No 21 à 30

21.  20 août 1933 — Comment la Divine Majesté s’incline vers la créature lorsqu’elle la voit disposée à accomplir un acte dans sa Volonté. La différence entre celle qui vit et celle qui fait la Divine Volonté. Comment elle demeure pétrie dans le Fiat.

         Mon pauvre esprit continue à traverser la mer du Fiat. Il me semble être toujours dedans, mais sans pouvoir l’embrasser tout entière. Je suis trop petite et combien il me reste à parcourir et à comprendre ! Toute l’éternité n’y suffirait pas. J’étais perdue dans son immensité lorsque mon bien-aimé Jésus me surprit en disant :

            Ma bienheureuse fille, il est certain que l’éternité ne suffira pas pour traverser la mer immense de mon Vouloir et bien moins encore les petites heures de ta vie. Il suffit que tu sois en nous pour être heureuse ; et prends soin de ramasser les petites gouttes que ta capacité te permet de prendre. Tu dois savoir que nous sommes si heureux de voir notre créature dans la mer de notre Fiat pour comprendre et acquérir d’autres connaissances afin de former en elle un autre acte de vie de notre Volonté, que notre adorable Majesté s’incline jusque dans les profondeurs de la créature pour toucher sa petite intelligence et, de nos mains créatrices et par notre puissance, nous formons l’espace où enclore ce nouvel acte de notre Volonté. Car aucun acte ne donne plus de gloire et d’amour qu’un acte de notre Volonté accompli dans la créature, si bien que les cieux et la Création s’inclinent pour adorer ma Volonté accomplie dans la petite créature. Mon Vouloir envahit tout et il n’est pas un point où il ne se trouve. Il appelle le ciel et la terre à honorer ses actes accomplis dans la petitesse humaine.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et je me disais : « Mais quelle différence y a-t-il entre celle qui fait la Divine Volonté et celle qui vit en elle ? » Et mon aimable Jésus, toute bonté, ajouta :

            Ma fille, il y a une grande différence entre les deux. Celle qui vit dans ma Volonté possède la vie de ma Volonté, et reçoit de Dieu la vie continuelle pour la conserver, la nourrir et la faire grandir dans la créature. La vie possède et la vie reçoit. Au contraire, la créature qui fait ma Divine Volonté reçoit les effets de ma Volonté, et la distance est telle qu’il ne peut y avoir de comparaison entre la vie et les effets. N’y a-t-il pas une différence entre la vie et l’œuvre ? La vie palpite, pense, parle, aime, marche et répète autant qu’elle le souhaite pour celle qui la possède. Par contre, l’œuvre étant un effet de la vie, elle ne peut ni palpiter, ni penser, ni parler, ni aimer, ni se répéter. Et il peut arriver que l’œuvre elle-même se consume avec le temps et disparaisse, et combien ont déjà cessé d’exister ? Mais la vie ne se consume pas, et si le corps est consumé par la mort, c’est pour peu de temps et l’âme ne se consume pas même si on le voulait. Tu vois par conséquent la différence entre la vie et les effets qu’elle peut produire. Les effets sont produits par le temps, les circonstances, les lieux, tandis que la vie n’est jamais interrompue. Toujours elle palpite et maintient son pouvoir de produire différents effets selon les circonstances. La créature qui vit dans ma Volonté possède en elle sa vie. Elle a toujours en son pouvoir et non par intervalles la sainteté, la grâce, la sagesse, la bonté et toute chose puisque c’est la vie qu’elle possède, dans l’âme comme dans le corps, de sorte que les plus petites particules de son être contiennent le Fiat omnipotent. Et il court mieux que le sang dans la créature, si bien que si elle palpite, le Fiat palpite ; si elle pense, le Fiat s’imprime dans ses pensées ; si elle parle, elle sent couler mon Fiat dans sa voix et elle parle de lui ; si elle travaille, ses œuvres sont pétries de mon Fiat ; et si elle marche, ses pas disent mon Fiat. Il est la vie de ma fille et elle doit le sentir dans tout son être, et c’est la moindre des choses qu’elle puisse faire. Il n’en est pas ainsi pour la créature qui fait ma Volonté. Si elle veut sentir ma Volonté, elle doit l’invoquer et la prier, mais quand l’invoque-t-elle ? Dans les circonstances douloureuses de la vie, dans le besoin, lorsqu’elle se voit pressée par l’ennemi, un peu comme celles qui appellent le médecin lorsqu’elles sont malades ; mais si elles vont bien, le médecin reste pour elles un étranger. C’est pourquoi la vie éternelle de mon divin Vouloir n’existe pas en elles, et elles sont par conséquent changeantes dans le bien, la patience, la prière. Elles ne sentent pas en elles le besoin de posséder ma Volonté ni de l’aimer d’un amour véritable parce que lorsque les actes ne sont pas continuels, ma Volonté n’a pas son règne en elles. Elles-mêmes ne l’ont pas en leur pouvoir et l’amour reste ainsi brisé. La différence est donc grande entre la vie et les effets. La vie fait ressentir le besoin de vivre de la Divine Volonté, mais non les effets. Si les créatures n’ont pas en elles la vie de ma Volonté, elles restent indifférentes. C’est pourquoi vouloir toujours ma Volonté signifie que l’on a en soi la vie de ma Volonté.

22.  2 septembre 1933 — Canaux, relations entre le ciel et la terre, commerce de l’âme qui vit dans la Divine Volonté. Compétition d’amour entre la créature et le Créateur.

       Je suis toujours le petit atome dans la Divine Volonté, la nouveau-née à peine née, et je ressens le besoin extrême d’être nourrie et élevée dans ses Bras paternels, sinon le vouloir humain se lève en moi pour former sa malheureuse existence. Mon Dieu, aie pitié de moi et ne permets pas je connaisse ni acquière une vie, si ce n’est celle de la Divine Volonté. Affligée et oppressée par les privations presque continuelles de mon doux Jésus qui m’imposent un martyre dont Dieu connaît la dureté, je craignais que ma malheureuse volonté humaine n’obtienne quelque chose de moi. Je ne pouvais plus en supporter davantage et mon bien-aimé Jésus, afin de m’infuser du courage, me prit dans ses bras et me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage, bannis la peur de ton cœur. C’est une arme qui peut tuer ou blesser l’amour et faire perdre la familiarité avec ton Jésus, et je ne sais ni ne veux rester sans intimité avec celle qui veut vivre de ma Volonté. Ce serait comme si elle ne voulait pas être une seule et même chose avec moi. Si tel était le cas, je ne pourrais pas dire que la Volonté qui nous anime est une, et forme ta vie et la mienne, mais je devrais dire alors que tu as ta volonté et que j’ai la mienne, et cela, je ne le veux pas, car la vie dans ma Volonté n’existerait plus en toi. Je veux au contraire que pour chacune de tes souffrances, même celle de ma privation, tu appelles toujours ma Volonté, de sorte que tous tes actes forment le canal par où elle peut trouver la voie et l’endroit où enfermer ses biens et les faire couler en abondance par le canal que tu as préparé. Chacun de tes actes peut être un canal de grâces, de lumière et de sainteté que tu prêtes à ma Volonté qui te fera propriétaire des biens qu’elle dépose dans tes actes pour le bien de tous. Tu vois par conséquent que tes souffrances et tes actes devraient me servir de canal pour y déposer les miens, ce qui est toujours pour moi un bonheur de me savoir aimé et connu. Mon désir de déposer mes divines propriétés dans les actes des créatures pour qu’elle en devienne maîtresse est si grand que je suis toujours aux aguets, telle une vigilante sentinelle, pour voir si ses actes sont exempts de vouloir humain et si elle fait appel à ma Divine Volonté qui, en voyant le vide dans les actes humains, utilise ces canaux pour y déposer les plus grandes grâces, les plus sublimes connaissances,  une sainteté la plus semblable à la sienne, et former ainsi la dot divine de sa créature bien-aimée.

