📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 29


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  13 février 1931 — La créature qui vit dans le divin Vouloir, vit au centre de sa lumière ; à l’inverse, celle qui ne vit pas dans le divin Vouloir se trouve à la circonférence de sa lumière. Comment Dieu trouve son repos. Comment la Création est muette, et la créature la voix de la Création. L’écho de Dieu dans la créature. En manifestant ses vérités Dieu sort de son repos et poursuit son œuvre.

        Ma vie, mon doux Jésus, oh ! viens à mon aide, ne m’abandonne pas ; avec la puissance de ta très sainte Volonté, investis ma pauvre âme et éloigne de moi tout ce qui me trouble et me torture ! Fais se lever en moi ce nouveau soleil de paix et d’amour ! Sinon, je ne me sens plus assez de force pour continuer à faire le sacrifice d’écrire ; déjà ma main tremble et ma plume ne court plus sur le papier. Mon amour, si tu ne m’aides pas, si tu n’écartes pas de moi ta justice qui me met dans le terrible état où je suis, je me sentirai incapable d’écrire encore même un seul mot. Aussi, aide-moi et je m’efforcerai d’obéir autant que possible à celui qui me commande d’écrire tout ce que tu m’as dit sur ta très sainte Volonté, et comme ce sont des choses passées, je rassemblerai tout ce qui concerne ta Divine Volonté.

            Je me sentais oppressée et inondée d’une intense amertume lorsque mon doux Jésus se fit voir en moi et me prenant dans ses bras pour me soutenir, il me dit :

            Ma fille, courage, pense qu’un divin Vouloir règne en toi, qu’il est une source de bonheur et de joie éternelle. L’amertume et les oppressions forment des nuages autour du soleil de ma Volonté et empêchent ses rayons de briller sur ton être parce que, voulant te rendre heureuse, il sent que le bonheur qu’il voudrait te donner est repoussé par ton amertume ; et bien que tu aies à ta disposition un Soleil divin, à cause de ton amertume, tu ressens cette pluie qui t’oppresse et remplit ton âme à ras bord. Tu devrais savoir que l’âme qui vit dans ma Volonté se trouve au centre de la sphère du Soleil divin et qu’elle peut dire : « Le Soleil est à moi. » Mais celle qui ne vit pas en lui se trouve à la circonférence de la lumière que répand partout le Soleil divin, parce que mon Vouloir, avec son immensité, ne peut ni ne veut se refuser à personne et il est comme le soleil qui est contraint de dispenser à tous sa lumière, bien que tous ne veuillent pas la recevoir. Et pourquoi ? Parce que ma Volonté est lumière et que la nature de la lumière est de se donner à tous, à ceux qui ne la veulent pas comme à ceux qui la veulent. Mais quelle est la grande différence entre l’âme qui vit au centre de mon Soleil divin et celle qui est à sa circonférence ? C’est que la première possède les biens de la lumière, et ils sont infinis. La lumière la défend contre tous les maux afin que le péché n’ait pas de vie dans cette lumière ; et si des amertumes se lèvent, ce sont comme des nuages qui ne peuvent pas avoir une vie éternelle ; une petite brise de ma Volonté suffit pour disperser les nuages les plus lourds et l’âme se retrouve plongée au centre de son Soleil qu’elle possède. D’autant plus que les amertumes de celles qui vivent dans mon Vouloir sont toujours pour ma cause, et je peux dire que je ressens l’amertume avec toi et que si je te vois pleurer, je pleure avec toi parce que ma Volonté me rend inséparable de celle qui vit en elle, et je ressens ses souffrances plus que si elles étaient miennes. De fait, ma Volonté qui réside dans cette âme appelle mon Humanité en celle qui souffre pour lui faire répéter sa vie sur la terre ; et, oh ! quels divins prodiges se produisent : de nouveaux courants sont ouverts entre la terre et le ciel à cause de cette nouvelle vie de souffrances que Jésus peut vivre dans sa créature ! Et si mon Cœur est humain, il est aussi divin et possède la plus douce tendresse, et les attraits et les tendresses de mon Cœur sont si puissants en voyant souffrir une créature qui l’aime, que mon très tendre amour liquéfie mon Cœur qui se déverse sur les souffrances et sur le cœur de ma créature bien-aimée. Par conséquent, je suis avec toi dans la souffrance et à double titre : comme acteurs des souffrances et comme spectateur, afin de jouir des fruits de ma souffrance que je veux développer en elle.

            Ainsi, pour celle qui vit dans ma Volonté, il y a des Soleils au centre de sa vie et nous sommes inséparables ; je la sens palpiter en moi et elle sent ma vie palpiter dans l’intimité de son âme. Quant à celle qui vit à la circonférence de la lumière, s’il est vrai que le Soleil de ma Divine Volonté se répand partout, elle n’est cependant pas propriétaire de la lumière, car la vraie possession n’existe que si un bien réside en soi et que personne ne peut vous l’enlever, ni dans cette vie ni dans l’autre ; par contre, le bien qui se trouve au-dehors est sujet au danger et ne peut pas procurer la sécurité, et l’âme souffre de faiblesse, d’inconstance et de passions qui la tourmentent au point de se sentir distante de son Créateur. C’est pourquoi je te veux toujours dans ma Volonté pour me laisser continuer ma vie sur la terre.

            Je continuais alors mes petits actes d’adoration, d’amour, de louange et de bénédiction dans le divin Fiat à mon Créateur et le divin Vouloir les répandait alors partout, car il n’est pas d’endroit où il ne se trouve, et mon toujours aimable Jésus ajouta : 

            Chère fille de ma Volonté, tu dois savoir que ma Volonté ne fait rien à moitié ; elle fait tout si parfaitement qu’elle peut dire : « Là où est ma Volonté est aussi mon acte. » Et notre Divinité voyant dans notre Divine Volonté l’adoration et l’amour de sa créature, trouve partout son repos dans son immensité. Si bien que la créature dans notre Volonté devient pour nous une pause, et rien ne nous est plus délicieux que ce repos, symbole de celui que nous avons pris après avoir créé toute la Création.

            Toutes les choses de la terre et du ciel sont remplies de notre Divine Volonté ; elles sont comme des voiles qui la cachent, mais des voiles muets, et si dans leur mutisme elles parlent éloquemment de leur Créateur, c’est en fait ma Volonté cachée dans les choses créées qui parle par ces signes : dans le soleil par la chaleur et la lumière, dans le vent qui domine, dans l’air qui forme le souffle des créatures. Oh ! si le soleil, le vent, l’air et toutes les choses créées pouvaient avoir le bien de la parole, combien de choses ils pourraient dire à leur Créateur !

            Mais quelle est l’œuvre de l’Être suprême capable de parler ? C’est la créature. Nous l’avons tant aimée en la créant que nous lui avons donné le grand bien de la parole. Notre Volonté voulait se faire parole dans la créature, quitter le mutisme des choses créées en formant en elle l’organe de la parole afin de pouvoir converser avec elle. C’est pourquoi la voix des créatures est un voile qui parle avec lequel ma Volonté converse éloquemment et sagement ; et comme la créature ne dit ni ne fait toujours la même chose – telles ces choses créées qui ne changent jamais d’action et sont toujours à leur poste pour faire la même action que Dieu attend d’elles –  ma Volonté se trouve dans l’attitude continuelle de multiplicité des manières d’agir de la créature. On peut dire que Dieu parle non seulement dans la voix, mais aussi dans les œuvres, les pas, l’esprit et le cœur des créatures. Mais quelle n’est pas notre tristesse en voyant que cette création qui parle se sert du grand bien de la parole pour nous offenser, qu’elle utilise ce don pour faire offense au donateur et empêcher le grand prodige de grâces, d’amour, de divines connaissances et de sainteté que je peux accomplir dans l’œuvre parlante de la créature ! Mais pour celle qui vit dans ma Volonté, ce sont des voix qui parlent et, oh ! combien de choses je lui manifeste ! Je suis continuellement en action, j’ai toute liberté de faire et de dire des choses surprenantes et j’accomplis le prodige de ma Volonté qui parle, aime et agit dans la créature. Par conséquent, donne-moi pleine liberté et tu verras ce que mon Vouloir est capable de faire en toi.

            Je pensais à tout ce que mon doux Jésus m’avait dit, et mon Seigneur bien-aimé répéta : 

            Ma fille, la substance de notre Être divin est une immensité de lumière très pure qui produit une immensité d’amour. Cette lumière possède tous les biens, toutes les joies, un bonheur interminable et d’indescriptibles beautés. Cette lumière investit toute chose, voit toute chose, comprend toute chose, car il n’existe pour elle ni passé ni futur, mais un acte unique, toujours en action, qui produit une multiplicité d’effets propres à remplir les cieux et la terre. L’immensité d’amour que produit notre lumière nous fait aimer notre Être et tout ce qui sort de nous d’un amour capable de faire de nous des amants parfaits, de sorte que nous ne sommes capables de rien sinon aimer, donner et demander de l’amour. L’écho de notre lumière et de notre amour se répercute dans l’âme de la créature qui vit dans notre Volonté pour la transformer en lumière et en amour. Et combien nous sommes heureux de former nos modèles de nos mains créatrices ! Par conséquent, sois attentive et veille à ce que ta vie ne soit formée que de lumière et d’amour si tu veux rendre heureux ton Jésus.

            Je faisais tout ce que je pouvais pour m’abandonner dans la Divine Volonté et je pensais à toutes les vérités que mon bien-aimé Jésus m’avait manifestées concernant son saint Vouloir. Chaque vérité embrassait l’infini et contenait assez de lumière pour remplir le ciel et la terre, et je sentais la force de la lumière et le poids de l’infini qui en m’envahissant d’un amour indescriptible, m’invitaient à les aimer et les faire miens en les mettant en pratique. Mais alors que mon esprit se perdait dans une aussi grande lumière, mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, notre travail sur la créature a commencé avec la Création et il continue dans le monde, lequel contient notre force créatrice qui parle et forme les plus belles et les plus merveilleuses des œuvres. Dans l’œuvre des six Fiat qui ont formé la grande machine de l’univers, j’ai inclus l’homme qui devait y vivre et être le roi de toutes nos œuvres. Or après avoir tout réordonné, notre amour nous a invités au repos, mais le repos ne veut pas dire que le travail est terminé ; c’est une pause avant de reprendre le travail.

            Veux-tu savoir quand nous reprenons le travail ? Chaque fois que nous manifestons une vérité, nous reprenons l’œuvre de la Création. Tout ce qui a été dit dans l’Ancien Testament était des reprises du travail. Ma venue sur terre n’était rien d’autre qu’une reprise du travail pour l’amour des créatures ; ma doctrine, les nombreuses vérités énoncées par ma bouche, démontraient clairement mon intense labeur pour les créatures. Comme dans la Création, notre Être divin s’est reposé, et avec ma mort et ma résurrection, je voulais aussi prendre un repos afin de donner le temps à mon travail de porter fruit parmi les créatures, mais c’était toujours une pause et non la fin du travail. Jusqu’à la fin des siècles, notre œuvre sera une alternance de travail et de repos, de repos et de travail. Tu vois ainsi, ma chère fille, le long travail que j’ai dû faire avec toi pour te manifester toutes ces vérités sur ma Divine Volonté ; et comme notre Être suprême cherche par-dessous tout à se faire connaître, je n’ai rien épargné dans un si long travail, bien que j’aie souvent pris des petits moments de repos pour te donner le temps de recevoir mon travail et de te préparer à d’autres surprises sur l’œuvre de ma parole créatrice.

            Par conséquent, sois attentive à conserver et à ne rien perdre du travail de ma parole dont la valeur est infinie et suffisante pour sauver et sanctifier un monde tout entier.

2.  15 février 1931 — Comment la vie divine a besoin de nourriture pour croître dans la créature. La créature, avec son amour, forme elle-même en Dieu sa vie divine. Comment l’amour divin contient la semence pour générer la vie continue.

           Mon abandon dans le divin Fiat continue, bien que je vive dans le cauchemar d’une intense amertume, de pleurs continuels et dans une atmosphère d’agitation malsaine qui me privent de ma paix et de ma sérénité habituelles. J’y suis résignée, j’embrasse la main qui me frappe, mais je ressens le feu qui me brûle et les nombreuses tempêtes qu’il déclenche dans ma pauvre existence. Mon Jésus, aide-moi, ne m’abandonne pas ! Et si Jésus déchire souvent les voiles d’épais nuages qui m’entourent en me disant quelques paroles d’encouragement, je dois rester dans cet état. C’est alors que mon doux Jésus m’a surprise en me disant :

            Ma chère fille, courage. Ne crains pas que je puisse jamais t’abandonner. Je sens ma vie en toi et si je t’abandonnais cette vie serait sans nourriture pour la faire grandir, sans lumière pour la rendre heureuse et elle n’aurait plus le cortège de ma vie divine que j’ai moi-même formée en toi. Car tu devrais savoir que si ma vie n’a en moi-même besoin de rien pour grandir et qu’elle ne peut diminuer, la vie que je forme dans la créature doit pour grandir recevoir de la nourriture divine afin que peu à peu la vie divine puisse remplir la créature tout entière. Je ne peux par conséquent pas te quitter et s’il peut te sembler que je suis parti et que tout est fini entre nous, je reviens soudainement vers ma petite fille pour lui donner la nourriture de ma Volonté. Tu dois savoir que ma Volonté est lumière et que celle qui vit en elle acquiert ses propriétés ; ainsi, lorsqu’elle travaille, ses œuvres s’emplissent de lumière au point de déborder et elles apparaissent avec les propriétés de la lumière de son Créateur ; si ce sont les propriétés de l’amour divin, elles emplissent l’amour de la créature ; si la créature adore, les propriétés de l’adoration divine remplissent l’adoration de la créature. Bref, il n’y a pas d’acte de la créature qui ne soit rempli par les propriétés divines. Dans ma Volonté, la volonté humaine disparaît et les propriétés divines restent à sa disposition. Oh, si tous pouvaient savoir ce que signifie vivre dans mon divin Vouloir, et le grand bien qu’ils en retirent de la façon la plus simple qui soit !

            Je continuai alors mon abandon dans le divin Fiat sans pouvoir dire autre chose que mon « Je t’aime » dans les actes divins, mais je me disais : « Jésus, mon amour, mon ‘Je t’aime’ s’écoule dans ton souffle, sur ta langue, dans ta voix et dans les plus petites particules de ton adorable Personne. » Mais en faisant cela, le bien-aimé de ma vie s’est fait voir en train de placer mon « Je t’aime » dans son Cœur, à l’extérieur et à l’intérieur de sa divine Personne, et il y prenait tant de plaisir qu’il m’incitait à répéter tous les « Je t’aime » que je pouvais afin de les voir dans tout son Être ; puis me serrant contre lui, il me dit :

            Ma fille, l’amour est vie, et quand cet amour sort de l’âme qui vit dans ma Volonté, elle possède la vertu de former en Dieu lui-même la vie de l’amour, et comme la substance de la vie divine est amour, la créature forme en Dieu une autre vie divine que nous sentons formée en nous par la créature. Cette vie que la créature a formée avec son amour uni à notre Volonté, parce que c’est elle qui permet à la créature de former la vie divine toute d’amour en Dieu, est le triomphe de Dieu et de la créature ; et nous prenons ce triomphe de vie divine formée par la créature pour donner ce bien à toutes les créatures comme un don précieux que leur fait la petite fille de notre Vouloir, et nous attendons avec impatience qu’elle vienne avec son amour former d’autres vies divines dans notre Être suprême. 

            Ma fille, notre amour n’est pas stérile et contient la semence capable de générer la vie continue. Et lorsque tu disais tes « Je vous aime  » dans le battement de mon Cœur, dans mon souffle, je générais un autre battement, un autre souffle, et ainsi de suite, de sorte que je sentais en moi la génération de ton « Je vous aime » qui formait la vie nouvelle de mon amour. Oh ! comme j’étais heureux de penser que ma fille formait ma propre vie en moi, toute d’amour !  Si tu savais combien est émouvant cet acte de la créature qui donne Dieu à Dieu avec son amour ! Combien il nous ravit ! Et dans notre ravissement nous donnons un autre amour afin d’avoir la satisfaction de devoir répéter nos nouvelles vies d’amour. Par conséquent, aime, aime beaucoup et tu rendras plus heureux ton doux Jésus.

3.  17 février 1931 — Conditions imposées, larmes amères. Jésus la console avec l’assurance de lui accorder la grâce de ne pas la laisser tomber dans les souffrances. Comment seule la souffrance volontaire constitue la vraie victime.

