No 21 à 29

21.  25 décembre 1932 — La naissance de l’Enfant Jésus était universelle. Il est né en tout et en tous. Il est venu pour nous recouvrir du vêtement de son Humanité afin de nous mettre en sûreté. L’exemple du soleil.

     Mon abandon dans le Fiat continue, et comme c’est aujourd’hui Noël et que j’ai passé la nuit sans voir le céleste Enfant, j’avais le cœur brisé d’être sans celui qui forme ma vie et mon tout. Oh ! vivre sans lui, c’est comme vivre sans être en vie, torturée, sans force et sans soutien. C’est la plus terrible des morts pour ma pauvre âme, et dans l’anxiété et la peur, je priais l’Être suprême de dévoiler celui qui m’aimait tant et qui formait mon dur martyre. Oh ! à cet instant, une immense lumière qui remplissait le ciel et la terre ravit mon esprit. Quelle merveille ! Je vis le divin Enfant renaître en chaque chose créée et en chaque cœur. L’Enfant Jésus était partout multiplié, dédoublé, né de nouveau d’une manière infinie, en chaque chose et en tous. Par conséquent, chaque chose et chacun avait le bien de sentir naître le céleste Enfant. Oh ! qu’il était beau de le voir si petit : petit dans le soleil, dans les étoiles, dans tous les éléments, dans toutes les créatures. Tous et toutes choses chantaient ses louanges et avaient le grand honneur, le bien immense de sa naissance et possédaient la douce sécurité d’avoir chacun pour soi l’Enfant Jésus. Ainsi, dans l’émerveillement et la stupeur, je voyais que Jésus était né même en moi. J’ai voulu en soupirant et avec ardeur le serrer entre mes bras et il m’a permis de le faire, il en était même heureux et avec tendresse, il me dit :

            Ma fille, aime-moi, aime-moi. Je suis né pour aimer et être aimé. Afin d’agir en Dieu, ma naissance devait être universelle. Je n’aurais pas agi en Dieu si je n’étais pas né de façon universelle pour que chacun puisse dire : le céleste Enfant est né pour moi. Il est mien, et cela est si vrai que je le possède déjà. Mon amour aurait été empêché si je n’avais pas pu naître en tous ; ma puissance serait limitée ; mon immensité restreinte si ma renaissance n’était pas universelle. Il ne faut pas s’en étonner. Tout comme ma Divinité remplissait le ciel et la terre, en s’incorporant dans ma petite Humanité, ma Divinité était multipliée et se dédoublait de telle sorte qu’elle renaissait en toute chose et en tout être. Ce sont les manières divines et infinies que nous avons afin que chacun puisse prendre le bien que nous faisons et être comblé de nos œuvres. Et plus encore, étant venu du ciel sur la terre, je voulais prendre chair afin de glorifier parfaitement le Père céleste et compenser pour ce que chaque homme n’avait pas fait. C’est pourquoi ma petite Humanité voulait renaître en chaque chose créée – parce que l’homme ne nous avait pas donné la gloire, l’échange d’amour pour avoir créé le ciel, le soleil, et tant d’autres choses. Et mon Humanité étant née de nouveau en elles, glorifiait complètement mon céleste Père pour toute l’œuvre de la Création. L’homme, en rejetant ma Divine Volonté, était devenu impuissant en tout, et je venais afin d’être son Sauveur, pour réparer, défendre et le glorifier. Je l’ai recouvert du vêtement de mon Humanité pour le mettre en sécurité et j’ai répondu de lui pour tous devant mon Père céleste. Mon amour était tel que ma Divinité, pour donner libre cours à mon amour, m’a amené à naître en chaque cœur et en chaque chose. Cela est si vrai que les premières choses venues pour me reconnaître et chanter mes louanges furent les choses créées parce que, sentant en elles ma naissance, elles étaient en fête et se réjouissaient.  Mais sais-tu dans quels cœurs il y a fête lorsque je nais ? Dans ceux qui possèdent ma Divine Volonté et reconnaissent immédiatement que je suis né dans leur cœur, et il y a en eux une fête éternelle pour moi. Les autres, par contre, me font pleurer, me font souffrir et, en péchant, ils préparent le couteau pour me blesser et me tuer.

            Je demeurais ensuite totalement immergée dans son amour. En vertu de la scène émouvante du céleste Enfant naissant de manière si universelle et en chacun, je pouvais comprendre beaucoup de choses. Il est préférable de les parcourir en silence parce que, ne sachant pas comment les expliquer, je pourrais dire des bêtises. Afin de fêter le céleste Enfant, je m’abandonnais totalement dans la Divine Volonté, et il revint à nouveau. Il était si gracieux, d’une beauté si rare, et personne ne peut être comme lui. Il s’est enfermé dans mon cœur comme lieu de sa naissance. Il était tout amour et il répétait en moi ses pleurs infantiles, ses gémissements et ses sanglots d’amour. Oh ! comme il était émouvant de le voir tantôt pleurer, tantôt sangloter et tantôt gémir. Avec l’armée de ses larmes, avec les stratagèmes de ses sanglots et les prières de ses gémissements, sa renaissance se faisait en tous et en toute chose. De cette manière, il était le kidnappeur qui, avec la force d’un Dieu qu’il possédait, fascinait les cœurs et y pénétrait pour former en eux sa nouvelle naissance. Oh ! cieux, inclinez-vous avec moi, aimez et adorez le céleste Enfant. Mais mon esprit était perdu dans ce grand mystère lorsque mon doux Enfant, entre ses larmes et ses sanglots entrecoupés d’un céleste sourire, ajouta :

            Ma bienheureuse fille, étant Dieu, il ne pouvait pas en être autrement. Ma naissance était non seulement universelle, mais je me trouvais aussi dans la même condition que le soleil. Qu’on le veuille ou non, chaque chose créée et chaque créature reçoit du soleil la lumière et la chaleur de son impérieuse lumière. Avec la même suprématie que je possède sur tout et sur tous, le soleil semble dire dans son langage muet, qui est plus fort que s’il parlait : « Où vous me recevez avec amour où je vous investirai du droit que je possède de vous donner la lumière. Et si vous ne voulez pas me recevoir, je vous encerclerai de telle sorte que vous ne pourrez pas fuir ma lumière, et j’aurai la grande gloire d’avoir donné à tous la lumière. » Le soleil est le symbole de ma naissance, et lui aussi renaît chaque jour pour toute chose et pour tous. Je ne renais pas seulement de façon universelle, mais lorsque je renais, j’envahis. Lorsque je renais dans le cœur, j’envahis l’esprit avec mes pensées, les yeux avec mes larmes, la voix avec mes gémissements. De cette façon, je fais une invasion universelle de toutes les créatures. Je les prends de tous côtés jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus fuir. Si elles me reçoivent avec amour, non seulement ma vie naît en elles, mais elle grandit de façon surprenante. Si elles ne me reçoivent pas avec amour, je renais en elles avec les droits d’un Dieu que je possède, mais je ne grandis pas. Je reste petit, et je suis comme en réserve en attendant que mes gémissements et mes pleurs les induisent peut-être à m’aimer. Et si je ne réussis pas, ma vie se transforme alors pour eux en justice. Et, oh ! combien mon petit cœur est torturé de voir ma naissance, qui est tout amour, changée en justice pour les pauvres créatures. Par conséquent, puisque je suis né en toi, permets-moi de grandir afin que mes gémissements et mes pleurs se transforment en joie.

22.  6 janvier 1933 — La Divine Volonté avec tous ses actes se cache dans la créature qui agit en elle. Elle ressent de la gratitude envers celle qui lui permet de produire sa vie. Les droits des deux. Le petit bateau.