            Après quoi il garda le silence avant d’ajouter avec un accent des plus tendres :

            Ma fille, tu dois savoir que pour celle qui vit dans ma Divine Volonté il n’y a pas de temps à perdre. Elle ne doit pas non plus se préoccuper de bagatelles que sont ses peurs, ses agitations et ses doutes. Celle qui possède le meilleur doit laisser de côté le moindre, et celle qui doit prendre le soleil et s’en réjouir ne doit pas s’intéresser aux petites lumières. Le jour a plus de valeur que la nuit et si elle veut s’occuper des deux, elle risque de ne pas profiter de la pleine lumière du soleil ou de tout ce que le plein jour peut faire ; et il se peut qu’en s’occupant de ce qui est moindre, elle perde le meilleur. D’autant plus que ma Divine Volonté veut toujours être dans l’acte de donner à celle qui vit en elle, et la créature doit toujours être dans l’acte de recevoir ; si la créature veut s’intéresser à autre chose, ma Volonté est contrainte de s’arrêter parce qu’elle ne trouve pas la créature prête à recevoir ce qu’elle veut donner et cela brise le divin courant ; et si tu savais ce que cela veut dire, combien tu resterais attentive.

            De plus, tu dois savoir que lorsque la créature agit dans ma Divine Volonté, elle entre dans les banques divines pour y effectuer des transactions d’une valeur infinie. Comme elle vient dans notre Vouloir et bien que petite, elle vient alors en maîtresse et se fait propriétaire de ce que possèdent nos banques. Elle prend tout ce qu’elle peut prendre et comme elle ne peut pas tout emporter avec elle de ce qu’elle prend, elle en laisse en dépôt avec nos propres trésors. Nous la laissons faire et nous nous réjouissons de ses transactions, et telle est notre bonté que nous lui donnons de l’intérêt sur les acquisitions qu’elle vient de faire. Ainsi, chaque fois que la créature accomplit ses actes dans notre Volonté, elle ouvre le commerce entre le ciel et la terre et met en circulation notre sainteté, notre puissance, notre bonté et notre amour, et pour ne pas être en reste avec notre créature bien-aimée, elle s’élève et nous descendons dans les profondeurs du vouloir humain et, en ouvrant notre commerce, nous faisons l’acquisition de la volonté humaine, une opération que nous désirons beaucoup et qui nous est très agréable. Nous entrons ainsi en compétition avec la créature et nous nous conquérons l’une l’autre. Ma bonne fille, il n’est pas possible que la créature vive dans notre Vouloir sans travailler avec nous et nous avec elle, ou sans nous faire sentir en elle. Ce ne serait plus alors notre vie que nous développerions dans la créature, mais une façon de parler et non une réalité. La vie a un besoin absolu de mouvement, de se faire sentir, de respirer, palper, parler, donner de la chaleur. Comment une vie peut-elle être étouffée et continuer à être, à vivre et à se faire sentir ? Cela est impossible à Dieu comme à la créature. Par conséquent, ne t’inquiète pas lorsque tu sens que tout est silence en toi. Ce ne sont que de brefs incidents puisque je ressens moi-même le besoin de te faire sentir que ma vie existe en toi. Être en toi sans faire sentir ma présence serait mon plus cruel martyre. Je peux le faire pour quelque temps, mais pas pour toujours. Alors, n’y pense plus, abandonne-toi en moi et je penserai à tout.

23.  10 septembre 1933 — Comment Notre Seigneur débourse le prix à payer pour sa Divine Volonté afin de la donner aux créatures. Le bain dans le divin Vouloir. La petite mer de l’âme et la grande mer de Dieu.

       Je suivais la Divine Volonté dans ses actes de la Création comme de la Rédemption où chaque acte avait un lien avec la volonté humaine pour que la Volonté divine y ait sa place, et comme de nombreux actes humains ne recevaient pas la sainteté de l’acte divin parce qu’ils ne lui donnaient pas la première place, je me disais : « Combien il est difficile pour le Fiat suprême d’étendre son Royaume dans les actes humains des créatures alors qu’elles ne reconnaissent même pas l’acte divin qui court en elles, et par conséquent ne l’apprécient pas et ne lui donnent pas la suprématie qui lui est due ; et les actes humains ressemblent à un peuple sans roi et sans ordre, ennemi des actes divins qui veulent lui donner la vie, et il ne reconnaît pas cette vie qui court en lui. Mon Dieu, me disais-je, comment votre Volonté formera-t-elle son Royaume ? » Et mon toujours aimable Jésus, plein de tendresse et d’amour, comme s’il avait besoin de s’épancher, me dit :

            Bienheureuse fille de ma Volonté, il ne fait pourtant aucun doute et il est plus certain que mon Vouloir aura son Royaume parmi les créatures que ma descente du ciel sur la terre fut certaine. Étant roi, il devait constituer le Royaume de mon Fiat que l’homme avait rejeté. Ainsi ma Divinité unie à mon Humanité est descendue du ciel afin d’acheter ma Divine Volonté pour les créatures. Chacun de mes actes était un débours sur le prix à payer et permettait à la divine Majesté de racheter ce que l’homme avait rejeté et perdu. Mes actes, ma souffrance, mes larmes et ma mort elle-même sur la croix n’étaient rien d’autre que le prix à payer pour acheter ma Divine Volonté et la donner aux créatures. L’achat a eu lieu, le prix a été payé, la Divinité l’a accepté et le paiement a été conclu avec le sacrifice de ma vie ; aussi, comment ce Royaume ne viendrait-il pas ? Tu dois savoir que puisque mon Humanité a travaillé, souffert et prié, mon divin Fiat est descendu dans les profondeurs de mes actes humains pour former son Royaume, et comme j’étais la tête, le frère aîné de toutes les générations humaines, le Royaume passait à mes membres et jusqu’aux plus petits de mes frères. La Rédemption était cependant nécessaire parce qu’elle devait servir à cultiver le sol des volontés humaines, à les purifier, les préparer et les embellir, et à leur faire connaître ce qu’avait coûté à cet Homme-Dieu l’achat de cette Divine Volonté pour la donner aux créatures afin qu’elles puissent recevoir la grâce d’être sous le règne de ma Volonté. S’il n’y avait pas eu d’abord la Rédemption, il n’y aurait pas eu le prix du débours et l’acte préparatoire à un bien si grand. Tu dois savoir que la Divinité avait premièrement décrété la Rédemption pour que puisse descendre du ciel le Royaume de ma Divine Volonté, l’un devant servir de débours pour l’autre, parce qu’étant divin et d’une valeur infinie, il fallait un Homme-Dieu pour pouvoir payer et acquérir un Vouloir divin afin de le redonner à celui qui l’avait perdu. Sinon, je ne serais pas descendu du ciel uniquement pour le racheter. J’ai plus veillé à restituer les droits à notre Volonté offensée et rejetée qu’à la Rédemption elle-même, et je n’aurais pas agi en roi si j’avais mis mes créatures en sûreté en mettant ma Volonté de côté sans lui donner les droits auxquels elle a droit en lui restituant son Royaume parmi les créatures. Sois donc certaine que c’est pour un dessein si saint que tu souffres et pries.

