait à mon œuvre, que tout était somptuosité, beauté, ordre, harmonie, et que pour jouir de mes œuvres, j’y demeurais comme vie ; et mon Fiat est resté comme gardien, ce même Fiat qui avec sa puissance me liait à mes œuvres et m’en rendait inséparable. Tout est dans l’énonciation de mon premier Fiat. En donnant mes premières leçons, j’ai déposé dans l’âme la puissance et l’œuvre de mon Fiat, et lorsque je commence, je peux dire que je n’arrête pas avant d’avoir achevé mon œuvre.

             Que dirait-on si la Création était à moitié terminée ? Ce ne serait pas une œuvre digne de moi et mon amour n’aurait pas été exubérant. C’est pourquoi un Fiat m’attire et ravit le suivant. Il forme le vide dans la créature pour placer l’ordre et l’harmonie de mon Fiat opératif. Il dispose la créature et m’impose de donner d’autres leçons afin de former tous ensemble de nombreux actes. Unis, ils forment la Création nouvelle, plus belle et plus harmonieuse que la machine de l’univers qui doit servir pour le Royaume de ma Volonté.

            C’est pourquoi chaque parole est une œuvre, un autre épanchement de notre amour. Elle donne la finalité à mon premier Fiat et se donnant la main, le premier et le dernier Fiat prononcés formeront l’entrelacement de la nouvelle Création de mon Royaume dans les profondeurs de l’âme. Transmis aux descendants, ce Royaume sera plus que l’univers lui-même porteur de biens, de sainteté et de grâces pour les générations humaines. Tu vois donc ce que signifie une parole de plus ou de moins, une leçon de plus ou de moins. Ce sont des œuvres qui, si elles ne sont pas reçues, ne signifient rien. Mon Fiat alors ne m’attire pas et ne me captive pas pour prononcer d’autres Fiat et, par conséquent, l’œuvre n’est pas achevée. Et moi je veux attendre et répéter mes leçons. Et si je les répète, c’est le signe que tu n’as pas tenu compte de ce que j’ai dit, et je veux que rien ne manque parce que tout ce que j’ai à te dire sur ma Volonté a été établi. Par conséquent, sois attentive et laisse-moi faire ce que je veux.

                        Après quoi je pensais à ce qui était écrit au commencement de cette section, que quiconque agit dans la Divine Volonté travaille dans l’éternité, et que celui qui agit en dehors d’elle travaille dans le temps. Et je me disais : « Pourquoi cette grande différence ? » Et Jésus, mon immense amour, ajouta :

            Ma fille, c’est facile à comprendre. Suppose que tu aies reçu de l’or avec lequel tu as pu fabriquer un grand nombre de beaux objets en or. Mais si je t’avais donné du cuivre ou de l’acier, tu n’aurais pas pu changer en or le cuivre ou l’acier et tu aurais par conséquent fabriqué des objets en cuivre et en acier. Compare maintenant ces objets de cuivre et d’acier avec les objets en or. Quelle différence dans leur valeur ! Et pourtant, tu y as consacré le même travail. Tu as fait des objets identiques, mais à cause de la différence dans le métal, les objets en or sont étonnamment supérieurs aux autres en valeur, en beauté et en élégance.

            Pour celui qui agit avec sa volonté humaine, même en faisant le bien, comme il est dans le temps, on peut dire que tout ce qu’il fait, ce sont des œuvres temporelles et sujettes à des milliers de misères. Ce seront toujours des œuvres humaines d’une valeur minimum parce qu’il leur manque le fil d’or, la lumière de ma Volonté. Mais celui qui agit en ma Volonté aura ce fil d’or en son pouvoir, et il aura en plus le Créateur opérant dans son acte. Il aura en son pouvoir l’éternité, et non le temps. C’est pourquoi il n’y a pas de comparaison suffisante pour exprimer la différence entre les deux. La vie dans ma Divine Volonté est exactement ceci : ma Volonté a l’acte premier et opératif dans la créature. Elle fait comme le maître qui veut développer le thème qu’il a donné à son élève. Il lui donne le papier, met le stylo dans sa main, place sa main sur celle de son élève et il développe le thème avec la main de l’élève et celle du maître qui écrivent ensemble.

            Ne peut-on pas dire que c’est le maître qui agissait et qu’il a placé dans ce thème sa science et sa belle calligraphie, de telle sorte que personne ne peut y trouver l’ombre d’un défaut ? Mais l’élève n’a pas bougé. Il a pour lui le travail de son maître. Il lui a permis de diriger sa main sans aucune résistance ; il était même heureux de voir les belles idées, les précieux concepts qui le ravissaient. Ne peut-on pas dire que l’élève possède la valeur et le mérite de l’œuvre de son maître ?

            C’est ce qui arrive à celui qui vit dans ma Volonté : la créature doit subir l’acte que veut accomplir mon Vouloir. Il ne peut pas être mis de côté et doit placer ce qui est nécessaire et digne de son acte divin. Et notre bonté est telle que nous rendons la créature propriétaire de nos actes eux-mêmes. 

            Par contre, celui qui ne vit pas dans notre Volonté ressemble à l’élève auquel le maître a donné un thème, mais sans se faire l’acteur de ce thème. Il laisse faire l’élève qui peut alors commettre des erreurs, car il agit selon ses petites capacités et ne sent pas au-dessus de lui la capacité et l’acte opératif de son maître. Et le thème n’est rien d’autre que notre grâce. Elle ne quitte jamais la créature, même dans le petit bien qu’elle fait et, selon les dispositions de la créature, elle se prête comme acte opératif ou acte d’assistance, car il n’est pas de bien qui puisse se faire sans l’aide et le soutien de la grâce divine.