       Je faisais mes rondes dans la Création afin de suivre les actes de la Divine Volonté. Il me semblait que chaque chose créée ouvrait la voie pour recevoir mon acte, le courtiser, et lui donner l’échange de la Divine Volonté qu’elle possédait comme actrice et conservatrice. Je faisais cela lorsque le céleste petit Enfant me fit sa brève visite et me dit :

            Ma fille, quiconque fait la Divine Volonté, en faisant ses actes, se déverse en elle. Il n’y a pas une particule de son être qui ne prenne sa place dans le Vouloir suprême. Comme toute chose est enclose dans mon Vouloir, tout ce que Dieu a créé, tout ce qu’il a fait et fera, tout est déversé dans l’acte de la créature comme en un seul acte, de telle sorte que cet acte est rempli, embelli et encerclé par tout ce que ma Volonté a fait et fera. Si bien que tu peux voir tous les actes divins imprégnés, fusionnés et entourés dans l’acte de la créature.

            Lorsque ma Volonté agit dans notre Divinité ainsi que dans les actes humains, elle ne sait ni ne veut se détacher de l’acte humain. Elle unit au contraire les deux et forme le nouvel acte qu’elle veut accomplir. On peut dire que tout notre Être divin avec tous ses actes se déverse sur la créature. Nous nous cachons et nous nous enfermons dans la créature tout en restant ce que nous sommes dans notre immensité et notre interminable puissance. Mais notre bonheur est redoublé de la part de la créature parce qu’elle nous a donné l’occasion de dédoubler notre vie avec nos actes. Et nous recevons la gloire, l’honneur, l’amour de notre vie et nos actes mêmes de la part de celle qui permet d’être possédée par notre Volonté. C’est ce qui se passe avec le soleil qui, de la hauteur de sa sphère, se donne à la terre. Il semble ne donner que sa lumière, mais ce n’est pas vrai. Il donne avec sa lumière tout ce qu’il possède. Cela est si vrai que tu peux voir la terre recouverte d’une variété de couleurs, de goûts et de saveurs. Qui a donné tant de beauté, de substance, et autant de couleurs ? La lumière ? Ah ! non. C’est parce que la lumière a donné la substance, les propriétés que la lumière (le soleil) possède. On peut dire que la terre est enrichie, embellie par les propriétés que possède le soleil, mais alors que le soleil donne, il ne perd rien de ce qu’il possède. Oh ! si le soleil pouvait raisonner, comme il se sentirait plus heureux et glorifié du grand bien qu’il donne à la terre. Reproduire notre vie et nos actes dans notre créature bien-aimée est pour nous un bonheur, et nous goûtons la grandeur de la créature qui nous a donné le champ pour faire usage de notre pouvoir communicatif et nous reproduire en elle.

            Et moi, en entendant cela, je me disais : « Et s’il y a le péché, les passions, comment la créature peut-elle recevoir ce grand bien ? » Et Jésus ajouta :

            Bienheureuse fille, lorsque l’âme est à la merci de ma Volonté, celle-ci a la vertu de faire perdre la vie du mal. Il n’y pas de péché ou de passion qui ne ressente ce coup mortel ; ils meurent de leur propre mort. Lorsque ma Volonté règne dans l’âme, ils sentent leur vie s’en aller. Quant au mal, ma Volonté est comme la glace qui fait que les plantes fanent, se dessèchent et meurent. C’est comme la lumière pour les ténèbres qui, lorsque paraît la lumière, disparaissent et meurent ; en fait, personne ne sait où elles sont parties. Ma Volonté est comme la chaleur pour le froid : le froid meurt sous la vertu de la chaleur. Si la glace, la lumière et la chaleur peuvent faire mourir les plantes, les ténèbres et le froid, ma Volonté a bien plus encore la vertu de faire mourir tout mal. Tout au plus, si l’âme ne permet pas d’être toujours dominée par ma Volonté, alors, là où ma Volonté ne règne pas toujours, elle ne peut communiquer tous les biens et convertir toute chose en vie divine. Et là où manque la vie divine, c’est là que surgit le mal, et il peut se passer ce qui arrive aux plantes lorsque la force de la glace est enlevée : bien que fatiguées, elles commencent à reverdir. Si la lumière est retirée, les ténèbres sont de retour, et si la chaleur est enlevée, le froid revient.

            C’est pourquoi il y a grande nécessité de toujours faire ma Volonté et de vivre toujours en elle si tu veux pouvoir bannir tout mal et éradiquer même les racines de tes passions. Plus encore, mon divin Vouloir veut toujours donner à la créature, mais afin de donner, il se tient à l’affût pour voir à quel point la créature agit dans ma Volonté, parce que pour chaque acte accompli dans ma Volonté, la créature acquiert un droit divin. Ainsi, les actes accomplis par la créature sont autant de droits acquis dans la mer de mon Fiat, et ma Volonté acquiert le même nombre de droits sur la créature. Ces droits de part et d’autre font de Dieu et de la créature des propriétaires. Et ma Volonté dédoublée et enfermée dans l’âme, selon ce que la créature est capable de contenir, prend la créature dans la mer immense de son Vouloir qui règne en Dieu. Comme ma Volonté veut toujours donner et augmenter toujours la capacité de la créature, elle prend de la mer de ma Volonté et agrandit la petite mer du Vouloir dans les profondeurs de l’âme. On peut dire qu’elle fait de l’âme un petit bateau afin d’aller et de tourner dans la mer immense de son Vouloir, et dans la mesure où l’âme est disposée et agit, ma Volonté enclot à son tour de nouvelles doses de Divine Volonté. Par conséquent, je te veux toujours dans ma Volonté afin que tu me donnes le droit de pouvoir toujours te donner, et toi de pouvoir toujours recevoir.

            Fiat !

23.  14 janvier 1933 — La page de vie. La Création est la page céleste. Le Je t’aime est la ponctuation de ces pages. Le divin auteur et écrivain.

        Je faisais comme d’habitude ma tournée dans toute la Création pour y rencontrer la Divine Volonté dominante et lui donner l’échange de l’amour pour avoir créé tant de choses pour moi avec grand amour. Il me semblait que chaque chose créée était dans l’attente de recevoir le sceau de mon Je t’aime. C’était un droit, un tribut, un petit signe attendu de la terre pour cette Volonté qui avait tant donné à toutes les créatures et qui était pour elles à la fois celle qui agit et qui conserve. Mais en faisant cela, il me semblait que mon doux Jésus prenait lui-même de ses mains mon Je t’aime et le plaçait comme un sceau sur ces choses créées. Il les mettait ensuite de côté, là où je le lui indiquais, pour qu’il continue son intense activité de mettre les Je t’aime sur toutes les autres choses créées. Et je m’émerveillais de voir l’intérêt de Jésus qui attendait patiemment. Je me disais : « Mais qu’est-ce que mon petit Je t’aime peut avoir de si important pour en arriver à préoccuper et intéresser Jésus ? » Et lui, s’arrêta un peu pour me parler et me dit :

            Ma bienheureuse fille, sais-tu ce qu’est ton Je t’aime ? Il est comme la ponctuation dans un document. La confusion est si grande dans un document sans ponctuation entre les idées et les expressions que celui qui le lit, n’y voyant aucun sens, l’interprète à sa manière qui peut être belle ou détestable. Et pourtant, qu’est-ce qu’un point, une virgule, un point d’interrogation et tous les autres signes de ponctuation ? Ce n’est rien comparé au travail d’écriture d’un seul caractère. Tel est ton Je t’aime : c’est la ponctuation dans l’écriture de ta vie, de tes paroles, de tes œuvres, de tes pas et même de ton cœur. La ponctuation de ton Je t’aime met de l’ordre dans tous tes actes, replace les idées, donne l’expression la plus belle et te fait connaître celui qui par amour a formé la page et le caractère de ta vie. Mais ne n’est pas tout ; ce point, cette petite virgule de ton Je t’aime, s’élève bien haut et ponctue nos pages divines, nos célestes caractères de toute la création. Qu’est-ce que la Création ? N’est-ce pas la page divine sortie de nous avec nos célestes caractères imprimés sur cette page de création qui était ponctuée avec tant d’ordre et d’harmonie, avec les idées justes, avec les plus belles et les plus émouvantes expressions, écrites avec tant de valeur artistique que nul artiste ne peut imiter ?

