No 21 à 38

21. 13 mars 1932 — La prisonnière et le divin Prisonnier. La Vierge, annonciatrice, messagère et conductrice du Royaume de la Divine Volonté. La créature qui vit dans la Divine Volonté forme la voix de la Création.

        Mon abandon dans le Fiat continue, mais je sens mon extrême pauvreté, mon néant, la souffrance continuelle de la privation de mon doux Jésus. Si ce n’était de son divin Vouloir qui me soutient et souvent me relie au ciel pour infuser en moi une vie nouvelle, je n’aurais pas pu continuer sans celui qui souvent se dérobe, se cache ; et moi je reste là dans le feu de l’amour à l’attendre parce qu’il me consume lentement, et Jésus reprend alors sa brève visite lorsque j’en suis à ces extrémités. C’est pourquoi je me disais : « Jésus m’a immobilisée et enchaînée avec des chaînes qui ne risquent pas de se briser et je suis réellement une pauvre prisonnière. Oh ! combien je voudrais avoir la compagnie de ma céleste Maman pour que sous sa direction je puisse vivre comme il le faut dans la Divine Volonté. » Je pensais cela lorsque mon Jésus me refit sa petite visite et me dit avec tendresse :

            Ma chère prisonnière ! Comme je suis heureux de t’avoir immobilisée et enchaînée, car mes liens et mes chaînes expriment mon amour en te gardant à ma disposition ; j’ai utilisé des liens et des chaînes pour que tu sois prisonnière seulement pour moi. Mais le sais-tu ? L’amour veut son semblable. Si je t’ai emprisonnée, je me suis d’abord constitué prisonnier pour toi dans ton propre cœur, et ne voulant pas être seul, je t’ai emprisonnée toi aussi afin de pouvoir dire : « Nous sommes deux prisonniers qui ne savent comment vivre l’un sans l’autre. » Nous pouvons ainsi préparer le Royaume de la Divine Volonté. Travailler seul n’est pas agréable, mais la compagnie rend le travail plaisant, invite à travailler, adoucit le sacrifice et forme les plus belles œuvres. Et en te voyant demander pour guide notre céleste Maman, ton Prisonnier exultait de joie à l’idée d’avoir sa douce compagnie dans notre travail. Tu dois savoir qu’elle était la véritable et céleste Prisonnière de ma Divine Volonté et qu’elle en connaît par conséquent tous les secrets, toutes les voies, et qu’elle possède les clefs de son Royaume. En vérité, chacun des actes de la Reine prisonnière préparait en elle le lieu où recevoir les actes de la créature accomplis dans la Divine Volonté. Et, oh ! combien la céleste Dame souveraine attend avec impatience de voir si la créature travaille dans mon Fiat afin de pouvoir prendre ces actes de ses mains maternelles et placer en eux ses propres actes comme des promesses et des gages de vouloir le Royaume de la Divine Volonté sur la terre.

            De sorte que ce Royaume était déjà formé par moi dans la céleste Dame, qu’il existe déjà, et il ne reste maintenant qu’à être donné aux créatures. Pour qu’il soit donné, il est nécessaire de le connaître. Et comme elle est la plus sainte des créatures, la plus grande, et qu’elle ne connaît aucun Royaume sinon celui de ma Divine Volonté, elle occupe en lui la première place. La céleste Reine sera de droit l’Annonciatrice, la Messagère, la Conductrice d’un Royaume si saint. Par conséquent, prie-la, invoque-la, et elle sera pour toi un guide, un maître, et avec un amour tout maternel elle recevra tous tes actes et les placera dans les siens en disant : « Les actes de ma fille sont comme les actes de sa Maman, ils peuvent donc rester avec les miens pour redoubler le droit de donner aux créatures le Royaume de la Divine Volonté. » Comme ce Royaume est le sien, Dieu doit le donner et la créature doit le recevoir, et il faut les actes des deux parties pour obtenir l’intention. C’est pourquoi celle qui détient le plus d’ascendant, le plus de puissance, le plus d’empire sur le divin Cœur est la souveraine Dame du ciel. Ses actes resteront en tête, avec la succession des autres actes des créatures transformés en actes divins en vertu de ma Volonté afin de leur donner le droit de recevoir ce Royaume, et Dieu, en voyant ces actes, se sentira poussé à l’accorder en raison de cet amour qu’il avait dans la Création lorsqu’il a créé toutes choses afin que sa Volonté soit faite sur la terre comme au ciel et que chaque créature soit un Royaume où sa Volonté puisse avoir son règne absolu. Par conséquent, continue toujours à travailler et à vivre dans le Fiat suprême.

            Après quoi mon esprit était perdu dans le divin Vouloir, et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, l’âme qui entre dans ma Volonté est convertie en lumière et tous ses actes, sans rien perdre de leur diversité, de leur nature et de ce qu’ils sont en eux-mêmes, sont vivifiés et animés par cette lumière. De sorte que chaque acte, quoique distinct en lui-même, a pour vie la lumière de mon Fiat ; et mon Fiat est ravi de former avec sa vie de lumière, la pensée, la parole, l’œuvre, etc. Et l’âme, premier soleil animé par le Fiat, forme avec ses actes le soleil, les étoiles, la mer qui toujours murmure, le vent qui gémit, qui parle, qui hurle, qui siffle, qui caresse et forme son repos, et l’âme donne une lumière divine à son Créateur, à elle-même, et descend même dans les profondeurs des créatures, et comme la lumière est féconde et possède la vertu de se répandre partout, elle forme les plus belles floraisons, mais toutes revêtues de cette lumière. Et voilà que ma Divine Volonté répète sa chère Création dans l’âme qui vit dans cette lumière, une Création plus belle encore parce que si la Création est muette et parle éloquemment, c’est toujours dans un langage sans paroles. Mais la Création que ma Divine Volonté forme dans l’âme est toute de paroles. Le soleil de ses œuvres parle, la mer de ses pensées, le vent de ses paroles, le bruit de ses pas, les vertus de ses fleurs qu’elle laisse en marchant et tout ce qu’elle fait parle, telles des étoiles brillantes qui par leur scintillement prient, aiment, louent, bénissent, restaurent et remercient continuellement, sans jamais s’arrêter, ce Fiat suprême qui est heureux de former en elles le merveilleux langage de la Création avec tant d’amour, et tout animé de sa divine lumière.

            C’est pourquoi il n’est pas surprenant que ton Jésus forme sa demeure continuelle au sein de cette Création qui parle et que ma Divine Volonté forme pour moi. Ce serait plus étonnant que je n’y sois pas, parce que le Maître, le Roi, n’aurait pas celle qu’il a formée avec tant d’amour. À quoi bon la former si je n’y réside pas pour jouir de ma Création qui parle ? Plus encore, il y a dans cette Création qui parle, toujours quelque chose à faire, quelque chose à ajouter. Chacun de ses actes est une voix qu’elle acquiert et qui me parle de moi et de son amour pour moi avec éloquence, et je me dois de l’écouter ; et je veux également profiter des saveurs qu’elle me donne. Je les aime tant que je soupire après elles et je ne peux donc pas les mettre de côté. Ainsi il y a toujours quelque chose à donner et à prendre. Je ne peux donc pas la laisser un instant sans moi, et tout au plus il arrive que tantôt je parle et tantôt je garde le silence, tantôt je me fais sentir et tantôt je demeure caché ; mais quitter celle qui vit dans ma Volonté, je ne le peux pas. Par conséquent, sois certaine qu’à moins que tu ne t’éloignes de lui, ton Jésus ne te quittera pas ; je serai toujours avec toi et tu seras toujours avec moi.

22.  20 mars 1932 — Trois conditions nécessaires pour obtenir le Royaume de la Divine Volonté. Comment chacun vit dans la Divine Volonté. Différentes manières de vivre.

       Je pensais à la Divine Volonté et je me disais : « Si Notre Seigneur aime tant faire connaître un Vouloir si saint et s’il veut qu’il règne parmi les créatures, pourquoi alors veut-il qu’on prie pour l’obtenir ? Car une fois qu’il veut quelque chose, il peut aussi le donner sans que quelqu’un prie autant pour l’avoir. » Et mon doux Jésus me surprit en disant :

            Ma fille, la connaissance de ma Volonté est la plus grande chose que je puisse donner et que la créature puisse recevoir. Et son règne est la confirmation de son grand don, l’accomplissement de sa Volonté lorsqu’elle est connue. Il est donc nécessaire de la lui demander. En demandant sa Volonté, la créature acquiert l’amour pour l’aimer, elle acquiert les dots de sacrifice nécessaires pour la posséder, et en demandant, le vouloir humain perd du terrain, s’affaiblit, perd de sa force et se dispose à recevoir le règne du Vouloir suprême. Et Dieu se voit ainsi prié de se disposer lui-même à la donner. Les dispositions sont nécessaires des deux côtés pour faire ces célestes dons. Combien de dons voulons-nous faire, mais que nous gardons parce qu’on ne nous les demande pas, et nous attendons avant de les donner qu’on nous les demande. Demander, c’est comme ouvrir un commerce entre le Créateur et la créature. Si la créature ne demande pas, le commerce est fermé et nos célestes dons ne descendent pas se mettre en circuit sur la face de la terre. C’est pourquoi la première des nécessités indispensables pour obtenir le Royaume de la Divine Volonté est de le demander par d’incessantes prières, parce que lorsque l’on prie, les petites lettres nous arrivent tantôt avec des sollicitudes, tantôt avec des supplications, tantôt avec un accord ayant affaire à notre Volonté, jusqu’à ce que la dernière arrive avec l’accord final.

            La deuxième nécessité, plus indispensable que la première pour obtenir ce Royaume, c’est de savoir ce qui peut être obtenu. Qui pourra jamais penser à un bien, le désirer et l’aimer, s’il ne connaît pas ce qu’il peut obtenir ? Personne. Si les anciens n’avaient pas su que le futur Rédempteur devait venir, personne n’y aurait jamais pensé, personne n’aurait prié ni espéré le salut parce que le salut et la sainteté en ce temps-là demeuraient fixés et centralisés dans un futur Sauveur céleste. En dehors de cela, il n’y avait pas d’espoir d’un bien. Le fait de savoir que l’on peut avoir un bien forme la substance, la vie, la nourriture de ce bien dans la créature. De là les si nombreuses connaissances de ma Volonté que je t’ai manifestées afin qu’on sache que l’on peut avoir le Royaume de ma Volonté. Lorsque l’on sait qu’un bien peut être obtenu, les arts, les industries et les moyens sont mis en œuvre pour l’obtenir. 

            Le troisième moyen nécessaire est de savoir que Dieu veut donner ce Royaume. C’est ce qui jette les fondations, l’espoir certain de l’obtenir, et forme les dernières préparations pour recevoir le Royaume de ma Divine Volonté. Car savoir que celui qui possède un bien que l’on désire et pour lequel on soupire est déjà consentant à le donner, on peut dire que c’est la dernière grâce et l’acte final avant d’obtenir ce que l’on veut. En fait, si je ne t’avais pas manifesté que je peux et que je veux donner ma Divine Volonté pour qu’elle règne parmi les créatures, tu aurais été, comme toutes les autres, indifférente envers un bien si grand. De sorte que ton intérêt et tes prières ont été cause et effet de ce que tu as connu. Et moi-même, lorsque je suis venu sur terre pendant les trente années de ma vie cachée, on peut dire que je n’ai apparemment fait du bien à personne et que personne ne me connaissait. Je suis resté parmi les créatures sans être remarqué et tout le bien se faisait entre moi et le Père du ciel, ma céleste Mère et le cher saint Joseph parce qu’ils savaient qui j’étais ; tous les autres n’en savaient rien. Mais quand je suis sorti de ma retraite et que je me suis fait connaître en disant que j’étais réellement le Messie, leur Rédempteur et leur Sauveur, malgré que je me sois fait connaître, j’ai attiré sur moi calomnies, persécutions, contradictions et colère, la haine des Hébreux, la Passion et la mort même. Tous ces maux qui sont tombés sur moi en avalanche ont commencé lorsque je me suis fait connaître, que j’ai affirmé qui j’étais réellement, le Verbe éternel descendu du ciel pour les sauver. Cela est si vrai que lorsque j’étais dans la maison de Nazareth et qu’ils ne savaient pas qui j’étais, personne ne me calomniait ni ne me voulait du mal. En me révélant, tous les maux sont tombés sur moi. Mais cela était nécessaire pour me faire connaître, sinon je serais reparti pour le ciel sans avoir accompli ce pour quoi je suis venu sur terre. Au contraire, en me faisant connaître, bien que j’aie attiré tous les maux, et dans cet abîme de calamités, j’ai formé mes Apôtres, annoncé l’Évangile, opéré des prodiges, et ma connaissance a poussé mes ennemis à m’infliger toutes ces souffrances, jusqu’à me donner la mort sur la croix. Mais j’ai obtenu ce que je voulais : que beaucoup allaient me connaître parmi tant d’autres qui ne voulaient pas me connaître, et accomplir ma Rédemption. Je savais qu’en me faisant connaître la perfidie et l’orgueil des Hébreux allaient faire tout cela. Mais il était nécessaire que je me fasse connaître parce qu’une personne ou un bien qui n’est pas connu ne peut pas être porteur de vie ou de bien. Le bien et les vérités qui ne sont pas connus demeurent empêchés en eux-mêmes comme ces mères stériles qui s’éteignent avec leur génération.

            Tu vois donc combien il est nécessaire que l’on sache que je peux donner le Royaume de ma Divine Volonté, et que je veux le donner. Je peux dire qu’il y entre la même nécessité que de faire savoir que j’étais le Fils de Dieu quand je suis venu sur terre. Et il est également vrai que beaucoup en sachant cela vont refaire ce qu’ils ont fait lorsque j’ai fait savoir qui j’étais, le Messie tant attendu : calomnies, contradictions, doutes, suspicions, comme cela a déjà commencé dès la publication qui faisait connaître ma Divine Volonté. Mais cela n’est rien, et le bien possède la force de blesser le mal, les créatures et l’enfer qui, se sentant blessés, se sont armés contre le bien et voudraient l’annihiler avec celle ou celui qui voudrait le faire connaître. Mais en dépit de tout ce qu’ils ont voulu faire la première fois, parce que ma Volonté voulait que naisse sa connaissance et son désir de régner, ils l’ont comme étouffée et elle a cependant fait ses premiers pas, et ce que certains n’ont pas cru, d’autres l’ont cru. Le premier pas appellera le second, puis le troisième, et ainsi de suite, malgré le fait qu’il ne manquera pas de gens pour soulever des contradictions et des doutes ; mais il est absolument nécessaire que l’on connaisse ma Divine Volonté, qu’on sache que je peux la donner et que je veux la donner. Telles sont les conditions sans lesquelles Dieu ne peut pas donner ce qu’il veut donner, et sans quoi la créature ne peut pas le recevoir. Par conséquent, prie et ne cesse pas de faire connaître ma Divine Volonté. Les temps, les circonstances et les personnes changent, ce ne sont pas toujours les mêmes. Ce que l’on ne peut pas obtenir aujourd’hui peut être obtenu demain, en dépit de la confusion de ceux qui ont étouffé un si grand bien. Mais ma Volonté triomphera et aura son Royaume sur la terre.

            Après quoi je continuais à penser à la Divine Volonté et je m’abandonnais tout entière dans ses divins bras, et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma bonne fille, tu dois savoir que ma Divine Volonté possède et contient en elle toutes choses : toutes les joies, toutes les beautés, tout sort de ma Volonté qui sans rien perdre contient tout en elle-même. On peut dire que ma Volonté porte toutes choses en son immense sein de lumière. De sorte que toute créature vit en elle avec cette différence que celle qui de toute sa volonté veut vivre dans ma Volonté et se laisse subjuguer par son règne y vit comme une fille, et, à titre de fille, elle devient héritière des joies, des beautés et des biens de sa Mère, la Divine Volonté, de sorte que cette divine Mère est totalement résolue à l’embellir, à l’enrichir et à faire la joie de sa fille. Par contre, la créature qui veut vivre de la volonté humaine et ne se laisse pas subjuguer par son règne vit également dans cette sainte Volonté, sauf qu’elle n’y vit pas en fille, mais en étrangère, et toutes les joies se convertissent pour cette créature en amertumes, les richesses en pauvreté, la beauté en laideur ; car vivant en étrangère, elle se sépare des biens que possède ma Divine Volonté et mérite avec justice de ne rien posséder. Le vouloir humain qui la subjugue lui donne ce qu’il contient : passions, faiblesses et misères. Rien n’échappe à ma Divine Volonté, pas même l’enfer, et comme ces créatures ne l’ont pas aimée dans leur vie, elles ont vécu comme des rameaux détachés, mais toujours à l’intérieur de ma Divine Volonté, jamais à l’extérieur. Maintenant, dans ces sombres prisons, les joies, les bonheurs et les béatitudes de ma Divine Volonté sont converties en souffrances et en tourments éternels. Par conséquent, la vie dans ma Volonté n’est pas nouvelle, comme certains le croient. Tous vivent déjà dans ma Volonté, les bons comme les méchants. Si l’on veut parler de nouveauté, c’est dans la façon d’y vivre.

