📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 30


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  4 novembre 1931 — Comment la confiance forme les bras et les pieds de l’âme. Comment Dieu continue l’œuvre de la Création dans l’âme qui fait sa Volonté. La Divine Volonté, ciment de la volonté humaine.

           Mon Jésus, centre et vie de ma petite âme, ma petitesse est telle que je sens le besoin extrême, mon amour, d’être serrée dans tes bras, et que ma grande faiblesse t’inspire la pitié. Je suis toute petite et tu sais que les petits enfants ont besoin de langes pour retenir leurs membres et de lait maternel pour se nourrir et grandir ; et je sens le besoin d’être enveloppée des langes de l’amour et pressée contre ta divine poitrine pour me donner le lait de ta Divine Volonté pour me nourrir et m’élever. Écoute-moi, ô Jésus, car j’ai besoin de ta vie pour vivre ; je veux vivre de toi et alors c’est toi qui pourras écrire ce que tu veux. Je ne ferai que te prêter ma main et tu feras tout le reste. C’est ainsi que nous nous comprenons, ô Jésus.

            Après quoi je m’abandonnais dans les bras de Jésus qui murmura à mon oreille :

            Ma petite fille, plus tu t’abandonneras en moi, plus tu sentiras ma vie en toi, et j’occuperai la première place dans ton âme. Tu sais que la vraie confiance en moi forme les bras et les pieds de l’âme pour grimper jusqu’à moi et me presser si fort que je suis alors incapable de me libérer de ton âme. Celle qui n’a pas confiance n’a ni bras ni pieds et demeure ainsi une pauvre infirme. Ta confiance sera par conséquent ta victoire sur moi et je te tiendrai serrée dans mes bras, attachée à ma poitrine pour te donner continuellement le lait de ma Divine Volonté.

            Tu dois savoir que chaque fois que l’âme fait ma Volonté, je me reconnais dans la créature. Je reconnais mes œuvres, mes pas, mes paroles et mon amour. C’est alors le Créateur qui se reconnaît, lui et ses œuvres dans la créature, et la créature se reconnaît en lui. Cette reconnaissance mutuelle entre Dieu et l’âme rappelle le premier acte de la création et Dieu sort de son repos pour continuer son œuvre de création avec la créature qui vit et œuvre dans mon Vouloir. Car notre travail ne s’arrête pas ; il y a eu seulement une pause pour le repos et la créature, en faisant notre Volonté, nous appelle au travail ; mais c’est un doux appel, car pour nous, ce travail est un bonheur nouveau, des joies nouvelles et de prodigieuses conquêtes. C’est pourquoi nous ne faisons que continuer nos épanchements d’amour, de puissance, de bonté et de sagesse inatteignable qui ont commencé dans la Création. Et la créature sent que son Dieu ne se repose pas, mais qu’il continue son œuvre de Création. Et comme la créature œuvre dans notre Vouloir, elle sent le commencement dans son âme d’une pluie d’amour de Dieu, de sa puissance et de sa sagesse qui ne demeurent pas inactives mais qui œuvrent  dans son âme. 

            Oh ! si tu savais la satisfaction et le plaisir que nous ressentons lorsque la créature nous appelle au travail. Par son appel, elle nous reconnaît, elle nous ouvre les portes, nous laisse régner et nous donne toute liberté de faire ce que nous voulons dans son âme. Nous accomplissons alors un travail digne de nos mains créatrices. Aussi, ne laisse jamais notre Divine Volonté t’échapper, si tu veux que notre travail soit continuel. Elle t’appartiendra et sera ta porte-parole lorsque tu feras entendre ta voix pour nous appeler ; nous entendrons son doux murmure à nos oreilles et nous descendrons immédiatement dans notre propre Vouloir à l’intérieur de ton âme pour continuer notre œuvre. Car tu dois savoir que des actes continuels forment la vie et des œuvres accomplies, et que ce qui n’est pas continuel peut être appelé effet de mon Vouloir et non vie formée dans la créature ; et les effets s’évanouissent peu à peu et l’âme reste dans le jeûne. Aussi, courage et confiance, et va toujours plus avant dans la mer de la Divine Volonté.

            Après quoi je suivais les actes que mon très grand bien Jésus avait accomplis dans son Humanité lorsqu’il était sur la terre, et se faisant entendre il me dit :

            Ma fille, ma volonté humaine n’a pas eu qu’un seul acte de vie, mais restait dans l’acte de recevoir l’acte continuel de ma Divine Volonté que je possédais en tant que Verbe du Père. C’est pourquoi tous mes actes, souffrances, prières, souffles, palpitations, accomplis par ma volonté humaine dans la vie de la Divine Volonté formaient autant de nœuds pour relier les volontés humaines à la mienne ; et comme ces volontés humaines étaient semblables à des résidences, certaines écroulées, d’autres endommagées et certaines réduites à un tas de ruines, ma Divine Volonté, travaillant dans mon Humanité par mes actes, préparait les secours afin de soutenir celles qui s’effondraient, cimenter celles qui étaient endommagées et rebâtir sur leurs ruines les résidences détruites. Je ne faisais rien pour moi-même ; je n’avais pas de besoins. Je faisais tout afin de refaire, de réhabiliter les volontés humaines. Mon seul besoin était l’amour et je voulais être aimé en retour.

            Or pour recevoir tous mes secours, mes souffrances et mes travaux, la créature doit unir sa volonté à la mienne ; elle se sentira alors immédiatement reliée à moi et tous mes actes l’entoureront afin de soutenir, cimenter et relever la volonté humaine. Dès qu’elle se sera unie à moi en décidant de faire ma Divine Volonté, tous mes actes, comme une armée aguerrie, se porteront à la défense de la créature et formeront le bateau de sauvetage sur la mer tumultueuse de la vie. Mais pour celle qui ne fait pas ma Volonté, je pourrais dire qu’elle ne reçoit rien, car ma Volonté est seule pourvoyeuse de tout ce que j’ai fait par amour et pour l’amour de la créature.

2.  9 novembre 1931 — Comment Dieu maintient établis les actes des créatures. Travail et acte incessants de la Divine Volonté. Celle qui ne fait pas la Divine Volonté reste sans Mère, orpheline et abandonnée.

         Mon abandon dans le divin Vouloir continue. Oh ! avec quelle tendresse il m’attend dans son sein maternel pour me dire:

            Fille de mon Vouloir, ne me laisse pas seul. Ta Maman te veut avec elle. Je veux ta compagnie dans l’incessant travail que je fais pour toutes les créatures ; je fais tout pour elles, je ne les quitte pas un seul instant sinon elles perdraient leur vie. Et pourtant, il n’y en a pas une qui me reconnaisse ; au contraire, elles m’offensent alors que je fais tout pour elles. Oh ! que la solitude est pénible ! C’est pourquoi je soupire après toi, ma fille. Oh ! combien ta compagnie m’est chère dans mes actes ! La compagnie rend doux le travail, elle en enlève le poids et elle est porteuse de joies nouvelles.

            Mais alors que mon esprit était perdu dans la Divine Volonté, mon aimable Jésus me dit en faisant sa petite visite :

            Ma fille, ma Volonté est infatigable ; voulant maintenir la vie, l’ordre et l’équilibre de toutes les générations et de l’univers entier, elle ne peut et ne veut cesser son travail. D’autant que chacun de ses mouvements est une naissance liée par des liens inséparables. L’air donne une image de ma Volonté : personne ne le voit, mais il donne naissance au souffle des créatures et il est inséparable de la respiration humaine. Oh ! si l’air cessait de se laisser respirer, la vie de toutes les créatures s’arrêterait d’un seul coup. Ma Volonté est plus que l’air qui n’est que le symbole de ce qui produit la vie de la respiration, de la vertu vitale de mon divin Vouloir. Ma Volonté est en elle-même la vie et la vie incréée.

            Dieu maintient établis tous les actes des créatures, et leur nombre. La promesse de ces actes, parce qu’ils sont établis par Dieu, est prise par ma Divine Volonté : elle les ordonne et introduit en eux sa vie ; mais qui permet l’accomplissement de ces actes établis par l’Être suprême ? La créature qui coopère et se laisse dominer par la Divine Volonté et qui avec sa coopération et son règne sent le lien et l’inséparabilité avec elle, et sent couler sa vie divine dans ses actes. Mais si la créature ne coopère pas, elle perd le règne de ma Divine Volonté et au lieu de faire ma Volonté elle fait la sienne, et chaque acte de la volonté humaine forme un vide pour le divin dans l’âme. Ces vides défigurent la pauvre créature et comme elle a été faite pour Dieu, lui seul peut combler ces vides, car tous les actes établis devraient être remplis de l’Être divin. Oh ! que ces vides sont horribles. Ils sont comme des voies tordues, des actes sans commencement divin et sans vie. C’est pourquoi rien ne détruit plus la créature que sa volonté.

            Ma Volonté est un acte opérant et incessant à l’intérieur et à l’extérieur de la créature. Mais qui reçoit cet acte opérant ? La créature qui la reconnaît dans tous ses actes, celle qui l’aime, qui l’estime et qui l’apprécie. Étant reconnue, ma Volonté laisse toucher son acte opérant et incessant et la créature sent en elle ses bras, la puissance de ses mouvements, la vertu vivifiante de son souffle, la formation de la vie dans les battements de son cœur. Partout, à l’extérieur comme à l’intérieur, la créature se sent revivifiée, touchée, étreinte, embrassée par ma Volonté. Et lorsque ma Volonté voit que la créature ressent ses étreintes amoureuses, elle la serre encore plus fort contre son sein divin et forme ses douces chaînes d’inséparabilité entre elle et sa créature bien-aimée. Il lui semble être payée de retour en étant reconnue pour son travail incessant, et avec sa puissance ma Volonté ôte le voile qui la cache à la créature et lui fait connaître qui est celle qui forme la vie de tous ses actes. Ainsi, plus tu la reconnaîtras, plus tu sentiras combien elle t’aime, et tu l’aimeras plus encore toi aussi.

            Tu dois aussi savoir que l’âme sans ma Divine Volonté est comme une fleur cueillie à la plante. Pauvre fleur ! Ils lui ont enlevé la vie, car elle n’est plus rattachée à la racine et elle cesse de recevoir les humeurs vitales qui circulaient comme son sang et la maintenaient vivante, fraîche, belle et parfumée ; elle a perdu la racine qui comme une mère l’aimait, la nourrissait et la tenait serrée contre son sein. Et tandis que la racine reste enterrée et vivante sous la terre pour donner la vie à ses enfants les fleurs et les rendre belles au point d’attirer l’attention humaine par ses doux enchantements, la fleur qui a été cueillie et détachée de la plante, comme si elle avait perdu sa mère, semble devenir mélancolique, elle perd sa fraîcheur et finit par se faner.

            Telle est l’âme qui vit sans ma Divine Volonté. Elle a été détachée de la racine divine qui l’aimait plus qu’une mère et la nourrissait ; et la Divine Volonté vit enterrée, elle vit dans tous ses actes et dans les profondeurs de l’âme de la créature pour lui administrer les divines humeurs qui comme le sang circule dans tous ses actes pour la maintenir fraîche, belle et embaumée par ses divines vertus afin de former le plus doux enchantement de la terre et du ciel. Mais comme l’âme s’est détachée de ma Divine Volonté, elle perd sa vraie Maman qui la gardait sous ses soins maternels, la serrait sur son sein, la défendait contre tout et contre tous, et ces âmes finissent par se défigurer et perdre tout ce qui est bon, à se sentir tristes et mélancoliques parce qu’elles vivent sans celle qui les générait, sans la vie et sans les caresses de leur Maman, de sorte que l’on peut dire qu’elles sont de pauvres orphelines abandonnées et sans protection, et tombées peut-être aux mains des ennemis et tyrannisées par leurs passions intérieures. Oh ! si la racine avait la raison, combien de cris de détresse elle pousserait en voyant la vie de sa fleur arrachée, et en étant obligée de rester là comme une mère stérile sans la couronne de ses enfants ! Mais si la plante ne pleure pas, ma Volonté pleure en voyant tant de ses enfants orphelins, mais orphelins volontaires, et qui éprouvent toutes les souffrances d’être orphelins alors que leur Mère est vivante et ne cesse de se lamenter et de rappeler autour d’elle la couronne de ses enfants !

3.  16 novembre 1931 — Chacun de nos actes est un jeu, une promesse afin de gagner des grâces célestes. Notre acte est une terre où le divin Vouloir jette ses semences. Comment l’amour constitue un droit.

        Je me sens la proie de la Divine Volonté, mais proie volontaire et non forcée, et je sens aussi le besoin vivant de me constituer la proie, ce qui me rend heureuse dans le temps et l’éternité, et je cherche par conséquent à faire de tous mes actes la proie de la lumière de la Divine Volonté, de sa sainteté, de sa vie même. C’est pourquoi je l’appelle pour l’enfermer dans mes actes et pouvoir dire : « Chacun de mes actes est une proie et une conquête que je fais, une proie et une conquête de la Divine Volonté sans qui je ne peux vivre. C’est pourquoi il est juste et bon que j’en fasse ma proie, et en étant la proie l’une de l’autre, il me semble que nous maintenons la correspondance, le jeu et l’amour qui s’enflamme de plus en plus de part et d’autre. » Il me semblait, en pensant cela, que mon doux Jésus était ravi de mes sottises et je me disais : « Après tout, je suis petite et à peine née, et si je dis une sottise ce n’est pas très grave puisque les tout-petits en font souvent et Jésus est heureux de saisir l’occasion de donner une petite leçon comme il l’a déjà fait. » Et visitant ma petite âme, il me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, il est certain que tout ce qui se passe entre le Créateur et la créature, les actes qu’elle accomplit et ce qu’elle reçoit de Dieu, sert à maintenir la correspondance pour mieux se connaître et s’aimer, et entretenir le jeu entre les deux afin d’en arriver à ce que Dieu veut de la créature et à ce qu’elle veut de Dieu. De sorte que chaque acte est un jeu préparé afin de faire les plus belles conquêtes et de se devancer l’un l’autre. L’acte sert de matériel pour le jeu et de promesse pour avoir quelque chose à donner à celui qui gagne. Dieu, en donnant, fait sa promesse et la créature par son acte fait la sienne, et ils établissent le jeu, et notre bonté est si grande que nous nous faisons faibles afin de permettre à la créature de gagner. D’autres fois, nous nous faisons forts et nous vainquons, et nous faisons cela pour activer la compétition de sorte qu’en faisant plus d’actes, elle donne plus de gages et soit ainsi capable de vaincre pour compenser une défaite. Après tout, comment pourrait-on maintenir l’union si nous n’avions rien à donner à la créature et si elle n’avait rien non plus à nous donner ? Tu vois par conséquent que chaque acte est une promesse envers nous qui nous permet de donner de plus grandes grâces ; c’est une correspondance que tu ouvres entre la terre et le ciel, c’est un jeu par lequel tu appelles ton Créateur à venir vers toi. Plus encore, chaque acte accompli avec la Divine Volonté dans l’acte de la créature est une semence divine qui germe en elle. L’acte prépare la terre où ma Volonté jette sa semence afin qu’elle germe pour devenir une plante divine parce que c’est en fonction de la semence jetée dans le sein de la terre que cette plante est née. Si c’est une semence de fleurs, il naît une fleur ; si c’est une semence de fruits, il naît un fruit. Or ma Divine Volonté sème en chaque acte de la créature une semence distincte : ici une semence de sainteté, ailleurs une semence de bonté, etc. Plus la créature accomplit d’actes dans ma Volonté, plus il y a de terre où mon Vouloir peut préparer sa semence distincte pour emplir la terre de ces actes humains. C’est pourquoi la créature qui se laisse dominer par ma Divine Volonté est belle et spéciale ; chacun de ses actes contient une variété de semences divines et une note de son Créateur : un acte qui dit sainteté, un autre qui dit miséricorde, d’autres qui disent justice, sagesse, beauté, amour ; bref, on peut voir une divine harmonie avec un ordre qui montre que la main de Dieu est à l’œuvre en elle. Vois-tu par conséquent la nécessité de l’acte de la créature pour que nous puissions semer notre semence divine ? Sinon, où la déposer si nous n’avons pas de terre ? Ce sont donc les actes qui forment la terre où peuvent germer nos semences divines dans la créature. Par conséquent, on peut dire que la créature qui fait notre divin Vouloir et vit en lui peut être appelée celle qui reproduit son Créateur et abrite en elle-même celui qui l’a créée.

            Après quoi je continuais mes actes dans le divin Vouloir et ma petitesse voulait tout étreindre dans mon embrassement d’amour afin de pouvoir faire ma petite course d’amour partout et en toutes choses. Mais mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, aimer signifie posséder et vouloir faire sien la personne ou l’objet que l’on aime. Aimer veut dire se lier, par un lien d’amitié, de parenté ou de descendance, selon l’intensité plus ou moins grande de l’amour. De sorte que si entre la créature et Dieu il n’y a pas de vide d’amour divin, si tous ses actes courent vers Dieu pour l’aimer, s’ils ont leur commencement et leur fin dans l’amour, si la créature voit tout ce qui appartient à l’Être suprême comme sien, tout cela exprime l’amour de l’enfant pour son Père parce qu’alors la créature ne sort ni des divines propriétés ni de la résidence du Père céleste. Car l’amour constitue un droit dans la créature : droit des descendants, droit de partage des biens, droit d’être aimée. Chacun de ses actes d’amour est une note vibrante qui palpite dans le cœur divin et lui dit : « Je t’aime » et « Aime-moi », et ce son ne s’arrête pas tant que la créature ne sent pas la note de son Créateur qui répond en écho au son de son âme : « Je t’aime, ô enfant. » Oh ! combien nous attendons le « Je t’aime » de la créature pour lui faire prendre sa place dans notre amour et avoir le doux plaisir de pouvoir lui dire « Je t’aime, ô enfant » et de lui donner le très grand droit de nous aimer et d’appartenir à notre famille. Un amour interrompu ne fait pas que nos choses soient les siennes ni qu’elle les défende ; il ne peut pas être appelé l’amour d’un enfant. C’est tout au plus un amour d’amitié, un amour de circonstance, un amour d’intérêt, un amour de nécessité qui ne constitue pas un droit, car seuls les enfants ont le droit de posséder les biens du Père, et le Père a le devoir sacro-saint, également avec les droits humains et divins, de faire posséder ses biens par ses enfants. Par conséquent, aime toujours afin que ma Volonté trouve dans tes actes l’amour, la rencontre, et ton baiser à ton Créateur.