            Ton Je t’aime s’unit à la ponctuation divine et, en ponctuant, il reconnaît la valeur de nos caractères. Il apprend à lire notre page ; il comprend avec les idées justes tout ce que nous avons fait par amour ; et il reçoit les plus belles et les plus émouvantes expressions de son Créateur. Il nous donne le petit tribut, il compense avec cette petite richesse que nous, avec l’amour de la justice, nous attendons des créatures. Plus encore, comme ton Je t’aime possède la vertu naturelle d’être converti en bien, je prends, moi, avec un amour total, les points et les virgules de tes Je t’aime et je place ta petite lumière sur notre divine ponctuation. Et regardant toute la Création, je ressens un amour intense en voyant dans la ponctuation céleste celle de la petite fille de notre Vouloir. Mais dis-moi, ma fille, pourquoi me dis-tu Je t’aime et pourquoi veux-tu revêtir toutes les choses créées de ton Je t’aime ? 

            Et moi : Parce que je t’aime et que je veux être aimée par toi.

            Et lui : Par conséquent, tu dis Je t’aime parce que tu m’aimes, et mon plus grand bonheur, mes soupirs, mes attentes et mes délires ne sont-ils pas d’être aimé par les créatures ? Ne sais-tu pas qu’avec chaque Je t’aime je murmure dans l’oreille de ton cœur : Je t’aime, et que je place la ponctuation céleste sur la page et les caractères de ta vie ? N’es-tu pas heureuse ?

            Et moi : Mon amour, non, ce n’est pas assez. Je ne suis pas heureuse avec seulement ta ponctuation. Ma ponctuation peut être suffisante pour toi, car comme je suis petite et bonne à rien, je ne sais rien faire d’autre. Mais toi, tu sais comment faire toute chose. Pour me rendre heureuse, je veux que ce soit toi qui formes ma page et les caractères de ma vie.

            Et Jésus : Oui, oui, je veux te rendre heureuse, et je peux te dire que c’est ce que je fais. Sache alors que pour écrire une page, il faut du papier, de l’encre, une plume ; tout le matériel nécessaire pour avoir une page écrite. Si une seule chose manque, l’écriture ne peut pas prendre vie. Or, le papier, c’est ma Divine Volonté qui comme fondement de toute chose doit former la page de vie. Tu dois savoir que plus que le papier, ma Volonté s’est étendue comme fondement de toute la Création afin de recevoir les divins caractères d’un amour incessant dans lequel nous déversons nos qualités et nos œuvres divines qui sont plus que des caractères indélébiles. De la même manière, l’âme doit posséder ma Divine Volonté comme fondement de toute chose. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi un amour incessant afin de former l’encre pour pouvoir écrire sur ce papier de lumière. Mais le papier et l’encre ne suffisent pas pour former les caractères. Il faut aussi la plume des saintes œuvres, la variété des sacrifices et les circonstances de la vie pour former la plume et être capable d’écrire des caractères qui soient beaux et ordonnés ainsi que des expressions émouvantes qui, parfois, provoquent les larmes et remplissent alors le cœur de joie. De cette façon, quiconque sera capable de les lire se sentira transformé et recevra la vie du bien que possède cette page. Et moi, auteur et écrivain divin, lorsque je trouve le papier, l’encre et la plume, tout comme j’ai formé et écrit la page de la Création, avec un immense délice, je m’emploie à former et à écrire la page de la créature ; plus belle encore peut-être que la Création. Par conséquent, tiens toujours prêts le papier, l’encre et la plume, et je te promets d’écrire la page de ta vie où pourra se voir tout ce que moi seul j’ai formé et écrit. Ainsi, tu resteras heureuse, et moi aussi.

24.  18 janvier 1933 — La solitude où Jésus est placé par ceux qui le reçoivent sacramentellement. Ses larmes et ses souffrances. Les espèces muettes et les espèces vivantes. La continuation de la vie de Jésus dans la créature.

        Ayant reçu la Sainte Communion, je faisais mon action de grâce habituelle lorsque je vis Jésus, mon bien immense, affligé et taciturne, comme s’il avait besoin de compagnie. Je m’approchai de lui et tentai de le consoler en me montrant toujours unie à lui afin de ne jamais le laisser seul. Et Jésus sembla très heureux et pour épancher sa peine, il me dit :

            Ma fille, sois-moi fidèle et ne me quitte pas, car la souffrance de la solitude est toujours la plus oppressante parce que la compagnie est le soutien et le secours de celui qui souffre. Sans une compagnie, la souffrance est dure à cause de l’absence de celle qui pourrait soulager sa peine ou même lui offrir un amer remède. 

            Ma fille, combien d’âmes me reçoivent sacramentellement dans leur cœur et me laissent seul ! Je suis en elles comme en un désert, comme si je ne leur appartenais pas. Elles me traitent en étranger. Mais sais-tu pourquoi elles ne prennent pas part à ma vie, à mes vertus, à ma sainteté, à mes joies et à mes souffrances ? Parce que tenir compagnie à quelqu’un signifie participer à tout ce que la personne qui est près de toi fait et souffre. Par conséquent, me recevoir et ne pas prendre part à ma vie est pour moi la plus amère des solitudes et, demeurant seul, je ne peux pas leur dire de quel amour je brûle pour elles. Mon amour reste alors isolé, ainsi que ma sainteté, ma vertu et ma vie. Ce n’est que solitude en dedans et en dehors de moi.

            Oh ! combien de fois je descends dans les cœurs et je pleure parce que je m’y retrouve seul. Et je vois que l’on ne s’occupe pas de moi, que je ne suis ni apprécié ni aimé, si bien que je suis contraint, à cause de leur indifférence, d’être réduit au silence et à la tristesse. Et comme elles ne prennent pas part à ma vie sacramentelle, je me sens mis à part dans leur cœur. Et voyant que je n’ai rien à faire, avec une patience divine et inébranlable, j’attends la consommation des espèces divines dans lesquelles mon éternel Fiat m’avait emprisonné, en laissant à peine quelque trace de ma descente. Je ne pouvais rien laisser de ma vie sacramentelle, à peine quelques larmes, parce que ces âmes ne participant pas à ma vie, il leur manquait le vide où j’aurais pu laisser les choses qui se rapportent à moi et que je voulais placer en commun avec elles.

            Il y a ainsi beaucoup d’âmes qui me reçoivent sacramentellement et qui n’ont rien à me donner qui m’appartienne. Elles sont stériles de vertu, d’amour, de sacrifice ; pauvres choses, elles se nourrissent de moi, mais comme elles ne me tiennent pas compagnie, elles continuent d’avoir faim. Oh ! à quelle souffrance et à quel martyre ma vie sacramentelle se voit soumise. Je me sens souvent étouffé par l’amour, je voudrais être libre et je soupire pour descendre dans ces cœurs. Mais, hélas, je suis obligé de les quitter plus suffocant qu’avant ! Comment épancher mon amour si personne ne fait attention aux flammes qui me brûlent ? D’autres fois, des flots de douleurs m’inondent. Je soupire après un cœur qui me soulagera de mes souffrances, mais en vain. Ces âmes veulent que je participe à leurs souffrances, et je le fais. Je cache mes souffrances dans mes larmes pour les consoler, et je reste là sans le soulagement que j’espère. 