            La créature qui reconnaît ma Volonté comme un acte continuel de vie lui donne la suprématie dans tous ses actes, parce que la vie dans ma Volonté est la sainteté de tous les instants que reçoit la créature. On peut dire qu’elle grandit continuellement en sainteté, mais une sainteté nourrie par ma Volonté et qui croît avec elle. De sorte qu’elle ressent ma Volonté comme une vie plus grande que sa propre vie. Par contre, la créature qui ne vit pas dans ma Volonté, même si elle y demeure, ne la reconnaît pas dans tous ses actes, et elle vit comme si elle était éloignée et ne pouvait pas recevoir l’acte continuel de sa vie, bien qu’elle le reçoive. De cette manière, la sainteté de la vie dans mon Vouloir n’est pas formée, et c’est au mieux une sainteté de circonstance. De sorte que ces créatures ne se souviennent de ma Divine Volonté que lorsqu’elles sont oppressées par un besoin, une peine, une croix, et c’est alors qu’elles s’exclament « Que la Divine Volonté soit faite ». Et dans tout le reste de leur vie, où est ma Volonté ? N’est-elle pas déjà avec elles, qui contribue à tous leurs actes ? Elle était là, mais les créatures ne la reconnaissaient pas. Il en est comme d’une mère qui vit dans son palais et qui a donné le jour à de nombreux enfants. Certains restent toujours autour de leur mère qui infuse en eux ses nobles manières, les nourrit de bons et délicats aliments, les habille de vêtements convenables, leur confie ses secrets et les constitue héritiers de ses biens. On peut dire que la mère vit dans les enfants et les enfants dans la mère. Ils se félicitent mutuellement et vivent d’un amour inséparable. Les autres enfants vivent aussi dans le palais de leur mère, mais ils ne sont pas toujours autour d’elle. Ils trouvent leur plaisir à vivre dans les chambres éloignées de celle de leur mère et n’apprennent donc pas ses nobles manières et ne s’habillent pas convenablement. La nourriture qu’ils prennent leur fait plus de mal que de bien et s’ils vont parfois vers leur mère, ce n’est pas par amour, mais par nécessité. D’où la grande différence entre les uns et les autres, bien que tous vivent dans le palais de la mère. Ainsi, chacun vit dans ma Volonté, mais seul celui qui le veut vit de ma Volonté, vit en elle comme un enfant avec sa Mère. Pour les autres, même s’ils vivent dans ma Volonté, certains ne la connaissent même pas, d’autres y vivent comme des étrangers et d’autres encore ne la connaissent que pour l’offenser.

23.  27 mars 1932 — Conditions de l’assurance pour que le Royaume du Fiat vienne sur la terre. Les manifestations de ma Volonté seront une armée entraînée avec l’amour, les armes, le filet pour conquérir la créature.

        Je me sentais tout entière immergée dans le divin Vouloir et oh ! combien de pensées peuplaient mon esprit. Sa lumière formait des vagues qui se succédaient et se convertissaient en voix, en murmure et en musique céleste, mais comme il est difficile de retenir le langage de cette interminable lumière ! Lorsque l’on est en elle, il semble que l’on comprenne beaucoup, mais dès qu’elle se retire, il ne reste que des gouttelettes, et le doux et inoubliable souvenir d’avoir été dans la lumière du Fiat éternel. Si le bienheureux Jésus ne faisait pas le miracle de s’abaisser pour s’adapter à la nature humaine, je n’aurais rien eu à dire. Mais j’avais en esprit l’image du Royaume de la Divine Volonté et je voulais que Jésus me dise quelles étaient ses conditions pour être certaine de sa venue. Et mon céleste Maître visita sa petite nouveau-née de son Vouloir et il me dit :

            Ma bienheureuse fille, les conditions absolues, nécessaires, et de la plus haute importance qui forment la vie et la nourriture pour assurer le Royaume de ma Divine Volonté, sont de demander de la créature les degrés et la continuité d’un long sacrifice. C’est pourquoi notre bonté, en vertu du sacrifice qu’elle demande, doit accorder à celle à qui elle demande ce sacrifice des grâces surprenantes, de telle sorte qu’à cette créature, fascinée par mon amour, par mes dons et par mes grâces, il lui semblera que ce sacrifice n’est rien, bien qu’elle sache que sa vie est finie et qu’elle n’aura plus aucun droit sur elle-même. Tous les droits appartiendront à celui qui lui demande ce sacrifice. Si elle ne connaissait pas toute l’intensité du sacrifice qu’elle accepte, il n’aurait pas toute sa valeur, parce que plus elle connaît la grandeur et le poids du sacrifice, plus il acquiert du prix. La connaissance détermine la valeur exacte et complète du sacrifice ; mais pour celle qui ne connaît pas le poids d’un sacrifice, oh ! combien cela diminue la valeur, la grâce, le bien que l’on devrait obtenir. Et notre amour reste blessé, notre pouvoir se sent impuissant devant une créature à qui nous demandons de grands sacrifices, lui faisant connaître le poids auquel elle devrait se soumettre, et qui accepte tout uniquement par amour pour nous et afin d’accomplir notre Volonté. Le sacrifice prolongé entraîne la continuité de la prière et, oh ! comme nos oreilles restent attentives, notre regard ravi, en voyant que sous le feu du sacrifice que nous demandons, elle prie ; et que demande-t-elle ? Ce que nous voulons : que notre Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Ah ! si elle le pouvait, elle mettrait sens dessus dessous la terre et le ciel, elle voudrait tout avoir en son pouvoir afin de faire en sorte que tous demandent ce qu’elle veut pour que son sacrifice atteigne son but et apporte les fruits voulus par Dieu. Notre bonté paternelle est telle qu’il nous est impossible de ne pas accorder la demande d’un long sacrifice et d’une prière continue. Telles sont les conditions de la part des créatures et c’est ce que nous avons fait avec toi, et nous voulons que tu le saches, parce que nous ne donnons pas ces choses à des aveugles qui à cause de leur cécité ne connaissent pas les biens et on ne les leur donne pas, et moins encore aux muets, car dans leur mutisme, ils n’ont pas les mots pour manifester nos vérités et nos grâces. La première chose que nous donnons est la connaissance de ce que nous voulons faire avec elle, et nous donnons et nous faisons alors ce que nous avons disposé.

            On peut appeler connaissance le commencement, le vide, la semence où placer le sacrifice, nos choses, et où faire naître la belle prière qui nous affaiblit, nous lie avec des chaînes, des liens inséparables, et fait que nous nous rendons à ce qu’elle veut. Plus encore, notre Volonté étant vie et travail qui donne vie à tous et à toute chose, afin de venir régner sur la terre, exige de la part de la famille humaine la vie d’une créature à sa disposition, et que sans s’y opposer cette créature reste sous l’autorité de sa Divine Volonté qui pourra faire de cette vie ce qu’elle veut. De la part des créatures, cela lui servira de lieu et de condition pour assurer son Royaume. Viennent ensuite les conditions de la part de Dieu. Mais à qui peut-il les poser sinon à la créature à qui il a demandé les sacrifices ? De sorte que ce long temps de manifestation de nombreuses vérités sur ma Divine Volonté, tout le temps passé à parler de son Royaume et du bien qu’il veut et devrait faire, sa longue souffrance d’environ six mille ans depuis qu’il veut régner et que les créatures l’ont rejeté, les nombreuses promesses de biens qu’il veut donner, de bonheur et de joies si elles le laissent régner, tout cela n’était que des assurances que j’ai données à la créature de ce Royaume de mon Fiat ; et ces assurances étaient faites et scellées dans cette chose très sacrée et très précieuse qui se trouve dans le centre de feu de ton sacrifice voulu par nous. Je peux dire que je ne me lasse jamais de donner des assurances ; tu pourrais dire que je reviens toujours avec de nouvelles manières, de nouvelles vérités, de nouvelles formes et des images surprenantes sur ma Divine Volonté. Je n’en aurais jamais dit autant si je n’avais été certain que mon Royaume pouvait avoir son règne sur la terre. C’est pourquoi il est pratiquement impossible que mon discours prolongé et un sacrifice aussi continuel de ta part ne produisent pas les fruits tant attendus de la part de Dieu et de la part des créatures. Par conséquent, continu ton envol dans ce Fiat qui a le pouvoir de se faire un chemin, d’abattre toutes les difficultés, et qui peut par la force de l’amour former ses amis les plus fidèles et ses défenseurs contre ses plus impitoyables ennemis.

            Puis il ajouta : Ma fille, ma conception, ma naissance, ma vie cachée, mon Évangile, les miracles, mes souffrances, mes larmes, mon sang versé et ma mort ont tout réuni, ont formé une invincible armée en vue d’accomplir ma Rédemption. Ainsi, toutes mes manifestations de ma Divine Volonté, du premier au dernier mot que je vais dire, devraient servir à former l’armée entraînée avec amour, avec une force invincible, avec une lumière irrésistible, avec un amour transformant. Cette armée jettera sur les créatures un filet et si elles veulent s’en dégager, elles ne feront que s’y empêtrer au point de ne plus savoir comment en sortir ; et pendant qu’elles chercheront à en sortir, les très nombreuses manifestations de ma Volonté continueront à les assaillir et à étendre encore le filet. Se voyant alors tout empêtrée, la créature prendra plaisir à toutes les beautés de la vérité et elle se sentira heureuse d’avoir trébuché dans le filet de mes vérités manifestées. Ces vérités formeront ainsi l’accomplissement du Royaume de ma Divine Volonté ! Chaque manifestation de ma Volonté est ainsi une arme qui devrait servir à l’accomplissement d’un Royaume si saint. Si je l’ai manifesté et que tu n’en parles pas, tu le priveras des armes nécessaires ; par conséquent, sois attentive.

            Tu dois de plus savoir que toute parole qui sort de la Sagesse incréée contient vie, substance, œuvre et enseignement. De sorte que chaque vérité manifestée sur notre Divine Volonté aura dans notre Royaume sa propre fonction : bien des vérités serviront à former et à faire croître la vie de la Divine Volonté dans la créature ; d’autres auront pour tâche de la nourrir ; d’autres seront chargées de la défendre en formant une armée autour de la créature, si bien que nul ne pourra la toucher. Tu vois par conséquent la nécessité de mon discours continuel et des nombreuses vérités que j’ai manifestées ; c’est un Royaume que je devais former et qu’on ne peut constituer avec quelques paroles, quelques actes et quelques fonctions ; il en faut un grand nombre ! Et chacune de mes vérité a la vertu d’occuper une fonction afin de maintenir un ordre parfait, une paix éternelle ; ce sera un écho du ciel et les créatures baigneront dans une mer de grâces et de bonheur, sous un soleil sans nuages ; le ciel sera toujours serein. Mes vérités sur ma Divine Volonté seront les seules lois qui régneront ; car les créatures qui entreront pour vivre sous les lois de ce Royaume non d’oppression, mais d’amour, des lois qui se feront doucement aimer parce que les créatures trouveront en elles la force, l’harmonie, le bonheur et l’abondance de tous les biens. Par conséquent courage et va toujours de l’avant dans ma Divine Volonté.

24.  2 avril 1932 — Comment la puissance divine mettra un terme aux maux de l’homme et lui dira : « Ici, c’est assez. » Comment notre Seigneur démontre par des faits qu’il veut donner le Royaume de sa Volonté.

        Je retourne toujours dans le saint divin Vouloir et ne peux faire autrement, car étant la Vie, c’est toujours la vie, le souffle, le mouvement et la chaleur que l’on sent. C’est ainsi avec la Divine Volonté, lorsqu’on la ressent, c’est sa vie, sa chaleur, son mouvement et tout ce qu’elle contient qui est ressenti, avec seulement cette différence que l’on fait tantôt attention à une chose qui renferme la vie, tantôt à une autre. Et je me disais : « Comment une créature peut-elle redevenir belle et sainte comme elle l’était en sortant des mains créatrices de Dieu, afin de réaliser le Royaume du Fiat au sein de la famille humaine ? » Et mon bien-aimé Jésus me surprit en me disant :

            Ma fille, toutes les œuvres de notre Être suprême sont parfaites et achevées. Pas une seule n’est faite à moitié. La création est achevée et parfaite ; de fait, les choses de nécessité absolue ne sont pas nombreuses comparées au luxe, à la splendeur de notre puissance, de notre amour et de notre magnificence. Faudrait-il que l’homme, celui pour qui toutes choses ont été créées, soit notre seule œuvre défectueuse et inachevée ? De quoi s’agit-il ? Que notre Fiat puisse avoir son Royaume en chaque créature. Et parce que l’homme a péché, il en est resté souillé et laid, et comme une résidence qui s’écroule, il est exposé aux voleurs et à ses ennemis. Comme si notre Puissance pourrait être limitée, sans le pouvoir de faire ce qu’elle veut, comme elle le veut, et autant qu’elle le veut. Quiconque croit que le Royaume de notre Volonté ne peut pas venir doute de l’Être suprême lui-même. Nous pouvons faire toute chose, et le vouloir peut nous manquer, mais lorsque nous le voulons, notre Puissance est si grande que ce que nous voulons faire, nous le faisons, et rien ne peut résister à notre Puissance. C’est pourquoi nous avons le pouvoir de réhabiliter l’homme, de le rendre plus beau qu’avant, plus fort qu’il ne l’était, et avec le souffle de notre Puissance enfermer dans les ténèbres de l’abîme les voleurs et les ennemis de l’homme.

            Si bien que l’homme, si loin qu’il soit parti de notre Divine Volonté, n’a pas cessé d’être notre œuvre, et bien qu’il soit désordonné, notre Puissance, qui veut autour d’elle une œuvre accomplie et parfaite, mettra une limite aux désordres de l’homme, à ses faiblesses, et elle lui dira avec son empire : « Là, ça suffit ; rentre dans l’ordre, reprends ta place d’honneur comme œuvre digne de ton Créateur. » Ce sont des prodiges de notre omnipotence que notre Volonté va opérer et contre lesquels l’homme n’aura pas la force de résister, mais sans y être forcé, spontanément séduit et attiré par une force suprême, par un invincible amour. La Rédemption n’était-elle pas un prodige de notre Puissance voulu par notre Volonté et notre amour qui sait tout conquérir, même les plus noires ingratitudes, les fautes les plus graves, et répondre par l’amour là où l’homme ingrat l’a le plus offensé ? Si mon Royaume était attiré par l’homme, il est certain qu’il ne pourrait pas revenir même avec les secours de ma Rédemption, parce que l’homme n’est pas disposé à les prendre. Beaucoup ne cessent pas d’être pécheurs, faibles, souillés par les fautes les plus graves. Mais attiré par ma Puissance, par mon amour, lorsque les deux déborderont un peu plus pour le toucher, avec ma Volonté, pour le conquérir, l’homme se sentira ébranlé et renversé de telle sorte qu’il renaîtra du mal vers le bien et reviendra dans notre Divine Volonté d’où il est sorti, afin de reprendre son héritage perdu. Sais-tu en quoi tout repose ? Tout repose en ce que ma Volonté le veut et en a décidé ainsi par ses divins décrets ; s’il y a cela, tout est fait, et cette décision est si vraie qu’il y a des faits.

            Tu dois savoir que lorsque je suis venu sur terre comme Rédempteur, ma sainte Humanité contenait en même temps tous les actes de ma Volonté comme dépôt à donner à la créature. Je n’avais pas de besoins parce que j’étais la Divine Volonté elle-même. Mon Humanité a alors agi en Mère très tendre en enfermant en elle-même autant de naissances de ma Volonté que d’actes qu’elle a accomplis afin de leur donner le jour et la naissance dans les actes des créatures pour former dans leurs actes le Royaume des actes de mon Fiat. C’est pourquoi mon Fiat reste là, comme une Mère, attendant avec un amour qui le met au supplice, de donner le jour à ces naissances divines. L’autre fait est que j’ai moi-même enseigné le Pater Noster, afin que tous puissent prier pour que mon Règne arrive et que ma Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Si mon Règne ne devait pas venir, il aurait été inutile d’enseigner cette prière. Je ne sais pas faire des choses inutiles ; de plus, toutes ces vérités manifestées sur ma Divine Volonté ne disent-elles pas clairement que ce Royaume viendra sur la terre, non par l’œuvre des hommes, mais par celle de notre omnipotence ? Tout est possible lorsque nous le voulons. Nous facilitons autant les petites choses que les grandes parce que toute la vertu et la puissance sont dans notre acte et non dans le bien que reçoit l’acte de notre Puissance. En fait, lorsque j’étais sur terre, comme ma Puissance courait dans tous mes actes, le toucher de mes mains devenait Puissance, comme l’empire de ma voix, etc. ; et c’est avec la même facilité que je rappelai à la vie une jeune fille morte depuis quelques heures et Lazare mort depuis quatre jours, lui dont le corps dégageait déjà une puanteur insupportable ; j’ai commandé qu’on lui enlève les bandages et je l’ai appelé avec l’empire de ma voix : « Lazare, sors de là ! » À l’appel de ma voix Lazare est ressuscité, la corruption a disparu avec la puanteur, et il est revenu à la vie comme s’il n’était pas mort. Véritable exemple de la façon dont ma Puissance peut faire renaître le Royaume de mon Fiat parmi les créatures. Voilà un exemple palpable et certain de ma Puissance, que malgré le fait que l’homme soit corrompu, que la puanteur de ses fautes l’infecte plus qu’un cadavre et qu’il peut être appelé un malheureux couvert de bandages qui a besoin de l’empire divin pour le dégager des bandages de ses passions. Mais si l’empire de ma Puissance le revêt et le veut, sa corruption n’aura plus vie et il se relèvera en bonne santé et plus beau qu’avant. Par conséquent, on peut tout au plus douter que ma Divine Volonté ne le veuille pas parce que les hommes pourraient ne pas mériter un si grand bien, mais douter que ma Puissance pourrait ne pas pouvoir le faire, cela, jamais.

25.  9 avril 1932 — Comment Jésus façonne la Création pour la faire renaître à la vie nouvelle de sa vérité. Comment Jésus peut seul manifester tant de vérités sur la Divine Volonté, parce qu’il en possède la source.