4.  29 novembre 1931 — Impulsion et empire des actes accomplis dans la Divine Volonté. Échange de vie entre le Créateur et la créature, doux murmure de l’Être divin.

      Je ressens le saint devoir, la force irrésistible, la nécessité extrême de vivre dans la résidence que m’a donnée mon céleste Jésus et qui est son adorable Volonté. Et s’il m’arrive de faire quelques sorties, oh ! combien elles me coûtent ; je sens alors tous les maux me tomber dessus et je sens toute la différence qui existe entre la vie dans ma chère résidence où mon bien-aimé Jésus m’a assigné ma place et je bénis celui qui m’a donné une si heureuse résidence et le grand bien de faire connaître sa très sainte Volonté. Mais mon intelligence traversait la grande mer du Fiat suprême lorsque mon bien-aimé Jésus s’est manifesté dans ma pauvre âme et m’a dit :

            Ma fille, être dans la résidence de ma Divine Volonté, c’est être à son poste d’honneur donné par Dieu à la créature quand il lui a donné le jour. Et celle qui est à son poste, Dieu fait qu’elle ne manque de rien, ni de sainteté, ni de lumière, ni de force, ni d’amour. Il met à la disposition de la créature tout ce qu’elle veut prendre à l’intérieur comme à l’extérieur de cette source, de sorte qu’elle vit dans l’abondance de tous les biens.

            Tous les actes accomplis dans la Divine Volonté ont la vertu opérative de Dieu qui se sent attiré par cette puissance même à œuvrer dans l’acte de la créature, et ces actes ont par conséquent la vertu de se jeter avec élan et puissance dans la mer de la Divine Volonté pour la mettre en mouvement, et dans l’attitude de redoubler sa gloire et de lui faire opérer une bonté, une miséricorde et un amour nouveaux envers toutes les créatures. Si bien que la créature ne fait rien d’autre avec ses actes que mettre en marche le divin moteur pour le faire travailler. Il est vrai que nous sommes en nous-mêmes un mouvement continuel qui produit sans fin des œuvres, mais il est également vrai qu’en faisant ses actes dans notre Volonté la créature entre dans ce mouvement pour y mettre le sien, et notre mouvement se sent tourner et mouvoir à travers la créature pour produire nos œuvres. Nous sentons immédiatement son acte avec toutes nos œuvres. Sentir la créature avec nous et nos actes est la plus grande gloire et le plus grand bonheur que nous puissions recevoir. Cela te semble-t-il peu de choses que nous lui donnions la vertu de mettre en mouvement tout notre Être divin ? Et comme il nous plaît qu’elle soit à son poste, nous la laissons faire ce qu’elle veut, car nous sommes assurés qu’elle ne fera que ce que nous voulons. C’est tout le contraire pour celle qui vit dans sa volonté humaine ; ses actes n’ont pas l’élan divin, ils restent en bas et remplissent souvent d’amertume leur Créateur.

            Après quoi je me disais : « Oh ! comme je voudrais donner à mon Jésus, pour lui témoigner mon amour, autant de vies pour autant d’actes que j’accomplis ! » Et Jésus ajouta :

            Ma fille, tu dois savoir qu’en chaque chose que fait la créature, nous donnons l’acte de vie qui sort de nous. Si elle pense, nous lui donnons la vie de la pensée de notre intelligence ; si elle parle, nous mettons dans sa voix la vie de notre parole ; si elle travaille, la vie de nos œuvres court en elle ; si elle marche, nous lui donnons la vie de nos pas. Vois-tu, il y a deux actes de vie qui doivent coïncider dans chaque acte de la créature : premièrement l’acte de vie divine, suivi immédiatement de l’acte de la créature. Si en tout ce qu’elle fait, la créature agit pour celui qui lui a donné la vie, un échange de vie est formé, la vie que nous donnons et la vie que nous recevons. Et malgré la grande différence qui existe entre nos actes de vie et ceux de la créature, nous en sommes cependant glorifiés et satisfaits parce qu’elle peut nous donner et qu’elle nous donne. Plus encore, tous les actes accomplis par elle, afin de nous donner l’échange de vie, ne restent pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de nous, en témoignage de vie éternelle de la créature. Nous ressentons l’échange de sa vie contre la vie que nous avons donnée dans notre Être divin. Notre Vouloir et notre amour nous apportent le doux murmure de la vie de ses pensées dans notre intelligence, le doux murmure de sa parole dans notre voix, ses œuvres murmurent doucement à nos œuvres, et le doux bruit de ses pas nous murmurent : « Amour et témoignages de vie à mon Créateur. » Et nous disons dans notre élan d’amour : « Qui est celle qui murmure dans notre Être divin avec la vie de nos actes ? C’est celle qui est dans notre Vouloir et qui travaille purement par amour. »

            Mais quelle n’est pas notre tristesse lorsque nous donnons vie aux actes de la créature sans rien recevoir. Ces actes restent à l’extérieur de nous et sont perdus parce qu’il leur manque la marée de notre Vouloir et de notre amour qui nous les apporte. Et la plus grande partie de ces actes apporte le sceau de l’offense de celle qui leur a donné vie. Oh ! si les créatures pouvaient clairement comprendre ce que signifie faire leur propre volonté, elles mourraient de douleur en comprenant le grand mal dans lequel elles se précipitent et le grand bien qu’elles perdent en ne faisant pas notre Divine Volonté !

            Sois attentive, ma fille, si tu ne veux pas perdre les yeux de l’âme, c'est-à-dire ma Volonté, et qu’après les avoir perdus, tu ne comprennes plus ton grand malheur, comme tant d’autres créatures ne comprennent pas qu’elles ont dilapidé la Divine Volonté afin de faire la leur. Et pour faire quoi ? Pour être malheureuses.

5.  6 décembre 1931 — Bienfait de la prolixité du temps. Comment Dieu compte les heures et les minutes pour les emplir de grâces. Celle qui fait la Divine Volonté déchire le voile qui cache son Créateur. Le Royaume de lumière que donne la Divine Volonté.

          Je me sentais oppressée par les privations de mon doux Jésus, et fatiguée de mon long exil je me disais : « Je n’aurais jamais cru vivre si longtemps ! » Oh ! si ma vie avait pu être plus courte, comme pour beaucoup, je n’aurais pas dépassé tant d’autres en âge, mais Fiat, Fiat. »

            Je sentais que mon esprit voulait dire des bêtises, alors j’ai prié Jésus de m’aider et j’ai juré de vouloir toujours faire son adorable Volonté. Et mon souverain Jésus, dissipant l’obscurité qui m’entourait, fit sa petite visite à mon âme et me dit avec une indescriptible tendresse :

            Ma bonne fille, courage. Comme ton Jésus veut te donner plus et recevoir de toi encore plus, je permets la prolixité du temps. Il n’y a pas de comparaison possible entre l’âme qui m’a donné des preuves pendant quelques années et celle qui l’a fait durant de longues années. Un temps prolongé dit toujours plus : les circonstances, les preuves et les souffrances sont plus nombreuses et il faut rester fidèle, constant et patient non pas durant quelque temps, mais longtemps. Oh ! que de choses cela nous dit. Tu dois savoir que les heures de vie sous l’empire de ma Divine Volonté sont autant de vies divines, de grâces, de beautés et d’ascendances nouvelles vers Dieu, de correspondances à une gloire nouvelle. C’est nous qui mesurons le temps que nous donnons, et nous attendons l’échange de l’acte de la créature afin de lui donner à nouveau. La créature a besoin de temps pour digérer ce que nous avons donné et faire un autre pas vers nous. Si rien ne s’ajoute à ce que nous avons donné, nous ne continuons pas et nous attendons ses actes afin de donner à nouveau. 

            C’est pourquoi il n’est rien de plus grand, de plus important, de plus acceptable pour nous qu’une existence prolixe et pieusement vécue. Chaque heure est déjà une preuve supplémentaire d’amour, de fidélité et de sacrifice que la créature nous a donnée, et nous comptons aussi les minutes afin que toutes soient remplies de grâces et de nos charismes divins. Nous ne pouvons compter que peu d’heures dans une vie brève, et nous ne pouvons pas lui donner de grandes choses parce que ses actes sont peu nombreux. Par conséquent, laisse-moi faire ; je veux que tu sois contente de ce que je fais, et si tu veux être heureuse, pense que chaque heure de ta vie est une promesse d’amour que tu me donnes et qui me servira à te promettre de t’aimer plus. Est-ce que cela ne te rend pas heureuse?

            Après quoi je suivis mes actes dans la Divine Volonté et je sentais sur moi son empire et son immensité qui me submergeaient intérieurement. Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Chère fille de ma Volonté, vivre dans ma Volonté signifie reconnaître sa paternité, et la créature qui se sent fille veut être tenue sur les genoux de son Père, vivre dans sa maison et avec justice. Car sa naissance est reconnue, elle que le Père a engendrée avec tant d’amour et a mise au jour, et toutes les autres choses sont vues comme extérieures et sans le doux lien de paternité ou de progéniture. La créature voit ainsi avec clarté qu’en sortant de la maison du Père, elle sera une fille perdue qui n’aura même pas une tanière où former sa résidence.

            C’est pourquoi celle qui agit et vit dans notre divin Vouloir déchire les voiles de notre puissance et trouve son Créateur qui l’aime puissamment et attire sa créature à l’aimer lui-même puissamment en déchirant le voile. La créature a trouvé le sanctuaire de la puissance divine et n’a plus peur parce que si le Créateur est puissant, il l’est afin de l’aimer et de se faire aimer. Aimant d’un amour puissant, la créature joue un jeu et déchire le voile de l’amour divin, de la sagesse, de la bonté, de la miséricorde et de la justice divines, et trouve autant de sanctuaires qui l’aiment judicieusement et avec une bonté des plus tendres et des plus excessives, unie à une miséricorde inouïe. Ces sanctuaires l’aiment, et la créature trouve cet amour débordant qui l’aime immensément et avec justice selon l’ordre de l’Être divin, et passant d’un sanctuaire à l’autre, non pas à l'extérieur, mais à l’intérieur de ces voiles, elle sent les reflets de son Créateur et elle l’aime judicieusement, avec bonté et tendresse, unie à la miséricorde, laquelle étant inutile à son Dieu, il la tourne pour le bien de toutes les générations ; elle ressent l’amour qui reflue en son sein et, oh, comme elle voudrait se dissoudre en amour afin de pouvoir l’aimer ! Mais la justice la conserve et lui donne, autant qu’il est possible pour une créature, l’amour juste et la confirmation dans la vie.

            Ma fille, combien de choses de nos divines qualités ces voiles ne cachent-ils pas, mais il est donné à celle qui vit dans notre divin Vouloir, et à personne d’autre, de déchirer ces voiles. Elle seule a le bonheur de voir son Dieu non pas voilé, mais tel qu’il est en lui-même. Comme nous ne sommes pas reconnus pour ce que nous sommes en nous-mêmes, les créatures ont des idées basses et parfois tordues de notre Être suprême, et cela parce que n’ayant pas en elles notre Volonté, elles ne sentent pas en elles la vie de celui qui les a créées ; elles touchent nos voiles, mais non ce qui est à l’intérieur et trouvent par conséquent notre puissance aussi accablante et notre lumière aussi aveuglante que si elles étaient dans l’acte de les éloigner de nous et de les tenir à distance. Elles sentent notre sainteté voilée qui leur fait honte et, découragées, elles vivent immergées dans leurs passions, mais avec leur culpabilité. Parce qu’il y a une sentence prononcée par nous dans le paradis terrestre : « Ici, on n’entre pas. Cet endroit est réservé à la créature qui agit et vit dans notre Volonté. » C’est pourquoi les premières en ont été chassées et nous avons placé un Ange pour leur en interdire l’entrée. Notre Volonté est le paradis des créatures, terrestres sur terre et célestes au ciel, et l’on peut dire qu’un Ange veille sur lui ; celle qui ne veut pas agir et vivre dans ses bras et vivre en commun dans sa résidence serait une intruse si elle voulait entrer, mais elle ne le peut même pas parce que nos voiles se font si épais qu’elle ne trouverait pas le chemin pour s’y rendre. Et de même qu’un Ange en garde l’entrée, il y a un autre Ange qui guide et donne la main à celle qui veut vivre dans notre Volonté.

            Sois par conséquent heureuse de mourir mille fois plutôt que de ne pas vivre dans notre Volonté. Tu dois savoir que le Créateur ne quitte pas des yeux l’heureuse créature qui veut vivre en lui ; et lorsque la créature accomplit ses actes, la Divine Volonté lui donne son bain de divine lumière. Ce bain lui donne des forces et lui fait sentir le divin repos ; et la lumière en se formant produit dans sa nature, cachées sous ses voiles, fécondité, douceur, saveurs et couleurs, si bien que n’étant en apparence que lumière, on trouve cachées en elle des qualités si belles et si innombrables qu’aucun élément ne peut dire qu’il lui ressemble. Au contraire, c’est de cette lumière que les éléments implorent la fécondité et le bien que chaque élément doit accomplir dans l’ordre où il a été placé par Dieu. On peut appeler l’âme lumière des choses créées, symbole de la lumière incréée de notre divin Fiat qui anime toute chose. Et avec ce bain de lumière divine, alors qu’elle se prépare à accomplir ses actes dans ma Volonté, l’âme se sent si adoucie, modelée, parfumée, renforcée, purifiée, éclatante et belle que Dieu lui-même se sent ravi par une beauté si rare. Ce bain de lumière est comme une préparation pour franchir le seuil et déchirer le voile qui cache notre Être divin aux créatures humaines. C’est d’ailleurs notre intérêt que celle qui vit dans notre Vouloir nous ressemble et ne puisse rien faire qui serait indigne de notre Majesté trois fois sainte.

            Pense par conséquent qu’un bain de lumière te donne ma Volonté chaque fois que tu te disposes à accomplir ton acte dans son interminable lumière, et sois donc attentive à la recevoir.

6.   8 décembre 1931 — La Reine du ciel retrace les bons actes des créatures dans ses mers de grâces. Immutabilité de Dieu et mutabilité de la créature.

          Je continue mon abandon dans le divin Fiat. Ses douces chaînes m’enserrent, mais pas pour me priver de ma liberté, non, non, mais pour me rendre plus libre dans les champs divins et me défendre contre tout et contre tous. De sorte que je me sens plus en sécurité enchaînée par la Divine Volonté. Et en accomplissant mes actes en elle, je ressentais le besoin d’être aidée par ma céleste Maman pour soutenir mes petits actes afin qu’ils puissent recevoir le sourire et la satisfaction du divin. Et le céleste consolateur, qui sait ne rien refuser à ceux qui veulent lui plaire, me dit en visitant ma pauvre âme :

            Ma fille, notre céleste Maman détient la primauté sur tous les actes bons des créatures. En tant que Reine, elle a le mandat et le droit de reprendre tous les actes des créatures dans ses actes. Son amour de Mère et de Reine est si grand que lorsque la créature se prépare à former son acte d’amour, des hauteurs de son trône, elle fait descendre un rayon de son amour, revêt et entoure cet acte pour y placer son acte premier d’amour et l’acte de la créature s’élève à nouveau dans ce rayon et dans la source de son amour, et elle dit à son Créateur : « Adorable Majesté, dans mon amour qui s’élève toujours vers vous, voici l’amour de mes enfants fusionné dans le mien et qu’avec mon droit de Reine j’ai retiré dans ma mer d’amour afin que vous puissiez trouver dans mon amour celui de toutes les créatures. »

            Si les créatures adorent, si elles prient, si elles réparent, si elles souffrent, le rayon d’adoration descend. Des hauteurs de son trône, la Reine émet le rayon vivifiant depuis la mer de ses souffrances et revêt et entoure l’adoration, la prière, les souffrances des créatures, et lorsqu’elles ont fait et formé l’acte, le rayon de lumière s’élève à nouveau vers son trône et se fusionne dans les sources et les mers d’adoration, de prière, de réparation, de souffrances de la céleste Maman, et elle répète : « Très Sainte Majesté, mon adoration s’étend dans toutes les adorations des créatures, ma prière prie dans leurs prières, répare avec leurs réparations, et comme Mère mes souffrances revêtent et entourent leurs souffrances. Je ne me sentirais pas Reine si je ne courais pas mettre mon premier acte dans tous leurs actes, et je ne goûterais pas la douceur d’être Mère si je n’allais pas entourer, aider, compenser, embellir et fortifier tous les actes des créatures afin de pouvoir dire : « Les actes de mes enfants sont un avec les miens, je les tiens en mon pouvoir et je prie Dieu de les défendre, de les aider, et qu’ils soient le gage certain de leur venue jusqu’à moi au ciel. »

            C’est pourquoi, ma fille, tu n’es jamais seule dans tes actes ; tu as avec toi ta céleste Maman qui non seulement t’entoure, mais qui avec la lumière de ses vertus nourrit tes actes pour leur donner la vie. Tu dois savoir que la Reine souveraine, dès son Immaculée Conception, a été la seule et unique créature à former l’anneau de conjonction entre le Créateur et la créature qui avait été brisé par Adam. Elle a accepté le divin mandat de relier Dieu et les hommes, et les a reliés par ses premiers actes de fidélité, de sacrifice, d’héroïsme, en faisant mourir sa volonté dans chacun de ses actes, non pas une fois, mais toujours, afin de faire revivre la vie de Dieu. C’est de là qu’est sortie une source divine d’amour qui unissait Dieu et l’homme dans tous ses actes, de sorte que ses actes, son amour maternel, son règne de Reine sont les ciments qui unissent aux siens les actes des créatures pour les en rendre inséparables, sauf pour la créature ingrate qui refuse de recevoir le ciment de l’amour de sa Mère. Tu dois donc être convaincue qu’autour de ta patience, il y a la patience de la Maman Reine qui entoure, soutient et nourrit la tienne ; autour de tes souffrances, ses souffrances t’entourent qui soutiennent et nourrissent comme une huile balsamique la dureté de tes souffrances. Elle est la Reine affairée qui ne sait pas demeurer oisive sur son trône de gloire, mais descend, accourt comme une Mère dans les actes pour les besoins de ses enfants. Remercie-la par conséquent pour tant de sollicitudes maternelles et remercie Dieu d’avoir donné à toutes les générations une Mère si sainte et si aimable qui aime tant qu’elle arrive à retracer tous les actes de ses enfants pour les revêtir des siens et compenser ainsi ce qui leur manque en beauté et en bonté.