            Mais qui peut te dire toutes les souffrances de ma vie sacramentelle ? Celles qui me reçoivent et me laissent dans une amère solitude sont plus nombreuses que celles qui me tiennent compagnie dans leur cœur.

            Et lorsque je trouve un cœur qui me tient compagnie, je lui communique ma vie et j’y laisse le dépôt de mes vertus, le fruit de mes sacrifices et la participation de ma vie. Et je fais de cette âme ma demeure, mon refuge et le lieu secret de mes souffrances. Et je ressens l’échange du sacrifice de ma vie eucharistique parce que je trouve celle qui brise ma solitude, sèche mes pleurs, me donne la liberté d’épancher mon amour et mes peines. Voilà celles qui me servent d’espèces vivantes ; non comme des espèces sacramentelles qui ne me donnent rien et ne font que me cacher lorsque je fais le reste moi-même. Elles ne me disent même pas un mot pour interrompre ma solitude. Elles sont des espèces muettes. Par contre, dans les âmes qui me servent d’espèces vivantes, nous développons ensemble notre vie ; nous n’avons qu’un seul cœur qui bat, et si je sens que l’âme y est disposée, je lui communique mes souffrances et continue ma passion dans cette âme. Je peux dire que des espèces sacramentelles, je passe aux espèces vivantes afin de continuer ma vie sur la terre, non plus seul, mais avec cette âme. 

            Tu dois savoir que souffrir n’est plus en mon pouvoir et que par amour, je demande à ces âmes qui sont des espèces vivantes de me donner ce qui me manque. Par conséquent, ma fille, lorsque je trouve un cœur qui m’aime et me tient compagnie en me donnant la liberté de faire ce que je veux, j’en viens à des excès. Je ne fais plus attention à rien. Je donne tant que la pauvre créature se sent inondée de mon amour et de mes grâces. C’est pourquoi ma vie sacramentelle ne reste plus stérile quand je descends dans ces cœurs, non, car je m’y reproduis, je m’y dédouble et continue ma vie en eux. Et ces âmes sont mes conquérantes qui administrent leur vie à ce pauvre indigent et qui me disent : « Mon amour, tu as eu ton tour pour souffrir et maintenant, c’est le mien. Par conséquent, permets-moi de te remplacer et de souffrir à ta place. » Alors, oh, comme je suis heureux ! Ma vie sacramentelle conserve sa place d’honneur parce qu’elle reproduit d’autres vies dans les créatures. C’est pourquoi  je te veux toujours avec moi afin que nous puissions vivre ensemble, que tu prennes à cœur ma vie, et moi la tienne.

25.  22 janvier l933 — Pourquoi Jésus ne veut pas tenir de compte avec la créature. La volonté humaine, champ d’action de Jésus. Dot et trousseau que Dieu donne à la créature.

         Je pensais au divin Vouloir et une foule de pensées envahissaient mon esprit, et je me disais : « Je me demande pourquoi Jésus est si intéressé à ma volonté pour me donner la sienne en échange ? C’est moi qui en profite. En ayant une Divine Volonté en mon pouvoir, je possède et enferme toute chose en moi, et même Dieu lui-même. Mais la chose la plus étonnante, c’est qu’en échange pour tout cela, il veut ma volonté. À quoi peut lui servir cette faible et insignifiante volonté qui peut seulement produire plus de mal que de bien ? Il est évident que Jésus ne comprend pas la valeur exacte de ce qu’il donne comparé à ce qu’il reçoit en échange. Pourvu qu’il obtienne ce qu’il veut, il ne tient pas compte du fait que ce soit peu ou rien en comparaison de la valeur de ce qu’il a donné. Mais c’est à cela que l’on voit que cet amour est un amour vrai. » Mon esprit était plongé dans ces bêtises lorsque je vis Jésus qui écoutait attentivement mes idioties ; il semblait heureux et il me dit :

            Ma bienheureuse fille, je n’aurais jamais rien à donner à la créature si je devais considérer qu’elle peut me donner quelque chose, parce que pour commencer, tout ce qu’une créature peut me donner lui a déjà été donné par moi. Aussi, en me donnant, elle ne peut rien me donner d’autre que ce qui est à moi. Par conséquent, mon amour me fait toujours agir sans tenir de compte. Tenir des comptes avec les créatures serait restreindre mon amour et perdre la liberté de donner librement ce que je veux aux créatures. Ce serait difficile. De plus, pour vous donner ma Divine Volonté il est nécessaire que vous me donniez la vôtre parce que deux volontés ne peuvent régner dans un cœur. Ils seraient en guerre et votre volonté serait un obstacle à la mienne qui ne serait pas libre de faire ce qu’elle veut. Et moi, pour que ma Volonté soit libre, j’insiste toujours pour que vous me donniez la vôtre. Mais ce n’est pas tout ! Tu dois savoir que ta volonté est faible, insignifiante, mais lorsqu’elle vient entre mes mains créatrices et transformantes, elle change d’aspect. Je la rends puissante, je lui donne vie, je mets en elle le mérite qui produit le bien et je l’utilise afin de ne pas la laisser oisive. Je deviens le céleste jardinier qui travaille dans le champ de ta volonté et j’en fais un magnifique champ de fleurs et le jardin de mes délices.

            De sorte que ce qui est insignifiant entre tes mains et peut-être même nuisible, change de nature dans mes mains et me devient utile en me donnant le plaisir d’en faire un petit lot de terre à ma disposition et que je peux fleurir. Ainsi, afin de pouvoir donner, je veux ce qui est petit et insignifiant, même comme prétexte pour pouvoir donner ce qui est grand et pouvoir dire : « Cette âme m’a donné et je lui ai donné en échange. » Il est vrai qu’elle m’a peu donné, mais c’est tout ce qu’elle avait. Et abandonner pour moi ce peu qu’elle a, c’est pour moi le plus grand des cadeaux et je confie alors toute chose à l’exubérance de mon amour en faisant don à la créature de tout ce qui lui manque.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et je m’efforçai de suivre ses actes lorsque mon bien-aimé Jésus me dit :

            Ma bienheureuse fille, en t’efforçant de suivre les actes de ma Divine Volonté, tu te tournes vers elle et mon Fiat vient à ta rencontre pour te recevoir, te donner ses actes et les faire un avec les tiens. Et je reçois la douce surprise de ton attention et l’enchantement de ton amour, et je ne te perds jamais de vue. J’assiste alors à la plus émouvante scène de ton rien dans le Tout, de ton petit être dans le Grand, du fini dans l’Infini, alternant entre Dieu et la créature. Et dans cet échange, l’un est consumé dans l’autre par pur amour.