      Mon abandon dans le divin Vouloir continue et je me sens comme une petite enfant nourrie à petites gorgées de cette nourriture céleste qui produit dans mon âme force et lumière, et une indescriptible suavité ; et chaque vérité que mon bien-aimé Jésus manifeste à sa petite nouveau-née est une scène des plus touchantes et des plus belles qu’il place dans mon esprit comme porteur de béatitude de la céleste Patrie. Je me sentais ainsi immergée dans un grand nombre de vérités du Fiat suprême et mon aimable Jésus, rendant visite à sa petite enfant, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu dois savoir que si notre Être suprême donnait à la créature le ciel tout entier, le soleil, la terre et la mer, il ne donnerait pas autant que lorsqu’il lui communique les vérités sur la Divine Volonté parce que toutes les autres choses resteraient à l’extérieur de la créature, tandis que les vérités pénètrent les fibres les plus intimes de son être, et je façonne le cœur, les affections et les désirs, l’intellect, la mémoire et la volonté pour les transformer tous en vie de vérité. Et en les façonnant, je répète les prodiges de la création de l’homme, et avec le toucher de mes mains, je détruis les germes du mal et je fais renaître la semence d’une vie nouvelle. La créature sent mon toucher et, en la façonnant, la vie nouvelle que je lui rends. Tandis que le ciel, le soleil et la mer n’ont pas la vertu transformante de former pour la créature un ciel, un soleil et une mer ; tout le bien se réduit à ce qui est extérieur, et rien de plus. Tu vois par conséquent tous les biens que tu renfermes par toutes ces vérités qui te sont manifestées ? Par conséquent, sois attentive pour correspondre à un bien si grand.

            Après quoi je continuais à penser à toutes ces vérités sur la Divine Volonté. Combien de joies, combien de divines transformations ! Elles ont véritablement été les révélatrices de l’Être suprême. Je n’aurais jamais connu mon Créateur, mon Père céleste, si les saintes vérités n’avaient été comme des messagères qui m’apportent tant de merveilleuses nouvelles sur leur adorable Majesté. Et alors que tant de vérités peuplaient mon esprit, un doute surgit en moi : Est-ce vraiment Jésus qui m’a manifesté tant de vérités, ou est-ce l’ennemi ou ma fantaisie ? Et Jésus m’a surprise en me disant :

            Ma bonne fille, comment peux-tu douter ? À elle seule la multiplicité de tant de vérités sur ma Divine Volonté est une preuve certaine que seul ton Jésus pouvait avoir parlé si longtemps sur ce sujet en thèmes si variés et si puissants, car possédant la source de la Divine Volonté, il n’est pas étonnant que j’aie pu te manifester, de si nombreuses manières pourrais-je dire, les petites gouttes de lumière des connaissances de mon adorable Volonté. Je dis qu’elles sont pour moi des gouttes en comparaison de la mer vaste et infinie que je pourrais encore te dire, car si je voulais te parler de toute l’Éternité, il y a tant à dire sur les connaissances concernant mon Fiat suprême que je n’en finirais jamais. Mais pour toi, ce que je t’ai manifesté a été comme des mers parce que tu es une créature finie. C’est pourquoi la longueur de mon discours est la preuve la plus certaine et la plus convaincante que seul ton Jésus pouvait tenir tant de raisonnements, que lui seul pouvait savoir tant de choses concernant mon Vouloir lui-même. L’ennemi ne possède pas la source et pour lui, y goûter le brûlerait encore plus parce que ma Divine Volonté est ce qu’il hait le plus et ce qui le tourmente le plus. Et si c’était en son pouvoir, il mettrait la terre sens dessus dessous, il utiliserait tous les arts et toutes les ruses pour que personne ne connaisse ni ne fasse ma Volonté. Ce serait moins encore ta fantaisie, si limitée et si petite ; oh ! comme la lumière de la raison s’éteindrait bien vite, et après avoir donné deux ou trois raisons, tu aurais fait comme ceux qui veulent parler et soudain sont frappés de mutisme sans pouvoir continuer à discourir ; et, confuse, tu aurais été réduite au silence. Seul ton Jésus a une parole toujours nouvelle, pénétrante, remplie de force divine, de suavité admirable, de surprenantes vérités, devant laquelle l’intelligence humaine est contrainte de s’incliner en disant : « On voit ici le doigt de Dieu. » Par conséquent, reconnaît un tel bien et que ton centre en toutes choses soit ma seule Volonté.

26.  13 avril 1932 — La nature humaine qui se laisse dominer par la Divine Volonté : champ de son action et terre en fleurs. Comment la Divine Volonté possède l’inséparabilité.

        Je suis toujours entre les bras de la Divine Volonté comme une petite enfant serrée entre les bras de sa Maman qui me tient si pressée entre ses bras de lumière qu’elle ne me laisse voir et toucher que la Divine Volonté. Et je me disais : « Oh ! si j’avais pu être libérée de la prison de mon corps, mes envols vers le Fiat auraient pu être plus rapides, j’aurais plus appris, je n’aurais fait qu’un acte unique avec elle. Mais il me semble que ma nature me fait faire des interruptions, comme si elle mettait des obstacles et me rendait difficile de toujours courir dans la Divine Volonté. » Je pensais cela lorsque mon divin Maître visita mon âme et me dit :

            Bienheureuse fille, tu devrais savoir que celle qui vit dans ma Divine Volonté possède la vertu de maintenir ordonnée la nature de la créature, et au lieu d’être un obstacle, elle l’aide à accomplir plus d’actes divins. Elle est pour les fleurs comme une terre qui lui permet de former les magnifiques floraisons qui la recouvrent presque par la variété de leur beauté, et à qui le soleil communique la diversité des plus belles couleurs en les rendant brillantes par sa lumière. S’il n’y avait pas la terre, les fleurs n’auraient pas d’endroit où former leur vie, où faire naître leur beauté, et le soleil n’aurait personne à qui communiquer l’étalage de ses magnifiques couleurs et de sa pure douceur.

            Telle est la nature humaine pour l’âme qui vit dans la Divine Volonté. Elle est une terre fertile et pure qui offre un champ d’action pour que se forment non seulement les magnifiques floraisons, mais pour faire émerger autant de soleils que d’actes accomplis. Ma fille, c’est un enchantement de beauté que la nature humaine qui vit dans ma Divine Volonté, couverte et cachée comme sous un champ de fleurs toutes revêtues de la plus brillante lumière. L’âme n’aurait pas pu à elle seule produire une telle variété de beauté, mais unie à ma Divine Volonté, elle trouve les petites croix, les nécessités de la vie, les circonstances variées, tantôt pénibles tantôt heureuses, qui comme des graines servent à ensemencer la terre de la nature humaine pour former son champ de fleurs. L’âme n’a pas de terre et ne pourrait produire une floraison ; unie au corps, oh ! que de belles choses elle peut faire ! Plus encore, cette nature humaine a été formée par moi, je l’ai modelée morceau par morceau en lui donnant la plus belle forme ; je peux dire que j’ai agi comme un divin Artisan en y mettant une telle maîtrise que personne d’autre ne pourrait atteindre. Je l’aimais et je vois encore le toucher de mes mains créatrices imprimé sur sa nature humaine ; c’est pourquoi elle est aussi mienne et elle m’appartient. Tout est en parfait accord : nature, âme, volonté humaine et divine. Lorsque la nature humaine se prête ainsi à devenir terre, la volonté humaine est dans l’acte de recevoir la vie de la Divine Volonté dans ses actes, elle se laisse dominer en tout, et elle ne connaît rien d’autre que ma Volonté comme vie, actrice, porteuse et préservatrice de toute chose. Oh ! que tout alors est saint, pur et magnifique ! Mon Fiat est au-dessus d’elle avec son pinceau de lumière pour la perfectionner, la diviniser, la spiritualiser. Sa nature ne peut plus être un obstacle aux envols dans ma Volonté. Tout au plus peut-elle être pour toi un obstacle à ton vouloir, auquel tu dois ne jamais donner vie afin que dans ta terre il n’y ait pas de peur ; car si elle est présente, ta terre reçoit et donne ce qu’elle a reçu. En vérité, ta terre donne encore plus et change les semences en fleurs, en plantes et en fruits ; sinon, elle demeure dans son silence et reste une terre stérile.

            Je remerciais Jésus pour sa belle leçon et j’étais tout heureuse de savoir que ma nature humaine ne pouvait pas me faire mal. Au contraire, elle pouvait m’aider à faire grandir la vie de la Divine Volonté dans mon âme, et je continuai mes rondes, mes envols dans ses actes et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, ma Divine Volonté possède l’inséparabilité de tous ses actes et effets, autant lorsqu’elle travaille seule en dedans comme en dehors d’elle-même, que si elle travaille dans la créature ; ou encore lorsque la créature travaille en elle ou afin d’exécuter ce que veut ma Divine Volonté. De cette façon, ma Volonté produit de ce qui est à elle et le retient comme faisant partie de ses actes et de ses propriétés, inséparables d’elle-même. Si la créature vit dans ma Divine Volonté, ces actes deviennent une propriété commune à l’une et à l’autre. Si la créature fait des sorties, elle perd ses premiers droits sur ceux qui avaient été faits dans notre maison, puis la substance, la vie de l’acte, la sainteté, la beauté, les prérogatives nécessaires pour pouvoir former un de nos actes produits par notre divin Vouloir. La créature n’a rien fait d’autre qu’aider et concourir avec sa volonté pour travailler avec la nôtre. Mais de substance, il n’y a rien qui vienne d’elle. C’est pourquoi, en persistant à vivre dans notre Vouloir, elle maîtrise avec elle ; si elle en sort, c’est avec justice qu’elle ne touche rien, mais si elle revient, elle acquiert de nouveau le droit de maîtrise. 

            Mais il y a une grande différence entre celle qui vit dans ma Divine Volonté et travaille avec elle, et celle qui sans vivre dans ma Divine Volonté, accomplit un acte dans les circonstances voulues par mon Fiat. Cette dernière prend dans son acte ma Volonté limitée, et l’acte accompli reste ce qu’il est, sans continuer son action, et bien que ces actes soient eux aussi inséparables de ma Volonté, on voit cependant que ces actes n’ont pas agi continuellement : c’est en étant limités qu’ils ont pris ma Divine Volonté et c’est limités qu’ils demeurent. Par contre, celle qui vit et travaille dans ma Volonté acquiert l’acte incessant de travail continuel. Ces actes seront toujours des agents dans mon Fiat et ne perdront jamais l’attitude ; l’œuvre de mon Vouloir ne cessant jamais, ces actes deviennent ceux de la créature. C’est pourquoi je te veux toujours dans mon Fiat si tu veux le prendre non de façon limitée et par gouttes, mais comme une mer afin d’en être si remplie que tu ne verras et ne toucheras rien d’autre que ma Divine Volonté.

27.  23 avril 1932 — Comment la créature devient appelée par la Divine Volonté. Elle renaît dans ses actes autant de fois qu’elle les accomplit en elle. Compétition entre le Créateur et la créature.

       Mon abandon dans le divin Fiat continue. Je ressens son appel dans tous ses actes qui sont dans le ciel, dans le soleil, dans la mer, dans le vent et dans les actes accomplis dans la Rédemption, parce que rien n’existe qui ne soit sorti du divin Vouloir. Et il m’appelle pour me dire :

            J’ai tout fait pour toi, viens jouir de tout ce qui t’appartient et que j’ai créé pour toi, ne sois pas étrangère à tout ce qui est à toi et ne laisse pas seules et isolées nos possessions. Viens faire entendre ta voix pour qu’elle résonne dans toutes les choses créées. Fais-nous entendre le doux bruit de tes pas. La solitude nous pèse, ta compagnie nous met en fête et nous apporte les douces surprises des joies que peut nous donner notre créature bien-aimée.

            Mon esprit tournait dans ses œuvres lorsque mon aimable Jésus me dit en visitant ma pauvre âme :

            Bienheureuse fille de mon Vouloir, comme toutes les choses créées l’ont été pour les créatures, ma Divine Volonté est restée en chacune d’elles pour appeler la créature, car elle ne voulait pas rester seule, mais voulait y voir celle pour qui les choses ont été créées afin de lui en donner les droits et ne pas être frustrée du dessein pour lequel ma Volonté les avait créées. Et qui entend cet appel ? Celle qui possède ma Volonté comme vie. L’écho de ma Volonté qui se trouve dans les choses créées forme le même écho dans l’âme qui la possède, et il la porte entre ses bras là où mon Vouloir l’appelle. Et comme l’âme détient les droits que je lui ai donnés, si elle aime, toutes les choses créées disent amour ; si elle adore, elles disent adoration ; si elle remercie, elles disent merci ; de sorte que l’on peut voir voltiger dans le ciel, le soleil, la mer, le vent et dans toute chose, même dans le petit oiseau qui chante, l’amour, l’adoration, l’action de grâce de la créature qui possède ma Divine Volonté. Combien est vaste l’amour et tout ce que l’âme peut dire et faire lorsque le ciel et la terre sont en son pouvoir. Mais ce n’est rien encore. 

            Tu dois savoir que pour l’âme qui possède ma Divine Volonté, la divine omnipotence entre dans ses œuvres et une véritable puissance veut se diffuser partout et en tous, pour tout rappeler dans cet acte. Comme son empire se fait sentir par tous, ma Volonté attire l’attention de tous, de sorte que tous ressentent la puissance active de mon Fiat dans l’acte de la créature parce que je peux appeler cet acte non le sien, mais le mien ; et ceux qui se trouvent en possession de ma Volonté sont les Anges et les Saints ; tous ressentent un courant de sa puissance couler dans la Création et cherchent à la recevoir, et en s’inclinant, ils adorent, remercient et aiment l’œuvre de la Divine Volonté. Un acte de ma Volonté est la plus grande et la plus belle chose qui soit au ciel et sur la terre. Comme un seul de ses actes possède toute la puissance, que ma Volonté œuvre seule ou dans l’acte humain, elle peut apporter l’innovation, la transformation de toute chose et faire naître des choses nouvelles qui n’existaient pas encore. De sorte qu’un acte de ma Divine Volonté prend sa place dans l’ordre divin et avec son empire tout-puissant règne sur tous, règne par son amour séduisant, sa beauté ravissante, avec ses joies et ses douceurs infinies ; c’est un acte qui enclot tout en lui-même. Et celles qui n’en ressentent pas la beauté sont contraintes de ressentir sur elles-mêmes le poids de la justice. Mais parmi les créatures qui ressentent le toucher de la puissance d’un acte de ma Volonté, aucune ne sera exclue. Et seuls ces actes s’alignent pour un hommage continuel vers Dieu parce que les actes qui donnent le plus de gloire et un hommage continuel à Dieu sont uniquement les actes accomplis dans le Fiat, car ce sont des actes reproduits par Dieu lui-même et ils participent à son acte incessant.

            Après quoi je faisais mes actes dans la Divine Volonté et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, l’âme qui vit dans ma Volonté est dans l’acte continuel de renaissance dans les actes qu’elle accomplit en elle. Si elle aime, elle est dans l’acte continuel de renaître dans l’amour divin et forme alors en elle la vie de l’amour qui prend la primauté dans tout son être à travers ses battements de cœur, sa respiration, ses mouvements, ses regards, ses pas et sa volonté, et tout le reste devient amour ; et chaque fois qu’elle renaît, l’amour grandit, cet amour qui est vie. Et dans l’acte de toujours renaître et grandir, il y a la force qui ravit et qui blesse, et qui en même temps qu’elle nous blesse nous ravit, mais avec notre puissance divine elle-même ; et nous sentant blessés, nous faisons jaillir notre amour de nos plaies, et nous blessons notre créature bien-aimée ; et avec chaque nouvelle naissance nous redoublons notre amour pour elle. Ainsi, lorsqu’elle répare, et autant de fois qu’elle répare dans notre Volonté, elle renaît dans la divine réparation et forme la vie de réparation dans son âme, de sorte que le souffle, le mouvement, la volonté et tout son être acquièrent la vie de réparation. 

            Et comme ce n’est pas avec un acte unique qu’elle nous fait réparation, mais avec une vie entière, cette vie détient le pouvoir désarmant, et en nous désarmant, elle convertit les fléaux en grâces. Il en est ainsi pour tout ce que la créature peut faire dans notre Divine Volonté. Ce sont des vies qu’elle acquiert et qui sont nourries par nos sources divines. Ainsi lorsqu’elle nous loue, nous rend grâce, nous bénit dans notre Divine Volonté, elle forme une vie entière d’action de grâce, de louange et de bénédiction envers son Créateur ; et chaque fois qu’elle le fait, alors qu’elle renaît et grandit dans ses actes, elle forme la plénitude de la vie, de sorte qu’avec chacun de ses battements de cœur, chaque souffle, chaque pensée et chacun de ses pas, et lorsque le sang circule dans les veines de la créature tout entière, il n’y ait pas une particule de son être qui ne dise « Je j’aime, je te loue, je te bénis ». Oh ! comme il est beau de la voir posséder autant de vies pour autant de fois qu’elle renaît dans ses actes accomplis dans notre divin Fiat, et que pour autant de vies qu’elle possède, nous sentons dans un battement de son cœur autant de battements, autant de souffles, de mouvements et de pas, et que certains nous disent amour, d’autres, réparation, action de grâce, louange et bénédiction. Ces renaissances et ces vies forment la plus belle harmonie dans la bienheureuse créature qui a eu le bien de les acquérir. Et notre satisfaction est si grande que notre regard est toujours fixé sur elle, nos oreilles toujours attentives à l’écouter, et la puissance de notre Vouloir appelle notre continuelle attention. Et lorsqu’elle nous dit « Je vous aime » nous lui redisons « Nous t’aimons, ô fille. » Lorsqu’elle nous fait réparation, nous la pressons sur notre cœur ; lorsqu’elle nous rend grâce et nous bénit, nous lui répétons : « Nous te remercions parce que tu nous remercies, nous te rendons grâce parce que tu nous rends grâce, nous te bénissons parce que tu nous bénis ». Nous pouvons dire que nous entrons en compétition avec elle. Les cieux et la terre sont stupéfaits de voir le Créateur entrer en compétition avec sa créature bien-aimée. C’est pourquoi je te veux toujours dans ma Volonté, parce que c’est en elle que tu nous donnes de faire, de dire et de former notre exutoire d’amour.