            Après quoi je continuais ma ronde habituelle dans les choses créées afin de suivre ce que la Divine Volonté avait fait en elles ; et, oh ! combien elles me semblaient belles et ravissantes. Chaque fois que j’y reviens je trouve des surprises qui m’enchantent, des nouveautés que je n’avais pas comprises, l’amour ancien et nouveau de Dieu qui n’est jamais muet. Mais mon esprit errait dans les horizons de la Création lorsque mon Jésus me surprit et me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, combien nos œuvres sont belles, n’est-ce pas ? Elles ne peuvent ni changer ni se transformer. La Création dit et révèle notre Être divin, notre solidité dans nos œuvres, notre équilibre et notre universalité en toutes choses, et si plaisantes ou déplaisantes que puissent être nos choses, notre immutabilité garde toujours sa place d’honneur. Nous n’avons rien changé dans ce que nous avons créé, et si la créature voit et sent de si multiples changements, c’est elle-même qui change et transforme en toute circonstance, et comme elle change intérieurement comme extérieurement, il lui semble que nos œuvres changent : ce sont ses changements qui l’entourent et ont la force de la sortir de notre immutabilité. Tout est continuel et équilibré en nous. Ce que nous avons fait dans la Création continue toujours, et comme tout a été fait pour une créature qui devait vivre dans notre Volonté, lorsque la créature se met en règle avec elle, notre œuvre créatrice développe son acte continuel dans la créature qui ressent alors la vie de notre immutabilité, le parfait équilibre de nos œuvres, notre amour qui l’aime toujours et sans cesse. Là où nous trouvons notre Volonté, nous continuons l’œuvre de notre Création, non parce que la nôtre a été interrompue du fait que la créature ne fait pas notre Volonté, non, non, cela ne risque pas d’arriver, mais parce qu’il lui manque la raison pour laquelle elle a été créée, qui est de faire notre Volonté ; et c’est pourquoi les créatures n’ont pas les yeux pour voir notre équilibre parfait qui demeure au-dessus d’elles pour équilibrer leurs œuvres et les rendre immuables de notre immutabilité, ni les oreilles pour entendre ce que disent nos œuvres, ni les mains pour les toucher et recevoir l’amour continuel que nous leur offrons ; par conséquent, les créatures se rendent elles-mêmes étrangères à la maison de leur Père céleste tandis que nos actes continuent et poursuivent leur course, mais pour elles, ils restent comme suspendus et sans effets.

7.  14 décembre 1931 — Celui qui fait la Divine Volonté est porté dans les bras de son immensité. L’homme, citadelle de Dieu. Différence entre celui qui vit dans la Divine Volonté et celui qui fait la Divine Volonté.

         Je retourne toujours dans le divin Vouloir. Il semble que ma petite âme prend son envol dans sa lumière pour me consumer et perdre ma vie en lui. Mais une fois consumée, je renais alors à un amour nouveau, à une lumière, une connaissance, une force et une union nouvelles avec Jésus et sa Divine Volonté. Oh ! heureuse résurrection qui apporte tant de bien à mon âme. Il me semble que mon âme dans la Divine Volonté est toujours dans l’acte de mourir afin de recevoir une vie nouvelle et former peu à peu la résurrection de ma volonté. Et mon très grand bien Jésus me dit alors, en visitant ma petite âme:

            Ma fille, notre Volonté est le premier point et le soutien immuable et inébranlable de la créature. Elle est alors portée dans les bras de notre immensité si bien que rien ne vacille en elle ni au-dehors, mais que tout devient fermeté et insurpassable force d’âme. C’est pourquoi nous voulons qu’elle fasse notre Volonté et rien d’autre, afin de trouver dans les profondeurs de son âme notre sanctuaire, ce foyer qui toujours brûle et jamais ne s’éteint, la lumière qui forme le jour divin et éternel. Et comme notre Volonté libère de tout ce qui est humain lorsqu’elle règne, du centre de son âme, la créature nous donne des actes divins, des honneurs divins, des prières divines et un amour divin qui possèdent une force invincible et un amour insurpassable. Si bien que lorsque dans mon Vouloir tu voulais embrasser toutes les œuvres de ceux qui sont au ciel et des créatures qui sont sur la terre afin que tous puissent demander que la Divine Volonté soit faite sur la terre comme au ciel, toutes les œuvres sont restées marquées du grand honneur de demander que mon Fiat soit la vie de chaque créature et qu’il règne et domine. Et notre Divinité reçut le plus grand honneur : que toutes les œuvres demandent la vie, le Royaume de la Divine Volonté. Pas un seul rescrit de grâce n’est accordé par nous s’il ne porte la signature dorée de notre Vouloir ; les portes du ciel ne sont ouvertes qu’à celle qui veut faire notre Volonté ; nos genoux paternels ne peuvent la recevoir pour la prendre dans nos bras et la faire reposer dans notre sein d’amour à moins qu’elle ne vienne comme fille de notre Vouloir.

            Vois par conséquent la grande diversité observée par notre Être suprême en créant le ciel, le soleil, la terre, etc., par rapport à la création de l’homme. En créant les choses, il a placé un « ça suffit », de sorte qu’elles ne peuvent ni croître ni diminuer, bien qu’il ait mis en elles toute la somptuosité, la beauté et la magnificence des œuvres sorties de nos mains créatrices. Au contraire, en créant l’homme, comme nous devions avoir en lui notre siège et donc notre Volonté dominante et à l’œuvre, notre Être suprême n’a pas dit « ça suffit » ; non, mais il a donné à l’homme la vertu de faire une multiplicité d’œuvres, de paroles, de pas tous différents les uns des autres. Notre Volonté dans l’homme resterait empêchée s’il n’avait pas reçu la vertu de faire toujours de nouvelles œuvres, sans être sujet à une seule et unique, à redire la même parole, à faire les mêmes pas de la même manière. Il a été créé par nous roi de la Création parce que le Créateur, le Roi des rois, devant vivre en l’homme, il était juste que celui qui formait la résidence de notre Être divin fût le petit roi qui allait dominer les choses que nous avions créées ; et lui-même, pour l’amour de nous, devait avoir le pouvoir de réaliser non pas une seule œuvre, mais des œuvres nombreuses, des sciences nouvelles, afin de pouvoir commencer des choses nouvelles, et aussi afin de faire honneur à celui qui vit en lui et qui, entretenant avec lui une conversation familière, lui apprenait à faire et à dire tant de merveilleuses choses. C’est pourquoi notre amour en créant l’homme était insurpassable à tel point qu’il devait couvrir tous les siècles afin de donner et de recevoir de l’amour et former en l’homme le Royaume de notre Divine Volonté. Nous n’avons pas envers la créature d’autre dessein ni d’autre sacrifice, si ce n’est celui de faire notre Volonté afin de pouvoir lui donner le titre de roi sur elle-même et sur les choses créées, et pouvoir vivre en elle avec la bienséance et les honneurs qui appartiennent à notre citadelle et notre palais. 

            Après quoi, suivant mon abandon dans le divin Vouloir, mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma bonne fille, tu dois savoir que notre Volonté vit, règne et siège au centre de notre Être divin ; elle fait un avec nous et de son centre émanent les rayons de sa lumière qui remplissent le ciel et la terre. Les actes de celui qui vit dans notre Vouloir sont formés au centre de sa vie qui est notre Être divin. Par contre, celui qui ne fait que faire notre Volonté fait également le bien, mais il ne vit pas en elle. Ses actes sont formés dans les rayons qui émanent de son centre. Il y a une différence entre celui qui peut œuvrer dans la lumière que le soleil répand à partir du centre de sa sphère, et celui qui peut monter jusqu’au centre de lumière. Celui-là sentira la consommation et la renaissance de son être dans ce centre de lumière de telle manière qu’il lui serait difficile de se détacher de cette sphère de lumière. Par contre, ceux qui travaillent dans la lumière qui emplit la terre ne ressentent pas la force intense de la lumière qui les consume et ils ne renaissent pas dans cette lumière ; bien qu’ils fassent le bien, ils restent ce qu’ils sont. Telle est la différence entre celui qui vit dans ma Volonté et celui qui fait ma Volonté. Ainsi autant de fois l’âme agit dans ma Volonté, autant de fois elle renaît à la vie divine et se consume pour mourir à ce qui est humain. Que ces résurrections de l’âme sont belles ! Qu’il suffise de dire qu’elles sont formées par la sagesse et la maîtrise de l’Artisan divin, ce qui dit tout, toute la beauté et tout le bien que nous pouvons faire avec la créature.

8.  21 décembre 1931 — Comment un acte continuel est juge, ordre et sentinelle de la créature. Qui sont les dépositaires de Jésus. Champs divins et mers divines.

         Mon abandon dans le divin Fiat continue, son pouvoir s’impose sur moi et veut que je le reconnaisse comme vie de chacun de mes actes afin de pouvoir étendre, avec sa puissance, de nouveaux cieux de beauté et d’amour, de pouvoir reconnaître son acte dans mon acte, de reconnaître qu’il ne sait comment faire de petites choses, mais seulement de grandes choses et propres à émerveiller le ciel tout entier, et afin de pouvoir rivaliser avec toutes ses œuvres. Par contre, si je ne le reconnais pas, mon acte ne peut recevoir la puissance de l’acte de la Divine Volonté, il reste l’acte d’une créature sans sa puissance. Oh ! Divine Volonté, fais que je te reconnaisse toujours afin de pouvoir mettre dans mon acte la potentialité glorieuse des œuvres de ton adorable Volonté. Je pensais cela lorsque mon bien-aimé Jésus fit une brève visite à ma pauvre âme et me dit :

            Ma fille, reconnaître ce que ma Volonté peut faire dans l’acte de la créature forme l’acte divin en elle, et cet acte sert de base à ma Divine Volonté pour y mettre le commencement divin, et en le formant elle le revêt de son immutabilité, de sorte que la créature sentira en son acte un commencement divin qui ne comporte pas de fin et une immutabilité qui jamais ne change ; elle aura en elle le son de la cloche de son acte continuel qui poursuit sa course. C’est le signe qui montre si l’âme a reçu dans ses actes le divin commencement : la continuation ; un acte prolixe dit que Dieu vit dans ses actes, il dit la confirmation du bien. Car si grande est la valeur, la grâce, les puissances d’un acte continuel qu’il remplit ses petits vides d’une intensité d’amour, ses petites faiblesses auxquelles est sujette la nature humaine. L’on peut dire qu’un acte continuel, une vertu continuelle, est le juge, l’ordre et la sentinelle de la créature. C’est pourquoi j’attache tant d’importance à ce que tes actes soient continuels, car ils ont en eux mon acte et je le sentirais déshonoré dans les tiens.

            Vois-tu, ma fille, si grand est mon épanchement d’amour que je veux que tout ce que j’ai fait pour la créature soit reconnu, et cela uniquement afin de donner. J’ai un désir ardent de donner ; je veux former les dépositaires de ma vie, de mes œuvres, de mes souffrances, de mes larmes, de tout. Mais je ne peux les donner s’ils ne sont pas reconnus. Ne pas les reconnaître m’empêche d’approcher pour déposer dans les créatures ce qu’avec tant d’amour je veux leur donner, et elles resteraient alors sans les effets et seraient comme des aveugles qui ne voient pas ce qui les entoure. La connaissance est au contraire pour l’âme la vision qui fait naître le désir et l’amour, et par conséquent la gratitude envers moi qui désire tant donner, et les âmes gardent alors jalousement le trésor que j’ai déposé en elles et, selon les circonstances, elles se servent de ma vie comme guide, de mes œuvres pour confirmer leurs œuvres, de mes souffrances pour supporter leurs souffrances et de mes larmes pour se laver si elles sont tachées, et, oh ! comme je suis heureux si elles se servent de moi et de mes œuvres pour s’aider elles-mêmes. C’était là mon dessein en venant sur la terre : être parmi elles et en elles le petit frère qui les aide dans leurs besoins. Lorsqu’elles me reconnaissent, je ne fais que me réfléchir en elles pour sceller le bien qu’elles ont reconnu, un peu comme le soleil qui en réfléchissant sa lumière sur les plantes et les fleurs communique la substance des saveurs et des couleurs, non pas en apparence, mais en réalité. Si donc tu veux recevoir beaucoup, cherche à connaître ce que ma Volonté a fait et continue de faire dans la Création, ce qu’elle a fait dans la Rédemption, et je t’agrandirai sans rien te refuser de ce que je te fais savoir. Sache au contraire que si je n’arrête pas de me comporter envers toi comme un Maître et de te faire connaître tant d’autres choses qui me concernent, c’est parce que je veux continuer à te donner ce que je te fais connaître. Je ne serais pas heureux si je n’avais quelque chose à donner, et des choses toujours nouvelles, à ma fille.

            J’attends par conséquent avec impatience que tu mettes en place dans ton âme ce que tu as appris pour que tu puisses le considérer comme tien, et tandis que tu le mets en place et afin de t’y aider, je continue à te caresser, à te modeler et à te fortifier en agrandissant ta capacité ; bref, je renouvelle ce que j’ai fait lors de la création de la première créature. Plus encore, ce sont mes choses que tu as connues et que je veux déposer en toi, et je ne veux me confier moi-même à personne, pas même à toi ; je veux moi-même et de mes mains créatrices préparer leur place et les déposer en toi, et pour qu’elles soient en sécurité, je les entoure de mon amour, de ma force et de ma lumière en guise de gardes. Sois par conséquent attentive et ne laisse rien t’échapper, et tu me donneras ainsi le temps et l’espace pour te faire les plus merveilleuses surprises.

            Après quoi ma petite intelligence continua à traverser l’interminable mer de Divine Volonté, et mon très grand bien Jésus ajouta :

            Ma fille, nous avons des champs et des mers interminables et divins ; ils sont remplis de joies, de béatitudes et de beautés enchanteresses de toutes sortes, et ils possèdent la vertu de toujours offrir des joies nouvelles et des beautés toutes différentes les unes des autres ; cependant, si ces mers et ces champs sont remplis de béatitudes innombrables, nous n’y trouvons pas de vie qui palpite alors que nous sommes la vie et le cœur de toutes choses, même de nos joies. Il y manque le cœur de la créature qui palpite dans le nôtre et remplit de vie nos champs et nos mers interminables. Or, veux-tu savoir qui nous apporte sa vie ? Ce n’est pas une chose nouvelle ; nous en avons des quantités ! C’est celle qui vient vivre dans notre Volonté, car en débordant hors de nous, notre Volonté forme pour nous nos mers et nos champs divins remplis de tous les bonheurs possibles et imaginables. Et la créature vient en ces champs comme vie, et nous avons le grand bonheur et la grande gloire qu’elle puisse nous donner une vie. Et bien que cette vie vienne de nous, la créature est libre d’être ou de ne pas être dans nos champs divins ; et la créature perd et sacrifie sa liberté humaine pour prendre dans notre Volonté la divine liberté et vivre en tant que vie dans nos champs et nos mers sans limites. Et, oh ! comme il est beau de voir cette vie qui se fait souffle parmi les foules compactes de nos bonheurs et de nos joies, et jette sa semence, son grain de blé, image de sa volonté qui forme là son épi, si réellement grand, mais en réalité et non en apparence, de vie agissante et palpitante dans notre champ céleste ; ou encore comme un petit poisson, symbole également de sa volonté qui telle une vie palpite, nage dans notre mer, vit et s’alimente, s’amuse et joue à des milliers de jeux avec son Créateur, non pas comme une joie, mais comme une vie. Il y a une grande différence entre celles qui peuvent nous donner nos joies et celles qui peuvent nous donner une vie.

            C’est pourquoi nous pouvons dire que nos champs sont déserts et nos mers sans poissons lorsqu’il y manque la vie des créatures pour les remplir et nous permettre de donner et de recevoir vie pour vie ; mais le temps viendra où ils seront remplis et nous aurons le plein contentement et la grande gloire qu’au milieu de nos nombreuses joies, nous aurons une abondance de vies qui viendront vivre dans ces champs et nous donneront vie pour vie. Or tu dois savoir que ces champs et ces mers sont à la disposition de celles qui vivent sur terre et qui veulent avoir pour vie notre Divine Volonté, et non de celles qui vivent au ciel, car ces âmes ne peuvent ajouter un iota à ce qu’elles ont fait. Elles vivent une vie de bonheur et de joie dans nos champs divins, et non une vie agissante. On peut dire de ces âmes que ce qu’elles ont fait est fait. Au contraire, c’est après des vies d’action et de conquête sur terre que nous soupirons, celles qui sur terre entrent dans nos champs pour y travailler et conquérir à la manière divine. Plus encore, lorsque l’homme a péché, il est sorti de notre Volonté et les portes de nos champs lui ont été fermées avec justice. Nous voulons maintenant, après tant de siècles, ouvrir ces portes à celle qui veut entrer, sans la forcer, mais librement, afin de peupler nos champs divins et de donner une forme nouvelle, un mode de vie tout nouveau à la créature, et de pouvoir recevoir d’elle non plus des œuvres, mais en chacun de ses actes une vie formée de notre vie même.

            C’est la raison pour laquelle je te parle tant de ma Volonté avec la force de ma parole créatrice. Je les disposerai, je leur donnerai le désir, je changerai leur volonté humaine, et sachant que je veux ouvrir les portes, elles frapperont et je leur ouvrirai immédiatement afin de me satisfaire moi-même et d’avoir mon peuple heureux à qui je me donnerai moi-même, pour l’échange de ma vie que j’ai donnée pour eux, leur vie en échange de la mienne. Je n’ai jamais parlé sans raison ni en vain. J’ai parlé dans la Création et ma parole a servi à former les admirables choses de tout l’univers ; j’ai parlé dans la Rédemption et ma parole, mon Évangile, sert de guide, de lumière et de soutien à mon Église. L’on peut dire que ma parole est la substance et ma vie qui palpite dans le sein de l’Église. Et si j’ai parlé et parle encore de ma Divine Volonté, ce ne sera pas en vain, non, mais j’en aurai les admirables effets et la vie de ma Volonté sera connue, agissante et palpitante au sein des créatures. Aussi laisse-moi faire, et je disposerai les choses de telle sorte que ma parole ne restera pas lettre morte, mais vivra et donnera la vie avec tous ses admirables effets.