            Tu dois savoir que lorsque nous avons amené la créature à la lumière du jour, nous lui avons donné la dot et le trousseau de nos divines particules. La dot est notre Volonté. Elle n’est pas limitée ; nous lui donnons la liberté d’accroître sa dot. Les actes que tu accomplis dans notre Volonté sont autant de nouvelles propriétés que tu acquiers. En plus de celles que ton Créateur t’a données, dans l’excès de notre amour, nous disons à la créature : « Plus tu accompliras des actes dans notre Volonté, plus grand sera le champ divin que nous te donnerons pour y placer tes actes. De cette manière, tu travailleras dans notre champ céleste et nous te donnerons un champ de la grandeur que tu voudras. Assure-toi qu’il ne soit pas stérile et sois attentive à ton travail, car nous serons heureux de voir que tu agrandis ton domaine. »

            Nous sommes comme un père qui accorde une dot à son fils. Ce fils travaille et se sacrifie si bien qu’il augmente sa dot et agrandit toujours ses propriétés. Et le père est ravi de voir ces propriétés et la fortune de son fils comme si elles étaient les siennes. Nous faisons la même chose ; et même plus. Lorsque nous voyons que la créature est attentive, prête à faire n’importe quel sacrifice, nous ne la laissons pas seule et nous travaillons ensemble. Nous lui prêtons tout ce dont elle a besoin : Volonté, sainteté, nos actes, tout, afin de nous réjouir en voyant notre fille propriétaire de tant de biens.

            Fiat !

26.  29 janvier 1933 — Puissance de la vérité. Les pas de Dieu dans la créature. Apparence inhabituelle de l’Être suprême.

      Je pensais aux nombreuses vérités que mon adorable Jésus m’a manifestées sur la Divine Volonté et, oh ! combien de surprises, de joies et d’émotions inondent mon esprit concernant ces vérités. Elles semblaient descendre du Ciel toutes ordonnées pour remplir la terre. Leur intense activité était de former un chemin en elles-mêmes afin de nous faire retourner dans ces vérités, et entourer ensuite la créature afin qu’elles n’en sortent pas. Et mon céleste Jésus, visitant ma pauvre âme, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que chaque vérité que j’ai manifestée sur ma Divine Volonté n’était qu’une autre façon de m’approcher de la créature. Lorsque notre Être suprême parlait, il faisait un pas de plus vers les créatures, plaçait une divine particule de plus à leur disposition, et traçait de nouveaux liens d’union et d’amour. Notre parole est toujours une naissance qui sort de nous. C’est notre Verbe qui descend du ciel à la recherche de notre créature après qui nous soupirons. Et notre Trinité sacro-sainte, attirée par la puissance du Verbe qui est inséparable de nous, fait son chemin, et pas à pas nous nous rapprochons de celle à qui notre parole est parvenue. 

            Tu dois savoir que lorsque nous décidons de manifester une vérité par notre Verbe, comme c’est une partie de nous qui sort de nous, notre Être suprême prend un aspect inhabituel. Une joie nouvelle nous investit et il sort de nous une communication de nouvelles béatitudes. Le ciel tout entier, en voyant notre aspect inhabituel, se rend déjà compte que nous sommes sur le point de sortir une nouvelle parole de vérité parce que les premières à célébrer ces paroles sont les trois Personnes divines, et ensuite le ciel tout entier avec nous. Ces vérités sont les dons du grand Roi qui sait comment faire mouvoir et investir toute chose. C’est notre parole qui a une vertu créatrice, vivifiante et transformante, et qui certaines fois saisit, écrase et fait tout voler en éclats. Et sur les ruines, elle fait se lever la vie de notre parole et forme les plus belles choses, une création nouvelle. Ces œuvres magnifiques étonnent le ciel et la terre. Que peut faire notre Fiat ? Il peut tout faire ! Et qu’est-ce que fera la chaîne d’un si grand nombre de nos Fiat ? Notre Fiat transformé en parole de vérité possède une invincible vertu, une puissance inexprimable, une fermeté immuable dans le bien qu’il veut former dans la puissance de mon Fiat qui parle.

            Tu ne veux pas comprendre le grand don, le grand bien qu’une seule parole de vérité divine renferme, mais avec le temps, tu comprendras ; lorsque tu verras les actions, les œuvres que mes vérités ont produites. Mes vérités ont le pouvoir non seulement d’attirer et de porter notre Être divin, d’aller vers les créatures et souvent même de courir après elles, mais elles donnent aussi des grâces qui permettent aux créatures d’aller de l’avant et de courir vers celui qui vient à elles pour leur donner le grand bien que mon Fiat a prononcé.

            Nos vérités sont puissantes lorsqu’elles sortent de notre Être divin parce que si elles sortent, elles veulent donner la vie et le bien qu’elles possèdent. Et entre-temps, elles veulent disposer les créatures à s’approcher de la source d’où elles sont sorties afin de les transformer dans le bien de cette vérité. Tout est alors comme si une nouvelle vérité sortait de nous. Tout au plus le temps, les siècles peuvent passer, et cela n’est rien, car nos vérités sont armées non seulement de puissance, mais d’une invincible et divine patience. Elles ne se fatiguent pas d’attendre. Elles sont infatigables et inflexibles. Elles doivent d’abord donner le bien, la vie qu’elles possèdent, puis, triomphantes et victorieuses, rapporter au ciel les fruits de leurs conquêtes.

            Par conséquent, ma fille, sois attentive à écouter mes vérités. Tu dois d’abord penser à l’endroit d’où elles viennent, à celui qui te les envoie, au bien qu’elles veulent te faire, à la vie qu’elles possèdent et aux pas faits par Dieu et les créatures pour s’en approcher. Et ne doute pas parce que tu ne vois pas les effets dans le monde, le bien et la vie que mes vérités possèdent ; le temps se chargera de tout et dira toute chose. Quant à toi, pour l’instant, participe et Jésus s’occupera de tout le reste.

            De plus, tu dois savoir que nous devons d’abord former l’endroit dans l’âme où nos vérités peuvent descendre, et ensuite nous décidons de les faire sortir de notre sein paternel. Car en faisant sortir de notre Être suprême ces vérités qui doivent être converties en œuvres pour les créatures, nous ne les laissons pas suspendues en l’air et oisives ; non, notre sagesse ne fait jamais des choses inutiles. Si nous les faisons sortir, elles doivent être porteuses du bien qu’elles renferment. C’est pourquoi il doit y avoir le lieu où notre bonté peut les diriger de façon à ce qu’elles commencent immédiatement leur intense activité de participation et de transformation du bien qu’elles possèdent, même si au commencement ce n’est que dans une seule âme. Et ensuite, elles se diffusent si bien qu’elles forment des armées de créatures du bien que nos vérités possèdent, et lorsqu’elles auront ces nobles armées, elles transporteront nos vérités dans leur sein vers notre céleste Patrie. Ce sont les conquérantes qui peupleront le ciel. Elles sont comme des messagères qui parcourent la terre, sèment la semence, la travaillent, rassemblent la récolte et, pour la mettre en sûreté, l’emportent dans les régions célestes. Elles sont infatigables et n’arrêtent jamais jusqu’à ce qu’elles aient atteint leur but. Par conséquent, sois attentive et ne transgresse rien de ce que ton Jésus t’a enseigné.

27.  12 février 1933 — Dieu possède la puissance créatrice par nature. Nécessité d’aimer. Dieu, prisonnier volontaire de la créature. Le divin Pêcheur ; la prise journalière.

      Je continuais mes actes dans le divin Vouloir et je sentais une force puissante qui me submergeait, m’unifiait et m’identifiait aux œuvres divines. Je pourrais dire que mon être était si diminué que je me sentais perdue dans la mer immense qui débordait en dedans et en dehors de moi. Ses vagues éternelles me soulevaient et me submergeaient et je ressentais plus la vie divine que la mienne. Et mon toujours aimable Jésus, celui qui vous renverse puis vous relève, vous donne la mort et en même temps vous fait renaître à une vie nouvelle, visitant sa petite fille, me dit :

            Ma bienheureuse fille, notre amour est exubérant et plus nous donnons plus nous voulons donner aux créatures. Notre amour, en donnant, déborde de partout et veut noyer les créatures d’amour, de sainteté, de beauté, de lumière et de bonté. Plus nous donnons et plus notre passion de les aimer et d’être aimés augmente.

