No 41 à 54

41.  10 juin 1935 — Pluie d'amour que Notre-Seigneur déverse de l'intérieur des choses créées sur les créatures. Comment il se dédouble dans la créature et se voit égalé dans son amour.

       Je faisais ma ronde dans les actes de la Divine Volonté et mon doux Jésus faisait pleuvoir sur moi une pluie d'actes d'amour, et alors que le soleil tournait dans le ciel, dans le vent et dans toutes les autres choses créées, une pluie d'actes d'amour tombait sur moi. Être aimée par Dieu est le plus grand des bonheurs ; c'est la plus belle gloire qui puisse être au ciel et sur la terre, et je ressentais également l’extrême besoin de l'aimer. Oh ! comme je voudrais être Jésus lui-même pour faire pleuvoir sur lui ma pluie d'amour. Mais hélas, je sentais la grande distance, car les œuvres en lui sont réelles alors que dans ma petitesse, je devais utiliser ses œuvres pour lui dire que je l'aimais, de sorte que mon amour en était réduit à un désir, et j'étais malheureuse parce que je ne l'aimais pas comme lui pouvait m'aimer. Je pensais cela lorsque Jésus, mon très grand bien, avec un amour et une bonté indescriptibles, me dit :

            Ma bienheureuse fille, ne sois pas malheureuse. Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de compenser pour toute chose et de me faire aimer par l'amour de la créature ? Lorsqu'il est question d'amour, je ne rends jamais la créature malheureuse parce que l'amour est une de mes passions ; mais sais-tu ce que je fais pour rendre heureuse celle qui m'aime ? Je me dédouble pour prendre place en chaque chose créée et je fais pleuvoir l'amour, puis je prends place dans la créature et je lui donne la vertu de faire pleuvoir son amour sur moi ; je fais sien l'amour que je lui donne et c'est avec justice qu'elle peut me le donner comme si c'était le sien. J'ai la satisfaction qu'elle m'aime comme je l’ai aimée et bien que je sache que cet amour est le mien, cela m’importe peu, car je ne suis pas avare. Mais ce qui m'importe est que la créature veut m'aimer comme je l'aime et qu'elle voudrait pouvoir faire pour moi ce que j'ai fait pour elle. Cela me suffit et je suis heureux de pouvoir lui dire : Tu m'as aimé comme je t'ai aimée. De plus, tu dois savoir que j'ai créé un univers tout entier pour en faire don à la créature et que je suis resté en chaque chose créée pour faire tomber sur elle une pluie d'amour. Si la créature reconnaît dans ce don le grand amour que son Créateur a pour elle, alors le don lui appartient, la pluie de notre amour est pour elle. C'est pourquoi lorsqu'elle nous les redonne avec tout son amour, nous nous sentons aimés de la même manière et nous lui faisons à nouveau ce don pour qu'il y ait entre nous un continuel échange d'amour. Si tu pouvais savoir à quel point je suis heureux et combien mon amour est touché en sentant que tu répètes que tu m'aimes, que tu m'aimes en chaque chose créée, que tu m'aimes dans ma conception, dans ma naissance, dans chaque larme de mon enfance. Tout est orné pour moi de ton amour. En chaque souffrance, en chaque goutte de sang, je ressens la vie de ton amour, et afin de te le rendre, en chaque chose que j'ai faite dans ma vie ici-bas, je forme une pluie d'amour. Oh ! si tu pouvais savoir combien d'amour je déverse sur toi. Il y en a tant que dans l'enthousiasme de mon amour je l'embrasse en toi, et combien je suis heureux de voir que tu sens mes embrassements et mes baisers ; et j'attends les tiens afin d'être payé de retour pour un tel amour.

            Après quoi je poursuivais mon abandon dans le Vouloir suprême et me tournant vers l’étendue du ciel qui sert de plancher et de tabouret à la céleste Patrie, et de voûte aux voyageurs d’ici-bas, cette voûte azurée me semblait jouer un double office ; elle servait de plancher somptueux à ceux qui l’habitaient et de voûte royale aux voyageurs d’ici-bas, unissant les uns et les autres afin que ce puisse être la Volonté et l’amour de tous. C'est pourquoi, me prosternant avec le ciel, j'appelais ceux d'en haut et ceux de la terre pour adorer mon Créateur en nous prosternant tous ensemble, pour que ce soit l'adoration, l'amour et la Volonté de tous. Je faisais cela lorsque mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, le premier devoir de la créature est d'adorer celui qui l'a créée, et le premier acte qui dit la sainteté est un devoir. Le devoir appelle l'ordre, et l'ordre fait naître la plus belle des harmonies entre le Créateur et la créature ; harmonie de volonté, harmonie d'amour, de manière et d'imitation. Le devoir est la substance de la sainteté, et comme toutes les choses créées possèdent par nature l'empreinte d'une véritable adoration, la créature qui s’unit aux choses créées peut rendre la plus parfaite adoration à celui qui l'a créée. Chaque chose créée est une profonde adoration qu'elle envoie à celui qui l'a créée. La créature unie aux choses créées, en vertu de notre Vouloir, les met toutes en adoration, rendant à Dieu le devoir de chacune et s'élevant au-dessus de toutes, elle nous les apporte et vient palpiter dans notre battement de cœur et respirer dans notre souffle. Oh ! combien sont doux et agréables ce battement et ce souffle. Et nous respirons dans son souffle en lui donnant un battement divin et un souffle de vie, héritage et croissance de notre Être suprême dans la créature. Et voilà que le devoir d'adoration fait naître le premier devoir de l'acte de la créature, donner vie à son Créateur dans sa propre âme. Elle lui accorde le règne, la liberté de se former lui-même, de palpiter et de respirer, de la remplir d'amour afin de pouvoir dire avec des faits : Cette créature est porteuse de son Créateur et elle me laisse faire ce que je veux ; cela est si vrai que je possède son battement de cœur ; tout ce qui est à elle est à moi et tout ce qui est à moi est à elle ; j'occupe le poste d'amour en elle et elle occupe le poste d'honneur en moi. Si bien que le ciel et la terre se donnent le baiser de paix et d'union permanente.