            Après quoi je poursuivis mon immersion dans le divin Fiat et ressentais le besoin d’entrer dans sa mer pour y prendre les aliments nécessaires pour nourrir et conserver cette Volonté dans mon âme, le nouvel acte qu’il y maintient, et le besoin que je ressens également de maintenir ce nouvel acte continuel, ses infinis secours. Je baignais dans sa mer divine lorsque mon cher Jésus ajouta :

            Bienheureuse fille, la toute petite rivière de mon Vouloir qui est en toi ressent le besoin de se plonger dans la mer immense de ma Volonté. La créature qui vit dans mon Vouloir a en elle la petitesse de sa petite mer de mon Vouloir et son immense mer en dehors d’elle-même. Et la petite ressent le besoin de se plonger dans la grande afin d’agrandir toujours plus sa petite mer, et c’est ce qu’elle fait chaque fois qu’elle accomplit un acte dans ma Volonté. Elle vient alors se baigner dans la grande et prend ainsi la nourriture, les divins rafraîchissements qui font qu’elle se sent toute renouvelée d’une vie divine nouvelle, et comme ma Volonté possède la vertu communicative, elle ne laisse pas sortir la créature de cette grande mer sans la remplir à ras bord des actes nouveaux de sa Volonté. Tu vois par conséquent que ma Volonté attend tes actes pour te donner son bain et te communiquer les nouvelles prérogatives que tu ne possèdes pas encore. Et si tu pouvais savoir ce que signifie un nouveau bain dans la mer de mon divin Vouloir ! Chaque fois qu’une créature se sent renaître d’une vie nouvelle, elle acquiert une connaissance nouvelle sur Celui qui l’a créée, elle se sent plus aimée encore par son Père du ciel, et il s’élève en elle un amour nouveau pour Celui qu’elle aime. Bref, c’est alors la fille qui connaît et veut connaître encore mieux son Père, et ne veut rien connaître sans sa Volonté. C’est le divin Père qui appelle sa fille pour l’avoir avec lui afin d’en faire un de ses modèles. Par conséquent, sois attentive et ne laisse s’échapper aucun acte qui ne prenne possession dans mon Fiat suprême.

24.  17 septembre 1933 — Comment la Divine Volonté est le moteur et l’assaillante. Elle donne la vie, elle rappelle à la vie et fait se lever le souvenir de toute chose. Campement divin. Comment le mouvement de la Divine Volonté forme sa vie dans la créature.

       Je suis sous les vagues éternelles du divin Vouloir et il me semble qu’il veut que je fasse attention à ses vagues, que je les reconnaisse, que je les reçoive en moi, que je les aime afin qu’il me dise : « Je suis le Vouloir éternel. Je suis sur toi, je t’entoure de partout. J’investis ton mouvement, ta respiration et ton cœur pour les faire miens afin de me créer de l’espace et de pouvoir étendre ma vie en toi. Je suis l’immensité qui veut se restreindre dans la petitesse humaine. Je suis la puissance qui fait ses délices en formant ma vie dans la faiblesse créée. Je suis le Saint qui veut tout sanctifier. Regarde-moi bien et tu verras ce que je sais faire et ce que je ferai à ton âme. » Mon esprit était tout absorbé par le divin Vouloir quand mon toujours aimable Jésus me refit sa petite visite et me dit :

            Ma bienheureuse fille, ma Volonté est le moteur qui avec une constance de fer assaille la créature de tous côtés, de l’intérieur comme de l’extérieur, pour l’avoir à lui-même et opérer le grand prodige de former en elle sa vie divine. On peut dire qu’il l’a créée pour former et répéter sa vie en elle et cela à n’importe quel prix. Il tourne autour d’elle en toutes choses et semble lui dire : « Regarde, c’est moi. Je viens former ma vie en toi. » Et tel un assaillant, il l’attaque de tous côtés, à l’intérieur comme à l’extérieur, de sorte que la créature qui veut y faire attention ressent ma Divine Volonté déborder de partout en formant le prodige de sa vie divine et  personne ne peut résister à sa puissance. Et sais-tu ce que fait cette vie divine ? Elle redonne la vie, rappelle toute chose à la vie, tout ce qu’elle a fait dans cette vie et ce qui a été fait de bien par toutes les créatures. Elle rappelle le doux souvenir de ses œuvres comme si elles voulaient les répéter. Rien n’échappe à sa vie, elle sent la plénitude de toute chose et, oh ! combien la créature se sent heureuse, riche, puissante et sainte. Elle se sent revêtue de tous les actes bons des autres créatures et elle aime pour toutes, en glorifie le divin Fiat comme s’ils étaient les siens, et mon Vouloir sent que ses œuvres lui sont rendues par elle, c'est-à-dire l’amour, la gloire de ses œuvres divines, et elle répète par ce souvenir la gloire et l’amour des autres créatures. Oh ! combien d’œuvres tombées dans l’oubli, combien de sacrifices, combien d’actes héroïques oubliés au cours des générations humaines et auxquels on ne pense plus. Il n’y a donc plus la répétition continuelle de la gloire ni personne pour renouveler l’amour de ses actes, et ma Divine Volonté formant sa vie dans la petitesse humaine fait resurgir ce souvenir afin de donner et de recevoir, de centraliser toute chose en elle-même et former son divin campement. Par conséquent, sois attentive à recevoir ces vagues de mon Vouloir. Elles se déversent à nouveau sur toi afin de changer ton destin et si tu les reçois, tu seras sa bienheureuse créature.

            Après quoi je continuai à penser à la Divine Volonté et je me disais : « Mais comment cette vie divine peut-elle être formée dans l’âme ? » Et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, la vie humaine est composée de l’âme, du corps, de membres distincts les uns des autres, mais quel est le mouvement premier de cette vie ? : la volonté. Si bien que sans elle la vie ne pourrait ni accomplir de belles œuvres, ni acquérir des sciences, ni être capable de les enseigner. Par conséquent toute la beauté de la vie disparaîtrait de la créature et si elle possède beauté, héritage, valeur et talent, il faut l’attribuer au mouvement de l’ordre que la volonté maintient sur la vie humaine. Or, si ma Divine Volonté détient ce mouvement de l’ordre sur la créature, elle forme alors en elle sa vie divine. Ainsi, pourvu que la créature accepte de recevoir ce mouvement de l’ordre de ma Volonté en elle et autour d’elle comme premier mouvement de tous ses actes, déjà ma vie divine devient formée et occupe son poste royal dans les profondeurs de l’âme. Le mouvement est la vie et si le mouvement a son origine dans la volonté humaine, on peut l’appeler vie humaine. Si au contraire il a son commencement dans ma Volonté, on peut l’appeler vie divine. Tu vois combien il est facile de former cette vie, à condition que la créature le veuille. Je ne demande jamais des choses impossibles à la créature et je les facilite plutôt, les rendant adaptables et praticables avant de les demander. Et lorsque je les demande, afin de m’assurer qu’elle pourra faire ce que je lui demande, je m’offre à faire avec elle ce que je veux qu’elle fasse. Je peux dire que je me mets à sa disposition pour qu’elle puisse trouver force, lumière, grâce et sainteté non pas humaines, mais divines. Je ne vais pas là pour lui donner d’abord ce que je peux lui donner ni faire ce que je peux faire, mais dès que la créature fait ce que je veux, je lui donne avec une telle abondance qu’elle ne sent plus le poids, mais le bonheur du sacrifice, ce que ma Divine Volonté sait comment donner.