            Tu dois savoir que notre Être suprême possède par nature la puissance créatrice, la vertu rédemptrice et la vie qui revivifie et sanctifie toute chose. Or, dans la Création, nous avons agi seuls, sans la créature. Mais après l’avoir créée, notre amour pour elle était si grand que nous voulions continuer à développer la créature avec la nature. Et si nous conservons la Création, c’est comme si nous étions toujours dans l’acte de créer. Cette force créatrice unifie et investit les âmes, et continue la Création à l’intérieur de chacune d’elles. Et qu’est-ce que nous créons ? Des cieux nouveaux d’amour, des soleils nouveaux de connaissances, des mers nouvelles de grâces, un air nouveau de sainteté, des vents frais nouveaux qui embaument la créature, une vie nouvelle toujours croissante dans notre Divine Volonté, de magnifiques fleurs nouvelles, des désirs saints ; bref, l’écho de toute chose dans la création. Notre vertu créatrice se répercute dans les âmes, et avec une sagesse et une bonté qui n’appartient qu’à nous, nous créons toujours sans jamais nous arrêter. Si la Création devait cesser, ce qui ne se peut, nous devrions restreindre notre nature créatrice. Mais avec tout cela, nos divines Grandeurs s’abaissent, nous descendons dans les profondeurs des créatures et nous y développons avec elles notre vertu créatrice. Nous ne voulons pas agir seules, la solitude arracherait nos bras et limiterait notre puissance et notre vertu créatrices. 

            Afin de pouvoir aimer plus, nous avons formé en nous-mêmes une loi d’amour et nous avons créé en nous le besoin d’aimer. L’amour est ainsi en nous une nécessité ; mais une nécessité voulue qui n’est imposée par personne. Et c’est ce besoin d’amour qui nous fait faire tant de choses inouïes ; il nous fait nous livrer à des excès et à des folies envers les créatures. 

            Il aurait été absurde et contraire à un Être parfait, ce que nous sommes, de créer des choses et des êtres vivants sans les aimer.  Nous commençons par les aimer, et nous laissons ensuite aller les choses avec notre amour comme acte premier. Nous les mettons au jour comme une naissance, un épanchement et un triomphe de notre amour. Si ce n’était pas le cas, la Création aurait été un poids insupportable et non un objet de gloire et d’honneur. Les choses que l’on n’aime pas s’en vont. Mais nous aimons tant les créatures que nous nous enfermons en elles comme prisonniers volontaires afin de former en elles notre vie divine et de les remplir de nous-mêmes dans la mesure où elles peuvent nous contenir. Et pour aimer encore plus les créatures et être aimés par elles, nous voulons que la créature connaisse notre amour et que nous voulons sa compagnie afin de voir et de toucher ce que nous opérons et comment nous voulons notre vie divine dans son âme.

            Notre amour n’a pas de repos et selon la disposition, la coopération et les besoins de la créature, nous développons tantôt notre puissance créatrice, tantôt notre force rédemptrice, et tantôt notre force sanctifiante ; mais toujours de concert avec la créature, jamais seuls. Nous voulons utiliser la vertu créatrice, mais nous voulons que la créature le sache et la reçoive. Nous voulons utiliser la vertu rédemptrice si le péché la tyrannise, mais nous voulons que la créature ressente le bien que nous voulons donner et qu’elle le reçoive avec amour et gratitude. Nous voulons utiliser la vertu sanctifiante, mais nous voulons qu’elle se prête à recevoir la transformation de nos actes saints dans ses propres actes pour recevoir notre vertu sanctifiante.

            Si l’âme ne reste pas avec nous et n’unit pas sa petite activité intense à notre grand œuvre, ce serait pour nous comme un développement de notre intense activité d’amour sur des choses inanimées qui ne ressentent rien et ne savent rien du grand bien qu’elles sont en train de recevoir. Et pour elles, ce serait un Dieu distant qu’elles ne connaissent pas et n’aiment pas. Tu dois savoir que notre amour est si grand que toutes les créatures se trouvent et nagent dans cette mer immense de notre amour. Et si nous ne sommes pas satisfaits d’une telle immensité d’amour, notre Être suprême agit comme un pêcheur et cherche à pêcher quelques gouttes d’amour des créatures : les petits actes, les petits sacrifices et les petites souffrances endurés par amour pour nous, ou un Je t’aime qui vient du fond du cœur. Nous allons à la pêche de tout ce qui vient de notre mer pour avoir la satisfaction, le bonheur et l’échange de l’amour de la créature. Nous soupirons tant après lui que nous en faisons notre activité quotidienne, et nous préparons un plantureux festin pour notre céleste table.

            L’amour vrai a la vertu de transformer les choses ; il donne le doux enchantement à nos divins élèves et rend beaux, gracieux et agréables les petits actes d’amour des créatures. De telle sorte que la créature nous captive, nous blesse et nous rend heureux, et nous permettons d’être captivés par la plus désirée des conquêtes. Par conséquent, si tu veux nous rendre heureux et être porteuse de joies et de bonheurs pour ton Dieu, alors, aime, aime toujours, et ne cesse jamais de nous aimer. Et pour être plus en sécurité, enferme-toi dans le divin Fiat qui ne permettra à rien de ce qui est amour pour ton Créateur de s’éloigner de toi.

28.  24 février 1933 — Le céleste fermier et le semeur humain. L’immobilité des voies divines. À quoi servent les souffrances et les contradictions.

     Mon petit esprit était totalement occupé par les nombreuses vérités que mon bienheureux Jésus m’avait manifestées sur la Divine Volonté. Chacune se présentait à moi comme un divin prodige, toutes distinctes les unes des autres, non de la terre, mais du Ciel, et toutes dans l’acte de se livrer à l’assaut de la créature pour se communiquer à elle et la transformer en leur merveilleuse vertu toute céleste et divine. En même temps je me disais : « Ce sont des vérités divines et célestes, aimables, pénétrantes, remplies de lumière et de sainteté et en qui ne se trouve pas même l’ombre de ce qui est humain, et pourtant, il en est encore qui en lisant ces vérités auraient des doutes et de la difficulté. Et tu le sais, ô Jésus, car tu sais tout. » Je me sentais tout oppressée et je soupirais après mon doux Jésus pour lui dire ma peine. Et lui, me surprenant, me dit :

            Ma bonne fille, ne t’afflige pas à cause de cela. Tu dois savoir que pour connaître une vérité, il faut l’aimer. C’est l’amour qui donne de l’appétit. L’appétit donne la saveur et la saveur aiguise la faim pour manger tout son soûl et bien mâcher la substance de la nourriture que sont précisément mes vérités. La mastication facilite la digestion de sorte que la possession du grand bien que l’on possède est ressentie, et elle produit ma vérité. Ainsi, les doutes et les difficultés qui surviennent fondent comme neige sous les rayons d’un soleil brûlant. Mais si ces vérités ont à peine fleuri et n’ont pas été consommées par une profonde étude et avec un amour qui génère l’appétit, pourquoi s’étonner qu’il se lève des doutes et des difficultés ? Oh ! au lieu de juger ces vérités, il aurait été préférable de dire : « Cette nourriture n’est pas pour nous, nous n’avons pas la volonté de la manger ! » Mais il est bien connu que mes vérités trouvent place dans les cœurs simples plutôt que chez les savants. Cela s’est passé dans ma Rédemption – à ma grande tristesse, aucun des sages et des intelligents ne m’a suivi, mais les pauvres, les ignorants et les cœurs simples sont venus. Tu dois savoir que mes vérités sont des semences que moi, céleste fermier, je continue à semer dans les âmes, et si je sème je suis certain de récolter les fruits.