          Je vis des jours très amers et ma pauvre existence est un cauchemar. Mon Jésus, aide-moi ! Ne m’abandonne pas ! Tu as toujours été si bon pour moi et tu m’as soutenue avec tant d’amour dans les combats de ma vie, ah ! ne m’abandonne pas alors que les attaques sont maintenant plus furieuses ! Mon amour, montre ta puissance ! Tu vois, Jésus, que ce ne sont pas des démons que je pourrais mettre en fuite par un signe de croix, mais des supérieurs que toi seul peux mettre à ce poste. Je suis la pauvre condamnée et je ne sais pas moi-même ce que j’ai fait. Oh ! que mon histoire est triste. Ils ont dit qu’ils voulaient me mettre sous la direction d’un autre prêtre délégué par l’évêque et qui va faire venir des médecins pour avoir toutes les preuves qu’il voudra, et je serai abandonnée par les autres et placée sous son autorité. J’ai éclaté en sanglots en apprenant cela, sans pouvoir m’arrêter, et mes yeux sont comme des fontaines. Je passe la nuit à pleurer et à prier Jésus de me donner des forces et de mettre fin à cette tempête. « Tu vois mon amour, lui dis-je, il y a plus de deux mois que je suis en lutte continuelle : des luttes avec des créatures, des luttes avec toi pour que tu ne me fasses pas tomber dans les souffrances. » Et combien il m’en coûte de me battre avec mon Jésus !  Mais non parce que je ne voulais pas souffrir, mais parce que je ne peux plus supporter la situation et j’arrêterai de pleurer lorsqu’il acceptera de me libérer des problèmes avec ce prêtre, parce que c’est toujours la guerre. Et je pleurais si amèrement que je sentais mon sang couler comme un poison dans mes veines, si bien que j’avais souvent l’impression d’être morte et de ne plus respirer, mais je continuais à pleurer et à sangloter. J’étais dans cette mer de larmes lorsque mon Jésus me serra dans ses bras et me dit tendrement, comme s’il allait pleurer lui aussi :

            Ma chère fille, ne pleure plus, je ne peux plus le supporter. Tes larmes ont atteint les profondeurs de mon Cœur et ton amertume est si vive qu’il est près d’éclater. Courage, ma fille, sache que je t’aime énormément et que cet amour me fait violence pour te satisfaire. Si, jusqu’à présent, je t’ai quelquefois suspendue de l’état de souffrance, c’était pour faire comprendre que c’est ma Volonté qui continue à te maintenir comme je l’ai fait durant quarante-six ans ; mais à présent qu’ils veulent te mettre au pied du mur, ils me placent dans la condition où je dois faire usage de ma Volonté permissive pour te suspendre de l’état de victime. Par conséquent, n’aie pas peur, car maintenant je ne te communiquerai plus mes souffrances, je ne m’étendrai plus en toi de telle sorte que tu demeurais raide et immobile. Tu n’auras donc plus besoin de quelqu’un. Reste calme, ma fille, ils ne veulent plus que tu tombes dans les souffrances et je ne le ferai plus.

            Tu dois savoir que l’état de souffrances dans lequel je te mettais, c’était mon Humanité qui voulait continuer en toi sa vie de souffrances. Ma Volonté demeure maintenant en toi la chose la plus importante et tu dois me donner ta parole que tu vivras toujours en elle, que tu seras la sacrifiée, la victime de ma Volonté. Assure-moi, ma chère fille, que tu n’omettras rien de ce que je t’ai appris à faire, et continue ce que tu as fait dans mon Fiat jusqu’à maintenant. La chose la plus importante pour ton Jésus est de mettre en sûreté les droits de ma Volonté dans ton âme. Par conséquent, dis-moi que tu me donneras satisfaction.

            Et moi : « Mon Jésus, je le promets, je le jure, je veux continuer à faire ce que tu m’as enseigné, mais tu ne dois pas me quitter, car je peux tout faire avec toi, mais sans toi je ne suis bonne à rien. ». Et Jésus reprit :

            Ne crains rien, je ne te quitterai pas. Sache que je t’aime et que c’est eux qui m’ont amené à arrêter de te faire tomber dans cet état de souffrances. C’est mon amour pour toi, en te voyant pleurer si fort, qui a conquis ma Volonté pour lui faire dire, c’est assez. Mais sache que les calamités vont pleuvoir à présent. Ils les méritent. S’ils n’acceptent pas les victimes que je veux et comme je les veux, ils méritent avec justice d’être sévèrement punis. Et ne crois pas que je ferai cela le même jour ; laisse passer un peu de temps et tu verras ce que ma justice a préparé.

            J’ai passé la première journée sans me disputer avec Jésus qui m’avait assurée qu’il ne me ferait pas tomber dans les souffrances, et ainsi je n’avais plus à demander de pouvoir accepter les souffrances que Jésus voulait me donner. Mais si la lutte était terminée, il me restait la peur que mon bien-aimé Jésus pourrait me prendre par surprise et, afin de me calmer, il me dit :

            Ma chère fille, n’aie pas peur, Jésus te l’a assez dit. Je ne suis pas une créature pour manquer à ma parole ; je suis Dieu et lorsque j’ai parlé, je ne change pas. Je t’ai dit que même s’ils ne se calment pas, je ne te ferai pas tomber dans les souffrances, et il en sera ainsi. Et même si le monde est bouleversé à cause de ma justice qui veut punir les créatures, je tiendrai parole. Parce que tu dois savoir que rien ne peut apaiser ma justice et changer les plus grands châtiments en rescrits de grâce, sinon la souffrance volontaire. Et les vraies victimes ne sont pas celles qui souffrent par nécessité, par maladie ou par accident, car le monde est rempli de ces souffrances. Les vraies victimes sont celles qui ont volontairement accepté de souffrir ce que je veux qu’elles souffrent, et comme je le veux ; ce sont elles les victimes qui me ressemblent. Ma souffrance a été entièrement volontaire et ils n’auraient pas pu me causer la plus petite souffrance si je ne l’avais pas voulue. C’est pourquoi je t’ai presque toujours demandé, lorsque je devais te faire tomber dans la souffrance, si tu l’acceptais volontairement ; une souffrance forcée ou endurée par nécessité n’est pas grand-chose devant Dieu. Ce qui parvient à ravir et à lier Dieu lui-même, c’est la souffrance volontaire. Si tu savais à quel point tu as blessé mon Cœur en te remettant entre mes mains comme un petit agneau pour que je puisse te lier et faire de toi ce que je voulais ! Je t’ai enlevé le mouvement, je t’ai pétrifiée, je peux dire que je t’ai fait ressentir des souffrances mortelles et tu m’as laissé faire ; et ce n’était rien encore, car le pire était que tu ne pouvais pas sortir de l’état dans lequel ton sacrificateur t’avait placée si un de mes ministres ne venait te rappeler à l’obéissance. C’est cela qui te constituait une vraie victime ; pas même à un malade ni à des prisonniers, on n’enlève la possibilité de demander de l’aide en cas de besoin extrême ; c’est à toi seule que mon amour avait préparé la plus grande croix, car je voulais et je veux encore faire de grandes choses avec toi. Plus grands sont mes desseins, plus inhabituelle est la croix que je forme, et je peux dire qu’il n’y a jamais eu au monde une croix semblable à celle qu’avec tant d’amour ton Jésus a préparée pour toi.

            Par conséquent ma tristesse est indescriptible de me voir contrarié par des créatures, quelle que soit leur position d’autorité, concernant la façon dont je veux agir avec les âmes ; ils veulent me dicter des lois comme si les leurs avaient plus d’importance que les miennes. Ma douleur est donc grande et ma justice veut punir ces gens qui sont pour moi la cause d’une si grande souffrance.

4.  2 mars 1931 — Comment offrir le sacrifice des saints redouble leur gloire. La Divine Volonté contient la vertu renaissante. Celle qui vit dans la Divine Volonté acquiert les droits des biens divins.

           Je suivais mes actes dans la Divine Volonté et je présentais les sacrifices qu’ont offerts les saints de l’Ancien Testament, ceux de ma céleste Maman, tous les sacrifices de mon bien-aimé Jésus, avec tout le reste. Le divin Vouloir les place tous en ordre devant mon esprit et je les offrais comme le plus bel hommage à mon Créateur. Je faisais cela lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, en tout ce que les saints ont pu faire ou souffrir au cours de l’histoire du monde, il n’est aucun sacrifice auquel ma Volonté n’ait participé avec sa force, son aide et son soutien. Lorsque l’âme offre ces sacrifices à Dieu en hommage de gloire en rappelant la mémoire de ce sacrifice et de cette œuvre, ma Divine Volonté les reconnaît et accorde la vertu de redoubler la gloire de ce sacrifice. Un vrai bien ne cesse jamais d’exister, ni au ciel ni sur terre. Il suffit qu’une créature le rappelle et l’offre : la gloire est renouvelée au ciel et les effets de ce bien descendent sur la terre pour le bien des créatures. De fait, n’est-ce pas le bref cours de ma vie sur la terre qui est la vie de mon Église, qui la nourrit et lui sert de Maître ? Je peux dire que ce sont mes souffrances qui la soutiennent et mes doctrines qui l’enseignent, afin que tout le bien que j’ai fait ne meure pas, mais continue à vivre, à grandir et à se donner à ceux qui le veulent. Et lorsque la créature se les remémore, elle se met déjà en rapport avec mes biens, et quand elles les offrent, ils se redoublent pour se donner à elle et je ressens la gloire de ce que j’ai fait par amour pour les créatures. Celle qui œuvre dans ma Divine Volonté acquiert cette vertu de renaissance et mon Fiat se hâte d’y placer la semence de lumière qui possède la vertu de réanimer chaque instant et chaque acte, comme le soleil qui se lève pour chaque plante et chaque fleur, car il ne donne pas la même chose à tous : il produit un effet sur la plante et donne une couleur à la fleur, et à chacune une couleur distincte. C’est la même chose pour les actes accomplis dans ma Divine Volonté : ils s’exposent aux rayons de mon Soleil divin et reçoivent la semence de lumière qui fait se lever une variété de beautés et de couleurs distinctes dans chaque acte de la créature, et un acte en appelle un autre. De sorte que celle qui vit dans ma Volonté avec la semence de lumière réanimée me donne toujours des choses nouvelles et demeure toujours dans l’acte de réanimation de l’amour, de la gloire et de la vie de son Créateur.

            Après quoi j’ai continué mes actes dans la Divine Volonté et je voulais tout embrasser afin de placer toute chose créée dans mon adoration, mon amour, ma gratitude pour celui qui m’avait tant aimée et qui avait créé tant de choses par amour pour moi. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, grand est l’amour de mon Fiat pour celle qui vit et œuvre dans ma Divine Volonté lorsqu’il voit la petitesse de la créature qui va vers toutes les choses créées pour y mettre ses petits actes afin de dire que non seulement elle aime cette Divine Volonté, mais qu’elle veut reconnaître tous ses actes comme autant de gages d’amour. L’amour fait se lever un autre amour et mon Vouloir accorde à l’âme les droits des biens divins ; ainsi chaque acte accompli par la créature est un droit qu’elle acquiert sur les biens de son Créateur. C’est donc de droit qu’elle se sent aimée par l’Être suprême, car elle a placé son amour dans l’Amour éternel et elle a acquis le droit d’être aimée. L’amour de la créature et l’amour divin sont ainsi fusionnés et les parties ressentent chacune le droit de s’aimer l’une l’autre. C’est de plein droit que la créature reçoit la lumière du soleil, respire l’air, boit l’eau, se nourrit des fruits de la terre, et ainsi de suite. Oh ! comme elle est grande la différence de celle qui jouit de droit des biens divins ! Elle peut être appelée fille, alors que les autres ne sont que servantes. Et la créature qui détient ces droits nous donne l’amour d’un enfant, un amour désintéressé, un amour qui dit l’amour vrai. Vis par conséquent toujours dans ma Volonté afin de ressentir en toi tout l’amour de la divine paternité.

5.  6 mars 1931 — Comment Jésus seul a été l’auteur de son état de souffrances, et pourquoi ils l’ont forcé à permettre une pause. Comment Dieu est le repos absolu. En dehors de Dieu, c’est le travail.

          Je continue de vivre dans l’amertume de mon état présent. La pensée que mon bien-aimé Jésus fait pleuvoir des calamités et que les gens sont nus et affamés me torture ; et l’idée que mon bien-aimé est resté seul dans sa souffrance et que je n’y participe plus avec lui est pour moi un tourment. Il me semble que Jésus veille à ne pas me laisser tomber dans les souffrances comme avant, et qu’il cache toutes les souffrances en lui-même pour me laisser libre. Et en me voyant affligée, il me semble que son amour intense lui fait mettre ses souffrances de côté pour se tourner vers mon affliction et me dire :

            Ma fille, ma fille, courage. Ton Jésus t’aime toujours et son amour n’a en rien diminué, et cela parce que ce n’est pas toi qui m’as refusé la souffrance ; non, ma fille n’aurait jamais fait cela et c’est eux qui l’ont forcée. Et moi, pour te donner la paix et te faire voir que c’est bien moi qui t’ai maintenu durant tant d’années dans cet état de souffrances – que ce n’était ni une maladie ni une cause naturelle, mais ma bonté paternelle qui voulait avoir une créature qui pourrait compenser pour mes souffrances sur la terre, et cela pour le bien de tous – et maintenant, ils m’ont obligé à cause de leurs exigences de faire cesser tes souffrances en te faisant faire une pause. Cela montre clairement que c’était ton Jésus qui était l’auteur de ton état. Mais je ne peux pas cacher ma douleur qui est si grande que je peux dire que les créatures ne m’en ont jamais causé de semblable dans toute l’histoire du monde. Mon Cœur est si déchiré par cette douleur que je suis forcé de te cacher la profonde déchirure pour ne pas accroître ton amertume ; et en voyant l’indifférence de certains – et tu sais qui ils sont – qui se comportent comme s’ils ne m’avaient rien fait, cela augmente ma douleur et oblige ma justice à poursuivre cette pluie de calamités. Ma fille, je te l’ai déjà dit, s’il faut que je te suspende un seul mois de ton état de souffrances, ils verront combien de châtiments s’abattront sur la surface de la terre. Et pendant que ma justice suivra son cours, je continuerai à te faire connaître ma Divine Volonté et tu recevras les bienfaits de ses connaissances, car chaque connaissance fait grandir la vie de ma Volonté en toi, et chaque acte accompli dans cette nouvelle connaissance de mon Fiat étend ainsi son Royaume dans ton âme. D’autant plus que les créatures ne peuvent entrer dans ma Divine Volonté pour nous déranger et nous dicter leurs lois ; nous serons donc libres de faire ce que nous voulons avec une entière liberté. Sois donc attentive à continuer de traverser ses interminables mers. 

            Pendant qu’il disait cela, ma petite intelligence se sentait transportée dans un abîme inaccessible de lumière. Cette lumière cachait toutes les joies et toutes les beautés. Elle semblait être de la lumière, mais en regardant à l’intérieur, il n’y avait pas de biens qu’elle ne possédât. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, notre Être divin est une lumière très pure, une lumière qui contient tout, emplit tout, voit tout, accomplit tout ; une lumière dont nul ne peut voir les limites, la hauteur et la profondeur. La créature se perd dans notre lumière, car elle ne voit pas ses rivages ni ses portes pour en sortir. Et si la créature prend de cette lumière, ce ne sont que de petites gouttes qui la remplissent jusqu’à en déborder, mais notre lumière ne diminue en rien parce qu’elle est remplacée immédiatement par la réanimation de notre lumière. De sorte que notre Être divin est toujours au même niveau, en parfait équilibre, et nous pouvons donner autant que nous voulons si nous pouvons trouver les âmes qui veulent prendre de ce qui est à nous sans que nous ne perdions rien ; en vérité, si nous trouvons une âme qui veut prendre, nous nous mettons à l’œuvre, car tu dois savoir qu’il y a en nous le repos absolu, que rien n’est à faire et qu’il n’y a rien à enlever ni à ajouter. Notre bonheur est entier et complet, nos joies toujours nouvelles, et notre Volonté une nous donne un repos parfait avec les béatitudes de notre Être divin qui n’a ni commencement ni fin. De sorte que cet abîme de lumière que tu vois contient un abîme de joie, de puissance, de beauté, d’amour et de tant d’autres choses ; et nous, dans notre félicité, nous reposons en elles parce que l’on peut appeler vrai et absolu un repos où rien ne manque et auquel rien ne doit être ajouté. Au lieu de notre Divinité, c’est notre travail qui va au champ, et ce champ c’est les créatures. Ces mêmes divines qualités qui, en nous, donnent le repos, en dehors de nous sont à l’œuvre. Et nous mettons alors notre Volonté à l’œuvre pour le bien des créatures ; c’est ce divin Fiat que nous mettons à l’œuvre dans la Création, d’où sont sorties toutes choses, qui ne quitte jamais son travail et œuvre sans cesse : il œuvre à la conservation de toute chose, un labeur qui veut être connu, qui veut régner, un labeur qui amène d’autres âmes à la lumière du jour dans le monde où il forme ses admirables desseins pour y développer son œuvre et pouvoir travailler toujours ; il œuvre aussi en rappelant des âmes au sein de l’éternité. Notre Divine Volonté est la travailleuse infatigable qui ne s’épargne aucun effort, même pour celle qui ne la reconnaît pas. Notre amour est à l’œuvre, comme notre miséricorde, notre puissance, et aussi notre justice pour le bien des créatures, sinon notre Être suprême ne serait pas équilibré et parfait, car il y aurait en lui une faiblesse si notre justice devait être mise de côté alors qu’il y a toutes les raisons de la laisser suivre son cours. Tu vois ainsi que ce sont les créatures qui sont notre travail, car sorties de l’enthousiasme de notre amour, notre amour nous amène à œuvrer à les aimer toujours, car si notre œuvre d’amour devait cesser, la Création retomberait dans le néant.