            Et tout comme la vie humaine maintient sa vie, ses membres distincts et ses qualités, notre Être suprême maintient lui aussi ses très pures qualités qui ne sont pas matérielles, car il n’existe en nous aucune matière qui forme notre vie. Sainteté, puissance, amour, lumière, bonté, sagesse, omniscience, immensité, etc., forment notre vie divine ; mais qu’est-ce qui constitue le mouvement qui régit, qui développe avec une incessante et éternelle motion toutes nos divines qualités ? : notre Volonté. Elle est le moteur, l’intendante qui donne à chacune de nos qualités une vie agissante. Si bien que sans notre Volonté, notre puissance serait sans exercice, notre amour sans manifestation, et ainsi de suite. Tu vois par conséquent combien tout est dans la Volonté et qu’en la donnant à la créature, nous lui donnons tout. Et comme les créatures sont nos petites images créées par nous, par notre souffle, de minuscules flammes d’amour répandues par nous dans toute la Création, que nous leur avons donné  une volonté libre unie à la nôtre afin de former les fac-similés voulus par nous, rien ne nous donne plus de gloire, d’amour et de satisfaction que de trouver notre vie, notre image, notre Volonté dans les œuvres que nous avons créées. Par conséquent, nous confions tout à la puissance de notre Fiat pour obtenir ce que nous voulons.

            Ma fille, tu dois savoir que tant dans notre Divinité et dans l’ordre surnaturel que dans l’ordre naturel des créatures, il y a une vertu de nature, une prérogative innée de vouloir produire la vie, des images qui lui ressemblent, et par conséquent un ardent désir de se retransmettre en vie et en œuvre qui la produisent. Il n’y a pas dans la Création une seule chose qui ne nous ressemble pas. Le ciel nous ressemble dans l’immensité, les étoiles dans la multiplicité de nos joies et de nos infinies béatitudes. Il y a dans le soleil la ressemblance de notre lumière, dans l’air celle de notre vie qui se donne à tous et à qui nul ne peut échapper même s’il le voulait, dans le vent qui se fait sentir tantôt avec véhémence et tantôt caresse doucement les créatures et les choses, mais elles ne le voient pas, tout comme dans notre puissance et notre omniscience nous voyons et nous entendons tout et tenons toutes choses entre nos mains et que pourtant elles ne nous voient pas. Bref, il n’y a rien qui n’ait une similitude avec nous, toute chose nous rend grâce et nous loue et chacune remplit son rôle pour faire connaître chaque qualité de son Créateur. Or dans l’homme, ce n’est pas seulement une œuvre que nous avons créée, mais c’est une vie humaine et une vie divine qui furent créées en lui. C’est pourquoi nous voulons et désirons ardemment reproduire en lui notre vie et notre image. Nous en arrivons à le submerger d’amour et lorsqu’il ne se laisse pas inonder, parce qu’il est libre, nous en sommes à le persécuter d’amour sans lui laisser trouver la paix dans tout ce qui nous échappe ; ne nous trouvant pas en lui, nous lui faisons une guerre incessante parce que nous voulons que notre belle image et notre vie soient reproduites en lui. Et comme toutes choses sont faites et greffées par nous, il existe également dans l’ordre naturel cette vertu de vouloir reproduire des choses et une vie similaires. Tu le vois dans la mère qui génère un enfant et elle veut ardemment le voir venir au jour semblable à ses parents, et si l’enfant leur ressemble, combien ils sont heureux ; ils s’en vantent et veulent le montrer partout ; ils l’élèvent dans leurs coutumes et leurs voies ; bref, cet enfant devient leur préoccupation et leur gloire. Mais par contre, si l’enfant ne leur ressemble pas, s’il est laid et difforme, oh ! combien d’amertume et de tourments. Et ils en viennent à dire dans leur grande tristesse : on dirait que cet enfant n’est pas de nous ni de notre sang. Humiliés et confus, ils voudraient presque le cacher pour que personne ne le voie, et cet enfant sera toute sa vie la torture de ses parents. Toute chose possède la vertu de reproduire des choses similaires : la semence produit d’autres semences, la fleur d’autres fleurs, l’oiseau d’autres petits oiseaux, etc. Ne pas reproduire des choses similaires, c’est aller contre la nature humaine et divine. Par conséquent, notre plus grand chagrin est que la créature ne soit pas semblable à nous, et seule celle qui vit dans notre Volonté peut être la joie, la porteuse de la gloire et du triomphe de notre œuvre créatrice.

25.  24 septembre 1933 — L’Humanité de Notre-Seigneur est le sanctuaire et la gardienne de toutes les œuvres des créatures. Comment l’amour ne dit jamais que c’est assez.

       Mon abandon dans le Fiat continue et je ne peux faire moins que ressentir le murmure de sa vie. Ne pas sentir ce murmure serait comme ne plus avoir de vie. Ce murmure donne la lumière et la force, il vous fait sentir sa vie qui réchauffe et vous transforme en elle. Divine Volonté, combien tu es aimable et admirable. Comment ne pas t’aimer ?  Je suivais ses œuvres qui refluaient vers moi pour m’aimer et me dire, nous sommes vos œuvres,  faites pour vous ; prenez-nous, possédez-nous et faites-les vôtres afin d’avoir dans ce que vous faites un modèle qui est le nôtre. Je suivais les œuvres de la Rédemption lorsque mon doux Jésus me retint et me dit :

            Ma bonne fille, il y a toujours eu dans toutes nos œuvres des excès d’amour envers l’homme et l’un n’attendait pas l’autre. Ce n’était pas assez que de descendre du ciel sur la terre, et par chacun de mes actes et chacune de mes souffrances, appeler la créature dans mon omniscience pour la serrer dans mes bras, la remodeler, pour la renouveler et lui donner la vie nouvelle que j’avais apportée du ciel ; je l’unissais à moi pour en faire la progéniture de mon Père céleste. Mais cela ne me suffisait pas encore et pour assurer encore sa sécurité, je fis de mon Humanité le dépositaire des œuvres, des sacrifices et des pas de l’homme. Vois comme je garde tout enfermé en moi et cela m’amène à l’aimer doublement dans chaque acte que l’homme accomplit. En m’incarnant dans le sein de la Vierge immaculée, j’ai formé mon Humanité en me constituant la tête de la famille humaine afin d’unir à moi toutes les créatures, d’en faire mes membres de sorte que tout ce qu’elles font est enclos dans le sanctuaire de ma sainte Humanité. Je conserve les biens, qu’ils soient petits ou grands, mais sais-tu pourquoi ? C’est qu’en passant par moi, je leur donne la même valeur que s’ils étaient mes œuvres, mes prières et mes sacrifices. La vertu de la Tête descend dans les membres, tout y est mélangé et je leur donne la valeur de mes mérites. Si bien que la créature se retrouve en moi et que moi qui suis la Tête, je me retrouve en elle. Mais peux-tu croire que mon amour ait dit ou dise encore que cela suffit ? Ah ! non. Il ne dira jamais c’est assez. La nature de l’amour divin est de toujours former de nouvelles inventions d’amour afin de donner et de recevoir de l’amour. S’il en était ainsi, il mettrait une limite et enfermerait notre amour dans un cercle divin. Mais non, notre amour est immense et par nature il doit toujours aimer. C’est pourquoi je veux que mon Humanité soit suivie par le champ immense de ma Divine Volonté qui accomplira des choses incroyables par amour pour les créatures. Tu vois ses connaissances et son désir de régner, et comment pourrait-elle sans régner dispenser ses surprises d’amour ? Par conséquent, sois attentive et tu verras que ma Volonté sait ce qu’il faut faire.