15.  13 novembre 1932 — L’industrie et le commerce de Jésus dans le Sacrement. L’un forme son paradis et l’autre son purgatoire.

       Je suis dans les profondeurs de mon néant et me sentant privée de mon doux Jésus, je sentais mon néant vide de sa vie et sans force ni soutien. Après avoir reçu la Sainte Communion, je me sentais oppressée et amère. Et Jésus, me prenant en pitié, me dit :

            Ma fille, courage, ton néant avec Jésus est toute chose. Et tu peux me donner toute chose parce que tu dois savoir que je ne descends pas seul lorsque tu me reçois sacramentellement, mais que je descends avec toutes mes œuvres. Et tout comme je te rends propriétaire de ma vie sacramentelle, je te rends aussi propriétaire de toutes mes œuvres. Par conséquent, si tu le veux, tu as beaucoup à me donner parce que tu as mes œuvres en ton pouvoir. De plus, ma vie sacramentelle que tu reçois dans la sainte Hostie est entourée des actes accomplis dans mon Humanité lorsque je me suis reçu moi-même en instituant le Très Saint Sacrement, avec les actes accomplis par ma céleste Mère lorsqu’elle me reçut sacramentellement, et avec tous les actes de ceux qui vivent dans ma Volonté. Cela parce que ces actes sont inséparables de moi et restent incorporés à moi comme faisant partie de ma vie même. Par conséquent, tu peux tout me donner parce qu’ils servent à couvrir ta misère, à compenser pour ton amour et t’empêcher presque d’avoir honte, car sinon tu n’aurais rien à me donner. Mais en me les donnant, ils se dédoublent et deviennent mes actes et tes actes, ceux de la Reine souveraine et ceux des âmes qui vivent dans ma Volonté, de sorte que je les ai deux fois au lieu d’une. Et ma vie sacramentelle demeure entourée deux fois d’actes, deux fois d’amour et d’une plus grande gloire.

            Tel est le commerce que je pratique lorsque je me communique aux âmes : je donne de ce qui est à moi pour le recevoir en double et ma vie sacramentelle demeure active pour avoir cet échange. Mais hélas ! Combien n’en font aucun usage ! Et ces âmes restent sans rien avoir à me donner et je suis privé d’une nouvelle cour, sans leurs actes et avec la peine de ne pas pouvoir exercer mon commerce d’amour. Tu ne me feras pas cela parce que si je viens, c’est aussi parce que je veux me donner moi-même. Et me recevoir, quoi que la créature puisse me donner, cela forme ma satisfaction, mon bonheur et mon paradis dans le Très Saint Sacrement. Donner et ne rien recevoir des créatures forme mon purgatoire dans la petite prison de l’Hostie sacramentelle, un purgatoire que l’ingrate créature forme pour moi. Par conséquent, sois attentive et avec courage et sans réserve aucune, donne-moi ce qui est mien et donne-moi tout de toi-même afin que je puisse dire : « Je lui ai tout donné et elle m’a tout donné. » Tu formeras ainsi mon bonheur et mon commerce d’amour.

            Après quoi je faisais ma ronde dans la Divine Volonté et il me semblait que toutes les choses créées, les unes après les autres, m’invitaient à les connaître comme œuvre du Fiat omnipotent où il attendait mon petit échange d’amour. Et si petit qu’il soit, il le voulait, il le demandait afin d’obtenir la raison d’avoir fait toute la Création. Et j’essayais de suivre la Divine Volonté lorsque mon aimable Jésus, répétant sa petite visite, me dit :

            Ma bienheureuse fille, tout ce que notre paternelle bonté a accompli dans la Création et la Rédemption n’a pas encore reçu l’échange de la part des créatures. La raison en est que le dessein pour lequel la Création fut créée était que l’homme accomplirait notre Volonté en toute chose. Cette Volonté opérant dans la Création devait obtenir son acte opératif continuel dans la créature de telle sorte que l’écho de l’une devait former l’écho de l’autre pour ne faire qu’un. Mais la vertu opérante de ma Volonté reste seule avec toute sa magnificence, sa puissance, sa sagesse et sa beauté. Elle demeure dans la sphère céleste, mais dans l’homme, elle est réprimée. Et comme l’homme n’a pas en lui ma Volonté opérante, il n’a pas l’oreille pour entendre sa vertu opérante dans la création.

            Par conséquent, n’ayant pas atteint leur dessein, nos œuvres demeurent sans échange ; le dessein forme l’échange de toute œuvre accomplie, grande ou petite. Tu dois être convaincue que personne ne travaille dans l’ordre divin ou dans l’ordre humain sans le dessein d’obtenir un échange. Ce dessein peut être appelé le commencement de la vie d’une œuvre ; l’échange en est l’accomplissement. Oh ! combien d’œuvres n’auraient pas de commencement s’il n’y avait le dessein, et resteraient à mi-chemin s’il n’y avait la certitude de l’échange ! L’échange soutient des sacrifices inouïs et confère à Dieu et aux créatures l’héroïsme excessif. 

            Or si ma Volonté ne forme pas son Royaume dans les âmes et qu’elles ne lui donnent pas la liberté de les dominer par sa vertu créatrice et opérante, le véritable échange ne nous est pas donné. Nous serons par conséquent toujours dans l’attente et nous verrons nos œuvres merveilleuses à mi-chemin et sans l’accomplissement de notre dessein. Il manque ainsi la chose la plus belle, l’acte le plus important, le dessein en vue duquel toutes choses furent créées.