42.  17 juin 1935 — Comment Dieu, en accordant aux hommes le libre arbitre, s'est mis à notre disposition. Il s'adapte à la créature comme s’il avait besoin d'elle. Les conditions d'amour dans lesquelles Dieu s'est placé lui-même par amour pour les créatures.

      Je faisais ma ronde dans le divin Vouloir et je m'arrêtai dans tout ce que ma céleste Maman avait fait dans la Divine Volonté. Le divin Fiat se dédoublait, se multipliait pour former un enchantement de beauté, de grâce et d'œuvres qui ne laissaient pas seulement le ciel et la terre stupéfaits, mais Dieu lui-même, en se voyant enclos dans la Reine souveraine et œuvrer divinement en elle comme en lui-même. Oh ! comme j'aurais aimé pouvoir donner moi-même à mon Dieu toute la gloire que la Dame souveraine lui donnait par tous ses actes que la volonté humaine avait accomplis dans le sanctuaire, dans le secret, sous les voiles de la Dame immaculée. Mais je pensais cela lorsque mon très grand bien, Jésus, me surprit par une brève visite et me dit :

            Ma petite fille de mon divin Vouloir, il n'y a pas de notre part de prodige, de bonté, d'amour ou de magnanimité comparables à notre descente dans les profondeurs de la volonté humaine pour y travailler en Dieu que nous sommes, comme si nous travaillions en nous-mêmes. C'est pourquoi notre infinie Sagesse, dans un excès d'amour envers la créature, lui a donné son petit libre arbitre. En lui donnant ce libre arbitre, nous nous sommes mis à sa disposition, si elle veut que nous descendions dans sa petitesse et sa bassesse et que notre Volonté fasse en elle ce qu'elle peut faire dans notre Être suprême. Ce don du libre arbitre à la créature a été le plus grand prodige, un amour sans égal. Nous nous sommes assujettis à elle comme si nous voulions dépendre de la créature pour le bien et l’œuvre que nous voulions accomplir en elle. C'est une marque d'amour insurpassable que de laisser à cette volonté son libre arbitre pour que la créature puisse nous dire : « Vous êtes venus dans ma maison et je dois venir dans la vôtre. C'est pourquoi vous faites ce que vous voulez en moi, et vous me laissez faire ce que je veux en vous. » Tel est l'accord que nous avons conclu entre la créature et nous. En lui donnant le libre arbitre, la créature pouvait nous dire qu'elle nous donnait quelque chose qu'elle avait en son pouvoir. N'est-ce pas là une magnanimité, un amour qui surpassent tout et que seul notre Être suprême pouvait et voulait accorder ? Mais ce n'est pas tout. Notre amour contemplait avec plaisir ce libre arbitre de la créature et il forma de nombreux centres où se dédoubler lui-même pour y former des Royaumes où nous manifester dans nos œuvres divines, les multipliant à l’infini, sans restriction et sans limites, œuvrant divinement dans ces centres comme si nous étions en nous-mêmes. Plus encore, c'est dans les petites volontés humaines que notre amour se manifestait le plus. Sa puissance y était plus grande parce qu'il est plus difficile de restreindre notre immensité dans le petit cercle des volontés humaines. C'est presque mettre une limite à notre puissance que de nous abaisser dans les profondeurs du vouloir humain et de nous sentir dans la créature parce que nous voulions qu'elle travaille avec nous, comme si elle s'adaptait à nous, et nous devions nous adapter à elle. Notre amour est si grand qu'il s'adaptait également à ses manières humaines, et cela nous donnait plus à faire ; notre amour aime jusqu'à l'excès cette volonté humaine qui lui permet de régner librement. Par contre, lorsque nous travaillons en dehors du cercle humain, qui sait ce que nous pouvons faire ; nous avons une immensité qui peut parvenir à toute chose, un pouvoir sans limites qui peut tout, et comme nous sommes capables de tout, nous ne travaillons pas en faisant les œuvres les plus grandes ; il suffit que nous le voulions et en un instant nous faisons tout. Mais lorsque nous voulons travailler dans la créature, presque comme si nous avions besoin d'elle, nous devons la séduire, nous devons lui dire tout le bien que nous voulons pour elle et ce que nous voulons faire. Nous ne voulons pas une volonté forcée, par conséquent, nous voulons qu'elle le sache et nous ouvre spontanément les portes, en se sentant honorée de notre travail dans sa volonté. C'est dans ces conditions que notre amour nous a placés dans la création de l'homme ; il l'aimait tellement qu'il en arriva à lui donner le libre arbitre pour qu'il puisse dire : « Je peux donner à mon Créateur. » C'est pourquoi la gloire et le bonheur que la créature me donne lorsqu'elle me laisse travailler dans sa volonté sont si grands que personne ne peut le comprendre. C'est notre propre gloire et notre honneur qu'elle nous donne. Notre vie court dans tous ses actes et notre amour peut dire : « Je donne Dieu à Dieu. » C'est le point le plus élevé que la créature puisse atteindre. C'est l'amour le plus excessif où peut en arriver un Dieu. Oh ! si les créatures pouvaient comprendre l'amour, le grand don que nous leur faisions en leur donnant une volonté libre. Ce don les élevait au-dessus du ciel, du soleil, de l'univers entier. Je peux faire avec eux tout ce que je veux sans rien demander à personne. Mais avec la créature, je m'abaisse, je lui demande avec amour une petite place dans sa volonté pour y travailler et y faire quelque bien. Mais hélas ! beaucoup me le refusent et rendent ma Volonté inopérante dans la volonté humaine. Ma peine est infinie devant une telle ingratitude. Or, lequel admirerais-tu le plus entre un roi qui travaille dans un palais où il règne et commande à tout le monde, fait du bien à tous, un palais où tous font ce que veut ce roi, ou bien alors un roi qui descend dans les profondeurs d'un taudis et fait ce qu'il ferait dans son palais ? N'est-il pas plus admirable, n'est-ce pas un plus grand sacrifice, une plus grande intensité d'amour de travailler comme roi dans un petit taudis que dans un palais ? Dans le palais, toutes les choses se prêtent à le laisser travailler comme roi. Par contre, dans le taudis, le roi doit s'adapter et s'efforcer de faire tout ce qu'il ferait dans son palais. C'est là où nous en sommes. Travailler dans le palais de notre Divinité, faire de grandes choses, cela est dans notre nature. Mais faire ces choses dans le taudis du vouloir humain, cela tient de l'incroyable ; c'est l'excès de notre très grand amour.