28.  30 avril 1932 — Comment la vie dans la Divine Volonté est un don. Exemple du pauvre et exemple du roi. Comment ce don est un excès de l’amour et de la magnanimité de Dieu qui donne sans se préoccuper de la grande valeur et de la quantité de ce qu’il donne.

        Je me sentais tout immergée dans le divin Vouloir. Une foule de pensées préoccupaient mon esprit, mais toujours sur le Fiat lui-même, car en lui, on ne peut penser à rien d’autre ; son doux enchantement, sa lumière qui revêt toute chose, ses si nombreuses vérités qui nous entourent de tous côtés chassent tout ce qui ne lui appartient pas. L’heureuse créature qui est dans la Divine Volonté se retrouve dans une atmosphère céleste : heureuse, dans la plénitude de la paix des saints et si elle veut quelque chose, c’est que tous puissent jouir de son bonheur. 

            Mais je me disais : « Comment se fait-il que les créatures puissent venir vivre dans la Divine Volonté pour pouvoir former son saint Royaume ? » Et mon bien-aimé Jésus me surprit en disant :

            Ma fille, comme tu es petite ! On voit que ta petitesse ne sait pas comment s’élever dans la puissance, l’immensité, la bonté et la magnanimité de ton Créateur, et de sa petitesse elle mesure notre grandeur et notre libéralité. Pauvre petite, tu te disperses dans nos interminables puissances et tu ne sais comment accorder le juste poids à nos voies divines et infinies. Il est vrai que pour la créature, humainement parlant, entourée comme elle l’est par les maux, vivre dans mon Vouloir qui forme son Royaume parmi les créatures, c’est comme si elle voulait toucher le ciel avec son doigt, ce qui est impossible. Mais ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.

            Tu dois savoir que la vie dans notre Volonté est un don que notre magnanimité veut faire aux créatures, et avec ce don la créature se sentira transformée : pauvre, elle deviendra riche, faible, elle sera forte, ignorante, elle sera savante, esclave de viles passions, elle deviendra la douce et volontaire prisonnière d’une Volonté si sainte qui ne la rendra pas prisonnière, mais souveraine d’elle-même, des divines possessions et de toutes choses créées. Il en sera comme de ce pauvre vêtu de misérables haillons et vivant dans un taudis sans portes, ouvert aux voleurs et aux ennemis. Il n’a pas assez de pain pour satisfaire sa faim et il est obligé de mendier. Si un roi devait lui faire don d’un million, son destin changerait et il ne serait plus ce pauvre mendiant, mais un seigneur possédant palais et villas, vêtu avec bienséance et avec suffisamment de nourriture pour pouvoir aider les autres. Qu’est-ce qui a changé le destin de ce malheureux ? Le million reçu en cadeau. Or si une vile pièce de monnaie a la vertu de pouvoir changer le destin d’un pauvre malheureux, bien plus encore le grand don de notre Volonté, accordé en cadeau, pourra changer le malheureux destin des générations humaines, sauf pour ceux qui volontairement voudront rester dans leur malheur. Plus encore du fait que ce don fut fait à l’homme au commencement de sa création et qu’avec ingratitude il le rejeta pour faire sa volonté et se retirer de la nôtre.

            La créature qui maintenant se dispose à faire notre Vouloir prépare la place, la bienséance, la noblesse où pouvoir déposer ce don si grand et si infini. Nos connaissances sur le Fiat l’aideront et la prépareront de façon surprenante à recevoir ce don, et ce qu’elle n’a pas pu obtenir aujourd’hui, elle l’obtiendra demain. Par conséquent, je fais ce que ferait un roi qui voudrait élever une famille jusqu’à des liens de parenté avec sa réelle famille ; pour cela, le roi prend d’abord un membre de cette famille, il le place dans son palais, l’élève, le nourrit à sa table, l’habitue à ses nobles voies, lui confie ses secrets, et pour rendre cette créature digne de lui il la fait vivre dans sa volonté, et pour plus de sécurité, afin qu’elle ne descende pas dans la bassesse de sa famille, il lui fait le don de son vouloir pour qu’elle puisse y trouver sa puissance. Ce que le roi ne peut pas faire, je peux moi le faire en dédoublant ma Volonté afin d’en faire don à la créature.

            C’est pourquoi le roi garde les yeux fixés sur elle, il continue à l’embellir, à la revêtir de beaux et précieux vêtements de sorte qu’il en devient épris ; et incapable de résister plus longtemps, il se l’attache par le lien permanent du mariage de sorte qu’ils deviennent un don l’un pour l’autre. Les deux parties détiennent ainsi le droit de régner et cette famille acquiert les liens de parenté avec le roi, et le roi, par amour pour celle qui s’est donnée à lui, et parce qu’il s’est lui aussi donné à elle, appelle cette famille à vivre dans son palais en lui faisant le même don qu’il a fait à celle qu’il aime tant. C’est ce que nous avons fait. Premièrement, nous avons appelé un membre de la famille humaine à venir dans le palais de notre Vouloir dès que nous lui avons fait le don de ses connaissances, de ses plus intimes secrets. En faisant cela, nous éprouvons des satisfactions et des joies indescriptibles et nous sentons combien il est doux et précieux d’avoir une créature qui vit dans notre Vouloir, et notre amour nous incite, en vérité il nous oblige, à lui faire le don de notre Fiat omnipotent. Plus encore du fait qu’elle nous a fait le don de son vouloir, qu’elle était déjà en notre pouvoir et que notre Divine Volonté était capable d’être en sécurité et à sa place d’honneur dans la créature. Après avoir fait le don de notre Fiat à un membre de cette famille humaine, elle acquiert le lien et le droit de ce don, parce que jamais nous ne faisons des œuvres ou des dons à une seule créature, et que ces œuvres et ces dons sont toujours faits de façon universelle ; c’est pourquoi ce don sera prêt pour toutes les créatures, à condition qu’elles le veuillent et s’y disposent. Ainsi le don de la vie dans ma Volonté n’est pas une propriété de la créature et n’est pas non plus en son pouvoir, mais il est un don que je fais quand je veux, à qui je veux et quand je veux. C’est un don du ciel fait par notre grande magnanimité et par un amour inextinguible.

            La famille humaine se sentira avec ce don tellement liée à son Créateur qu’elle ne s’en sentira plus éloignée, mais proche au point de pouvoir être de sa famille et de pouvoir cohabiter dans son palais. Ses membres se verront si riches avec ce don qu’ils ne sentiront plus les misères, les faiblesses, les passions belliqueuses, mais que tout sera force, paix, abondance de grâce, et en reconnaissant le don chacun dira : « Dans la maison de mon Père céleste, il ne manque rien, j’ai tout à ma disposition et toujours en vertu du don que j’ai reçu. » Nous faisons toujours des dons par l’effet de notre grand amour et de notre très haute magnanimité ; s’il n’en était pas ainsi, ou si nous voulions nous préoccuper de savoir si la créature le mérite ou non, si elle a fait des sacrifices, alors ce ne serait plus un don, mais un paiement, et notre don deviendrait comme un droit et un esclave de la créature. Mais nous-mêmes et nos dons ne sommes esclaves de personne. En fait, l’homme n’existait pas encore et déjà, et avant qu’il ne fût nous avions déjà créé le ciel, le soleil, le vent, la mer, la terre en fleurs et tout le reste afin d’en faire don à l’homme. Qu’avait-il fait pour mériter des dons aussi grands et éternels ? Rien, et dans l’acte de sa création nous lui avons fait ce grand don qui dépassait tous les autres, celui de notre Fiat omnipotent. Et bien qu’il l’eût rejeté, nous n’avons pas cessé de le lui donner. Non, mais nous tenons ce don en réserve afin de donner aux enfants le don même que le père a rejeté. Le don est fait dans l’excès de notre amour qui est si grand qu’il ne sait ce qu’il peut faire et ne se préoccupe pas des comptes, alors qu’il accorde un paiement si la créature accomplit de bonnes œuvres, se sacrifie elle-même, et il donne alors avec une juste mesure et selon ses mérites ; il n’en va pas ainsi dans le don. C’est pourquoi la créature qui pourra douter de ce que cela signifie ne comprend pas notre Être divin ni notre ampleur, ni jusqu’où peut aller notre amour. Nous voulons cependant la correspondance de la créature, la gratitude et son petit amour.

29.  8 mai 1932 — La créature, en faisant sa volonté, empêche le cours des dons de Dieu et, si elle le pouvait, elle le contraindrait à l’immobilité. Comment Dieu dans toutes ses œuvres accorde la première place à la créature.

       Je continuais à penser à la Divine Volonté et aux graves maux du vouloir humain, et comment sans la vie du Fiat il est sans vie, sans guide, sans lumière, sans force, sans nourriture, ignorant parce qu’il ne possède pas le maître pour lui enseigner la science divine. De sorte que sans la Divine Volonté la créature ne sait rien de son Créateur. On peut dire qu’elle est illettrée et si elle sait quelque chose, c’est à peine l’ombre d’une voyelle, mais sans clarté parce que sans la Divine Volonté, il ne fait jamais jour et c’est toujours la nuit. C’est la raison pour laquelle Dieu est si peu connu ; le langage céleste, les divines vérités ne sont pas compris parce que la Divine Volonté ne règne pas comme vie du premier acte. Il me semblait voir devant mon esprit la volonté humaine mourant de faim, en haillons, crétine, salie, boiteuse et enveloppée d’une épaisse ténèbre ; et comme elle n’est pas habituée à vivre de lumière et à la regarder, chaque petite lumière de vérité voile sa vue, la confond et l’aveugle encore plus. Oh ! combien il faut pleurer la grande infortune de la volonté humaine. Sans la Divine Volonté, il semble qu’il lui manque la vie du bien et la nourriture nécessaire pour vivre. 

            Mais je pensais cela lorsque mon céleste Maître me rendit sa petite visite et me dit :

            Ma bienheureuse fille, faire sa propre volonté est si grave que le mal ne serait pas aussi grand si la créature entravait la course du soleil, du ciel, du vent, de l’air et de l’eau. Et pourtant cette course causerait une terreur et un désordre tels que l’homme ne pourrait plus vivre. Et pourtant ce grand mal ne serait rien comparé à celui de faire sa propre volonté parce que la créature n’entrave pas alors la course des choses créées, mais celle du Créateur lui-même. En se retirant de notre Volonté, Adam a entravé la course des dons que le Créateur devait donner à sa créature bien-aimée. S’il l’avait pu, il aurait contraint Dieu à l’immobilité. Notre Être suprême, en la créant, voulait rester en correspondance continuelle avec la créature, il voulait lui faire tantôt ce don, tantôt un autre. Il voulait lui faire tant de belles surprises, jamais interrompues. Mais en faisant sa volonté, la créature dit silencieusement à son Créateur : « Retire-toi, je n’ai nul endroit où placer tes dons. Si tu me parles, je ne te comprends pas, tes surprises ne sont pas pour moi, je me suffis à moi-même. » Et c’est avec raison qu’elle dit cela parce que sans ma Volonté comme vie première, elle a perdu la vie et la capacité de pouvoir  placer mes dons, de comprendre notre céleste langage, et elle se rend étrangère à nos plus belles surprises. En ne faisant pas notre Volonté, la créature perd la vie divine, les actes les plus beaux, plus intéressants et plus nécessaires que sa création et que la façon dont elle fut créée par Dieu.

            En se retirant de notre Fiat, l’homme s’est désorganisé de telle sorte que chacun de ses pas hésitait parce qu’il rejetait l’acte vital de sa vie, qu’il se détachait de l’acte stable et permanent qui devait vivre avec lui comme en une seule vie, c'est-à-dire notre Divine Volonté. De telle sorte que nous nous sentons immobilisés par l’homme parce que nous voulons donner et nous ne le pouvons pas. Nous voulons parler et il ne nous écoute pas, et c’est comme si de loin nous faisions entendre notre douloureuse lamentation en lui disant : « Oh ! homme, arrête, rappelle en toi cette Volonté que tu as rejetée. Peu lui importe tes maux, elle est prête à prendre possession de toi et à former en toi son Royaume, un Royaume de règne, de paix, de bonheur, de gloire, de victoire pour moi et pour toi. Oh ! cesse de vouloir être esclave et de vivre dans le labyrinthe de tes maux et de tes misères. Car ce n’est pas pour cela que je t’ai créé, mais pour être roi de toi-même et de toute chose. Par conséquent, appelle ma Volonté comme vie et elle te fera connaître ta noblesse et les hauteurs de la place où Dieu t’avait mis. Oh ! comme tu en seras content, et comme tu contenteras ton Créateur. » 

            Après quoi il ajouta :

            Ma fille, la créature qui entre dans ma Divine Volonté sent alors la vraie vie en elle-même parce que c’est dans ma Volonté qu’elle voit avec clarté son néant, et combien ce rien a besoin du Tout qui l’a tirée du rien afin qu’elle vive ; et lorsqu’elle se reconnaît, le Tout la remplit de lui-même. Ce rien ressent alors la vraie vie, et la créature trouve en lui le contact immédiat de sainteté, de bonté, de puissance, d’amour et de sagesse divine ; elle reconnaît en elle-même la puissance de l’œuvre créatrice, sa vie palpitante et le besoin extrême de cette vie divine, sans laquelle il lui semble ne pas avoir de vie en elle. C’est uniquement ma Volonté qui fait reconnaître à la créature son vrai néant, et ma Volonté continue à souffler sur ce néant pour y maintenant toujours vivante la vie divine qui s’y est enflammée afin de la faire grandir comme une œuvre digne de nos mains créatrices. Par contre, sans notre Volonté, la créature sent qu’elle pourrait être quelque chose, et le Tout reste à l’extérieur de ce rien.

            Après quoi j’ai suivi mes actes dans la Divine Volonté et mon pauvre esprit était perdu dans la multiplicité de ses œuvres qui couraient à la recherche de la créature pour l’embrasser et l’entourer afin de la défendre, de lui offrir son aide, de la féliciter et de lui faire entendre ses complaintes amoureuses, ses notes douloureuses dans les profondeurs de son cœur, et qu’en tout ce que fait le divin Fiat, il cherche la créature et veut la trouver et l’aimer alors que la créature ne le recherche pas, ne l’entoure pas et ne lui fait pas entendre ses notes amoureuses ni ses douces complaintes, disant qu’elle veut celui qui l’aime tant et qu’elle devrait aimer. Je me perdais dans ses œuvres divines lorsque mon doux Jésus reprit la parole :

            Ma fille, toutes nos œuvres ad extra ont été et seront faites uniquement pour les créatures et à cause d’elles, car nous n’avons pas de besoins. C’est pourquoi la créature est toujours là qui miroite et court dans nos actes dont elle est la raison. Et comme chaque acte a un but, la raison qui nous fait agir est la créature. C’est elle qui occupe la première place dans tous nos actes et par conséquent nous pouvons dire : « Tu étais avec nous lorsque nous avons étendu le ciel et formé le soleil ; nous t’avons donné dans cet azur et cette lumière la place d’honneur et tu les parcourais. En chaque acte du Verbe accompli sur la terre, en chaque souffrance, en chaque parole, tu avais ta place centrale et tu les parcourais en propriétaire. » Or nous n’avons pas donné à la créature cette place dans nos actes pour la rendre inutile et pour qu’elle les parcoure presque dans l’oisiveté ; non, non, l’oisiveté n’a jamais sanctifié personne. Nous l’avons placée dans nos actes parce qu’en eux nous pouvions mettre les siens. Nos actes devaient servir de modèle, de lieu où mettre ses actes en plus grande sécurité. Nous travaillons nous aussi. Aimer, c’est travailler. C’est notre œuvre parce qu’aimer c’est travailler, vivifier, créer et maintenir toute chose, tous, et chacun. Et malgré le fait que la créature occupe cette place dans nos œuvres, oh ! combien d’entre elles demeurent vides des actes des créatures. En vérité, la créature ne les connaît même pas et elle vit comme si nous ne lui avions rien donné. C’est pourquoi nos œuvres sont en souffrance et la demandent sans cesse parce que tout en ayant cette place d’honneur en elles, la créature ne les utilise pas et ne travaille pas non plus avec son amour à l’œuvre de son Créateur. Et pourtant les siècles ne finiront pas parce que nos œuvres n’ont pas réalisé le dessein pour lequel elles ont été faites, qui est d’avoir les créatures à l’œuvre en leur centre. Et ces créatures seront celles qui laisseront ma Divine Volonté régner dans leur âme.

30.  15 mai 1932 — Comment les connaissances de la Divine Volonté formeront les yeux et la capacité de voir et de recevoir le don du divin Fiat, et comment elles habitueront les créatures à vivre comme ses enfants. Désordre de la volonté humaine. 