            Plus encore, nos mers et nos champs célestes seront comme une Mère pour les âmes fortunées qui voudront vivre en elles ; elles les éduqueront dans la voie divine, elles les nourriront avec des mets de choix pris sur la table céleste et les élèveront de noble et sainte manière de sorte que dans tous leurs actes, leurs pas et leurs paroles on verra écrit en termes clairs qu’elles sont semblables à leur Créateur. Dieu reconnaîtra la mélodie de sa voix dans leur parole, sa puissance dans leurs œuvres, le doux mouvement de ses pas courant dans les leurs, et ravi il pourra dire : « Qui est celle qui me ressemble ? Qui sait imiter ma voix douce, harmonieuse et forte capable de remuer et le ciel et la terre ? Qui est-elle ? Qui est-elle ? Ah ! c’est celle qui vit dans nos champs divins. Il est juste qu’elle nous ressemble en toute chose, autant que cela est possible pour la créature. Elle est notre fille, et cela suffit. Nous permettons qu’elle nous imite, qu’elle nous ressemble. Elle sera notre gloire, notre œuvre créatrice, celle après qui soupire son Père céleste ! » Ces âmes formeront la nouvelle hiérarchie dans leur céleste Région où une place leur est réservée et qu’il n’est donné à personne d’autre d’occuper.

9.   25 décembre 1931 — Désir de Jésus pour la compagnie de la créature. Besoin extrême du petit Enfant Jésus d’être aimé d’un amour divin par sa céleste Mère.

          Je me sentais inondée par la mer de lumière de la Divine Volonté. Oh ! combien je voudrais être comme le petit poisson dans cette mer pour ne voir, toucher et respirer rien d’autre que la lumière, la vivante lumière. Oh ! comme je serais heureuse de m’entendre dire que je suis la fille du Père céleste. Mais je pensais cela et d’autres choses lorsque le chéri de ma vie, le doux et souverain Jésus, visita ma pauvre âme en faisant venir de son adorable Personne une mer interminable de lumière d’où sortaient des âmes qui peuplaient la terre et le ciel ; et Jésus m’appela et me dit :

            Ma fille, je veux que tu viennes ici dans cette lumière. La vertu de ma lumière, son mouvement comme fontaine de vie ne fait rien d’autre que faire sortir de son sein de lumière des âmes, c'est-à-dire la vie des créatures. Sa puissance est telle que son mouvement fait surgir l’âme et je veux ma chère fille ici avec moi au sein de ma lumière, c'est-à-dire de ma Volonté, parce que lorsque des âmes sont formées et sortent, je ne veux pas être seul et je veux ta compagnie afin que tu reconnaisses le grand prodige de la création des âmes et l’excès de notre amour. Et puisque je te veux dans ma Volonté, je veux les déposer en toi et te les confier, non pour les laisser seules dans leur pèlerinage sur la terre, mais pour avoir quelqu’un qui les protège et les défende avec moi. Oh ! combien m’est douce la compagnie de celle qui prend soin des vies qui sortent de moi. Cela m’est si agréable que je fais de celle qui vit dans ma Volonté la dépositaire de la création des âmes, le canal par lequel je les fais venir à la lumière afin de les faire retourner dans la céleste Région ; je veux tout donner à celles qui veulent vivre dans mon Fiat. Leur compagnie est nécessaire à mon amour, à mes épanchements et à mes œuvres qui ont besoin d’être reconnus. Des actes qui ne sont pas reconnus sont comparables à des œuvres qui ne connaissent pas le triomphe et la gloire, qui ne chantent pas victoire. Par conséquent, ne me refuse pas ta compagnie, ce serait refuser à ton Jésus un épanchement d’amour, mes œuvres n’auraient pas la compagnie et la satisfaction de la créature et resteraient isolées, et mon amour contenu se changerait en justice.

            Après quoi je pensais à la naissance du petit Enfant Jésus, spécialement lorsqu’il est sorti du sein Maternel, et le céleste Enfant me dit :

            Ma très chère fille, tu dois savoir qu’à peine sorti du sein de ma Maman j’ai ressenti le besoin de l’amour et de l’affection divine. J’ai quitté mon Père céleste dans l’Empyrée, nous nous aimions d’un amour divin ; tout était divin entre les Personnes divines : affections, sainteté, puissance, etc. Je ne voulais pas que cela change en venant sur terre. Ma Divine Volonté a préparé la divine Mère pour que j’aie le Père divin au ciel et la Mère divine sur terre, et en sortant du sein Maternel, dans le besoin extrême de ces divines affections, je me précipitais dans les bras de ma Maman pour recevoir son amour divin comme premier aliment, premier souffle, premier acte de vie pour ma petite Humanité, et elle fit jaillir les mers d’amour divin que mon Fiat avait formées en elle pour m’aimer d’un amour divin comme mon Père m’aimait au ciel. Et, oh ! comme j’étais heureux. Je trouvais mon Paradis dans l’amour de ma Maman. Or, tu sais que l’amour vrai ne dit jamais c’est assez ; s’il pouvait le dire, il perdrait la nature du véritable amour divin. C’est pourquoi même dans les bras de ma Maman, alors que je prenais nourriture, souffle et amour, un Paradis qu’elle me donnait, mon amour s’étendait, se faisait immense, embrassait les siècles, suivait, courait, appelait, se faisait délirant, parce qu’il voulait les divines filles ; et ma Volonté, pour apaiser mon amour, me présenta les divines filles qu’avec le passage des siècles il aurait formées pour moi. Et je les regardais, les embrassais, les aimais et recevais le souffle de leurs divines affections. Et je vis que la divine Reine ne resterait pas seule, mais qu’elle aurait les générations de nos divines filles. Ma Volonté sait comment faire le changement et donner la transformation, et comment former la noble greffe de l’humain en divin. Par conséquent, lorsque je te vois travailler en elle, je me sens donner et répéter le Paradis que ma Maman me donnait lorsqu’elle reçut dans ses bras le petit Enfant que j’étais. C’est pourquoi celle qui fait ma Volonté et vit en elle fait se lever et forme la douce et belle espérance que ce Royaume viendra sur la terre et je me sens heureux dans le Paradis de la créature que mon Fiat a formé en elle.

            Et tandis que mon esprit continuait à penser à ce que Jésus m’avait dit, et avec un amour très tendre et très intense, il ajouta :

            Ma bonne fille, notre amour court continuellement vers la créature. Notre mouvement amoureux ne cesse jamais de courir dans le battement du cœur, dans les pensées de l’esprit, dans le souffle des poumons, dans le sang qui circule, il court et court toujours pour raviver avec notre note et notre mouvement d’amour le cœur, la pensée et le souffle, et il veut la rencontre de l’amour palpitant avec le souffle amoureux, avec la pensée qui reçoit et nous donne l’amour. Et alors que notre amour court avec une inimitable rapidité, l’amour de la créature ne fait pas la rencontre du nôtre ; il reste derrière et ne suit pas la course de notre amour qui court sans jamais s’arrêter ; et comme il ne nous voit pas, il ne nous suit même pas alors que nous continuons à tourner dans le battement de son cœur, dans le souffle et dans l’être tout entier de la créature ; et dans notre délire nous nous exclamons : « Notre amour n’est ni connu, ni reçu, ni aimé par la créature, et si elle le reçoit, c’est sans le connaître. Oh ! comme il est dur d’aimer et de ne pas être aimé. » Et pourtant, si notre amour devait cesser de courir, leur vie s’arrêterait à l’instant. Ce serait comme pour une horloge : s’il y a le cordon, elle fait entendre son tic-tac et indique admirablement les heures et les minutes, et elle sert à maintenir l’ordre du jour et l’ordre public. Si le cordon cesse de remonter l’horloge, on n’entend plus le tic-tac, il s’arrête et reste sans vie, et il peut y avoir beaucoup de désordre parce que l’horloge ne marche plus.

            Le cordon de la créature est mon amour qui court tel un cordon céleste, et alors le cœur bat, le sang circule et il forme le souffle ; on peut appeler cela les heures, les minutes et les instants de l’horloge de la vie de la créature ; et l’on voit que si je ne fais pas courir le cordon de mon amour les créatures ne peuvent pas vivre ; et pourtant, je ne suis pas aimé. Mon amour continue sa course, mais dans un amour douloureux et délirant.

            Qui nous enlèvera cette souffrance et qui adoucira notre délire d’amour ? Celle qui aura pour vie notre Divine Volonté. C’est sa vie qui formera le cordon dans le cœur, le souffle et la succession de la créature ; elle formera un doux enchantement avec notre amour, et notre cordon et les siens marcheront d’un même pas. Notre tic-tac continuel sera suivi par les siens et notre amour ne sera plus seul dans sa course, mais il la poursuivra avec la créature. C’est pourquoi je ne veux rien d’autre que ma Volonté, ma Volonté dans la créature.

10.  3 janvier 1932 — Certitude de la venue du Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Comment toutes les difficultés vont fondre comme neige sous un soleil ardent. La volonté humaine est une chambre obscure pour la créature.

         Mon abandon continue dans le divin Fiat, mais une pensée m’inquiétait : « Comment ce Royaume de la Divine Volonté peut-il jamais venir ? Le péché abonde, le mal augmente, les créatures me semblent peu disposées à recevoir un si grand bien, au point que parmi toutes les bonnes âmes qui peuvent exister, il n’y en a pas une qui veuille réellement se préoccuper de faire connaître la Divine Volonté. Si Dieu n’opère pas un prodige par son omnipotence, le Royaume de la Divine Volonté pourra rester au ciel, mais pour la terre, il est inutile d’y penser. » Je pensais à cela et à d’autres choses lorsque mon bien-aimé Jésus, en faisant sa visite habituelle à mon âme, me dit :

            Ma fille, tout est possible pour nous. Les impossibilités, les difficultés, les escarpements infranchissables des créatures fondent devant notre suprême Majesté comme neige sous un ardent soleil ; tout est là si nous le voulons ; tout le reste n’est rien. N’est-ce pas ce qui s’est passé dans la Rédemption ? Le péché abondait plus que jamais, il restait à peine un petit cercle de gens qui attendaient avec ferveur le Messie, et parmi eux, combien d’hypocrisies, combien de péchés de toutes sortes, et même d’idolâtrie. Mais il était décrété que je devais venir sur terre. Devant nos décrets, tous les maux ensemble ne peuvent empêcher ce que nous voulons faire. Un seul acte de notre Volonté nous glorifie plus que ne nous offensent tous les maux et tous les péchés des créatures, parce que notre acte de Volonté est divin et immense, et dans son immensité, il embrasse l’éternité, tous les siècles, et il s’étend à toutes les créatures. C’est pourquoi il n’appartient pas à notre Sagesse infinie de ne pas donner vie à un seul acte de notre Volonté à cause des maux des créatures. Nous sortons ce que nous devons faire de notre divin côté et nous le faisons, nous laissons les créatures dans leur côté humain et nous agissons en Souverains ; nous régnons sur tous et sur toutes choses, même sur le mal, et nous émettons nos décrets.

            Tout comme ma venue sur terre était notre décret, le Royaume de notre Volonté sur la terre est lui aussi décrété. On peut dire que l’un et l’autre sont un seul et même décret et que le premier acte de ce décret ayant été accompli, il reste le second. Il est vrai que les bonnes dispositions des créatures sont nécessaires pour donner le grand bien qu’un acte de notre Volonté peut produire, et par conséquent cela peut tout au plus prendre du temps pendant que nous agissons au milieu des maux des créatures afin de les disposer.

            Il est vrai que les temps sont mauvais, que les peuples eux-mêmes sont fatigués. Ils voient que toutes les voies sont fermées et ne trouvent pas le moyen d’en sortir même pour satisfaire les besoins naturels essentiels. Les oppressions, les exigences des chefs sont insupportables, une juste souffrance puisqu’ils ont élu comme chefs des hommes sans Dieu, de mauvaise vie, sans justification et qui méritent d’être en prison plutôt qu’à la tête. Bien des trônes et des empires ont été renversés et ceux qui restent sont branlants et sur le point d’être défaits, si bien que la terre sera presque sans roi et livrée aux mains d’hommes iniques. Pauvres gens, mes pauvres enfants sous le régime d’hommes sans pitié, sans cœur et sans grâce pour être capables de servir de guide à leurs sujets. L’époque du peuple juif est déjà en train de se répéter alors que j’étais sur le point de venir sur terre et ils étaient sans roi et sous le règne d’un empire étranger, d’hommes barbares et idolâtres qui ne connaissaient même pas leur Créateur. Et ce fut pourtant le signe de ma venue imminente parmi eux. Il y a beaucoup de ressemblances entre cette époque et le temps présent, avec la disparition de trônes et d’empires et l’annonce que le Royaume de ma Divine Volonté n’est plus très éloigné. Ayant un Royaume pacifique et universel, ils n’auront pas besoin d’un roi qui les domine, et chacun sera son propre roi. Ma Volonté sera pour eux loi, guide, soutien, vie et Roi absolu de tous et de chacun, et tous les chefs arbitraires et sans justification voleront en éclats, et le vent emportera leur poussière.

            Les nations continueront donc à se battre entre elles, certaines pour faire la guerre, d’autres des révolutions, entre elles et contre mon Église. Il y a un feu au milieu d’elles qui les dévore sans leur donner la paix, et elles ne savent pas comment donner la paix ; c’est le feu du péché et le feu de l’action sans Dieu qui ne leur donne pas de paix, et elles n’auront jamais la paix si elles n’appellent pas Dieu parmi elles comme régime et lien d’union et de paix. Et je les laisse faire, et je leur ferai toucher de leurs mains ce que signifie être sans Dieu. Mais cela n’empêchera pas la venue du Royaume de mon Fiat suprême. Toutes ces choses sont de la créature, du monde d’en bas, que ma puissance renverse et disperse quand elle le veut, et elle fait surgir de la tempête le ciel très serein et le plus brillant soleil. Le Royaume de ma Divine Volonté vient des hauteurs du ciel, il est formé et décrété au sein des Personnes divines, et nul ne peut le toucher ni le disperser. Nous travaillerons d’abord avec une seule créature et formerons en elle le premier Royaume, puis en quelques autres, et ensuite avec notre omnipotence nous le répandrons partout.

            Sois-en certaine et ne t’inquiète pas si les maux s’aggravent ; notre puissance, notre amour conquérant possèdent la vertu de vaincre toujours, notre Volonté peut tout faire et avec une patience invincible, elle sait attendre, même pendant des siècles. Mais ce qu’elle veut, elle doit le faire et c’est beaucoup plus que tous les maux des créatures. Son invincible puissance et sa valeur infinie seront comme des gouttes d’eau. Leurs maux comme autant de riens qui serviront au triomphe de notre amour et à la très grande gloire de notre Volonté accomplie. Et lorsque nous aurons la grande gloire de former son Royaume en une seule créature, elle sera comme un Soleil que tous auront le droit et le plaisir de posséder. Mieux qu’un soleil sa lumière donnera le droit à toutes les créatures de posséder un Royaume si saint. Et avec une infinie sagesse nous ferons abonder les grâces, la lumière, les soutiens et des moyens surprenants pour leur permettre de faire régner le Royaume de ma Divine Volonté parmi elles. Par conséquent, laisse-moi faire. Lorsque ton Jésus te dira, c’est assez, ce sera déjà fait. Tous les maux et toutes les créatures réunis n’ont ni droit ni pouvoir sur notre Volonté et ne peuvent empêcher un seul acte de notre Volonté voulue par les décrets de notre Sagesse.

            Après quoi je continuais à penser au divin Fiat et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, ma Volonté est lumière et la volonté humaine est une chambre obscure où vit la pauvre créature. Quand mon Vouloir pénètre dans cette sombre chambre, il l’illumine tout entière jusque dans les coins les plus reculés de l’âme. Ma Volonté se fait lumière de la pensée, de la parole, de l’action et des pas, mais avec une merveilleuse diversité. Les pensées prennent une variété de couleurs animées par la lumière, et la parole, l’action, les pas prennent tous une autre variété de couleurs ; et lorsque la créature répète la pensée, la parole, l’action, les pas animés par la lumière de ma Volonté, les ombres des couleurs divines sont ainsi formées, et la beauté est que toutes les couleurs sont animées par la lumière. Oh ! comme il est beau de voir la créature animée par l’arc-en-ciel de nos divines couleurs. C’est une des plus belles scènes qui se présente à nous et qui nous réjouit. Nous regardons et nous voyons que ce n’est rien d’autre que la réflexion de nos pensées, de nos actions, etc., qui a formé la variété de nos couleurs divines, et que c’est notre Volonté qui fait un étalage de lumière dans les actes de la créature, ce qui nous ravit par son doux enchantement et nous rend spectateurs de nos actes. Et combien nous attendons avec amour la répétition de ces scènes si belles et si ravissantes !

11.  7 janvier 1932 — La Divine Volonté peut être voulue, commandée, opérative et accomplie. Exemple : la Création.

         Je continue à suivre le divin Vouloir ; je le sens toujours sur moi qui s’enferme dans mes actes pour avoir la satisfaction de me dire : « Ton acte est le mien parce qu’il a en lui ma vie qui l’a formé. » Il me semble qu’avec une douce, aimante et aimable patience, il m’observe afin d’enclore sa vie et le mouvement de ses pas dans les miens pour pouvoir s’emprisonner dans mon acte tout en demeurant immense comme il est. Mais qui peut dire ce que je ressens sous l’empire de la Divine Volonté ? Je suis toujours la minuscule petite ignorante qui connaît à peine l’abc de la Divine Volonté. Les mots me manquent bien souvent et si mon esprit est rempli, qui sait combien de choses je voudrais dire, mais je ne trouve pas les mots pour l’exprimer, et je passe. Sur quoi mon doux Jésus me surprit en disant :

            Ma fille, ma Volonté agit de bien des façons surprenantes et différentes selon les dispositions des créatures. Souvent elle fait savoir ce qu’elle veut, mais laisse aux créatures le soin de le faire ou de ne pas le faire, et cela s’appelle une Volonté voulue. À cela s’ajoute parfois la Volonté commandée, et elle donne alors une double grâce pour faire observer le commandement, et cela pour tous les chrétiens ; ne pas le faire signifie alors que l’on n’est même pas chrétien. L’autre manière est la Volonté opérative, qui travaille dans l’acte de la créature et agit dans cet acte comme s’il était le sien, et où ma Volonté met par conséquent sa vie, sa sainteté, sa vertu opérative ; mais pour en arriver là, cette âme doit être habituée à la Volonté voulue et commandée qui prépare le vide dans l’acte humain afin de recevoir l’acte agissant du divin Fiat. Mais cela ne s’arrête pas là : l’acte opérant appelle l’acte accompli, et l’acte accompli est l’acte le plus saint, le plus puissant, le plus beau et le plus éclatant de lumière que puisse accomplir ma Divine Volonté. Et l’acte étant accompli, tout ce que ma Volonté a fait est alors contenu dans l’acte, de sorte que l’on voit couler et demeurer en cet acte le ciel, le soleil, les étoiles, la mer et la béatitude céleste, toutes les choses et toutes les créatures.