6.  9 mars 1931 — Le premier amour de Dieu pour l’homme s’est exprimé dans la Création ; l’amour complet dans la création de l’homme.

          Mon abandon continue dans le divin Fiat et comme je faisais mes actes en lui afin de pouvoir m’unir à ses actes, toute la Création s’alignait devant mon esprit et me disait dans son langage muet que le divin Vouloir m’avait aimée autant de fois qu’il avait créé de choses et que c’était maintenant à mon tour de l’aimer en chaque chose créée, et de lui rendre autant d’actes d’amour afin que son amour et le mien ne restent pas isolés, mais puissent se tenir compagnie.

            Pendant ce temps, mon doux Jésus avait pénétré si loin dans les profondeurs de mon âme qu’il ne m’était pas donné de le voir, et il me dit :

            Ma fille, notre amour pour la créature était en nous ab aeterno : nous l’avons toujours aimée, mais notre premier amour s’est extériorisé hors de nous dans la Création. Notre Fiat en se prononçant a créé point par point le ciel, le soleil, etc., extériorisant ainsi en chaque chose créée notre amour contenu de toute éternité pour les créatures. Mais tu sais ma fille qu’un amour en appelle un autre. Notre amour extériorisé dans la création de l’univers a expérimenté combien est douce l’expression de l’amour, et c’est seulement en l’extériorisant que l’amour est exprimé et que l’on goûte combien il est doux d’aimer ; c’est pourquoi notre amour ayant commencé à être extériorisé n’a plus connu de paix avant d’avoir créé celui pour lequel il avait commencé à s’extérioriser en semant l’amour dans toutes les choses créées. Ainsi l’amour refluait puissamment en nous dans sa volonté de faire un acte d’amour complet, appelant l’homme du néant afin de lui donner l’être et de créer en lui notre propre vie d’amour. Sans créer en lui la vie d’amour pour être aimés en retour, il n’y aurait pas eu de raison, divine ou humaine, pour extérioriser autant d’amour envers l’homme ; si nous l’aimions tant, il était raisonnable et juste qu’il nous aimât, mais n’ayant rien en propre, il convenait à notre sagesse et à nous-mêmes de créer la vie d’amour afin d’être aimés en retour par la créature. 

            Tu vois, ma fille, l’excès de notre amour : avant de créer l’homme, il ne nous suffisait pas d’avoir extériorisé notre amour dans la Création, mais manifestant notre Être divin, nos qualités, nous avons déployé des mers de puissance et nous l’avons aimé dans notre puissance, nous avons déployé des mers de sainteté, de beauté, d’amour etc., et nous l’avons aimé dans notre sainteté, notre beauté et notre amour ; et ces mers devaient servir à investir l’homme pour qu’il puisse trouver dans toutes nos qualités l’écho de notre puissance d’amour et nous aimer avec cette puissance d’amour, d’un amour saint, d’un amour d’une enchanteresse beauté.

            Et c’est après que ces mers de nos divines qualités furent sorties de nous que nous avons créé l’homme en l’enrichissant de nos qualités autant qu’il pouvait en contenir afin qu’il ait lui aussi un acte capable de faire écho dans notre puissance, dans notre amour, dans notre bonté, et qu’il puisse nous aimer avec nos propres qualités. Nous voulions l’homme non comme un serviteur, mais un enfant, non pas pauvre, mais riche, non à l’extérieur de nos biens, mais dans notre héritage, et pour confirmer tout cela nous lui avons donné comme vie et comme loi notre Volonté. Voilà pourquoi nous aimons tant la créature : parce qu’elle tient de nous, et ne pas aimer ce qui vient de soi-même est étranger à la nature et contraire à la raison.

7.  16 mars 1931 — Le ciel et la Création symbolisent la hiérarchie céleste. Comment est formé un acte de pur amour.

          Je sentais mon pauvre esprit immergé dans l’interminable lumière de la Divine Volonté, et cherchant à suivre ses actes dans la Création, je me disais : « Je voudrais être le ciel pour pouvoir étendre partout et sur tous mon amour, mon adoration et ma gloire envers mon Créateur. Je voudrais être le soleil et avoir assez de lumière pour remplir le ciel et la terre, tout convertir en lumière et lancer dans cette lumière mon cri continuel de ‘Je vous aime, je vous aime’ ».  Mon esprit disait ces bêtises lorsque mon doux Jésus se fit voir et me dit :

            Ma fille, toute la Création symbolise Dieu, l’ordre de la diversité des saints et des âmes ; son harmonie, l’union que possède toute la Création, l’ordre, l’inséparabilité, tout symbolise la hiérarchie céleste avec son Créateur à la tête. Regarde le ciel qui s’étend partout et contient sous sa voûte azurée toutes les choses créées, régnant sur tous de telle sorte que personne ne peut se soustraire à sa vue et à son empire. Oh ! combien il symbolise Dieu qui étend partout son empire auquel personne ne peut échapper. Ce ciel qui contient tout présente cependant une grande variété de choses créées. Certaines sont aussi proches que les étoiles qui, vues d’en bas, paraissent petites bien qu’elles soient très grandes et avec une variété de couleurs et de beautés, et dans leur course étourdissante avec toute la Création elles forment une symphonie et la plus belle des musiques. Leur mouvement produit une musique si belle qu’aucune musique ici-bas ne peut lui être comparée. Ces étoiles semblent vivre du ciel et s’identifier à lui, symbole des âmes qui vivront dans la Divine Volonté : elles si près de Dieu et si identifiées à lui qu’elles recevront toute la variété des qualités divines dont elles vivront pour former le plus bel ornement du ciel pour leur Créateur.

            Ma fille, regarde encore : sous le ciel, mais comme détaché de lui et entre le ciel et la terre, on peut voir le soleil, une étoile créée pour le bien de la terre. Sa lumière va vers le haut et vers le bas comme si elle voulait embrasser et le ciel et la terre, et l’on peut dire que comme sa lumière touche le ciel, il vit du ciel et il est symbole de ces âmes choisies par Dieu pour faire descendre les grâces du ciel et les ramener sur la terre pour rappeler de vivre dans la Divine Volonté ; et la première de ces âmes choisies est ma céleste Maman, unique comme le soleil, qui étend ses ailes de lumière ; sa lumière s’élève vers le haut et descend vers le bas afin de réunir Dieu et l’homme, de le réconcilier avec son Créateur et de le conduire vers lui par sa lumière.

            Les étoiles semblent vivre pour elles-mêmes, unies au ciel divin, mais le soleil vit de Dieu pour se donner à tous et sa mission est de faire du bien à tous. Tel est le Soleil de la Reine souveraine, mais ce Soleil ne sera pas seul, car beaucoup d’autres petits Soleils se lèveront qui tireront leur lumière de ce grand Soleil, et ce seront ces quelques âmes qui auront pour mission de faire connaître ma Divine Volonté.

            Ainsi ce qui est en bas, la terre, la mer, les plantes, les fleurs, les arbres, les montagnes, les forêts en fleur, tout symbolise les saints et tous ceux qui entrent par la porte du salut. Mais vois la grande différence : le ciel, les étoiles, le soleil n’ont pas besoin de la terre ; ce sont eux au contraire qui donnent beaucoup à la terre, ils lui donnent la vie et la soutiennent. Plus encore, toutes les choses créées par nous dans les hauteurs sont toujours à leur poste, ne changent jamais, ne croissent ni ne diminuent parce que leur plénitude est telle qu’elles n’ont besoin de rien. Au contraire, la terre, les plantes, la mer, etc., changent. Elles ont tantôt une belle apparence pour disparaître ensuite complètement ; elles ont besoin de tout, d’eau, de lumière, de chaleur, de semences pour se reproduire. Quelle différence ! Les choses créées dans les hauteurs peuvent donner et n’ont besoin que de Dieu pour se conserver ; par contre, la terre a non seulement besoin de Dieu, mais de tout le reste, et si une main humaine ne venait pas la travailler, elle resterait stérile sans produire grand-chose.  Voilà la différence : l’âme qui vit dans ma Volonté n’a besoin que de Dieu pour vivre, mais celle qui ne l’a pas au départ implore l’aide et le soutien de tous, et si ce soutien lui manque  elle reste comme la terre qui ne sait pas comment produire un grand bien.

            Par conséquent, que ta vie et le commencement de tous tes actes soient uniquement dans ma Volonté si tu veux n’avoir besoin que de ton Jésus. Tu me trouveras toujours prêt, plus désireux de te le donner que toi de le recevoir. Au contraire, l’aide et le soutien des créatures sont donnés chichement et de mauvais gré, si bien que celui qui les reçoit en ressent l’amertume. Mon aide, au contraire, apporte la joie et le bonheur.

            Après quoi je continuai mon « Je vous aime » dans le divin Fiat et je pensais : « Mais mon amour est-il pur ? » Et mon bien-aimé Jésus ajouta : 

            Ma fille, un regard en toi-même te dira si tu me donnes un amour pur : si ton cœur palpite, soupire et ne désire que mon amour, si tes mains ne travaillent que pour mon amour, si tes pieds ne marchent que par amour, si ta volonté ne désire que mon amour, si ton intelligence cherche toujours le moyen de m’aimer, sais-tu alors que fait ton  « Je vous aime » ? Il rassemble tout l’amour que tu as en toi pour n’en faire qu’un seul acte d’amour pur et complet pour ton Jésus. Ta parole ne fait alors qu’extérioriser l’amour que tu as en toi. Mais si en toi tout n’est pas amour et qu’il y manque la fontaine d’amour, cet amour ne peut être ni pur ni complet.

8.  23 mars 1931 — Comment ressentir sa propre volonté est une chose, et la vouloir en est une autre. Le plus beau repos que veut donner la Divine Volonté. Actes triples dans l’acte de la créature.

           Mon abandon dans le divin Vouloir continue, mais les circonstances dans lesquelles je me trouve sont telles et si nombreuses que ma pauvre volonté humaine semble vouloir sortir par toutes parties de mon être pour avoir un acte quelconque de vie et je me sens écrasée et brisée sous le poids énorme de mon vouloir humain. Oh ! comme il vrai de dire qu’il est le plus cruel des tyrans ! Mon Jésus, aide-moi, ne m’abandonne pas, ne me laisse pas sous l’autorité de ma volonté ! Si tu le veux, tu peux la placer sous le doux empire de ta Divine Volonté. Et mon bien-aimé Jésus se faisant voir en moi après m’avoir entendue, me dit :

            Ma fille, courage, ne t’inquiète pas tant. Souffrir sous le poids de sa propre volonté est une souffrance des plus douloureuses et si tu l’avais voulu, ce ne serait plus une souffrance et elle serait changée en satisfaction : sentir sa volonté est une chose, vouloir sa volonté en est une autre. Écarte donc de ton esprit l’idée que tu pèches toujours parce que tu sens ta volonté. Par conséquent, n’aie pas peur, je veille sur toi et lorsque je vois que ta volonté veut avoir sa vie en toi, je te fais souffrir pour la faire mourir de souffrance. Fais confiance à ton Jésus, parce que ce qui te rend plus mal, c’est la méfiance. Ah ! c’est toujours la volonté humaine qui trouble l’âme, même lorsque je la tiens dans mes bras ! Et cette souffrance de ressentir le poids des volontés humaines, combien ton Jésus l’a ressentie, car elle m’a accompagnée toute ma vie. Par conséquent, unis ta volonté à la mienne et offre-les pour le triomphe de ma Volonté dans les âmes.

            Mets tout de côté et viens te reposer dans ma Divine Volonté. Elle t’attend avec tant d’amour au centre de mon Cœur pour t’aimer, et le plus bel amour qu’elle veut te donner est le repos dans tes souffrances. Oh ! comme il est doux de voir notre petite fille se reposer, elle qui nous aime et nous qui l’aimons ! Et pendant que tu reposes, mon Vouloir veut faire pleuvoir sur toi la céleste rosée de sa lumière. Dans l’unité de sa lumière, il fait toujours un acte sans jamais cesser de le faire, et un acte que l’on peut appeler complet, car il n’est sujet à aucune interruption. Cet acte jamais interrompu dit tout, embrasse tout et aime toutes les créatures. De ses hauteurs où cet acte ne dit jamais c’est assez, il projette une infinité d’effets qui lui font tenir dans sa main le ciel et la terre, et il communique la rosée céleste des effets de sa sainteté, de son amour et de sa vie divine aux créatures. Mais c’est pour que la créature les convertisse en actes de sorte qu’elle ressente en elle-même l’acte de vie divine, de la lumière de notre sainteté et de son amour ; et la créature qui vit dans ma Volonté y forme sa vie et sa nourriture, et grandit sous la pluie de rosée céleste de l’acte unique de son Créateur. Et ces effets transformés en actes dans la créature forment son petit Soleil qui dit avec ses petites réflexions : « Amour, gloire et honneur continuels à celui qui m’a créée. » Si bien que le Soleil divin et le Soleil formé par ma Divine Volonté dans la créature se rencontrent continuellement, se blessent l’un l’autre, et le petit Soleil est transformé dans le Soleil immense de l’Éternel, et ils forment ensemble la vie d’un amour réciproque et jamais interrompu. Cet amour continuel enivre et endort le vouloir humain, et il procure le plus beau des repos à la créature.

            Après quoi je suivais mes actes dans la Divine Volonté et je comprenais comment, lorsque nous nous disposons à faire un acte, avant que nous puissions accomplir cet acte, le divin Vouloir y place son acte premier afin de donner la vie de l’acte dans la créature ; et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, chaque acte de la créature est triple : tout d’abord est formé l’acte de force créatrice ; la créature dans l’acte de force créatrice forme l’acte de son amour agissant qui devient nourri par la force créatrice et selon l’intensité de l’amour de la créature, sa prolixité, le bien, la valeur que contient cet acte, il reçoit ainsi plus ou moins de nourriture de la force créatrice, car rien n’est plus délicieux, plus plaisant et plus agréable à Dieu que de nourrir les actes de la créature ; et cela parce qu’en voyant qu’il y a de nous dans l’acte humain, nous nous en sentons propriétaires et, reconnus par eux, nous les sentons comme affiliés, non comme des enfants éloignés, mais proches, unifiés à nous, formant pour nous une couronne d’enfants qui à juste titre veulent ce qui est à nous, et c’est avec joie que de tout notre amour nous nourrissons leurs actes afin que nourris par nous, ils deviennent de nobles enfants dignes de leur Père céleste. Après l’acte de force créatrice et l’acte d’amour agissant de la créature vient l’acte d’amour de satisfaction. Un acte ne pourrait pas être dit complet ni avoir de valeur s’il ne pouvait recevoir honneur et gloire. Par conséquent, après l’amour agissant s’élève l’amour de gratitude en rendant à Dieu ce qui est à Dieu. La créature a reçu de Dieu le premier acte de son travail, elle l’a fait suivre de son amour agissant et, nourri par Dieu, elle le complète par l’amour le plus grand en rendant à Dieu ce qui a reçu de Dieu son commencement. Voilà le point ultime et la plus belle nuance de l’acte de la créature, alors que Dieu lui-même accepte d’accorder sa divine appréciation et se sent honoré et glorifié par le petit don reçu et en vertu duquel il donne à la créature d’autres occasions d’accomplir d’autres actes afin de la garder toujours près de lui et en continuelle correspondance.

9.  30 mars 1931 — Les humiliations, porteuses de gloire. La tendresse du Cœur de Jésus. Un cœur dur est capable de tous les maux. Invitation à prendre les miettes dans les biens divins.

          Je suis à nouveau dans le cauchemar de mes souffrances habituelles. Elles sont revenues après un mois de répit où mon doux Jésus ne m’immobilisait plus. Avant, lorsqu’il faisait cela, je me sentais comme si ma vie allait se terminer dans cet état de raideur et d’immobilité, et je vivais cependant, mais d’une vie étranglée et sans la moindre maîtrise de moi-même, attendant avec patience ce que Jésus seul pouvait me donner, car il devait me rappeler à l’obéissance pour me redonner le mouvement et me faire sortir de l’abîme où je me trouvais. Ainsi je me sentais libre, car malgré mon désir de partager les souffrances avec Jésus, ma nature se sentait triomphante, d’autant plus que je n’avais besoin de personne. C’est pourquoi me retrouvant liée et entravée à nouveau dans l’abîme comme avant, ma pauvre nature éprouve une telle répugnance que si mon doux Jésus ne vient pas à mon aide, ne me renforce pas, ne m’incite pas avec des grâces spéciales, je ne sais pas ce que je pourrais faire pour ne pas retomber dans cet état de souffrances. Ah ! mon Jésus, aide-moi ! Tu m’as soutenue durant tant d’années dans un état de douleur ! Oh ! si tu veux que je continue, ne cesse pas de me soutenir et d’user de miséricorde envers cette pauvre pécheresse afin que je ne m’oppose pas à ta très sainte Volonté ! 

