No 21 à 40

21.  8 juin 1931 — Plaisir de Dieu lorsque l’on se rappelle ce qu’il a fait dans la Création. Les actes répétés forment la nourriture de l’âme. Comment tout commence sur terre et s’achève dans le ciel.

         Je ressens la force puissante du divin Fiat qui m’appelle en lui pour suivre ses actes, et ma petite intelligence s’est arrêtée en Éden dans l’acte de la création de l’homme. Quel acte solennel ! Après avoir créé toutes choses en préparation, c’est comme s’il voulait célébrer la création d’un palais où l’homme devait vivre somptueusement et dans le confort, sans qu’il lui manque rien. Qu’il suffise de dire que c’était un palais formé par notre Père céleste dans la puissance de son divin Fiat. Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus me dit :

            Fille bien-aimée, ma joie est immense lorsque la créature se souvient de mon amour dans la création de l’homme, alors que notre amour ressemblait à celui d’une mère qui donne le jour à son enfant. Notre amour se hâtait d’enclore en lui la créature afin que partout, à l’extérieur comme à l’intérieur d’elle-même, elle puisse entendre la voix de notre amour lui disant : « Je t’aime, je t’aime. » Le doux son de notre amour lui murmure à l’oreille, bat dans son cœur, et l’embrasse ardemment et résonne fortement sur ses lèvres, l’étreint dans nos bras paternels comme pour lui dire en triomphe que notre amour, quel qu’en soit le prix, veut aimer la créature. Si bien qu’il n’existe rien de plus doux, rien de plus agréable, que de nous rappeler avec quel amour nous avons créé l’homme et toutes choses. Et notre plaisir est si grand que, pour l’heureuse créature qui vient devant notre adorable Majesté pour rappeler un si grand amour, nous redoublons nos liens d’amour pour elle, nous lui donnons de nouvelles grâces, une nouvelle lumière, et nous l’appelons celle qui renouvelle notre fête, car dans la Création tout n’était que fête pour nous et pour tous, et la créature qui rappelle ce que nous avons fait dans la Création met en fête notre amour, notre puissance, notre sagesse créatrice qui a créé tout l’univers avec une inimitable maîtrise, laquelle s’est surpassée dans la création de l’homme. C’est pourquoi toutes nos divines qualités sont en fête et la créature regarde ce qu’elle a mis en fête par son souvenir et son petit échange d’amour, et nos qualités divines rivalisent entre elles pour redoubler tantôt l’amour, tantôt la bonté et tantôt la sainteté. Bref, chacune de nos divines qualités veut donner de ce qu’elle a afin de répéter dans la créature ce que nous avons fait dans la Création.

            Par conséquent, répète souvent le doux souvenir de l’amour insurpassable que nous avons eu dans la Création. C’est une créature sortie de nous, une de nos images, un de nos enfants que nous amis mis au jour et à qui avons témoigné tant d’amour ; et en éveillant ce souvenir, nous l’aimons encore plus. Si bien que la Création tout entière n’est rien d’autre qu’une manifestation de notre Volonté amoureuse envers la créature, et dans ce témoignage d’amour elle répète : « Fiat, Fiat » afin d’orner toute la Création de son étalage d’amour.

            D’autant plus que chaque acte, parole, pensée accomplis dans notre divin Vouloir forment la nourriture de l’âme qui conserve la vie, la fait grandir et lui donne la force nécessaire pour former suffisamment d’aliments et ne pas devoir rester à jeun. Les actes continus ne sont donc rien d’autre que la nourriture préparée d’un jour à l’autre afin d’avoir toujours quelque chose à manger. Sans ces actes, la pauvre créature n’aura rien pour calmer sa faim et ces actes bons, saints et divins mourront en elle. Si les actes ne sont pas continuels, la nourriture deviendra rare et lorsqu’elle est insuffisante, la vie du bien s’affaiblit, et cette faiblesse fait perdre le goût et l’appétit de se nourrir. Par contre, lorsque les actes sont continuels, chacun d’eux apporte sa contribution : celui-ci fabrique les aliments, celui-là apporte l’eau, l’autre le feu pour les faire cuire ; d’autres encore procurent les condiments qui donneront du goût afin de satisfaire l’appétit. En somme, les actes répétés ne sont rien d’autre que la cuisine divine dressant la table céleste pour la créature. Et comme il est beau de voir la créature préparer les aliments divins par la continuation de ses actes dans notre Fiat, et se nourrir des mets de notre céleste pays ! Car tu dois savoir qu’une sainte pensée en appelle une autre, un mot, une bonne action invite l’autre à s’alimenter, et la nourriture forme la vie.

            Après quoi je continuais à penser à la Divine Volonté et au grand bien que l'on reçoit en vivant abandonnée dans ses bras. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma bonne fille, le grand bien de la vie dans le divin Vouloir est étonnant et presque incompréhensible à la créature humaine. Tu dois savoir que tout ce que l’on fait de bien et de saint dans ma Divine Volonté n’est rien d’autre qu’une semence qui germe dans le champ de l’âme pour donner une lumière divine et former un commencement qui n’aura pas de fin parce que tout ce qui est fait dans ma Divine Volonté est semé, germe et grandit de façon admirable sur la terre pendant qu’elle y vit, et trouvera son achèvement dans le ciel. Le développement ultime, la variété de beautés, les tons, les teintes les plus belles seront donnés dans le Pays céleste. De sorte que chaque acte accompli sur terre aura sa place dans le séjour céleste, chaque acte accompli par la créature lui apportera de nouvelles béatitudes, des joies nouvelles communiquées par mon Vouloir. Mon divin Fiat ne dit jamais à la créature que c’est suffisant ; il veut la faire grandir en sainteté, en grâce, en beauté jusqu’à son dernier souffle de vie ici-bas, et il se réserve par conséquent le dernier coup de pinceau et l’accomplissement de son triomphe complet dans les célestes régions. Par conséquent les créatures dans ma Volonté n’arrêtent jamais, et selon les circonstances de la vie elles connaissent tantôt les souffrances, tantôt les humiliations et tantôt la gloire afin de pouvoir toujours mener leur course dans ma Volonté et lui laisser le champ libre pour semer dans la créature de nouvelles semences divines que le divin Fiat s’engage à cultiver et à faire grandir de façon admirable, jusqu’à leur achèvement dans la céleste gloire. C’est pourquoi rien ne commence au ciel, mais tout commence sur terre et c’est le ciel qui l’achève.

22.  16 juin 1931 — Jésus prie. Nécessité de posséder un bien pour pouvoir le communiquer aux autres. Les petites lumières forment l’entrelacs avec la grande lumière de la Divine Volonté.

       Mon abandon dans la Divine Volonté continue bien que dans le cauchemar des privations de mon doux Jésus. Combien mon pauvre cœur est torturé et troublé de ne pas trouver celui dont le souffle céleste fait battre ce cœur ! Mon Jésus, ma vie, ne disais-tu pas toi-même que tu voulais me faire respirer ton souffle divin afin de pouvoir former ma vie dans les battements de ton Cœur pour que le mien puisse vivre des tiens, de ton amour, de tes souffrances et de toi tout entier ? 

            Mais alors que mon pauvre cœur épanchait sa douleur de la privation de son Jésus bien-aimé, j’ai entendu intérieurement sa voix claire résonner dans mes oreilles et qui disait avec une indescriptible tendresse :

            Père très saint, je te prie pour mes enfants et pour tous ceux que tu m’as donnés parce que je reconnais qu’ils sont miens. Je les serre entre mes bras pour les protéger de la tempête qui se prépare contre mon Église.

            Puis il ajouta :

            Ma fille, combien de reniements il y aura, combien de masques vont tomber ! Je ne pouvais plus supporter leur hypocrisie, ma justice était accablée par tant de faux-semblants et ils n’ont pas pu conserver plus longtemps le masque derrière lequel ils se cachaient. Par conséquent, prie avec moi afin que ceux qui doivent servir pour ma gloire demeurent en sécurité et que ceux qui veulent frapper mon Église restent dans la confusion.

            Après quoi il garda le silence et mon pauvre esprit a pu voir un grand nombre de choses mortelles et tragiques, et alors que je priais, Jésus, mon très grand bien, répéta :

            Ma fille, pour pouvoir communiquer un bien aux autres, il est nécessaire de posséder la plénitude de ce bien, car l’âme qui le possède en connaît les effets, la substance, la manière d’acquérir ce bien et elle aura donc la vertu lui permettant d’infuser ce bien chez les autres, de pouvoir dire les beautés, les prérogatives et les fruits que ce bien produit. Par contre, si une âme n’a su acquérir qu’une gorgée de ce bien, de cette vertu, et qu’elle veut commencer à l’enseigner aux autres, elle ne connaîtra pas en profondeur la plénitude de cette vertu et par conséquent, elle ne saura pas comment redire son grand bien ni donner la façon de l’acquérir ; elle ressemblera à un enfant qui ayant à peine appris les voyelles veut jouer au maître devant les autres : pauvre enfant, son jeu tournera à la farce, car il sera incapable de poursuivre son enseignement ! Les vrais saints commençaient d’abord par être si remplis d’amour, de divines connaissances, de patience, etc., et lorsqu’ils en étaient remplis au point de ne plus pouvoir tout contenir en eux, le bien qu’ils possédaient débordait pour se communiquer aux autres ; et leur parole était enflammée, elle était lumière, et ils enseignaient non pas superficiellement mais de façon pratique et substantielle le bien qu’ils possédaient. C’est la raison pour laquelle beaucoup veulent se faire enseignants, mais ne font aucun bien, car n’ayant pas suffisamment de nourriture en eux, comment pourraient-ils nourrir les autres ?

            Après quoi je m’abandonnais dans le Fiat suprême, mon pauvre esprit s’y perdait et je demeurais ravie en voyant devant moi l’Être divin et une interminable lumière composée d’innombrables rayons qui sortaient de lui. Ces rayons étaient très souvent tissés de petites lumières nouées dans les interminables rayons de l’adorable Majesté qui semblaient être la naissance de la lumière elle-même et étaient nourris de lumière afin de former la vie de lumière et grandir selon le désir de Dieu. Quel enchantement que ces Hauteurs divines ! Sa présence enchante, l’œil se perd dans son immensité et si grande est sa beauté, la multiplicité de ses joies infinies, qu’elle semble tomber telle une pluie abondante de son Être divin. On en reste muet et l’on est par conséquent incapable d’en dire quoi que ce soit. J’étais tout immergée dans ce qui se présentait à mon esprit lorsque mon bien-aimé Jésus me dit :

            Fille de mon divin Vouloir, regarde cette immense lumière ; elle n’est rien d’autre que l’émanation de notre Volonté du centre de notre Être divin. En prononçant le Fiat, il s’est étendu de façon à former avec sa force créatrice toute chose créée, et pour que rien ne sorte de sa lumière, il est resté en ce qui est sorti de nos mains créatrices. De sorte que les entrelacs que tu vois dans les rayons de notre lumière ne sont rien d’autre que les choses créées : certaines sont comme en captivité dans notre lumière si bien qu’elles ne subissent aucun changement, d’autres, les créatures qui vivent dans notre Vouloir, sont non seulement en captivité, mais dans l’acte de continuellement recevoir de Dieu afin de grandir, de se nourrir de la lumière, et avec leurs petites lumières, de former un entrelacs avec le divin Vouloir lui-même pour le laisser œuvrer dans la petite lumière. De sorte que ces petites lumières laissent le champ libre à notre divin Fiat pour le laisser continuellement travailler en elles et il semble qu’elles nous laissent toujours de quoi faire et nous laissent continuer l’œuvre que nous avons commencée dans la Création avec tant d’amour. Et lorsque la créature nous donne l’occasion de continuer notre travail en nous laissant la liberté de travailler dans sa petite lumière, cela nous plaît tellement que nous faisons participer la petite lumière à notre œuvre, et nous ne nous sentons pas isolés de la créature, mais jouissons de la beauté de sa compagnie et elle de la nôtre. Par conséquent, ne nous laisse jamais seuls en travaillant avec la Divine Volonté et tu jouiras du grand bien de notre compagnie.

23.  23 juin 1931 — Comment la Création manifeste la paternité divine, et comment Dieu se sent Père de celle qui le reconnaît dans ses œuvres.

        Je faisais ma ronde dans la Création pour y suivre les actes accomplis en elle par la Divine Volonté ; il me semblait qu’en chaque chose créée il y avait, telle une noble Reine, l’adorable Volonté comme centre de vie pour y faire sa douce rencontre avec la créature, mais cette rencontre est faite par celle qui la reconnaît en chaque chose créée. Dans cette heureuse rencontre, les correspondances sont ouvertes des deux côtés, elles célèbrent ensemble, la Divine Volonté donne et la créature reçoit. Mais mon esprit se perdait dans les choses créées lorsque mon très grand bien, Jésus, me dit :

            Ma fille, toute la Création manifeste la paternité, la puissance, l’amour et l’harmonie de celui qui l’a créée. Mais sais-tu pour qui nous nous sentons Père ? Pour celle qui se rappelle et reconnaît que toute la Création est la propriété de son Créateur qui, voulant manifester sa paternité pour les créatures, a créé tant de belles choses par amour pour elles ; c’est par conséquent pour celle qui le reconnaît et qui, pour le payer de retour et le remercier, se presse autour de son Père céleste comme une fille qui reconnaît ses biens et qu’il les a créés parce qu’il veut que sa fille entre en possession des biens de son Père. Si tu savais notre joie de nous sentir Père et de voir nos enfants se presser autour de nous grâce aux choses que nous avons créées !

            Si bien que la créature, en se rappelant et en reconnaissant ce que Dieu a fait pour elle, nous aime comme un Père et nous l’aimons comme notre fille ; nous sentons que notre paternité n’est pas stérile, mais féconde. Ainsi, en celle qui se rappelle et reconnaît ce que j’ai fait et souffert dans ma vie et ma Passion, je me sens Rédempteur et je donne pour posséder le bien de ma Rédemption afin que mes souffrances, mes œuvres, mes pas entourent l’heureuse créature pour l’aider, la sanctifier et lui faire sentir les effets de ma vie entière. Et en celle qui reconnaît ce que notre amour a fait et peut faire dans l’ordre de la grâce, je me sens comme l’amant passionné et lui donne la possession de mon amour de sorte qu’elle ressentira tant d’amour pour moi qu’elle ne pourra plus vivre sans m’aimer. Et comme l’amour véritable est de toujours faire ma Volonté, je réalise un prodige de mon amour et de mon Vouloir.