            Tu vois donc combien il est nécessaire que vienne le Royaume de ma Divine Volonté ; plus encore, en ne recevant pas son échange, notre œuvre créatrice reste suspendue et ne peut pas poursuivre l’œuvre de Création. Car il est établi qu’à partir de la Création extérieure que possèdent les créatures, la Création intérieure dans les profondeurs de l’âme devait être poursuivie. Cela peut être accompli si ma Volonté détient la première place, la liberté de travailler dans la volonté humaine. Si ma Volonté ne l’a pas, elle ne peut pas poursuivre son œuvre créatrice, elle en est empêchée, incapable de créer des cieux, des étoiles et des soleils nouveaux, ainsi que tout le reste. Et sans pouvoir poursuivre nos œuvres et sans être capable de continuer ce que nous avons établi de faire dans les créatures en vertu de notre Volonté, comment pouvons-nous avoir l’échange si nous n’avons pas encore fini de faire ce que nous voulons, et si l’œuvre de Création que nous avons commencée il y a tant de siècles n’a pas encore été achevée ? Parce que l’œuvre de Création doit comprendre ce que mon Fiat devait faire tout ensemble dans la Création afin de pouvoir dire que notre œuvre est achevée. Et si notre Vouloir n’a pas encore fait tout ce qu’il veut faire, comment peut-il dire que j’ai achevé mon œuvre, et moins encore avoir l’échange de tout ce qu’il a fait ?

            Ainsi, lorsque nous aurons obtenu le dessein de la créature faisant toute chose dans notre Volonté et vivant en elle, ayant son règne afin de laisser le champ libre à la magnificence de ses œuvres, lorsque le dessein de la volonté de l’un sera le dessein de l’autre, alors nous pourrons recevoir l’échange de tout ce que nous avons accompli pour l’amour des créatures. Par conséquent, sois attentive, et va toujours de l’avant dans ma Volonté.

16.  20 novembre 1932 — Dieu a placé le bonheur dans ses œuvres pour rendre la créature heureuse. Chaque acte accompli dans la Divine Volonté est une œuvre, un pas, un amour que Dieu cède à la créature.

         Je recommence toujours à neuf ma ronde dans les actes de la Divine Volonté et bien qu’il me semble avoir fait ma ronde dans ses œuvres et avoir compris la beauté, la sainteté et les biens infinis qu’elle contient, en refaisant ma ronde, je me sens comme une illettrée, une petite ignorante. Et je vois qu’il y a encore beaucoup à comprendre, à prendre et à apprendre des œuvres de la Volonté suprême. Mais alors que ma petite intelligence semblait sous le charme de la magnificence de ses œuvres, mon céleste Jésus visita ma pauvre âme et me dit :

            Ma bienheureuse fille, mes œuvres contiennent une valeur et des biens infinis ; c’est pourquoi, s’il te semble avoir tout compris, tu t’aperçois en y retournant qu’il y a encore beaucoup, beaucoup à comprendre. Il se trouve que l’infini ne peut pas être enclos dans le fini qui tout au plus peut être rempli, mais tout enfermer de l’infini sera impossible. Et comme ton intelligence est finie, elle est consumée devant l’infini. Elle est remplie, et il lui semble tout comprendre. Mais ce n’est pas vrai ; c’est plutôt qu’en étant remplie, elle n’a plus où mettre une autre connaissance divine. Mais le fait de remâcher et repenser la connaissance forme un nouvel espace dans ton intelligence. Et en se retrouvant parmi nos œuvres, la créature trouve alors de nouvelles choses à comprendre et à apprendre. C’est pourquoi tu te sens d’abord illettrée chaque fois que tu te retrouves devant la magnificence de nos œuvres divines.

            Tu dois savoir qu’autant dans les œuvres de Création que dans les œuvres de Rédemption, nous avons placé en chaque chose la plénitude de bonheur, de lumière, de grâce, de bonté, et ainsi de suite pour toutes les autres qualités divines. Toutes ces prérogatives sont dans l’acte d’être déversées sur la créature pour la rendre heureuse. Le bonheur de nos œuvres, tel un air céleste, porte avec lui son parfum, un baume divin pour qui s’en approche afin de comprendre et, débordantes, nos œuvres communiquent les biens qu’elles possèdent. Par nos œuvres, nous avons placé les créatures sous la pluie torrentielle de notre bonheur pour les rendre heureuses, mais comme elles ne s’en approchent pas pour comprendre, elles sont malheureuses et sentent l’air empoisonné de leur volonté humaine. Personne n’agit avec le dessein de se rendre malheureux et de ne pas utiliser le bien de son œuvre. Moins encore l’Être suprême qui a fait toute chose afin de former l’escalier du bonheur pour la créature.

            C’est notre seule satisfaction de voir la créature parmi nos œuvres afin d’être unie à elles, d’en jouir et de les comprendre, et de former la norme pour savoir comment agir en elles. Et comme notre Volonté ne sait pas créer des œuvres dissimilaires, elle répète dans la créature le fac-similé de nos œuvres. 

            Après quoi je continuai à me sentir totalement immergée dans la Divine Volonté, et mon toujours aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, ne t’étonne pas. Tout est possible dans ma Volonté. Avec elle, la créature a le Tout en son pouvoir, et elle peut tout faire ; elle se sent régner sur son être et rien ne sort de la créature qui ne soit revêtu d’un acte,  d’une force et d’un pouvoir divins. Ce qui est humain meurt dans notre Volonté, mais c’est une mort heureuse et glorieuse. La volonté humaine meurt pour ressusciter avec la vie des actes d’une puissance divine et d’une Volonté qui n’est pas celle de la créature. Et la créature, sous l’empire qu’elle sent régner en elle, si elle devait faire d’autres choses avec son propre vouloir, même des choses saintes et bonnes, ne les ferait jamais. Elle serait heureuse de demeurer même durant des siècles sans rien faire plutôt que de faire un seul acte sans ressentir sur cet acte l’empire de l’acte opératif de ma Volonté. Parce que dans ma Volonté la créature comprend clairement ce que signifie un acte de ma Volonté opérante. Comparés à un seul acte de ma Volonté, des milliers d’actes accomplis sans l’acte divin ne seraient presque rien. 