26.  1er octobre 1933 — Scènes ravissantes qui font le bonheur de Jésus dans l’âme qui vit en lui. Leur appel continuel vers Dieu et la créature.

      Le divin Vouloir ne me quitte jamais. Il me semble être toujours en moi et au-dehors de moi pour me surprendre et mettre son acte en tout ce que je fais. Que je prie, souffre, travaille et même si je dors, il veut me donner son divin repos dans mon sommeil. Il veut toujours avoir quelque chose à faire et en tout ce que je fais, il m’appelle pour me dire : « Fais-moi descendre dans les profondeurs de tes actes et je te ferai monter dans les hauteurs des miens. Nous serons en compétition, toi pour monter et moi pour descendre. » Mais qui pourra dire ce que la Divine Volonté me fait sentir dans mon âme, ses excès d’amour, sa condescendance, son continuel intérêt pour ma pauvre âme ? J’étais sous l’empire du divin Vouloir lorsque mon très grand Bien, Jésus, m’inondant à nouveau de lui-même, me dit :

            Ma bonne fille, rien ne m’émeut et ne me ravit autant que de voir la petitesse humaine sous l’empire de ma Volonté, le Divin dans l’humain, le grand dans le petit, le fort dans le faible qui se cachent l’un dans l’autre pour se conquérir l’un l’autre. La scène est si belle et si ravissante que j’y trouve les pures joies et le bonheur divin que la créature peut me donner, même si je sais qu’en fait, c’est ma propre Volonté qu’elle me donne par le canal de la volonté humaine. Si tu pouvais savoir quels délices j’y trouve, tu te laisserais toujours conquérir par ma Volonté. Je peux dire que je quitte le ciel pour connaître les joies très pures que ma Divine Volonté sait me donner dans le petit cercle de la créature sur la terre. Tu dois savoir que celle qui fait ma Volonté et laisse ma vie couler dans ses actes appelle continuellement Dieu et ses attributs, et il se sent continuellement appelé par la créature. Elle l’appelle tantôt parce qu’elle veut sa puissance, tantôt son amour, tantôt sa sainteté, sa lumière, sa bonté, sa paix imperturbable ; bref, elle l’appelle toujours parce qu’elle veut ce qui est de Dieu, et toujours il attend de pouvoir lui donner en retour ce qu’elle demande. Il se sent appelé et il l’appelle afin de lui dire : « Y a-t-il autre chose que tu veux avoir de mon Être divin ? Prends ce que tu veux. D’ailleurs, déjà alors que tu m’appelles, je prépare pour toi ma puissance, mon amour, ma lumière, ma sainteté, tout ce qui est nécessaire dans ton acte. » Si bien que Dieu appelle l’âme et l’âme appelle Dieu, et c’est un appel mutuel pour donner et pour recevoir. Et Dieu, afin de donner, forme la vie de ma Volonté dans la créature, la fait grandir et former le doux enchantement du Créateur lui-même. Un acte continuel possède ce pouvoir qui fait que Dieu ne sait comment se dégager de la créature, ni la créature de Dieu. Ils ressentent le besoin irrésistible de rester attachés l’un à l’autre et seule ma Volonté sait produire ces actes continuels qui jamais ne cessent et forment le caractère véritable de la vie dans ma Volonté. À l’inverse, un caractère changeant, une œuvre brisée, sont le signe d’un vouloir humain qui ne procure ni fermeté ni paix et ne sait produire qu’épines et amertumes. 

27.  15 octobre 1933 — Maîtrise de l’art divin. Le petit Paradis de Dieu. Labyrinthe de l’amour, vertu génératrice du Fiat. Dieu dans la puissance de la créature.

         Mon abandon dans le Fiat continue. Je sens son souffle omnipotent qui veut faire grandir et magnifier sa vie en moi. Il veut me remplir au point de réduire ma volonté humaine à un voile qui la recouvre. Et je me disais : « Mais pourquoi ce saint Vouloir tient-il tellement à former sa vie dans la créature au point de remuer ciel et terre pour arriver à ses fins, et quelle différence y a-t-il entre la Divine Volonté comme vie et la Divine Volonté comme effet ? » Et mon toujours aimable Jésus, me serrant dans ses bras avec une indescriptible bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, rien n’est plus beau, plus saint, plus agréable et plus propre à me plaire et à me glorifier que la formation de la vie de notre divin Vouloir dans la créature. En elle est alors créé un petit Paradis où notre Être suprême est ravi de descendre pour y faire son séjour. Nous avons alors deux Paradis au lieu d’un seul où nous trouvons nos harmonies, une beauté qui enchante, des joies très pures qui redoublent notre bonheur d’avoir formé une vie de plus dans le petit cercle de la créature. Si peu que ce soit et selon la capacité de la créature, nous trouvons dans ce Paradis tout ce qui nous appartient. La petitesse de la créature nous séduit d’autant plus et nous admirons l’art divin qui par la vertu de sa puissance a enclos ce qui est grand dans ce qui est petit. Nous pouvons dire qu’avec notre entrelacement d’amour, nous avons transmué les choses, plaçant les grandes dans les petites et les petites dans les grandes. Sans notre divin prodige, nous n’aurions pu former ni la vie ni le Paradis dans la créature, et cela te semble-t-il peu de chose que d’avoir une vie de plus et un autre Paradis à notre disposition pour nous féliciter plus encore ? Tu dois savoir que ni le ciel ni le soleil ni la Création tout entière ne nous ont autant coûté, et nous n’y avons pas non plus déployé autant d’art et de maîtrise ni autant d’amour qu’en formant la vie de notre Volonté dans la créature afin de nous créer un Paradis de plus où exercer notre maîtrise et trouver nos délices. Le ciel, le soleil, la mer, le vent et toutes choses parlent de Celui qui les a créés. Ils nous désignent, nous font connaître et nous glorifient, mais ils ne nous donnent pas une vie et ne forment pas non plus pour nous un autre Paradis. Ils ne servent que la créature en qui notre paternelle Bonté a promis de former notre vie, et cela nous coûte tant ; notre Fiat utilise sa vertu agissante et répétitive dans son Fiat continuel sur cette bienheureuse créature afin de la couvrir de l’ombre de sa puissance, si bien qu’un Fiat n’attend pas l’autre, de sorte qu’en soufflant sur elle, il dit Fiat, s’il la touche, il répète Fiat, s’il l’embrasse, il utilise son Fiat agissant et il la façonne et pétrit en elle sa vie divine. On peut dire que par son souffle il forme sa vie dans la créature et qu’avec sa vertu créatrice, il la régénère et forme en elle son petit Paradis. Et que ne trouvons-nous pas en elle ? Qu’il suffise de te dire que nous y trouvons tout ce que nous voulons, et ce tout est pour nous. Tu vois par conséquent la grande différence qu’il y a entre la vie de la Divine Volonté et son effet. Dans la vie de la Divine Volonté, les vertus, la prière, l’amour, la sainteté se convertissent tous en nature dans la créature ; ce sont des mouvements qui se forment toujours en elle de sorte qu’elle sent en elle la nature de l’amour, de la patience et de la sainteté, tout comme elle sent naturellement l’esprit qui pense, les yeux qui voient, la bouche qui parle, et cela sans effort de sa part parce que Dieu lui a donné ces mouvements par nature et elle se sent maître de les utiliser comme elle veut. Ainsi, en possédant la vie de la Divine Volonté tout est saint, tout est sacré. Les difficultés cessent, les inclinations au mal n’existent plus, et même si la créature change d’action en faisant tantôt une chose tantôt une autre, la vertu unitive de ma Volonté les unit et forme un seul acte avec la diversité d’autant de beautés que d’actes accomplis. Et la créature en arrive à sentir que son Dieu est tout à elle au point d’éprouver que dans l’excès de son amour, il s’est livré lui-même au pouvoir de la créature. En vertu de la Divine Volonté qu’elle possède en tant que vie, la créature ressent cette vie comme sa naissance, et la Divine Volonté  l’élève avec une telle finesse d’amour et de profonde adoration qu’elle en demeure naturellement absorbée dans son Créateur qui est déjà tout à elle ; et la plénitude de son amour et le bonheur qu’elle ressent sont tels, qu’incapable de les contenir elle voudrait donner à tous la vie de la Divine Volonté pour rendre tout le monde heureux et saint.