            Quelle tristesse ce serait pour un père d’avoir des enfants et de ne pas les voir autour de lui pour s’aimer et profiter des fruits de ses viscères. Telle est notre Divinité. Nous avons étendu notre paternité de façon infinie dans la Création, et comme Père nous veillons sur nos enfants pour qu’ils ne manquent de rien ; nos bras ressentent le besoin de les serrer sur notre sein pour leur donner et recevoir de l’amour, et quand nous voyons la créature qui court vers nous pour nous embrasser, oh, comme nous sommes heureux que notre paternité soit reconnue et que nous pouvons être un Père pour nos enfants ! Notre génération est presque innombrable, mais rares sont les enfants qui nous entourent ; tous les autres sont distants, distants par le cœur, la volonté, loin de nous ressembler ; et dans notre douleur de voir si peu d’enfants autour de nous, nous disons : « Et nos autres enfants, où sont-ils ? Comment se fait-il qu’ils ne ressentent pas le besoin d’avoir un Père céleste, de recevoir nos paternelles caresses, de posséder nos biens ? »

            Par conséquent, sois attentive à reconnaître nos biens et nos œuvres, et tu sentiras notre paternité dans le ciel constellé d’étoiles qui t’appellent fille par leur doux scintillement et attestent de l’amour de ton Père. Notre paternité s’étend dans le soleil qui par sa lumière vibrante t’appelle fille et te dit : « Reconnais dans ma lumière le grand don de ton Père qui t’aime tellement qu’il veut que tu possèdes cette lumière.» Notre paternité s’étend partout : dans l’eau que tu bois, dans la nourriture que tu prends, dans la diversité des beautés de la nature ; nos œuvres ont une voix commune et toutes t’appellent fille du Père céleste, et comme tu es sa fille, elles veulent être possédées par toi. Quel serait notre satisfaction si en toute chose créée par nous, à notre tendre voix qui t’appelle fille, nous pouvions entendre ta voix nous appeler Père et nous dire : « Voilà un don de mon Père ; oh, comme il m’aime ! Et moi je veux l’aimer beaucoup, beaucoup. »

24.  30 juin 1931 — Comment la plus grande grâce que Dieu ait faite à l’homme était de le rendre capable de faire ses actes dans la Divine Volonté. Comment ce Royaume existe, et comment l’Humanité vivante l’a possédé.

         Je pense au divin Vouloir ; comment ce Royaume peut-il jamais venir sur terre ? Étant donné les tempêtes qui nous menacent et la triste condition des générations humaines, cela paraît impossible. Et il me semble que cette impossibilité est augmentée par l’indifférence et l’indisposition de ceux qui au moins sont dits bons, mais qui n’ont aucun intérêt à faire connaître un Vouloir si saint et sa Volonté qui veut nous faire la grande grâce de vouloir régner parmi les créatures. Comment est-il possible de faire vivre un bien que l’on ne connaît pas ? Mais je pensais cela lorsque mon aimable Jésus me surprit en me disant :

            Ma fille, ce qui est impossible aux yeux des hommes est possible pour Dieu. Tu dois savoir que la plus grande grâce que nous avons faite à l’homme dans sa création fut de lui donner la possibilité d’entrer dans notre Divine Volonté pour y accomplir ses actes humains ; et comme le vouloir humain était petit et le Vouloir divin grand, celui-ci possédait la vertu d’absorber le petit dans le grand et de changer la volonté humaine en Vouloir divin. C’est pourquoi Adam, au commencement de sa création, entra dans l’ordre de notre Divine Volonté et qu’il y accomplit un grand nombre d’actes ; et si en se retirant de notre Vouloir, il est sorti de notre Volonté, ses actes humains accomplis dans notre Vouloir sont demeurés comme un gage et un droit de l’homme, et le commencement et la fondation d’un Royaume qu’il a acquis. Dans la Divine Volonté, ce que l’on accomplit en elle est indélébile, et Dieu lui-même ne peut annuler un seul acte accompli par la créature dans le Fiat suprême. Sortant de ma Volonté, Adam, le premier homme créé, était en conséquence la racine, le tronc de toutes les générations humaines afin qu’elles puissent hériter, presque comme les branches qui sortent des racines et du tronc de l’arbre de l’homme ; et comme toutes les créatures qui dans la nature ont hérité du germe et de la semence du péché originel, ils ont hérité de ses premiers actes accomplis dans notre Vouloir et qui constituent le commencement et le droit du Royaume de notre divin Vouloir pour les créatures. C’est pour confirmer cela que la Vierge immaculée est venue œuvrer et suivre les actes d’Adam de façon à compléter le Royaume tout entier de la Divine Volonté et être la première héritière d’un Royaume si saint, et à donner le droit à ses chers enfants d’en prendre possession. Et pour compléter tout cela, mon Humanité est venue – possédant par nature ma Divine Volonté qu’Adam et la Reine souveraine possédaient par grâce – afin de confirmer par le sceau de ses actes ce Royaume de la Divine Volonté.

            De sorte que ce Royaume existe en réalité parce qu’une Humanité vivante a formé ses actes en lui, des actes qui sont les matériaux nécessaires à la formation de ce Royaume afin de donner le droit au reste de l’humanité de le posséder. Et pour le confirmer encore plus, j’ai enseigné le Notre Père afin que par cette prière la créature puisse s’y disposer, acquérir les droits de le recevoir, et que Dieu se sente le devoir de le lui accorder. En enseignant le Pater Noster, j’ai moi-même mis entre leurs mains le droit de le recevoir et j’ai entrepris de donner un Royaume si saint. Et chaque fois que la créature récite le Notre Père, elle acquiert une sorte de droit d’entrée dans ce Royaume : premièrement parce que c’est une prière enseignée par moi et qui contient la valeur de ma prière ; deuxièmement parce que l’amour de notre Divinité envers les créatures est si grand que nous faisons attention à tout, que nous remarquons tout, même les plus petits actes, les saints désirs, les petites prières, afin d’y répondre par de grandes grâces. On peut dire que ce sont des occasions, des prétextes que nous recherchons pour pouvoir lui dire : « Tu as fait cela et nous te donnons cela ; tu as fait ce qui est petit et nous te donnons ce qui est grand. »

            Ainsi le Royaume existe. Et si je t’ai si souvent parlé de ma Divine Volonté, ce n’était que les préparations de bien des siècles de mon Église – les prières, les sacrifices et les récitations continuelles des Pater Noster – qui ont porté notre bonté à choisir une créature pour lui manifester les nombreuses connaissances de notre Volonté et ses grands prodiges ; j’ai lié ainsi ma Volonté aux créatures en lui donnant de nouveaux gages de son Royaume. Et lorsque tu écoutais et cherchais à te conformer aux enseignements que je te donnais, tu formais de nouveaux liens afin de lier les créatures dans ma Volonté. Tu dois savoir que je suis le Dieu de tous et que lorsque je fais un bien, je ne le fais jamais isolément ; je le fais pour tous, excepté ceux qui n’en veulent pas et ne veulent pas le prendre. Et lorsqu’une créature me correspond, je ne la vois pas comme si elle était seule, mais comme appartenant à toute la famille humaine, de sorte que le bien de l’une est communiqué aux autres. Or si le Royaume existe, que l’humanité vivante l’a possédé et a vécu en lui, que ma Volonté veut régner parmi les créatures – mes connaissances elles-mêmes le disent de façon claire – comment peux-tu alors penser qu’il est impossible que ce Royaume vienne ? Tout est possible pour moi. Je me servirai des tempêtes elles-mêmes et des événements nouveaux pour me préparer ceux qui doivent s’employer à faire connaître ma Volonté ; les tempêtes serviront à purifier l’air mauvais et à évacuer ce qui est nuisible. C’est pourquoi je disposerai toute chose ; je sais ce qu’il faut faire et j’ai les temps à ma disposition. Par conséquent, laisse faire ton Jésus et tu verras comment ma Volonté sera connue et accomplie.

25.  2 juillet 1931 — Comment la Divine Volonté contient la vertu de convertir en nature le bien que l’on fait. Le retour de l’œuvre de son Créateur. Comment la Création contient un acte déterminé, la créature un acte en croissance.

         Je faisais ma ronde dans la Divine Volonté pour suivre ses actes, et j’étais arrivée au point où le céleste Enfant était en Égypte et sa céleste Maman le berçait pour l’endormir tout en confectionnant de ses mains maternelles un petit habit pour le divin Enfant. Je m’unissais à sa Maman pour faire courir entre ses doigts et dans le fil mes  « Je vous aime » à Jésus afin de les tisser dans le petit habit, et sur le pied de la Reine qui balançait le berceau, je plaçais le mien afin de pouvoir moi aussi le bercer et faire pour Jésus ce que faisait sa Maman. Et c’est alors que le céleste Enfant, entre la veille et le sommeil, dit : « Mes deux Mamans ? » Me rappelant cela et ce qui est écrit dans le livre vingt-quatre, je pensais en moi-même : « Voilà que mon cher Jésus répète quand même ces doux mots ‘Mes deux Mamans’. » Après la tempête si terrible qui avait dévasté ma pauvre âme comme une averse de grêle, et qui sait combien d’autres fautes j’avais commises, je pensais que Jésus n’aurait plus pour moi ce tendre amour qui lui faisait dire si gentiment : « Mes deux Mamans. » Mais je pensais cela lorsque mon aimable Jésus me dit:

            Ma fille, comme tu n’avais pas arrêté de t’unir continuellement avec notre céleste Maman, de placer pour moi tes « Je vous aime » dans ce qu’elle faisait, est-ce que je pouvais cesser de dire : « Mes deux Mamans ? » Je t’aimerais alors moins que toi tu m’aimes, alors que jamais je ne me laisse dépasser par l’amour de la créature. Tu devrais aussi savoir que tout ce que la créature fait dans ma Divine Volonté, ce bien que fait la créature a la vertu de se convertir en nature, et un bien véritable en nature n’est jamais perdu, et il n’y a pas non plus de difficultés à le répéter aussi souvent qu’on le veut. Aurais-tu peut-être de la difficulté à respirer, à toucher ? Non, parce que c’est dans ta nature, et si tu ne le veux pas, il te faut plutôt faire un effort, et un effort qui pourrait te coûter la vie. Et c’est là le plus grand prodige de ma Volonté : convertir en nature la prière, l’amour, la sainteté, ses connaissances. Et lorsque je vois que la créature s’est placée sous l’autorité de ma Volonté, si bien que ma Volonté a été capable de changer en nature mes biens divins, mes paroles résonnent dans l’âme avec ma puissance créatrice et lui donnent la maternité de nature ; comment alors ne pas répéter : « Mes deux Mamans ? » Ce que je dis est réalité. N’est-il pas vrai que ma Maman est ma Mère selon l’ordre de la nature et qu’elle est aussi ma Mère selon l’ordre divin en vertu de la Divine Volonté qu’elle possédait ? Si elle n’avait pas possédé mon Vouloir, elle n’aurait pu être ma Mère, ni dans l’ordre humain ni dans l’ordre divin. Oh, combien de choses ma Volonté est-elle capable de faire dans la créature qui se laisse dominer par elle ! Ma Volonté sait comment faire descendre l’ordre divin dans l’humain et convertir en nature l’ordre divin ; elle sait accomplir des prodiges capables de stupéfier le ciel et la terre. Laisse-toi dominer par ma Volonté et je ferai résonner en toi mes douces paroles : « Ma chère Maman, que mon Fiat garde pour moi sur la terre. »

            Après quoi je suivais le divin Fiat dans la Création et je me disais : « Je veux entrer dans le soleil et le vider de l’amour que Dieu y a mis par amour pour les créatures, et sur les ailes de sa lumière, le rapporter à mon Créateur en échange de mon amour. Je veux vider le vent pour lui rapporter l’impétuosité, les gémissements et la domination de l’amour afin de régner sur le divin Cœur pour apporter le Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Je veux vider le ciel de l’amour qu’il contient afin de rapporter à mon Créateur l’amour qui ne finit jamais, qui ne dit jamais c’est assez, et le lui apporter en échange de mon amour pour lui partout et en tous. » Mais qui peut dire toutes les folies que j’ai dites à propos de toutes les choses créées. Je faisais cela lorsque mon doux Jésus me dit : 

            Fille de ma Volonté, combien m’est agréable l’âme qui entre dans mon Vouloir pour y trouver toutes mes œuvres ! Et volant d’une chose créée à l’autre, elle calcule selon ses faibles moyens combien d’amour, de bonté, de puissance, de beauté et d’autres choses j’ai pu mettre dans chaque chose créée ; et comme pour celle qui est dans ma Volonté ce qui est à moi est à elle, elle embrasse tout et le rapporte en moi et autour de moi en échange de son amour, et je sens revenir à moi l’amour que nous avons mis dans la Création, la puissance, la bonté et la beauté avec lesquelles nous avons peint toute la Création. Et dans notre excès d’amour, nous disons : « La fille de notre Volonté nous retourne nos œuvres, notre amour, notre bonté et tout le reste, et tout en nous les retournant, elle les laisse à leur poste, et nous ressentons de la joie et du bonheur comme si nous faisions à nouveau toute la Création. »

            Or tu dois savoir qu’en créant tout l’univers, la variété de tant de choses diverses, nous avons émis un acte déterminé et suffisant pour chaque chose, de telle sorte qu’aucune ne peut outrepasser la limite dans laquelle elle a été créée. Cependant, bien que ce fût un acte déterminé que les choses créées ne peuvent pas dépasser, c’était un acte complet, si bien que les créatures ne peuvent prendre tout le bien que contient chaque chose créée et elles n’en ont d’ailleurs pas la capacité. Qui donc en vérité pourrait dire : « Je peux prendre toute la lumière du soleil » ? ou : « Le ciel par-dessus ma tête n’est pas suffisant pour moi » ? ou : « Toutes les eaux ne parviennent pas à me désaltérer » ? ou : « La terre n’est pas suffisante sous mes pieds » ? et bien d’autres choses. Et cela parce que si grand est notre amour, si surabondants le luxe, l’étalage et la splendeur de ce que nous possédons lorsque notre Divinité accomplit un acte et crée des choses. Aucune de nos œuvres ne peut être qualifiée de pauvre ; toutes sont une manifestation grandiose, certaines par un luxe de lumière, d’autres par la splendeur de leur beauté, d’autres encore par la variété de leurs couleurs ; elles semblent vouloir dire dans leur langage muet : « Notre Créateur est immensément riche, beau, puissant, sage, et nous toutes par conséquent, telles des œuvres dignes de lui, nous faisons un étalage de ce luxe dans la fonction que Dieu nous a donnée. »