            Tu dois savoir que lorsque la créature entre dans notre Vouloir, notre bonté est si grande et nous sommes si heureux de l’avoir avec nous que nous lui cédons nos œuvres, nos pas, notre amour dans la mesure où cela est possible pour la créature. Ainsi, chaque fois qu’elle accomplit un acte dans la Divine Volonté, elle acquiert un de nos pas, une de nos œuvres. Elle prend alors notre amour, notre bonté, notre puissance, et, totalement heureuse elle nous dit : « Dans votre Vouloir, j’ai votre amour en mon pouvoir ; par conséquent, je peux vous aimer autant que vous vous aimez vous-mêmes. J’ai vos œuvres en mon pouvoir pour vous glorifier et vos pas dans les miens pour parcourir le même chemin que vous à la recherche de toutes les créatures pour les amener toutes devant votre adorable Majesté. » Et comme notre Être suprême, dans son immensité, est partout, il est la vie de chaque œuvre, de chaque pas et de chaque battement du cœur. Et lorsqu’elle voit que des créatures nous offensent, ah ! fidèle, elle voudrait nous cacher dans sa petitesse et placer sa vie au lieu de la nôtre, pour notre défense. Oh ! comment ne pourrions-nous pas aimer cette créature. Il y a dans notre Volonté des prodiges inouïs, et comme elle n’est pas connue, il n’est pas étonnant qu’ils ne comprennent pas ce que je te dis. Mais toi, ne t’arrête pas, suis sa lumière, et sois sa proie bienheureuse. 

17.   27 novembre 1932 — La volonté humaine est comme une feuille de papier où est imprimée la divine image et Dieu place sur elle la valeur qu’il veut. Exemple, Dieu enclos dans l’acte de la créature.

      Je suis toujours la proie du divin Fiat. Ma petitesse ne se lasse pas de tourner en elle avec le ferme espoir d’être consumée dans sa lumière et le désir de pénétrer toujours plus avant dans sa connaissance pour y goûter de nouvelles saveurs. Car chaque connaissance additionnelle est une nouvelle saveur que l’on reçoit et qui stimule l’appétit pour y goûter davantage. L’on ressent parfois une faim insatiable, jamais satisfaite, et l’on veut rester la bouche ouverte pour recevoir ce céleste aliment. Tant de choses fourmillaient dans mon esprit à propos de la Divine Volonté que si je voulais tout écrire, je ne sais où l’on trouverait le papier ; je me limite par conséquent à ce que je peux écrire. Et comme quelques doutes se répandaient dans mon esprit, mon céleste maître Jésus visita sa petite nouveau-née et me dit :

            Bienheureuse fille, un acte prend plus de valeur lorsque le bien qu’il contient est connu. Par plus de connaissance, la créature acquiert davantage parce qu’elle accomplit cet acte sur la base de la valeur qui est connue, et notre bonté paternelle ne sait tromper ni se moquer de personne. Si nous faisons connaître la valeur d’un acte, c’est parce que nous voulons donner la valeur que nous manifestons, et le signe certain que nous voulons la donner est la connaissance de la valeur de cet acte.

            Nous faisons comme le roi qui prend du papier sans valeur et inscrit sur l’un la valeur cent, sur un autre mille, et sur un autre encore la valeur un million. Le papier a la même qualité, la même forme, mais selon le nombre qu’il porte, c’est cela qu’il vaut. Par conséquent, qu’est-ce qui confère la valeur au papier ? Le nombre et l’image du roi qu’il utilise comme monnaie pour son royaume.

            Nous faisons la même chose. Le papier est l’acte de la créature, la connaissance est notre image divine, et la valeur est le nombre que nous inscrivons dessus. Qu’y a-t-il d’étonnant alors si nous disons qu’un acte de notre Volonté surpasse en valeur tous les actes réunis de toutes les créatures accomplis en dehors de notre Volonté ? C’est notre image qui est imprimée sur le papier de l’acte humain, et la valeur de la connaissance inscrit dessus le nombre. Ne sommes-nous pas les propriétaires qui placent la valeur que nous voulons sur le papier de la volonté humaine ? Si le propriétaire est le roi qui inscrit la valeur qu’il veut sur ce vil papier, à plus forte raison le faisons-nous pour former la monnaie qui doit circuler dans notre céleste Patrie.

            De plus, notre Volonté était un don gratuit que nous avons fait à l’homme. Il ne nous a rien payé pour l’obtenir et n’avait d’ailleurs ni l’argent ni les moyens suffisants pour nous payer, en dehors du très vil papier de la volonté humaine que, pour son malheur, il ne voulait même pas nous prêter pour pouvoir conserver notre grand don. Et nous étions pourtant son Père très tendre et très aimant. Et entre le Père et les fils, on ne tient pas de comptes parce qu’il est connu que le Père doit donner aux enfants, et, qu’avec justice, ils ont l’obligation d’aimer et d’estimer ce que leur Père leur donne. 