43.  8 juillet 1935 — Inséparabilité d’avec son Créateur de celle qui vit dans la Divine Volonté. La Reine du ciel avec Jésus dans l’institution du très saint Sacrement. Les enfants de la Divine Volonté seront les soleils et les étoiles qui couronneront la souveraine Dame céleste.

        Il me semble ne pas pouvoir trouver de repos sans m'abandonner dans les bras de la Divine Volonté qui me plonge dans sa mer interminable où je trouve ce qu'elle a fait par amour pour les créatures. Je m'arrête tantôt à un point et tantôt à un autre de ses œuvres multiples pour les admirer, les aimer, les embrasser et la remercier pour tant de magnificence et d'industries amoureuses envers nous, misérables créatures. Mais durant ma tournée, je me suis retrouvée avec surprise devant la grande Dame, notre Reine et notre Maman, la plus belle œuvre de la sacro-sainte Trinité. Je restais à la contempler, mais je ne trouve pas de mots pour dire ce que je comprenais, et mon aimable Jésus, avec une douceur et un amour indescriptibles, me dit :

            Ma fille, que ma Maman est belle. Son empire s'étend partout, sa beauté ravit et enchaîne, il n'est pas un être qui ne tombe à genoux pour la vénérer. La Divine Volonté l’a faite ainsi pour moi, elle l’a rendue inséparable de moi de sorte qu'il n'y a pas un seul acte que la Reine souveraine n'ait accompli sans moi. La puissance de ce divin Fiat prononcé par moi et par elle, ce Fiat qui m'a conçu dans son sein virginal en donnant vie à mon Humanité, ce Fiat est toujours le même, et dans toutes mes œuvres, le divin Fiat de ma Mère possédait le droit de mon divin Fiat pour faire ce que je faisais. Tu dois savoir que lorsque j'ai institué le sacrement de l'Eucharistie, son divin Fiat était présent avec le mien et c'est ensemble que nous avons prononcé le Fiat de la transsubstantiation du pain et du vin en mon Corps, Sang, Âme et Divinité. Puisque je voulais son Fiat dans la Conception, je le voulais aussi dans cet acte solennel qui marquait le commencement de ma vie sacramentelle. Qui aurait eu le cœur de tenir ma Maman à l'écart d'un acte qui témoignait d'un excès d’amour si exubérant qu'il tient de l'incroyable ! Non seulement était-elle avec moi, mais je la constituai Reine d'amour de ma vie sacramentelle, et avec l'amour d'une vraie Mère, elle m'a offert à nouveau son sein pour me défendre et y trouver réparation contre les horribles ingratitudes et les énormes sacrilèges que j'allais malheureusement recevoir dans ce Sacrement d'amour. Ma fille, c'est là mon dessein. Je veux que ma Volonté soit la vie de la créature pour l'avoir avec moi, pour qu'elle aime avec mon amour, œuvre dans mes œuvres. Bref, je veux sa compagnie dans mes actes ; je ne veux pas être seul et s'il n'en était pas ainsi, à quoi servirait d’appeler la créature dans ma Volonté si je devais rester le Dieu isolé, et elle rester toute seule sans prendre part à nos œuvres divines ? Et non seulement dans l'institution du très saint Sacrement, mais dans tous les actes que j'ai accomplis durant tout le cours de ma vie, en vertu de ce Vouloir unique qui nous animait, ce que j'ai fait, ma Maman l'a fait elle aussi. Si je faisais des miracles, elle était avec moi pour opérer le prodige. Je sentais dans la puissance de ma Volonté la souveraine Dame du ciel qui avec moi ramenait les morts à la vie ; et si je souffrais, elle souffrait avec moi. J'avais sa compagnie en toutes choses et ses œuvres et mes œuvres fusionnaient ensemble. Voilà le très grand honneur que mon Fiat lui donnait, l'inséparabilité d'avec son Fils, l'unité avec ses œuvres. La Vierge était la très grande gloire qui témoignait de moi, si bien qu'elle reçut le dépôt de mes œuvres accomplies dans son Cœur maternel pour en garder jalousement même le souffle. Cette unité de la Volonté et des œuvres enflammait un tel amour entre nous qu'il était suffisant pour mettre le feu à l'univers tout entier et à le consumer d’un pur amour.