            Or, ma fille, tel ne fut pas le cas en créant l’homme ; nous n’avons pas mis en lui un acte déterminé, mais un acte toujours en croissance. Notre amour ne voulait pas dire à l’homme que c’est assez ; cela aurait été comme un obstacle à notre amour, un arrêt à notre enthousiasme. Non, non, notre «c’est assez » n’a pas été prononcé dans la création de l’homme, il n’a pas mis une fin, mais un acte toujours grandissant, de façon à ce que nos manifestations d’amour ne puissent pas avoir de fin, mais être capables de manifester une splendeur de luxe, de grâce, de sainteté, de beauté, et de bonté et de tout le reste autant qu’il lui plairait. Nous avons attaché notre acte croissant à son libre arbitre afin qu’il ne puisse y avoir aucun obstacle au luxe dont il serait capable. Et pour que notre acte croissant dans l’homme puisse avoir tous les soutiens possibles et imaginables, nous avons également mis notre Divine Volonté à sa disposition afin de lui permettre de maintenir aux dépens de notre Volonté tout le luxe désiré et la surabondance des biens de son Créateur. Notre amour n’a pas osé dire : « C’est assez pour l’homme, notre enfant – jusqu’ici, tu peux aller.» Non, non, cela aurait été comme si un père disait à ses enfants : « Jusqu’à une certaine date, vous pourrez vous asseoir à ma table, puis ce sera fini. » Ce ne serait pas l’amour d’un père, mais d’un maître. Que l’enfant puisse vouloir arrêter de recevoir de la nourriture de son père, cela se peut, mais que le Père lui dise : « Tu resteras dans le jeûne », il ne le fera jamais. Telle est notre bonté : nous ne dirons jamais c’est assez à la créature. Notre acte croissant lui servira continuellement de la nourriture pour la faire grandir et la conserver, mais si la créature ingrate refuse de se servir de notre acte croissant, ce grand don que lui a fait son Créateur, nous aurons la tristesse de voir notre chère enfant jeûner, dans la pauvreté, notre acte entravé et sans vie, et la créature changera notre enthousiasme d’amour en tristesse. Par conséquent, si tu veux que notre acte croissant puisse avoir la vie en toi, ne sors jamais de notre Divine Volonté qui veillera jalousement à te faire toujours, toujours grandir.

26.  6 juillet 1931 — Le livre du Fiat dans les profondeurs de l’âme. Le livre du Fiat dans la Création. Comment la Divine Volonté maintient toutes les créatures sous la pluie de son acte continu.

         Mon pauvre esprit semble ne pas savoir faire autre chose que penser à la Divine Volonté ; il trouve sa vie en tout ce que je vois, ceci pour l’intérieur ; et à l’extérieur, il ne trouve que le divin Fiat qui aime tellement et veut être aimé. Je ressens le besoin de le trouver en toutes choses pour le respirer, sentir ses pulsations de lumière, comme le sang qui circule dans l’âme et se fait vie primordiale de mon pauvre être ; et là où je ne sais pas comment le trouver en toutes choses, je me sens manquer de pulsations continuelles dans le cœur, de bouffée d’air permettant la vie de la Divine Volonté dans mon âme. Et je priais Jésus de m’enseigner à le trouver en toutes choses afin de ne jamais manquer de sa vie éternelle en moi. Et mon très grand bien, Jésus, me dit dans sa bonté :

            Ma fille, celle qui fait ma Volonté et vit en elle forme dans son âme le livre du divin Fiat, mais ce livre doit être complet et non pas vide, ni avec des pages partiellement remplies ; s’il n’est pas complet, elle va rapidement finir de le lire, et n’ayant plus rien à lire dans ce livre, elle s’intéressera à d’autres livres et la vie de la Divine Volonté sera interrompue et comme brisée dans la créature. Par contre, si le livre est complet, elle aura toujours quelque chose à lire et s’il lui semble avoir fini, j’ajouterai d’autres pages plus sublimes encore afin que jamais ne lui manquent la vie, la connaissance nouvelle et la substantielle nourriture de mon divin Vouloir.

            Il doit y avoir bien des pages à l’intérieur de ce livre : des pages sur l’intelligence, la volonté et la mémoire, une page sur le désir, l’affection, le battement de cœur, le mot qu’il faut savoir pour répéter ce qui a été lu, autrement ce sera un livre qui ne sera bon pour personne, car pour celui qui forme un livre, le premier objectif est de le propager. L’intérieur du livre doit donc avoir des pages écrites sur ma Divine Volonté et le livre doit être plein au point de ne pas trouver autre chose à lire que sur ma Volonté et elle seule. Et lorsque l’âme aura rempli l’intérieur de son livre, elle connaîtra bien le livre extérieur de la Divine Volonté. Toute la Création n’est rien d’autre que le livre de ma Divine Volonté ; chaque chose créée est une page qui forme un très grand livre avec bien des volumes. Après avoir formé son livre intérieur et l’avoir bien lu, l’âme saura comment bien lire le livre extérieur de la Création et en toutes choses elle retrouvera ma Divine Volonté en acte pour lui donner sa vie, ses très hautes et sublimes leçons et sa délicate et sainte nourriture. Pour l’âme qui aura formé en elle ce livre du divin Fiat et l’aura très bien lu, il en sera comme pour celle qui avait un livre, l’a lu et relu, en a bien étudié les parties les plus difficiles, a résolu toutes les difficultés, rendu clairs les points obscurs, de telle sorte qu’elle a consumé sa vie sur ce livre : si une personne de l’extérieur lui apporte un autre livre semblable, elle le connaîtra très certainement et reconnaîtra le sien dans ce livre, d’autant plus que ma Divine Volonté a enclos la créature dans son cercle très saint et a placé dans les profondeurs de son âme le livre de son Fiat ; et dans la Création mon Fiat a répété ce livre divin de sorte que l’un se fait l’écho de l’autre et qu’ils s’entendent merveilleusement. Tu vois par conséquent qu’il est nécessaire de reconnaître le livre du divin Fiat dans les profondeurs de son âme, de bien le lire pour en faire une vie éternelle et l’âme pourra ainsi lire avec facilité les très belles pages du grand livre de ma Volonté dans toute la Création.

            Après quoi je continuais mes actes dans la Divine Volonté et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, ma Divine Volonté maintient son acte continuel qu’elle ne cesse jamais de déverser sur toutes les créatures pour les revêtir d’un acte continuel de lumière, de sainteté, de beauté, de soutien, de puissance et de bonheur ; son amour est tel qu’un acte n’attend pas l’autre pour se déverser en torrents plus abondants que la pluie sur toutes les créatures. Cet acte continuel est reconnu et reçu par tous les habitants de la contrée céleste de telle sorte qu’il forme des surprises toujours nouvelles de joies ineffables et de bonheur sans fin ; on peut dire qu’il forme la vie et la substance de la béatitude de tous les bienheureux. Or, puisque ma Divine Volonté possède de nature cet acte continuel, elle ne peut ni ne veut changer de régime : comme elle donne cet acte continuel au ciel, elle le donne aussi à toute la Création et à chaque créature, car chacune reçoit la vie de son acte continuel, et s’il devait cesser, la vie de toutes s’arrêterait ; tout au plus peut-il y avoir des changements d’effets, car ma Divine Volonté agit en fonction des dispositions de chaque créature et, par conséquent, ce même acte continuel produit sur certaines un effet et un autre effet sur d’autres ; et il en est aussi qui malheureusement, bien qu’elles soient continuellement sous la pluie de cet acte continuel de lumière, de sainteté, de beauté, etc., n’en sont même pas mouillées ni illuminées, ni saintes, ni belles, et qui convertissent en elles-mêmes cet acte continuel de bonté en ténèbres, en passions et peut-être aussi en péché. Mais mon Vouloir ne cesse cependant pas de faire pleuvoir son acte continuel de biens divins sur tous, car il se trouve lui-même dans la condition du soleil qui même si les êtres humains ne voulaient pas recevoir sa lumière, ni les arbres, les plantes et les fleurs auxquels il pourrait communiquer les si nombreux et admirables effets que son acte de lumière continuelle contient – c'est-à-dire la douceur, la saveur, le magnifique arc-en-ciel avec toutes ses couleurs – continuerait quand même son acte de lumière. Mais si le soleil avait la raison, il pleurerait de douleur des larmes d’ardente lumière en voyant dans le grand vide de sa lumière tous les biens qu’il donne en réalité, mais qui ne sont pas reçus. Ma Divine Volonté est plus que le soleil : elle contient dans sa lumière infinie tous les êtres et toutes choses, sa nature est de vouloir donner toujours, et toujours elle donne ; si tous voulaient tout prendre, ils seraient tous saints et le monde serait transformé en bonheur. Mais pour sa très grande souffrance, ses biens ne sont pas reçus, ils sont même rejetés dans sa lumière elle-même ; mais elle ne s’arrête pas et avec un tendre et insurpassable amour, elle poursuit son acte continuel qui est de donner ce que possède sa lumière.

27.  13 juillet 1931 — Le mouvement est signe de vie. Le passeport pour entrer dans le Royaume de la Divine Volonté ; la langue et la cité de ce Royaume. L’artisan de paix entre Dieu et les créatures.

        Je suivais mes actes dans la Divine Volonté et je me disais : « Comment peut-on savoir si le divin Fiat règne dans la créature ? Et ma pauvre âme a-t-elle ou non le bien de son règne ? » Mais je pensais à cela lorsque mon doux Jésus me dit :

            Le mouvement est signe de la vie ; là où il n’y a pas de mouvement, il ne peut y avoir de vie. Par conséquent, pour savoir si la créature possède ma Volonté, il faut que dans l’intimité de son âme elle sente que ma Volonté seule est le mouvement premier de tout ce qui se passe en elle, parce que si elle règne, ma Volonté fera sentir son premier mouvement divin sur quoi vont s’appuyer tous les actes intérieurs et extérieurs. Ma Volonté sera donc le premier mouvement, le mot d’ordre, le commandant, le souverain, de sorte que chaque acte restera dans l’attente de ce premier mouvement avant d’agir et de passer à l’action. Ainsi lorsque la créature sent dans ses actes le premier mouvement de mon Vouloir, c’est un signe que ma Volonté règne dans son âme. Par contre, si la créature sent dans son premier mouvement un objectif humain, son propre plaisir, des satisfactions naturelles, l’enthousiasme du plaisir avec les créatures, non seulement ma Volonté ne régnera pas, mais de Reine elle deviendra servante, servant la créature dans ses actes, car il n’y a pas d’acte que puisse faire la créature si ma Divine Volonté n’y participe, soit pour dominer soit pour servir.

            Or tu dois savoir, ma fille, que le passeport pour entrer dans mon Royaume est une volonté résolue de ne jamais faire sa propre volonté, quel que soit le sacrifice et même au prix de sa vie. Cet acte résolu, mais véritable, est comme la signature que l’on appose sur le passeport pour se rendre dans le Royaume de ma Divine Volonté, et si la créature signe pour partir, Dieu signe pour la recevoir. Cette dernière signature aura tant de valeur que tout le ciel viendra accueillir la créature dans le Royaume de la Divine Volonté et tous auront les yeux fixés sur celle qui de la terre a pour vie et pour Royaume cette Divine Volonté qu’ils possèdent dans le ciel. 

            Mais le passeport n’est pas suffisant ; il faut aussi étudier la langue, les mœurs et les coutumes de ce divin Royaume, et qui sont les connaissances, les prérogatives, les beautés et la valeur que contient ma Volonté. Sinon la créature serait comme une étrangère qui ne pourrait ni prendre l’amour ni être aimée. Si elle ne fait pas le sacrifice d’étudier pour être capable de parler cette langue, si elle n’est pas adaptée aux coutumes de ceux qui vivent dans ce Royaume si saint, elle vivra isolée, car faute de la comprendre, ils l’éviteront, et l’isolement ne rend personne heureux.

            Après quoi la créature doit passer de l’étude à la pratique de ce qu’elle a appris, et après un temps de pratique, elle est enfin déclarée cité du Royaume de ma Divine Volonté. Elle goûtera alors tous les bonheurs qui se trouvent dans un Royaume si saint, ils deviendront sa propriété et elle aura acquis le droit de vivre dans le Royaume comme en son pays.

            Après quoi il ajouta :

            Ma fille, celle qui vit dans mon Vouloir devient l’artisane de paix entre Dieu et la créature ; ses actes, ses paroles, ses prières et ses petits sacrifices sont tous des liens de paix entre le ciel et la terre, ce sont des armes de paix et d’amour avec lesquels la créature combat son Créateur afin de le désarmer, de le rendre propice et de transformer les fléaux en miséricorde. Et tout comme la volonté humaine a formé la guerre qu’elle a livrée contre celui qui l’avait créée, allant jusqu’à briser l’alliance, l’ordre et la paix, ainsi mon Vouloir, par la force de son omniprésence qui règne dans la créature, convertit ce que fait la créature en liens d’alliance, d’ordre, de paix et d’amour. Si bien qu’il s’élève de la créature un petit nuage blanc qui s’étend et monte jusqu’au trône divin pour éclater en autant de voix que d’actes accomplis par la créature et qui dit : « Grand Dieu, je t’apporte la paix de la terre et tu me donnes ta paix pour que je la rapporte comme un lien de paix entre toi et la génération humaine. » Ce petit nuage monte et descend, descend et monte, et joue le rôle d’artisan de paix entre le ciel et la terre.

28.  17 juillet 1931 — Pluie bénéfique. Création continue de la Divine Volonté ; son ordre extérieur et intérieur. La créature devient portée dans ses bras.