            Souvent il m’arrive d’être comme le pauvre semeur qui jette sa semence sur la terre et, faute d’humidité, la terre n’est pas capable de consommer la semence pour l’absorber et la convertir en sol pour faire sortir la substance de la semence qu’elle a absorbée et produire dix, vingt ou cent fois plus. D’autres fois, par manque de pluie, la terre s’est durcie et elle ne trouve pas la substance et la vie que renferme la semence. Et le pauvre fermier doit avoir de la patience s’il veut recevoir la récolte de ses semailles. Mais en ayant répandu la semence, il a déjà fait quelque chose, et il garde espoir. Qui sait, la pluie pourrait donner l’humidité à la terre qui, possédant la substance de la semence, ferait sortir ce que le fermier a planté ; ou, en rendant la terre moins dure, pourrait la stimuler et lui donner le moyen de reproduire la semence.

            Ainsi, bien que la terre ne produise pas immédiatement la multiplicité de la semence qu’elle a reçue, le temps, les circonstances et la pluie peuvent produire une abondante récolte à laquelle le semeur ne s’attendait pas. Or, si le fermier, malgré toutes les difficultés de la terre, peut espérer recevoir une abondante récolte, moi, céleste fermier, je pourrai bien plus encore après avoir semé tant de semences de célestes vérités dans les profondeurs de ton âme, emplir le monde entier de ce que je récolterai. Veux-tu croire qu’à cause des doutes et des difficultés de quelques-uns, qui sont comme une terre sans humidité, durcie et desséchée, je n’aurais pas une abondante récolte ? Ma fille, tu te trompes ! Les temps, les gens et les circonstances vont changer, et ce qui semble noir aujourd’hui pourrait paraître blanc demain ; parce que bien souvent les choses sont vues selon les dispositions dans lesquelles on se trouve et en fonction de la vision à court ou à long terme que possède l’intellect. Pauvres créatures ! Elles sont bien à plaindre ! Mais tout est dans le fait que j’ai déjà semé. La chose la plus importante, la plus substantielle et la plus intéressante était de manifester ma vérité. Si j’ai fait mon travail, la chose principale est déjà en acte. J’ai trouvé ta terre où déposer la semence : le reste suivra. Les doutes, les difficultés et les souffrances auront la même utilité que le bois et le feu pour le fermier qui prépare la récolte qu’il a engrangée pour en faire sa nourriture. De la même manière, ces doutes, ces difficultés et ces souffrances nous sont utiles à toi et à moi comme des soleils qui font mûrir mes semences dans leur cœur ; pas seulement avec des paroles, mais comme le bois et le feu qui, avec le sacrifice de sa propre vie, préparera et convertira cette récolte en le plus doux des aliments pour en nourrir les créatures.

            Ma fille, lorsque je suis venu sur la terre, si j’avais tenu compte de ce qui se disait sur moi et des contradictions aux vérités que je manifestais, je n’aurais ni formé ma Rédemption ni manifesté mon Évangile. Et pourtant, ceux qui étudiaient les Écritures et enseignaient la religion au peuple étaient de la classe noble et parmi les plus savants. Je les ai laissé parler et avec amour et une invincible patience j’ai supporté leurs continuelles contradictions et les souffrances qu’ils me causaient. Et cela m’a servi de bois pour me brûler et me consumer sur la croix par amour pour eux et pour tous. Aujourd’hui encore, si je voulais faire attention à ce qui s’est dit sur les vérités de ma Divine Volonté, j’aurais voulu mettre fin aux manifestations et aux desseins que je veux accomplir en les manifestant. Mais non, nous ne souffrons pas de mutabilité ; les œuvres divines sont immuables. Les œuvres de l’homme ont cette faiblesse : ses actes dépendent de l’appréciation des autres. Pas les nôtres. Lorsque nous décidons, rien ne peut nous mouvoir, ni les créatures toutes ensemble ni même l’enfer tout entier. Mais nous attendons avec un amour inépuisable les temps, les circonstances et les personnes que nous utiliserons pour ce que nous avons établi. Par conséquent, ne t’inquiète pas et adopte nos manières divines. Si nécessaire, offre le sacrifice de ta vie pour obtenir que ma Divinité soit connue et règne dans le monde entier.

            Mon doux Jésus garda le silence et je continuai à penser à l’impossibilité de faire régner la Divine Volonté sur la terre comme au ciel. Jésus soupira et ajouta : 

            Ma bienheureuse fille, ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Et s’il était impossible que ma Volonté puisse régner sur la terre comme au ciel, ma totale bonté paternelle n’aurait pas enseigné la prière du Notre Père. Pourquoi prier pour des choses impossibles ? Je n’aurais pas été le premier à la réciter avant tant d’amour et avant tous les autres ; je ne l’aurais pas apprise aux Apôtres pour qu’ils l’enseignent au monde entier comme la prière la plus belle et la plus substantielle de mon Église. Je ne veux pas des choses impossibles et je ne les demande pas non plus des créatures. Par conséquent, s’il était impossible à ma Divine Volonté de régner sur la terre comme au ciel, j’aurais enseigné une prière inutile et sans effet, et je ne sais pas faire des choses inutiles. Tout au plus, j’attends, même pendant des siècles, et je dois attendre que la prière que j’ai enseignée porte des fruits. De plus, sans que personne ne me le dise, c’est gratuitement que j’ai donné ce grand bien que ma Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Comme dans la Création, c’est sans qu’on me le demande que j’ai étendu les cieux, créé le soleil et tout le reste. C’est la même chose avec ma Volonté quand j’ai dit spontanément : Priez pour que ma Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Et lorsqu’il est dit spontanément : Priez pour que cela arrive, sans que personne ne me le demande, cela signifie que dans mon omniscience j’ai d’abord considéré toute chose et bien réfléchi à toute chose. Par conséquent, lorsque j’ai vu que cela était possible, j’ai décidé d’enseigner le Notre Père, voulant que la volonté humaine s’unisse à la nôtre pour demander avec ardeur que notre Volonté règne sur la terre comme au ciel.

            Ainsi, tout ce que j’ai manifesté sur ma Volonté est contenu dans ces mots : Que votre Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Ces quelques paroles contiennent des abîmes de grâces, de sainteté, de lumière, de communications et de transformations divines entre le Créateur et la créature.

            Ma fille, c’est cela le don que moi, ton Jésus, j’ai fait aux générations humaines en accomplissement de ma Rédemption. Mon amour n’était pas encore satisfait. Mes souffrances ne m’apportaient pas pleine satisfaction. Je voulais donner et donner encore. Je voulais voir mon ciel sur la terre parmi mes enfants. Par conséquent, quelques jours avant de monter au ciel, j’ai décidé de donner ma Volonté sur la terre comme au ciel, et j’ai enseigné le Notre Père dans lequel j’ai établi de faire ce don. Ce que ton Jésus a établi doit se réaliser entièrement. Par conséquent, ne doute pas, et si d’autres veulent en douter, laisse-les faire. Que savent-ils de la façon dont les choses doivent se produire ? J’ai entre mes mains la Puissance et le Vouloir, et cela suffit. Et toi, demeure en paix et poursuis tes envols ; fais confiance à ton Jésus et tu verras.

