No 41 à 44

41.  8 octobre 1931 — La Divine Volonté, dépositaire de tous les actes de tous les saints. Comment Dieu et la créature se donnent la main. Ce que sont les actes perdus du dessein de notre Créateur.

         Mon pauvre esprit tourne autour du Soleil du Fiat suprême et je le trouve entouré par toutes les œuvres, les sacrifices, les souffrances et les héroïsmes accomplis par les anciens et les nouveaux saints, ceux de la Reine du ciel et aussi ceux qui ont été accomplis pour l’amour de notre bienheureux Jésus.

            Le divin Vouloir conserve tout. Premier acteur de tous les actes bons des créatures, il les garde jalousement en dépôt et s’en sert pour sa gloire et celle de ceux qui les ont accomplis. Et moi, voyant que tout était de la Volonté de Dieu, comme elle est aussi mienne, tout était mien ; et tournant en chaque acte, je les offrais comme miens pour mieux glorifier le Vouloir éternel et demander que son règne vienne sur la terre. Je faisais cela lorsque mon aimable Jésus me surprit et me dit :

            Ma fille, écoute l’admirable secret de mon Vouloir. Si la créature veut trouver tout ce qui a été fait de beauté, de bien, de sainteté dans toute l’histoire du monde par moi, par la céleste Maman et par tous les saints, elle doit entrer dans la Divine Volonté ; c’est en elle qu’on retrouve tous les actes. En reconnaissant chaque acte, tu l’as rappelé, tu l’as offert, et ainsi les saints qui ont accompli cet acte, ce sacrifice, se sont sentis appelés par l’âme et ont vu leur acte palpiter à nouveau sur la terre. La gloire pour leur Créateur et pour eux-mêmes en est redoublée, et toi qui as offert cet acte, tu es recouverte par la rosée céleste du bien de ce saint acte ; et selon la noblesse et la hauteur du dessein avec lequel il a été offert, plus intenses et plus grands sont la gloire et le bien qu’il produit.

            Combien de richesses possède ma Volonté ! En elles sont tous mes actes, ceux de la Reine souveraine, qui tous attendent d’être appelés et offerts par la créature afin d’en redoubler les bienfaits pour les créatures et nous rendre une double gloire. Ces actes veulent être rappelés pour palpiter d’une vie nouvelle au sein des créatures, mais faute d’attention, il en est qui meurent, d’autres sont faibles et survivent avec difficulté, certains sont glacés par le froid ou n’ont rien pour satisfaire leur faim. Notre bien, nos actes et nos sacrifices ne sortent pas s’ils ne sont pas appelés, parce qu’en se souvenant d’eux et en les offrant, les créatures se disposent à les reconnaître et à recevoir le bien que nos actes contiennent. Il n’y a pas alors de plus grand honneur que tu puisses rendre au ciel tout entier que d’offrir les actes qu’ils ont accomplis sur la terre pour le noble dessein très haut et très sublime de faire venir sur terre le Règne de la Divine Volonté.

            Après quoi je continuais à penser au divin Vouloir, et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, chaque acte, prière, pensée, affection, parole, afin d’être accepté, parfait, ordonné et complet doit s’élever jusqu’au but voulu par Dieu lui-même parce que lorsque la créature s’élève dans son acte jusqu’à l’objectif voulu par l’Être suprême, elle embrasse le commencement et place dans son acte le dessein pour lequel Dieu l’a créée, et Dieu et la créature se donnent alors la main pour vouloir et faire la même chose ; en faisant cela, l’ordre divin, l’acte divin et la raison pour laquelle Dieu veut qu’elle accomplisse son acte entrent dans l’acte de la créature. Ce dessein divin étant entré dans l’acte, il devient complet, saint, parfait et ordonné et l’auteur de cet acte le devient également. Par contre, si la créature ne s’élève pas jusqu’au but voulu par Dieu dans son acte, elle descend jusqu’au commencement de sa création et ne sentira pas la vie de l’acte divin en elle. Elle accomplira peut-être de nombreux actes, mais incomplets, défectueux, désordonnés ; ce seront des actes ayant perdu l’objectif voulu par le Créateur. C’est pourquoi la chose qui nous plaît le plus est de voir notre propre dessein dans l’acte de la créature ; on peut dire alors qu’elle continue notre vie sur la terre et notre Volonté agissante dans ses actes, ses paroles, et en toutes choses.

42.  12 octobre 1931 — Souffle incessant de Dieu. Vie divine et acte achevé de Dieu dans la créature. Image. Le peuple, les princes, la noble cour et l’armée royale du Royaume céleste.