     Je me sentais tout immergée dans le Fiat. Son air est si doux, si rafraîchissant que je me sens renaître à chaque instant à une vie nouvelle. Mais que respire-t-on dans cet air du divin Vouloir ? On respire un air de lumière, d’amour, de douceur, de force d’âme, de connaissance divine, etc., de telle sorte que la créature se sent rendue à une vie nouvelle. Cet air bénéfique et balsamique qu’elle respire fait grandir dans la créature la vie divine et comme cet air est tellement puissant, ce qu’elle inspire à chaque respiration est suffisant pour lui donner la vie et elle doit en expirer le surplus ; mais quel est ce trop-plein qu’elle expire? C’est ce qu’elle a reçu après en avoir fait le plein, c'est-à-dire l’amour, la lumière et la bonté qu’elle a respirés et qu’elle veut redonner. Mais mon pauvre esprit se perdait dans cet air divin lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, tous les actes bons accomplis par la créature dans ma Divine Volonté s’élèvent vers Dieu, car il détient la puissance divine pour attirer dans la contrée céleste ce que l’on fait dans son Vouloir, et c’est lui qui par sa puissance divine les fait retomber en pluie bienfaisante sur la créature, de telle sorte que quand la créature aime, bénit, adore, remercie ou loue, Dieu lui répond par une pluie d’amour, de bénédictions et de remerciements parce qu’il s’est senti aimé et remercié par la créature, et il éclate en pluie de louanges devant toute la cour céleste. Oh ! combien notre divine bonté attend l’adoration, les doux « Je vous aime » de la créature afin de pouvoir donner libre cours à notre amour et dire : « Fille, Je t’aime. » Il n’y a pas d’acte que la créature puisse faire pour nous que notre tendresse paternelle ne lui rende multiplié.

            Après quoi je continuai mes actes dans le divin Fiat, et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, ma Divine Volonté porte la créature dans ses bras, et son amour est tel qu’elle maintient autour d’elle toute la Création dans un acte qui toujours crée afin de lui plaire, de la rendre heureuse et de lui dire : « Ma force créatrice maintient toute cette machine de l’univers ; si elle se retirait, le soleil disparaîtrait comme par enchantement, le ciel et tout ce qu’il contient tomberait dans le néant, puisque du néant il est sorti, et que ma puissance créatrice le maintient continuellement en le créant. Elle peut dire en toute réalité : « C’est vraiment pour toi que j’ai créé le soleil pour que ta vie, ta route soit parsemée de lumière ; pour l’azur du ciel, pour que ton regard s’élève et se plaise dans son extension. Je crée tout pour toi, je maintiens tout en ordre parce que je t’aime. » Ma Divine Volonté se fait vie dans l’acte de toutes choses, elle les soutient et les conserve, les place autour de la créature pour lui faire sentir à travers toutes ces choses sa vie inébranlable, sa force immuable, son amour invincible. On peut dire que ma Divine Volonté l’embrasse partout comme triomphe de son amour. Et elle ne maintient pas seulement l’ordre extérieur et toutes choses dans un acte de création, elle maintient intérieurement, par sa force créatrice, l’intérieur tout entier de l’ordre de la créature. De sorte que ma Volonté est toujours dans l’acte de créer le battement de cœur, le souffle, le mouvement, la circulation du sang, l’intelligence, la mémoire et la volonté. Elle court comme la vie dans le battement du cœur, dans le souffle et en toute chose. Elle soutient et conserve sans jamais se retirer de l’âme et du corps. Et alors que ma Volonté suprême est tout, qu’elle fait tout, donne tout, elle n’est pas reconnue et elle est même oubliée. On pourrait dire comme je l’ai dit aux apôtres : « Je suis avec vous depuis si longtemps, et vous ne me connaissez pas encore ! » Ils connaissent bien des choses qui ne forment pas la vie de la créature, et de ma Volonté rien n’est connu qui forme la vie et l’acte continu de la vie, sans lequel la créature ne pourrait pas vivre. Par conséquent, ma fille, sois attentive et reconnais en toi et à l’extérieur de toi, en toutes choses, ma Volonté qui est plus que ta vie même, et tu sentiras des choses admirables, son acte continuel qui t’aime d’un amour inlassable et qui à cause de cet amour, te donne la vie.

29.  23 juillet 1931 — Fécondité de la lumière. La Création : fête de Dieu et de la créature. La Divine Volonté : régime et règle.

       Je suis de nouveau dans les bras du divin Fiat. Il me semble que son immense lumière m’entoure comme une mer et en faisant mes actes d’amour, d’adoration et de remerciement, je prends de cette lumière l’amour que possède la Divine Volonté. Je n’en prends cependant qu’autant qu’il m’est possible, car il est si immense qu’une créature ne saurait tout prendre et que je n’ai ni la capacité ni l’espace pour contenir cet amour interminable qui me remplit tout entière, de telle sorte que malgré que je sois une créature, mon amour envers celui qui m’a créée est plein et entier. D’où mon adoration, parce que les actes accomplis dans la Divine Volonté doivent avoir une plénitude telle que la créature doit pouvoir dire : « Mon être entier se dissout en amour et en adoration ; il ne reste rien de moi. » ; et le Créateur doit pouvoir dire : « Tout l’amour qu’elle pouvait me donner, elle me l’a donné ; il ne reste rien pour elle-même. » Comme je faisais mes petits actes dans cette mer, de petites vagues se sont formées jusque dans mon intelligence où elles se sont transformées en lumière de connaissance de la Divine Volonté. Et mon toujours aimable Jésus me dit :

            Ma fille, celle qui vit dans ma Divine Volonté a toujours quelque chose à faire avec la lumière, jamais avec les ténèbres, et comme la lumière est fertile, elle donne naissance dans l’âme aux connaissances qu’elle possède. La vertu de la lumière est merveilleuse et miraculeuse et si en la regardant on ne voit rien d’autre que de la lumière, elle possède intérieurement la plénitude des biens, mais ne les communique pas à celle qui ne fait que les regarder et seulement à celle qui se laisse toucher, façonner, étreindre, embrasser par ses ardents baisers ; en touchant, elle purifie, en embrassant, elle enferme sa lumière dans l’âme et avec une fécondité qui ne sait pas être oisive, elle travaille sans cesse et communique le bel arc-en-ciel des couleurs et des divines beautés, elle infuse avec ses beautés les merveilleuses vérités et les ineffables secrets de son Créateur. Vivre dans la lumière de ma Divine Volonté et ne pas pouvoir être la lumière des choses divines, de nos secrets, ne pas sentir la vertu fécondante de la lumière, ce serait comme si Dieu voulait séparer la vie de sa créature alors que notre unique dessein était que notre Volonté soit aussi celle de la créature parce que nous voulons vivre avec elle de façon permanente. C’est pourquoi il serait absurde de vivre dans mon Vouloir et de ne pas sentir la fécondité des biens que possède cette lumière, qui est celle de rendre semblables la vie de Dieu et de la créature.

            Puis il ajouta :

            Ma fille, vois par conséquent dans la Création toutes les préparations en vue de cette fête des plus solennelles, celle que notre Divinité voulait solenniser avec la créature dès le commencement de son existence. Que n’avons-nous pas préparé pour que cette fête soit des plus solennelles ? Des cieux constellés d’étoiles, un soleil radieux de lumière, des vents de fraîcheur, des mers, des floraisons et des fruits d’une grande variété de goûts et de saveurs. Après avoir tout préparé, nous avons créé l’homme pour qu’il puisse faire la fête et nous avec lui. Il était juste que le maître de la fête qui avait tout préparé avec tant d’amour puisse en profiter avec lui, d’autant plus que la substance de la fête était formée par la compagnie des invités que l’on voulait à cette fête et afin que cette fête ne soit jamais interrompue entre nous et l’homme, nous lui avons donné la Volonté même qui réglait notre Être divin afin que le régime et la règle entre Dieu et la créature puissent être un. Mais lorsque l’homme s’est retiré de notre Volonté, il a perdu notre régime et notre règle, et les deux côtés ont cessé de faire la fête. Par conséquent, lorsque tu fais tes actes dans notre Volonté et que tu rappelles tout ce que nous faisons dans la Création pour préparer notre fête avec la créature, nous sentons que notre Fiat est ton régime et ta règle ; cela renouvelle nos liens, nous presse de former la nouvelle fête et nous fait répéter celle de la Création.

            Et moi : « Mon bien-aimé Jésus, si grand que soit mon désir de vivre dans ton Vouloir, et je voudrais plutôt mourir que ne pas faire ta très sainte Volonté, je me sens cependant méchante et sale. Comment puis-je répéter cette fête pour toi ? »

            Et Jésus reprit : 

            Si grand est notre amour pour celle qui a décidé de vivre dans notre Volonté et pour toujours, que notre Vouloir se fait lui-même pinceau de lumière et avec ses touches de lumière et de chaleur, il purifie la créature de toutes ses taches afin qu’elle n’ait pas honte de se tenir en son adorable présence, et il lui permet de célébrer avec nous avec confiance et amour. Par conséquent, laisse-toi peindre par ma Divine Volonté, même au prix de n’importe quelles souffrances, et ma Volonté s’occupera de tout.

30.  27 juillet 1931 — Le grand mal de celle qui ne fait pas la Divine Volonté. L’exemple très intéressant d’Adam.

          Mon abandon continue dans le divin Vouloir et je comprenais le grand bien que ressent ma petite âme en vivant sous l’autorité d’un Vouloir si saint ; sa jalousie et son amour sont tels qu’il veille sur les moindres choses et semble dire : « Personne ne la touche si ce n’est moi, et malheur à celui qui oserait. » Et je pensais alors : « Il m’aime tant ; ai-je jamais eu le malheur de m’opposer à une Volonté si aimable et si adorable ? J’ai des doutes sérieux, spécialement dans cette dernière période de mon existence et avec ce qui s’est passé, qu’il ait pu y avoir des ruptures entre ma volonté et la Divine Volonté. » Et mon pauvre esprit était dévasté par ce triste doute lorsque mon doux Jésus, ne supportant plus de me voir affligée, me dit dans sa bonté :

            Ma chère fille, chasse de ton esprit tout doute et toute anxiété, car ils t’affaiblissent et brisent ton envol vers ce Vouloir qui t’aime tant. Il est vrai qu’il y a eu des réflexions, des craintes, des manques d’abandon total, de sorte que tu as pu ressentir le poids de ta volonté comme si elle voulait s’éloigner pour aller son propre chemin, et tu es devenue cette toute petite enfant qui a peur de tout, si bien qu’il lui arrive très souvent de pleurer, et je te tiens alors serrée entre mes bras en veillant toujours sur ta volonté pour la tenir en sécurité. Il n’y a donc pas eu, ma fille, de véritables ruptures entre ma Divine Volonté et la tienne ; et si – que le ciel t’en garde, ma fille – cela avait pu arriver, tu aurais encouru le même malheur que celui d’Adam.

            Combien de préparations n’avaient-elles pas précédé son existence ! Notre amour ne nous laissait pas en paix alors que nous formions un ciel et un soleil, un magnifique jardin et tant d’autres choses, actes préparatoires donnant libre cours à nos œuvres pour l’amour de cet homme ; et en le créant, notre amour déversa notre vie divine en lui, se faisant vie permanente de cet homme, de sorte qu’il sentait la vie éternelle à l’intérieur comme à l’extérieur de lui-même dans nos œuvres créées par amour pour lui. Notre amour était si grand qu’il s’est fait révélateur de notre Être divin à l’intérieur de l’homme parce qu’il avait établi notre vie permanente en lui et se faisait révélateur à l’extérieur, de sorte que chaque chose créée était une révélation de notre amour qui l’avait faite pour lui, d’autant plus que dans la Création toutes les choses créées étaient données à l’homme, ainsi que notre vie, de façon permanente et non par intervalles. Un amour qui dit aujourd’hui oui et demain non est un amour brisé et la nature de notre amour n’est pas adaptée à un amour interrompu ; notre amour est éternel et ne dit jamais c’est assez. C’est pourquoi Adam, en se séparant de notre Divine Volonté, a dilapidé toute la Création avec notre vie qui était en lui. C’est une très grave offense que de se retirer de notre Divine Volonté, de sorte que nous avons mis de côté toutes nos préparations, ce grand bien que nous avions formé ; nous nous sommes retirés de l’homme et avec nous toute la Création est restée offensée. Si bien que lorsqu’Adam a formé la rupture avec notre Volonté, il a offensé le ciel, les étoiles, le soleil, l’air qu’il respirait, la mer, la terre sur laquelle il marchait, tous se sentaient offensés parce que ma Divine Volonté est comme la pulsation du cœur et la circulation du sang de toutes les choses créées, et toutes par conséquent ressentaient la tristesse de la rupture du vouloir humain, et sentaient que la pulsation dont elles recevaient la vie et la conservation était touchée. Par conséquent, s’il y avait jamais eu une rupture entre ta volonté et la mienne, j’aurais mis de côté toutes mes nombreuses préparations faites dans ton âme et mes si nombreuses grâces accordées, et je me serais retiré en te mettant de côté. Si tu continues à sentir ma présence, c’est le signe que ma Volonté reste ferme en toi, et que ta volonté demeure à son poste.

            Si tu savais ce que peut signifier ne pas faire ma Volonté ! La créature ose empêcher et faire mourir ce mouvement qui jamais ne cesse, et donner la mort aux saints actes que ma Divine Volonté a établi de compléter dans la créature. Ma Volonté veut donner la vie divine, et lorsqu’elle reste pour donner, si la volonté humaine ne la reçoit pas et s’y oppose, elle fabrique alors le couteau pour tuer et étouffer cette vie divine dans son âme. Il lui semble que ne pas faire ma Volonté ne soit rien, alors que cela constitue tout le mal de la créature et la plus grande offense envers notre suprême Majesté. Par conséquent, sois attentive et que ton abandon en ma Volonté soit continuel.

31.  3 août 1931 — Chaque acte accompli dans mon divin Vouloir forme l’aliment pour faire grandir la vie divine de la créature. Le plus grand don que fait Dieu : les vérités.