            Surprise, je lui dis : « Mais comment un seul acte peut-il tout enclore en lui ? Cela semble incroyable. » Et Jésus ajouta :

            Pourquoi, incroyable ! Ma Volonté ne peut-elle pas tout faire et tout enclore dans le plus grand acte comme dans le plus petit ? Tu dois savoir que dans les actes accomplis de ma Volonté entre l’inséparabilité de tout ce qu’elle a fait et fera ; sinon ce ne serait pas un acte unique, mais un acte qui resterait sujet à une succession d’actes, ce qui ne peut être ni dans notre Être divin ni dans notre Volonté ; et la Création en est un exemple palpable. Regarde le ciel, acte accompli du Fiat, tabouret de la céleste Patrie où courent tous les bonheurs et toutes les joies avec les Anges et les saints, et où nous formons notre trône. Ce ciel forme la voûte azurée par-dessus la tête des créatures et dans ce même espace apparaît la multitude des étoiles, mais elles ne s’étendent pas au-delà du ciel. Plus bas, il y a le soleil, le vent, l’air, la mer, mais toujours sous ce même espace du ciel. Et tandis que chacun accomplit sa tâche, si grande est leur inséparabilité que dans le même temps et le même lieu on voit le soleil darder ses rayons de lumière, le vent siffler et lancer ses souffles rafraîchissants ; et l’air se laisse respirer, la mer fait entendre son murmure et ils semblent fusionnés tant est grande leur inséparabilité, si bien que la créature peut en même temps et au même endroit profiter du ciel, du soleil, du vent, de la mer et des fleurs de la terre.

            Les actes accomplis par ma Divine Volonté ne sont pas sujets à se séparer parce qu’à partir de la Volonté une qui les unit, c’est par la force et par la puissance unitive qu’ils sont unis. Ce n’est donc pas étonnant si dans l’acte accompli que ma Volonté réalise dans la créature, elle enferme tout, et que tout est représenté comme si l’on pouvait voir toutes ses œuvres à l’intérieur d’une vitre tandis que chaque chose demeure à son poste, et toutes reflètent avec une admirable puissance l’acte accompli de ma Volonté dans l’acte de la créature. C’est pour cette raison que dans un acte accompli de ma Volonté, aussi bien dans la créature qu’en dehors d’elle, la valeur est si grande que quoi que nous donnions, il nous reste toujours quelque chose à donner, parce que la créature n’a pas la capacité de prendre toute la valeur qu’il contient. Il la remplit jusqu’à ras bord, déborde à l’extérieur, forme des mers autour d’elle, et qu’a-t-elle pris ? Très peu, parce que cet acte enferme l’infini et que la créature est incapable de prendre la valeur infinie d’un acte de mon divin Fiat. Il serait plus facile d’enfermer toute la lumière dans le cercle de sa pupille, et cela est impossible. L’œil peut se remplir de lumière, mais combien de mers de lumière restent en dehors de la pupille. Pourquoi ? Parce qu’il y a un divin Fiat dans ce soleil qu’il n’est pas donné à sa pupille d’enclore ; les créatures pourront prendre autant de lumière qu’elles voudront, mais sans jamais l’épuiser. Il n’y aura jamais d’image véritable d’un acte accompli de ma Volonté dans la créature. Par conséquent, sois attentive et fais en sorte que la vie de ma Volonté soit dans tes actes.

12.  12 janvier 1932 — Ronde dans la Divine Volonté. Gages, avances et arrangements de la part des créatures. Capital de la part du Créateur. Écho que la Divine Volonté forme dans les créatures.

          Je faisais comme d’habitude ma ronde dans les actes de la Divine Volonté. En elle et avec elle, il me semblait pouvoir embrasser toutes choses, me souvenir de tout et voir tout ce que la Divine Volonté avait fait. Ce théâtre infini se présentait à mon petit esprit qui me faisait goûter d’innombrables scènes divines d’une indescriptible douceur, et les scènes les plus belles et les plus ravissantes que la puissance du divin Fiat avait produites dans la ronde de la Création, de la Rédemption et de la Sanctification. Il me semble que cette ronde a été faite au cours des siècles, et dans cette ronde tant de choses belles et merveilleuses ont été accomplies que le ciel et la terre en sont stupéfaits, et cette ronde a été faite pour que nous en fassions le tour et nous faire connaître tout ce que peut faire le divin Fiat et tout ce qu’il fait par amour pour nous. Je tournais dans la ronde infinie du divin Vouloir lorsque mon aimable Jésus, rendant visite à sa petite nouveau-née, me dit :

            Petite fille de ma Volonté, si tu pouvais savoir combien il me plaît de te voir tourner dans la ronde infinie de mon divin Fiat et de voir ta surprise devant ses prodiges, ses admirables et adorables œuvres, ses scènes enchanteresses et ravissantes ; et dans mon enthousiasme d’amour, je dis : « Comme je suis heureux que ma fille soit spectatrice et admire les admirables scènes de celui qui les a créées pour elle ! » Mais ce n’est pas tout. Tu dois savoir que pour acquérir une propriété, il faut qu’il y ait quelqu’un pour l’accorder, pour donner la liberté de la visiter à celle qui va l’acquérir, la conduire presque par la main pour lui faire voir tous les biens que contient la propriété, les fontaines qu’elle possède, la rareté de ses plantes, la fertilité du sol, et tout cela sert à faire tourner la tête de celle qui devrait l’acquérir ; et pour celle qui devrait l’acquérir, il est nécessaire qu’elle s’attende à ce que la propriété lui soit accordée, qu’elle fasse des arrangements considérables afin de lier celui qui devrait céder la propriété pour qu’il ne soit plus capable de se désister.

            Ainsi, ma bienheureuse fille, comme je veux donner le Royaume de ma Divine Volonté, il est nécessaire que tu fasses ta tournée dans ses divines propriétés, et je te prends par la main pour te faire voir ses mers interminables, les biens, les prodiges, les merveilles étonnantes, les joies, les bonheurs et toutes les choses d’une valeur infinie qu’il possède afin que le connaissant, tu l’aimes et en deviennes si amoureux que non seulement tu ne voudrais pas vivre sans lui, mais que tu donnerais ta vie pour acquérir un Royaume si saint, si paisible et si beau. Mais ce n’est pas encore assez. Il faut de ta part des gages, des avances et des arrangements. Notre amour et notre bonté sont tels que voulons donner notre Volonté en propriété à la créature et nous mettons à sa disposition ce que notre Volonté a fait afin que les créatures puissent l’utiliser comme équivalent de gages et d’arrangements pour recevoir un don si grand. Ainsi, lorsque tu fais ta tournée dans la Création, tu regardes le ciel et tu te félicites de voir la belle voûte azurée tapissée d’étoiles, le soleil étincelant de lumière, tu reconnais et tu sens le Fiat palpitant qui a tout créé pour l’amour des créatures, et avec le petit amour qui sort de ton cœur tu aimes celui qui t’a tellement aimée. Ton amour est scellé dans les hauteurs du ciel, dans la lumière du soleil, et tu nous donnes le ciel comme gage, les étoiles comme avances et le soleil comme arrangement, parce que c’est pour toi qu’ils ont été créés, et c’est donc assez pour que tu possèdes notre Volonté comme vie puisqu’elle est déjà tienne et qu’elle peut être un arrangement valide pour obtenir son Royaume. Ainsi, en faisant ta tournée dans toutes les autres choses créées, tu les reconnais et tu nous aimes. Et toutes les fois que tu répètes tes rondes, tu répètes aussi les gages, tu fais les arrangements et tu organises et disposes les choses pour donner les grâces et les soutiens afin de pouvoir donner comme Royaume le grand don du Fiat voluntas tua sur la terre comme au ciel.

            Nous savons que la créature n’a rien à nous donner et notre amour nous impose de donner nos actes comme s’ils étaient les siens, de mettre entre ses mains nos œuvres comme une pièce de monnaie divine afin qu’elle ait suffisamment de moyens pour marchander avec notre Être suprême. Mais si elle n’a rien, elle a son petit amour sorti du nôtre dans l’acte de sa création et elle possède cependant une particule de l’amour infini de Dieu, et lorsque la créature nous aime, elle dispose l’attitude de l’infini et nous sentons la force magnétique de la particule de notre amour infini, cette palpitation d’amour en elle qui nous aime, qui l’élève, l’étend au point d’arriver jusqu’à nous et de vouloir entrer dans l’infini d’où elle est sortie. Oh ! combien elle nous ravit, et dans l’enthousiasme de notre amour, nous disons : « Qui peut résister à la force de notre amour infini qui sort de la créature et nous aime ? » Donner le ciel et la terre nous semble peu de chose pour la payer de son petit amour qui bien que petit possède la particule de l’infini, et cela nous suffit. Oh ! que ce précieux gage d’amour de la créature nous est doux et cher. Et comme il n’est rien dans la ronde des siècles qui n’ait été uni à notre Volonté, ta tournée dans la création de l’homme est une visite que tu fais afin de savoir ce que j’ai accompli et quelles mers de grâces, de sainteté et d’amour de l’homme ont été mises dans sa création, et tu aimerais alors faire tien cet amour afin de nous aimer, et tu fais tes arrangements avec nous, avec les actes mêmes par lesquels nous avons créé l’homme. Et lorsque tu fais ta tournée dans la Création de la Vierge, dans ses mers de grâces, dans ma venue sur la terre et dans tout ce que j’ai fait et souffert, tu offres comme arrangement la Reine du ciel, ma vie elle-même et tous mes actes.

            Ma Volonté est tout et pour se donner à la créature, elle veut être reconnue, elle veut avoir quelque chose à faire, elle veut marchander avec la créature ; et plus la créature la visite dans ses actes, plus ma Volonté y trouve des gages et des arrangements, et elle commence le déboursement de son capital. Toutes les vérités et les connaissances que je t’ai données concernant la Divine Volonté ne sont-elles pas du capital que j’ai placé dans ton âme ? Et ma Volonté est si exubérante qu’elle peut remplir le monde tout entier de lumière, d’amour, de sainteté, de grâces et de paix. Et n’est-ce pas après une ronde dans ses actes que je t’attends déjà avec tout mon amour pour te donner ses gages et ses avances que son Royaume viendrait sur la terre ? Tu as donné tes gages et mon Fiat t’a donné les siens. L’on peut dire que chaque vérité et chaque parole que ma Volonté a dite à son sujet étaient des dispositions qu’elle prenait pour former ce Royaume, un prélèvement qu’elle demandait pour former son armée, un capital qu’elle déboursait pour la maintenir, des joies et des délices pour attirer les créatures, une force divine pour les conquérir ; parce qu’avant d’agir, nous ordonnons toute chose et ensuite nous démontrons que nous avons fait connaître les actes que nous avons accomplis. Et comme nous voulons donner ce bien aux créatures, il est nécessaire, juste et raisonnable de le vouloir avec au moins une créature afin que de cette créature, il passe à une autre. Nous n’accomplissons pas nos œuvres dans les airs, mais nous voulons un petit monticule où former nos plus grandes œuvres. La Reine du ciel n’était-elle pas notre petit monticule où former notre grande œuvre de la Rédemption, qui s’est ensuite étendue à tous et à tous ceux qui la veulent ? Par conséquent, que ton vol dans ma Volonté soit continu afin d’échanger tes gages contre ses capitaux et d’accélérer la venue de son Royaume sur la face de la terre.

            Après quoi je me sentais plus que d’ordinaire immergée dans le divin Fiat, et mon souverain Jésus ajouta :

            Ma fille, lorsque ma Divine Volonté travaille dans l’âme, elle est immédiatement connue. En travaillant, elle étend dans l’être humain suavité, douceur, paix, force d’âme, fermeté ; avant ce travail, elle souffle et imprime en lui son Fiat omnipotent qui déploie son ciel autour de l’œuvre qu’il veut accomplir. Il semble que sans son ciel ma Volonté ne sait pas comment travailler et pendant son travail elle fait résonner son doux et harmonieux écho dans les trois divines Personnes en les appelant à la lumière de ce qu’elle fait dans l’âme, parce que la Volonté étant une avec les Personnes divines en ce qu’elle accomplit dans l’âme, il se trouve que ce qu’elle fait dans les Personnes divines produit son puissant écho dans la créature, et dans cet écho ma Volonté lui apporte les admirables secrets, l’ineffable douceur, l’amour inséparable dont aiment les divines Personnes, et le doux accord qui règne entre elles. Cet écho est le porteur des choses les plus intimes de l’Être suprême dans la créature. Là où travaille ma Volonté, l’écho de l’une fusionne dans l’autre ; celui d’en haut se fait le révélateur divin, celui des profondeurs qui résonne en Dieu possède la vertu de parler avec puissance dans les voies divines pour le bien des créatures et de ce même amour que veulent les Personnes divines. Ma Volonté forme avec sa puissance les douces chaînes, et elle identifie et transforme Dieu dans la créature de telle sorte que Dieu se sent refait dans la créature et la créature se sent refaite en Dieu. Oh ! ma Volonté, combien tu es admirable et puissante. Tu étends tes douces chaînes et tu lies Dieu et la créature de sorte que tout retourne dans mon sein divin.

13. 12 janvier 1932 — Modes qu’utilise la Divine Volonté pour dominer, parler et féliciter. Comment le ciel reste derrière. Victoire de Dieu et victoire de la créature. La Divine Volonté rassembleuse de ses œuvres. Exemple d’une mère qui se lamente sur son enfant infirme.

          Ma petite âme continue à traverser l’interminable mer du divin Fiat. Et, oh ! quelle surprise après avoir l’impression d’avoir parcouru une longue route, je m’aperçois que je n’ai fait que quelques pas en comparaison de ceux qu’il me reste à faire. Le chemin est si interminable que même si je marchais durant des siècles, je me trouverais toujours au commencement, et il y a tant à savoir sur le divin Vouloir qu’en me trouvant dans cette mer, je me sens toujours comme une petite ignorante ayant à peine appris les voyelles de la Divine Volonté ; et j’apprendrai peut-être les consonnes dans la céleste Patrie que j’espère atteindre immédiatement. Oh ! comme je voudrais pouvoir inspirer la pitié du ciel pour mettre fin à mon long exil. Mais après tout, Fiat, Fiat, Fiat ! Et mon toujours aimable Jésus, par compassion pour moi, me serra dans ses bras et me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage, ne t’afflige pas tant ; pour le moment, je veux que ton ciel soit ma Divine Volonté. Elle sera ta céleste Patrie sur la terre et ne manquera pas de te réjouir et de te donner également les joies pures d’en haut. Là où elle règne, ma Volonté a le pouvoir de faire usage de bien des modes pour  donner de nouvelles surprises de joies et de satisfactions afin que l’âme qui la possède puisse avoir son Paradis sur la terre. Elle exerce sa domination qui s’étend dans l’esprit, dans les paroles, dans le cœur et l’être tout entier de la créature, même dans le plus petit mouvement ; et, oh ! que sa domination est douce. Elle est domination et vie, domination et force, domination et lumière qui dispersent les ténèbres. Elle enlève les barrières qui peuvent empêcher le bien, et son règne met les ennemis en fuite. Bref, la créature se sent portée par la domination de la Divine Volonté et sous son règne la créature reste maîtresse d’elle-même, de ses actes et de la Divine Volonté elle-même qui bien qu’elle domine et règne, est d’une suavité, d’une force et d’une douceur telles qu’elle s’unit à la créature et veut que les deux règnent ensemble. Parce que son règne est pacifique, ma Volonté donne à tous les actes de la créature le baiser de paix. Ce baiser, suave et doux, captive la volonté humaine dans la Volonté divine et elles étendent ensemble leur règne pour former le Royaume divin dans les profondeurs de l’âme. Il n’existe rien de plus beau, de plus cher, de plus grand et de plus saint que de sentir la domination de ma Volonté couler dans tous les actes. Et dans l’être tout entier de la créature, je pourrais dire que le ciel vient en second après le règne de ma Volonté au cœur de la créature qui est encore en chemin, parce que dans les saints, ma Volonté n’a plus rien à ajouter et il ne lui reste plus qu’à les féliciter éternellement. Au contraire, dans l’âme qui est encore en route, il y a les œuvres que ma Volonté peut accomplir dans l’âme, une vie nouvelle qu’elle peut infuser, des conquêtes nouvelles à obtenir afin d’agrandir et d’étendre encore son empire.

            La domination totale de ma Divine Volonté dans la créature est notre victoire continuelle. Chaque acte qu’elle accomplit dans la créature par sa domination est une victoire que nous remportons, et la créature reste victorieuse de ma Divine Volonté dans ses actes. Au ciel, par contre, nous n’avons plus rien à conquérir parce que tout nous appartient, et chaque bienheureux a achevé son œuvre en expirant. C’est pourquoi notre œuvre de conquête est sur la terre dans les âmes en voyage, et non au ciel. Au ciel, nous n’avons rien à perdre ni rien à acquérir. 

            Lorsque ma Divine Volonté est assurée de sa domination totale dans la créature, elle commence à parler. Tu dois savoir que chacune de ses paroles est une création. Ma Volonté ne peut pas rester oisive là où elle règne, et comme elle possède la vertu créatrice, elle ne sait pas comment parler sans créer. Mais qu’est-ce qu’elle crée ? C’est elle-même qu’elle veut créer dans la créature, elle veut faire étalage de ses divines qualités, et elle le fait parole après parole, presque comme je l’ai fait dans la Création de l’univers où je n’ai pas dit seulement une parole, mais autant de paroles qu’il y avait de choses distinctes que je voulais créer. L’âme nous coûte plus que l’univers tout entier, et lorsque ma Volonté est assurée de son règne, elle n’épargne pas ses paroles, et lorsqu’elle reçoit l’acte de sa parole créatrice, ma Volonté agrandit la capacité de la créature et la prépare à d’autres actes. De sorte que ma Volonté parle et crée la lumière, elle parle et crée la douceur, elle parle et crée la force d’âme divine, elle parle et crée son jour de paix, elle parle et crée ses connaissances, et chacune de ses paroles est porteuse de la création du bien qu’elle possède et révèle ; sa parole se fait annonciatrice du bien qu’elle veut créer dans l’âme. Qui pourra te dire la valeur que possède une seule parole de ma Divine Volonté ? Et combien de ciels, de mers de richesses, quelle variété de beautés elle dispose dans la créature fortunée qui possède sa douce et heureuse domination ?