            Telle est la raison pour le besoin de la connaissance de la Divine Volonté ; et nous le faisons peu à peu afin que la créature apprécie ce grand don que nous voulons gratuitement lui faire. La connaissance va engendrer l’appétit, le désir de mieux connaître notre Volonté, et la volonté humaine va peu à peu se disposer à subir la transformation et l’unification de la Divine Volonté. Et nous, sans nous préoccuper de savoir si la créature peut ou non nous payer, nous mettrons-là notre image et l’incalculable valeur divine. Et nous serons heureux de voir nos enfants riches et heureux de notre richesse et de notre bonheur divins.

            Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, tu dois savoir que lorsque la créature agit dans notre Volonté, son acte subit la divine fécondité dans laquelle la semence divine est formée dans chacun de ses actes et qui, circulant dans l’âme, forme la divine semence dans sa pensée, sa parole, et en toute chose. De telle sorte que dans son petit acte peut se voir le doux enchantement de son Créateur, heureux de donner vie à l’acte de la créature par son aimante présence. Oh ! si tous pouvaient voir la douce surprise, le prodige inouï : l’Être suprême enclos dans la brève ronde de l’acte humain. Ils en seraient si stupéfaits que le grand prodige de l’univers ne leur semblerait rien comparé à cela.

            Par conséquent, il y a une grande différence entre la créature qui agit dans ma Volonté et celle qui agit en dehors. La première est la source dont les eaux peuvent se vanter de ne jamais tarir et qui peut donner de l’eau à qui elle veut. La deuxième est la source qui ne coule pas et s’assèche. La première est une terre fertile dont les champs sont toujours en fleurs, la seconde est une terre stérile qui produit à peine une plante sauvage. La première a le soleil à sa disposition qui lui permet de boire ses grandes gorgées de lumière, de douceur et de sainteté, de patience inépuisable, d’héroïsme et de sacrifices. La seconde a la nuit qui lui donne quelques  gorgées pour maintenir ses passions, l’empêcher de voir le ciel. Grande est la différence entre l’une et l’autre. Par conséquent, sois attentive et permets à ma Divine Volonté de te consumer et de te transformer dans sa lumière.

18.  6 décembre 1932 — La valeur d’un acte accompli dans la Divine Volonté. Comment il devient puissant pour tous. L’âme qui vit dans la Divine Volonté est la seule administratrice qui fait tout pour faire aimer son Créateur.

        Mon abandon dans le Fiat continue. Sa force enlevante, investit et absorbe, et ma petite âme se sent si petite, à peine un atome. Et elle sent également son immensité qui ne peut être enclose en un si petit cercle. Mais en dépit de sa petitesse, mon âme ne veut pas rester inactive. Elle veut aimer, bénir, glorifier et remercier celui qui aime tant et a mis à la disposition de l’âme sa Divine Volonté. Mon âme était perdue en lui lorsque mon souverain Jésus visita ma petite âme et lui dit :

            Tu ne veux pas comprendre la valeur que contient un acte accompli dans ma Divine Volonté. Sa valeur est si élevée et sa grandeur est telle que la créature qui l’a fait ne peut elle-même la contenir. Comme l’âme est elle-même comblée sans pouvoir le contenir, l’acte déborde et s’écoule dans l’immensité du Fiat éternel. Et tout ce que le Fiat submerge et enferme dans son immensité répète cet acte de la créature. Ainsi, lorsque tu m’aimes, que tu m’adores, me bénis et me remercies, tu accordes un grand champ à toutes les choses créées pour répéter ton acte, si bien que le ciel et la terre, le soleil et le vent, les mers et les rivières, les plantes et les fleurs, tous disent en chœur : « Nous t’aimons, nous t’adorons, nous te prions. » C’est comme un écho qui résonne partout et en tout. Et avec la force investie qu’elle possède, ma Volonté absorbe cet écho et fait en sorte que toute chose reprend l’acte que la créature a accompli dans ma Volonté. Et alors, quelle douce surprise, quel merveilleux enchantement qu’un acte puisse régner sur toute chose et faire que tout le répète.

            Le petit atome qui entre dans notre Vouloir est rendu puissant sur tous et nourrit doucement tous et chacun de son acte pour que son Créateur soit aimé. Par conséquent, notre Être suprême ressent que la créature qui entre dans notre Vouloir peut mouvoir toute chose. Sa voix coule partout et ne voulant pas rester seule, elle investit, elle règne et fait dire ce qu’elle veut à tout ce qui est investi par le Fiat. La créature veut-elle aimer ? Elle fait dire alors à toute chose : Amour. Veut-elle adorer, bénir ? Tout se prête alors pour adorer et bénir. C’est notre Vouloir qui veut qu’elle le fasse, et la créature est investie de son pouvoir et de son empire. Et c’est notre délice de voir la petitesse de la créature s’écouler dans notre immensité, et nous sentons l’accompagnement de la créature. Parce qu’être en sa compagnie signifie que nous sommes ensemble avec la créature, pour reconnaître l’acte qu’elle a accompli ainsi que sa valeur, afin qu’elle puisse nous dire combien elle nous aime. Plus la créature sait que son acte est grand, plus elle nous donne ; et plus nous nous sentons aimés, plus nous l’aimons.

            Ainsi, seule la créature vient de la terre pour briser notre solitude. Elle seule est l’actrice qui peut mouvoir toute chose pour nous faire aimer, bénir et remercier. Il est vrai qu’il y a d’autres créatures dans notre Divine Volonté, mais elles y sont sans savoir que nous sommes en elles, ni pour qui elles travaillent et sans connaître la valeur de leurs œuvres, et elles vivent en étrangères et comme loin de nous. Et c’est pour nous une grande peine : avoir des enfants, les avoir dans notre maison, qui est notre Volonté, et être comme si nous ne les avions pas. Ils ne reconnaissent pas celui qui leur donne la vie et les aime tant. Ce n’est pas ce qui se passe avec ceux qui savent qu’ils vivent dans notre Volonté. Nous nous reconnaissons entre nous, nous vivons comme Père et enfants ; ou plutôt, ils vivent en nous et nous en eux, et nous ne formons qu’une seule Volonté.