          Je suis toujours là, au centre du divin Fiat, bien que dans le cauchemar de la privation de mon doux Jésus. Oh ! comme il est douloureux de sentir Jésus s’échapper, lui qui m’aime et que j’aime et qui formant ma vie de force, d’amour et de lumière, s’échappe de ma vie. Oh ! mon Dieu, quelle souffrance de sentir la vie, mais qui n’est pas la vraie vie. Quelle torture, quelle lacération ! Et comme je me sens répéter : « Il n’y a pas de douleur semblable à la mienne ; le ciel et la terre pleurent avec moi et tous implorent pour moi le retour de ce Jésus qui m’aime et que j’aime ! »

            Je m’abandonnais encore plus dans ce divin Fiat que personne ne peut m’enlever, pas même Jésus lui-même. Il se cache et s’éloigne parfois de moi, mais son divin Vouloir ne me quitte jamais, il est toujours avec moi et mon pauvre esprit parcourt tout ce que le divin Fiat a fait et fait encore pour notre amour. Je pensais à ce grand amour manifesté dans notre création et mon Jésus bien-aimé sortit de sa cachette et me dit :

            Ma fille, la création de l’homme était le centre où notre Divinité centralisa tous les biens qui devaient s’élever dans la créature ; nous avons mis en elle la vie divine et la Divine Volonté, la vie humaine et la volonté humaine. La vie humaine devait nous servir de résidence et les deux volontés fusionnées devaient former une vie commune en parfait accord, la volonté humaine prenant de notre Volonté pour former ses actes, et notre Volonté demeurant dans l’acte continuel du don de soi afin que la volonté humaine puisse rester modelée et toute informée dans la Divine Volonté.

            Or il n’y a pas de vie, qu’elle soit humaine ou spirituelle et divine, qui n’ait besoin de nourriture pour grandir, devenir plus forte, s’embellir et se réjouir, d’autant plus que nous avions mis notre vie divine dans l’homme, et comme il était incapable de recevoir toute la plénitude de l’Être divin, nous avons mis en lui ce qu’il pouvait contenir de notre vie, lui donnant la liberté de la faire grandir autant qu’il le pouvait et le voulait. Notre vie dans l’homme ayant besoin de nourriture pour grandir, il était nécessaire de mettre en lui une Divine Volonté, car notre vie divine n’aurait jamais pu s’adapter aux aliments de la volonté humaine.

            C’est pourquoi tous les actes de la créature accomplis en vertu de notre Divine Volonté et en elle, servaient de nourriture et faisaient grandir notre vie divine en elle, de telle sorte que dès que la créature faisait ses actes dans notre Fiat, elle prenait tantôt de notre amour et nous en nourrissait, tantôt de notre force d’âme, tantôt de notre infinie douceur, tantôt de nos joies divines pour nous en nourrir. Quel ordre, quelle harmonie entre l’homme et nous dans la Création, jusqu’à lui demander notre propre nourriture, non parce que nous en avions besoin, mais afin de maintenir l’enthousiasme d’amour, la correspondance, l’union inséparable entre lui et nous ! Et tandis qu’il s’occupait de nous, nous nous occupions à le nourrir et à préserver votre chère résidence, à lui faire d’autres merveilleux dons afin de le rendre plus heureux, de l’aimer plus et de nous faire aimer davantage.

            Mais veux-tu savoir quels sont les dons les plus merveilleux que nous faisons à la créature ? C’est en lui manifestant une connaissance de notre Être suprême, une vérité qui nous concerne, un de nos secrets, voilà le don le plus beau que nous lui faisons. Chacun de ces dons forme un lien supplémentaire entre la créature et nous, et chaque vérité est une propriété que nous mettons dans son âme. C’est que dans l’âme où règne notre Volonté, nous trouvons notre divine nourriture, notre propriété dans la mesure où cela est possible pour une créature, notre résidence ; c’est par conséquent nous-mêmes que nous trouvons dans notre maison, dans notre centre, au milieu de nos propriétés. Vois-tu par conséquent ce que signifie faire régner notre Volonté, et le grand bien de te faire connaître nos vérités ? Chacune de nos vérités porte son bien distinct : l’une apporte sa lumière, l’autre sa force d’âme, d’autres leur bonté, leur sagesse, leur amour, etc. ; chacune d’elles lie de façon spéciale la créature à Dieu et Dieu à la créature. Sache par conséquent comment correspondre à de si nombreux dons que t’a faits ton Jésus, et vivre toujours dans notre Vouloir.

32.  10 août 1931 — Laideur de la nature humaine sans la Divine Volonté ; beauté de la créature qui vit en elle. Le sourire du ciel sur la terre.

          Mon abandon dans la Divine Volonté continue. Je sens sa force enchanteresse qui s’impose doucement sur moi, mais sans me forcer, car il n’aime pas les choses forcées, elles ne sont pas pour lui, ce sont des choses qui ne lui appartiennent pas. C’est pourquoi il veille à ce que tous mes actes reçoivent la vie de la Divine Volonté et puissent devenir comme ses propres actes, et il me semble que chacun des actes accomplis dans son adorable Volonté est une victoire qu’il remporte sur la petitesse de ma volonté. Et je me disais : « Que la nature humaine est laide sans la Divine Volonté. » Et mon doux Jésus me dit:

            Ma fille, la nature humaine qui vit sans ma Volonté est laide parce qu’elle a été créée par l’Être suprême pour vivre unie avec le divin Fiat ; si bien qu’en vivant sans lui, un mouvement survient dans la nature humaine : dans ce mouvement, l’ordre, la force, l’amour, la lumière, la sainteté, la raison elle-même est ôté. Toutes ces merveilleuses dots sont là dans la créature parce que Dieu les y a placées comme en un sanctuaire, mais elles ne sont plus à leur place, toutes en désordre, et comme elles ne sont plus à leur poste, l’une joue contre l’autre : les passions combattent la sainteté, la faiblesse combat la force, l’amour humain combat le divin, la créature le Créateur, etc. La nature humaine sans la Divine Volonté se change en laideur, elle se retourne et dans son désordre, elle part en guerre contre son Créateur.

            L’âme et le corps ont été créés par Dieu pour vivre ensemble. Si le corps voulait avoir une vie séparée de l’âme, ne subirait-il pas une triste transformation au point de ne plus reconnaître ce qu’il était ? Dans la création de l’homme, notre Divinité a fait participer notre infinie sagesse, celle d’un artisan expert qui possède toute la science et tout l’art de créer, et qui voit dans son omniscience que pour que cet homme puisse être notre honneur et digne de l’œuvre de nos mains créatrices, de notre gloire et de la sienne aussi, il doit être formé d’un corps et d’une âme, et chargé de notre Volonté comme vie première de l’âme et du corps, de sorte que ce qui est l’âme pour le corps, notre Volonté devait l’être pour l’un et pour l’autre. C’est pourquoi la créature a été créée et a eu son commencement : corps, âme, volonté humaine et Volonté divine, tous ensemble, qui devaient avoir une vie en commun dans le plus grand accord ; et notre Volonté qui avait la primauté devait se faire nourricière, conservatrice et dominatrice de cette créature.

            En conséquence, si la nature humaine sans notre Divine Volonté est laide, unie à notre Volonté elle est d’une rare et enchanteresse beauté. Dans sa création, nous avons placé le germe et la semence de lumière, et mieux qu’une tendre mère, notre Fiat étendit ses ailes par-dessus cette semence et il la caresse, lui donne son souffle, l’embrasse, la nourrit, la fait grandir et lui communique avec sa chaleur et sa lumière toutes les diversités de beautés divines, et la nature humaine qui reçoit cette participation est sous l’impétueuse et continuelle influence d’une force, d’une sainteté, d’un amour tout divin et elle grandit pour devenir belle, aimable et admirable aux yeux de tous. Ainsi la nature humaine, comme elle fut créée par nous, n’est pas laide, mais belle – nous ne savons d’ailleurs pas faire une chose laide –, mais elle peut se rendre laide elle-même en ne demeurant pas dans les voies pour lesquelles elle a été créée et voulue par nous. Tu vois par conséquent combien il est nécessaire que les créatures fassent notre Volonté et vivent dans notre Volonté afin qu’elle entre dans le premier acte de sa création, car si cela est détruit, la créature en reste défigurée et sans vie véritable.

            Toutes les choses ont été créées isolées, et tout le bien consiste à se conserver comme elles furent créées par Dieu. Il en va ainsi pour les sciences : si une personne voulait apprendre à lire sans vouloir apprendre les voyelles et leur union avec les consonnes, ce qui est le commencement et le fondement, la substance d’où dérivent les sciences, pourrait-elle jamais apprendre à lire ? Elle pourrait se passionner pour les livres, mais sans jamais apprendre. Tu vois par conséquent les lignes nécessaires à suivre concernant la façon dont les choses ont été formées au commencement de leur existence si on ne veut pas passer du beau au laid, du bien au mal, de la vie à la mort.

            Que peut espérer de bon la créature qui ne vit pas unie à notre Volonté en qui fut établi le commencement de la Création ? Oh ! si toutes pouvaient comprendre, comme elles seraient attentives à se laisser dominer, nourrir, élever par ma Volonté, laquelle étant au commencement de leur existence formerait en elles toute la beauté, le bien, la sainteté et la grande fortune de la vie ici-bas, et ensuite la grande gloire de leur vie là-haut ! 

            Après quoi je continuais mes actes dans la Divine Volonté et il me semblait que ces actes avaient alors la vertu d’unir le ciel et la terre, d’attirer tous les célestes habitants à observer la créature qui s’était laissée investir par la Divine Volonté pour lui laisser libre champ d’action dans ses actes. Et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, il n’est rien de plus beau, de plus saint, de plus attirant et qui possède une vertu d’une force plus enchanteresse qu’une âme qui se laisse dominer par ma Divine Volonté. Elle est le sourire du ciel sur la terre, chacun de ses actes constitue un ravissement pour son Créateur qui est la douce force de sa Volonté dans la créature et se laisse agréablement ravir, et tous les bienheureux sentent que sur la terre il y a une âme qui ravit la Volonté du ciel pour la faire sienne et vivre en commun avec eux. Oh ! combien ils se sentent doublement heureux de voir que ce Fiat règne aussi sur la terre, que tout en les béatifiant et en formant leur bonheur suprême, il règne aussi sur un point de la terre, œuvrant et triomphant. L’on voit par conséquent sur ce point de la terre une nuée du ciel, une Divine Volonté à l’œuvre, un sourire de la Patrie céleste qui attirent l’attention de tout le ciel pour qu’il la défende et jouisse de ce sourire que forme la Divine Volonté dans cette créature, parce que les saints sont inséparables de tous ses actes et y participent selon leur mérite, puisque les actes accomplis dans ma Divine Volonté sont autant de chaînes d’amour qui courent entre le ciel et la terre et qu’ils les aiment toutes sans exception, et comme la créature les aime toutes, elle est pour tout le monde la bienvenue.

            Par conséquent, ma fille, sois attentive, vole, cours toujours dans mon divin Vouloir afin de former le sourire du ciel sur la terre. Il est beau de voir le sourire du ciel, mais comme le bonheur et le sourire sont ses propriétés, la terre est rendue plus belle, plus attirante parce que le sourire céleste que ma Divine Volonté forme dans la créature n’est pas sa propriété. 

33.  1931 — Les messagers divins qui apportent les merveilleuses nouvelles dans la Patrie céleste. Comment la Divine Volonté ne se satisfait pas de paroles, mais veut accomplir des actes.

        Mon abandon dans le divin Vouloir continue et je cherche à unir autant qu’il m’est possible mes petits actes à ceux de la Divine Volonté afin qu’ils soient un avec les siens au point de pouvoir presque dire : « Ce que tu fais, je le fais. Je me plonge dans ta lumière afin de pouvoir m’étendre avec toi et je peux ainsi embrasser et aimer toutes les créatures avec ta propre Volonté. » Je faisais cela lorsque mon bien-aimé Jésus me dit :

            Ma fille, la vertu et la puissance des actes accomplis dans ma Divine Volonté sont telles qu’ils se changent en divins messagers quittant la terre pour la voûte du ciel. Et comme ces messagers sortent de ma Divine Volonté, mais sont envoyés par une créature qui œuvre et vit en elle, ils apportent avec eux le droit d’entrer dans notre céleste région en apportant l’heureuse nouvelle que la terre veut le Règne de notre Vouloir puisqu’une petite exilée qui œuvre et vit dans notre Volonté ne fait rien d’autre que se servir de ce Vouloir qui règne dans le ciel pour lui demander de descendre régner sur la terre comme il règne au ciel. Ces messagers de lumière, combien de secrets ne cachent-ils pas ! La lumière de notre divin Vouloir est déjà en elle-même la secrétaire de toutes choses divines et humaines, et sait comment garder le secret véritable, et lorsque l’on voit en apparence de la lumière, elle cache à l’intérieur de cette lumière tous les secrets de toutes choses et rien ne peut lui échapper. Cette lumière contient le grand secret de toute l’histoire de la Création, et elle ne confie ses secrets qu’à celui qui veut vivre dans sa lumière parce que la lumière contient la vertu de disposer la créature à vivre et à comprendre les divins secrets, et si nécessaire à la disposer à offrir sa vie afin de pouvoir donner vie à ses divins secrets et au dessein de la Création qui était seulement que notre Volonté règne sur la terre comme elle règne dans le ciel.

            Par conséquent, ma fille, si tu veux être attentive à toujours vivre dans ma Volonté, elle te confiera tous les secrets de l’histoire de la Création, elle fera le dépôt dans ton âme de toutes ses joies et de ses immenses tristesses, et comme avec sa secrétaire, avec sa vibrante lumière, se transformant en pinceau, elle peindra en toi le soleil, le ciel, les étoiles, la mer et les magnifiques floraisons, parce que lorsqu’elle parle, ma Volonté ne se contente pas uniquement de paroles, car les mots ne sauraient suffire à son amour inextinguible et à son interminable lumière, et elle veut des actes ; par conséquent, avec sa vertu créatrice, tandis qu’elle confie ses secrets, elle parle et forme la Création nouvelle dans la créature ; ma Volonté ne se contente pas de dire ses secrets, mais veut faire des œuvres qui contiennent ses secrets. C’est pourquoi on verra dans la créature qui vit dans ma Volonté des Cieux nouveaux, des soleils plus brillants que dans la Création elle-même, car tu dois savoir qu’il y a dans ma Volonté une soif, un désir ardent de vouloir être à l’œuvre toujours et elle cherche la créature qui veut l’écouter et recevoir sa vertu créatrice afin de ne pas exposer inutilement ses œuvres ; et pour en être sûre, elle cherche cette Volonté dans l’âme et lorsqu’elle la trouve elle voit ses œuvres garanties par ce divin Fiat et ne s’épargne aucun effort, et elle accomplit alors pour toi les plus belles œuvres et les plus grands prodiges. Oh ! puissance et omnipotence de mon Vouloir ! Si toutes les créatures te connaissaient, elles t’aimeraient et te laisseraient régner, et la terre serait changée en ciel !