            Je me trouvais ainsi entre les répugnances et les craintes d’être surprise par mes souffrances habituelles lorsque mon adorable Jésus m’a fait voir qu’il souffrait beaucoup et m’a dit :

            Ma fille, qu’est-ce que cela, tu ne veux plus souffrir avec moi ? Tu veux me laisser seul ? Tu veux m’enlever les droits que tu m’as accordés si souvent de pouvoir faire de toi ce que je veux ? Ma fille, ne me cause pas ce chagrin, abandonne-toi entre mes bras et laisse-moi faire ce que je veux.

            Et moi : « Mon amour, pardon, tu sais les combats que je mène et dans quelles profondes humiliations j’ai été jetée ; si les choses étaient restées comme avant, t’avais-je jamais rien refusé ? Pense, par conséquent, mon Jésus à ce que tu fais et dans quel labyrinthe tu me jettes si tu me fais retomber dans mes souffrances habituelles ; et si je te dis Fiat, c’est avec force que je te le dis, mais je me sens mourir. Jésus, Jésus, aide-moi ! »

            Ma chère fille, n’aie pas peur, l’humiliation est porteuse de gloire, le mépris des créatures amène l’appréciation divine et l’abandon à leur mépris rappelle la fidèle compagnie de ton Jésus. Aussi, laisse-moi faire. Si tu savais à quel point la justice est armée, tu ne t’y opposerais pas et tu me prierais plutôt de te faire souffrir pour épargner en partie tes frères ; d’autres régions seront dévastées et la misère est aux portes des cités et des nations. Mon cœur ressent une telle tendresse en voyant l’état de désolation et de bouleversement auquel se réduit la terre, et ma tendresse si sensible pour les créatures devient offensée par la dureté du cœur humain. Oh ! combien m’est intolérable la dureté du cœur humain ! Et d’autant plus que le mien est toute tendresse et bonté envers eux. Un cœur dur est capable de tous les maux et en arrive à se moquer de la souffrance des autres, et il transforme la tendresse de mon cœur pour lui en souffrances et en blessures profondes. La plus belle prérogative de mon cœur est la tendresse ; les fibres, les affections, les désirs, l’amour, les battements de mon Cœur ont tous pour origine la tendresse, si bien que mes fibres sont tendres, mes affections et mes désirs sont des plus tendres, mon amour et mes battements de Cœur sont si tendres que mon Cœur se liquéfie de tendresse, et ce tendre amour me fait tant aimer les créatures que je suis heureux de souffrir moi-même plutôt que de les voir souffrir. Un amour qui n’est pas tendre est comme un aliment sans assaisonnement, comme une beauté vieillie qui ne sait pas comment attirer quelqu’un pour se faire aimer, comme une fleur sans parfum, un fruit aride et sans saveur. Un amour dur et sans tendresse est inacceptable et n’aurait pas la vertu de se faire aimer par qui que ce soit ; aussi mon Cœur souffre-t-il tellement en voyant la dureté des créatures, qu’elles en arrivent à changer mes grâces en calamités.

            Après quoi je me trouvais sous une forme suprême, à laquelle il ne m’était pas donné de résister, dans mon état de souffrance et malgré ma grande répugnance, j’ai cherché à m’abandonner à la Divine Volonté, mon seul refuge. Et Jésus, pour me donner la force, s’est fait voir un peu de temps et m’a dit :

            Ma fille, en créant l’homme, notre Divinité a sorti d’elle-même sainteté, amour, bonté, beauté, etc. pour qu’il nous rende amour pour amour. Or nos biens n’ont pas été pris entièrement par l’homme et ils attendent que quelqu’un les prenne. Par conséquent, viens dans nos biens, viens prendre les miettes de la sainteté, de l’amour, de la bonté, les miettes de beauté et de force d’âme ; je dis les miettes en comparaison de ce que tu vas laisser, car nos biens sont immenses et ceux que la créature est capable de prendre peuvent être appelés des miettes par rapport à ce qu’elle laisse, mais pour elle, ces miettes la remplissent jusqu’à déborder. Notre amour est alors satisfait de voir la créature bien-aimée remplie jusqu’à ras bord. Ces miettes constituent des aliments différents, plus beaux les uns que les autres, si bien que la créature prend de notre céleste table et s’en nourrit abondamment. Et comme elle donne de cette nourriture qu’elle prend en nous donnant ses actes, la créature qui s’est nourrie de ces divines miettes donne de la sainteté, elle est remplie de tant de beauté que nous reconnaissons immédiatement que c’est la nourriture de nos miettes qu’elle nous donne dans ses actes. Oh !, comme nous sommes heureux que la créature nous donne ses actes qui donnent du divin ! Nous sentons nos parfums, nous touchons notre sainteté et notre bonté, et nous nous sentons récompensés pour les miettes que nous lui avons données.

10.  2 avril 1931 — Comment ce que la créature possède de plus précieux est la volonté. Puissance des souffrances volontaires. Le soutien. Comment la petite flamme est enflammée dans l’âme et comment elle est alimentée.

          Mon abandon continue dans le saint Vouloir, mais je sens ma répugnance bien vivante en tombant dans l’état des souffrances habituelles, et ces répugnances sont causées par les luttes que je dois soutenir et les conditions qu’ils m’imposent. Et dans l’amertume de mon âme, j’ai dit à mon Jésus : « Mon amour, tu veux me faire tomber dans les souffrances et même l’offense, mais je ne veux pas opposer ma volonté à la tienne ; tu veux le faire et je le ferai, mais de moi-même, je ne veux rien faire. » Et Jésus tout attristé me dit :

            Ma fille, que pourrais-je faire de tes souffrances sans ta volonté ? Je ne pourrais rien en faire et elles ne pourraient me servir à désarmer la justice divine ni à apaiser mon juste mépris, car ce que la créature possède de plus beau et de plus précieux est la volonté ; c’est de l’or et tout le reste ne représente que des choses superficielles et sans substances, et les souffrances en elles-mêmes n’ont pas de valeur. Par contre, si le fil doré de la volonté spontanée court dans les souffrances, il a la vertu de les changer en or très pur, digne de celui qui a souffert volontairement jusqu’à mourir pour l’amour des créatures.

            Si je voulais de la souffrance sans volonté, elle est si répandue dans le monde que je pourrais en prendre si j’en voulais, mais comme il manque à ces souffrances le fil doré de la volonté, elles ne m’attirent pas, ne blessent pas mon Cœur et je n’y trouve pas non plus l’écho de mes souffrances volontaires ; elles n’ont donc pas la vertu de changer en grâces les calamités. Les souffrances sans volonté sont vides, sans plénitude de grâce, sans beauté, sans pouvoir sur mon Cœur divin ; un quart d’heure de souffrances volontaires surpasse les plus atroces souffrances du monde parce que ces dernières sont d’ordre humain, alors que les souffrances volontaires sont d’ordre divin. C’est pourquoi, de la petite fille de ma Volonté, je n’accepterais jamais ses souffrances sans la spontanéité de sa volonté ; c’est cela qui t’a rendue belle et gracieuse, qui a ouvert le courant des manifestations de ma Divine Volonté, et c’est ce qui avec une force magnétique m’a poussé à visiter si souvent ton âme. Ta volonté sacrifiée volontairement pour mon amour était mon sourire et mon amusement, elle avait la vertu de changer en joies mes tristesses. 

            Je préférerais garder pour moi les souffrances plutôt que de te faire souffrir sans l’assentiment spontané de ta volonté. Oh ! comme cela te dégraderait et te ferait descendre dans les profondeurs de la volonté humaine, perdant alors le noble titre et la précieuse caractéristique de fille de ma Volonté ! L’acte forcé n’existe pas dans ma Volonté. Personne ne l’a forcée à créer le ciel, le soleil, la terre, l’homme lui-même ; elle a tout fait volontairement, sans que personne ne lui dise rien, pour l’amour des créatures ; et ma Volonté savait pourtant qu’elle avait à souffrir pour leur cause. C’est pourquoi je ne veux forcer personne à vivre dans ma Volonté. La force est le fait de la nature humaine, la force est impotence, elle est mutabilité, elle est le vrai caractère de la volonté humaine. Par conséquent, sois attentive, ma chère fille ; nous ne changeons rien, et tu ne veux pas causer ce chagrin à mon Cœur trop amer.

            Et dans mon amertume, je lui dis : « Mon Jésus, et pourtant ceux qui sont au-dessus de moi me disent : ‘Comment cela est-il possible ? Pour quatre ou cinq personnes qui ont voulu faire le mal, il enverrait tant de châtiments ? Notre Seigneur est raisonnable, et c’est parce que les péchés sont nombreux qu’il y a toutes ces calamités ’ ; et il y a beaucoup d’autres choses qu’ils disent et que tu connais. » Et Jésus, toute bonté, ajouta :

            Ma fille, comme ils se trompent ! Ce n’est pas pour le péché de quatre ou cinq qu’avec tant de perfidie ils en sont venus même aux calomnies – ceux-là seront punis individuellement –, mais c’est pour le soutien qu’ils m’ont enlevé. Tes souffrances me servent de soutien, et si ce soutien m’est enlevé, ma justice ne trouve personne pour la soutenir, et restant sans soutien, elle a fait pleuvoir, durant le temps où tu as été libérée de tes souffrances habituelles, une pluie continuelle de terribles calamités. S’il y avait eu ce soutien, même si les calamités devaient arriver, il y en aurait eu le dixième ou le cinquième, d’autant plus que ce soutien était formé de souffrances volontaires voulues par moi et que dans les souffrances volontaires, il entre une force divine telle que je pouvais dire que je me faisais moi-même un soutien dans tes souffrances pour soutenir ma justice. Sans tes souffrances, il me manque la matière pour former le soutien et ma justice reste libre de faire ce qu’elle veut. Cela devrait leur faire comprendre le grand bien que j’ai fait à tous et au monde entier en te gardant durant tant d’années dans un état de souffrances volontaires. Par conséquent, si tu ne veux pas que ma justice continue à ébranler la terre, ne me refuse pas tes souffrances volontaires, et moi je t’aiderai. N’aie pas peur ; laisse-moi faire.

            Après quoi je m’abandonnais tout entière au divin Fiat avec la crainte de pouvoir refuser quelque chose à Jésus et de manquer de faire toujours la Divine Volonté. Cette crainte déchire mon âme et me trouble, et ce n’est qu’en la présence de Jésus que je retrouve la paix ; mais si je le perds de vue, je retombe dans la tempête des craintes, des peurs et des répugnances. Et mon doux Jésus ajouta pour me réconforter : 

            Ma chère fille, courage, relève-toi, ne t’accable pas. Veux-tu savoir comment la lumière de ma Divine Volonté se forme dans ton âme ? Les désirs répétés sont comme autant de souffles, et en soufflant sur ton âme, ils appellent les petites flammes, les petites gouttes de lumière qui s’enflamment en toi, et plus les désirs sont intenses, plus il y a de souffles pour nourrir et intensifier la petite flamme. Si le souffle cesse, la petite flamme risque de s’éteindre. Ainsi, pour former et allumer la petite flamme, il faut avoir ces désirs véritables et incessants, et pour que la lumière grandisse et se développe, il faut l’amour que contient la semence de la lumière. Tu soufflerais en vain avec tes désirs si le matériau inflammable manquait à tes souffles répétés. Mais qui met en sûreté cette petite flamme de façon à la rendre impérissable, sans risque de s’éteindre ? Les actes accomplis dans ma Divine Volonté. Ils prennent le matériau enflammé de la petite flamme de notre lumière éternelle, qui n’est pas sujette à s’éteindre, et ils le maintiennent toujours vivant et toujours grandissant, et la volonté humaine est éclipsée et aveuglée devant cette lumière ; aveugle, elle ne se sent plus le droit d’agir et laisse la pauvre créature en paix. Par conséquent, n’aie pas peur, je vais t’aider à souffler, nous soufflerons ensemble et la petite flamme deviendra plus belle et plus brillante.

11.  4 avril 1931 — Le « Je vous aime » est tonnerre. La Divine Volonté est ciel, notre humanité est terre. Les souffrances du cœur de Jésus. Échange de vie. La Divine Volonté, commencement, milieu et fin.

        Mon abandon continue dans les bras de la très sainte et suprême Volonté, et bien que je sois sous les épais nuages d’une inexprimable amertume qui m’enlève la beauté de la divine lumière que je ressens cachée derrière les nuages, lorsque je dis mon « Je vous aime » et que je fais mes actes dans le Fiat, il forme le tonnerre et faisant jaillir l’éclair il déchire les nuages ; et par ces ouvertures, la brillante lumière entre dans mon âme et m’apporte la lumière de vérité que Jésus veut manifester à sa petite créature. Il me semble que plus je répète mes « Je vous aime », plus les coups de tonnerre et les éclairs déchirent les nuages pour blesser mon Jésus qui m’envoie sa lumière pour annoncer sa visite à sa petite fille remplie d’amertume.

            Je me trouvais dans cet état lorsque mon bien-aimé Jésus est venu, compatissant et affligé : les graves offenses qu’il avait reçues lui avaient brisé les bras et se jetant dans les miens, il me demanda de l’aide au milieu de tant de souffrances. Je ne sais pas comment lui résister et le serrant entre mes bras je sentis qu’il me communiquait ses souffrances, mais à un point tel que je me sentais mourir. J’étais tombée dans l’abîme de mon état de souffrances. Fiat !...

            Cependant, la pensée de pouvoir soulager Jésus avec mes petites souffrances me donna la paix. Jésus m’avait laissée seule dans mes souffrances, mais il est revenu ensuite et m’a dit :

            Ma fille, l’amour véritable ne peut rien faire ni rien souffrir sans que celle qui m’aime y prenne part. Combien est douce dans la souffrance la compagnie des personnes qui nous sont chères ! Leur présence atténue pour moi les souffrances et je les sens qui me redonnent vie ; me redonner vie par la souffrance est le plus grand amour que je puisse trouver dans la créature et je lui redonne ma vie en échange. L’amour est alors si grand qu’ils s’échangent le don de la vie.

            Mais sais-tu ce qui m’a attiré dans tes bras pour te demander de l’aide dans mes souffrances ? C’est le tonnerre continuel de tes « Je vous aime » et les éclairs qui m’ont poussé à venir me jeter dans tes bras pour te demander de m’aider. Tu dois également savoir que ma Divine Volonté est ciel et que ton humanité est terre. En faisant tes actes dans ma Divine Volonté, tu prends le ciel, et plus tu accomplis des actes plus tu prends place dans le ciel de mon Fiat. Et tandis que tu prends le ciel, ma Volonté prend ta terre, et le ciel et la terre sont fusionnés et restent ainsi perdus l’un dans l’autre.

            Après quoi je continuai mon abandon dans le divin Fiat et mon bien-aimé Jésus est revenu avec son Cœur ouvert d’où le sang coulait à flots, et dans ce divin Cœur toutes les souffrances de Jésus souffertes dans toutes les parties de sa divine Personne se trouvaient centralisées, car c’est là qu’était le siège et le commencement de toutes ses souffrances qui, circulant à travers toute sa très sainte Humanité comme autant de ruisseaux qui remontaient vers son très saint Cœur apportant avec eux le tourment que souffrait toute sa divine Personne. Et Jésus ajouta :

            Ma fille, combien je souffre ! Regarde ce Cœur, combien de blessures, combien de douleurs, combien de souffrances il cache. Il est le refuge de toutes les souffrances ; il n’y a pas de peine, de spasme de douleur ni d’offense qui ne remonte dans ce Cœur. Mes souffrances sont si nombreuses que ne pouvant plus en soutenir l’amertume je cherche la créature qui acceptera d’en prendre une petite partie pour me permettre un soupir de soulagement. Et lorsque je la trouve, je la tiens si serrée contre moi que je ne sais plus comment la quitter. Je ne me sens plus seul, j’ai quelqu’un à qui je peux faire comprendre mes souffrances, à qui je peux confier mes secrets et en qui je peux déverser mes flammes d’amour qui me consument. C’est pourquoi je te demande souvent d’accepter une partie de mes souffrances, car elles sont si nombreuses. Et si je ne vais pas vers mes enfants pour demander de l’aide, vers qui devrais-je aller ? Je resterais comme un père sans enfants, qui n’a pas de descendance, ou que des enfants ingrats ont abandonné. Ah, non, non, tu ne m’abandonneras pas, n’est-ce pas, ma fille ?