            Et après le travail, c’est la joie, le bonheur qui vient. Ma Volonté est par nature riche de joies innombrables. Elle veille sur la créature qui s’est prêtée à recevoir la création de ses paroles et, oh ! comme elle est heureuse, car elle voit que chaque création reçue donne naissance à une joie et à un bonheur sans fin, et elle passe alors du mode parole au mode félicitation ; et pour faire en sorte que la créature soit plus heureuse encore, ma Volonté ne se met pas de côté. Non, elle se félicite avec la créature et pour la réjouir encore plus, ma Volonté lui explique la nature et la diversité des joies qu’elle a créées dans son âme, uniquement parce qu’elle l’aime et veut la voir heureuse, et étant donné que les joies et les bonheurs, lorsqu’ils sont seuls, ne sont pas complets et semblent mourir, je me laisse moi-même avec toi afin de pouvoir toujours te féliciter et préparer les nouvelles joies, œuvres de ma parole créatrice. C’est pourquoi la seule fête et le seul bonheur que nous ayons sur terre, c’est l’âme qui se laisse posséder par le règne de ma suprême Volonté. C’est en elle que notre parole, notre vie et nos joies trouvent leur place. L’on peut dire que l’œuvre de nos mains créatrices est dans l’ordre où elle fut établie par notre infinie sagesse, c'est-à-dire à sa place d’honneur dans notre Divine Volonté. Par contre, la créature qui se laisse dominer par la volonté humaine est dans le désordre et l’abandon continuel de notre œuvre créatrice. Par conséquent, sois attentive, ma fille, et rends heureux celui qui veut ton bonheur dans le temps et l’éternité.

            Après quoi je continuais à nager dans la mer de lumière du divin Fiat. Je me sentais inondée de lumière et ses connaissances étaient si nombreuses que je ne savais pas à laquelle m’attacher, étant donné ma petitesse ; je ne savais pas où les mettre et elles se dispersaient dans sa lumière. Je demeurais surprise et sans savoir quoi dire lorsque mon doux Maître Jésus ajouta :

            Ma fille, ma Volonté est la rassembleuse de toutes ses œuvres. Elle cache tout dans sa lumière et c’est dans sa lumière qu’elle les défend et les met en sûreté. Que ne fera pas cette lumière pour mettre en sûreté la créature, la plus belle œuvre de nos mains créatrices, et pour la faire redevenir belle et éclatante comme nous l’avons créée ? Ma Volonté te rassemble dans son sein et te recouvre de lumière pour faire disparaître tous les maux. Si la créature est aveugle, sa lumière lui donne la vue ; si elle est muette, ma Volonté lui donne la parole par sa lumière. La lumière l’envahit de tous côtés et lui donne l’ouïe si elle est sourde ; boiteuse, elle la redresse ; laide, sa lumière la rend belle. Une mère n’en fait pas autant que ma Divine Volonté pour rendre belle sa créature et la restaurer ; ses armes sont de lumière, car il n’est pas de puissance que la lumière ne contienne et de bien qu’elle ne possède. Que ne ferait une mère qui a donné le jour à un bel enfant qui l’enchante par sa beauté et le voit par malheur devenir aveugle, muet, sourd et infirme ; pauvre mère, elle regarde son enfant et ne le reconnaît plus. Son œil éteint qui ne voit plus, sa voix argentée dont l’appel faisait tressaillir de joie la maman, elle ne l’entend plus ; ses petits pieds qui couraient pour aller se blottir dans son sein se traînent maintenant avec peine. Cet enfant est pour la pauvre mère la plus déchirante des douleurs ; et que ne ferait-elle pas si elle savait que son enfant pouvait redevenir ce qu’il était ? Elle mettrait pour cela le monde entier sens dessus dessous et il lui serait doux de donner même sa propre vie pour que son enfant retrouve sa beauté première. Mais, pauvre mère, il n’est pas en son pouvoir de redonner cette beauté à son cher enfant. Et ce sera à jamais pour elle une souffrance et une épine très douloureuse qui traverse son cœur maternel.

            Tel est l’état de la créature qui fait sa propre volonté : aveugle, muette, infirme ; notre Volonté se lamente et verse des larmes de lumière ardente, mais ce qu’une mère ne peut pas faire pour son enfant infirme, ma Divine Volonté en a le pouvoir. Plus qu’une mère, ma Volonté mettra à sa disposition des capitaux de lumière qui ont la vertu de restituer tous les biens et toute la beauté de la créature. La Divine Volonté, tendre Mère, qui aime avec vigilance le travail de ses mains, que plus qu’un enfant très cher elle a mis au monde, mettra sens dessus dessous non seulement le monde entier, mais tous les siècles afin de préparer et de donner les puissants remèdes de lumière qui ravivent, transforment, redressent et embellissent ; et elle s’arrêtera lorsqu’elle verra dans son sein maternel, belle comme à sa naissance, l’œuvre de ses mains créatrices qui la paiera de ses nombreuses souffrances et fera sa joie pour l’éternité.

            Toutes ces connaissances sur ma Volonté ne sont-elles pas des remèdes ? Chacune de mes manifestations et chaque parole que je dis est une force dont j’entoure la faiblesse de la volonté humaine, c’est une nourriture que je prépare, un appât, une saveur, une lumière pour lui faire retrouver la vision perdue. Par conséquent, sois attentive et ne perds rien de ce que ma Volonté te manifeste parce qu’en son temps, tout servira et rien ne sera perdu. Est-ce que tu crois que ma Volonté ne tient pas le compte ne serait-ce que d’une seule parole qu’elle te dit ? Tout est compté et rien n’est perdu ; et si dans ton âme elle a formé son siège pour y déposer ses vérités, même si le siège premier les garde en réserve en lui-même comme le plus grand trésor lui appartenant, de telle sorte que si tu disperses une manifestation ou une parole qui lui appartient, l’original est déjà conservé en elle-même, car tout ce qui concerne ma Divine Volonté est d’une valeur infinie, et l’infini n’est pas et ne peut pas être sujet à la dispersion ; il conserve au contraire jalousement ses vérités dans les divines archives. Par conséquent, apprends toi aussi à être jalouse et vigilante, et à apprécier ses saintes leçons. 

14.  24 janvier 1932 — Chaque petite visite de Jésus est porteuse de vérités célestes. Celle qui vit dans ma Divine Volonté est sous la pluie de l’acte nouveau de Dieu. Exemple de la fleur. Comment chacun des actes accomplis dans la Divine Volonté est une marche. Fonction de la Mère.

         Je me sentais tout inquiète à propos des si nombreuses vérités que mon bienheureux Jésus m’avait dites sur la Divine Volonté, et si je sentais en moi le dépôt sacré de ses vérités, j’éprouvais également une sainte crainte concernant la façon dont je les gardais dans ma pauvre âme, souvent très exposée, et sans l’attention appropriée à une vérité dont la valeur est infinie. Et, oh ! comme je voudrais imiter les bienheureux qui tout en sachant tant de choses sur la Divine Volonté, ne disent rien à personne. Ces bienheureux gardent tout en eux-mêmes, se béatifient et se félicitent les uns les autres, mais sans rien dire aux pauvres âmes encore en voyage ; ils n’envoient même pas un seul mot pour leur faire connaître une seule des nombreuses vérités qu’ils connaissent. Je pensais à cela lorsque mon aimable Jésus, toute bonté et visitant ma petite âme, me dit :

            Chaque parole que je t’ai dite sur ma Divine Volonté n’était rien d’autre qu’une petite visite que je t’ai faite pour te laisser la substance du bien que contient ma parole. Et sans pouvoir me fier à toi parce que tu étais incapable de garder une seule de mes paroles, je suis resté moi-même pour veiller sur l’infinie valeur de mes vérités que je déposais dans ton âme. Tes peurs ne sont donc pas justifiées. Je veille sur tout. Ce sont des vérités célestes, des choses du ciel, des épanchements de l’amour réprimé de ma Volonté, et cela depuis bien des siècles. Et avant de te parler, j’avais déjà décidé de rester en toi pour veiller sur ce que j’allais y déposer. Tu entres dans le deuxième mode, et moi je suis le premier gardien. 

            Ces petites visites étant porteuses de choses célestes, tu les emporteras avec toi dans la céleste Patrie comme triomphe de ma Volonté et garantie que non seulement son Royaume viendra sur la terre, mais qu’elle a établi le commencement de son règne. Les paroles qui resteront sur le papier laisseront un souvenir éternel disant que ma Volonté veut régner parmi les générations humaines, et ces paroles seront des aiguillons, des incitations, des supplications divines, une force irrésistible, des messagères célestes, des chefs du Royaume de mon divin Fiat ; elles seront aussi un puissant reproche pour ceux qui devraient s’employer à faire connaître un si grand bien et qui, par paresse ou en raison de vaines craintes, ne parcourent pas le monde entier pour apporter l’heureuse nouvelle de l’ère bienheureuse du Royaume de ma Volonté. Par conséquent, abandonne-toi à moi et laisse-moi faire.

            Après quoi je continuais mes actes dans la Divine Volonté où se trouve en action tout ce qu’elle avait fait dans la Création comme si elle était en train de la créer, afin de les donner comme manifestation de son amour envers la créature, mais comme je suis trop petite, il m’est impossible de tout prendre, et j’avance petit à petit jusqu’où je peux arriver ; et la Divine Volonté m’attend en chaque chose créée pour répéter et reproduire l’acte créateur et me dire :

            Vois-tu à quel point je t’aime ? J’ai tout créé pour toi, et c’est pour toi que je conserve l’acte créateur en action afin de te dire non pas avec des paroles, mais avec des actes : « Je t’aime ! » Je t’aime tant que je suis remplie d’amour, de désirs ardents, je délire du désir d’être aimée. Si bien qu’avant même la Création, j’ai préparé pour toi la voie, toute d’amour, en maintenant en action l’acte créateur qui te dit à chaque instant : « Je t’aime et je veux de l’amour. »

            Après quoi je traversai les choses créées afin de ne pas laisser souffrir l’Artisan d’amour parce que j’aurais pu ne pas recevoir l’amour qu’il avait laissé pour moi dans les choses créées, et j’arrivai à l’acte d’amour exubérant de la création de l’homme pour me trouver sous la pluie de cet intense amour. Et mon toujours aimable Jésus me dit :

            Bienheureuse fille, notre façon d’agir avec les créatures ne change jamais ; elle a commencé dans la création, elle continue et demeurera toujours. Celle qui entre dans notre Volonté touche de ses mains notre acte créateur, toujours en action, et notre amour toujours nouveau qui se donne à la créature ; et ce n’est pas seulement notre amour, mais notre grand amour qui fait sortir de notre sein et diriger vers elle une bonté, une puissance, une sainteté et une beauté nouvelles, de sorte que nous maintenons la créature sous la pluie de nos actes nouveaux et toujours en action. Si bien que toute la création est dans l’acte de se répéter et de se donner aux créatures. Et comme nos modes d’action sont toujours les mêmes et ne changent jamais, ce que nous faisons avec les bienheureux du ciel qui est de nourrir leur béatitude de notre acte nouveau ne cesse jamais. C’est ce que nous faisons pour la créature qui vit dans notre Divine Volonté sur terre. Nous nourrissons son âme de sainteté nouvelle, de bonté nouvelle, d’amour nouveau et nous la maintenons sous la pluie de nos actes nouveaux ; notre Volonté est toujours en acte. Avec cette différence que les bienheureux n’acquièrent rien de nouveau et ne font que baigner dans les joies toujours nouvelles de leur Créateur. Au contraire, l’heureux voyageur sur la terre qui vit dans notre Vouloir est toujours dans l’acte de faire de nouvelles conquêtes. 

            C’est pourquoi la créature qui ne fait pas notre Volonté et ne vit pas en elle se rend étrangère à la famille céleste ; elle ne connaît pas les biens de son céleste Père et recueille à peine les gouttes de l’amour et des biens de son Créateur. Elle se fait fille illégitime qui n’a pas droit aux biens de son divin Père. Seule ma Volonté lui donne le droit des descendants, et la liberté de prendre ce qu’elle veut dans la maison de son Père céleste. Celle qui vit dans notre Volonté est comme la fleur qui reste sur la plante, et sa mère la terre ressent le devoir de donner aux racines de la fleur une place dans sa propre maison, de la nourrir des humeurs vitales qu’elle possède, de l’exposer aux rayons du soleil pour lui donner ses couleurs, et elle attend la rosée de la nuit pour faire en sorte que sa fleur puisse résister à l’ardeur des baisers du soleil, se développer et recevoir le caractère des plus intenses et des plus beaux parfums. On peut donc dire que la mère terre est la nourriture et la vie de la fleur.

            Telle est l’âme qui vit dans notre Volonté ; nous devons lui donner sa place dans notre maison et mieux qu’une mère la nourrir, l’élever et lui accorder les grâces pour être capable d’être exposée au-dedans et au dehors à l’ardente lumière de l’immensité de notre Volonté, et de la supporter. Par contre, celle qui ne fait pas notre Volonté et ne vit pas en elle est comme la fleur qu’on a cueillie et mise dans un vase. Pauvre fleur, elle a déjà perdu sa maman qui avec tant d’amour la nourrissait, l’exposait au soleil pour la réchauffer et lui donner ses couleurs ; et bien qu’il y ait de l’eau dans le vase, ce n’est pas sa mère qui la lui donne et ce n’est donc pas une eau nourrissante, et même si elle est conservée dans le vase, la fleur est sujette à se faner et à mourir. Telle est l’âme sans notre Volonté. Il lui manque la divine Maman qui l’a engendrée, il lui manque la vertu nourrissante et fécondante, il lui manque la chaleur maternelle qui la réchauffe et avec sa lumière lui donne des touches de beauté pour la rendre belle et vermeille. Pauvre créature sans la tendresse et l’amour de celle qui lui a donné la vie, et qui dans son exil grandira sans beauté et sans vrai bien !

            Après quoi je faisais ma tournée dans la Divine Volonté afin de trouver tous les actes de la créature pour y mettre mon « Je vous aime » et demander dans chaque acte le Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, quand ma Divine Volonté est invoquée dans l’acte de la créature, elle ôte la rudesse de la volonté humaine, elle adoucit ses voies, réprime sa violence et avec sa lumière réchauffe les œuvres engourdies par le froid du vouloir humain. De sorte que celle qui vit dans ma Divine Volonté prépare les grâces préventives pour les générations humaines afin de la faire connaître, et dans chaque acte accompli dans ma Volonté, la créature forme la marche pour monter jusqu’à elle, et je peux apporter aux créatures les connaissances du Fiat suprême. De sorte qu’à celle qui vit en elle, ma Divine Volonté donne les vertus maternelles qui lui font remplir le rôle d’une vraie mère en rapprochant Dieu et les créatures. 

            Tu vois par conséquent la nécessité de tes actes dans ma Volonté pour former un long escalier qui devrait monter jusqu’au ciel pour obtenir comme par violence, avec sa propre force divine, que mon Fiat descende sur la terre pour y former son Royaume ; et les créatures qui se trouveront sur cet escalier seront les premières à le recevoir et à permettre qu’il règne parmi elles. Sans escalier, personne ne peut monter et il est donc nécessaire qu’une créature le construise pour permettre aux autres de monter ; et pour que cette créature puisse s’y prêter nous devons lui donner le rôle d’une mère qui, aimant les créatures comme des enfants qui lui ont été donnés par ma Divine Volonté, accepte ce mandat et ne s’épargne ni travaux ni sacrifices, et offre si nécessaire sa vie même pour l’amour de ses enfants. Plus encore, en lui donnant le rôle de mère, ma Divine Volonté dote son âme de l’amour maternel de son propre cœur et lui donne une tendresse divine et humaine afin de conquérir Dieu et les créatures pour les unir et leur faire accomplir la Divine Volonté. Il n’est pas de plus grand honneur que nous puissions donner à la créature que la maternité. Elle est porteuse des générations et nous lui donnons les grâces pour former le peuple de prédilection. Et bien que maternité signifie souffrance, elle aura la joie toute divine de voir sortir de sa souffrance les enfants de ma Volonté. Par conséquent, répète toujours tes actes et ne recule pas. Reculer est le fait des lâches, des paresseux, des inconstants ; ce n’est pas celui des forts et moins encore celui des enfants de ma Volonté.

15.  30 janvier 1932 — La Divine Volonté : espionne, sentinelle, Mère et Reine. Son souffle forme le monticule d’amour dans l’âme afin d’y enclore ses vérités. Extases d’amour du Créateur ; aliments qu’il donne à ses dons.