34.  1931 — Comment Dieu veut la créature pour lui-même afin de lui faire la surprise de nouveaux dons. L’amour, l’ordre et l’inséparabilité de toutes les choses créées, et comment la créature est liée à elles.

         Je faisais mes actes dans le divin Vouloir en priant qu’il puisse revêtir tout mon être afin que tous mes battements de cœur, souffles, paroles et prières sortent de moi tels des actes répétés de la Divine Volonté. Oh ! comme je voudrais être un acte continu de la Divine Volonté afin de pouvoir dire : « J’ai en mon pouvoir tous tes actes et ton amour, je fais par conséquent ce que tu fais et je ne t’aime pas moins que tu m’aimes ! » Il me semble que l’amour vrai ne sait pas se restreindre, mais veut s’étendre au point de vouloir un amour infini dans sa puissance, et comme il n’est pas donné à la créature de pouvoir l’embrasser, elle a recours à la Divine Volonté pour l’obtenir, et se plongeant en elle, la créature dit avec la plus haute satisfaction : « J’aime d’un amour infini. » Ma petite intelligence se perdait dans le divin Fiat lorsque mon aimable Jésus me dit :

            Ma fille, celle qui se satisfait du petit amour que possède la créature ne connaît pas la nature de l’amour véritable, d’autant plus ce cet amour est sujet à s’éteindre, et si elle s’en contente, la créature en vient à manquer de la source nécessaire qui donne vie à la flamme de l’amour véritable et le nourrit. Tu vois ainsi, ma fille, que notre paternelle bonté a donné à l’homme en le créant la liberté de pouvoir venir à nous aussi souvent qu’il le voulait sans y mettre aucune limite ; au contraire, pour l’inciter à venir beaucoup plus souvent, nous lui avons promis qu’à chacune de ses visites, il recevrait la belle surprise d’un nouveau don. Cela aurait été pour notre amour inextinguible une souffrance s’il n’avait eu toujours quelque chose à donner à ses enfants, et il attend même avec impatience leur arrivée pour leur faire l’une après l’autre la surprise de dons plus beaux les uns que les autres. Notre amour veut festoyer avec la créature et il est heureux de préparer lui-même les festivités pour avoir l’occasion de toujours donner. Il est comme le père qui veut être entouré par ses enfants non pour recevoir, mais pour donner et préparer les fêtes et les banquets pour se réjouir avec ses enfants. Quelle pourrait être la douleur d’un père aimant si ses enfants ne venaient pas ou n’avaient rien à lui donner ? Pour notre paternelle bonté. il n’y a pas de danger que nous n’ayons pas quelque chose à leur donner, mais il y a celui que nos enfants ne viennent pas, et notre amour devient délirant parce qu’il veut donner. Et pour être plus sûr de l’endroit où la créature déposerait les dons, il veut trouver en elle notre Divine Volonté qui préservera la valeur infinie de nos dons ; et la créature cessera de se trouver petite dans son amour, ses prières et ses actes, mais se sentira unie avec notre Volonté qui coule en elle comme une veine infinie, de sorte que tout deviendra infini pour la créature, son amour, ses prières, ses actes et toutes choses. En nous aimant, elle ressentira alors en elle le contentement qui n’est autre que nous-mêmes parce qu’elle tiendra un divin Vouloir en son pouvoir, et c’est lui qui court dans ses actes. 

            Après quoi je continuais ma ronde dans les actes que le Fiat omnipotent avait faits dans la Création afin d’aimer, d’honorer et de remercier ce qu’il avait fait, et je comprenais l’ordre, l’union et l’inséparabilité que possèdent toutes les choses créées, et cela uniquement parce qu’une Divine Volonté les domine. De sorte que toute la Création peut être appelée un acte unique et continu de la suprême Volonté, lequel acte, étant donné que la Volonté qui règne est une, maintient la paix, l’ordre, l’amour et l’inséparabilité entre toutes les choses créées. Car autrement, s’il n’y avait pas une Volonté unique, mais plus d’une qui les domineraient, il n’y aurait pas de véritable union entre les choses créées, et le ciel serait en guerre avec le soleil, le soleil avec la terre, la terre avec la mer, etc. Ils imiteraient les hommes qui ne se laissent pas dominer par un seul et unique Vouloir suprême, de sorte qu’il n’y a pas d’union véritable entre eux et que les uns se dressent contre les autres. Mon Jésus, mon amour, oh, combien je voudrais être un acte unique de ta Volonté pour être en paix avec tous et posséder l’union et l’inséparabilité du ciel, du soleil, et de toutes choses ! Et tu trouverais en moi l’amour que tu as mis dans le ciel, le soleil, et en toutes choses. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, toutes les choses que nous avons créées possèdent la force unitive et le lien d’inséparabilité ; notre divin Fiat sait comment faire des choses distinctes entre elles de telle sorte qu’une chose créée ne puisse pas dire : « Je suis comme l’autre. » Le ciel ne peut pas dire qu’il est soleil, le soleil ne peut pas dire qu’il est mer, mais il ne sait cependant pas comment faire des choses isolées et séparées entre elles. L’union plaît tellement à notre divin Fiat qu’il les place dans la condition où l’un ne peut pas se séparer de l’autre, et bien qu’ils soient distincts et que chacun ait sa fonction, l’ordre et l’union dans leur mouvement sont tels que ce mouvement est un, et que une est leur ronde incessante. Mais pourquoi mon Fiat rend-il leur mouvement et leur ronde continuels ? C’est afin de leur donner cette course d’amour vers celui qui les a créées, et les faire courir vers les créatures pour exercer leur fonction d’offrande de l’amour de leur Créateur qui les a créées pour elles.

            Or la créature possède le lien de toutes les choses créées et elle tourne avec elles. Ainsi, si tu respires, c’est l’air qui te fait respirer, palper, circuler le sang dans tes veines ; l’air te donne le souffle, le battement de ton cœur, et le prend pour te le redonner à nouveau, et tandis qu’il donne et prend incessamment ton souffle, il tourne et court avec toutes les choses créées, et ton souffle tourne et court avec l’air ; ton œil, en se remplissant de la lumière, court dans le soleil, tes pieds courent avec la terre. Mais veux-tu savoir qui possède le bien de sentir la force, l’union, l’ordre et l’inséparabilité de toutes les choses créées vivantes, et la course de tout son être vers le Créateur ? C’est celle qui se laisse dominer et possède la vie de ma Volonté. Les choses n’ont pas changé et sont comme elles étaient au commencement, mais c’est la créature qui a changé en ne faisant pas notre Volonté. Mais la créature qui fait notre Volonté et se laisse dominer par elle occupe la place d’honneur telle que créée par Dieu, et par conséquent nous la trouvons dans le soleil, dans le ciel, dans la mer et en union avec toutes les choses créées. Oh ! comme il est beau de la trouver dans toutes les choses que nous avons créées et que nous avons faites uniquement par amour pour elle.

35.  7 septembre 1931 — L’appel de toutes les œuvres sorties du Fiat. La vie palpitante de la créature en elles. Protections, voix qui parle, assaillants. 

      Mon pauvre esprit, tournant dans les actes accomplis par la Divine Volonté, retrace tous ceux qu’elle a faits pour les reconnaître, les aimer, les apprécier et les offrir comme le plus bel hommage à cette Divine Volonté comme les dignes fruits de ses œuvres. Je faisais cela lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, comme il est agréable et doux à mon cœur de t’entendre retracer tout ce que ma Divine Volonté a fait pour le reconnaître, l’aimer et nous l’offrir comme le plus bel hommage de l’amour que nous avons eu pour les créatures en créant tant de choses ! Ton âme en les retraçant sonne la cloche comme un appel à toutes les choses sorties de notre divin Fiat et pour nous dire : « Combien de belles choses vous avez créées pour moi afin de m’en faire don et comme gage de votre amour ! Et à mon tour, je vous les redonne en cadeau et en gage de mon amour pour vous. » De sorte que nous sentons la vie de la créature palpiter dans nos œuvres, son petit amour courir dans le nôtre, et le dessein de la Création est réalisé. Connaître nos œuvres et le dessein pour lequel elles ont été faites est le point de soutien de la créature où elle trouve une Divine Volonté en son pouvoir, et c’est notre prétexte pour lui faire d’autres surprises, de nouveaux dons et de nouvelles grâces.

            Et moi : « Mon amour, une pensée m’afflige : J’ai peur de pouvoir manquer la continuation de mes actes dans ta Divine Volonté et qu’offensé par l’interruption du son de ma cloche, tu me mettes de côté et cesses de me donner la grâce de me laisser vivre dans ta Volonté. » Et Jésus ajouta :

            Ma fille, n’aie pas peur ; tu dois savoir qu’un pas donne naissance à un autre pas, un bien est la vie et le soutien d’un autre bien et qu’un acte appelle à la vie un autre acte ; et qu’aussi le mal, la faute, est la vie d’un autre mal et d’autres fautes. Les choses ne restent jamais isolées, mais ont presque toujours leur succession. Le bien est comme la semence qui contient la vertu générative : pourvu que la créature ait la patience de la semer dans le sein de la terre, elle produira dix, vingt ou cent fois plus. De la même manière, si la créature a la patience et veille à enclore dans son âme la semence du bien qu’elle a fait, elle aura la génération, la multiplicité, le centuple des actes bons qu’elle a accomplis. 

            Si tu pouvais savoir ce que signifie accomplir un acte bon ! Chaque acte est une protection que la créature acquiert, une voix devant notre trône qui parle en faveur de celle qui a fait un bien ; chaque acte bon est un défenseur de plus pour la créature, et si en raison des circonstances de la vie elle se trouve dans des situations difficiles et dangereuses où elle semble vouloir vaciller et tomber, les actes bons qu’elle a faits deviennent des assaillants qui nous harcèlent pour que la créature qui nous a aimés et a eu une succession d’actes bons ne vacille pas, et ils se précipitent autour de la créature pour la soutenir afin qu’elle ne capitule pas devant le danger. Et s’il devait y avoir une séquence d’actes accomplis dans notre Volonté, chacun des actes aurait une valeur, une divine vertu qui défend la créature ! Nous voyons en chacun de ses actes notre Volonté mise en péril et nous nous faisons alors nous-mêmes les défenseurs et les soutiens de celle qui a donné vie à notre divin Fiat dans ses actes. Pouvons-nous nous renier nous-mêmes ou désavouer l’œuvre de notre Volonté dans la créature ? Non, non. Aussi, n’aie pas peur, et abandonne-toi comme un tout nouveau-né dans nos bras pour sentir notre soutien et la protection de tes propres actes. Crois-tu qu’un bien répété et continu ne soit rien ? Ce sont des propriétés divines que la créature acquiert, des armées qui sont formées pour la conquête des célestes régions. Celui qui a de nombreux bons actes continus est semblable à celui qui a acquis de nombreuses propriétés : un revers ne peut pas lui faire beaucoup de mal, car ses nombreuses propriétés rempliront le vide créé par ce revers ; par contre, celui qui n’a acquis que peu de choses ou qui n’a rien, le moindre petit revers suffit à le jeter sur le pavé dans la plus sordide misère. Voilà ce que c’est que faire beaucoup de bien, ou rien qu’un peu, ou pas du tout. Par conséquent, je te le répète, sois attentive, sois-moi fidèle et ton vol dans ma Volonté sera continu.

            Et il ajouta :

            Ma fille, tu dois savoir qu’en te disposant à faire tes actes dans ma Divine Volonté, elle reste conçue dans ton acte, et en le faisant tu lui donnes le champ libre pour former sa vie dans l’acte que tu accomplis ; et tes nouveaux actes servent de nourriture à ceux déjà accomplis parce que ma Divine Volonté étant vie, ressent le besoin, lorsqu’elle a été enclose dans les actes de la créature, d’air, de souffle, de battements de cœur, de nourriture. Telle est la nécessité d’actes nouveaux parce qu’ils servent à maintenir son air divin, son souffle continu, ses battements ininterrompus et la nourriture pour faire grandir ma propre Volonté dans la créature. Tu vois par conséquent la grande nécessité de la continuation de tes actes pour faire vivre et régner ma Volonté dans la créature, sinon mon Vouloir se trouverait dans la gêne sans son triomphe complet dans tous ses actes.

36.  12 septembre 1931 — L’amour véritable forme le feu où se consumer soi-même afin de faire revivre celui que l’on aime. Le jour de Jésus dans l’Eucharistie.

          Mon abandon dans la Divine Volonté continue et en faisant mes actes, je pensais : « Mais est-il vrai que Jésus aime la continuité de mes petits actes ? » Et Jésus se faisant sentir me dit :

            Ma fille, un amour interrompu ne peut jamais conduire à l’héroïsme parce que n’étant pas continuel, il forme beaucoup de vides dans la créature qui produisent la faiblesse et la froideur, éteignent presque la petite flamme allumée, enlèvent la force de son amour qui avec sa lumière lui fait comprendre qui est celui qu’elle aime, et avec sa chaleur maintient allumée la flamme qui produit l’héroïsme de l’amour vrai, si bien que l’on est heureux de donner sa vie pour celui qu’on aime. Un amour continuel a la vertu de générer dans l’âme de la créature celui que toujours elle aime, et cette génération se forme au centre de son amour continuel. Vois-tu alors ce que signifie un amour incessant ? C’est former le feu où se brûler et se consumer afin de pouvoir former dans ce feu la vie de ton Jésus bien-aimé. La créature peut dire : « Consume ma vie dans un amour continuel afin de faire vivre celui que j’aime sans cesse. » Oh ! si je n’avais pas toujours aimé la créature d’un amour qui ne dit jamais c’est assez, je ne serais jamais descendu du ciel sur la terre pour donner ma vie au milieu de tant de souffrances et d’héroïsmes, par amour pour elle ! C’est mon amour continuel qui, comme une douce chaîne, m’attirait et m’a fait accomplir cet acte héroïque pour obtenir son amour. Un amour continuel peut arriver à tout, il peut tout faire et tout faciliter, et il sait comment convertir toute chose en amour. Mais un amour interrompu peut être appelé amour de circonstance, amour intéressé, amour abominable qui peut en arriver, si les circonstances changent, à renier et même à mépriser celui qu’on aime. D’autant plus que seuls les actes continuels forment la vie dans la créature et lorsqu’elle forme son acte, la lumière, l’amour, la sainteté, augmentent dans l’acte lui-même selon l’acte qu’elle accomplit. C’est pourquoi un amour ou un bien interrompus ne peuvent être appelés ni amour véritable ni vie véritable ni bien véritable.