        Je me sens tout entière revêtue de la force omnipotente du divin Fiat qui m’absorbe et me transforme dans sa lumière. Cette lumière est amour et fait palpiter en moi la vie du Créateur ; cette lumière est parole et me communique les plus merveilleuses nouvelles sur le commencement de mon existence, les relations, les liens d’union, la vertu communicante, l’inséparabilité qui existe encore entre Dieu et moi. Mais qui maintient tout cela en pleine vigueur, si ce n’est la Divine Volonté ? Oh ! puissance du Fiat suprême. Prostrée dans l’immensité de ta lumière, je t’adore profondément et mon petit rien se perd dans ton amour. Mais je pensais cela lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma chère fille, seul mon Vouloir maintient et conserve intact, par un acte continuel, le commencement de la création de la créature. Notre Être suprême a donné le commencement et animé sa vie par la puissance de notre souffle divin ; ce souffle ne devrait jamais être interrompu, d’autant plus que lorsque nous donnons et que nous accomplissons un acte, nous ne le retirons jamais et cela sert à former l’œuvre complète de l’être que nous mettons au jour. Ce premier acte sert à donner le commencement et à former la vie, il sert également à faire de la créature un acte achevé et par notre souffle, nous formons en elle nos actes continuels afin d’achever notre vie divine. Notre souffle forme par petites gorgées la croissance de notre vie dans la créature ; en se donnant, il forme notre acte achevé de sainteté, de beauté, d’amour, de bonté, etc., et lorsque nous l’avons remplie au point de ne plus avoir d’acte à mettre en elle parce qu’elle est limitée, notre souffle cesse et sa vie se termine sur la terre ; et afin d’immortaliser notre souffle dans le ciel, nous transportons notre vie achevée en elle, notre acte terminé, dans notre céleste séjour comme un triomphe de notre création. Il n’existe pas de beautés plus rares que ces vies et ces actes achevés dans le séjour céleste. Ces vies sont les narratrices de notre puissance, de l’enthousiasme de notre amour, elles sont les voix qui disent notre souffle omnipotent, qui ne peuvent former que la vie divine, notre acte achevé dans la créature. Mais sais-tu où nous pouvons former cette vie et cet acte achevé qui sont nôtres ? Dans l’âme qui vit dans notre Divine Volonté et se laisse dominer par elle. Ah, c’est en elle seulement que nous pouvons former la vie divine et développer notre acte complet !

            Notre Vouloir dispose la créature à recevoir toutes les qualités et les couleurs divines, et notre souffle jamais interrompu, comme le pinceau de l’artiste, peint avec une maîtrise admirable et inimitable les plus beaux coloris et forme les images de notre Être suprême. Sans ces images, il n’y aurait pas eu cette grande œuvre de la Création ni la grande œuvre de la puissance de nos mains créatrices ; créer le soleil, le ciel et les étoiles, et tout l’univers aurait été un magnifique néant pour notre puissance. Mais au contraire, toute notre puissance, tous nos arts divins, l’indescriptible excès de notre amour intense, c’est d’accomplir notre acte achevé dans la créature en formant en elle notre vie, et notre gratification est telle que nous restons nous-mêmes sous le charme de l’acte que nous développons.

            Accomplir un acte achevé dans la créature est la plus grande gloire qui nous glorifie le plus, l’amour le plus intense qui nous louange le plus, la puissance qui nous loue continuellement. Mais hélas, pour celle qui ne vit pas dans notre Vouloir, combien d’actes brisés et sans conclusion, combien de nos vies divines à peine conçues ou qui tout au plus naissent sans croître ! Les créatures brisent la continuation de notre œuvre et nous lient les bras ; elles nous mettent dans la position d’un maître qui possède une terre, mais que des serviteurs ingrats empêchent de faire ce qu’il veut avec sa terre, de l’ensemencer et d’y planter ce qu’il veut. Pauvre maître dont la terre est stérile, sans le fruit qu’il pourrait en recevoir en raison de l’iniquité de ses serviteurs ! Les créatures sont notre terre et le serviteur ingrat, c’est le vouloir humain qui en s’opposant au nôtre nous empêche de former notre vie divine en elles.