19.  16 décembre 1932 — Comment le bien fait se lever la gloire dans notre nature et devient le narrateur de celui qui l’a fait. Comment le Je t’aime est dans chaque acte un triomphe pour Jésus et comment il cache son amour afin d’être aimé.

       Mon abandon dans la Divine Volonté continue. Bien que la lumière de l’éternel Fiat ne me quitte jamais, je suis dans le cauchemar des privations répétées de mon bien-aimé Jésus. Ses vagues de lumières m’investissent au-dedans comme au-dehors, et elles deviennent battement de cœur, souffle, mouvement et nourriture de ma petite âme. Ah ! si ce n’était de la Divine Volonté dont la vie remplace tout, et de Jésus lui-même, un seul coup mettrait fin à la vie et cette lumière m’emporterait au Ciel. « Mais, me disais-je, que mon exil est long ! Quel bien est-ce que je fais ? Et même si je le faisais, quelle est l’importance du bien que je pourrais faire ? » Je pensais cela lorsque ma chère vie, le doux Jésus, répétant sa petite visite, me dit :

            Ma fille, courage ! Ma Volonté te consume dans sa lumière pour former en toi sa copie divine. Et sa jalousie est si grande qu’elle ne cesse pas un instant de t’envoyer sa lumière pour ne pas te laisser le temps de faire ta volonté, mais toujours la mienne. Et à quel point ce bien est-il spécial ? Tout est dans l’opération du bien : il est la substance de la sainteté, il est le soleil qui brille parmi les créatures par l’entremise des pas, des paroles et des œuvres saintes des créatures. Lorsque la lumière donne à la créature chaleur et lumière, elle donne lumière et chaleur à tous ceux qui l’entourent. Le bien produit la gloire impérissable sur la terre et au ciel. Qui peut enlever la gloire d’un bien que l’on a fait ? Personne ; ni Dieu ni la créature. Et de l’intérieur de cet acte bon s’élève par nature la gloire que cet acte contient, si bien que parfois les créatures sont oubliées, mais le bien ne l’est pas, et il demeure comme vie au milieu d’elles. Par conséquent, chaque bien accompli chante la gloire et devient le narrateur de celui qui l’a fait. Ainsi, même si tu ne faisais qu’un seul bien en restant en vie, toute l’éternité te chanterait une plus grande gloire.

            Je poursuivais comme d’habitude ma ronde dans le divin Vouloir. J’animais toutes les choses créées avec mon petit Je t’aime, et je voulais le laisser imprimé sur toutes choses pour qu’il devienne la voix qui demande que le Royaume de la Divine Volonté vienne sur la terre. Et le bienheureux Jésus, me surprenant une fois de plus, ajouta :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que mon impatience et mon délire de vouloir être aimé par les créatures sont si grands que, en cachette, sans me faire voir, je place dans les profondeurs de leur âme une dose de mon amour. Selon leurs dispositions, j’augmente la dose et elles, sentant en elles mon amour, me disent de tout leur cœur : « Je t’aime, je t’aime. » Et moi, me sentant aimé, je triomphe dans l’amour de la créature.

            Ainsi, chaque Je t’aime de la créature est pour moi un triomphe. Et bien que je l’aie moi-même placé là secrètement, il m’importe peu que ce soit un artifice de ma part pour me faire aimer ; de plus, je tiens à ce qu’il soit venu de la volonté de la créature, de sa voix, et, me sentant blessé, je le ressens comme un amour venu de la créature. Chaque Je t’aime est ainsi un triomphe de plus que tu permets à ton Jésus de connaître. Et comme tu cherches à couvrir le ciel et la terre, et tout ce qui est animé et inanimé par ton Je t’aime, je vois toute chose parsemée de la beauté de l’amour de la créature. Et, ravi, je dis dans la force de mon amour : « Oh ! oui, comme je suis heureux. Je suis déjà aimé. Et si je triomphe dans l’amour de la créature, elle triomphe dans mon amour. »

            Après avoir dit cela, il a gardé le silence. L’enthousiasme de son amour est si grand que, chancelant, il cherchait le repos dans mes bras. Après quoi, ranimé, il répétait avec une plus grande insistance :

            Ma chère fille, tu dois savoir que ce que je désire et ce qui m’intéresse le plus est de faire savoir que j’aime la créature. Je veux dire à l’oreille de chaque cœur : « Mon enfant, je t’aime », et je serais heureux si j’entendais qu’on me réponde également : « Jésus, je t’aime ». Je sens l’irrésistible besoin d’aimer et d’être aimé.

            Oh ! combien de fois on me laisse suffoquer dans mon amour. Parce que lorsque j’aime sans me sentir aimé, mon amour ne trouve pas à s’épancher et il m’étouffe ! C’est pourquoi j’aime tant tes « Je t’aime ». Lorsque tu le dis, il prend la forme d’une flamme rafraîchissante qui en venant dans mon grand feu d’amour m’apporte un repos et répand une rosée bienfaisante sur les flammes qui me brûlent ; il apporte la tranquillité à mon amour, à mes délires et à ma frénésie amoureuse. Parce que je suis aimé, je peux donner de ce qui est à moi, et en pouvant donner de ce qui est mien, mon amour trouve à s’épancher. 