            Et moi : « Mon Jésus, jamais je ne t’abandonnerai, mais tu me donneras la grâce, tu m’aideras dans les conditions où je suis en ce moment, car tu sais combien elles sont difficiles. Mon Jésus, aide-moi, car moi aussi je te dis avec mon cœur : Oh ! ne m’abandonne pas, ne me laisse pas seule. Oh ! combien j’ai besoin de toi vivant ! Aide-moi ! Aide-moi ! » Et Jésus adoptant un aspect très doux prit ma pauvre âme dans ses mains et, au tréfonds de mon âme, il écrivit : « Je mets ma Volonté dans cette créature, comme commencement, milieu et fin. » Puis il répéta :

            Ma fille, je mets ma Divine Volonté dans ton âme comme commencement de vie d’où descendront tous tes actes comme d’un point unique et qui se diffusant dans tout ton être, en ton âme et en ton corps, te feront ressentir la vie palpitante de mon divin Vouloir en toi, lequel cachera en lui tous tes actes comme en un sanctuaire, conformément à son divin commencement. Ayant ma Divine Volonté comme commencement, tu resteras tout entière ordonnée à ton Créateur et tu reconnaîtras que tout commencement vient de Dieu, et tu nous donneras la gloire et l’échange d’amour de toutes les choses créées sorties de nos mains créatrices. En faisant cela, tu embrasseras l’œuvre de la Création dont nous sommes le commencement, la vie et la conservation.

            Du commencement, tu passeras au milieu. Tu dois savoir que l’homme en se retirant de notre Divine Volonté a refusé de reconnaître le commencement et il s’est désordonné, il est resté fragile, sans soutien, sans force. À chaque pas, il se sentait enclin à tomber comme si le sol pouvait se dérober sous ses pieds et le ciel déclencher sur sa tête une terrible tempête. Il faut maintenant un milieu pour raffermir la terre et faire sourire le ciel ; c’est ma venue sur la terre qui est ce milieu qui réunit le ciel et la terre, Dieu et l’homme. À celle qui contient ma Divine Volonté comme commencement, le milieu lui sera révélé, elle embrassera l’œuvre entière de la Rédemption et elle donnera la gloire et l’échange d’amour de toutes souffrances que j’ai souffertes pour racheter l’homme.

            Or s’il y a un commencement et un milieu, il doit y avoir une fin ; la fin de l’homme est le ciel, et pour celle qui contient ma Divine Volonté comme commencement, tous ses actes s’écoulent dans le ciel comme une fin où cette âme doit arriver, commencement de sa béatitude qui n’aura pas de fin. Et en ayant ma Divine Volonté comme fin, tu me donneras la gloire et l’échange de l’amour dans cet heureux séjour céleste que j’ai préparé pour les créatures.

            Par conséquent, ma fille, sois attentive et je scellerai dans ton âme ma Divine Volonté comme commencement, milieu et fin, ce qui sera pour toi la vie et un guide sûr qui te conduira entre ses bras jusqu’au pays céleste.

12.  16 avril 1931 — Le courage est le fait des âmes résolues. Six anges avec Jésus à leur tête. Comment les actes accomplis dans la Divine Volonté sont des gages d’une valeur infinie, des liens éternels, des chaînes impossible à briser.

           Ma vie continuelle sous l’empire du Fiat éternel m’implique corps et âme et je ressens son poids infini ; comme un atome perdu dans cette infinité, je sens ma volonté humaine broyée et presque morte sous l’empire d’une immense et éternelle Divine Volonté. Mon Jésus, aide-moi et donne-moi la force dans l’état douloureux où je suis ; mon pauvre cœur saigne et cherche un refuge au milieu de tant de souffrances, et toi seul, mon Jésus, peux m’aider. Oh ! aide-moi, ne m’abandonne pas…

            Et alors que ma pauvre âme épanchait sa souffrance, mon doux Jésus s’est fait voir en moi accompagné de six anges, trois à la droite et trois à la gauche de son adorable Personne. Chaque ange tenait entre ses mains une couronne, sertie de brillants joyaux, comme pour l’offrir à notre Seigneur. J’étais dans l’émerveillement et mon doux Jésus me dit :

            Courage, ma fille, le courage est pour les âmes résolues à faire le bien. Elles demeurent imperturbables sous la tempête, même si le tonnerre et les éclairs peuvent les faire trembler, elles restent sous la pluie et s’en servent pour se laver et en sortir plus belles encore ; sans se préoccuper de la tempête, elles sont plus que jamais résolues à ne pas abandonner le bien qui a été entrepris. Le découragement est le fait des âmes irrésolues qui ne parviennent jamais à terminer un bien. Le courage ouvre la voie, le courage fait fuir toutes les tempêtes, le courage est le pain des forts, le courage appartient au guerrier qui sait gagner toutes les batailles. Par conséquent ma fille, courage, n’aie pas peur ; et de quoi aurais-tu peur ? Je t’ai donné six anges pour veiller sur toi ; chacun d’eux a pour tâche de te guider sur la voie interminable de mon éternel Vouloir afin que tu puisses échanger avec moi tes actes, ton amour, et ce que la Divine Volonté a fait en prononçant les six Fiat dans la Création. Chaque ange détient par conséquent un Fiat et ce qui est sorti de ce Fiat, afin de t’appeler à échanger chacun de ces Fiat, même au sacrifice de ta vie. Ces anges rassemblent tes actes et forment avec eux des couronnes, et en se prosternant, ils les offrent à la Divinité en échange de ce que notre Divine Volonté a fait, afin qu’elle puisse être connue et former son Royaume sur la terre. Mais ce n’est pas tout. À la tête de ces anges, il y a moi qui les guide et veille sur toi en toute chose, qui forme en toi les actes eux-mêmes et cet amour voulu par nous afin que tu puisses avoir suffisamment d’amour et pouvoir échanger pour tant de grandes œuvres de notre Vouloir suprême. Aussi n’arrête pas. Tu as beaucoup à faire : tu dois me suivre, moi qui n’arrête jamais ; tu dois suivre les anges, car ils veulent accomplir la tâche qui leur a été confiée, et tu dois accomplir ta mission de fille de notre Divine Volonté.

            Après quoi je me sentais inquiète et pensais : « Les circonstances de ma vie sont des plus douloureuses, d’autant plus que souvent je me sens perdue au milieu d’une tempête qui semble ne jamais vouloir s’arrêter, et même s’intensifier. Et si notre Seigneur ne me donne pas de l’aide et une grâce surabondante, ma faiblesse est si grande que je pourrais vouloir sortir de la Divine Volonté et si cela arrive, pauvre moi, tout sera perdu. » Je pensais à cela lorsque mon adorable Jésus étendit les bras pour me soutenir et me dit :

            Ma fille, tu devrais savoir que les actes accomplis dans ma Divine Volonté sont impérissables et inséparables de Dieu ; ils sont le souvenir continuel que l’âme a eu le bonheur de travailler avec la Divine Volonté, que Dieu a tenu en lui la créature pour accomplir ce travail avec sa Divine Volonté. Ce souvenir heureux, opérationnel et saint, fait que nous gardons toujours le souvenir de Dieu avec l’âme, de sorte que l’un et l’autre deviennent inoubliables, et que si la créature devait avoir le malheur de sortir de la Divine Volonté et d’errer au loin, elle s’éloignera, mais sentira toujours sur elle le regard de son Dieu qui tendrement la rappelle et elle aura son propre regard tourné vers celui qui la regarde continuellement ; et bien qu’elle s’en aille errer au loin, elle ressent ce besoin irrésistible, ces solides chaînes qui la tirent dans les bras de son Créateur. C’est ce qui est arrivé à Adam. Parce que le commencement de sa vie s’est passé dans ma Divine Volonté, bien qu’il ait péché et ait été chassé du Paradis pour aller vivre sa vie, Adam était-il perdu ? Ah ! non, car il sentait au-dessus de lui la puissance de notre Volonté dans laquelle il avait travaillé, il percevait l’œil qui le surveillait et invitait le sien à nous regarder, et il gardait le cher souvenir des premiers actes de sa vie dans notre Volonté.

            Tu ne peux imaginer ce qu’est le travail dans notre Volonté et tout le bien qu’il représente. L’âme acquiert par là des gages d’une valeur infinie pour tous les actes accomplis dans notre Fiat et ces gages demeurent en Dieu, car la créature n’a ni la capacité ni le lieu où les placer, tant est grande la valeur qu’ils contiennent. Et pourrais-tu jamais croire qu’alors que nous gardons ces gages de la créature d’une valeur infinie, nous pourrions permettre qu’elle soit perdue, elle à qui appartiennent ces gages si précieux ? Ah ! non, non !... Aussi, ne crains rien. Les actes accomplis dans notre Volonté sont des liens éternels, des chaînes qu’il est impossible de briser. Et si tu sortais de notre Volonté, ce qui n’arrivera pas, tu partirais, mais tes actes resteraient et ne pourraient sortir, car ils ont été faits dans notre maison. La créature détient des droits sur ce qui est fait dans notre maison, dans notre Volonté ; en sortant de notre Volonté, elle perdra ses droits, mais ces actes auront la puissance de rappeler celle qui les possédait. Par conséquent, ne trouble pas la paix de ton cœur, abandonne-toi en moi et n’aie pas peur.

13.  24 avril 1931 — Comment Dieu dans son travail a besoin des actes des créatures comme un petit point d’appui où déposer ses œuvres qui forment le souffle et le cœur battant de la Création. Les œuvres de Dieu porteuses de vie.

         Je suivais mes actes dans le divin Fiat. Oh ! comme je voudrais que rien ne m’échappe de ce qui a été fait, dans la Création comme dans la Rédemption, afin de pouvoir rivaliser avec mes petits et incessants « Je vous aime, je vous adore, je vous remercie, je vous bénis et je vous prie de faire venir le Royaume de votre Divine Volonté sur la terre ! ». Mais alors que je pensais cela, mon aimable Jésus me dit :

            Ma fille, notre œuvre divine est à ce point surabondante que la créature est incapable de prendre la surabondance des biens que nous mettons dans notre Création. Cependant, nous demandons toujours pour travailler la petite part de travail de la créature et, selon l’importance de ce travail, nous pouvons placer une quantité plus ou moins grande des biens que nous voulons donner dans le travail que nous faisons pour le bien des créatures, parce que ce travail de la créature nous sert de petit espace ou de lieu où déposer nos biens. Si l’endroit où l’espace est petit, nous ne pouvons y mettre que peu de choses ; s’il est grand, nous pouvons y mettre plus, mais si nous voulons y mettre plus encore, la créature sera incapable de le prendre et de comprendre ce qui lui a été donné. Tu vois par conséquent combien est nécessaire le petit travail de la créature pour que notre travail puisse prendre vie parmi les générations humaines. Si bien que lorsque la créature commence ses petits actes, ses prières, ses sacrifices pour obtenir le bien que nous voulons lui donner, elle se met alors en communication avec son Créateur et commence ainsi une sorte de correspondance. Tous ses actes ne sont alors que des petites lettres qu’elle lui envoie et dans lesquelles la créature tantôt prie, tantôt pleure et tantôt offre sa vie pour amener son Créateur à lui accorder le bien qu’il veut lui donner. Cela dispose la créature à recevoir, et Dieu à donner. Sans cela, toute communication serait coupée et il n’y aurait pas dans la créature la connaissance de celui qui veut donner, et nos dons accordés seraient exposés aux ennemis qui ne nous aiment pas et que nous n’aimons pas, ce qui ne peut pas être. Lorsque nous voulons accomplir une œuvre, nous voltigeons toujours au-dessus de la créature que nous aimons et qui nous aime, car c’est l’amour qui est la semence, la substance et la vie de nos œuvres. Sans amour, l’œuvre manque aussi de respiration et d’un cœur qui bat, celle qui reçoit le don ne l’apprécie pas et elle risque de mourir à la naissance.

            Tu vois par conséquent la nécessité de tes actes et du sacrifice de ta vie pour que ma Divine Volonté soit connue et puisse régner. Il n’existe pas d’œuvre plus grande et c’est pourquoi je veux tes actes répétés, tes prières incessantes et le sacrifice continu d’une vie d’enterrée vivante : ce n’est rien d’autre que ce grand espace où je peux déposer un tel bien. Ton petit acte est une lettre que tu nous envoies et où nous lisons : « Ah ! oui, il y a une créature qui veut notre Volonté sur la terre et veut nous donner sa propre vie pour la faire régner ! » Après quoi nous disposons les choses, les grâces et les événements qui rempliront ton petit espace, et nous attendons qu’il s’agrandisse pour y déposer le grand don du Royaume de notre Volonté.

            C’est ce qui s’est passé dans la Rédemption. J’ai attendu longtemps avant de descendre du ciel sur la terre afin de donner suffisamment de temps au peuple élu pour préparer, avec leurs actes, leurs prières et leurs sacrifices, le petit espace où j’ai pu déposer les fruits de la Rédemption, si abondants que les créatures n’ont pas encore tout pris. Et s’ils avaient fait plus, j’aurais donné plus. Mais si j’avais voulu donner plus encore, sans avoir eu d’abord ne serait-ce qu’une virgule ou un point de leurs actes, cela aurait été pour eux comme un livre inintelligible, écrit dans une langue inconnue, un trésor sans clé dont on ignore le contenu, parce que l’acte de la créature est cet œil qui lit et cette clé qui ouvre afin de pouvoir prendre mes dons. Et donner sans faire connaître le bien qui est donné aurait été une souffrance est un acte indigne de notre sagesse. Par conséquent, sois attentive à suivre ma Divine Volonté. Plus tu la suivras et plus tu la reconnaîtras, et plus elle t’accordera des biens en surabondance.

            Ma fille, le souffle, le cœur, la circulation et le sang de la Création, c’est notre amour, notre adoration et notre gloire. Nous y mettons ce que nous sommes en nous-mêmes. Notre nature est amour pur, et notre sainteté est telle que ce que cet amour produit n’est qu’adoration profonde et gloire éternelle de notre Être divin. C’est pourquoi dans la Création nous avons dû mettre ce que nous possédons et nous ne pouvions sortir de nous ce qui ne nous appartenait pas. Par conséquent, le souffle de la Création est amour, et chaque palpitation de mon cœur l’orne d’un amour nouveau dont la circulation répète sans cesse : « Adoration et gloire à notre Créateur. »

            Lorsque la créature se tourne vers les choses créées pour y mettre son amour, elle manifeste le sien et elle prend le nôtre, et cela fait surgir un autre amour qui attend à son tour de recevoir et de donner son amour. Il y a alors échange et rivalité entre les choses créées et la créature qui s’unissent entre elles pour donner amour, adoration et gloire à notre Être suprême. 

            Par conséquent, si tu veux aimer, pense que toutes les choses créées ont pour mandat de te donner de l’amour toutes les fois qu’elles reçoivent le tien. La fête de notre amour sera ainsi maintenue entre le ciel et la terre, tu ressentiras le bonheur de notre amour et le souffle de l’amour, la palpitation de l’adoration et la gloire éternelle circuleront dans ton sang envers ton Créateur.

            Tu devrais savoir que nos œuvres sont remplies de vie. Notre force créatrice détient la vertu de déposer la semence vitale dans toutes nos œuvres et de la communiquer aux créatures qui les utilisent. La Création est remplie de nos œuvres créatrices. La Rédemption est un champ illimité de nos actions accomplies parce qu’elles apportaient aux créatures la vie et le bien qu’elles contiennent. De sorte que nous sommes entourés de la magnificence de nos œuvres, mais avec la souffrance qu’elles ne soient pas prises et que beaucoup ne soient même pas connues des créatures. Ces œuvres sont alors comme mortes, car elles ne produisent des fruits de vie qu’autant que la créature les utilise. Et qu’un si grand nombre de nos œuvres soient compromises, que tant de nos propriétés ne produisent pas les fruits qu’elles contiennent, et que nous voyions en plus la pauvre créature faible et sans la vie des vrais biens, cela nous afflige tellement que tu ne peux comprendre la condition de souffrance dans laquelle nous placent les créatures. Nous nous trouvons dans la condition d’un père de nombreux enfants qui prépare pour eux un repas, et qui en le préparant se réjouit de savoir que ses enfants ne jeûneront pas et pourront manger de ce qu’il prépare ; il met la table, prépare une variété de plats, puis il appelle ses enfants pour goûter aux merveilleux mets qu’il a préparés, mais les enfants n’écoutent pas la voix du père et le repas reste là sans que personne y touche. Quel n’est pas le chagrin de ce père en voyant que ses enfants ne sont pas assis à sa table et ne mangent pas des plats qu’il a préparés pour eux ! Et voir la table couverte de mets est pour lui une souffrance. Telle est notre situation en voyant que les créatures ne s’intéressent pas aux nombreuses œuvres que nous avons faites pour eux avec tant d’amour. C’est pourquoi plus tu prendras de ce qui est à nous, plus tu recevras de vie divine et plus tu nous rendras heureux. Tu guériras ainsi en nous la profonde blessure de l’ingratitude humaine.

14.  4 mai 1931 — Puissance de la parole de Jésus. Comment les actes répétés sont comme la sève pour les plantes. Les souffrances forcées perdent leur fraîcheur. Jésus veut être libre dans l’âme.