       Je reviens toujours au Fiat suprême et je sens en moi le doux enchantement de sa lumière, de sa paix et de son bonheur ; oh ! comme je voudrais que le monde entier connaisse un tel bien afin que tous prient pour la venue de son Royaume sur la terre. Mais en pensant cela je me disais : « Si la vie dans le divin Vouloir est un don que Jésus veut faire aux générations humaines – et Jésus désire si ardemment que cette Divine Volonté soit connue pour qu’elle règne – pourquoi ne se hâte-t-il pas de nous faire ce don ? »

            Et Jésus, mon très grand bien, visitant mon âme, toute bonté, me dit :

            Ma fille, tu dois savoir que si je brûle du désir de voir régner ma Divine Volonté, je ne peux pas encore faire ce don, car il faut d’abord que les vérités que j’ai manifestées, étant connues des créatures, aient le grand bien de former la vision qui les rendra capables de la comprendre et de se disposer à recevoir un si grand bien. On peut dire qu’il manque maintenant aux créatures les yeux pour voir et la capacité pour comprendre la Divine Volonté. C’est pourquoi j’ai commencé par manifester toutes ces vérités sur ma Divine Volonté et lorsque les créatures connaîtront mes vérités, elles formeront l’orbite où placer la pupille et l’animer d’une lumière suffisante pour pouvoir regarder et comprendre le don, qui plus qu’un soleil, leur sera donné et confié. Si je voulais le donner aujourd’hui, ce serait donner le soleil à un aveugle ; la pauvre petite, tout en ayant un soleil tout entier, serait toujours aveugle, son sort ne changerait pas et elle n’en retirerait aucun bien ; elle aurait plutôt la souffrance d’avoir reçu un soleil sans même pouvoir le voir ou en recevoir les effets bienfaisants. Par contre, la créature qui ne serait pas aveugle, que de bienfaits elle recevrait en lui faisant le don d’un soleil qui serait à sa disposition ! Ce serait pour elle une fête permanente qui la mettrait à même de donner la lumière aux autres, et elle serait entourée et aimée par tous ceux qui désirent obtenir le bien de la lumière qu’elle possède. C’est pourquoi faire aujourd’hui le grand don de ma Divine Volonté, qui plus que le soleil changera le sort des générations humaines, serait faire à des aveugles des dons inutiles, et je ne sais pas donner des choses inutiles. J’attends par conséquent, dans le délire et avec une divine patience, que les créatures puissent non seulement voir le don de mon Fiat, mais qu’elles soient capables de l’accueillir en elles pour y former son Royaume et étendre son règne. Patience, par conséquent, et les choses se feront en temps voulu et conformément à notre Souveraineté.

            Notre Être suprême agit comme un père qui voudrait faire un grand don à son petit enfant. Le père appelle l’enfant et lui laisse voir le don en lui disant : « Ce don est préparé pour toi et il est déjà tien », mais il ne le lui donne pas. L’enfant, émerveillé et ravi à la vue de ce don que le père veut lui faire, reste près du père en le priant de le lui donner, et incapable de s’en éloigner, il prie et prie encore en disant qu’il veut avoir ce don. Pendant ce temps, le père qui voit son enfant près de lui en profite pour l’instruire et lui faire comprendre la nature de ce don, le bien et le bonheur qu’il en retirera. L’enfant acquiert de la maturité grâce aux manifestations du père et devient capable non seulement de recevoir le don, mais de comprendre tout ce que le don qu’il doit recevoir renferme de bien et de grandeur. Il presse alors de plus en plus le père, il prie et prie encore, languit après ce don jusqu’à en pleurer et ne plus pouvoir vivre sans ce don. On peut dire qu’il a formé en lui-même, par ses prières et ses soupirs, et en acquérant les connaissances sur le don que son père lui a préparé, la vie et l’espace où recevoir le don tel un dépôt sacré. Ce retard du père pour accorder le don à son enfant a eu l’effet d’un plus grand amour ; il brûlait du désir de faire ce don à son enfant, mais voulait qu’il soit capable de comprendre le don qu’il recevait, et dès qu’il a vu en lui la maturité nécessaire pour recevoir un tel bien, il le lui a immédiatement accordé. C’est ainsi que nous agissons, et plus qu’un père nous aspirons à faire le grand don de notre Volonté à nos enfants, mais nous voulons qu’ils sachent ce qu’ils vont recevoir ; les connaissances sur notre Volonté font grandir nos enfants et les rendent capables de recevoir un si grand don. Toutes les manifestations que j’ai faites seront véritablement les yeux de l’âme qui lui permettront de voir et de comprendre ce que notre paternelle Bonté veut donner aux créatures depuis tant de siècles.

            Plus encore du fait que les connaissances que j’ai manifestées sur ma Divine Volonté, étant connues par les créatures, jetteront en elles la semence qui fait germer l’amour de progéniture envers le Père céleste ; elles sentiront notre Paternité, et si le Père céleste veut qu’elles fassent sa Volonté, c’est parce qu’il les aime et veut les aimer comme ses enfants afin qu’elles puissent participer à ses biens divins. Par conséquent, nos connaissances du divin Fiat leur apprendront à vivre comme des enfants, et c’est alors que tout étonnement cessera quant au désir de notre Être suprême de vouloir faire le grand don de sa Volonté à ses enfants. C’est un droit des enfants de recevoir les biens du père, et c’est un devoir du père que de donner ses biens à ses enfants. La créature qui veut vivre comme une étrangère ne mérite pas les biens du père. Plus encore du fait que notre Paternité désire, languit et brûle du désir de faire ce don afin que la Volonté du Père et de ses enfants soit une. Alors, oui, notre Amour paternel se reposera lorsque nous verrons l’œuvre sortie de nos mains créatrices dans le sein de notre Vouloir, dans notre maison, et que notre Royaume sera peuplé par nos chers enfants.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté, et il me semble ne pas pouvoir cesser d’y penser. Et mon céleste Maître ajouta :

            Bienheureuse fille, tous les actes accomplis par ma Divine Volonté sont si bien reliés entre eux qu’ils sont inséparables, de sorte que si l’on veut les trouver, il semble d’abord que l’on ne trouve qu’un acte seul, mais en pénétrant plus avant, on voit que tous ces actes distincts sont fusionnés au point qu’il est impossible de les distinguer les uns des autres. Cette force d’union et d’inséparabilité forme la nature de l’œuvre divine. La Création elle-même le dit : si une seule étoile devait se détacher de la place qu’elle occupe et qui la relie à toutes les autres choses créées, elle tomberait et jetterait partout la confusion, si grande est l’inséparabilité et l’union qui les maintient. Toutes les choses créées ont ensemble la vie, bien qu’elles soient distinctes entre elles, et forment la belle harmonie de la Création ; séparées, on peut dire qu’elles perdent la vie et sèment partout la confusion. Il en est ainsi de la volonté humaine séparée de la Volonté de son Créateur. Non seulement elle tombe, mais elle sème partout la confusion et, faut-il s’en étonner, elle dérangerait si elle le pouvait l’ordre même de son Créateur. La volonté humaine créée par nous et séparée de la nôtre serait comme une étoile détachée de sa place où elle possédait la force divine, l’union d’un accord et de tous les biens avec son Créateur. En se détachant, elle perd la force, l’union et les biens nécessaires à la vie. Son sort est alors nécessairement de jeter partout la confusion.

            L’âme qui vit dans ma Divine Volonté sent dans son premier acte la force et l’union de tous les actes du divin Fiat. De sorte qu’un acte inclut et enferme tous les autres actes et l’âme sent le besoin de continuer ses actes pour se connecter afin de développer la force de la Divine Volonté qu’elle sent en elle, comme une vie qui ne sait pas être sans se faire sentir et veut respirer, palpiter et œuvrer. Un acte en appelle un autre et forme la séquence des actes avec l’union de ces actes dans ma Volonté. Mais pour former une vie, il ne suffit pas d’un acte, d’un souffle, d’un battement de cœur, non, il faut la continuation de l’acte de respiration, de palpitation et de travail, et en vivant dans ma Divine Volonté l’âme respire et palpite, et mon Fiat forme sa vie entière de travail, pour tout ce qu’une créature est capable d’enclore en elle-même. Par conséquent, si tu veux sa vie en toi, que tes actes soient continuellement dans ma Volonté.

31.  22 mai 1932 — Scènes ravissantes que l’âme forme pour son Créateur. La Divine Volonté fera le don de science infuse à la créature, qui sera comme un œil divin.

        Mon pauvre esprit baigne dans la mer immense de la Divine Volonté. Cette mer murmure continuellement, mais que murmure-t-elle ? Amour, louange, action de grâce, et l’Être suprême fait se rencontrer son murmure avec celui de la créature, et donne de l’amour pour recevoir de l’amour. Quelle douce rencontre entre le Créateur et la créature qui se donnent mutuellement de l’amour, et dans cet échange sont formées des vagues d’amour, de lumière et d’indescriptibles beautés dans lesquelles la créature, incapable de les contenir en elle-même, se sent noyée ; et si elle a pu prendre, Dieu sait combien, le sentiment d’en être inondée l’empêche de pouvoir répéter ce qu’elle ressent en elle des ineffables secrets d’amour, de lumière, de divines connaissances que le murmure de l’Éternel a enclos dans son âme. Mais perdue dans un si grand nombre de connaissances au point de ne pas savoir les répéter, je m’entendis balbutier, et faute d’un vocabulaire adéquat et pour ne pas commettre de bévues, je passai outre. Et mon aimable Jésus, pris de compassion pour mon incapacité et ma petitesse, me serra dans ses bras et me dit :

            Ma bienheureuse fille, il est vrai que ta petitesse se sent noyée dans l’immensité de ma lumière, de mon amour, et des innombrables vérités que contient notre Être saint et adorable. Mais notre Puissance et notre Immensité prennent plaisir à remplir ainsi la créature de lumière, d’amour, de connaissances diverses et de sainteté au point de la submerger, et c’est une scène des plus ravissantes que de voir la créature baignée dans notre immensité, qui veut parler, mais qui est noyée dans la lumière, l’amour et les surprenantes vérités. Oh ! comme il est beau qu’elle veuille parler de ce qu’elle ressent, et nos vagues la recouvrent et la réduisent au silence. C’est cependant un étalage de nous-mêmes que nous faisons à notre créature bien-aimée, et nous agissons comme un maître qui veut faire étalage de sa science devant son petit disciple. Il montre tout son savoir et le disciple écoute, se remplit l’esprit et le cœur. Le maître a dit tant de choses que le disciple est incapable de rien répéter, mais cela sert cependant à lui faire apprécier et aimer le maître, et à espérer atteindre les hauteurs de sa science. Comme le disciple est sous sa direction, cela permet au maître de se faire connaître et de recevoir l’attention, l’affection et la fidélité du disciple. C’est ce que nous faisons : afin de nous faire connaître et aimer, lorsque nous voyons la créature vidée de toute chose, qu’elle ne veut plus rien d’autre que notre Divine Volonté, nous sommes ravis au point de l’inonder de lumière, d’amour et de vérités nous concernant, puis nous découpons partie par partie ce que nous lui avons insufflé en une fois, et nous prenons plaisir à nous adapter à ses petites capacités.

            Tu dois savoir que la créature qui vit dans la Divine Volonté va réacquérir, parmi d’autres prérogatives, le don de science infuse, un don qui sera pour elle un guide afin de connaître notre Être divin, qui facilitera l’exercice du Royaume de la Divine Volonté dans son âme. Ce don sera pour elle un guide dans l’ordre des choses naturelles, il sera la main qui la guidera en toute chose et lui fera connaître la vie palpitante du divin Vouloir dans toutes les choses créées et le bien qu’il lui apportera continuellement. Ce don a été donné à Adam au commencement de sa création et il possédait avec notre Divine Volonté le don de science infuse, de telle sorte qu’il connaissait avec clarté non seulement nos divines vérités, mais aussi toutes les vertus bénéfiques que possédaient toutes les choses créées pour le bien de la créature, des plus grandes jusqu’au plus petit brin d’herbe. Lorsqu’il rejeta notre Divine Volonté, notre Fiat retira sa vie et le don qu’Adam avait reçu. Il est resté depuis dans l’obscurité, sans la pure et véritable lumière de la connaissance de toutes choses. C’est pourquoi, avec le retour de la vie de ma Volonté dans la créature, le don de science infuse lui sera rendu.

            Ce don est inséparable de ma Divine Volonté comme la lumière est inséparable de la chaleur, et où règne ma Volonté elle forme l’œil rempli de lumière dans les profondeurs de l’âme qui, en regardant de cet œil divin, acquiert la connaissance de Dieu et des choses créées pour autant que cela est possible à une créature. Mais lorsque ma Volonté se retire, l’œil demeure aveugle parce que celle qui l’anime l’a quitté et n’est plus la vie active de la créature. C’est ce qui se produit avec le corps : la créature dont l’œil est sain peut voir, distinguer les couleurs et les gens. Mais si la pupille devient obscure, elle perd la lumière et reste aveugle. Elle ne peut alors plus rien distinguer. Elle pourra tout au plus se servir du toucher pour connaître et comprendre quelque chose. Mais sa lumière est épuisée et éteinte. La créature aura peut-être des yeux ; ils ne seront plus remplis de la vie de lumière, mais d’épaisses ténèbres porteuses de souffrance de la vie perdue. Telle est ma Volonté. Là où elle règne, elle centralise dans l’âme ce don de science infuse qui mieux que l’œil voit et comprend, mais sans effort, les vérités divines et les plus difficiles connaissances de notre Être suprême, mais avec une merveilleuse facilité et sans étude. Plus encore pour les choses naturelles dont personne ne connaît la substance, le bien qu’elles contiennent, sinon celui qui les a créées. Il n’est donc pas étonnant que notre divin Vouloir se fasse le révélateur de notre Être divin et des choses que lui-même a créées dans l’âme où il règne ; et s’il ne règne pas, tout est ténèbre pour la pauvre créature. Nos enfants sont aveugles ; ils ne connaissent pas et ils n’aiment pas celui qui les a créés, qui les aime plus qu’un père et qui languit après l’amour de ses enfants. Ma Divine Volonté ne sait pas se présenter les mains vides là où elle règne, mais apporte tous les biens qu’elle possède. Et si par ingratitude ses enfants la contraignent à se retirer, elle emporte tout avec elle, car elle est inséparable de ses biens. Elle fait comme le soleil : il apporte le matin sa lumière à la terre et tous ses effets bienfaisants, et en se couchant le soir, il emporte avec lui sa lumière et il n’en reste pas une goutte pour la nuit. Et pourquoi ? Parce qu’il lui est impossible de se détacher d’une seule particule de lumière, car il est inséparable de sa lumière et que là où il va avec la plénitude de sa lumière, il forme le plein jour. Par conséquent, sois attentive, parce que là où règne ma Volonté, elle veut faire de grandes choses, elle veut tout donner ; incapable de s’adapter à faire de petites choses, elle veut former le grand jour et faire étalage de ses dons et de sa magnificence.

32.  30 mai 1932 — Comment la Divine Volonté recherche l’acte de la créature pour former sa vie en elle. Différence entre les Sacrements et la Divine Volonté. Comment ma Volonté est vie et quels sont ses effets. 

      Mon petit esprit continue à traverser la mer du divin Fiat. Il me semble qu’il occupe la première place et règne sur toutes choses, comme aussi sur l’Être suprême, et il dit : « C’est en vain que vous cherchez à m’échapper », et en toutes choses il peut dire : « Je suis ici. Je suis, et je suis ici pour vous donner la vie. Je suis l’Insurmontable, personne ne peut me dépasser, ni en amour, ni en lumière, ni dans mon immensité où je forme pour moi autant de vies que je veux donner aux créatures. » Oh ! puissance du divin Vouloir qui dans ton immensité recherche les actes des créatures pour former tes vies en chacun d’eux alors qu’elles ne les reçoivent pas ou les rejettent, et cette vie demeure étouffée en toi, dans ton immensité. Et toi, sans jamais te lasser, avec un amour capable de tout conquérir, tu continues tes recherches des actes humains pour leur donner ta vie et y entrer à chaque instant !

            Mais mon esprit se perdait dans la mer du Fiat lorsque mon céleste Maître, visitant sa petite fille, me dit :

            Bienheureuse fille de mon Vouloir, chaque acte accompli dans ma Volonté est un pas que fait la créature pour se rapprocher de Dieu, et Dieu fait à son tour un pas vers elle. On peut dire que le Créateur et la créature sont toujours en marche l’un vers l’autre, sans s’arrêter, et ma Volonté descend dans l’acte de la créature pour y former son pas de vie divine, et elle monte dans le Fiat, dans les divines régions, pour se faire conquérante de lumière, d’amour, de sainteté et de connaissances divines. De sorte que chaque acte, parole, souffle, pulsation dans ma Volonté est un pas de vie divine que fait la créature, et mon Fiat soupire après ces actes pour en faire son champ d’action et y former autant de vies divines dans la créature. Tel était le dessein de la Création : former notre vie dans la créature, avoir en elle notre champ d’action divine, et c’est pourquoi nous aimons tant qu’elle fasse notre Volonté afin de mettre en sûreté notre vie en elle et non pas en nous – parce nous n’avons besoin de personne et nous nous suffisons à nous-mêmes – mais en la créature. C’était le grand prodige que nous voulions et que nous voulons accomplir en vertu de notre Volonté : former notre vie dans la vie de la créature. Par conséquent, si nous ne le faisions pas, la Création resterait sans son dessein premier, un empêchement à notre amour, une continuelle amertume à regarder pour voir en elle une œuvre si grande et d’une telle magnificence non réalisée, et notre dessein manqué. Et s’il n’y avait pas en nous la certitude que notre Volonté pourrait avoir son règne dans la créature pour former notre vie en elle, notre amour brûlerait toute la Création et la réduirait à rien. Et si notre Volonté supporte tant de choses, c’est parce que nous voyons notre dessein réalisé au-delà du temps.

            Mais lorsque la créature fait sa volonté, elle fait des pas en arrière et s’éloigne de son Créateur, et Dieu fait des pas en arrière et forme entre les deux une distance infinie. Tu vois par conséquent la nécessité de persévérer de façon continuelle, de travailler dans ma Divine Volonté afin de réduire la distance créée par la volonté humaine entre Dieu et la créature ; et ne crois pas qu’il s’agisse d’une distance personnelle. Je suis en toute chose, en tous, au ciel et sur la terre. La distance que forme la volonté humaine sans ma Volonté est une distance de sainteté, de beauté, de bonté, de puissance, d’amour, qui sont des distances infinies que seul mon Vouloir à l’œuvre dans la créature peut réunir, rejoindre, et rendre inséparables l’un de l’autre mon Vouloir et la créature.