            Ma fille, les cieux et la terre sont remplis et inondés de mon amour. Il n’est pas de lieu où mon amour ne ressente le besoin de déborder pour courir à la recherche de cœurs et dire ses petits mots : « Ma fille, je t’aime, je t’aime. Et toi, dis-moi que tu m’aimes. » Et mon amour est tout oreilles pour entendre la créature prononcer son Je t’aime. Si elle l’affirme, mon amour se sent rassuré dans la créature et il prend son doux repos. Sinon, il court, parcourt le ciel et la terre et ne s’arrête pas avant d’avoir trouvé quelqu’un qui lui dise Je t’aime. 

            Chaque Je t’aime de la créature est un exutoire à mon amour et cet amour, en entrant dans le mien, est incorporé dans mon propre amour qui a la vertu d’être diffusé en restant entier. Et formant les fissures, l’amour de la créature ouvre sa voie pour décharger mon amour. Cet amour est pur lorsque ma Volonté l’anime.

            Vois-tu alors ce qu’est la longue psalmodie de tes Je t’aime ? Ce sont autant d’exutoires que tu donnes à ton Jésus, et ils m’appellent à venir me reposer dans ton âme. Par conséquent, je veux que tu me dises toujours ton Je t’aime. Je veux le voir dans tout ce que j’ai fait pour toi. J’aime toujours l’entendre, toujours. Et lorsque tu ne le dis pas, en soupirant, je dis : « Ah ! même la petite fille de mon Vouloir ne me donne pas un continuel exutoire me permettant de me décharger dans son petit amour. » Et je reste là dans ma peine et j’attends ton cher petit refrain : « Je t’aime, je t’aime. »

            Aime-moi, ma fille, Aime-moi. Aie pitié de mon cœur blessé qui agonise. Je ne tiens plus, je délire, et comme un amant, j’implore ton amour. Et dans ma hâte, je t’embrasse, je te serre contre mon cœur pour te faire sentir combien mon amour est ardent et pour qu’au contact de mes flammes tu sois prise de pitié pour moi et que tu m’aimes. Oh ! rends-moi heureux et aime-moi. Lorsque je ne suis pas aimé, je me sens malheureux dans mon amour et j’en arrive à délirer. Et lorsqu’un cœur compatissant est pris de pitié pour moi et qu’il m’aime, je sens mon infortune se changer en bonheur. Alors, chacun de tes Je t’aime devient un autre petit morceau de bois que tu jettes dans l’océan immense de mon amour et qui, se transformant en une petite flamme, augmente d’un degré ton amour pour ton Jésus qui souffre.

20.  21 décembre 1932 — Échange de dons entre Dieu et l’âme. Renaissance continue de la vie divine. Le lien du mariage, une célébration pour tous. Comment la Divine Volonté assiège la créature.

       Je me sens comme une petite enfant entre les bras de la Divine Volonté. Oh ! combien le fait d’être une petite nouveau-née me semble vrai. Comme je suis sur le point de naître, un autre acte de la Divine Volonté est déversé sur moi ou une autre connaissance m’est manifestée, et je renais dans cet acte et dans cette connaissance comme dans une vie nouvelle dans la Divine Volonté, que je n’avais pas en mon pouvoir et que je ne connaissais pas avant. Et dans l’acte de recevoir cette vie nouvelle, je me sens renaître. Et alors que je suis en train de renaître, la Divine Volonté me donne un autre de ses actes, elle m’investit d’une autre de ses connaissances, et je suis toujours dans l’acte de renaître. Oh ! puissance du Fiat suprême. Tu ne sais jamais quitter la créature ; il semble plutôt que tu me places dans le labyrinthe de ton immense lumière, dans l’acte de me donner toujours une vie nouvelle. Et je ressens le besoin de recevoir ta vie continuelle pour rester perdue en toi. Oh ! quelle heureuse perte, car ce n’est pas une perte, mais une conquête de vie divine nouvelle que la créature fait venir.

            Mais mon esprit était perdu dans le divin Fiat lorsque mon divin Maître, visitant sa petite nouveau-née, me dit :

            Ma petite fille, mon amour est si grand que pour recevoir le don de la volonté de la créature, je suis toujours dans l’acte de lui faire le don de ma Volonté dans tous les actes qu’elle accomplit. Je suis le premier à accorder mon don. Je suis toujours en train d’épier pour savoir si la créature est sur le point d’accomplir un acte pour faire le don de ma Volonté dans cet acte. Ainsi, la créature, en voyant le grand don que je lui fais, me fera le petit don de sa volonté. Avec ce don de mon Vouloir que je donne ainsi dans tous les actes de la créature, la créature reçoit un nouvel acte de vie divine, et je la fais renaître dans cette vie divine qu’elle acquiert. Et tandis qu’elle est formée dans cette vie divine, je n’attends pas et je lui fais immédiatement le don de mon Vouloir. De cette manière, en faisant mon don et en voulant recevoir celui de la créature, je crée l’alternance de vie de la créature de sorte qu’elle ressent la croissance et la renaissance continuelle de sa vie dans le divin.