            Jésus garda le silence et je restais dans les mers de la céleste Dame souveraine, mais qui peut dire ce que je comprenais ? Et mon très grand bien Jésus reprit la parole :

            Ma fille, que ma Maman est belle ! Sa Majesté enchante ; même les cieux s'inclinent devant sa Sainteté ; ses richesses sont interminables et incalculables ; personne ne peut prétendre lui ressembler. Elle est par conséquent Dame, Mère et Reine. Mais sais-tu quelles sont ses richesses ? Les âmes. Chacune a plus de valeur qu'un monde tout entier et aucune n'entre dans le ciel si ce n'est à travers elle et en vertu de sa Maternité et de ses souffrances, de sorte que chaque âme est sa propriété et que l'on peut en vérité lui donner le nom de vraie Dame. Tu vois par conséquent combien elle est riche. Ses richesses sont spéciales ; elles sont pleines de vies qui racontent, d'amoureux qui exaltent la céleste Dame. Elle est la Mère d'innombrables enfants, la Reine qui aura son peuple dans le Royaume de la Divine Volonté. Ses enfants et ce peuple formeront sa plus radieuse couronne, certains comme un soleil, d'autres comme des étoiles qui couronneront son auguste Tête d'une beauté propre à ravir le ciel tout entier. C'est ainsi que les enfants du Royaume de ma Divine Volonté seront ceux qui lui rendront les honneurs dus à une Reine et se transformeront en soleils qui formeront pour elle la plus belle des couronnes. Oh ! si l'on pouvait comprendre ce que signifie vivre dans mon Vouloir, combien de divins secrets seraient révélés, combien de découvertes sur leur Créateur. C'est pourquoi tu dois préférer mourir plutôt que ne pas vivre dans ma Divine Volonté.

44.  14 juillet 1935 — Certitude du Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Vent impétueux qui purifiera les générations. La Reine du ciel placée à la tête de ce Royaume.

         Mon esprit retourne toujours dans la mer interminable du divin Vouloir qui murmure en souriant avec amour à la créature et veut ses sourires d'amour. Il ne veut pas que la créature reste en arrière sans s'associer avec lui. Non pas pour faire ce que fait la Divine Volonté lorsque l'on vit en elle, ce qui est presque impossible, mais qui peut dire ce que ressent la créature dans cette mer divine ? La pureté de ses baisers, sa chaste étreinte qui infuse une paix céleste, une vie divine, une force d'âme propre à conquérir Dieu lui-même. Oh ! comme je voudrais que tous puissent en faire expérience, et venir vivre dans cette mer ; assurément ils n’en sortiraient jamais. Mais en pensant à cela je me disais : Comment savoir qui le verra lorsque le Royaume du divin Fiat viendra ? Oh ! comme cela me paraît difficile. Et mon bien-aimé Jésus m'a fait sa petite visite et m'a dit :

            Ma fille, et pourtant il viendra. Ta mesure est humaine ; c'est celle des tristes temps des générations présentes et par conséquent cela te semble difficile. Mais les mesures de l'Être suprême sont divines et si longues que ce qui paraît impossible à l'être humain est pour nous facile. Il nous suffira de faire se lever un vent impétueux qui purifiera l'air malsain de la volonté humaine et emportera toutes les tristes choses de ces temps. Il en fera un tas qu'il dispersera comme de la poussière emportée par un vent impétueux. Notre vent sera si fort qu'il ne sera pas facile de lui résister, d'autant plus que ses vagues seront remplies de grâces, de lumière et d'amour qui submergeront les générations humaines, et elles se sentiront transformées. Combien de fois une tempête n'a-t-elle pas ravagé une ville tout entière, transportant des hommes, des arbres, de la terre et des eaux à de grandes distances sans que rien ne puisse s'y opposer ? Que dire alors d'un vent divin, voulu et décrété par nous avec notre force créatrice ? Et puis il y a la Reine du ciel qui prie continuellement avec son empire pour que le Royaume de la Divine Volonté arrive sur la terre ; et quand lui avons-nous jamais refusé quoi que ce soit ? Ses prières sont pour nous des vents impétueux auxquels nous ne pouvons résister et la force même qu'elle possède de notre Volonté est pour nous un empire, un commandement. Elle a pleinement le droit de demander que ce qu'elle possède au ciel vienne sur la terre. Elle peut donc donner ce qui lui appartient, d'autant plus que ce Royaume sera appelé le Royaume de la céleste Impératrice. Elle sera comme une Reine au milieu de ses enfants sur la terre ; elle mettra à leur disposition des mers de grâces, de sainteté, de puissance. Elle mettra en fuite tous les ennemis, elle élèvera ses enfants dans son sein, elle les cachera dans sa lumière, les couvrant de son amour, les nourrissant de ses propres mains avec la nourriture de la Divine Volonté. Que ne fera-t-elle pas, cette Mère et cette Reine au milieu de son Royaume, de ses enfants et de son peuple ? Elle accordera des grâces inouïes, des surprises encore jamais vues, des miracles qui ébranleront le ciel et la terre. Nous lui laisserons le champ libre parce qu'elle formera pour nous le Royaume de notre Volonté sur la terre. Elle sera le guide, le vrai modèle, et le Royaume de la céleste Reine souveraine sera pur. Par conséquent, prie toi aussi avec elle et, en son temps, vous obtiendrez ce que vous demandez.