            Ce n’est pas le cas de la créature qui ne possède pas la vie de la Divine Volonté, mais seulement sa vertu et son effet. Tout est alors difficile et la créature en ressent le bien selon le temps et les circonstances ; que ces circonstances cessent et elle ressent le vide du bien et ce vide produit l’inconstance, le changement de caractère et la fatigue, elle ressent le malheur du vouloir humain, ne connaît plus la paix et ne peut la donner à personne. Elle ressent en elle le bien comme si elle sentait des membres disloqués ou en partie détachés dont elle n’est plus maîtresse et qui ne la servent plus. Ne pas vivre dans ma Volonté, c’est se faire esclave et ressentir tout le poids de l’esclavage.

28.  22 octobre 1933 — Jésus trouve son ciel dans la créature ; sa céleste Mère avec tous dans le Tout et le Tout en tous. La Divine Volonté se fait révélatrice et abandonne son Être divin à la créature.

       Je me sentais petite, petite au point de ne pas savoir comment faire un pas et après avoir communié, je ressentais le besoin de m’abriter comme une enfant dans les bras de Jésus pour lui dire : « Je t’aime, je t’aime beaucoup », sans pouvoir dire autre chose parce que trop petite et trop ignorante. Mais mon doux Jésus attendait que je dise autre chose et j’ajoutai : « Jésus, je t’aime avec l’amour de notre Maman du ciel. » Et Jésus me dit :

            Comme il est doux et rafraîchissant pour moi de me sentir aimé avec l’amour de la fille et de notre Maman. Je ressens sa tendresse maternelle, ses enthousiasmes d’amour, ses chastes embrassements et ses ardents baisers se déverser dans la fille, et la Mère et la fille m’aiment, elles m’embrassent et me serrent dans leurs bras dans une même étreinte. Retrouver la fille qui veut m’aimer avec ma céleste Mère et qui m’aime comme ma Maman, ce sont mes très purs délices, mes épanchements d’amour, et j’y trouve le plus agréable échange pour tous les excès de mon amour. Mais dis-moi, avec qui d’autre veux-tu m’aimer ?

            Et il se tut, attendant que je lui dise avec qui je voudrais aussi l’aimer. Et moi, presque un peu embarrassée, j’ajoutai : « Mon doux Jésus, je veux t’aimer avec le Père et le Saint-Esprit. » Mais il semblait ne pas encore être content, et je dis : « Je veux t’aimer avec tous les Anges et tous les Saints. ». Il me dit : « Et avec qui encore ? »  –  « Avec tous les voyageurs sur la terre et même jusqu’à la dernière créature qui existera en ce monde ; je veux te les amener tous et toutes choses, même le ciel, le soleil, le vent et la mer afin de t’aimer avec tous. » Et Jésus tout amour, au point qu’il semblait ne pas pouvoir en contenir les flammes, ajouta : 

            Ma fille, mon ciel dans la créature, la Sacro-Sainte Trinité qui abandonne son amour pour m’aimer avec la créature, avec les Anges et les Saints qui rivalisent entre eux pour abandonner leur amour afin de m’aimer avec elle, tel est le grand acte qui amène tout dans le Tout et le Tout en tout. Ta petitesse, tes voies infantiles dans ma Divine Volonté embrassent toute chose et toute créature ; tu veux tout me donner avec l’adorable Trinité elle-même, et comme tu es petite, personne ne veut rien te refuser. Et tous s’unissent à toi pour aimer avec la toute petite. En m’amenant tout dans le Tout et en m’aimant, tu diffuses le Tout en tous, et mon amour étant un lien d’union et d’inséparabilité, je trouve toute chose dans l’âme : mon Paradis, mes œuvres et toutes les créatures, et je peux dire que rien ne me manque, ni le ciel ni ma céleste Maman, ni le cortège des Anges et des Saints. Tous sont avec moi et tous m’aiment. Voilà les stratagèmes et les industries d’amour de la créature qui m’aime, qui appelle le tout, qui demande l’amour de tous afin de m’aimer et de me faire aimer par tous.

            Après quoi je continuai à penser au divin Vouloir, et mon doux Jésus ajouta :