            Or tu dois savoir que dans le ciel personne n’entre sans posséder notre vie divine, ou au moins notre vie conçue ou née, et telle sera la gloire, la béatitude des bienheureux en fonction de la croissance de notre vie formée en eux. Quelle sera la différence pour celle qui lui a à peine permis d’être conçue, de naître ou de croître, par rapport à la créature qui nous a laissé former une vie complète ? La différence sera telle qu’elle est incompréhensible à la nature humaine. Celles-là seront comme le peuple du Royaume céleste ; par contre, celles qui sont à notre image seront comme des princes, des ministres, la noble cour, l’armée royale du grand Roi. 

            Par conséquent, la créature qui fait ma Divine Volonté et vit en elle peut dire : « Je fais tout et j’appartiens aussi comme cette terre à la famille de mon céleste Père. »

43.  20 octobre 1931 — Rencontres des pas entre Dieu et la créature. Comment Dieu a formé la créature au centre de la Création.

         Ma petite existence tourne toujours dans le divin Vouloir. Je sens qu’il me tire toujours plus vers lui et chaque parole, lumière ou connaissance de sa part est une vie nouvelle qu’il infuse en moi, une joie inhabituelle que je ressens et un bonheur sans fin, plus grand que ce qu’il m’est possible de contenir parce que je suis trop petite. Je me sens comme si mon cœur pouvait éclater de joie et de bonheur divins. Oh ! Divine Volonté. Fais-toi connaître, posséder et aimer afin que tous puissent être heureux, mais d’un bonheur céleste et non terrestre ! Mais je pensais cela lorsque mon doux Jésus me fit sa petite visite et me dit :

            Ma fille, chaque acte que tu accomplis dans ma Divine Volonté est un pas que tu fais vers Dieu, et Dieu fait alors un pas vers toi. Le pas de la créature est l’appel qui invite le pas divin à aller à sa rencontre, et comme nous ne nous laissons jamais dépasser ou vaincre par ses actes, si elle fait un pas, nous en faisons cinq, dix, parce que notre amour étant plus grand que le sien, il précipite et multiplie les pas pour hâter la rencontre et plonger les deux l’un dans l’autre. C’est souvent nous qui faisons le premier pas pour inviter la créature à venir vers nous ; nous voulons notre créature, nous voulons lui donner quelque chose de nous, nous voulons qu’elle nous ressemble, nous voulons la rendre heureuse, et par conséquent nous faisons tout pour l’appeler, et celle qui est dans notre Volonté, oh ! comme elle entend le doux bruit de nos pas et se hâte de venir vers nous afin de recevoir les fruits de nos pas. Veux-tu savoir quels sont ces fruits ? Notre parole créatrice, car aussitôt que se produit la rencontre, la créature se jette au centre de notre Être suprême et nous la recevons avec tant d’amour que, incapables de le contenir, nous l’unissons à nous et par notre parole nous déversons sur elle nos connaissances en faisant d’elle une partie de notre Être divin. Si bien que chacune de nos paroles est un épanchement et que les degrés de connaissances que la créature acquiert par notre parole sont autant de degrés de participation qu’elle reçoit de son Créateur. Chaque acte que tu accomplis dans ma Divine Volonté devient ainsi un chemin pour ce pas afin de te former tout entière de Divine Volonté, et ma parole se servira de toi avec la formation, la lumière et la participation à notre divinité.

            Après quoi mon abandon dans le divin Fiat a continué, et mon doux Jésus ajouta :

            Petite fille de ma Volonté, tu dois savoir que l’unique dessein de la Création était notre amour qui en se manifestant en dehors de nous a formé son centre où développer son dessein. Ce centre était la créature en qui nous devrions faire palpiter notre vie et lui faire sentir notre amour. Et toute la Création devrait être la circonférence de ce centre, un peu comme les rayons du soleil qui devraient entourer, embellir et soutenir ce centre qui en se fixant en nous devrait nous donner le champ où manifester un amour nouveau pour rendre ce centre plus beau, plus riche, plus majestueux, et sur lequel notre amour pourrait se pencher pour accomplir une œuvre digne de nos mains créatrices.

            Toutes les créatures devraient former, unies entre elles, le centre de notre amour manifesté, mais beaucoup se sont éloignées du centre et notre amour est resté suspendu, sans avoir sur quoi se fixer pour accomplir son dessein premier, la raison même de sa sortie. Mais l’ordre de notre sagesse, la vie active de notre amour manifesté ne pouvait tolérer l’échec de notre dessein. Tout au long des siècles, il y a toujours eu une âme que Dieu a formée comme centre de toute la Création et c’est en elle que notre amour s’appuyait et que notre vie battait et atteignait le dessein de toute la Création. C’est au moyen de tous ces centres que la Création est maintenue et que le monde existe encore, sinon il n’aurait plus de raison d’exister, car il lui manquerait la vie et la cause de toute chose.