45.  21 juillet 1935 — Les souffrances les plus intimes et les plus douloureuses de Jésus sont les attentes, les inventions et les délires de l'amour.

     Je suis entre les bras de la Divine Volonté, mais avec un clou dans le cœur en raison de la privation de mon doux Jésus. J'attends et j'attends encore, et cette attente est la souffrance qui me torture le plus. Les heures me semblent des siècles, les jours sont interminables et si jamais devait me venir à l’esprit le doute que ma chère vie, mon doux Jésus, ne viendrait plus, oh ! alors je ne sais pas ce qui m'arriverait. Je veux sortir de moi-même, de la Divine Volonté elle-même qui me garde emprisonnée sur cette terre, et m'envoler avec délice vers le ciel ; mais même cela je ne peux pas le faire parce que ses chaînes sont si solides qu'elles ne peuvent se briser et je me sens attachée encore plus solidement, si bien qu'aussitôt que j’y pense, je finis par un abandon encore plus intense dans le Fiat suprême. Mais je délirais, incapable d'endurer plus longtemps ma souffrance, lorsque mon toujours aimable Jésus revint vers sa petite fille en se faisant voir avec une plaie dans le Cœur d'où sortait du Sang et des flammes, comme s'il voulait recouvrir toutes les âmes de son Sang et les brûler de son amour ; et toute bonté, il me dit :

            Ma fille, courage, ton Jésus souffre également et les souffrances les plus douloureuses que me donnent les créatures sont les souffrances intimes qui me font verser du Sang et des flammes. Mais ma souffrance la plus grande est l'attente continuelle. Mes regards sont toujours fixés sur les âmes et lorsque je vois qu'une créature est tombée dans le péché, j'attends et j'attends encore son retour dans mon Cœur pour lui pardonner, et ne la voyant pas venir, je l'attends avec le pardon dans les mains. Cette attente est pour moi une souffrance renouvelée et forme en moi un tourment qui fait jaillir le Sang et les flammes de mon Cœur transpercé. Les heures et les jours me semblent des années ; oh ! comme il est difficile d'attendre. Mon amour est si grand pour la créature que lorsque je lui ai donné le jour, j'ai établi combien d'actes d'amour elle devait faire pour moi, combien de prières, combien de bonnes œuvres elle devait accomplir, et cela afin de permettre que je puisse l'aimer toujours, lui accorder les grâces, les secours pour faire le bien ; mais les créatures se servent de cela pour former les souffrances de l'attente. Oh ! combien d'anticipations d'un acte d'amour à l'autre, même si elles le font pour moi ; quelle lenteur à faire le bien, à prier, même si elles le font. Et moi j'attends et j'attends toujours ; je sens l'impatience de mon amour qui me fait délirer, languir, et former pour moi des souffrances si intimes que j'en mourrais si je pouvais mourir ; et je serais mort aussi souvent que je n'ai pas été aimé par les créatures. De plus, il y a ma longue attente dans le Sacrement de mon amour. J'y attends toutes les créatures, j'en arrive à compter les minutes et j'attends beaucoup d'entre elles en vain. D'autres viennent avec une froideur glaciale comme pour me mettre au plus fort de ce dur martyre de mon attente. Rares sont celles qui m'attendent elles aussi et c'est en elles seulement que je me sens encouragé. Je me sens rapatrié dans leur cœur, je donne libre cours à mon amour et trouve réparation pour le dur martyre de mon attente continuelle. Certaines semblent croire que cette souffrance n'est rien, mais c'est elle pourtant qui constitue le martyre le plus dur ; et toi, tu peux dire combien il t’en coûte de devoir m'attendre au point que si je ne venais pas mettre fin à cette attente en venant te soutenir, tu ne pourrais pas continuer. Et il y a une autre attente plus douloureuse encore, c’est l'attente, le désir ardent, les longues impatiences du Royaume de ma Divine Volonté. Il y a près de 6000 ans que j'attends que la créature revienne. Je l'aime tellement que je veux la voir heureuse, mais pour cela nous devons vivre dans une Volonté une, car chaque acte opposé à ma Volonté est un clou qui me transperce. Et sais-tu pourquoi ? Parce que cet acte rend la créature plus malheureuse et moins semblable à moi, et en me voyant dans la mer immense de mon bonheur alors que mes enfants sont malheureux, oh ! combien je souffre. Et tandis que j'attends et attends encore, je les entoure, je les comble de grâces, de lumière, pour leur permettre de courir, d'avoir la vie et un seul Vouloir avec moi. Cela changera leur sort, nous aurons des biens en commun, un bonheur sans fin. Les autres souffrances me donnent quelque répit, mais la souffrance de l'attente ne s’arrête jamais. Elle me tient toujours en éveil, me fait utiliser les inventions d'amour les plus excessives jusqu'à en étonner le ciel et la terre. Elle me fait prier la créature, la supplier de ne plus me faire attendre, que je ne peux plus le supporter, que ce poids de l'attente est trop lourd pour moi. Par conséquent, ma fille, unis-toi toujours à moi pour attendre le Royaume de ma Volonté, et unis-toi à toutes les anticipations que me font souffrir les créatures ; ainsi nous serons au moins deux, et ta compagnie donnera un répit à une souffrance si dure.