            Ma bienheureuse fille, la créature qui possède la vie de ma Divine Volonté ressent en elle le mouvement divin, elle ressent le mouvement de Dieu dans le ciel. Notre mouvement est une œuvre, il est un pas, il est une parole ; il est toute chose, et comme notre Volonté est une avec celle de la créature, elle sent couler en elle le même mouvement avec lequel Dieu lui-même se meut.  Et puisque cette œuvre, ce pas et cette parole sont divins, ce que ma Volonté même fait en nous-mêmes, elle le fait aussi dans la créature. De telle sorte que la créature sent en elle non seulement la vie, mais la noblesse et la manière de Celui qui l’a créée, et elle ne ressent plus le besoin de lui demander sa Volonté puisqu’elle se sent elle-même possesseur de notre Volonté qui l’occupe, si bien qu’elle lui donne son amour pour aimer, sa parole pour parler, son mouvement pour se mouvoir et œuvrer, et, oh ! comme il est facile à la créature de savoir ce que ma Volonté veut d’elle. Il n’y a plus ni secrets ni rideaux pour la créature qui vit dans notre Volonté, mais tout est révélé et nous pouvons dire que nous ne pouvons pas nous cacher d’elle parce que notre même Volonté nous révèle déjà. Qui donc pourrait se cacher de soi-même, ne pas connaître ses propres secrets et ce qu’il veut faire ? Personne. On peut se cacher des autres, mais de soi-même, ce serait impossible. Telle est notre Volonté qui se fait elle-même révélatrice et éclaire la créature concernant ce qu’elle fait et ce qu’elle veut faire, et lui fait les grandes surprises de notre Être divin. Mais qui peut dire jusqu’où peut arriver la créature et tout ce qu’elle peut faire en possédant la vie de notre Divine Volonté ? La véritable transformation et consommation se produit alors avec la créature en Dieu, et Dieu prend  une part active et dit : « Tout est mien et je fais tout dans la créature. » C’est le véritable mariage divin dans lequel Dieu abandonne son Être divin à sa créature bien-aimée. Par contre, pour qui vit de la volonté humaine, il en est comme de l’homme qui descendant d’une noble famille prend pour épouse une créature grossière, fruste et mal élevée. Il échangera peu à peu ses belles et nobles manières pour des façons rustres et  bourrues et au point de ne plus se reconnaître lui-même. Quelle distance sépare une créature qui vit dans notre Volonté de celle qui vit de la volonté humaine ! Les premières forment le céleste Royaume sur la terre, enrichi de bonté, de paix et de grâces, et on peut les appeler la partie noble. Les secondes forment le royaume des révolutions, des discordes et des vices ; elles n’ont pas la paix et ne savent comment la donner.

29.  30 octobre 1933 — La Divine Volonté guide de l’âme, et l’âme rassembleuse des œuvres de son Créateur. Comment celle qui vit dans la Divine Volonté reçoit la transmission de ce qui a été fait premièrement par Dieu et qui lui est ensuite communiqué.

      Je faisais ma ronde dans la Création et il me semblait que toutes les choses créées voulaient avoir le grand honneur d’être offertes en hommage et à la gloire de leur Créateur. Je passais de l’une à l’autre et je me sentais si riche d’avoir tant de choses à donner à celui qui m’aime tant, et alors qu’il avait fait toute chose pour moi, me permettait de les lui donner afin de pouvoir lui dire : « Je vous aime par le moyen de vos œuvres qui sont imprégnées de votre amour et qui m’apprennent à vous aimer. » Je faisais cela lorsque Jésus mon très grand Bien me surprit et, toute bonté, il me dit :

            Comme il est beau de trouver notre fille au milieu de nos œuvres. Nous sentons qu’elle veut rivaliser avec nous ; nous avons créé toutes choses pour elle afin de l’aimer et nous lui avons tout donné pour qu’elle puisse les posséder et en profiter, qu’elles soient les narratrices de notre puissance et les porteuses de notre amour, et c’est pourquoi elle ressent en chaque chose créée notre amour qui l’entoure et l’embrasse, et qui en la modelant lui dit avec fermeté et tendresse « Je t’aime ». Elle sent nos embrassements d’amour quand nous la prenons sur notre Sein divin ; au milieu de tant d’amour elle se sent perdue et confuse, et pour rivaliser avec nous elle fait la même chose que nous en faisant descendre jusqu’à elle toutes ces choses créées, et se mettant en route avec chaque chose créée, elle ressent ce que nous faisons pour elle et combien nous l’aimons. Elle répète alors pour nous ce que nous faisons pour elle : elle répète pour nous nos étreintes amoureuses, nos ardents baisers, notre enthousiasme d’amour et, oh ! quel plaisir de voir la créature monter vers nous et nous apporter ce que nous lui avons donné avec tant d’amour. Notre Volonté lui sert de guide et l’amène jusqu’à nous pour faire l’échange de ce que nous avons donné. Si bien que la créature qui vit dans notre Volonté est la rassembleuse de toutes nos œuvres qu’elle apporte dans notre sein pour nous dire : « Je vous aime avec votre amour même, je vous glorifie au moyen de votre puissance. Vous m’avez tout donné et je vous donne tout. »

            Après quoi je continuai ma ronde dans la Divine Volonté et, arrivée au Paradis, je me disais : « Oh ! comme je voudrais avoir l’amour et l’adoration de l’Adam innocent pour être capable moi aussi d’aimer Dieu de l’amour même avec lequel la première créature fut créée par Dieu. » Et mon doux Jésus me surprit et me dit :

            Ma bienheureuse fille, celle qui vit dans ma Divine Volonté trouve en elle ce que tu cherches parce que de tout ce qu’elle fait, rien ne sort et tout demeure en ma Volonté, inséparable de celle dont elle forme la vie même. C’est pourquoi Adam n’a rien pu emporter avec lui de tout ce qu’il avait fait dans ma Divine Volonté. Tout au plus le doux souvenir de combien il avait aimé, des mers d’amour qui l’inondaient, des pures joies qu’il éprouvait et de ce qu’il avait fait dans notre Fiat augmentait-il encore son amertume. Un seul acte accompli dans notre Volonté, un amour, une adoration formée en elle, tout est si grand que la créature n’a pas la capacité de le contenir ni l’endroit où le mettre et, par conséquent, il n’y a que dans ma Volonté que ces actes peuvent être accomplis et possédés. C’est pourquoi la créature qui entre dans ma Volonté trouve en acte tout ce que l’Adam innocent a fait en elle, son amour, sa tendresse de fils envers son Père céleste, la divine Paternité qui recouvrait de tous côtés de son ombre son fils afin de l’aimer ; cette créature fait alors que tout lui appartient et elle aime, adore et répète ce que l’Adam innocent a fait. Ma Divine Volonté ne change ni ne se transforme. Ce qui fut, est et sera. Pourvu que la créature entre dans ma Volonté et qu’elle ait sa vie en elle, ma Volonté ne fixe ni limites ni restrictions. Elle dit au contraire : « Prends tout ce que tu veux, aime-moi comme tu le veux ; dans mon Fiat, ce qui est à toi et à moi. » Ce n’est qu’en dehors de ma Volonté que commencent les divisions, les séparations, les distances et le commencement de ta vie et de la mienne. Tu dois savoir au contraire que tout ce que la créature fait dans notre Volonté devient premièrement fait en Dieu, et par ces actes la créature reçoit en elle la transmission de l’amour et des actes divins, et elle continue de faire ce qui a été fait dans notre Être suprême. Quelles sont belles ces vies qui reçoivent la transmission de ce qui a été premièrement fait en nous. Ce sont nos plus belles œuvres, les magnificences de la Création, le ciel, le soleil leur sont inférieures. Elles les surpassent toutes, elles sont les saintetés absolues décidées par nous, elles ne peuvent pas nous échapper. Nous leur donnons tant de nous-mêmes que nous les submergeons de nos biens de telle sorte que l’on ne trouve pas en elle le vide pour penser si elle doit correspondre ou non, parce que le courant de lumière et d’amour divin la maintient assiégée et fusionnée à son Créateur. Et nous lui donnons une telle connaissance des choses qui sert son libre arbitre qu’elle ne fait rien par force, mais d’une volonté spontanée et résolue. Ces célestes créatures sont notre occupation, notre œuvre continuelle ; elles nous tiennent toujours occupés parce que notre Volonté ne sait pas être oisive, parce qu’elle est vie, travail et mouvement éternels. C’est pourquoi la créature qui vit en elle a toujours à faire et donne toujours à faire à son Créateur.