          Je suivais les actes du divin Fiat et il me semblait qu’en chacun de ses actes, il préparait pour moi une bouffée d’amour qu’il contenait en lui-même et qu’il désirait ardemment faire sortir de lui pour l’emprisonner dans ma pauvre âme ; et cet amour que je ressentais, je l’envoyais moi-même vers celui qui m’aimait tant comme une nouvelle bouffée d’amour pour lui dire avec la plus intense affection : « Je t’aime ! » Il me semble que la Divine Volonté a un tel désir d’être aimée qu’elle place elle-même dans l’âme cette dose d’amour pour se faire aimer, puis elle attend l’amour de la créature pour pouvoir lui dire : « Comme je suis heureuse que tu m’aimes. » Je pensais à cela lorsque mon Jésus adoré me fit sa petite visite et me dit :

            Ma fille, tu dois savoir que notre amour tient de l’incroyable. Notre Divine Volonté est l’espionne de la créature et la surveille pour savoir quand elle est disposée à recevoir sa bouffée d’amour contenu, car elle sait que la créature ne possède pas une grande quantité d’amour divin et que c’est à peine si elle dispose de la particule d’amour infini avec lequel elle a été créée, et si celle-ci n’a pas été entretenue elle est comme le feu qui couve sous les cendres, et que s’il y a bien du feu, les cendres le recouvrent de sorte qu’on ne sent même pas sa chaleur. Nous ne voulons pas de l’amour humain, et notre Volonté utilise donc des stratagèmes amoureux : elle espionne pour connaître les dispositions, puis elle souffle. Sa bouffée disperse comme une légère brise les cendres que la volonté humaine a formées ; la particule de notre amour infini reprend vie et s’enflamme. Mon divin Vouloir continue à souffler et ajoute de l’amour divin. L’âme se sent délivrée et réchauffée, elle ressent ces amoureux renouveaux et à partir de la particule d’amour infini qu’elle possède, elle nous aime et nous donne notre amour divin comme étant le sien. Tu dois savoir que l’amour de ma Divine Volonté est si grand qu’elle utilise tous les moyens ; elle se fait espionne et souffle, comme une Mère, elle tient la créature entre ses bras, comme une sentinelle, elle la surveille, comme une Reine, elle règne sur elle, comme un soleil, elle l’illumine et elle va jusqu’à la servir ; et lorsque ma Volonté veut déposer en toi ses connaissances, ses vérités, et même une de ses paroles, que fait-elle ? Elle souffle au point de former en toi son monticule d’amour et de lumière pour enclore ses vérités dans le petit mont d’amour qu’elle a formé en toi. De sorte que c’est à cet amour qu’elle confie ses vérités et sa lumière, sachant que seul son amour possède le désir véritable de les conserver pour te stimuler afin qu’elles ne restent pas cachées en toi.

            Oh ! s’il n’y avait pas ce monticule de mon amour qui renferme toutes les connaissances de mon Fiat, combien de choses seraient restées enfouies dans ton âme sans que personne n’en sache jamais rien. C’est la raison pour laquelle ma Volonté doit d’abord te manifester ses vérités ; elle s’affaire autour de toi pour te préparer et mettre en toi cet amour nouveau afin de former le nouveau monticule pour y mettre ses vérités en sûreté dans la banque de son amour divin. Et si je t’attends dans ses actes avec tant d’amour, c’est qu’ils sont nos prétextes habituels, des occasions pour nous de chercher cet intervalle, ce point de la créature afin de pouvoir lui donner de l’amour nouveau, de nouvelles grâces. Mais bien plus que vouloir sa compagnie, nous ne savons comment ne pas rester avec la créature qui veut faire notre Volonté puisque déjà notre Volonté la tient entre ses bras dans nos actes de sorte qu’elle est avec nous et avec tout ce que nous faisons.

            Après quoi je suivais ma ronde dans les actes de la Divine Volonté et arrivée au point de la création de l’homme, je restais sur place pour en être la spectatrice. Avec quel amour il a été créé par le divin Artisan. Et Jésus, mon très grand bien, ajouta : 

            Petite fille de ma Volonté, c’est aux tout petits que nous nous sentons portés à dire nos ineffables et infinis secrets ; nous voulons d’autant plus raconter notre histoire que la créature à l’origine était parmi nous, et  afin que la créature puisse toucher de sa main avec quel amour sa petitesse a été aimée et aimée encore. Parce qu’elle était présente, elle était déjà en nous dans l’acte de la création de l’homme, et cela afin qu’elle puisse célébrer et que nous puissions célébrer ensemble l’acte solennel de sa création. Or, tu dois savoir que notre Être suprême s’est trouvé dans une sorte de profonde extase dans l’acte de création de la créature. Notre amour enchante notre Être divin, notre amour nous ravit et notre Fiat nous a fait agir avec sa vertu créatrice, et c’est dans cette extase amoureuse que sont sortis de nous les dons, les grâces, les vertus, les beautés, les saintetés, etc., dont nous devions doter et enrichir les créatures. Notre amour n’était pas satisfait avant d’avoir mis en ordre en dehors de nous tout ce que nous devions servir à toutes et à chacune, toutes les diversités de saintetés, de beautés et de dons afin que chacune soit l’image de son Créateur. Ces legs et ces richesses sont déjà à la disposition de chaque créature, si bien que chacune en naissant détient déjà la dot que Dieu a sortie de lui à la création de l’homme. Mais combien l’ignorent et ne se prévalent pas des droits que Dieu leur a donnés, et tout en étant riches, vivent pauvrement et si loin d’une vraie sainteté, comme s’ils n’étaient pas des êtres sortis du Dieu trois fois saint, et ne savent pas comment rendre la créature sainte, belle et heureuse, semblable à Dieu lui-même. Mais les siècles ne finiront pas et le dernier jour ne viendra pas sans que tout ce que nous avons produit dans notre extase d’amour ne soit pris par les créatures, car on peut dire qu’elles ont pris très peu de ce que nous avons mis à leur disposition.

            Mais vois, ma chère fille, un autre excès de notre amour ardent. En sortant de nous les dots, les grâces, les dons, nous ne les avons pas détachés de nous afin que les créatures, en prenant nos dons, avec notre inséparabilité, puisse recevoir la nourriture continuelle pour entretenir nos dons, notre sainteté, notre beauté, de sorte qu’avec nos dons nous avons rendu la créature inséparable de nous, parce qu’elle ne possède pas les aliments et les saintetés nécessaires pour nourrir nos dons, et nous nous manifestons nous-mêmes pour donner des aliments et des dons afin d’alimenter notre sainteté et nos grâces célestes. De sorte que nous sommes dans l’acte continuel de demeurer avec la créature, tantôt pour lui donner l’aliment qui nourrira notre sainteté, tantôt celui qui nourrira notre force, tantôt la nourriture spéciale qui nourrira notre beauté ; bref, nous restons près d’elle, toujours occupés à lui donner les divers aliments pour chaque don que nous lui avons fait, et cela sert à conserver, à faire grandir et à couronner nos dons, et avec nous l’heureuse créature reste couronnée de nos dons.

            C’est pourquoi en faisant un don à la créature, nous nous engageons envers elle, non seulement à la nourrir, mais nous lui donnons aussi la promesse de notre travail, de notre inséparabilité et de notre vie même, parce que si nous voulons notre ressemblance, nous devons donner notre vie afin de pouvoir produire notre ressemblance en elle, et cela nous le faisons avec plaisir, et notre amour répète pour nous notre extase et nous fait tout donner pour nous faire prendre la petitesse de la créature qui est aussi nôtre et qui est sortie de nous. Tu peux ainsi comprendre quelles sont nos sollicitudes, nos extases d’amour lorsque nous donnons non pas un don, mais notre Volonté même comme vie de la créature, d’une part pour nourrir nos dons et d’autre part pour nourrir notre Volonté. Déjà la créature en vertu de notre Volonté nous ravit continuellement par elle-même, et nous éprouvons de continuelles extases d’amour ; et dans ces extases nous ne faisons que déverser des torrents d’amour, des océans de lumière, d’indescriptibles grâces ; rien n’est donné avec mesure parce que nous devons non seulement nourrir notre Volonté, mais faire qu’elle soit courtisée et honorée d’honneurs divins dans la créature. Par conséquent, ma fille, sois attentive et ne laisse rien d’humain sortir de toi, afin de pouvoir toi aussi honorer ma Volonté par des actes divins en toi.

16.  6 février 1932 — La créature qui vit dans la Divine Volonté devient élevée par Dieu avec des traits divins et des manières divines. La course dans le Fiat. Les actes accomplis dans ma Volonté sont placés sur la balance éternelle et mis en sûreté dans la banque divine.

         Mon abandon dans le divin Vouloir continue. Je me sens toujours comme un petit atome qui va et vient dans ses actes afin d’y trouver ma vie et la sienne, et mon atome ne cesse de courir et de courir, car je ressens le besoin extrême de trouver la vie dans le Fiat ! Sinon je sens que je ne peux pas vivre sans sa vie, et sans ses actes j’ai l’impression de jeûner et je dois donc me dépêcher de trouver de la vie et de la nourriture. Plus encore, la Divine Volonté m’attend avec un amour indescriptible dans ses actes pour préparer la nourriture de sa petite fille. Mais alors que mon esprit se perdait dans sa lumière, mon doux et céleste Souverain Jésus a fait sa petite sortie chez sa petite fille et m’a dit :

            Fille bienheureuse, comme elle est belle ta course dans ma Volonté, et bien que tu sois le petit atome, nous pouvons t’élever comme nous le voulons. Les tout petits peuvent grandir en prenant les traits qui nous ressemblent ; nous enseignons nos voies divines, notre science céleste, de telle sorte que la créature oublie les voies grossières et l’ignorance de la volonté humaine. Ceux qui sont grands sont déjà formés et nous ne pouvons refaire que peu de chose ou rien du tout ; ils sont habitués à vivre comme des grands selon la volonté humaine, et il faut des miracles pour détruire les habitudes, si l’on y parvient. Par contre, avec les petits, cela nous est facile et ne coûte pas grand-chose, car ils n’ont pas des habitudes radicales. Ils ont tout au plus de brèves impulsions passagères et il suffit d’un petit mot, d’un souffle de notre lumière pour faire en sorte que la créature ne s’en souvienne plus. Par conséquent, sois toujours petite si tu veux que ma Divine Volonté soit pour toi une véritable Mère qui t’élève pour notre gloire et aussi pour la tienne.

            Or tu dois savoir qu’un acte continuellement renouvelé forme l’habitude, et comme un acte qui jamais ne cesse est seulement de l’Être suprême, si la créature se sent en possession d’un acte qui toujours se répète, cela signifie que Dieu a mis sa vie et sa voie dans cet acte ; un acte continuel est vie divine et acte divin, et seule la créature qui vit dans ma Divine Volonté peut sentir la puissance, la vertu, la force miraculeuse d’un acte qui ne cesse jamais, parce qu’ayant été élevée par nous, il ne lui est pas aisé de se retirer de nos voies et de ne pas sentir en elle la vie et les actes continuels de celle qui l’a élevée. Par conséquent, ta course et le sentiment de toujours ressentir le besoin de trouver notre vie et la tienne dans le Fiat, dans ses actes, c’est nous qui courons en toi afin de rester toujours dans nos actes incessants ; et dans cette course, nous courons ensemble de sorte que nos actes qui sont en toi ont une vie commune avec nos actes qui sont en dehors de toi. Et lorsque tu ressens ce besoin extrême, nous ressentons le besoin extrême d’amour pour faire que ta petitesse tourne dans tous les actes de notre Fiat, parce que n’étant pas capable de les enfermer tous en toi-même, c’est en tournant en eux que tu peux prendre ce qu’il t’est possible de prendre. Par conséquent, cours, cours sans cesse ; et je dis que nous courons toujours, car il n’y a pas de plus grande grâce que je puisse donner à la créature que de lui faire sentir en elle-même la vertu d’un acte continuel.

            Après quoi je continuais à suivre les actes de la Divine Volonté, et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, à chaque tournée que tu fais, tu formes un de tes actes dans l’acte de ma Divine Volonté, et ce sont autant de liens en plus que tu formes en elle et qui sont confirmés autant de fois qu’il y a d’actes que tu accomplis dans le divin Fiat, et il demeure confirmé autant de fois en toi ; et à chaque lien et confirmation que tu fais, ma Volonté agrandit ses mers autour de toi et comme sceau de confirmation ma Volonté y place une de ses vérités, une de ses connaissances, et elle te manifeste un degré supplémentaire de valeur que contient ma Volonté ; mais sais-tu ce que font en ton âme ces liens, ces confirmations, ces vérités, ces connaissances, ces plus grandes valeurs qu’il t’arrive de connaître ? Ils font grandir en toi la vie de ma Volonté. Non seulement cela, mais la répétition de tes actes apportera autant de degrés supplémentaires de valeur que ceux que tu as connus ; tes actes sont placés dans la balance de la Valeur divine où ils valent autant que ce que tu as connu et ont autant de valeur que celle qui t’a été communiquée par nous dans ton acte, de sorte que ton acte d’hier, répété aujourd’hui, n’a pas la même valeur qu’hier, mais acquiert la nouvelle valeur que nous avons fait connaître. C’est pourquoi les actes répétés, accompagnés par les vérités et les connaissances nouvelles, acquièrent jour après jour de nouveaux degrés de valeur infinie et toujours croissante. Non seulement nous plaçons les actes de la créature accomplis dans notre Volonté dans notre balance éternelle pour leur redonner le poids d’une valeur infinie, mais nous les conservons dans notre banque divine afin de les redonner au centuple ; par conséquent, chaque fois que tu répètes tes actes, c’est autant de fois que tu places ta petite pièce de monnaie dans notre banque divine, et tu acquiers ainsi autant de droits de recevoir de nous encore plus.

            Tu vois par conséquent jusqu’où peut aller l’excès de notre amour, au point de vouloir nous faire nous-mêmes débiteurs de la créature en recevant les petites pièces de ses actes dans notre immense banque qui en possède tant. Et nous aimons tant cependant recevoir les petites pièces afin de lui donner le droit de recevoir les nôtres. Notre amour veut à tout prix s’exercer sur la créature, il veut être continuellement en rapport avec elle et cela pour pouvoir donner, et peut-être aussi pour perdre. Combien de fois, parce que nous voulons lui donner, lui faisant connaître un si grand nombre de nos merveilleuses choses, nous voulons lui faire sentir à quel point notre parole est douce et puissante, et elle se montre froide, indifférente, sans même se retourner vers nous. Et notre amour reste vaincu par l’ingratitude humaine. Mais jamais la petite fille de notre Volonté ne fera cela, n’est-ce pas ? Ta petitesse te fait ressentir le besoin extrême que tu as de ton Jésus, de son amour et de sa Volonté.

17.  10 février 1932 — Travail de Dieu dans l’âme qui vit dans la Divine Volonté. Compréhension entre Dieu et la créature. Jésus recherche la compagnie de la créature dans ses œuvres.

         Mon doux Jésus, par sa force enchanteresse, m’attire toujours dans son adorable Volonté pour me faire traverser la multiplicité de ses œuvres qui semblent m’attendre pour me donner quelque chose en plus de ce qu’elles m’ont déjà donné. Et je suis surprise de tant de bonté et de libéralité divines. Et mon bien-aimé Jésus, afin d’infuser en moi un amour et un désir plus grands de suivre les actes de la Divine Volonté, me dit :

            Bienheureuse fille de mon Vouloir, chaque fois que tu t’élèves dans ma Volonté pour t’unir à chacun de ses actes, et que tu unis tes actes aux siens, l’acte divin s’élève et te donne un degré de grâce, d’amour et de sainteté, un degré de vie et de gloire divine. Ces degrés réunis constituent la substance nécessaire pour former la vie divine dans la créature ; certains forment les battements de cœur, d’autres la parole, l’œil, la beauté ou la sainteté de Dieu dans les profondeurs de l’âme. Nos actes se lèvent à mesure que la créature s’approche afin de donner ce qu’ils possèdent. Ils l’attendent avec impatience pour se mettre en éveil et former leurs divins épanchements afin de les déposer et de les répéter dans les actes de la créature. De sorte que celle qui s’unit avec les actes de la Divine Volonté nous donne des occasions de travailler, mais dans quel but ? Celui de former notre vie par notre travail dans la créature.

            Tu dois savoir que la créature, en s’élevant dans notre Divine Volonté, quitte tout et se réduit à son rien. Ce rien reconnaît son Créateur et le Créateur reconnaît le rien qui s’est séparé de sa lumière, et non le rien encombré de choses qui ne sont pas de lui, et trouvant le rien dans la créature, il la remplit de son tout. Voilà ce que signifie vivre dans ma Volonté : se vider de tout et, léger, léger, voler dans le sein du Père céleste pour que ce rien reçoive la vie de celui qui l’a créé. Notre Volonté est notre vie et notre nourriture, et comme nous n’avons pas besoin de nourriture matérielle, elle nous donne la nourriture de ses saintes œuvres. Et comme la créature est une avec nos œuvres, nous voulons trouver en elle notre Volonté comme vie de façon à ce que non seulement elle, mais toutes ses œuvres nous servent de nourriture et que nous lui donnions en échange notre nourriture. Le fait de nous nourrir l’un autre avec les mêmes nourritures crée l’accord entre Dieu et la créature. Cet accord produit la paix, la communication des biens, l’inséparabilité ; il semble que l’haleine divine souffle dans la créature et que celle de la créature souffle en Dieu, et ils s’unissent au point d’avoir le sentiment que le souffle de l’un serait un avec celui de l’autre. C’est alors que se produit l’accord de Volonté, l’accord d’amour, l’accord des œuvres. Nous sentons que le souffle que nous avons mis dans la création de l’homme, et qu’il a coupé en faisant sa propre volonté, renaît dans la créature ; notre Volonté possède la vertu de régénérer en elle ce qu’elle a perdu à cause du péché et de réordonner ce qui est sorti de nos mains créatrices.

            Après quoi je faisais ma tournée dans la Création et la Rédemption, et mon souverain Jésus ajouta :

            Ma fille, nos œuvres souffrent de l’isolement si elles ne sont pas reconnues comme des œuvres faites par amour pour les créatures, parce qu’il n’y avait pas d’autre raison d’accomplir des œuvres si merveilleuses dans la Création que de les donner comme autant de témoignages de notre amour. Nous n’avions aucun besoin, et tout a été fait dans un immense amour pour les créatures. Or notre amour n’est pas reconnu en chaque chose créée, nos œuvres restent seules, sans cortège, sans honneurs et comme séparées des créatures. De sorte que le ciel, le soleil et les autres choses créées sont seuls. Ce que j’ai fait dans la Rédemption, mes travaux, mes souffrances, mes larmes et tout le reste demeure isolé. Et qui forme la compagnie de nos œuvres ? La créature qui les reconnaît, qui fait sa tournée en elles et y trouve notre amour palpitant pour elle, qui désire la compagnie de ma Volonté pour donner et recevoir de l’amour. Si bien que lorsque tu fais ta tournée dans ma Volonté pour y trouver nos œuvres, reconnaître notre amour et y mettre le tien, je me sens tellement attiré que je t’attends presque en chacune de mes œuvres pour avoir ta compagnie, ton cortège, et je me sens payé de retour pour tout ce que j’ai fait et souffert ; et lorsque parfois tu tardes à venir, j’attends et je fais le guet dans mes œuvres pour voir quand tu vas venir me donner le plaisir de ta compagnie. Par conséquent, sois attentive et ne me fais pas attendre.

18.  16 février 1932 — Les actes accomplis sans la Divine Volonté sont vides de l’infini. Comment il est nécessaire de faire tout ce qu’il y a à faire, puis d’attendre les événements pour que vienne le Royaume de la Divine Volonté. Comment les actes accomplis dans ma Volonté partent pour le ciel en tant que propriété de la céleste Patrie.