46.  28 septembre 1935 — L’amour divin investit chaque acte de la créature. Comment Dieu dans toutes ses œuvres appelle toutes les créatures et fait du bien à chacune. Comment former la vie divine dans la créature ; comment la nourrir et la faire grandir.

      Je suivais les actes de la Divine Volonté qui me transportait dans une mer de lumière interminable dans laquelle la Divine Volonté me rendait présent avec quel amour Dieu avait aimé la créature. Et cet amour était tellement grand que si la créature pouvait le comprendre, son cœur éclaterait d’un pur amour, incapable de résister devant l'enthousiasme, les stratagèmes, les industries, les finesses de cet amour de Dieu. Étant trop petite, ces flammes me dévoraient et mon bien-aimé Jésus, visitant ma petite âme pour me soutenir, me dit :

            Ma bienheureuse fille, écoute-moi, laisse-moi soulager mon amour. Tu dois savoir que la créature a toujours été avec nous dans notre Esprit divin. Elle a toujours occupé son poste dans le sein de son Créateur, et ab aeterno chaque acte, chaque pensée, parole, œuvre et pas de la créature était orné de notre amour spécial. De sorte qu'en chacun de ses actes se trouve la chaîne de nos actes d'amour qui comprend la pensée, la parole, etc., de la créature ; et cet amour donne la vie, il nourrit les répétitions de tous ses actes et, oh ! comme la créature est belle dans notre Esprit divin, car elle est formée par le souffle continuel de notre amour, un amour voulu, non forcé, un amour non pas de nécessité, mais venant de la vertu générative de notre Être suprême qui toujours génère et place son amour continuel sur ses œuvres, en vertu de notre Fiat omnipotent qui, s'il ne pouvait pas générer de nouvelles œuvres et maintenir son acte d'amour continuel, se sentirait étouffé dans ses flammes et paralysé dans son mouvement continuel. Comme nous voulons que la créature sorte de notre Sein divin, nous lui faisons faire son petit chemin dans le temps, et notre amour ne cesse pas de suivre, d'investir, de courtiser tous ses actes de son amour spécial. Si cet amour devait lui manquer, la créature n'aurait pas le moteur, la force générative et vivifiante de l'être humain. Oh ! si les créatures savaient qu'en chacune de leurs pensées, en chaque parole et en chaque œuvre, dans leur souffle et dans leurs pulsations, se trouve un amour distinct de leur Créateur, oh ! combien elles nous aimeraient et cesseraient de profaner par des actes indignes un amour si grand. Tu vois par conséquent combien je t'aime et combien ton Jésus sait aimer. Aussi, apprends de moi à m'aimer. C'est la prérogative de notre amour de toujours aimer ce qui est sorti de nous, de faire surgir de notre amour tous les actes de la créature.