            C’est ce qui s’est passé dans la Rédemption où chaque manifestation faite par nous concernant la descente du Verbe sur la terre était autant de pas que nous avons faits vers l’humanité qui priait et l’attendait, et ces pas apportaient nos manifestations, nos prophéties et nos révélations aux créatures qui ont ainsi pu faire leurs pas vers l’Être suprême. De sorte qu’elles ont continué à marcher vers nous et nous vers elles, et lorsque le temps est venu de devoir descendre du ciel sur la terre, nous avons augmenté le nombre des Prophètes afin de pouvoir faire plus de révélations et hâter le pas de part et d’autre ; cela est si vrai que dans les premiers temps du monde, il n’y avait pas de prophètes, et nos manifestations étaient si rares qu’on peut dire qu’il ne se faisait qu’un pas par siècle. La lenteur de ces pas avait eu pour effet de refroidir les créatures qui étaient presque toutes prêtes à dire que ma descente sur terre était une chose absurde, et non une réalité, tout comme on le dit aujourd’hui du Royaume de ma Volonté : une façon de parler, et une chose presque impossible. C’est pourquoi avec les Prophètes venus après Moïse, presque dans les derniers temps avant ma descente sur la terre, la marche a été accélérée des deux côtés par nos manifestations ; puis est venue la souveraine Dame du ciel qui non seulement marchait, mais courait pour hâter la rencontre avec son Créateur pour le faire descendre et accomplir la Rédemption. Tu vois ainsi comment mes manifestations sur la ma Divine Volonté sont des preuves certaines que ma Divine Volonté est en marche pour venir régner sur la terre, et que la créature à qui ces manifestations ont été faites avec une constance de fer marche et court elle aussi pour faire cette première rencontre et offrir son âme, afin que ma Divine Volonté puisse y régner et faire ainsi le pas qui la fera régner parmi les créatures. C’est pourquoi tes actes sont continuels, car seuls les actes continuels peuvent accélérer la marche, surmonter les obstacles, et être seuls les conquérants capables de conquérir Dieu et la créature.

            Après quoi la foule de mes pensées sur la Divine Volonté continuait et, après avoir reçu la Sainte Communion, je me disais : « Quelle différence y a-t-il entre les Sacrements et la Divine Volonté ? » Et mon Souverain Jésus, déchirant les voiles eucharistiques se fit voir, et avec un soupir de tristesse, il me dit :

            Ma bienheureuse fille, la différence est grande entre les deux. Les Sacrements sont les effets de ma Volonté ; par contre, ma Volonté est vie, et par sa puissance créatrice de vie, c’est elle qui forme et donne vie aux Sacrements. Les Sacrements n’ont pas la vertu de donner vie à ma Volonté, car elle est éternelle et n’a ni commencement ni fin. Mon adorable Volonté occupe toujours la première place en toutes choses, et possédant par nature la vertu créatrice, elle crée les choses et la vie elle-même partout où elle veut, quand et comment elle veut. On peut dire que la différence est celle qui existe entre le soleil et les effets que le soleil produit. Ceux-ci ne donnent pas vie au soleil, mais reçoivent la vie du soleil et doivent rester à sa disposition parce que la vie des effets est produite par le soleil. Les Sacrements sont reçus en un certain temps, en un certain lieu et en certaines circonstances. Le Baptême est donné une fois, et c’est tout. Le Sacrement de Pénitence est donné lorsque la créature est tombée dans le péché. Ma vie sacramentelle elle-même est donnée une fois par jour. Et la pauvre créature ne ressent pas en elle dans cet espace de temps la force, l’aide des eaux baptismales qui la régénère continuellement, ni les paroles sacramentelles du Prêtre qui la réconfortent continuellement en lui disant : « Je t’absous de tes péchés. » ; et la créature ne trouve pas non plus, dans ses faiblesses et les épreuves de la journée, le Jésus sacramentel qu’elle peut prendre avec elle durant toutes les heures de la journée. Par contre, ma Divine Volonté, possédant l’acte premier de vie et étant capable de donner la vie, maintient par son empire l’acte continuel sur la créature, et à chaque instant lui donne comme vie la vie de lumière, la vie de sainteté, la vie d’amour, la vie de force d’âme. Bref, elle est vie, et les temps, les circonstances, les lieux et les heures n’existent pas pour elle. Il n’y a ni restrictions ni lois, spécialement parce que ma Volonté doit donner la vie et la vie est formée d’actes continuels et non par intervalles. C’est pourquoi dans l’expression de son amour, on peut dire que par son empire continuel elle est un baptême continuel, une absolution jamais interrompue et une communion de chaque instant.

            Plus encore du fait que notre Volonté fut donnée à l’homme au commencement de sa création comme vie éternelle vivant en lui. Telle était la substance, le fruit de la Création : notre Volonté qui devait former notre vie dans la créature. Nous avons tout donné avec cette vie ; il n’est rien dont elle aurait pu avoir besoin et qu’elle aurait pu ne pas avoir trouvé dans notre Volonté. On peut dire qu’elle aurait eu à sa disposition tout ce qu’elle aurait voulu : aide, force d’âme, sainteté, lumière, tout était mis en son pouvoir ; et ma Volonté prit l’engagement de lui donner tout ce qu’elle voulait, pourvu que ma Volonté puisse avoir en elle son empire et vivre dans son âme. Il n’était par conséquent pas nécessaire d’instituer les Sacrements lorsque l’homme fut créé. Parce que, dans ma Volonté, possédant le commencement et la vie de tous les biens, les Sacrements comme instruments de secours, de guérison et de pardon n’avaient aucune raison d’être.

            Mais lorsque l’homme rejeta notre Volonté, il se trouva  alors sans vie divine et donc sans vertu nourrissante, sans l’acte continuel de réception d’une vie nouvelle et croissante – et s’il n’est pas mort entièrement, c’est par les effets que ma Divine Volonté lui donna selon ses dispositions, les circonstances et les temps. Et notre paternelle Bonté voyant que l’homme se hâtait de plus en plus, afin de lui apporter aide et secours, ma Volonté lui a donné la loi comme norme de vie, car dans la Création, elle ne lui a donné ni loi ni aucune autre chose si ce n’est ma Divine Volonté qui, en lui donnant la vie, lui donnait continuellement notre loi divine en nature de telle sorte qu’il devait la ressentir en lui-même comme sa vie propre, sans qu’il soit besoin de la lui rappeler et de lui commander. Plus encore du fait que là où règne ma Volonté, il n’est nul besoin de lois ni de commandements ; les lois sont pour les serviteurs, pour les rebelles, pas pour les enfants. Entre nous et ceux qui vivent dans notre Vouloir, tout est résolu dans l’amour. Mais avec toute la loi, l’homme ne s’est pas rétabli, et comme l’homme avait été l’idéal de notre Création et que c’est pour lui seul que tout avait été créé, je voulais venir sur la terre par les hommes et pour leur donner un meilleur soutien, des remèdes plus complets, des moyens plus sûrs et des secours plus puissants, j’ai institué les Saints Sacrements, et ceux-ci agissent dans le temps et les circonstances, selon les dispositions des créatures, comme des effets et des œuvres de ma Divine Volonté. Mais si avec tout ce grand bien l’âme ne laisse pas entrer en elle ma Divine Volonté comme vie, elle gardera toujours ses misères, une moitié de vie, et elle sentira ses passions vivantes. La sainteté, le salut lui-même seront toujours précaires, parce que seule ma Volonté qui se donne comme vie continuelle forme le doux enchantement des passions, des misères, et y forme les actes opposés de sainteté, de force d’âme, de lumière et d’amour dans les maux des créatures, de sorte que le vouloir humain sentant le doux enchantement, la créature sent couler dans ses maux la beauté, le bien et la sainteté de l’acte de vie continuelle que donne ma Volonté sous son doux et suave empire, et la créature la laisse faire ce qu’elle veut. Car un acte continuel qui donne la vie éternelle ne peut jamais être atteint au moyen d’autres actes, d’autres aides ou d’autres moyens, si forts et saints qu’ils puissent être, pour faire le bien que peut accomplir un acte continuel.

            Par conséquent, il n’y a pas de mal plus grand que puisse faire la créature, ni de plus grand tort qu’elle puisse causer à notre paternelle Bonté, que ne pas laisser régner en elle notre Volonté. Ce mal aurait en son pouvoir de nous inciter à détruire toute la Création parce que la créature a été créée pour être notre résidence, et pas uniquement elle, mais toutes les choses créées, les cieux, le soleil, la terre, toutes ces œuvres étant sorties de nos Hauteurs suprêmes, nous avons le droit de vivre dans la créature et en vivant en elle, nous la conservons toujours belle et toujours nouvelle, et dans l’acte qui l’a mise au jour. Or la créature, en ne faisant pas notre Volonté, nous met en dehors de notre résidence et il en est alors comme d’un riche Seigneur qui veut construire un grand et magnifique palais. Lorsque le palais est construit, il veut y demeurer, mais ils lui ferment la porte au nez et lui jettent des pierres, si bien qu’il ne peut y mettre les pieds et ne peut pas demeurer dans la résidence qu’il a construite. Cette résidence ne mériterait-elle pas d’être détruite par celui qui l’a construite ? Mais il ne le fait pas parce qu’il aime son œuvre, et il attend et attend encore, car il sait qu’il peut vaincre par l’amour et que sa résidence lui ouvrira d’elle-même les portes pour le laisser entrer et lui donner la liberté de vivre en elle. C’est dans ces conditions que nous place la créature en ne laissant pas notre Volonté régner dans son âme : elle nous ferme les portes en plein visage et nous jette les pierres de ses fautes. Et nous, avec une invincible et divine patience, nous attendons, et la créature ne voulant pas de notre Volonté en elle comme vie, avec une paternelle Bonté nous lui donnons les effets de notre Volonté que sont les lois, les Sacrements, l’Évangile, les secours de mes exemples et de mes prières pour elle ; mais malgré ce grand bien, rien ne peut égaler le grand bien que peut faire ma Volonté comme vie éternelle de la créature parce que ma Volonté est ensemble toute la loi, les Sacrements, l’Évangile, la vie, et elle signifie tout : elle peut tout donner, elle possède toute chose. Cela suffit pour comprendre la grande différence qu’il y a entre ma Volonté comme vie continuelle dans la créature et entre les effets qu’elle ne peut pas produire de manière pérenne, mais selon les circonstances, dans le temps, dans les Sacrements eux-mêmes.  Et bien que les effets puissent apporter de grands biens, ils ne peuvent jamais parvenir à produire tous les biens que la vie de ma Divine Volonté régnant et dominant dans la créature peut produire. Par conséquent, sois attentive, ma fille, et donne-lui la sainte liberté de faire ce qu’elle veut dans ton âme.

33.  12 juin 1932 — La créature qui vit dans notre Volonté trouve toutes nos œuvres en acte et accomplies pour elle. Celle qui vit dans la Divine Volonté joue le rôle d’une brise pour les œuvres divines.

       Ma petite âme tourne toujours dans le divin Fiat. Elle ressent le besoin irrésistible de vivre en lui parce qu’en lui tout est mis à ma disposition, tout est à moi ; c’est comme une invitation secrète que me font toutes les choses créées dans les profondeurs de mon cœur en me disant de leur voix muette : « Viens en nous, viens nous posséder et jouir de toutes les belles œuvres que le Créateur a faites pour toi et pour nous donner à toi. » Oh ! quel doux enchantement contient la Création vue à travers les voiles de la Divine Volonté. Mais ma petite âme était tout absorbée dans le doux enchantement de la Création lorsque mon bien-aimé Jésus, refaisant sa petite visite, me dit :

            Ma bienheureuse fille, pour la créature qui vit dans ma Divine Volonté tout est présent, et le passé et l’avenir n’existent pas pour elle. Tout est en acte. Comme elle entre dans l’ordre divin, notre Bonté paternelle ne veut pas donner un amour passé conservé dans la Création, ni un amour qui devrait venir. Cela ne percerait pas le cœur de la créature parce qu’il lui semblerait que l’amour qui sortit de notre sein dans la Création était un amour et des œuvres qui n’étaient pas pour elle, et l’amour et les œuvres de l’avenir lui paraîtraient un amour et des œuvres à espérer. D’autant plus que pour nous le passé et le futur n’existent même pas. Le passé et l’avenir sont pour la créature qui vit en dehors de notre Volonté parce qu’elle ne regarde que l’apparence de nos œuvres, et non l’intérieur, tandis que la créature qui vit dans ma Volonté voit nos œuvres à l’intérieur de nous, et elle voit notre Création continuelle pour chaque créature. De sorte que l’heureuse créature qui vit dans notre Vouloir, nous lui faisons voir et toucher de la main notre acte en train d’étendre le ciel, de créer le soleil, le vent, l’air, la mer, etc., le tout pour elle, et elle voit et comprend avec clarté notre amour intense en créant toute chose pour elle, notre puissance et notre sagesse en les ordonnant pour son amour, de telle sorte qu’elle se sent impliquée et comme submergée par les vagues de notre amour, de notre puissance, de notre sagesse et de notre bonté en chaque chose créée. Et tout en se sentant submergée, elle voit que son Créateur n’indique pas la fin de la Création, qu’il ne dit jamais que c’est assez, mais qu’il continue et continue toujours son acte créateur, et elle, voyant que notre acte créateur et opérant jamais ne cesse, se fait l’écho de notre amour et ne s’arrête jamais de nous aimer. Oh ! comme il est beau de trouver dans la créature un amour continuel qui jamais ne cesse, tout comme le nôtre. Et se voyant noyée dans notre amour continuel qui maintient l’acte créateur par amour pour elle, et afin de répondre à notre amour, elle se sert de ses mêmes stratagèmes pour nous imiter et elle nous dit : « Suprême Majesté, oh ! si je le pouvais je ferais moi aussi des cieux, des soleils et tout ce que vous êtes capable de faire, par amour pour vous, mais comme je ne peux pas vous donner un ciel et un soleil avec tout ce que vous m’avez donné, je veux beaucoup, beaucoup vous aimer. » Et, oh ! comme nous nous sentons satisfaits et payés de retour lorsque la créature se sert de notre amour et nous donne notre amour, son acte, afin de nous aimer.

            Il n’y a par conséquent dans notre Volonté aucune chose dissemblable entre le Créateur et la créature. Si elle aime, elle se sert de notre amour pour nous aimer ; si elle travaille, elle œuvre dans nos œuvres, et elle n’aime ni ne travaille en dehors de notre amour, ni de nos œuvres. On peut dire que notre amour est le sien, que son amour est le nôtre, et que nous avons fait ensemble nos œuvres. 

            Ainsi la vie dans notre Vouloir nous félicite, nous et la créature, parce que nous l’avons créée pour nous et que nous voulons avoir à faire quelque chose avec elle, nous voulons être ensemble, travailler ensemble, nous féliciter l’un l’autre et nous aimer l’un l’autre ensemble. Notre dessein n’était pas de la tenir à distance, non, non, mais d’être ensemble et de la fusionner en nous. Et afin de la garder absorbée, nous lui avons donné notre acte créateur et agissant qui en créant les choses formait ses vagues d’amour et ouvrait des veines de bonheur dans la créature, de telle sorte qu’elle ne devait pas seulement sentir en elle notre Volonté, notre vie palpitante et agissante, mais la mer immense de nos joies et de notre bonheur pour sentir le Paradis dans son âme. Et ce n’est pas seulement la Création qui est toujours en acte, mais aussi la Rédemption, et la créature qui vit dans ma Divine Volonté ressent l’acte continuel de ma descente du ciel sur la terre, et c’est réellement pour elle, pour son amour que je descends, et elle me reçoit, elle est conçue en moi, renaît en moi, vit avec moi et meurt avec moi afin de ressusciter avec moi. Il n’est rien que j’aie fait qu’elle ne veuille refaire avec moi. Si bien que je la sens inséparable de la Création, inséparable de la Rédemption et de tout ce que j’ai fait, et si elle est inséparable de toutes nos œuvres, de ma vie elle-même, que ne donnerais-je pas à celle qui vit dans notre Volonté ? Comment ne pas tout centraliser en elle ? Mon amour ne pourrait le supporter si je ne le faisais pas. Par conséquent, si tu veux que tout vive dans ma Volonté, je ne sais pas comment faire les choses à moitié et tu auras le grand bien de sentir notre œuvre en acte continuel et, oh ! comme tu comprendras à quel point tu as été aimée par ton Créateur et combien tu es obligée de l’aimer.

            Après quoi je m’abandonnai dans les bras de la Divine Volonté, mais mon esprit était troublé à cause de certains souvenirs douloureux et mon doux Jésus, touché de compassion pour moi est venu me bénir. Sa bénédiction a été une rosée bienfaisante qui m’a redonné le calme parfait et je me sentais comme une enfant toute timide, sortie et libérée d’une tempête, et mon bien-aimé Jésus, toute bonté, me dit :

            Ma bonne fille, courage, n’aie pas peur, car le courage est une arme puissante qui tue la frilosité et chasse toute crainte ; mets tout de côté et viens dans ma Divine Volonté former ta brise pour souffler sur toutes nos œuvres. Elles sont toutes ordonnées dans notre Fiat, mais elles ne se meuvent pas toutes seules. Elles veulent la brise des créatures pour aller vers elles, et si la brise est forte, elles courent, elles volent pour être les porteuses des biens que possède chacune de nos œuvres. Si bien que l’âme qui entre dans notre Volonté s’unit en entrant avec nos actes pour faire les siens dans les nôtres, et en s’unissant, la créature forme une brise et avec la force même de notre Volonté met en mouvement, appelle, enchante, renforce toutes nos œuvres avec sa douce et pénétrante brise, et elle les met en marche vers les créatures. Oh ! combien nous en sommes heureux, combien nous languissons après cette douce et revigorante brise que la créature nous apporte dans notre Vouloir. Par conséquent, sois attentive, ne perds jamais la paix, sinon tu ne pourras venir dans notre Volonté pour former ta brise, les doux réconforts, la fraîcheur de ton amour ardent et le mouvement pour nos œuvres, car ils n’entrent dans notre Vouloir que par ces âmes pacifiques et il n’y a pas de place pour les autres ; et si notre Volonté ne te sent pas suivre ses pas et que ses œuvres ne sont pas courtisées par ta brise, nous disons avec tristesse : « Oh ! la fille de notre Volonté reste en arrière et nous laisse seuls sans sa compagnie. »

            Ma fille, tu dois savoir que notre Être divin en créant l’homme est resté au-dessus de lui dans l’acte de faire pleuvoir sur lui sainteté, lumière, amour, bonté, etc. C’est pourquoi l’homme, en se retirant de notre Divine Volonté, s’est soustrait à notre pluie. 