          Mon abandon dans la Divine Volonté continue. Son doux empire entraîne ma pauvre volonté qui voudrait fuir les douloureuses circonstances dans lesquelles je me trouve, mais le Fiat omnipotent, avec la force irrésistible de sa lumière dirigée sur la nuit de ma volonté, m’en empêche et forme le jour de lumière dans mon âme qui me pousse à faire mes petits actes dans son divin Vouloir. Et je me disais : « Pourquoi Jésus tient-il tant à ce que je n’arrête pas de répéter mes actes dans son adorable Volonté ? » Et Jésus, toute tendresse et bonté, me dit :

            Ma fille, parce que tous les actes que tu fais en toi sont des actes enseignés et formés par moi, de sorte qu’ils sont mes actes, et je ne veux pas te laisser en arrière sans être unie avec moi pour les suivre, car il faut que tu saches que lorsque j’accomplis une œuvre dans l’âme, lorsque je parle et que j’enseigne, ton Jésus a le pouvoir de convertir en nature le bien enseigné et formé dans la créature, et le bien de nature ne peut pas être détruit. C’est comme si Dieu te donnait la vue comme propriété de ta nature et qu’elle ne te servait pas à regarder, la voix, les mains, les pieds, et qu’ils ne te servaient pas à voir, à parler, à travailler et à marcher : ne serait-ce pas condamnable ? Or, lorsque je donne des dons de nature au corps, quand je parle, ma parole créatrice a le pouvoir de donner en nature à l’âme le don que je veux faire par ma parole, parce qu’un seul de mes Fiat contient un ciel, un soleil, une prière incessante pour le don, avec quoi mon Fiat a le pouvoir de le convertir en don de nature de l’âme. De sorte que ce que tu fais en toi, ce sont des dons de nature que ma parole a formés en toi, et tu veilleras par conséquent à ne pas rendre mes dons inutiles. Je les ai mis en toi afin que, avec ces actes répétés de mon Vouloir, nous puissions demander ensemble le grand don que ma Divine Volonté vienne régner sur la terre ; d’autant plus, ma chère fille, que les actes répétés sont comme la sève de la plante : sans elle, la plante sèche et ne peut produire ni fleurs ni fruits. La sève est le sang vital de la plante qui circule en elle, la conserve, la fait grandir et produire les fruits les plus beaux et les plus savoureux pour former la gloire et le bénéfice du fermier. Mais cette sève n’est pas formée d’elle-même par la plante, car le fermier doit veiller à arroser et cultiver la plante, et pas seulement une fois, mais sans cesse, lui donnant comme de nature suffisamment de sève pour que la pauvre plante puisse trouver sa nourriture quotidienne pour grandir et donner ses fruits à celui qui la cultive. Mais si le fermier est paresseux, la plante perd sa sève et meurt.

            Tu vois ainsi ce que sont les actes répétés : le sang de l’âme, l’aliment, la conservation et la croissance de mes dons ; j’en suis le céleste fermier et ne risque pas d’être paresseux. Mais tu dois recevoir ce suc vital et tu le reçois lorsque tu répètes les actes dans ma Volonté au tréfonds de ton âme : tu ouvres alors la bouche et je t’arrose en donnant à ton âme le sang qui te procure la chaleur divine, l’aliment céleste, et en y ajoutant mes autres paroles, je conserve et fais croître mes dons. Oh ! si la plante avait la raison et était capable de refuser d’être arrosée par le fermier, quel serait le sort de cette pauvre plante ? Celui de perdre la vie ! Et quelle serait la souffrance du pauvre fermier ? Ainsi, répéter les actes, c’est vouloir la vie, c’est prendre la nourriture ; la répétition, c’est aimer et apprécier, et c’est pour satisfaire les désirs du céleste fermier et le rendre heureux que j’aie travaillé dans le champ de ton âme avec tant d’amour ; et lorsque je te vois répéter tes actes, seule ou avec moi, tu me donnes les fruits de mon labeur et je me sens aimé de nouveau et récompensé pour les nombreux dons que je t’ai faits, et je me dispose à t’en faire de plus grands. Par conséquent, sois attentive et que ta constance soit la force victorieuse capable de conquérir et de dominer ton Jésus.

            Après quoi je sentais que je devais retomber dans un état habituel de souffrances, et compte tenu des conditions existantes que j’avais de la répugnance à accepter, ma pauvre nature tremblait et j’ai dit avec mon doux Jésus : « Père, si c’est possible que ce calice s’éloigne de moi ; mais que ta volonté soit faite et non la mienne. » Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, je ne veux pas des souffrances forcées, mais volontaires, car les souffrances forcées perdent la fraîcheur, la beauté et le doux enchantement de leur ressemblance avec les souffrances de ton Jésus qui ont toutes été souffertes par moi volontairement ; les souffrances forcées sont comme ces fleurs fanées et ces fruits encore verts que le regard dédaigne et la bouche refuse d’avaler, tant ils sont insipides et durs.

            Tu devrais savoir que lorsque je choisis une âme, je forme en elle ma résidence, et je veux être libre de faire ce que je veux dans ma maison, d’y habiter comme il me plaît sans restriction de la part de la créature. Je veux une absolue liberté, sinon je suis malheureux et gêné dans mon action. Ce serait le plus grand des malheurs, même pour la plus pauvre des personnes, de ne pas être libre dans sa petite masure, et je connaîtrais alors l’infortune d’un malheureux qui après avoir formé une demeure avec beaucoup d’amour, l’avoir équipée et mise en ordre pour y vivre, se voit avec tristesse imposer des conditions et des restrictions ; on lui dit : « Tu ne peux pas dormir dans cette chambre, dans celle-ci tu ne peux pas recevoir et dans celle-là, tu ne peux pas passer. » Bref, il ne peut pas aller où il veut ni faire ce qu’il veut, de sorte que le pauvre se sent malheureux parce qu’il a perdu sa liberté et il regrette les sacrifices qu’il a consentis pour construire cette demeure. Je suis celui-là. Combien d’œuvres, combien de sacrifices, combien de grâces il a fallu pour adapter une créature et en faire ma demeure ! Et lorsque j’en prends possession, c’est ma liberté que j’aime plus que tout dans ma maison ; et lorsque j’y trouve tantôt les répugnances, tantôt les restrictions, au lieu d’avoir une demeure adaptée à moi, c’est moi qui dois m’adapter à elle et je ne peux pas y développer ma vie ou mes voies divines, et je ne peux pas non plus y accomplir le dessein pour lequel, avec tant d’amour, j’ai choisi cette demeure. Par conséquent, je veux la liberté, et si tu veux me rendre heureux, laisse-moi faire ce que je veux.

15.  10 mai 1931 — Celui qui veut recevoir doit donner. Les voies de Jésus. Les dons divins, porteurs de paix. Comment la Divine Volonté contient la vertu du levain. Le bien que contient un acte achevé de la Divine Volonté.

           Je suis toujours dans le cher héritage de la Divine Volonté. Partout où mon esprit se tourne, je la vois qui règne avec son doux empire sur ma pauvre âme. Et d’une voix si éloquente, si douce, si forte et exhalant tant d’amour qu’elle serait capable de changer en feu le monde entier, elle me dit :

            Je suis Reine et je j’attends en chacune de mes œuvres pour venir former et étendre ton petit Royaume divin dans ces œuvres. Regarde-moi, je suis Reine, et une Reine a le pouvoir de donner à ses enfants ce qu’elle veut, d’autant plus que mon Royaume est universel, ma puissance sans limites, et que j’aime ne pas être seule dans mon Royaume. Reine, je veux le cortège, la compagnie de mes enfants et diviser entre eux mon empire universel. Tes œuvres sont donc des rencontres avec ta céleste Reine qui attend de pouvoir te faire ses dons comme gage certain de son Royaume.

            Mon pauvre esprit était plongé dans la lumière immense de la Divine Volonté lorsque mon toujours aimable Jésus me dit:

            Ma fille, celui qui veut recevoir doit donner. Le don dispose la créature à recevoir et Dieu à donner. Ton Jésus agit souvent ainsi : lorsque je veux quelque chose de la créature, je donne ; et si je veux de grands sacrifices, je donne beaucoup, de sorte qu’en voyant tout ce je lui ai donné, elle aura honte et n’aura pas le courage de me refuser le sacrifice que je lui demande. Le don est presque toujours le gage que la personne va recevoir elle aussi, il attire son attention, son amour. Le don est une marque d’appréciation, il est espérance, il réveille dans le cœur le souvenir du donateur. Et combien de fois des personnes qui ne se connaissaient pas sont devenues amies à cause d’un don ?

            Dans l’ordre divin le donateur est toujours Dieu qui est le premier à faire ses dons à la créature, mais elle ne veut rien donner à son Créateur, ne serait-ce qu’un peu d’amour, de gratitude, un petit sacrifice – car si nous avons donné, c’est parce que nous voulons quelque chose – en ne nous donnant rien, elle arrête la correspondance et brise la merveilleuse amitié que notre don devait faire naître. Ma fille, donner et recevoir sont les actes premiers et indispensables qui montrent clairement que nous aimons la créature et qu’elle nous aime. Mais ce n’est pas suffisant. Elle doit savoir comment recevoir en convertissant en nature le bien reçu, en le mangeant et en le mastiquant parfaitement de façon à convertir le don en sang pour l’âme. Et c’est la raison de nos dons : voir converti en nature le don que nous avons fait, car nos dons ne sont plus alors en danger et ils nous disposent à en faire de plus grands. Et la créature ayant converti notre don en nature, elle le met en sécurité, elle en reste propriétaire et sentira en elle le bien, la source, de ce don reçu converti en nature. Et comme nos dons sont porteurs de paix, de bonheur, de force invincible et d’air céleste, elle ressentira en elle la nature de la paix, du bonheur et de la force divine qui formeront en elle l’air du ciel.

            Voilà par conséquent la raison pour laquelle je garde le silence après t’avoir fait le grand don de ma parole : c’est parce que j’attends que tu manges et mastiques bien ma parole, de façon à voir que ce que je t’ai dit s’est changé en toi en nature ; et lorsque je vois cela, je ressens alors le besoin irrésistible de te parler à nouveau, car un don que je fais en appelle un autre, que mes dons ne peuvent rester seuls et que je suis toujours porté à donner, à parler et à agir avec celui qui convertit mes dons en nature.

            Après quoi je pensais à la Divine Volonté  et combien il me semblait difficile que son règne puisse venir ; et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, tout comme la levure possède la vertu de faire lever le pain, ma Volonté est le levain des actes de la créature. En appelant ma Divine Volonté dans ses actes, ils en reçoivent le ferment et forment le pain du Royaume de mon Vouloir. La levure à elle seule ne suffit pas pour faire beaucoup de pain ; il faut beaucoup de farine et quelqu’un qui mélange la levure avec la farine, il faut de l’eau pour les unir et permettre de pétrir la farine avec la levure pour lui communiquer sa vertu ; puis il faut le feu pour les changer en pain que l’on peut manger et digérer. Ne faut-il pas plus de temps et plus d’actes pour former le pain que pour le manger ? Le sacrifice, c’est de le former ; le manger se fait immédiatement et on peut goûter le sacrifice.

            Par conséquent, ma fille, il ne suffit pas que mon divin Fiat ait la vertu de fermenter tes actes et de les vider de volonté humaine pour les changer en pain de Divine Volonté ; il faut la continuation des actes et des sacrifices, et pendant très longtemps pour que mon Vouloir fasse lever tous ces actes et former beaucoup de pain et le tenir en réserve pour les enfants de son Royaume. Lorsque tout sera formé, il restera à disposer les événements et cela est plus facile et peut se faire immédiatement parce qu’il est en notre pouvoir de faire bouger les choses selon ce que nous voulons. N’est-ce pas ce que j’ai fait pour la Rédemption ? Mes trente longues années de vie cachée étaient comme un levain où tous mes actes ont fait se lever le grand bien de la Rédemption, la brève partie de ma vie publique et ma Passion. C’est mon pain que la Divine Volonté a formé et fait se lever dans mes actes pour que par la fraction du pain chacun puisse recevoir le pain des rachetés et recevoir les forces nécessaires pour se mettre en sûreté. Par conséquent, ne pense plus à cela. Pense plutôt à faire ton devoir et ne laisse aucun acte s’échapper dans lequel il n’y a pas le levain de ma Divine Volonté afin qu’elle fasse se lever ton être, et je penserai à tout le reste.

            Je pensais ensuite : « Mais qu’est-ce que mon Jésus a gagné à ce que je sois dans ce triste état et pourquoi tient-il tant à ce que je tombe dans mes souffrances habituelles avec tous les problèmes qu’il me fait donner aux autres, ce que je pourrais appeler mon martyre ? Oh, comme il est dur d’avoir affaire aux créatures, de sentir que l’on a de toute nécessité besoin d’elles ! Cela m’humilie tellement que j’en suis anéantie dans mon propre néant. » Mais je pensais à cela et à d’autres choses lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, veux-tu savoir ce que j’y ai gagné ? Ma Divine Volonté accomplie, et cela est tout pour moi. Un seul acte accompli de ma Divine Volonté comprend tout le ciel, la terre, et tout moi-même. Il n’y a pas d’amour que je ne trouve en lui, de bien qu’il ne possède, de gloire qu’il ne me rende. Tout le reste demeure centralisé dans un acte accompli de ma Volonté, et l’heureuse créature qui l’accomplit peut me dire : « Je t’ai tout donné, même toi-même, je ne peux te donner rien de plus. » Parce que ma Divine Volonté contient tout, il n’y a aucune chose ni aucun bien qui lui échappe, et en accomplissant ce que je veux, la créature découvre que c’est ma Volonté qui est en elle ; et je peux dire : « En te faisant la grâce de te laisser faire un acte accompli de ma Volonté, je t’ai tout donné. » En vérité, en accomplissant cet acte, mes souffrances surgissent, mes pas, mes paroles et mes œuvres redoublent et se mettent en marche pour se donner aux créatures, parce que ma Divine Volonté œuvrant aussi dans les créatures met en marche toutes nos œuvres afin de faire se lever la vie nouvelle. Et tu me demandes ce que j’ai pu y gagner ? Ma fille, pense à faire que ta vie puisse être un acte continu de ma Volonté.

16.  16 mai 1931 — La Divine Volonté confirme les actes de la créature. Enthousiasme de l’amour divin en créant l’homme; touches des divines qualités.

         Je suis de nouveau dans le cher héritage du divin Fiat et il me semble qu’il me murmure à l’oreille :

            Comme j’étais au commencement, je serai toujours, dans les siècles des siècles. Et si tu veux demeurer dans ma Divine Volonté, tu seras toujours égale à toi-même, tu ne changeras jamais d’action, tu feras toujours ma Volonté, et tes actions, tu peux les appeler dans leur variété des effets du premier et unique acte de ma Volonté qui coule dans tes actes afin de les faire un, qui possède la vertu de produire comme le soleil le magnifique arc-en-ciel des variétés de couleurs, effet de sa lumière, sans que change son acte unique de toujours donner la lumière.

            Quel sentiment de bonheur dans l’âme de pouvoir dire : « Je fais toujours la Divine Volonté ! » 

            Ma petite et faible intelligence était absorbée dans la lumière de la Divine Volonté et je sentais en moi sa force une et puissante me préparer une couronne pour m’en investir, et ses innombrables et multiples effets étaient porteurs de joie, de paix, de force d’âme, de bonté, d’amour, de sainteté et d’une indescriptible beauté. Ces effets étaient comme autant de baisers de vie qu’ils donnaient à mon âme, et j’en demeurais propriétaire. J’étais émerveillée et mon toujours aimable Jésus me dit : 

            Ma fille, tous les actes accomplis par la créature dans la Divine Volonté sont confirmés par Dieu comme actes divins, et cette confirmation forme la vie de ces actes ; ils sont marqués du sceau divin comme actes impérissables toujours nouveaux et d’une beauté enchanteresse. Je pourrais appeler les actes faits dans ma Divine Volonté une création nouvelle de la créature. Lorsqu’elle accomplit ses actes dans ma Volonté, mon Fiat vient y imposer sa force créatrice et son acte les confirme. Cela se passe comme dans la Création : la force créatrice de ma Volonté se hâtait de créer toutes choses qui demeuraient immuables et sans jamais changer. Le ciel, le soleil, les étoiles ont-ils changé ? Ils sont tels qu’ils furent créés, car partout où mon Vouloir place sa force créatrice, la vie éternelle de cet acte demeure et, confirmée, elle ne peut jamais changer. Tu vois ainsi ce que signifie agir et vivre dans ma Divine Volonté : c’est vivre sous l’empire d’une force créatrice et qui confirme et met en sécurité tous les actes de la créature en les rendant immuables. Si bien qu’en vivant dans mon Vouloir, la créature demeure confirmée dans le bien qu’elle fait, dans la sainteté qu’elle veut, dans la connaissance qu’elle possède, dans le triomphe du sacrifice.