            Jésus garda le silence et je restais à penser aux excès de l'amour divin lorsque mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, écoute-moi encore. Notre amour est si grand qu'en chaque chose que nous faisons nous appelons toutes les créatures pour donner à chacune le bien de l'œuvre que nous accomplissons. Notre œuvre ne serait pas divine si nos actes n'avaient pas la vertu de pouvoir donner le bien qu'ils contiennent. C'est pourquoi tu sens que ma Conception dans le sein d'une Vierge fut la plus grande œuvre de toute l'histoire du monde. Il a suffi que mon Fiat le veuille et il s'est incarné sans que personne ne nous y oblige ou ne le mérite, et sans que nous ayons besoin de personne. Le besoin était notre amour, et seulement parce qu'il le voulait. C'était un acte si grand qu'il comprenait et embrassait tout, et il contenait tant d'amour que cela tient de l'incroyable. Le ciel et la terre en sont stupéfaits et tous sont envahis par un amour si grand, capable de faire sentir ma vie conçue dans toutes les créatures. Tu vois par conséquent que mon amour me pousse à me concevoir toujours en chaque âme et à chaque instant. N'est-ce pas comme si j'étais conçu dans l'Hostie consacrée dans chaque acte de la créature qui m'aime et fait ma Divine Volonté ? Mais ce n'est pas assez ; mon amour n'est pas satisfait s’il ne va pas jusqu'à pouvoir dire : « Tu vois combien je t'ai aimée. Il n'y a rien que je puisse faire de plus ou te donner en plus pour t'aimer. » Tu vois que j’en suis au point où, tout comme dans le sein de la Sainte Vierge je respirais par son souffle, je me réchauffais à sa chaleur, je me nourrissais par son sang, j'attends également de la créature qui me possède le souffle, la chaleur, la croissance afin de développer ma vie. Mais sais-tu dans quelle situation difficile me place mon amour ? Lorsque la créature m'aime, me donne le souffle, la chaleur, chaque bien qu'elle fait, si elle prie, si elle souffre pour moi, alors elle me fait grandir, elle me donne le mouvement, elle contribue à me former dans son âme ; si bien que si elle ne m'aime pas, elle ne me donne rien et je ressens le manque de souffle, de chaleur, de nourriture, et je ne grandis pas. Hélas, dans quelles conditions me placent mon amour et l'ingratitude de la créature. Mais si elle me donne le bien de me faire grandir en me laissant remplir toute son âme de ma vie, ma vie alors se développe en elle. Je marche avec ses pieds, je travaille avec ses mains, je parle avec sa voix, je pense avec son esprit, j'aime dans son cœur, et je suis heureux. Combien je suis heureux avec cette créature ; elle n'est plus alors qu'un voile qui me recouvre. Je suis le propriétaire, je suis l'acteur, je forme mon champ d'action, je peux faire ce que je veux. Ma Divine Volonté répète continuellement son Fiat omnipotent. Mon amour a reçu sa conception, il est follement heureux d'avoir formé sa vie dans la créature. C'est pourquoi il n'y a rien que je fasse dans la Création, dans la Rédemption, dans la Sanctification, dans ma Vie sacramentelle, au ciel et sur la terre, où mon amour ne se précipite pour donner à tous le bien que je fais, la sainteté de mes œuvres ; et personne alors ne peut dire, la Divine Volonté n'a pas fait cela pour moi, je n'ai pas reçu ce bien. Si des créatures ingrates ne reçoivent pas ce bien, c'est entièrement leur faute, car de mon côté il ne manquait à personne. Mais tu vois jusqu'où va mon amour, car bien qu’elles ne me laissent pas grandir, qu’elles me privent du souffle de leur amour, de la nourriture de ma Volonté, qu’elles me laissent dans le froid parce que leur volonté n'est pas avec moi, je reste quand même là sans vêtements, comme un être misérable et abject. Les créatures devraient me servir afin de me vêtir, et bien que leurs œuvres ne soient ni justes ni saintes et qu’elles soient loin de me plaire, je ne pars pas. Je supporte tant d'ingratitude humaine avec une infinie patience en préparant une surprise d'amour, une grâce encore plus éclatante, pour leur donner ce qui est nécessaire afin de me faire grandir dans leur âme ; car je veux à tout prix former ma vie dans la créature, utiliser tous les arts pour obtenir ce que je veux, et bien souvent je suis contraint d'avoir recours aux fléaux pour me faire connaître tel que je suis dans son âme. Ma fille, aie de la compassion et répare avec moi pour tant d'ingratitude humaine. Je suis tout pour les créatures, je leur donne le souffle, le mouvement, la chaleur et la nourriture, et elles me refusent avec ingratitude ce que je leur ai donné. Je leur ai fait le grand honneur d'être mon temple vivant, mon palais sur la terre. Quelle souffrance, quelle douleur ! Par conséquent je te recommande de ne pas me laisser sans le souffle de ton amour. Donne-moi au moins ce qui est nécessaire pour me laisser grandir. Fais que ma Volonté soit ta vie pour que je puisse demeurer dans ton palais avec le décorum et la somptuosité que mérite ton Jésus.

47.  4 octobre 1935 — Toute la gloire et tout l'amour reposent dans le fait de pouvoir dire par des faits : Je suis un acte continuel de la Volonté de mon Créateur. Nécessité de la diversité des fonctions et de l'action.

        Je faisais ma ronde dans la Divine Volonté pour retracer tous ses actes accomplis dans la Création et mettre mon petit Je t'aime pour m'unir à toutes les choses créées afin de glorifier mon Créateur et de pouvoir dire : Je suis à ma place d'honneur, je remplis mon office, je suis un acte continuel de la Divine Volonté, je peux dire que je ne suis rien, que je ne fais rien, mais que je fais tout parce que je fais la Divine Volonté. Je pensais cela lorsque mon très grand bien Jésus m'a rendu sa petite visite et m'a dit :

            Ma bienheureuse fille, chaque chose créée à un office distinct, et bien que leur volonté soit une, toutes ne font cependant pas la même chose. Ce ne serait pas selon l'ordre ni la vertu de la Sagesse divine si une chose créée devait répéter ce qu'une autre fait déjà ; mais comme une est la Volonté qui les domine, la gloire que l'une reçoit, je la donne aussi à l'autre parce que toute la substance qu'elle possède, le bien et la valeur dont elles sont investies, tout cela fait qu'elles peuvent dire : Je suis un acte continuel de la Volonté de mon Créateur. Il n'aurait pas pu me donner une gloire, un honneur, une vertu plus grands que d'être un acte unique de la Divine Volonté. Si bien que le petit brin d'herbe, avec sa petitesse, le petit espace qu'il occupe sur la terre, semble ne rien faire ; personne ne le regarde, et pourtant, parce que ma Volonté le voulait ainsi et qu’il ne cherche pas à faire plus que ce qu'un brin d'herbe peut faire afin d’accomplir ma Volonté, la gloire qu'il me rend égale celle du soleil qui règne avec tant de majesté sur la terre qu'on peut l’appeler le miracle continuel de toute la Création. Et comme toutes les choses créées sont unies entre elles, ce petit brin d'herbe, le soleil dans toute sa majesté lui donne ses petits baisers et sa chaleur, le vent le caresse, l'eau l'arrose, la terre lui donne une petite place où former sa petite vie ; et pourtant, qu'est-ce que fait un petit brin d'herbe ? Rien, pourrait-on dire. Mais comme il possède ma Volonté, il a la vertu de faire du bien aux générations humaines, car ayant créé toutes choses par amour et pour le bien des créatures, toutes possèdent la vertu secrète de donner le bien qu’elles possèdent.