            Il n’y a donc pas eu et il n’y aura jamais de siècle où nous ne choisirons pas des âmes chères, plus ou moins importantes, qui formeront le centre de la Création et en qui nous aurons notre vie qui palpite et notre amour à l’œuvre ; et selon les époques, les temps, les besoins et les circonstances, elles ont été offertes pour le bien et la défense de tous, et elles seules ont soutenu mes droits sacro-saints et m’ont offert le champ où maintenir l’ordre de mon infinie sagesse. Or tu dois savoir que ces âmes ont été choisies par notre Être divin en chaque siècle comme centre de la Création selon le bien que nous voulions faire et faire connaître, et aussi selon les besoins des centres éparpillés, d’où la diversité de leurs actions, de leur parole et du bien qu’elles ont fait ; mais toute la substance de ces âmes était ma vie palpitante et mon amour manifesté à l’œuvre en elles.

            Et nous t’avons choisie en ce siècle comme centre de toute la Création afin de faire connaître le grand bien avec plus de clarté et ce que signifie faire notre Volonté pour que chacun puisse la désirer et appeler son règne afin que les centres dispersés puissent se réunir en ce centre unique et n’en former qu’un seul. La Création est une naissance issue par la puissance de ma Divine Volonté et il est juste et nécessaire que tous reconnaissent qui est cette Mère qui avec tant d’amour leur a donné le jour afin que tous ses enfants puissent être unis à la Volonté de leur Mère. Ayant une seule Volonté, il sera facile de former un centre unique où cette céleste Mère fera palpiter notre vie divine et notre amour à l’œuvre, d’autant plus que le vice prédominant de ce siècle, l’idole d’un grand nombre, est le vouloir humain, même dans le bien qu’ils font, et c’est pourquoi l’on voit que de l’intérieur de ce bien sortent bien des fautes et des péchés. Cela montre que la source qui les animait n’était pas pure, mais vicieuse, parce que le vrai bien sait produire de bons fruits, et c’est à cela que l’on sait si le bien que l’on fait est vrai ou faux.

            Il y a donc une extrême nécessité de faire connaître ma Divine Volonté, lien d’union, puissante arme de paix, bienfaisante restauratrice de la société humaine.

44.  26 octobre 1931 — Les actes bons accomplis dans la Divine Volonté se changent en lumière. Admirables effets de l’abandon dans les bras de Jésus. La créature qui se laisse dominer par la Divine Volonté devient le peuple de son Royaume.

          Je suis toujours dans les bras de la Divine Volonté qui forme son jour de lumière dans ma petite âme, et bien qu’un nuage apparaisse dans ce jour, la puissance de sa lumière se fixe sur lui et le nuage se voyant observé s’enfuit, se dissipe et semble dire : « On voit qu’il n’y a pas de place pour moi dans ce jour que forme la Divine Volonté dans la créature. » Et il semble qu’elle lui répond :

            Là où je suis, il n’y a de place pour personne parce que je veux un acte unique de ma Volonté avec la créature, ce qui n’admet aucune chose qui ne m’appartienne pas.

            Oh ! Divine Volonté, combien tu es admirable, puissante et aimable, et combien grande ta jalousie là où tu règnes. Oh ! mets toujours en fuite mes misères, mes faiblesses et les nuages de ma volonté afin que mon jour puisse être toujours éternel et le ciel de ma petite âme toujours serein. Mais je pensais cela lorsque mon aimable Jésus me dit :

            Ma fille, le bien est lumière et si ce bien est accompli dans ma Divine Volonté, il se forme autant de rayons que d’actes bons, et mon Fiat se fixe sur ces rayons de lumière dans la circonférence de sa lumière éternelle. Si bien que ces actes prennent place dans nos actes et remplissent une double fonction : une de louange, d’adoration et d’amour éternel envers notre adorable Majesté, et une autre de défense, de miséricorde, d’aide et de lumière pour la génération humaine selon les circonstances où elle se trouve. Par contre, si les actes bons ne sont pas accomplis dans ma Volonté et avec sa puissance, bien qu’ils soient lumière, ils n’ont pas la force de s’agrandir pour se fixer dans la circonférence de notre lumière, et ils restent sans soutien comme des rayons brisés et donc sans vie éternelle, et faute de posséder la source de lumière, ils risquent de s’éteindre peu à peu.