            Ainsi lorsque l’âme vient dans notre Volonté, étant donné que par ses actes dans les nôtres elle forme pour nous la brise qui met en mouvement toutes nos œuvres, nous formons la pluie et faisons pleuvoir à nouveau d’abord sur l’heureuse créature, puis sur toutes les autres. Et si la brise favorable dans notre Fiat appelle la pluie, l’invoque et languit après elle depuis notre Être suprême, par contre, l’œuvre de la volonté humaine en dehors de la nôtre forme des vents contraires et chasse notre pluie bienfaisante qui reste en l’air ; c’est pourquoi tant de créatures se trouvent sur des terres arides, sans fleurs et sans fruits. Mais cela ne fait aucun tort à celle qui vit dans notre divin Vouloir. Elle les quitte, se retire, vient vivre dans sa divine famille et sent tomber sur elle la pluie continuelle que forme au-dessus d’elle notre Divinité.

34.  17 juin 1932 — Comment celle qui vit dans notre Divine Volonté place, travaille et tisse ses actes en commun avec ceux de la Vierge et de Notre Seigneur, et comment elle forme un mariage entre toutes les choses qui appartiennent à la Divine Volonté.

       Mon abandon dans le divin Vouloir continue. Je sens sa force omnipotente me revêtir tout entière, et ma petite âme défaite de telle sorte que je ne veux rien, ne sens rien et ne touche rien si ce n’est uniquement la Divine Volonté, et si un petit nuage investit mon esprit, immédiatement sa divine lumière m’inonde et presque sans m’en donner le temps, me fait prendre mon envol et je vais me réfugier dans les bras de ma céleste Mère ou dans ceux de mon très doux Jésus pour retrouver ma chère Vie, et je prie tantôt l’une et tantôt l’autre de me garder au sein de leurs actes afin de pouvoir rester en sécurité et protégée contre tout et contre tous. 

            Mais je pensais à cela et à d’autres choses lorsque mon très grand Bien Jésus me serra dans ses bras et me dit :

            Bienheureuse fille, mes actes et ceux de ma Maman Reine, notre amour, nos saintetés, sont continuellement dans l’acte d’attente pour joindre tes actes aux nôtres afin de leur donner la forme de nos actes et y placer notre sceau, et comme les actes de notre Souveraine Dame du ciel, ils sont tissés avec mes actes et par conséquent inséparables ; et la créature qui vient vivre dans notre divin Vouloir vient travailler dans notre entrelacement et ses actes demeurent enfermés au sein de nos actes où notre Vouloir les garde comme un triomphe et une œuvre du divin Fiat. Rien n’entre dans nos actes qui n’ait pris naissance dans notre Fiat. Tu vois par conséquent que pour celle qui vit dans notre Volonté, la sainteté se forme au sein de notre sainteté, qu’elle aime au sein de notre amour et qu’elle œuvre au sein de nos œuvres. De sorte que celle qui œuvre dans notre Vouloir sentira comme par nature son inséparabilité de nos actes, et nous des siens, tout comme la lumière est inséparable de la chaleur et la chaleur de la lumière, et ces âmes sont par conséquent notre triomphe continuel, notre gloire, notre victoire sur la volonté humaine. Ce sont des propriétés divines que nous formons en elles et elles en nous. Le vouloir humain et le divin Vouloir s’embrassent continuellement, ils fusionnent, Dieu développe sa vie dans la créature et la créature développe sa vie en Dieu.

            De plus, pour celle qui vit dans ma Volonté, il n’est rien se rapportant à mon Fiat sur quoi la créature n’acquière ses droits. Un droit sur notre Être divin, un droit sur sa céleste Mère, sur les Anges, les Saints, un droit sur le ciel, le soleil, toute la Création. Et Dieu, la Vierge et tous les autres acquièrent un droit sur la créature. C’est ce qui arrive lorsque deux jeunes époux s’unissent par un lien indissoluble, que les deux parties acquièrent un droit sur leur personne et sur tout ce qui les concerne toutes deux. C’est un droit que personne ne peut leur enlever. 

            Ainsi la créature qui vit dans notre Vouloir forme le nouveau, le vrai et véritable mariage avec l’Être suprême, et un mariage se trouve ainsi formé avec tout ce qui lui appartient. Oh ! comme il est beau de voir cette créature mariée à tous ; elle est la chérie, la bien-aimée de tous et c’est avec raison que tous l’aiment, l’espèrent et languissent après sa compagnie. Et elles les aiment tous et donne à tous un droit sur elle. Et la nouvelle et longue relation qu’elle a acquise avec son Créateur, oh ! si elle pouvait être vue de la terre, on verrait que Dieu la porte dans ses bras, que la Reine souveraine la nourrit des mets exquis du divin Vouloir, que les Anges et les Saints la courtisent, que le ciel s’étend par-dessus elle pour la couvrir et la protéger, et pour s’en prendre à qui toucherait à elle. Le soleil fixe sur elle sa lumière et l’embrasse de sa chaleur, le vent la caresse ; il n’est rien de créé qui ne se prête à exercer sa fonction autour d’elle. Ma Volonté l’entoure afin que tous et toute chose puissent la servir et l’aimer. C’est ainsi que la créature qui vit dans ma Volonté donne à chacun quelque chose à faire, et tous se sentent heureux de pouvoir étendre leur champ d’action à l’intérieur et à l’extérieur de cette heureuse créature. Oh ! si toutes les créatures pouvaient comprendre ce que signifie vivre dans ma Divine Volonté, oh ! combien elles y aspireraient et rivaliseraient ensemble pour faire en elle leur céleste séjour.

            Après quoi je me sentais plus que jamais abandonnée dans l’immensité de la lumière du divin Vouloir et je voyais et sentais en moi mon doux Jésus tout attentif à la petitesse de ma pauvre âme. Il prenait soin de tout, il voulait tout me donner, tout faire pour que l’on voie qu’avec un toucher de son doigt il formait le battement du cœur, animait le souffle, le mouvement, mettait en ordre les pensées, les paroles et toute chose, mais avec tant d’amour et de tendresse que c’en était un ravissement. Et Jésus, voyant mon étonnement, me dit :

            Ma petite fille, ne sois pas étonnée de toutes ces attentions et des tendresses aimantes que je manifeste en toi et au dehors de toi. Tu dois savoir que dans l’âme où règne ma Divine Volonté, c’est moi-même qui sers, c’est pourquoi à cause de la bienséance de ma Divinité et de ma sainteté, j’accomplis mes actes comme si c’était pour ma vie elle-même, et j’y mets par conséquent l’intensité de mon amour, l’ordre de mes pensées, la sainteté de mes œuvres, et en voyant la docilité de la créature qui se prête en tant que fille à recevoir les fonctions de son Père, sa tendresse aimante, la vie du Père dans sa fille, oh ! combien je me sens heureux et honoré de la servir. 

            Je continuais ensuite mon abandon dans les bras de Jésus, et il ajouta :

            Bienheureuse fille, mon Humanité aime tant les membres de la famille humaine que je les ai portés et que je les porte encore dans mon Cœur ; je les tiens serrés dans mes bras et chacune de mes souffrances, de mes prières et de mes œuvres ont été de nouveaux liens d’union entre moi et eux. De sorte que tout mon Être et tout ce que j’ai fait, tout descendait, dévalait comme un torrent impétueux vers chaque créature pour se dissoudre en amour et constituer des liens d’union, de sainteté et de défense qui, en  formant un obscur concert de voix, courtisaient et cajolaient dans un délire d’amour en disant à chacune : « Je vous aime, mes enfants, je vous aime beaucoup et je veux être aimé. » Mon Humanité a réordonné et établi l’union véritable entre le Créateur et les créatures, et les a reliées toutes entre elles comme membres unis à la tête.  Et c’est réellement moi qui me suis fait la tête de toute la famille humaine. De sorte que la vertu contient en elle-même la force de se relier non seulement avec le Père, mais avec les créatures, et si l’une exerce la patience, sa patience se relie à toutes celles qui ont de la patience et elle dispose les autres à avoir de la patience. Ainsi la créature qui est obéissante, celle qui est humble, celle qui est bienfaisante, forment ensemble les différentes catégories dans mon Église. Que dire alors de l’étendue des liens que forme la créature qui vit dans ma Divine Volonté. Comme elle se trouve au ciel et sur la terre, elle dispose ses liens partout ; avec ses actes, elle relie le ciel et la terre et appelle toutes les créatures à vivre dans la Divine Volonté.

35.  26 juin 1932 — Sublimité et puissance du sacrifice. Comment Dieu, lorsqu’il veut donner un grand bien, demande le sacrifice de la créature ; exemple de Noé et d’Abraham.

     Je faisais ma ronde dans la Divine Volonté pour retracer tout ce qu’elle a fait afin de faire miens ses actes et de pouvoir dire : J’étais et je suis avec toi, et je fais ce que tu fais de sorte que ce qui est à moi est à toi. Et ce que les Saints ont fait dans ta vertu est aussi à moi, parce que tu es la source qui circule partout et produit tous les biens. Et j’arrivai au point de l’histoire où Dieu demande à Noé le sacrifice de la construction de l’arche. Et j’offrais le sacrifice comme s’il était le mien afin de demander le Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Mais je faisais cela lorsque mon bienheureux Jésus, me retenant à ce point de l’histoire, me dit :

            Ma fille, tout le bien de l’histoire du monde est fondé dans le sacrifice demandé des créatures par ma suprême Volonté, et plus est grand le sacrifice que nous demandons, plus est grand le bien que nous y mettons. Et nous demandons ces grands sacrifices lorsque les créatures, par leurs péchés, méritent la destruction du monde, faisant ainsi sortir du sacrifice, au lieu de la destruction, la vie nouvelle des créatures.

            Or tu dois savoir qu’à ce point de l’histoire du monde, les créatures méritaient de ne plus exister. Toutes devaient périr. En acceptant le mandat que nous lui avons donné et en se présentant pour le grand sacrifice de la construction d’une arche durant tant d’années, Noé a racheté le monde pour les générations futures. En se sacrifiant si longtemps, à travers les difficultés, les peines et la sueur, il a déboursé les pièces de monnaie, non pas d’or ou d’argent, mais de tout son être dans l’acte de suivre notre Vouloir. Il a ainsi produit suffisamment de pièces pour racheter ce qui était sur le point d’être détruit. De sorte que si le monde existe encore, il le doit à Noé qui, par son sacrifice et en faisant notre Volonté comme nous voulions qu’il la fasse, a sauvé l’homme et tout ce qui devait servir l’homme. Un sacrifice prolongé voulu par Dieu annonce de grandes choses, des biens universels, c’est une douce chaîne qui relie Dieu et les hommes. Nous-mêmes, tant que la créature forme pour nous un sacrifice prolongé, ne sortons pas des liens de cette chaîne qui nous est si douce et si chère que nous nous laissons lier par elle autant qu’il lui plaît. 

            Ainsi Noé, par son sacrifice prolongé, a racheté la continuation des générations humaines. Après un autre espace de temps dans l’histoire du monde est venu Abraham, et notre Vouloir lui a commandé de sacrifier son fils. C’était un dur sacrifice pour un malheureux père ; on peut dire que Dieu a mis l’homme à l’épreuve et exigé une épreuve inhumaine et presque impossible à exécuter, mais Dieu a le droit de demander ce qu’il veut et tous les sacrifices qu’il veut. Le pauvre Abraham était placé dans une situation si difficile que son cœur saignait et il ressentait sur lui-même le coup fatal qu’il devait porter à son fils unique. Le sacrifice était excessif, si bien que notre Bonté paternelle en demanda l’exécution, mais non l’achèvement, sachant qu’Abraham ne lui aurait pas survécu. Il serait mort de chagrin après un acte aussi atroce que de tuer son propre enfant, car c’était un acte qui dépassait les forces de la nature, mais Abraham a tout accepté, il ne pensait à rien, ni à son enfant, ni à lui-même parce qu’il était consumé par le chagrin dans son propre enfant. Si notre Vouloir, comme nous le lui avions commandé, n’avait pas empêché son geste fatal, il aurait fait le sacrifice voulu par nous, même s’il serait mort avec son fils bien-aimé. Or ce sacrifice était grand, excessif, uniquement voulu par nous dans l’histoire du monde. Eh bien, ce sacrifice l’a élevé si haut qu’il a été constitué Chef et Père des générations humaines. Et avec le sacrifice du sacrifice de son fils, il a déboursé la monnaie de sang et d’immense chagrin afin de racheter le futur Messie pour le peuple hébreu et pour tous les hommes. De fait, après le sacrifice d’Abraham, nous nous sommes fait souvent sentir parmi les créatures, ce que nous n’avions pas fait auparavant. Le sacrifice possédait la vertu de nous rapprocher des créatures et nous avons formé les Prophètes jusqu’à ce que vienne le Messie attendu.

            Or après un autre laps de temps prolongé, voulant donner le Royaume de notre Volonté, nous voulions un sacrifice sur lequel nous appuyer, et alors que la terre est inondée de péchés et mérite d’être détruite, le sacrifice de la créature la rachète. Et par son sacrifice la créature appelle de nouveau la Divine Volonté à régner et à faire renaître dans le monde la vie nouvelle de mon Vouloir parmi les créatures. C’est pourquoi j’ai demandé le sacrifice prolongé de ta vie sacrifiée sur un lit de souffrance. C’était la nouvelle croix que je n’ai demandée ni donnée à personne, qui devait former ton martyre quotidien, et tu le sais parce que si souvent tu m’as fait verser des larmes. Ma fille, lorsque je veux donner un grand bien, un nouveau bien aux créatures, je donne une nouvelle croix et je veux un nouveau et unique sacrifice ; une croix dont l’homme ne s’explique pas la raison, mais cette raison est divine et l’homme est dans l’obligation non pas de la scruter, mais de s’incliner devant elle et de l’adorer. Il s’agissait du Royaume de ma Volonté et mon amour voulait et devait inventer de nouvelles croix et de nouveaux sacrifices jamais encore offerts afin de trouver les prétextes, le soutien, la force, la quantité de monnaie et la chaîne la plus longue pour être lié par la créature. Et le signe certain que nous voulons donner au monde un grand et universel bien, c’est la demande à une créature d’un grand et prolongé sacrifice. Ce sont les assurances et les certitudes du bien que nous voulons donner, et lorsque nous trouvons une créature qui accepte, nous faisons pour elle un prodige de grâce et dans son sacrifice nous formons la vie du bien que nous voulons donner.

            C’est ainsi que ma Volonté veut former son Royaume dans le sacrifice des créatures, elle s’en entoure afin d’être en sécurité et avec ce sacrifice défaire la volonté humaine et ériger la sienne ; et avec cela se trouve formée la monnaie de divine lumière devant notre Divinité afin de racheter le Royaume de notre Divine Volonté pour le donner aux générations humaines. Par conséquent, ne t’étonne pas de la longueur de ton sacrifice ni de ce que nous avons fait et disposé pour toi. Cela était nécessaire à notre Volonté, et ne pense pas non plus au fait que tu ne vois pas et ne sens pas chez les autres les effets de ton sacrifice. Il est nécessaire qu’avec ton sacrifice, tu fasses l’achat de notre Divinité. Et après avoir négocié avec Dieu l’achat est mis en sécurité, et en son temps le Royaume du divin Vouloir prendra vie avec certitude parce que l’achat aura été fait par le sacrifice d’une créature appartenant à la famille humaine.

36.  29 juin 1932 — Prodiges et secrets que renferme la vie dans la Divine Volonté ; scènes émouvantes. Génération des actes divins dans la créature, garde et divine jalousie.

       Je suis entre les bras du divin Fiat, son empire s’étend en toute chose sur ma petitesse, mais ce n’est pas esclavage, non, mais union, transformation, de sorte que la créature sent qu’elle domine avec lui, et qu’en se laissant dominer, elle acquiert la vertu de dominer la Volonté suprême elle-même. Mais mon esprit baignait dans la mer du divin Fiat à en être submergé par ses vagues lorsque mon céleste Jésus, visitant ma pauvre âme, me dit :

            Ma bienheureuse fille, la vie dans mon Vouloir renferme des prodiges et des secrets en si grand nombre que le ciel et la terre en sont stupéfaits. Tu dois savoir que lorsque la petitesse de la créature entre dans mon Vouloir, elle se répand dans son immensité, et la Divine Volonté la reçoit dans ses bras pour en faire sa conquête et le vouloir humain se fait lui-même conquérant du Vouloir divin. Or dans ces conquêtes réciproques, la Divine Volonté célèbre la conquête de la volonté humaine et s’en sert comme elle veut. La volonté humaine célèbre la grande conquête faite par la Volonté divine et voulant se servir d’elle, elle l’envoie au ciel comme conquête et porteuse des joies et des bonheurs nouveaux qu’elle possède. Ma Volonté conquise par l’âme ne se reprend pas et en se dédoublant, elle reste et elle part pour sa céleste Patrie afin de se conformer au désir de celle qui l’a conquise, et elle transporte la nouvelle conquête qu’elle a faite du vouloir humain ainsi que les joies et les bonheurs que renferme la Divine Volonté conquérante. Ma Volonté glorieuse et bienheureuse qui est au ciel, et ma Volonté conquérante qui est sur terre, s’embrassent et inondent les célestes régions des joies nouvelles que possède ma Divine Volonté conquérante. Parce que tu dois savoir que les joies de ma Volonté conquérante sont distinctes et très différentes de celles de ma Volonté bienheureuse. La Volonté conquérante ne reste pas au pouvoir des Bienheureux, mais elle est au pouvoir de la créature qui doit l’envoyer de la terre, et elle est formée dans le feu de la souffrance et de l’amour, et sur l’annihilation de son propre vouloir. Par contre, les joies bienheureuses restent au pouvoir des Bienheureux et sont les fruits et les effets du Céleste séjour où ils se trouvent. Il y a une grande différence entre les joies de ma Volonté conquérante et celles de ma Volonté bienheureuse. Je peux dire que mes joies conquérantes n’existent pas au ciel, mais uniquement sur terre. Et, oh ! comme il est beau de voir la créature se faire autant de fois conquérante de mon Vouloir qu’elle accomplit ses actes en lui, pour l’envoyer tantôt au ciel, tantôt au purgatoire, tantôt parmi les créatures terrestres, selon son désir. Plus encore du fait que ma Volonté étant partout, elle ne saurait faire moins que se dédoubler pour apporter le fruit, les joies et les conquêtes nouvelles que la créature a faits avec elle.