            La divinité de notre Volonté faite spontanément demeure sous l’empire de l’amour qui court irrésistiblement, qui veut donner à la créature, si bien que dans l’enthousiasme de notre amour l’homme a été créé par touches de nos divines qualités. Notre Être divin étant très pur Esprit, il n’avait ni mains ni pieds. Nos divines qualités nous servaient de mains pour former l’homme et, nous déversant sur lui tel un torrent impétueux, nous l’avons façonné et en le touchant nous avons infusé en lui les effets de nos suprêmes qualités. Ces touches sont restées dans l’homme, et l’on voit par conséquent en lui certaines merveilleuses qualités de bonté, de talent, d’intelligence et autres ; elles sont la vertu de nos touches divines qui, en continuant de façonner l’homme, produisent leurs effets ; elles sont nos gages d’amour avec lesquels nous l’avons pétri et qui, bien qu’il ne s’en souvienne pas et peut-être même ne nous connaisse pas, poursuivent leur office divin d’aimer notre Être divin. Or si quelqu’un touche un objet ou une personne, celui qui touche ressent l’impression de la personne touchée, et comme nos touches de divines qualités sont restées dans l’homme, l’impression de l’avoir touché est restée dans nos suprêmes qualités, si bien que nous le sentons en nous-mêmes. Alors comment ne pas l’aimer ? Par conséquent, dans la mesure où l’homme agit dans notre Volonté, nous allons à sa rencontre avec de nouvelles inventions d’amour et notre heureux refrain de l’aimer toujours.

17.  19 mai 1931 — Scènes de l’Éden. Chute de l’homme. La Reine du ciel qui écrase la tête du serpent infernal. Comment les paroles de Jésus contiennent la vertu communicative. Comment il parle des doutes et des difficultés.

        Je continuais mes actes dans le divin Vouloir et m’unissant aux actes accomplis dans la Création afin de lui rendre l’hommage, l’amour et l’adoration pour chaque chose créée pour l’amour des créatures, mon pauvre esprit s’est transporté en Éden, dans l’acte de la chute de l’homme : comment le serpent infernal, par son astuce et ses mensonges, incita Ève à se séparer de la Volonté de son Créateur, et comment Ève, par ses flatteries, incita Adam à tomber dans le même péché. C’est alors que mon bien-aimé Jésus me dit :

            Ma fille, mon amour ne s’est pas éteint à cause de la chute de l’homme, il s’est enflammé encore plus ; et bien que ma justice l’ait justement puni et condamné, mon amour embrassant ma justice et sans qu’intervienne le temps, promit le futur Rédempteur et dit au serpent trompeur avec l’empire de ma puissance : « Tu t’es servi d’une femme pour arracher l’homme à ma Divine Volonté et moi, au moyen d’une autre femme ayant en son pouvoir la puissance de mon Fiat, je détruirai ton orgueil et elle t’écrasera la tête de son pied immaculé. » Ces paroles brûlèrent le serpent infernal plus que l’enfer lui-même et lui mirent tant de rage au cœur qu’on ne pouvait plus l’arrêter ; il n’a pas cessé de tourner et de retourner la terre pour découvrir celle qui devait lui écraser la tête, non pas pour l’écraser, mais afin de pouvoir, par ses arts infernaux, par son astuce diabolique, faire tomber celle qui devait le vaincre, l’affaiblir et le lier dans les ténèbres de l’abîme. Pendant quatre mille ans il a parcouru la terre et lorsqu’il voyait des femmes plus vertueuses et meilleures, il livrait son combat, les mettait à l’épreuve de toutes les manières, puis il les laissait après s’être assuré, par quelque faiblesse ou défaut, que ce n’était pas par elles qu’il devait être vaincu. Puis il poursuivait sa tournée.

            Elle est cependant venue la créature céleste qui devait lui écraser la tête, et l’ennemi a senti en elle une telle puissance que ses jambes faiblirent et il n’eut pas la force de s’en approcher. Fou de rage, il sortit tout l’arsenal de ses armes infernales pour la combattre, tenta de l’approcher, mais sentit qu’il faiblissait, les jambes brisées, et il fut contraint de battre en retraite ; c’est donc de loin qu’il épiait ses admirables vertus, sa puissance et sa sainteté. Et moi, afin de le confondre et de jeter en lui le doute, je lui faisais voir dans la céleste Dame souveraine des choses humaines, telles que prendre de la nourriture, pleurer, dormir, etc., et il se persuadait que ce n’était pas elle parce qu’une personne aussi puissante et aussi sainte ne pouvait pas être sujette aux besoins naturels de la vie. Puis le doute le reprenait et il voulait revenir à l’assaut, mais en vain. Ma Volonté est puissance et elle affaiblit tous les maux et toutes les puissances infernales ; elle est lumière qui se fait connaître par tous et fait sentir sa puissance là où elle règne de sorte que même les démons ne peuvent refuser de la reconnaître. C’est pourquoi la Reine du ciel était et demeure la terreur de l’enfer tout entier.

            Mais le serpent sent sur sa tête les quelques paroles qu’il a entendues en Éden : mon irrévocable condamnation qu’une femme lui écrasera la tête, et il sait qu’en ayant la tête écrasée, son royaume sur la terre sera renversé, qu’il perdra son prestige, et que tout le mal qu’il a fait en Éden au moyen d’une femme sera réparé par une autre femme. Et bien que la Reine du ciel l’ait affaibli, lui ait écrasé la tête, et que je l’aie moi-même attaché à la croix de sorte qu’il n’est plus libre de faire tout ce qu’il veut, il peut encore s’approcher de quelques malheureux pour en faire des fous. D’autant plus qu’il voit que la volonté humaine n’est pas encore subjuguée par la Volonté divine, que son Règne n’est pas encore formé, et il craint qu’une autre femme ne doive finir de brûler ses temples pour que la condamnation qu’il a sur sa tête écrasée par le pied de la Reine immaculée trouve son achèvement, car il sait que lorsque je parle, ma parole possède la vertu communicative aux autres créatures.

            Certain que celle qu’il craignait était la Très Sainte Vierge Marie, et incapable maintenant de la combattre, il a repris sa ronde et cherche partout afin de voir si une autre femme aurait reçu de Dieu la mission de faire connaître la Divine Volonté pour qu’Il règne ; et comme il t’a vue écrire beaucoup sur mon Fiat, le simple doute que ce pourrait être toi lui a fait se lever tout l’enfer contre toi – et c’est la raison pour tout ce tu as souffert – en se servant de méchants hommes qui inventent des calomnies et des choses qui n’existent pas. Mais en te voyant tellement pleurer, les démons sont persuadés que tu n’es pas celle qu’ils craignent tant, être capable de mener à la ruine leur royaume diabolique. Voilà pour ce qui concerne la Reine du ciel à propos du serpent infernal. Maintenant je veux te dire ce qui concerne les créatures.

            Ma fille, la créature céleste était pauvre, ses dons naturels étaient en apparence ordinaires, rien d’inhabituel n’apparaissait extérieurement, et elle a pris pour époux un pauvre artisan qui gagne son pain quotidien avec son modeste travail. Suppose que l’on ait su d’avance, chez les docteurs et les prêtres, qu’elle était la Mère de Dieu, que c’était elle, parmi tous les grands de ce monde, qui était la Mère du futur Messie ; ils lui auraient livré une guerre inlassable, personne ne l’aurait cru et ils auraient dit : « Est-il possible qu’il n’y ait pas eu et qu’il n’y ait pas maintenant d’autres femmes en Israël, et que c’est cette pauvre femme qui devait être la Mère du Verbe éternel ? Il y a eu Judith et Esther, et tant d’autres. » Personne ne l’aurait cru et ils auraient élevé des doutes et des obstacles sans nombre. Ils ont eu des doutes concernant ma Personne divine en ne croyant pas que j’étais le Messie tant attendu, et beaucoup en arrivaient encore à ne pas croire que j’étais descendu sur la terre en dépit des nombreux miracles que j’opérais pour inciter les plus incrédules à croire en moi ! Ah ! ceux dont le cœur est endurci, obstiné, sont incapables de recevoir un bien ; les vérités, les miracles mêmes sont pour eux comme morts et sans vie. À plus forte raison pour la Mère céleste quand rien de miraculeux ne se manifestait extérieurement.

            Maintenant, ma fille, écoute-moi. Les doutes les plus sérieux, les plus graves difficultés qu’ils ont trouvés dans tes écrits sont réellement les suivants : je t’ai dit que je t’ai appelée à vivre dans le Royaume de ma Divine Volonté en te donnant la mission spéciale et unique de faire connaître mon Règne, comme je l’ai dit moi-même dans le Pater Noster et que la sainte Église le dit encore : « Que ton Règne arrive, que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Il n’est pas dit dans cette prière que ce Règne est sur la terre, mais qu’il vienne, et je n’aurais pas composé cette prière si elle ne devait pas avoir ses effets. Or, pour y arriver, ne devais-je pas choisir une autre femme, elle que le serpent infernal craint tellement, lui qui au moyen de la première femme a perdu l’humanité ? Et moi pour le confondre, je me sers de la femme pour réparer ce qu’il m’a fait perdre et rétablir pour tous le bien qu’il cherchait à détruire. De là par conséquent la nécessité de la préparation, des grâces, de mes visites et de mes communications.

             Cela n’a pas plu à celui qui a lu et de là ces doutes et ces difficultés : il n’est pas possible que parmi tant de grands saints aucun n’ait vécu dans le Règne de ma Volonté et que c’est elle seule qu’il préfère à tous les autres. Et lorsqu’ils ont lu que je te plaçais à côté de la Reine souveraine parce qu’ayant vécu dans le Royaume de mon divin Fiat tu pouvais l’imiter, voulant faire de toi une image qui lui ressemble, et que je te mettais entre ses mains afin qu’elle puisse te guider, t’aider, te protéger pour que tu puisses l’imiter en toute chose, cela leur a paru d’une très grande absurdité ; et par une fausse et malicieuse interprétation du sens, ils ont dit que tu aurais déclaré être une Reine. Que d'erreurs ! Je n’ai pas dit que tu es comme la Reine du ciel, mais que je veux que tu lui ressembles, tout comme j’ai dit à tant d’autres âmes qui me sont chères que je voulais qu’elles soient semblables à moi, mais cela ne faisait pas qu’elles devenaient Dieu comme moi. De plus, la Dame du ciel étant la vraie Reine du Royaume de ma Volonté, il lui appartient d’aider et d’enseigner les heureuses créatures qui veulent entrer pour y vivre. Il semble que pour eux, je n’aie pas le pouvoir de choisir qui je veux et quand je veux, mais le temps le dira et tout comme ils ne peuvent pas refuser de reconnaître que la Vierge de Nazareth est ma Mère, ils ne pourront pas refuser de reconnaître que je t’ai choisie dans l’unique dessein de faire connaître ma Volonté et qu’à travers toi je ferai que la prière « Que ton Règne arrive  » s’accomplisse. Il est certain que les créatures sont des instruments entre mes mains et que je ne regarde pas qui elles sont, mais si je sais que ma Divine Volonté a décidé de travailler au moyen de cet instrument, cela me suffit pour accomplir mes plus hauts desseins. Et quant aux doutes et aux difficultés des créatures, je m’en sers en temps et lieu pour les confondre et les humilier, mais cela ne m’arrête pas et je poursuis le travail que je veux faire à travers la créature. Par conséquent, suis-moi toi aussi et ne fais pas machine arrière. Pour le reste, on peut voir d’après leur façon de penser qu’ils n’ont considéré que ta personne, mais ils n’ont pas tenu compte de ce que ma Divine Volonté peut faire et sait faire. Et lorsque ma Volonté décide de travailler dans une créature en vue de ses plus grands desseins parmi les générations humaines, personne ne lui dicte de lois, personne ne lui dit qui devrait être choisi, ni le temps ni le lieu, mais c’est dans l’absolu qu’elle agit. Elle ne tient pas non plus compte de certains petits esprits qui ne savent pas s’élever dans l’ordre divin et surnaturel, ni s’incliner devant les œuvres incompréhensibles de leur Créateur et qui, alors qu’ils veulent raisonner avec leur raison humaine, perdent la raison divine et demeurent confus et incrédules.

18.  27 mai 1931 — La vie du bien ne meurt pas et défend toutes les créatures. Un bien abondant met en sécurité Dieu et l’âme.

        Mon pauvre esprit nageait dans la mer immense du Fiat éternel. Je coulais en lui comme un ruisselet et dans ma petitesse, je voulais embrasser son immensité pour me remplir tout entière de son saint Vouloir et avoir la satisfaction de dire : « Mon petit être n’est rien d’autre qu’un acte unique de la Divine Volonté, mon minuscule ruisselet est tout plein de ce Vouloir qui emplit le ciel et la terre. Oh saint Vouloir, sois la vie, l’acteur et le spectateur de tous mes actes afin qu’en faisant tout renaître en toi, cela devienne l’appel de tous les actes des créatures à renaître dans ton Fiat et que son Règne s’étende dans toutes les créatures ! » Mais en faisant cela, je me disais : « Quel bien est-ce que je fais en appelant les actes des créatures à renaître dans la Divine Volonté ? » Et mon aimable Jésus me dit :

            Ma fille, le bien n’est pas sujet à mourir, et lorsqu’apparaît la vie du bien, il se place à la défense de toutes les créatures. Et si les créatures sont disposées à prendre ce bien, elles sont non seulement défendues, mais elles prennent la vie de ce bien, et le bien apparaît et forme autant de vies que de créatures qui le prennent. Et pour celles qui n’y sont pas disposées, il reste à leur défense en attendant qu’elles s’y disposent. Les actes accomplis dans mon Vouloir acquièrent la semence de la lumière et en tant que lumière, bien qu’elle soit une, elle possède la vertu de donner de la lumière à tout œil qui veut le bien de la lumière pour le faire sien, de sorte que les plus petits actes faits dans ma Divine Volonté, comme elle est immense et comprend tout, deviennent lumière et défense pour tous. De plus, la créature redonne ainsi à son Créateur l’amour, la gloire et l’adoration qu’il est en droit d’attendre et d’exiger des créatures. Les actes faits dans mon Vouloir tiennent toujours du prodige et disent par eux-mêmes : « Nous sommes la défense de chaque créature. Nous nous tenons entre le ciel et la terre afin de défendre les créatures, et notre lumière est la lumière de chaque esprit ; nous sommes les défenseurs de notre Créateur en faisant réparation par nos actes éternels pour les offenses qui montent de la terre. » Et le bien est toujours le bien. Crois-tu que tout ce que j’ai fait en étant sur terre ait été pris par les créatures ? Combien il en reste encore ! Mais on ne peut pas dire de ce reste que ce n’est pas du bien. Des siècles et des siècles passeront et le temps viendra où tout le bien que j’ai fait prendra vie parmi les créatures. Ce qui n’est pas pris aujourd’hui, d’autres créatures pourront le prendre demain et à d’autres époques. La vie véritable du bien ne se fatigue pas d’attendre, et les actes de mon Vouloir disent avec un air de triomphe : « Nous ne sommes pas sujets à la mort, par conséquent le temps viendra assurément où nous donnerons nos fruits qui feront se lever autant d’autres vies qui nous ressemblent. » Crois-tu que parce que tu ne vois pas l’effet de tous tes actes dans notre Divine Volonté, il n’en sortira rien de bon ? Certes, cela semble être le cas aujourd’hui, mais attends que viennent les temps et ils diront le grand bien qui en sortira. Aussi, continue et ne te décourage pas. Tu dois savoir que seule l’abondance du bien est la preuve la plus certaine qui assure Dieu et l’âme de l’état dans lequel elle se trouve. Un état prolongé de patience dans les souffrances et les situations douloureuses de la vie, une prière redite sans jamais se lasser de la répéter, la fidélité, la constance et une égalité d’âme dans toutes les circonstances, c’est cela qui forme suffisamment d’espace, arrosé par le sang de son propre cœur, où Dieu se sent appelé par tous les actes des créatures qui lui donnent l’assurance qu’il peut y achever ses plus grands desseins. Et la créature ressent dans l’abondance de ses actes sa maîtrise sur elle-même et l’assurance qu’elle ne vacillera pas.

            Le bien d’un jour ne dit rien ; c’est un bien aujourd’hui, certes, mais pas demain lorsqu’il dit faiblesse et inconstance, fruits de la volonté humaine. Un bien inconstant dit que pour la créature, ce bien, cette vertu, n’est pas sa propriété, et par conséquent un bien qui ne lui appartient pas se change en mal, et la vertu en vice. Tu vois par conséquent que l’âme, pour être certaine de posséder un bien ou une vertu, doit sentir en elle la vie de cette vertu et, avec une constance de fer, année après année et durant toute sa vie, elle doit s’exercer à ce bien. Et Dieu est alors assuré qu’il peut y déposer son bien et opérer de grandes choses dans la constance de la créature.