            Après mon abandon dans le divin Vouloir, je me sentais tout affligée par la privation de mon doux Jésus. Sa privation est comme un marteau qui toujours bat pour aggraver encore ma peine, et il arrête de battre lorsque le divin invité sort de sa cachette pour rendre sa petite visite à sa créature bien-aimée : sa douce présence, sa gentillesse fait renaître la joie de la tristesse elle-même, et le marteau cesse son constant et cruel travail. Mais dès que le céleste visiteur se retire, il recommence à battre et ma pauvre âme est alors aux aguets, au cas où il pourrait être vu et entendu à nouveau, et j’attends avec impatience celui qui m’a blessée et qui seul a le pouvoir de guérir cette plaie, hélas si douloureuse ! Mais j’épanchais ainsi ma peine lorsque mon doux Jésus revint et, embrassant ma pauvre âme, il me dit :

            Fille, je suis ici, abandonne-toi dans mes bras et repose-toi ; ton abandon en moi appelle mon abandon en toi et forme mon doux repos dans ton âme. L’abandon en moi forme la douce et puissante chaîne qui me lie si étroitement à l’âme que je ne peux plus m’en détacher, au point de me constituer son cher et tendre prisonnier. L’abandon en moi donne naissance à la vraie confiance, alors l’âme a confiance en moi et j’ai confiance en elle. J’ai confiance en son amour qui ne faiblira pas, j’ai confiance en ses sacrifices qui ne me refuseront jamais rien de ce que je demande, et j’ai pleinement confiance de pouvoir accomplir mes desseins. L’abandon en moi dit qu’elle me donne la liberté et que je suis libre de faire ce que je veux, et en me confiant en elle, je lui manifeste mes secrets les plus intimes. Par conséquent, ma fille, je te veux entièrement abandonnée dans mes bras, et plus tu seras abandonnée en moi plus tu sentiras mon abandon en toi.

            Et moi : « Comment puis-je m’abandonner en toi si tu t’échappes ? » Et Jésus ajouta :

            L’abandon est parfait lorsque, voyant que je m’échappe, tu t’abandonnes encore plus ; cela ne facilite pas mon départ, mais me lie encore plus.

            Puis il ajouta :

            Ma fille, la vie, la sainteté consiste en deux actes : Dieu donne sa Volonté et la créature la reçoit, après quoi la vie a été formée en elle par cet acte de la Divine Volonté qu’elle a reçu pour le redonner en acte de sa volonté afin de le recevoir à nouveau ; donner et recevoir, et recevoir et donner, tout est là. Dieu ne pourrait pas donner plus que l’acte continuel de sa Volonté à la créature ; la créature ne pourrait pas donner plus à Dieu, car tout ce qu’il est possible de recevoir pour la créature de sa Divine Volonté a été reçu par elle comme formation de vie divine. De cette manière, en donnant et en recevant, en recevant et en donnant, mon divin Fiat prend possession et forme son Royaume, et tout l’intérieur de la créature devient comme le peuple du Royaume de la Divine Volonté : l’intelligence, peuple fidèle qui se glorifie d’être dirigé par le commandant en chef du divin Fiat et la foule des pensées qui se pressent alentour et aspirent à connaître et à aimer toujours plus le grand Roi qui siège intronisé au centre de l’intelligence de la créature ; les désirs, les affections, les palpitations qui sortent du cœur augmentent le nombre des habitants de mon Royaume et, oh, comme ils se pressent autour de son trône ! Ils sont tous attentifs, prêts à recevoir les ordres divins et à les exécuter au prix même de leur vie. Quel peuple obéissant et ordonné que celui du Royaume de mon divin Fiat ! Il n’y a pas de disputes, pas de dissensions, uniquement cette foule de gens à l’intérieur de cette heureuse créature qui ne veut qu’une seule et même chose, et telle une armée bien entraînée, ils se placent dans la forteresse du Royaume de mon divin Vouloir.

            Ainsi, lorsque l’intérieur de la créature devient tout entier mon peuple, il sort de l’intérieur et augmente le peuple des paroles, le peuple des œuvres, le peuple des pas ; et l’on peut dire que chaque acte que forme ce peuple céleste contient la parole, l’ordre écrit en lettres d’or : « Volonté de Dieu. » Et lorsque cette foule de gens se met en marche pour exécuter chacun sa fonction, ils sortent le drapeau avec la devise « Fiat », suivie par les mots écrits en vivante lumière : « Nous appartenons au grand Roi du Fiat suprême. » 

            Tu vois par conséquent que chaque créature qui se laisse dominer par mon Vouloir forme un peuple pour le Royaume de Dieu.