29.  5 mars 1933 — Comment la volonté humaine réduit l’âme en miettes et forme des citadelles désordonnées sans roi et sans défense. Les larmes de Jésus.

       Alors que mon pauvre esprit traversait la mer du divin Fiat dans la mesure de sa petite capacité, je comprenais sa valeur, sa sainteté et le grand prodige du fait qu’une créature qui vit en elle puisse contenir une Volonté si sainte et interminable, se faisant ainsi porteuse et possesseur de ce saint Vouloir qui comprend et enferme toute chose. Il n’y a pas sujet à s’étonner lorsque ce qui est grand renferme ce qui est petit. Mais que ce qui est petit contienne ce qui est grand est chose incroyable, et Dieu seul est capable de tels prodiges. Bonté de Dieu, combien tu es admirable ! Tu es plus qu’une mère tendre et aimante qui veut s’enclore dans le fils pour le mettre en sécurité et voir sa vie répétée dans son enfant pour avoir la gloire de pouvoir dire : « Le fils est semblable à sa mère. »

            Mais alors que mon esprit se réjouissait dans les joies pures du divin Fiat, une triste tempête affligea mes joies, et je compris le grand mal et la terrible offense faite à Dieu lorsque nous prenons la liberté de faire notre volonté. Et mon bien-aimé Jésus, répétant sa brève visite, me dit avec amertume :

            Ma bonne fille, ah ! la volonté humaine. Elle fait la guerre à Dieu. Les armes qu’elle utilise contre son Créateur la blessent elle-même et son âme est déchirée en morceaux devant Dieu. Chaque acte de la volonté humaine la sépare de son Créateur, de sa sainteté, de sa force, de sa puissance, de son amour et de son immutabilité. Sans ma Divine Volonté, la créature devient semblable à une cité assiégée dont les ennemis obligent tous les habitants à mourir de faim dans les tourments, mais avec cette différence : le bourreau qui déchire ses membres est la volonté de l’âme elle-même. Ce ne sont pas des ennemis qui la tourmentent, car elle est devenue sa propre ennemie. Si tu savais la douleur que je ressens en voyant des âmes mises en pièces ! Chaque acte de la volonté humaine est une division que l’âme forme entre son Dieu et elle. Elle se retire de la beauté de sa Création. Elle devient frigide à l’amour pur et véritable. Elle perd son origine et se prépare à un enfer anticipé si sa volonté la précipite dans un péché grave, ou au purgatoire si le péché est léger. 

            La volonté humaine est comme une gangrène pour le corps : elle a la vertu de déchirer la chair en morceaux et de déformer la beauté de la créature. Pauvres âmes sans ma Divine Volonté ! Elle seule possède la vertu unifiante. Elle unifie tout : pensée, désir, affection, amour et volonté humaine. Elle donne à la créature la merveilleuse forme unifiante. Par contre, sans ma Volonté, la pensée veut une chose, la volonté une autre, le désir autre chose et l’affection une autre chose encore, de telle sorte qu’ils s’engagent dans une bataille et, dans la confusion, ils se divisent entre eux. Ah ! il ne peut y avoir ni paix ni union sans ma Volonté. Il manque alors celle qui place le ciment unissant les parties divisées et qui rend l’âme forte contre les maux qui surgissent.

            C’est pourquoi ton Jésus ne fait que pleurer la ruine de ces âmes ; elles sont plus renversées que celles de Jérusalem qui, au lieu de reconnaître son Messie, ne l’ont pas accueilli et lui ont donné la mort. Ma Volonté ne sera pas reconnue elle non plus. Alors qu’elle est parmi eux et en eux, ils forment dans leur âme de petites cités qui sont renversées et ils m’obligent à leur répéter la menace qu’il ne restera pas pierre sur pierre. Sans ma Volonté, ce sont des citadelles sans roi ; par conséquent, elles n’ont personne pour les protéger et les défendre, personne pour leur administrer la nourriture nécessaire pour faire le bien et les empêcher de s’empêtrer dans le mal. Et je pleure sur leur sort, et je prie qu’ils reconnaissent ma Volonté, qu’ils l’aiment et lui permettent de régner. Et toi, prie avec moi.

            Après quoi je suivis les actes que mon Jésus avait accomplis lorsqu’il était sur terre et je le priai de tout mon cœur qu’en vertu de ses actes il fasse connaître à tous sa Volonté. Et en suivant ce qu’il avait fait, mon esprit s’arrêta dans l’acte où mon amour éternel, Jésus, parcourait les champs et se réjouissait en voyant les fleurs qu’il cueillait de ses mains créatrices.  Et moi, je voulais placer mon Je t’aime sur chacune des fleurs pour qu’elles se changent en voix et en fleurs qui parlent afin qu’elles puissent demander que sa Volonté soit connue et aimée. Jésus se fit entendre et, toute bonté, il ajouta : 

            Bienheureuse fille, je veux te parler de mes peines et du secret de mon cœur. Tu dois savoir que la volonté humaine était le clou le plus transperçant de mon cœur. Je parcourais les chemins et les champs couverts fleurs, les arbres pleins de fruits et je ressentais la joie de ma Création. Et ces champs de fleurs, plus que des fleurs, symbolisaient la beauté, la vitalité, la fraîcheur et la merveilleuse expression de la créature, et j’étais dans la joie. Mais immédiatement le clou du vouloir humain m’a fait voir qu’elles se fanaient, se décoloraient et séchaient, s’inclinaient sur leur tige en mourant, et leur parfum se changeait en odeur nauséabonde tandis que les fruits des arbres devenaient sûrs et pourrissaient, symboles du mal auquel la volonté humaine réduit la créature. Ma souffrance était grande et ces fleurs me tiraient les larmes des yeux, car je sentais pénétrer plus intensément le clou du vouloir humain. Et ma douleur est si intense que j’attends ton Je t’aime pour me demander que le bien de ma Volonté et le mal de la volonté humaine soient connus, que la mienne soit faite que les créatures méprisent la leur.

            Souvent j’ai regardé le ciel constellé d’étoiles et le soleil faisant majestueusement briller sa lumière qui dominait toute la terre. Ils étaient des symboles du ciel de l’âme et du soleil de ma Volonté qui devait briller dans ce ciel, si bien que sa lumière devait dominer le ciel de l’âme et la magnifique terre fleurie de son corps. Et mon cœur bondissait de joie. Mais, oh ! que ces moments furent brefs ; immédiatement, la pluie de la volonté humaine a surgi pour former de noirs nuages, chargés de tonnerre et d’éclairs et qui cachaient le soleil. Ils ont effacé le beau spectacle d’un ciel serein et, pleuvant sur la pauvre créature, ils ont dévasté le ciel de l’âme et la terre de son corps, semant partout la désolation et l’horreur.

            Je peux dire que lorsque je suis venu sur la terre, je n’ai pas fait un pas sans être transpercé par le clou de la volonté humaine. Depuis le moment de ma naissance jusqu’à l’instant de ma mort, la volonté humaine a formé le plus dur et le plus continuel des martyres, car elle a transformé en laideur ma plus belle œuvre créatrice. Et moi, en tout ce que j’ai fait et souffert, j’avais toujours en vue la volonté humaine pour la mettre en sûreté. Et, oh ! combien j’aime la créature qui appelle mes actes, s’unit à moi, et sur le feu de mon sacrifice même et de mon amour se sacrifie elle-même pour obtenir le grand bien que ma Volonté soit connue et qu’elle domine le vouloir humain, source de tous les maux de la pauvre créature. Par conséquent, je te veux toujours avec moi. Ne me laisse jamais seul afin que je puisse répéter ma vie en toi.


Rendons grâce à Dieu !