            C’est ce que j’ai fait avec la Reine du ciel. Je voulais la constance de quinze années de vie pure et sainte, toute dans la Divine Volonté, pour descendre du ciel sur la terre dans la virginité de son sein. J’aurais pu le faire avant, mais je ne le voulais pas. Je voulais d’abord ses actes d’assurance et de constance de sa vie de sainteté, presque pour lui donner le droit d’être ma Maman et ma sagesse infinie afin d’avoir une raison d’opérer en elle des prodiges inouïs. Et n’est-ce pas la raison pour la longueur de tes souffrances, et pourquoi je voulais être sûr de toi, non par des paroles, mais par des actes ? N’est-ce pas ce qui explique mes si nombreuses visites et toutes les vérités que je t’ai manifestées dans la constance de ta vie sacrifiée ? Et je peux dire que je me suis fait voir et que je t’ai parlé dans le centre de feu de ton sacrifice. Et quand je t’entends dire : « Comment est-il possible, mon Jésus, que mon exil soit si long ? N’as-tu pas pitié de moi ? » Et moi, sais-tu ce que je dis ? : « Ah! ma fille ne connaît pas bien le secret que contient un sacrifice prolongé, et que plus il est long, plus grands sont les desseins à accomplir. Par conséquent, fais-moi confiance et laisse-moi faire. »

19.  31 mai 1931 — Le bonheur de Jésus est de trouver sa créature dans la Divine Volonté. Dieu se plonge dans la créature et elle en Dieu. La toute petite maison de Nazareth.

          Mon abandon dans la Divine Volonté continue et mon pauvre esprit s’arrête ici et là, comme si je voulais me reposer dans chacun des effets de la Divine Volonté, qui sont innombrables bien que son acte soit un, de sorte que je n’arrive jamais à les retrouver tous et bien moins encore à les comprendre ; et voyant qu’étant trop petite, il ne m’est pas donné de les embrasser tous, je m’arrête sur un de ses effets pour mon plaisir et mon repos. Et mon doux Jésus, qui prend tant de plaisir à me trouver dans son adorable Volonté, s’arrête pour me souffler sa vie et il me dit :

            Ma fille, comme il est doux de te trouver dans ma Divine Volonté, non pas comme ces créatures qui s’y retrouvent parce qu’elles y sont forcées, par nécessité et parce qu’elles ne peuvent pas faire moins, et qui lorsqu’elles y sont ne la connaissent pas, pas plus qu’elles ne l’aiment ni ne l’apprécient. Mais toi, tu t’y trouves volontairement, tu la connais, tu l’aimes et tu arrives même à y trouver un doux repos ; aussi je me sens très attiré vers toi, d’autant plus que la puissance de ma Volonté impose à ton Jésus de se révéler et que je ne peux rien lui refuser, car je pourrais dire que le seul bonheur qui me vienne de la terre est de trouver la créature dans ma Divine Volonté. Et lorsque je l’y trouve, je veux lui rendre ce bonheur qu’elle me donne, d’abord en la rendant heureuse puis en la préparant et en la disposant à faire un acte dans ma Volonté. Je prépare pour cela l’espace, parce que la grandeur, la sainteté et la puissance d’un acte accompli dans ma Volonté sont telles que la créature ne pourrait le contenir si je ne lui en donnais la capacité. Celle qui vit dans ma Volonté est par conséquent inséparable de moi parce qu’ayant fait cet acte, je dois préparer pour elle l’acte suivant, d’autant plus que je ne laisse jamais la créature là où elle est arrivée et que je la fais toujours grandir jusqu’à pouvoir lui dire : « Je n’ai rien de plus à lui donner. Je suis heureux de lui avoir tout donné. » Car tu dois savoir que lorsque la créature accomplit un acte dans ma Divine Volonté, elle se plonge en Dieu et lui se plonge en elle ; en se plongeant l’un dans l’autre, Dieu communique son acte nouveau jamais interrompu, l’humain reste sous l’autorité de la Divine Volonté et la créature ressent un amour nouveau, une puissance et une fraîcheur nouvelles avec tous les divins repos, de sorte qu’à chacun de ses actes la créature se sent renaître à une vie divine et, sans perdre ce qu’elle a reçu dans les actes précédents, elle acquiert et s’incorpore la vie nouvelle qui lui a été communiquée, si bien qu’elle se sent élevée, grandie et nourrie par des aliments nouveaux.

            C’est pourquoi celle qui vit dans notre Volonté acquiert toujours des connaissances nouvelles sur son Créateur et cette nouvelle connaissance lui amène le courant du nouvel acte continu que Dieu possède. Ne vois-tu pas le ciel, les étoiles et le soleil ? Vois-tu peut-être quelque changement en eux ? Ou après tant de siècles ne sont-ils pas aussi jeunes, aussi beaux et aussi nouveaux que lorsqu’ils furent créés ? Et pourquoi ? Parce qu’ils sont sous l’empire de la force créatrice de notre Fiat qui les a créés et demeure en eux comme une vie éternelle. Par conséquent, la permanence de ma Volonté dans la créature produit par son empire une vie nouvelle de patience, de prière, de sacrifice et de joies infinies. Voilà ce que ma Volonté veut faire de la créature qui vit en elle.

            Je continuai à penser au divin Vouloir et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, lorsque ma Divine Volonté émet un acte, elle ne s’en retire jamais et il devient éternel. La Création elle-même le dit qui accomplit continuellement ces actes que mon Vouloir a mis en elle en les créant, et les choses créées peuvent se dire les répétitrices des actes de ma Divine Volonté. Le ciel reste toujours étendu sans se retirer jamais d’un point quelconque et il répète ainsi les actes de la Divine Volonté ; le soleil donne toujours la lumière et accomplit les actes innombrables de la Divine Volonté qui lui sont confiés dans sa lumière, et il donne la couleur et le parfum à chaque fleur, les goûts et les saveurs aux fruits, la croissance aux plantes, la lumière et la chaleur à chaque créature, et il accomplit encore beaucoup d’autres actes ; il poursuit sa course avec majesté accomplissant tous les actes qui lui sont confiés, véritable symbole de la majesté et de l’empire de ma Volonté. La mer par son murmure, l’eau qui se donne aux créatures, la terre qui verdit et produit des plantes et des fleurs, tous accomplissent une multitude d’actes de ma Volonté qui est le moteur de toute chose et contient toute la création dans l’acte d’accomplir sa Volonté. Et tous sont par conséquent très heureux ; ils ne perdent pas leur poste d’honneur et ne sont pas sujets à mourir parce que ma Volonté à l’œuvre dans les choses créées leur donne la vie éternelle. Seule la créature, elle qui devrait témoigner plus que les autres en accomplissant l’acte continuel de ma Volonté, elle seule s’écarte du moteur de ma Volonté et en arrive même à s’opposer à un Vouloir si saint. Quelle tristesse ! Et quel compte ne m’en rendra-t-elle pas ?

            Mon Jésus garda le silence et, se retirant, il me laissa dans la lumière de sa Volonté ; et, oh !, combien de choses j’ai pu comprendre ! Mais qui peut les dire toutes ? D’autant plus que sa Volonté en parle avec des paroles célestes, et me retrouvant en moi-même, je dois adapter ces paroles célestes au parler humain ; et dans la peur de créer la confusion, je me contente de passer par-dessus dans l’espoir que, si Jésus le veut, il s’adaptera à parler avec les mots d’ici-bas. 

            Après quoi je poursuivais mes actes dans le divin Fiat et mon pauvre esprit s’arrêta dans la petite maison de Nazareth où la Reine du ciel, le Roi céleste Jésus et saint Joseph vivaient dans le Royaume de la Divine Volonté. Ce Royaume n’est donc pas étranger à la terre : la maison de Nazareth, la famille qui y vivait, appartenaient à ce Royaume et il y régnait parfaitement. Mais je pensais cela lorsque mon grand Roi Jésus me dit :

            Ma fille, il est certain que le Royaume de ma Divine Volonté a existé sur la terre et l’espoir est là par conséquent qu’il reviendra dans toute sa force. Notre maison de Nazareth était son vrai Royaume et il n’y avait pourtant pas de peuple. Or tu dois savoir que chaque personne est un royaume, c’est pourquoi la créature qui laisse ma Volonté régner en elle peut être appelée un petit Royaume du Fiat suprême. Elle est ainsi une petite maison de Nazareth que nous possédons sur la terre et, si petite soit-elle, comme notre Volonté règne en elle, le ciel ne lui est pas fermé et elle possède les mêmes droits que dans le céleste pays, elle aime avec le même amour, se nourrit avec la nourriture de là-haut et elle est incorporée dans le Royaume de nos interminables régions. Et pour former le grand Royaume de notre Volonté sur la terre, nous allons premièrement construire les toutes petites maisons de Nazareth, c'est-à-dire les âmes qui voudront connaître ma Volonté pour la faire régner en elles. Je serai, avec la Reine souveraine, à la tête de ces toutes petites maisons, car ayant été les premiers à posséder ce Royaume sur la terre, c’est notre droit, que nous ne céderons à personne, d’être leurs intendants. Comme ces toutes petites maisons répètent notre maison de Nazareth, nous formerons tant de petits États, tant de provinces, qu’après avoir été bien formés et ordonnés comme autant de petits Royaumes de notre Volonté, ils fusionneront ensemble pour former un seul Royaume et un seul grand peuple.

            Par conséquent, afin de réaliser nos plus grandes œuvres, notre manière est de commencer par agir à travers une créature seule, et après l’avoir formée nous en faisons un canal nous permettant d’inclure dans nos œuvres deux, puis trois autres créatures, et nous élargissons ensuite pour former un petit noyau qui grossit pour inclure le monde entier. Nos œuvres commencent dans l’isolement de Dieu et de l’âme, et elles se terminent en continuant leur vie au sein de peuples entiers. Et lorsque l’on voit le commencement d’une de nos œuvres, c’est le signe certain qu’elle ne mourra pas à la naissance ; tout au plus restera-t-elle cachée pendant quelque temps, puis elle continuera et formera sa vie éternelle. Par conséquent, je veux te voir toujours en avant dans ma Divine Volonté.

20.  5 juin 1931 — Comment il est nécessaire de se faire des amis durant la belle saison. Tristesse de Jésus à cause de l’abandon des apôtres. La volonté humaine, prison de la créature.

        Je suis toujours dans la mer du Vouloir suprême. Oh ! combien de belles choses on y trouve. Il y a tous les actes de Jésus en action, il y a ceux de la Reine souveraine, ceux de notre Père céleste, ceux qu’il a faits et ceux qu’il va faire. C’est une mer qui n’est pas divisée, mais une, interminable ; c’est toutes choses. Dans cette mer, il n’y a ni périls ni crainte de naufrage parce que l’heureuse créature qui y pénètre abandonne ses vieux vêtements et revêt les divins. C’est pourquoi, lorsque j’étais dans cette mer, mon doux Jésus m’a rendue présente lorsque dans sa Passion les apôtres dispersés ont fui en le laissant seul et abandonné au milieu de ses ennemis. Et Jésus, mon très grand bien, me dit :

            Ma fille, la plus grande tristesse de ma Passion, le clou qui a le plus transpercé mon cœur, fut l’abandon et la dispersion de mes apôtres. Je n’avais pas un seul ami vers qui tourner mon regard. L’abandon, les offenses, l’indifférence des amis excèdent, oh combien ! toutes les souffrances et même la mort que peuvent nous infliger des ennemis. Je savais que mes apôtres devaient me donner ce clou et que lâchement ils allaient fuir, mais je l’acceptais parce que, ma fille, celui qui veut accomplir une œuvre ne doit pas s’arrêter aux souffrances. Il doit plutôt se faire des amis quand tout va bien, que tout lui sourit, qu’il va semant les triomphes et les prodiges, et communique même une force miraculeuse à celui dont il fait son ami et son disciple. Tout le monde alors se vante d’être l’ami de celui qui est entouré de gloire et d’honneur, et chacun espère. Combien d’amis et de disciples veulent alors y prendre part, car la gloire, les triomphes et les temps heureux sont de puissants aimants qui attirent les créatures vers le triomphateur. Qui veut être l’ami et le disciple d’un malheureux calomnié, humilié et méprisé ? Personne. Tous vivent alors dans la crainte et ont en horreur de s’approcher de lui, et ils en arrivent même à refuser de reconnaître celui qui était auparavant leur ami, comme saint Pierre l’a fait avec moi. C’est pourquoi il est inutile d’espérer avoir des amis lorsque la créature vit le cauchemar des humiliations, des mépris et des calomnies. Il est donc nécessaire de se faire des amis pendant que les cieux vous sourient et que la fortune veut vous placer sur un trône si l’on veut que ce bien, ces œuvres qu’ils souhaitent, puissent prendre vie et se poursuivre dans les autres créatures. Je me suis fait des amis alors que je semais les miracles et les triomphes, jusqu’à ce qu’ils en arrivent à croire que je devais être leur Roi sur la terre et qu’ayant été mes disciples, ils occuperaient les premières places auprès de moi ; et malgré qu’ils m’aient abandonné durant ma Passion, lorsque ma Résurrection a fait éclater mon triomphe, les apôtres se sont rétractés, ils se sont regroupés entre eux et tels des triomphateurs, ils ont suivi ma doctrine, ma vie, et ont formé l’Église naissante. Si je leur avais reproché de m’avoir abandonné sans faire d’eux mes disciples à l’heure de mes triomphes, je n’aurais eu personne pour parler de moi après ma mort et me faire connaître.

            Par conséquent le temps heureux, la gloire sont nécessaires, et il est aussi nécessaire de recevoir les clous qui transpercent et d’avoir la patience de les supporter afin d’avoir le matériau de mes plus grandes œuvres et qu’elles puissent prendre vie parmi les créatures. Les souffrances, les humiliations, les calomnies et le mépris par lesquels tu passes ne sont-ils pas en tout la répétition de ma vie ? Je sentais répéter en toi le clou de l’abandon et de la dispersion de mes apôtres en voyant que si peu restaient pour t’aider. Je te voyais abandonnée et seule dans mes bras avec le clou de l’abandon de ceux qui t’avaient soutenue, et dans ma douleur je disais : « Monde mauvais, comme tu sais bien répéter les scènes de ma Passion dans mes enfants ! » Et tu offrais ton amertume pour le triomphe de ma Volonté et aider ceux qui devaient la faire connaître.

            Par conséquent, courage dans les circonstances douloureuses de la vie. Mais sache que ton Jésus ne t’abandonnera jamais. C’est là une chose que je suis incapable de faire ; mon amour n’est pas de nature inconstante ; il est ferme et constant et ce que dit ma bouche sort de la vie du cœur. Les créatures, par contre, disent une chose et sentent autre chose dans leur cœur ; ils y mêlent aussi bien des objectifs humains, même en se faisant des amis, et tu les vois ainsi changer selon les circonstances.

            D’où la dispersion de ceux qui semblaient vouloir mettre leur vie en jeu durant les temps heureux et qui fuient lâchement quand vient le temps des humiliations et du mépris. Ce sont là tous les effets de la volonté humaine et c’est la vraie prison de la créature capable de former beaucoup de petites chambres qui n’ont cependant pas de fenêtres parce qu’elle n’a pas l’intention de créer des ouvertures pour recevoir le bien de la lumière. Et les passions, les faiblesses, la peur, les craintes excessives, l’inconstance sont autant de chambres obscures de sa prison dans lesquelles la créature reste enfermée, les unes après les autres ; la peur engendre la crainte et la créature s’éloigne alors de celui qui offre sa vie par amour pour elle. Par contre, l’âme où règne ma Volonté vit dans mon palais où il y a tant de lumière que les souffrances, les humiliations et les calomnies ne sont que des escaliers de triomphes et de gloire, et l’accomplissement de grandes œuvres divines. Aussi, au lieu de fuir le pauvre martyr précipité dans la poussière de la perversité humaine, elle se rapproche de lui en attendant avec patiente l’heure de son nouveau triomphe. Oh, si ma Volonté avait régné pleinement dans les apôtres, ils n’auraient certainement pas fui à l’heure où j’avais besoin de leur présence, de leur fidélité, au milieu de tant de souffrances ! Au milieu d’ennemis qui voulaient me dévorer, je voulais des amis fidèles autour de moi, car il n’y a pas de plus grand réconfort que d’avoir un ami près de soi dans les temps d’amertume. J’aurais eu dans mes chers apôtres près de moi les fruits de mes souffrances et, oh, combien de doux souvenirs ils auraient rappelés dans mon Cœur et qui auraient été un baume dans mon immense amertume ! Ma Divine Volonté avec sa lumière les aurait empêchés de fuir et ils se seraient pressés autour de moi. Mais comme ils vivaient dans la prison de leur volonté, leur esprit était obscurci, leur cœur était froid, la peur les envahissait, et ils ont oublié en un seul moment tout le bien qu’ils avaient reçu de moi ; et non seulement ils m’ont fui, mais ils se sont dispersés eux-mêmes. Voilà quels sont tous les effets du vouloir humain qui ne sait pas maintenir l’union et ne sait que disperser en un seul jour le bien qui a été fait durant tant d’années et avec tant de sacrifices. Par conséquent, que ta seule crainte soit de ne pas faire ma Volonté.