            Puis il ajouta avec un tendre accent :

            Ma fille, si tu veux que ton Jésus complète en toi ses desseins d’amour, fais que ton amour et tes actes soient continuels dans mon Vouloir, parce qu’en trouvant la continuité, il trouve le moyen d’agir divinement et demeure promis dans l’acte éternel de la créature, et il se hâte d’accomplir ce qu’il a établi pour elle, car en vertu de ses actes incessants, il trouve alors l’espace, les préparations nécessaires et la vie même où pouvoir former ses admirables desseins et compléter ses plus belles œuvres, d’autant que chaque acte accompli dans ma Volonté est un lien de plus reformé entre la Divine Volonté et l’homme, un pas de plus dans la mer de son Fiat, un grand droit de plus que son âme acquiert.

            Après quoi je continuais à prier devant le tabernacle de l’amour et je me disais : « Que fais-tu, mon amour, dans cette prison d’amour ? » Et Jésus, toute bonté, me dit :

            Ma fille, veux-tu savoir ce que j’y fais ? Je fais ma journée. Tu dois savoir que j’ai enfermé toute ma vie passée ici-bas en une journée. Ma journée commence par ma conception et, après ma naissance, les voiles des accidents sacramentaux me servent de langes pour l’âge infantile ; et lorsque par ingratitude les hommes me laissent seuls et cherchent à m’offenser, je vis mon exil en compagnie d’une âme aimante qui telle une seconde mère ne sait pas se détacher de moi et me tient fidèlement compagnie. De cet exil, je passe à Nazareth pour y vivre ma vie cachée en compagnie des quelques rares bonnes âmes qui m’entouraient. Poursuivant ma journée, lorsque les créatures s’approchent pour me recevoir, je revis ma vie publique en répétant mes scènes évangéliques, accordant à tous mes enseignements, les soutiens et les réconforts qui leur sont nécessaires : j’agis comme un Père, un maître, un médecin et au besoin aussi comme un juge. Je passe ainsi ma journée à vous attendre et à faire du bien à tous. Et comme il m’arrive souvent de rester seul sans un cœur qui bat à mes côtés ! Je sens autour de moi un désert et je reste seul, seul à prier. Je ressens la solitude de mes jours passés dans le désert ici-bas et, oh ! combien cela me peine ! Mon amour jaloux cherche des cœurs, et je me sens isolé et abandonné. Mais ma journée n’est pas terminée avec cet abandon. Il ne se passe pas de jours sans que des âmes ingrates ne viennent m’offenser et me recevoir de façon sacrilège, et elles me font vivre ma journée avec ma Passion et ma mort sur la croix. Ah ! c’est le sacrilège et la mort la plus impitoyable que je reçois dans ce sacrement d’amour. Si bien que dans ce tabernacle, je passe ma journée à refaire tout ce que j’ai fait dans les trente-trois années de ma vie mortelle. Et comme en tout ce que j’ai fait et tout ce que je fais, le dessein premier, le premier acte de vie est que la Volonté de mon Père soit faite sur la terre comme au ciel, alors dans cette petite hostie, je ne fais rien d’autre qu’implorer que ma Volonté et celle de mes enfants soit une, et je vous appelle dans cette Divine Volonté en qui vous trouvez toute ma vie en action ; et en la suivant, en la méditant et en l’offrant, vous vous unissez à ma journée eucharistique afin d’obtenir que ma Volonté soit connue et règne sur la terre. Et ainsi vous pouvez dire vous aussi : « Je passe ma journée avec Jésus. »

37.  16 septembre 1931 — Effets admirables de la lumière de la Divine Volonté. Comment le ciel s’ouvre pour les âmes au travail. Comment nos actes sont autant de souffles qui font mûrir le bien.

          Mon pauvre esprit semble ne rien savoir faire hormis se perdre dans le divin Fiat et, oh ! quelle douleur lorsque, même pour un bref instant, il est ravagé par l’ombre d’une pensée de ne pas être tout entier dans la Volonté de Dieu ! Je sens, hélas, le poids de ma malheureuse volonté. Par contre, s’il n’entre rien en moi qui n’est pas la Volonté de Dieu, je me sens heureuse, je vis dans l’immensité de sa lumière, je ne peux même pas savoir où finit sa lumière qui forme pour moi le séjour céleste de la paix éternelle. Oh ! puissance du Vouloir suprême, ne me quitte pas un seul instant, toi qui sais comment changer l’humain en divin, la laideur en beauté, les souffrances en joies, bien qu’elles restent des souffrances. Tes bras de lumière me tiennent si étroitement que tout le reste, dispersé par ta lumière, n’ose plus m’inquiéter ni briser mon bonheur. Mais je pensais cela lorsque mon doux Jésus, comme pour approuver et confirmer mes pensées, me dit :

            Ma fille, n’est-ce pas que ma Divine Volonté est belle ! Ah ! elle seule est porteuse du vrai bonheur et de la grande fortune de la pauvre créature qui, en faisant sa propre volonté, ne fait rien d’autre que briser son bonheur, interrompre le courant de lumière et changer sa fortune en un très grand malheur. Et lorsque la créature se dispose à faire ma Volonté, elle réhabilite les biens perdus parce que la substance de ma Divine Volonté est lumière et toutes ses œuvres peuvent être appelées des effets de cette lumière. De sorte qu’en celle qui se laisse dominer, l’acte sera un, mais comme substance de la lumière qu’elle possède ; la créature sentira ses nombreux effets parce que cet acte unique produira comme effet de sa lumière les œuvres, la parole, les pensées, les palpitations de ma Volonté dans la créature qui pourra dire : « Tout cela est un acte unique de suprême Volonté, et tout le reste n’est rien d’autre que les effets de cette lumière. »

            Les effets de cette lumière sont admirables, ils prennent toutes les ressemblances, toutes les formes des œuvres, des pas, des paroles, des souffrances, des prières et des larmes, mais toutes animées par la lumière qui forme une telle variété de beauté que ton Jésus en demeure ravi ; comme pour le soleil qui anime chaque chose de sa lumière sans rien détruire ni changer, mais vient y mettre de lui-même et communique la variété des couleurs, la diversité des saveurs, en leur faisant acquérir une vertu et une beauté qu’elles ne possédaient pas. Telle est ma Divine Volonté : sans rien défaire de ce que fait la créature, elle embellit l’âme de sa lumière et lui communique sa puissance divine.

            Après quoi je continuais mon abandon dans le divin Fiat en suivant ses actes, et mon Jésus bien-aimé ajouta :

            Ma fille, tout bien sort de Dieu à maturité, et cette maturation est formée entre Dieu et l’âme. Vois-tu, en faisant tes actes, tu t’exposes aux rayons du divin Soleil et sous la chaleur et la lumière, tes actes ne restent pas arides et insipides, mais ils mûrissent et toi avec eux dans l’amour et dans les divines connaissances en tout ce que tu fais. Et moi, te voyant mûrie dans ces actes, je prépare en moi-même un autre amour et d’autres vérités à te dire, et comme il ne sort de moi rien de stérile, mais que tout est fécond et bien mûri dans la flamme vivante de mon amour, tu reçois la vertu pour former en toi de nouvelles maturations. C’est pourquoi j’attends souvent la conclusion de tes actes pour te faire la surprise de te faire connaître d’autres vérités ; celles-ci, comme autant de souffles de chaleur et de lumière, agissent en faisant mûrir dans ton âme les biens et les vérités que ton Jésus t’a communiqués. Tu vois ainsi la nécessité de tes actes pour te disposer à recevoir d’autres connaissances de mon divin Fiat afin de me laisser trouver en toi la continuation de tes actes pour les faire mûrir, sinon que pourrais-je faire ? Je resterais comme un soleil qui en parcourant la terre ne trouverait pas une fleur ou un fruit à faire mûrir, de sorte que tous les admirables effets que contient le soleil resteraient dans sa lumière, et la terre ne recevrait rien. C’est pourquoi le ciel ouvre aux âmes qui travaillent la puissance miraculeuse de la lumière de mon divin Vouloir, non pas aux âmes oisives, mais à celles qui œuvrent, qui se sacrifient, qui aiment, qui trouvent toujours quelque chose à faire pour moi.

            Tu devrais savoir que les béatitudes du ciel reviennent sur la terre pour aller se déposer dans l’âme qui œuvre dans ma Volonté, car elles ne veulent pas la laisser privée des joies et du bonheur célestes alors que cette âme forme une seule et unique Volonté avec le ciel. Cependant, les âmes bienheureuses, si elles baignent dans les joies divines, n’en acquièrent aucun mérite. Par contre, pour l’âme encore en voyage, cela s’ajoute à son bonheur et à ses mérites parce que pour celle qui fait ma Volonté sur la terre, tout est méritoire : la parole, la prière, le souffle et les joies elles-mêmes se convertissent en mérites et en nouvelles acquisitions.

38.  21 septembre 1931 — Comment la Divine Volonté forme le jour dans l’acte de la créature, et comment, en faisant sa volonté, elle forme les chemins vers la sortie, les pas douloureux, les nuits de veille.

        Je suivais mes actes dans le divin Vouloir et je priais mon très grand bien Jésus de faire se lever en chacun de mes actes le Soleil de la Divine Volonté afin que je puisse lui donner avec chaque acte l’amour, l’hommage et la gloire, Soleil qui formerait pour lui en chacun de mes actes un jour de lumière divine, d’amour et de profonde adoration en communiquant ce jour dans mon acte par sa Volonté. Oh ! comme je voudrais dire en chacun de mes actes, qu’il soit grand ou petit : « Je fais un jour pour Jésus afin de l’aimer plus. » Je pensais cela lorsque mon bien-aimé Jésus me dit, répétant sa petite visite habituelle dans mon âme :

            Ma fille, ma Divine Volonté est le jour véritable pour la créature, mais afin de former ce jour ma Volonté doit être appelée dans l’acte de la créature afin de se placer dans l’acte pour faire se lever son divin jour, et elle possède la vertu de changer l’acte, la parole, le pas, les joies et les souffrances en jours des plus splendides et des plus enchanteurs. De sorte que ma Volonté attend, alors que la créature sort de son sommeil, d’être appelée à former en elle son jour d’action. Et comme ma Volonté est pure lumière, elle n’est pas adaptée à travailler dans l’acte obscur de la volonté humaine et change l’acte en jour pour former son splendide plein jour des actions héroïques et divines avec un ordre et une beauté dignes seulement de sa vertu vivifiante et opérante. 

            L’on peut dire que ma Volonté attend derrière les portes de l’acte de la créature comme le soleil derrière les fenêtres des chambres qui, bien que la lumière soit abondante à l’extérieur, restent dans l’obscurité parce que les portes ne sont pas encore ouvertes. Ainsi, bien que ma Divine Volonté soit la lumière qui éclaire tout, l’acte humain est toujours obscur si le jour de ma Volonté n’est pas appelé à se lever en lui. Par conséquent, appelle ma Volonté à se lever en chacun de tes actes si tu veux qu’elle forme en toi son jour magnifique, et que je puisse trouver en toi et en chacun de tes actes mes journées d’amour qui m’entourent de joies et de délices pour me faire répéter : « Mes délices sont d’être avec les enfants de ma Divine Volonté. » Je passerai mes jours heureux en toi, non dans la nuit malheureuse de ta volonté humaine, mais dans le séjour de pleine lumière et la paix éternelle de mon céleste pays. Ah ! oui, je le répète : « Je suis heureux dans la créature, je sens en elle l’écho de mon jour passé ici-bas sur la terre et l’écho du jour que je passe dans ma prison dans le sacrement de l’amour, tous remplis de ma Divine Volonté. » C’est pourquoi si tu veux me rendre heureux, fais que je trouve en toi la vertu opérante de ma Divine Volonté qui sait comment former pour moi le jour le plus beau et la plus brillante lumière, tout parsemés de joies ineffables et de bonheur céleste, puisque la créature, depuis le début de sa création, est sortie de Dieu dans le jour heureux et pacifique de notre Divine Volonté : en elle tout était lumière, plein midi, à l’intérieur comme à l’extérieur ; en son cœur, devant ses yeux, par-dessus sa tête et même sous ses pas, elle voyait et sentait la vie palpitante de ma sainte Volonté qui, lorsqu’elle la tenait immergée dans la plénitude de la lumière et du bonheur, lui fermait toutes les voies et les pas du malheur humain. Et c’est la créature qui en faisant sa volonté humaine forme les sorties, les voies malheureuses, les pas douloureux, la nuit oppressive faite non de repos, mais de veilles des passions, des agitations et des tourments, cela dans ma Divine Volonté elle-même, et cela parce que la créature ayant été créée uniquement pour ma Volonté afin de vivre en elle et pour elle, il n’y a pas de dessein pour elle, ni sur la terre ni au ciel, ni même en enfer, en dehors de mon divin Fiat.

            C’est pourquoi la créature qui vit dans ma Divine Volonté ferme ces sorties, que chacun de ses actes en elle supprime les voies de malheur qu’elle a formées, fait disparaître les pas douloureux, étouffe la nuit ; et le repos vient qui met un terme à tous ses maux. Alors mon Vouloir lui-même qui voit que la créature veut vivre en lui la caresse, la met en fête et l’aide à supprimer ses voies de sortie, il ferme les portes de ses maux parce que nous ne voulons pas et nous n’aimons pas que la créature soit malheureuse, car cela nous déshonore et forme sa douleur et la nôtre ; nous voulons par conséquent la voir heureuse, et de notre bonheur même. Oh ! comme il est douloureux pour notre cœur paternel de posséder d’immenses richesses, des joies infinies, et de voir nos enfants dans notre propre maison, c'est-à-dire notre propre Volonté, dans la pauvreté, le jeûne et le malheur.