            Ce don que je fais est si grand que lorsque je suis sur le point de le faire, les cieux sont stupéfaits et s’inclinent respectueusement pour adorer un don si grand et louer leur Créateur pour tant de générosité. Et tous sont attentifs pour être spectateurs de la façon dont ce don se développe dans l’acte de la créature. Et témoins de la nouvelle renaissance de la créature dans la vie divine, ils frémissent en voyant le grand prodige de la créature renaissant à une nouvelle vie divine chaque fois que ce don de ma Volonté est accordé. Et, oh ! comme ils me remercient pour tant de bonté parce que tous se sentent plus heureux en voyant ce don de mon Vouloir opérant dans l’acte de la créature. On peut dire que dans cet échange de volontés, dans ce don réciproque, un mariage a lieu entre l’âme et Dieu. Il est toujours nouveau, et lorsqu’il y a mariage, tout le monde fête les nouveaux mariés et chante les louanges du Créateur ; parce que je ne fais pas seulement le don de mon Fiat, mais avec ce don, je donne ma vie qui forme le lien d’inséparabilité en quoi consiste la substance d’un vrai mariage entre l’humain et le divin. Et, oh ! l’immense ingratitude de quiconque ne reçoit pas ce don de mon Vouloir dans ses actes, spécialement en voyant ma hâte de vouloir le leur accorder ! Je les prie et les implore de le recevoir, et très souvent je m’efforce de créer de nouveaux incidents, des circonstances inattendues afin d’avoir de nouvelles occasions de leur faire plus souvent le don de mon Fiat. Et lorsque je vois qu’ils ne l’acceptent pas, je sens mon entreprise d’amour se changer en chagrin, et je peux dire que le ciel pleure avec moi parce que lorsque ma Volonté agit dans l’acte de la créature, les cieux sont impliqués dans ma Volonté. Et tous fêtent si ma Volonté est acceptée, ou alors ils souffrent si elle est rejetée. Par conséquent, sois attentive. Je ne veux rien d’autre dans tes petits actes que le continuel échange d’acceptation du don de ma Volonté et du don de la tienne ; en tout ce que tu fais, que tu pries, souffres, travailles, en toute chose. Oh ! comme tu me rendras heureux ! Je serai à l’affût de ton acte afin qu’il ait les exigences d’un acte digne de ma Divine Volonté.

            Je me sentais totalement investie par le divin Vouloir. Je le sentais palpiter dans ma petite âme. Son air céleste et balsamique formait en moi un ciel et je ressentais le bonheur d’en haut. Je me sentais même plus heureuse que les citoyens du ciel parce qu’ils n’ont pas le don d’un acte de la Divine Volonté comme acte conquérant, comme nouvelle naissance en Dieu. Ils n’ont que le don de célébration et de louange, mais pas celui de conquête. Moi, par contre, je peux faire de nouvelles conquêtes et je peux enclore dans mon acte une Divine Volonté opérante. Mais alors que mon esprit divaguait, mon doux Jésus me surprit et me dit :

            Bienheureuse fille, je veux te donner la raison pour laquelle je veux que la créature reçoive le don de ma Volonté dans tous ses actes, et qu’elle me donne chaque fois sa volonté. Parce que s’il y avait l’échange dans un acte et pas dans un autre, dans celui où il n’y a pas d’échange, il se formerait dans l’âme un vide, et ce vide se remplirait de misères, de faiblesses et de passions. En agissant ainsi, la vie divine reste brisée, comme détachée, et par conséquent les vraies renaissances ne peuvent pas se produire parce qu’il leur manquerait la nourriture, la matière principale de l’acte continuel de mon Fiat qui forme ses nouvelles naissances en Dieu. Plus encore, sans l’acte continuel de ma Volonté, il est impossible de recevoir ses grands dons et ses grands biens qui stupéfient le ciel et la terre.

            En entendant cela, je dis : « Dis-moi, mon amour, pourquoi es-tu si intéressé à vouloir la volonté de la créature et à donner la tienne ? » Et Jésus :

            Tu veux savoir pourquoi ? Parce qu’en prenant la volonté de la créature, je la mets en sûreté, et en donnant la mienne, je la saisis de tous côtés et je place ma vie en sécurité dans la créature. Et comme il n’y a rien ni personne où ma Volonté n’ait ses liens de règne et de conservation, je sens l’heureuse créature avec moi en tous et en toute chose. Et je peux alors dire en fait et non en paroles : « Ce qui est à moi est à toi, et j’ai tout fait pour toi. » Avec cela, mon dessein est réalisé. La créature, qui est mon œuvre créatrice, n’est plus un sujet d’inquiétude, car elle n’est plus en danger puisque ma Divine Volonté en fait le siège dans son espace infini. Ainsi, il n’y a plus qu’à jouir de cette créature et à se rendre mutuellement heureux d’un bonheur jamais interrompu par aucun de nous.

            C’est pourquoi je n’aurai de repos que lorsque je verrai la créature investie du don de mon Fiat. Je suis continuellement à l’affût parce que je sais que sa volonté peut nous trahir. Par conséquent, je dois user de stratagèmes et d’entreprises amoureuses. Je dois toujours être à l’œuvre. Il n’y pas de repos pour moi. Par contre, lorsque la volonté de la créature est en mon pouvoir et que ma Volonté est au pouvoir de la créature, je me repose quant à sa destinée. Il n’y a plus de danger. Et si je veux un échange continuel entre la créature et moi, c’est pour avoir l’occasion d’agir, de pouvoir parler et de poursuivre une douce conversation. Comme je veux toujours donner de ce qui est à moi, je me sers du prétexte de vouloir l’échange de la volonté de la créature afin de pouvoir lui redonner ma Volonté, mais la volonté de la créature était déjà mienne, et ma Volonté était déjà celle de la créature. Seulement, en donnant de nouveau ma Volonté, j’ajoute de nouvelles vies divines et des grâces surprenantes. Par conséquent, je te veux toujours dans mon Vouloir, et nous pouvons alors être assurés que tu seras toujours avec moi et moi avec toi.