30.  10 novembre 1933 — Comment la Divine Volonté ne change ni d’action ni de façon de faire ; ce qu’elle fait au Ciel, elle le fait sur la terre ; son acte est universel et unique. Celle qui ne vit pas dans ma Volonté réduit le divin Artisan à l’oisiveté et elle échappe à ses mains créatrices.

         Mon pauvre esprit semble ne pas pouvoir faire autre chose que penser à la Divine Volonté. Je ressens sur moi une force puissante qui ne me laisse pas le temps de penser et de vouloir autre chose que ce Fiat qui est tout pour moi, et je me disais : « Oh ! comme je voudrais vivre dans la Divine Volonté comme on vit au Ciel. » Et mon doux Jésus m’a fait une petite visite surprise et m’a dit :

            Ma bienheureuse fille, dans ma céleste Patrie règne l’acte unique et universel, un avec la volonté de tous, de sorte que l’un veut ce que les autres veulent. Personne ne change d’action ni de volonté, chaque bienheureux ressent mon Vouloir comme sa propre vie et comme tous ont une seule et même volonté, elle forme la substance du bonheur du ciel tout entier. D’autant plus que ma Divine Volonté ne peut ni ne sait accomplir des actes interrompus, mais uniquement des actes continuels et universels. Et comme ma Volonté règne parfaitement et triomphalement, tous ressentent comme de nature sa vie universelle, et tous sont remplis à ras bords de tous les biens qu’elle possède, chacun selon sa capacité, et du bien que chacun a fait durant sa vie. Mais personne ne peut changer ni de volonté, ni d’action, ni d’amour. La puissance de ma Divine Volonté maintient tous les bienheureux absorbés, unifiés et fusionnés en elle, comme s’ils ne faisaient qu’un. Mais peux-tu croire que l’acte universel de ma Volonté, sa vie palpitante et sa communicabilité à chaque créature ne s’étendent que dans le Ciel ? Non, non. Ce que ma Volonté fait au Ciel, elle le fait aussi sur la terre, sans changer d’action ni de manière. Son acte universel s’étend à chaque voyageur sur la terre et la créature qui vit en elle ressent sa vie divine, sa sainteté, son cœur incréé qui, en se constituant vie de la créature, se déverse toujours en elle par son mouvement incessant, sans jamais s’arrêter, et l’heureuse créature qui la laisse régner la ressent partout, en elle et au-dehors. Son acte universel l’entoure de tous côtés de sorte qu’elle ne peut sortir de ma Volonté qui la tient toujours occupée à recevoir en lui donnant continuellement, de sorte qu’en voulant ma Volonté, elle n’a pas le temps de rien faire d’autre ni de penser à autre chose. C’est pourquoi la créature peut dire et être convaincue que l’on vit au ciel comme on vit sur la terre. L’endroit seul est différent, mais un est l’amour, une la Volonté et une l’action. Mais sais-tu qui ne ressent pas la vie du ciel dans son âme, ni l’acte universel ni la force une de ma Volonté ? Les créatures qui ne se laissent pas dominer par elle et ne lui laisse pas la liberté de régner, de sorte que l’action, l’amour et la volonté changent à tous moments. Mais ce n’est pas ma Volonté qui change, elle ne peut pas changer. C’est la créature qui change, parce que vivant de la volonté humaine, elle ne possède pas la vertu ni la capacité de recevoir l’acte unique et universel de ma Volonté et la pauvre petite se sent changeante, sans fermeté dans le bien, toujours comme un roseau vide qui n’a pas la force de résister au moindre souffle de vent. Les circonstances, les rencontres, les autres créatures sont le vent qui l’a fait se retourner tantôt vers une action, tantôt vers l’autre, et on la voit par conséquent tantôt triste, tantôt heureuse, tantôt remplie de ferveur, tantôt pleine de froideur, tantôt inclinée aux vertus et tantôt aux passions. Bref, lorsque cessent les circonstances, l’acte cesse lui aussi. Oh ! volonté humaine ! Comme tu es faible, changeante et pauvre sans ma Volonté parce qu’il te manque alors la vie du bien qui devrait animer ta volonté, et la vie du ciel est loin de toi. Ma fille, il n’est pas de plus grande disgrâce, ni de mal qui mérite plus de pleurs, que de faire sa propre volonté.

            Après quoi je pensai : « Mais pourquoi Dieu tient-il autant à ce que l’on fasse la Divine Volonté ? » Et mon toujours aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, veux-tu savoir pourquoi je tiens tant à ce que l’on fasse ma Volonté ? Parce que c’est la raison pour laquelle j’ai créé la créature, et en ne la faisant pas, elle brise le dessein pour lequel je l’ai créée, elle m’enlève les droits qu’avec raison et divine sagesse j’ai sur elle, et elle se dresse contre moi. Cela ne te semble-t-il pas grave que des enfants se dressent contre leur Père ? Et puis, j’ai créé la créature afin qu’elle puisse être et former la matière première entre mes mains afin d’avoir le plaisir de former de ce matériau mes plus grandes et mes plus belles œuvres pour qu’elles puissent me servir et orner ma céleste Patrie, et recevoir d’elles ma plus grande gloire. Et voilà que ce matériau s’échappe de mes mains ; il se dresse contre moi et avec tous ces matériaux que j’ai formés, je ne peux pas exécuter mes œuvres, je suis réduit à l’oisiveté parce que ma Volonté n’est pas en eux. Ils ne se prêtent pas à recevoir mes œuvres, ils deviennent durs comme pierre et peu importe les coups qu’ils reçoivent, ils n’ont pas la souplesse nécessaire pour recevoir la forme que je veux leur donner. Ils se brisent, se réduisent en poussière sous les coups, mais je ne parviens pas à former le plus petit objet et je reste là comme un pauvre artisan qui, après avoir formé tant de matières premières, or, fer, pierre, les prend entre ses mains afin de former les plus belles statues, et ces matériaux ne s’y prêtent pas. Au contraire, ils se mettent contre lui et il ne parvient pas à développer son art merveilleux, de sorte que les matériaux ne servent qu’à encombrer l’espace et non à réaliser ses grands desseins. Oh ! combien cette inactivité pèse à cet artisan. Je suis cet artisan, parce que ma Volonté n’étant pas dans les créatures, elles ne sont pas capables de recevoir mes œuvres, et il n’y a personne pour les attendrir, personne qui les prépare à bien recevoir ma vertu créatrice et opérante. Et si tu pouvais savoir ce que signifie être capable de faire quelque chose, avoir les matériaux pour le faire, sans être en mesure de faire quoi que ce soit, tu pleurerais avec moi devant un tel chagrin, pour un affront si grave. Cela te semble-t-il peu de chose de voir tant de créatures qui encombrent la terre, et parce qu’elles n’ont pas en elles la vie opérante de ma Volonté, il ne m’est pas possible de développer mon art et de faire ce que je veux ? Par conséquent, aie bien à cœur de faire que ma Divine Volonté vive dans ton âme, car elle seule sait comment disposer les âmes à recevoir tout le potentiel de mon art, et ainsi tu ne réduiras pas ton Jésus à l’inaction, et je serai l’ouvrier diligent pour former de toi ce que je veux.

Gloire à Dieu toujours et à jamais.