            Ma fille, il n’y a pas de scène plus émouvante, plus délicieuse ou plus utile que de voir la petitesse de la créature venir dans notre Divine Volonté pour accomplir ses petits actes et faire sa douce conquête d’une Volonté immense, sainte, puissante et éternelle qui renferme tout, peut tout accomplir et possède tout. La petitesse de la créature, en se voyant conquérante d’un divin Fiat aussi interminable, en reste stupéfaite, elle ne sait pas où le mettre, elle voudrait l’enfermer en elle-même, mais il lui manque l’espace. Elle en prend par conséquent ce qu’elle peut, jusqu’à s’en emplir complètement. Mais elle voit qu’il reste encore des mers immenses, et comme elle est brave, elle voudrait que toutes soient capables de prendre un si grand bien. C’est pourquoi elle l’envoie au ciel comme un droit sacré de la céleste Patrie pour quiconque en veut, et elle s’empresse d’accomplir d’autres actes dans ma Volonté afin de pouvoir l’acquérir encore à chaque acte qu’elle accomplit. Voilà le véritable commerce divin que Dieu et la créature forment entre le ciel et la terre.

            Après quoi mon esprit continuait à se perdre dans ce Fiat qui veut toujours se donner à la créature et qui en se donnant ne finit jamais de donner. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, la volonté humaine est la source et la substance de la vie de la créature. Elle tire d’elle la vie des œuvres, les pensées de son esprit, la variété et la multiplicité de ses paroles. Si la vie humaine n’avait pas de volonté libre, ce serait une vie sans source et sans substance. Elle perdrait alors toute beauté, la spécificité, l’admirable entrelacement que peut tisser la vie humaine.

            Ainsi, là où elle règne, la Divine Volonté se fait source, substance et vie des actes accomplis en elle. C’est pourquoi lorsqu’elle pense, parle et travaille, cette source se diffuse dans les actes de la créature, accomplit toujours des actes nouveaux et forme l’harmonie de l’œuvre divine dans la créature. Or tu dois savoir que toute notre sollicitude est pour ces actes, parce qu’en eux se forme la génération de nos actes divins dans les profondeurs de la créature. Et, oh ! quelle satisfaction de pouvoir continuer la génération de nos actes. Et dans cette génération, nous nous sentons le Dieu à l’œuvre, non pas le Dieu empêché de pouvoir développer la génération de nos actes parce que notre Volonté n’est pas en elle. C’est pourquoi à notre sollicitude s’ajoutent notre garde et notre jalousie de ces actes. Ton Jésus demeure à l’intérieur et autour de la créature afin de la garder, ma jalousie a le regard fixé sur elle pour la surveiller, afin de me féliciter et de prendre pour moi tout le plaisir que possède la génération de ses actes accomplis dans notre Volonté. Car après tout, notre Volonté est d’une valeur infinie, et ne pas garder un seul de ses actes serait agir contre nous-mêmes. Tu dois en effet savoir qu’étant la source et la substance de notre Être suprême, notre puissance, notre sainteté, notre bonté et tous nos attributs forment la couronne autour de notre Volonté et de tous ses actes, afin de dépendre d’elle et de lui rendre hommage et de garder tous les actes qu’elle accomplit en nous comme dans la créature. Par conséquent, sois attentive et accepte d’être dominée par mon Vouloir si tu ne veux pas perdre à jamais ton Jésus, celui après qui tu languis et que tu aimes et désires tellement.

37.  9 juillet 1932 — Faim que produit la Divine Volonté. Sentence de vie d’amour. Comment Dieu forme la persécution de l’amour pour la créature.

          Je me sens sous l’empire de la Divine Volonté et si pour une minute je ne le ressens plus, je suis sans vie, sans nourriture, sans chaleur, comme si la vie divine s’arrêtait parce que personne n’est là pour la former et la nourrir, et dans ma peine je répète : « Jésus, aide-moi, sans ton Vouloir, je meurs de faim. » Et mon bien-aimé Jésus a eu pitié de moi et, tout amour et tendresse, il m’a serrée dans ses bras et m’a dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, courage, ne te martyrise pas, la vie divine formée et nourrie par mon Vouloir ne peut pas mourir, et si tu ressens la faim, c’est parce que tu n’entends pas toujours mon discours sur les autres merveilles et nouveautés que possède ma Volonté. L’interruption de ma parole te fait ressentir une faim toujours nouvelle pour la nourriture qu’elle possède. Mais cela te prépare à recevoir la nouvelle nourriture de sa connaissance pour te faire grandir et nourrir uniquement de celle du divin Vouloir, et tu n’en accepterais aucune autre et tu préférerais mourir de faim parce que celle qui a goûté si souvent à sa nourriture ne sait comment s’adapter à une autre. Mais cette faim est aussi un bienfait parce qu’elle peut te servir d’accès à la céleste Patrie, et tu dois savoir que la seule nourriture de ces célestes régions est l’acte nouveau et jamais interrompu de ma Divine Volonté. Cette nourriture qui possède toutes les saveurs, tous les délices, est la nourriture quotidienne et de tous les instants dans la Jérusalem céleste. Et avoir faim signifie la vie et non la mort ; par conséquent attend avec une patience sans borne la nourriture de ma Volonté qui apaisera ta faim par une telle abondance que tu seras incapable de tout absorber.

            Et je l’interrompis pour lui dire : « Mon amour, mon cœur saigne en te disant cela, mais il me semble que tu n’as plus pour moi cet amour continuel qui te faisait parler toujours et me faisait tant de ravissantes surprises de ton Être et de ton Vouloir, et je sentais et touchais de ma main ton cœur palpitant d’amour pour moi au point où j’étais contrainte de dire : ‘Combien tu m’aimes, mon Jésus.’ Et maintenant, à cause de tes interruptions, il me semble que je ne suis pas toujours aimée, et passer d’un amour continuel à un amour interrompu est le plus cruel des tourments, et je vais répétant : ‘Je ne suis pas aimée ! Je ne suis pas aimée par celui que j’aime tant !’ » Et Jésus m’a interrompue en disant :

            Ma fille, que dis-tu là ? Tu dois savoir que lorsque la créature nous aime, ne pas l’aimer serait agir contre la nature de notre Être divin, et si cela pouvait arriver, et si nous étions capables de souffrir, l’amour de la créature nous condamnerait à une vie de tourments et deviendrait notre persécuteur, et il n’y aurait pas de paix jusqu’à ce que leur amour à tous les deux soient fusionnés, qu’ils s’embrassent et retrouvent la paix ensemble. Ah ! tu ne sais pas ce que c’est qu’aimer et ne pas être aimé par celui et celle qu’on aime. Celui qui aime porte la souffrance de l’autre parce qu’il demeure à son poste et accomplit le plus sacro-saint des devoirs. C’est dans cet état que se trouve notre Être divin parce que nous aimons trop et que l’homme ne nous aime pas, et notre amour poursuit la créature que nous aimons, il la place dans une condamnation à perpétuité, la tourmente et ne lui laisse pas de paix. Ne pas trouver de repos est le signe certain que la créature a été visée par notre amour, qu’il veut conquérir l’amour de la créature en la persécutant. Par conséquent, sois tranquille. Si tu nous aimes, notre amour t’a aimée avant toi, et l’inséparabilité de notre amour et du tien est telle que ton amour forme la petite chaleur et que le nôtre, en nourrissant le tien, forme l’immensité de la lumière de telle sorte que l’un et l’autre perdent la vertu séparative, et c’est comme s’ils étaient une seule et unique nature, et ils vivent toujours ensemble pour que l’un forme la vie de l’autre. Par conséquent, si ma parole n’est pas continue, cela ne signifie pas un amour brisé. Non, il serait interrompu si tu ne sentais pas que tu veux faire, même au prix de ta vie, ma Volonté. Cela voudrait dire que tu ne l’as plus en ton pouvoir, et si ma bonté en est venue à mettre notre Volonté en ton Pouvoir, cela assure que mon amour pour toi est continuel. Parce que tu dois savoir que la créature qui fait notre divin Vouloir et vit en lui n’est rien d’autre que la vie agissante de Dieu lui-même dans la créature. Notre amour pour celle qui se laisse dominer par notre divin Vouloir est si grand qu’il se laisse doucement emprisonner par elle ; il se restreint, se réduit et prend plaisir à aimer et à travailler dans son âme. Mais tout en se restreignant, il demeure immense et œuvre de manières infinies, comme nous aimons et œuvrons en nous-mêmes. Parce que notre nature est celle de l’immensité, de l’infini, et tout ce que nous faisons demeure immense et infini comme nous le sommes, et, oh ! quelle satisfaction qu’en nous restreignant dans sa petitesse nous laissons libre cours à notre amour et à nos œuvres ; et elle en est comblée, débordante, elle en remplit le ciel et la terre, et nous avons la grande gloire et l’honneur d’aimer et de travailler comme Dieu dans sa petitesse ; et si tu savais ce que signifie un seul acte d’amour, une seule œuvre accomplie par nous en toi, tu en mourrais de joie et toute l’éternité ne suffirait pas pour nous remercier d’un si grand bien. Par conséquent, laisse-moi agir, laisse-moi faire ce que je veux avec toi, et sois certaine que nous en serons heureux toi et moi.

38.  14 juillet 1932 — Atmosphère céleste, Jésus à l’affût de l’acte de la créature ; labeur de l’un et de l’autre. Comment les actes accomplis dans la Divine Volonté observent et embrassent les siècles et sont les gardiens et les sentinelles des créatures.

        Je suis toujours occupée par et dans le divin Vouloir. Il y a toujours à faire en lui, mais ce n’est jamais un travail qui fatigue. Au contraire, il donne des forces, fait grandir la vie divine et inonde de joie et de paix, et l’on sent en soi et à l’extérieur de soi une atmosphère céleste. Je baignais dans les vagues éternelles du divin Vouloir lorsque mon très grand bien, Jésus, visita ma petite âme et me dit :

            Bienheureuse fille, c’est moi qui forme l’atmosphère céleste à l’intérieur et à l’extérieur de la créature parce que dès qu’elle entre dans mon divin Vouloir, j’observe ses actes avec lesquels elle forme le terrain, et moi je forme la semence divine pour la jeter dans l’acte de la créature. Ainsi ses actes servent de sol, et moi, le céleste Fermier, en le remplissant de mes semences, je l’utilise pour faire la récolte des œuvres accomplies dans ma Volonté. Vois-tu à quoi sert la continuation des actes accomplis dans la Divine Volonté ? Elle sert à me donner la tâche et les occasions de ne jamais quitter la créature parce qu’elle me donne toujours quelque chose à faire. Et je ne veux ni ne peux laisser vide un sol si précieux, formé dans ma Volonté et exposé aux rayons vivifiants du divin Soleil. C’est pourquoi mon Fiat t’appelle à travailler dans mon Vouloir, et toi aussi tu m’appelles, et, oh ! comme il est doux de travailler ensemble dans mon Fiat. C’est un labeur qui ne fatigue pas ; il est plutôt porteur de repos et des plus magnifiques conquêtes.

            Puis il ajouta :

            Ma fille, tu dois savoir que l’acte que nous accomplissons dans la créature contient trois actes en un : l’acte de préservation, l’acte de nutrition, et l’acte primordial de création. Par ces trois actes réunis en un seul, nous donnons à nos actes la vie éternelle et la créature qui les possède ressent en elle la force créatrice qui ôte toutes les faiblesses de la nature humaine. L’acte de nutrition est toujours occupé à lui donner sa nourriture pour empêcher qu’elle en prenne une autre, et pour la préserver de tous les maux. Cette nourriture est semblable à l’embaumement qui empêche la corruption ; et l’acte de préservation reconfirme et préserve la pureté et la beauté du bien. Nos trois actes réunis en un seul sont des forteresses inexpugnables que nous donnons à la créature qui laisse régner en elle notre Volonté qui la rend si forte que personne ne peut lui faire de mal. 

            Après quoi mon petit esprit continua ma ronde dans la Divine Volonté à la recherche de ses actes pour enfermer mes actes dans les siens et faire qu’ils soient un. C’est tout cela la satisfaction de mon long exil, pouvoir travailler avec le Vouloir suprême, faire disparaître mes actes dans les siens. Et j’ai le sentiment de prendre le ciel dans ma main et je sens couler dans mes actes les éternelles béatitudes de sorte que je ne me sens ni distante ni séparée de ma chère et céleste Patrie. Mon esprit était rempli de pensées sur la Divine Volonté lorsque Jésus, mon très grand bien, me dit en refaisant sa petite visite :

            Ma petite fille de ma Volonté, je veux que tu saches que chacun de tes actes dans ma Volonté te régénère chaque fois, et tu grandis d’une manière toute nouvelle dans notre Fiat de sorte que tu ressens le ciel, et l’Être suprême a la grande joie de se régénérer dans l’acte de la créature. Former notre vie dans son acte est notre fête, notre désir ; nous unissons tous nos stratagèmes d’amour et nous recevons la gloire complète que la créature nous donne. Or tu dois savoir que le sacrifice appelle Dieu de ses voix puissantes, et faire notre Volonté le fait descendre dans l’âme afin de le mettre à l’œuvre comme ce Dieu qu’il est. 

            Et moi : « Mon amour, bien que je cherche à toujours travailler dans ton Vouloir et que je prie et prie encore pour que son Royaume vienne sur la terre, on ne voit rien venir. » Et Jésus :

            Ma bonne fille, cela ne veut rien dire, car tu dois savoir que les prières, les actes accomplis dans notre Vouloir, lorsqu’ils entrent dans notre acte divin, ont un pouvoir tel qu’ils doivent apporter aux créatures le bien qu’ils contiennent. Ils se mettent à l’affût pour observer les siècles et les surveillent avec amour, et avec une patience inépuisable, ils attendent et attendent encore, et avec la lumière qu’ils possèdent, ils frappent à la porte des cœurs, ils se font lumière dans les esprits, et cela sans se lasser jamais, car ils ne sont pas sujets à se fatiguer ni à perdre de la puissance. Ils agissent comme gardiens et fidèles sentinelles et ne partent pas avant d’avoir donné le bien qu’ils possèdent. Ces actes sont possesseurs de mon Vouloir et ils veulent de façon absolue le donner aux créatures, et si une leur échappe, ils en visent une autre. Si un siècle ne les reçoit pas, ils ne s’arrêtent ni ne partent, parce que nous avons mis les siècles en leur pouvoir, et ils forment et formeront notre armée divine parmi les générations humaines afin de former le Royaume de notre Volonté. Il y a dans ces actes l’homme couronné par le pouvoir divin, et ils donnent aux créatures le droit de posséder un tel Royaume. Notre Volonté est à l’œuvre dans ces actes et elle donne à Dieu le droit de régner et de dominer la créature avec notre Fiat omnipotent. Ils sont le dépôt et le capital qui paie Dieu pour les créatures et ils détiennent le droit de donner aux générations humaines ce qui a été payé ; et comme un soleil qui jamais ne se retire ni ne se fatigue de couvrir la terre de sa lumière pour donner le bien qu’il contient, plus encore que des soleils, ils tournent pour chaque cœur, ils tournent dans les siècles, ils sont toujours en mouvement et ne consentent jamais à la défaite, même pour celles auxquelles ils n’ont pas donné ma Volonté agissante qu’ils possèdent. Et cela plus encore du fait qu’ils savent avec certitude qu’ils obtiendront ce qu’ils veulent, et la victoire.

            Par conséquent, si tu ne vois rien, ne t’inquiète pas ; continue ta vie et tes actes dans ma Volonté. Voilà ce qui est plus nécessaire que n’importe quoi : former l’argent afin de payer pour un Royaume si saint pour tes frères. Et puis, tu devrais savoir que ma vie sur terre et mes actes eux-mêmes se trouvent dans les mêmes conditions. J’ai payé pour tous, et ma vie et ce que j’ai fait reste à la disposition de tous et veut se donner à tous pour offrir le bien qu’ils possèdent. Et bien que je sois parti pour le ciel, je suis parti et je suis resté afin de tourner dans les cœurs et dans les siècles pour donner à chacun le bien de ma Rédemption. Environ vingt siècles ont passé et ma vie et mes actes continuent à tourner, mais tout n’a pas été pris par les créatures, si bien que certaines régions ne me connaissent pas encore, de sorte que ma vie, la plénitude de mes biens et mes actes ne se retirent pas. Ils courent et tournent toujours, ils embrassent les siècles comme s’il n’y en avait qu’un pour donner à chacun les biens qu’ils possèdent. Il est par conséquent nécessaire de prier pour payer et former le capital ; le reste viendra de lui-même. Aussi, sois attentive et que ton envol dans mon Fiat soit continu.

Deo gratias