39.  29 septembre 1931 — Croissance de la créature devant la divine Majesté. Vivre dans la Divine Volonté est un don que Dieu fera à la créature.

      Je faisais ma ronde dans la Divine Volonté pour suivre tous ses actes accomplis par amour pour nous et, arrivée en Éden, je m’arrêtais à l’acte où Dieu créa l’homme : Quel moment solennel ! Quel enthousiasme d’amour ! Un acte que l’on peut appeler très pur, complet, substantiel et ininterrompu d’amour divin. Comme l’homme a été formé, a eu son commencement, est né dans l’amour de son Créateur, il était juste qu’il grandît comme il avait été pétri et animé par le souffle, comme une petite flamme, de l’haleine de celui qui l’aimait tant. Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus me dit en visitant ma petite âme :

            Ma fille, la création de l’homme n’était rien d’autre qu’une effusion de notre amour, mais si bien qu’il lui était cependant impossible de tout recevoir en lui-même, n’ayant pas la capacité de recevoir en lui un acte de celui qui lui avait donné le jour. C’est pourquoi notre acte est resté à l’intérieur et à l’extérieur de lui afin qu’il puisse l’utiliser comme nourriture pour grandir devant celui qui l’avait créé avec tant d’amour et qui l’aimait tant. Et comme ce n’était pas seulement notre amour que nous déversions en créant l’homme, mais toutes nos divines qualités, la puissance, la bonté, la beauté, etc., se sont également répandues au dehors et avec ce déversement de nos divines qualités la table céleste demeurait toujours préparée à la disposition de l’homme qui pouvait quand il le désirait venir s’asseoir à la table céleste pour se nourrir de notre bonté, puissance, beauté, amour et sagesse, et grandir devant nous avec ces mêmes divines qualités et le modèle de notre ressemblance. Et chaque fois qu’il venait en notre présence pour prendre une gorgée de nos divines qualités, nous le prenions sur nos genoux pour se reposer et digérer ce qu’il avait pris afin qu’il puisse se nourrir à nouveau de nos mets divins pour former sa croissance complète de bonté, de puissance, de sainteté et de beauté comme le désirait notre amour et le voulait notre Volonté. Lorsque nous faisons un travail, notre amour est si grand que nous donnons et préparons tout pour que rien ne puisse manquer à notre œuvre ; nous faisons des œuvres complètes, jamais à moitié, et s’il semble manquer quelque chose, c’est à cause de la créature qui ne prend pas tout ce que nous avons servi pour son bien et pour notre gloire.

            Après quoi je continuais à penser à la Divine Volonté, et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, la vie dans la Divine Volonté est un don que nous faisons à la créature, un grand don qui dépasse en valeur, en sainteté, en beauté et en bonheur tous les autres dons, d’une manière infinie et insurpassable. Lorsque nous accordons ce don si grand, nous ne faisons rien d’autre qu’ouvrir les portes pour rendre la créature propriétaire de nos divines possessions, un lieu où les passions et les périls n’ont plus vie et où aucun ennemi ne peut la blesser ou lui faire mal. Le don confirme la créature dans le bien, dans l’amour, dans la vie même du Créateur, et le Créateur demeure confirmé dans la créature de sorte qu’il y a entre l’un et l’autre inséparabilité. Avec ce don, la créature sentira que son sort a changé : de pauvre, elle deviendra riche ; malade, elle se rétablira parfaitement ; malheureuse, elle sentira que tout s’est transformé pour elle en bonheur. Vivre dans le don de notre Volonté est très différent de faire notre Volonté. Le premier est un prix, une prime, et c’est notre décision de conquérir la créature avec une force invincible et irrésistible, de remplir la volonté humaine de façon sensible de sorte qu’elle touchera de sa main et avec clarté le grand bien qui lui vient, qu’il faudrait être fou pour sortir d’un tel bien, parce que tant que l’âme est en voyage, les portes ne se referment pas derrière le don, mais restent ouvertes si bien que librement et sans être forcée l’âme peut vivre dans notre don, d’autant plus qu’avec ce don, elle ne fera pas notre Volonté par nécessité, mais parce qu’elle l’aime et qu’elle est sienne. Par contre, faire notre Volonté n’est pas une prime, mais un devoir et une nécessité que l’âme doit subir qu’elle le veuille ou non, et les choses qui sont faites par devoir et par nécessité, si elles peuvent s’échapper, elles s’échappent parce qu’en elles n’entre pas l’amour spontané qui fait que l’on aime et reconnaît notre Volonté comme étant digne d’être aimée et connue. La nécessité cache le bien qu’elle contient et fait sentir le poids du sacrifice et du devoir. Au contraire, la vie dans notre Vouloir n’est pas un sacrifice, mais une conquête, ce n’est pas un devoir, mais de l’amour. La créature se sent perdue dans notre don et elle l’aime non seulement comme notre Volonté, mais aussi parce qu’elle lui appartient exclusivement, et ne pas lui donner la première place, le règne, la domination, serait ne pas s’aimer elle-même.

            Or, ma fille, c’est cela que nous voulons donner à la créature : notre Volonté comme don, parce que la regarder et la posséder comme étant à soi fera qu’il sera facile de lui laisser former son Royaume. Ce don avait été fait à l’homme en Éden et il l’a rejeté avec ingratitude, mais notre Volonté n’a pas changé, nous le gardons en réserve, et ce que l’un a rejeté, avec des grâces plus surprenantes nous le gardons prêt à être donné aux autres, peu importe le temps, parce que pour nous, les siècles sont comme un seul point. Il faut cependant de grandes préparations de la part des créatures pour connaître le grand bien de ce don afin de soupirer après lui. Mais le temps viendra où notre Volonté sera possédée comme un don par la créature.

40.  4 octobre 1931 — Comment les doutes et les craintes sont des blessures pour l’amour. La Divine Volonté est un acte unique. La plus grande des merveilles. La nuit et le jour de l’âme.

        Je me sentais opprimée à cause des privations de mon doux Jésus. Quel clou déchirant que personne ne peut enlever ni calmer pour apporter un peu de soulagement à un tel martyre ! Seuls son retour et son aimable présence peuvent transformer comme par enchantement le clou et la souffrance en joies très pures que Jésus seul sait comment nous communiquer par son aimable présence. C’est pourquoi je ne faisais que m’abandonner dans les bras de la Divine Volonté en priant qu’elle me révèle celui après qui je soupire. Je faisais cela lorsque mon aimable Jésus illumina comme l’éclair ma pauvre âme et me dit :

            Courage, ma bonne fille, tu t’accables trop et ton accablement te réduit à l’extrême en jetant en toi le doute que ton Jésus ne t’aime pas et que peut-être il ne viendra plus. Non, non, je ne veux pas de ce doute. Les oppressions, les doutes, les craintes sont des blessures à mon amour et elles affaiblissent ton amour pour moi en te faisant perdre l’élan et l’envol pour aller vers moi et m’aimer ; et le flot de l’amour continu pour moi est brisé, te voilà pauvre et malade et je ne trouve plus le puissant élan de ton amour ininterrompu qui m’attire vers toi. Tu dois savoir que tous les actes de ma Divine Volonté, qui sont innombrables, se réduisent tous à un point et à un acte unique ; c’est la plus grande merveille de notre Être suprême de former, posséder et voir tous les actes possibles et imaginables en un seul acte. Ainsi tous les actes accomplis par la créature dans notre Volonté se réduisent à un acte unique.

            Or pour avoir la vertu de placer tous les actes en un seul acte, la créature doit former et posséder en elle-même l’amour continuel et ma Volonté éternelle qui fera commencer tous les actes par la vertu d’un acte unique.

            Tu vois par conséquent que tout ce que tu as fait dans ma Volonté est réuni en un acte unique, et forme ton cortège, ton soutien, ta force, ta lumière qui ne s’éteint jamais, et ils t’aiment tant qu’en devenant bras, ils te gardent comme une chère élève de mon Fiat parce que c’est en toi qu’ils ont été formés et ont reçu la vie. Par conséquent, ne t’accable pas, jouis des fruits de mon Vouloir, et si tu vois que je tarde à venir, attends-moi avec un amour patient, et quand tu y penseras le moins, je te surprendrai en te faisant ma petite visite habituelle et je serai heureux de trouver en toi ma Volonté toujours dans l’acte de m’aimer.

            Après quoi il ajouta :

            Ma fille, notre Divine Volonté est grande, puissante, immense, etc. ; ce qui n’est guère surprenant puisque toutes ces divines qualités sont nôtres par nature et forment toutes ensemble notre Être suprême. De sorte que par nature nous sommes immenses en puissance, immenses en amour, en beauté, en sagesse, en miséricorde, etc., et comme nous sommes immenses en toutes choses, tout ce qui sort de nous demeure dans les filets de nos immenses divines qualités. Or ce qui suscite les plus grandes merveilles, c’est de voir que l’âme qui vit dans notre Divine Volonté contient dans son petit acte l’immense et puissant acte de son Créateur, de voir alignés dans les petits actes de l’être fini l’immense amour, l’immense sagesse, la beauté infinie, la miséricorde sans limites, l’interminable sainteté de celui qui l’a créée. Que le petit renferme le grand est chose plus merveilleuse que le grand qui contient le petit ; il est aisé à notre grandeur de tout embrasser, de tout enfermer, et sans avoir besoin d’arts ou d’industrie puisque, rien ne peut échapper à notre immensité. Mais pour que le petit renferme le grand, il y faut un art particulier, une divine industrie que seuls notre puissance et notre grand amour peuvent former dans la créature ; si nous n’y mettions pas du nôtre, elle ne pourrait le faire d’elle-même.

            C’est par conséquent la merveille des merveilles, le plus grand des prodiges de la vie dans notre divin Fiat. L’âme devient si belle et si ingénieuse que c’est pour nous un enchantement de la voir et l’on peut dire qu’en chacun de ses petits actes converge un de nos miracles, sinon le petit ne pourrait pas renfermer le grand ; et notre bonté est si grande qu’elle y prend le plus grand plaisir et attend avec tant d’amour que la créature lui donne l’occasion d’exercer l’art divin des miracles continuels.

            Que la vie dans notre Vouloir soit donc pour ton cœur plus que tout et tu seras ainsi satisfaite, et nous serons plus satisfaits avec toi, et tu seras dans nos mains créatrices notre champ d’action et notre œuvre continuelle. Si tu savais combien nous aimons œuvrer dans les âmes qui vivent dans notre Vouloir, tu veillerais plus attentivement à ne jamais en sortir.

            Après quoi je suivais mon abandon dans le divin Fiat, mais accompagnée d’une tristesse à cause de tant choses affligeantes qui encombraient mon pauvre esprit et qu’il n’est pas nécessaire de rapporter ici, car il est juste que Jésus seul sache certains secrets intimes. Et mon bien-aimé Jésus redit avec l’accent le plus tendre :

            Ma fille, tu dois savoir que tout comme il y a dans la nature le jour et la nuit, l’âme a elle aussi sa nuit, l’aurore, le point du jour, le plein midi et le coucher de soleil. La nuit appelle le jour et le jour la nuit ; l’on peut dire qu’ils s’appellent mutuellement.

            Or la nuit de l’âme, ce sont mes privations, mais pour celle qui vit dans ma Divine Volonté ces nuits sont précieuses ; ce ne sont pas des repos paresseux, des sommeils sans repos, non, non, des nuits de repos opérants, de sommeil paisible, car en voyant venir cette nuit, elle s’abandonne dans mes bras pour laisser reposer sa tête fatiguée sur mon divin cœur et sentir ses battements, pour retirer de son sommeil un amour nouveau et me dire pendant qu’elle dort : « Je t’aime, je t’aime, ô mon Jésus ! » Le sommeil de celle qui m’aime et vit dans ma Volonté ressemble à celui du petit enfant qui en fermant ses yeux appelle dans un demi-sommeil : « Maman, maman », parce qu’il veut ses bras et son sein maternel pour pouvoir dormir, si bien qu’à son réveil, la première parole de l’enfant est « Maman », et le premier sourire, le premier regard est pour la Maman. Telle est l’âme qui vit dans mon Vouloir ; elle est le petit enfant qui, lorsque vient la nuit, cherche celui qu’elle aime afin de tirer une force nouvelle, un amour nouveau pour aimer plus encore ; et, comme il est beau de voir cette âme endormie demander, désirer, soupirer après Jésus ! Cette demande et ce désir appellent l’aube, forment l’aurore et la venue du grand jour, qui appelle le soleil, et je me lève pour former la course du jour et son plein midi.

            Mais tu sais, ma fille, qu’ici-bas sur la terre les choses alternent. Ce n’est qu’au ciel qu’il fait toujours plein jour parce que ma présente est éternelle au sein des bienheureux. C’est pourquoi lorsque tu vois que je suis sur le point de partir, sais-tu où je m’en vais ? À l’intérieur de toi. Après avoir enseigné ton âme et t’avoir donné mes leçons dans la lumière de ma présence, afin que tu puisses très bien les comprendre et qu’elles puissent te servir de nourriture et de travail durant le jour, je me retire et forme le coucher de soleil, et je me cache en toi durant le brève nuit pour être comme l’acteur et le spectateur de tous tes actes; et si pour toi cela peut sembler être la nuit, c’est pour moi le plus beau des repos, car après t’avoir parlé, je prends mon repos dans ma parole elle-même, et les actes que tu accomplis me servent de berceuse, de soulagement, de défense et de doux délassement dans mes spasmes d’amour. Par conséquent, laisse-moi travailler, je sais quand ce doit être le jour ou la nuit, pour toi et pour moi, dans ton âme ; ce que je veux, c’est une paix éternelle en toi afin que je puisse achever ce que je veux. Si tu ne demeures pas en paix, je me sens importuné dans mon travail et c’est avec peine, et non plus facilement, que je vais accomplir mes desseins.