        Je continuais mes actes dans la Divine Volonté pour trouver tous ses actes et les fusionner ensemble afin de pouvoir dire : « Je fais ce qu’elle fait. » Oh ! quel bonheur de penser que je fais ce que fait la Divine Volonté. Et mon aimable Jésus, visitant sa petite fille, me dit :

            Ma bonne fille, si tu savais le vide qui se forme dans l’acte de la créature lorsqu’il n’est pas rempli par ma Volonté, si bien que dans cet acte manquent la plénitude de la sainteté et la plénitude de l’infini, et comme il y manque l’infini, on y voit l’abîme du vide que seul l’infini pourrait remplir parce que la créature, dans tous ses actes, a été faite pour l’infini ; et lorsque ma Volonté court dans ses actes, elle y met l’infini et l’on voit son acte rempli de lumière, parce que ma Volonté le tient dans son sein de lumière et elle rend l’acte complet avec en lui l’infini. Mais lorsque ma Volonté n’entre pas dans l’acte de la créature comme vie, commencement, moyen et fin, l’acte est vide et rien ne peut remplir l’abîme de ce vide, et si on y trouve le péché, on peut voir dans cet acte un abîme de ténèbres et de misères à en donner le frisson.

            Or, ma fille, combien il y a au cours des siècles de ces actes vides de l’infini ! L’infini est rejeté par l’acte humain. Ma Volonté détient un droit sur chacun des actes de la créature et pour venir régner, elle veut une créature qui vive en elle, qui puisse aller retracer tous ses actes vides afin de prier ma Volonté, de la presser de venir mettre l’infini dans chaque acte afin que la Divine Volonté puisse reconnaître son acte en chacun de ses actes et faire que son règne soit accompli. Et bien que ses actes puissent être passés, il existe toujours, pour la créature qui vit dans ma Volonté, la possibilité de faire et de réparer, parce que dans ma Volonté se trouve le pouvoir de tout refaire et de tout réparer pourvu que ma Volonté trouve une créature qui s’y prête. Comme ce sont des actes de la créature accomplis sans ma Volonté, une autre créature unie à ma Volonté est capable de tout réparer et réordonner.

            C’est pourquoi, ma fille, je l’ai dit et je le répète : nous faisons tout ce qu’il faut pour que soit connue la Divine Volonté et pour la faire régner. Rien ne doit manquer de notre part : prière, sacrifice même de la vie, prendre pour ainsi dire en main tous les actes de la créature pour l’appeler à y mettre du sien, afin que ce soit mon « Je vous aime » et le tien, ma prière et la tienne qui crient : « Nous voulons la Divine Volonté. » Ainsi toute la Création et tous les actes seront couverts par la Divine Volonté et elle se sentira appelée par chaque acte de la créature, de tous les points et par chaque chose créée, parce que toi et moi avons lancé l’appel, au prix même du sacrifice de la vie, en chaque chose et en chaque acte, afin que la Divine Volonté puisse venir et régner. Ce sera une puissance devant le trône de Dieu, une force magnétique, une attirance irrésistible, que tous ces actes s’écriant ensemble qu’ils veulent que la Divine Volonté vienne régner parmi les créatures. Mais qui est-ce qui s’écrie ainsi ? C’est moi et la petite fille de mon Vouloir. Alors, ravie, ma Volonté descendra pour régner.

            Ainsi, les tournées répétées dans la Création, dans mes actes mêmes, dans ceux de la céleste Maman, font servir ces actes divins à un règne si saint, et à copier les actes des créatures afin d’y mettre ce qui peut y manquer ; mais tous doivent appeler d’une seule voix, directement ou indirectement à travers celle qui veut faire le sacrifice de se faire la suppliante et la réparatrice afin d’obtenir que ma Volonté vienne régner parmi les générations. C’est pourquoi ce que je te fais faire et ce que je fais avec toi sont des actes, des préparations, des formations, des substances et des capitaux nécessaires. Lorsque nous aurons fait tout ce qu’il faut de mon côté et du tien afin que plus rien ne manque, nous pourrons dire : « Nous avons tout fait et il ne reste rien à faire de notre part », comme je l’ai dit dans la Rédemption : « J’ai tout fait pour le rachat de l’homme, mon amour ne sait plus quoi inventer pour le mettre en sûreté », et je suis parti pour le ciel en attendant que l’homme puisse prendre le bien qu’avec le sacrifice de ma vie j’avais formé et donné. Ainsi, lorsqu’il ne restera rien d’autre à faire pour le Royaume de ma Volonté sur la terre, tu pourras toi aussi monter au ciel et attendre dans la Patrie céleste que les créatures prennent les substances, le capital, le Royaume qui sera déjà  formé dans le Fiat suprême. C’est pourquoi je te redis toujours : « Sois attentive. » N’omets rien, faisons notre part lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire ; les circonstances, les événements, les choses, la diversité des personnes feront le reste. Et comme ce Royaume est déjà formé, il sortira de lui-même et fera son règne. Une chose est nécessaire : plus de sacrifice pour le former afin que sa sortie se fasse bientôt. Mais afin de le former, il est nécessaire que quelqu’un offre sa propre vie et le sacrifice d’une volonté sacrifiée par des actes continuels dans ma Volonté.

            Après quoi il garda le silence et reprit ensuite :

            Ma fille, tu dois savoir que chaque acte de la créature a sa place autour de Dieu ; tout comme chaque étoile a sa place sous la voûte des cieux. Ainsi chacun de leurs actes a sa place. Mais quels sont ceux qui quittent la voie royale, comme propriété de la céleste Patrie et occupent la place d’honneur la plus élevée et rendent une gloire divine à leur Créateur ? Ce sont les actes accomplis dans ma Volonté.

            Lorsqu’un de ces actes quitte la terre, les cieux eux-mêmes s’inclinent, tous les Bienheureux vont à sa rencontre pour accompagner cet acte jusqu’à sa place d’honneur autour du Trône suprême. Tous se sentent glorifiés dans cet acte parce que la Volonté éternelle a triomphé dans l’acte de la créature et y a mis son acte divin. Par contre, les actes qui ne sont pas faits dans ma Volonté, et peut-être même les bons, ne partent pas par la voie royale ; ils empruntent des voies tortueuses et font un très long arrêt en passant par le Purgatoire où ils attendent la créature pour être purifiés par le feu ; et lorsqu’ils ont fini de se purifier, ils partent alors vers le ciel pour y prendre leur place, non parmi les hauts rangs, mais dans les rangs secondaires. Vois-tu la grande différence ? Pour les premiers, à peine l’acte est-il formé qu’il ne reste pas avec la créature, car étant une chose du ciel, il ne peut demeurer sur la terre et il prend donc immédiatement son envol vers la Patrie ; de plus, tous les Anges et tous les Saints exigent comme leur appartenant ce qui a été formé par la Divine Volonté, parce que tout ce qui vient de ma Volonté, sur la terre comme au ciel, est propriété de la céleste Patrie. Par conséquent, le plus petit acte de ma Volonté est demandé par le ciel tout entier, car chaque acte est une fontaine de joies et de béatitudes qui leur appartient. C’est tout le contraire pour la créature qui n’œuvre pas dans ma Volonté.

19.  24 février 1932 — Renaissances continuelles de la créature dans la Divine Volonté. Comment la créature devient protectrice des œuvres divines.

         Je suis toujours entre les bras de la Divine Volonté qui mieux qu’une Mère me tient serrée entre ses bras, entourée par sa lumière pour infuser en moi sa vie du ciel. Il me semble qu’elle m’accorde toute son attention afin d’avoir la grande gloire de posséder une fille toute de Divine Volonté, qui n’a pris aucune autre nourriture, ne connaît aucune autre science, aucune loi ni saveur ni plaisir autre que sa Volonté ; et par conséquent, afin de me tenir occupée et étrangère à toute chose, elle me fait un si grand nombre de surprises. Elle me dit tant de belles choses, toutes plus belles les unes que les autres, mais toujours des choses qui font que mon pauvre esprit demeure ravi et plongé dans ses bras de lumière. Et bien que ses actes soient sortis, elle contient encore centralisé en elle-même tout ce qu’elle a fait, si bien que si l’on regarde à l’intérieur de sa Volonté, on y trouve un acte unique, et si l’on regarde à l’extérieur, on trouve des œuvres innombrables et des actes qu’il est impossible de compter. Je sentais dans la Divine Volonté le commencement de mon existence comme si j’allais en ce point sortir à la lumière ; et j’en restais surprise. Et mon bien-aimé Jésus m’a fait sa brève petite visite et m’a dit :

            Ma fille, née et renée dans mon Vouloir, chaque fois que tu t’abandonnes avec pleine connaissance dans ses bras de lumière et que tu y demeures, tu renais en ma Volonté et ces renaissances sont toutes plus belles les unes que les autres. C’est pourquoi je t’ai si souvent appelée la petite nouveau-née de ma Volonté parce qu’en renaissant, tu reviens à nouveau pour être renée, car ma Volonté ne sait pas rester inactive pour celle qui vit avec elle et veut toujours une nouvelle naissance de façon continue dans la créature, l’absorbant continuellement en elle-même, si bien que mon Fiat renaît dans la créature et que la créature renaît dans ma Volonté. Ces renaissances des deux côtés sont une vie qui est échangée et c’est le plus grand témoignage, l’acte le plus parfait, que d’être une nouveau-née et d’échanger sa vie entre soi afin de pouvoir dire à l’autre : « Tu vois à quel point je t’aime puisque je te donne non pas des actes, mais la vie continuelle. » C’est pourquoi, ma fille, ma Divine Volonté place l’heureuse créature qui vit en elle dans le premier acte de la Création et que la créature ressent son commencement en Dieu, la vertu créatrice, vivifiante et préservatrice de son souffle omnipotent, et la créature sent qu’en se retirant, elle retourne à son néant d’où elle est sortie ; et elle ressent par conséquent sa renaissance continue dans les bras de son Créateur. Et comme la créature se sent à son commencement, elle restaure à Dieu le premier acte de vie qu’elle a reçu de lui, et cet acte est le plus saint, le plus solennel et le plus bel acte de Dieu lui-même.

            Après quoi j’ai poursuivi ma ronde dans les actes de la Divine Volonté et, oh ! combien je voudrais tout embrasser, ainsi que ceux que tous les Bienheureux ont faits, afin de rendre pour chaque acte honneur et gloire à Dieu et aux Saints, et de les honorer au moyen des actes qu’ils ont accomplis. Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, lorsque la créature se rappelle, honore et glorifie ce que son Créateur et son Rédempteur a fait pour elle afin de la mettre en sûreté, et aussi ce que les Saints ont fait, elle devient la protectrice de tous ces actes. Le ciel, le soleil et toute la Création se sentent protégés par la créature. Ma vie terrestre, mes souffrances et mes larmes se sentent abrités en elle et trouvent leur protectrice ; non seulement les Saints trouvent une protection dans sa mémoire, mais ils voient leurs actes vivifiés, renouvelés parmi les créatures ; brefs, ils sentent que la vie est rendue à leurs actes.

            Oh ! combien de belles œuvres et de vertus demeurent enfouies dans ce bas monde parce qu’il n’y a personne pour s’en souvenir et les honorer. La mémoire rappelle les œuvres du passé et les rend présentes. Mais sais-tu ce qui se passe ? Il se produit un échange : la créature devient protectrice par sa mémoire ; toutes nos œuvres, la Création, la Rédemption et tout ce que les Saints ont fait, tous se font eux-mêmes protecteurs de leur protectrice. Ils s’assemblent autour d’elle pour la protéger, la défendre, monter la garde en sentinelles, et tout en s’abritant en elle pour être protégées, chacune de nos œuvres, toutes les souffrances, toutes les œuvres et toutes les vertus de mes Saints rivalisent pour être sa garde d’honneur de façon à ce qu’elle soit défendue par tout et par tous. Et il n’est pas de plus grand honneur que tu puisses rendre lorsque tu demandes avec chaque acte le Royaume de la Divine Volonté. Tous se sentent appelés et à agir comme messagers entre le ciel et la terre pour un Royaume si saint. Tu dois savoir que tout dans le passé, le présent et l’avenir, tout doit servir pour le Royaume du divin Fiat. Lorsque ta mémoire demande ce Royaume au moyen de nos œuvres, des vertus et des actes de chacun, tous se sentent mis au service de ma Volonté et prennent leur fonction et leur place d’honneur. Si bien que tes tournées sont nécessaires parce qu’elles servent à préparer le Royaume de la Divine Volonté. Par conséquent, sois attentive et continue.

20.  6 mars 1932 — Comment celle qui vit dans la Divine Volonté ressent le besoin de faire sa tournée dans les œuvres divines, et comment toutes les œuvres divines tournent autour de la créature. Le but, la semence de lumière.

       J’ai continué ma ronde dans les œuvres divines. Je sens mon pauvre esprit fixé autour des œuvres de mon Créateur et sa course est presque continuelle parce que ces œuvres étant faites par amour pour moi, je ressens le devoir de les reconnaître, de m’en servir comme d’un escalier pour monter vers celui qui m’a tant aimée, qui m’aime, et pour lui donner mon petit amour parce qu’il veut être aimé. Mais en faisant cela, je me disais : « Et pourquoi mon esprit devrait-il toujours courir ? » Il me semble ressentir sur moi une force puissante qui maintient ma course, et mon doux Jésus m’a fait sa petite visite et m’a dit :

            Ma fille, tout tourne autour de la créature ; le ciel tourne, et il ne sort pas de sa voûte azurée. Le soleil tourne, et avec ses petits tours de lumière, il lui donne lumière et chaleur. L’eau, le feu, l’air, le vent et tous les éléments tournent autour de la créature en lui donnant les propriétés qu’ils contiennent. Ma vie elle-même et toutes mes œuvres sont dans une ronde continuelle autour des créatures afin d’être dans l’acte continuel de me donner à elles. En fait, tu dois savoir que dès que le bébé est conçu, ma conception tourne autour de la conception du bébé pour le former et le défendre. Et lorsqu’il naît, ma naissance tourne autour du nouveau-né pour lui donner les secours de ma naissance, de mes larmes, de mes gémissements ; et mon souffle même tourne autour de lui pour le réchauffer. Le nouveau-né ne m’aime pas, sinon inconsciemment, et je l’aime déjà follement. J’aime son innocence, mon image en lui. J’aime ce qu’il devrait être. Mes pas tournent autour de ses premiers pas pour les affermir et ils continuent à tourner jusqu’aux derniers pas de sa vie afin de les garder dans la tournée de mes pas. Bref, mes œuvres tournent autour de ses œuvres, mes paroles autour des siennes, mes souffrances autour de ses souffrances et lorsqu’il est sur le point de rendre son dernier souffle de vie, mon agonie tourne autour de lui pour le soutenir, et ma mort avec sa puissance inexpugnable tourne autour de lui pour donner une aide inattendue, et tout le divin se presse jalousement autour de lui pour faire que sa mort ne soit pas une mort, mais une vie pour le ciel. Et je peux dire que ma Résurrection elle-même tourne autour de son sépulcre en attendant le temps propice pour appeler, avec l’empire de ma Résurrection, la résurrection de son corps à la vie éternelle.

            Toutes les œuvres sorties de ma Volonté ne font que tourner et tourner, car c’est dans ce dessein qu’elles ont été créées. S’arrêter veut dire ne pas avoir la vie et ne pas produire le fruit que nous avons établi, ce qui ne peut pas être parce que l’Être divin ne sait pas faire des œuvres mortes ou qui ne portent pas fruit. C’est pourquoi la créature qui entre dans ma Volonté prend place dans l’ordre de la Création et ressent le besoin de tourner avec toutes les choses créées ; elle ressent la nécessité de faire sa rapide tournée autour de ma conception, de ma naissance, de mon enfance et de tout ce que j’ai fait sur la terre. Et la beauté est que pendant que les créatures tournent autour de toutes nos œuvres, nos œuvres tournent autour d’elles, et toutes rivalisent entre elles pour tourner les unes autour des autres. Mais tout cela est un effet et le fruit de mon divin Vouloir, car étant continuellement en mouvement, la créature qui est en lui ressent l’effet de ce mouvement et par conséquent le besoin de courir avec lui. En vérité je te le dis, si tu ne ressens pas le besoin continuel de tourner autour de nos œuvres, c’est un signe que ta vie n’est pas de façon permanente dans ma Volonté, mais que tu fais quelques sorties, quelques échappées, et par conséquent la course s’arrête, car il manque celle qui donne vie à la course ; et lorsque tu entres à nouveau dans ma Volonté, tu te replaces dans l’ordre et tu poursuis la course parce qu’une fois de plus la Divine Volonté est entrée en toi. Par conséquent, sois attentive, car tu as affaire à une Volonté omnipotente qui toujours court et embrasse toute chose.

            Après quoi je me disais : « À quoi pourra servir ma course et à quoi bon ces tournées dans les actes de la Divine Volonté ? » Et le céleste Jésus ajouta : 

            Ma fille, tu dois savoir que chacun des actes de la créature contient la valeur du dessein qui anime son acte. Le dessein est comme la semence qui placée dans le sol est recouverte de terre, non pour mourir, mais pour naître et former le plant chargé de branches, de fleurs et de fruits appartenant à cette semence. La semence ne le voit pas et le dessein reste caché dans son plant, mais c’est aux fruits qu’on reconnaît la semence, si elle est bonne ou mauvaise. Tel est le dessein, c’est une semence de lumière et on peut dire qu’il reste comme enterré et recouvert dans l’acte de la créature. Et si le dessein est saint, tous les actes qui viennent de ce dessein seront des actes saints parce qu’il y a le dessein initial, la première semence qui anime et donne vie à la succession des actes du dessein premier, et ces actes forment la vie du dessein dans laquelle on voit les fleurs et les fruits de vraie sainteté. Et même alors la créature, avec la pleine connaissance de sa volonté, ne détruit pas le dessein premier et peut être sûre que ses actes sont contenus dans ce dessein premier. Ainsi, ta course dans tous nos actes aura le dessein que tu veux, de former son Royaume, et par conséquent tous tes actes seront centralisés dans mon Fiat et se convertissant en semence de lumière, ils deviendront tous des actes de ma Volonté qui avec éloquence et par des voix mystérieuses et divines demande la venue d’un Royaume si saint au cœur des générations humaines.