            Tu vois par conséquent que toute chose accomplit ma Volonté afin de ne jamais sortir de cette divine et interminable enceinte. Bien qu'en apparence il semble qu'on ne fasse rien, c'est une participation à l'œuvre divine et l'on peut dire : Ce que Dieu fait, je le fais aussi. Cela te semble-t-il peu de chose ? C'est Dieu qui fait tout et l'âme participe à tout. De sorte que ce n'est pas à cause de la diversité des actions ou des fonctions que la créature peut dire qu'elle fait de grandes choses, mais parce que ma Volonté les confirme ou les annule, les place dans l'ordre divin et y appose son image comme sceau de ses œuvres.

            En ce qui concerne la diversité des fonctions et de l'action, elle est ordre et harmonie de ma Sagesse infinie. Tout comme au ciel il y a diversité de chœurs des anges, diversité de saints, celui-ci est martyr, l'autre est vierge, celui-là confesseur, ma Providence maintient sur la terre les diverses fonctions de roi, de juge, de prêtre ; l’un commande et l'autre obéit. Si tous devaient remplir la même fonction, qu'adviendrait-il de la terre ? Un désordre complet. Oh ! si tous pouvaient comprendre que seule ma Divine Volonté sait comment faire de grandes choses, oh ! combien ils seraient tous heureux. Chacun aimerait la petite place, l'office où Dieu l'a placé. Mais comme les créatures se laissent dominer par le vouloir humain, elles voudraient faire des choses par elles-mêmes, accomplir de grandes actions, ce qu'elles ne peuvent pas faire. En conséquence, elles ne sont jamais satisfaites des conditions où la divine Providence les a placées pour leur bien. Par conséquent, sois satisfaite de faire une petite chose unie à ma Volonté, et non une grande chose sans elle. D'autant plus que ma Volonté est immense et que tu te retrouveras dans tous ses actes ; tu te retrouveras dans son amour, dans sa puissance, dans ses œuvres, de telle sorte que tu ne pourras rien faire sans elle et qu'elle ne pourra rien faire sans toi. C'est ainsi que la vie dans mon Vouloir fait des prodiges qui tiennent de l'incroyable, le rien de la créature est dans la puissance du tout, une Volonté qui peut tout est la proie du rien. Y a-t-il quelque chose que ce rien ne pourrait pas faire ? La créature fera alors des œuvres dignes d'un Fiat suprême. C'est pourquoi l'acte le plus beau, le plus solennel, le plus agréable pour nous est le rien de la créature nous laissant toute liberté de faire ce que nous voulons.

48.  7 octobre 1935 — La créature qui ne vit pas de la Volonté de Dieu forme son Purgatoire vivant sur la terre, et sa prison. L'amour divin. Une tempête impétueuse, des scènes déchirantes.

      Mon pauvre esprit ressent le besoin de se couler au centre du divin Vouloir pour y trouver le souffle, la pulsation et l'amour de la vie divine. Personne ne peut vivre sans ce souffle et cette pulsation. Sans le Fiat, ma pauvre âme formerait le plus douloureux Purgatoire et ma volonté humaine me jetterait dans l'abîme de tous les maux. Je pensais cela lorsque mon bien-aimé Jésus m'a surprise et, toute tendresse, il me dit :

            Bienheureuse fille de mon Vouloir, comme je suis heureux de voir que tu as compris que tu ne peux pas vivre sans mon Fiat, car la créature qui ne vit pas en lui forme non seulement son Purgatoire, mais elle m’empêche aussi de lui donner tous les biens que j'ai préparés pour elle. Elle les garde enfermés dans mon Cœur et me cause de grandes souffrances. Elle forme le Purgatoire de mon amour, elle éteint mes flammes et m'empêche de lui communiquer mon souffle et ma vie. Je me sens étouffé, suffoqué, sans le bonheur de pouvoir me communiquer à la créature. Tu dois savoir que je ne fais rien qui n'ait principalement pour but de faire vivre la créature de ma Volonté. C'est à cela que sert en vérité la Création, faire que la créature vive de ma Volonté ; sinon, elle étouffe cette vie dans les choses créées et ma venue sur terre était la vie de ma Volonté que je venais lui donner. Tu dois aussi savoir que dès que l'âme décide de vouloir vivre dans mon Vouloir, ma très sainte Humanité prend place en elle, mon Sang retombe en pluie sur elle, mes souffrances l'entourent d'un mur infranchissable, lui donnent de la force et l'embellissent de façon admirable et propre à ravir ma Divine Volonté ; ma mort elle-même forme la résurrection continuelle de l'âme pour vivre dans ma Volonté. La créature se sent ainsi continuellement régénérée dans mon Sang, dans mes souffrances, dans mon amour, et même dans mon souffle en qui elle trouve la grâce suffisante pour vivre de ma Divine Volonté parce que je mets tout à sa disposition, tout comme ma très sainte Humanité avait mon divin Vouloir à sa disposition. Ainsi, je place mon divin Vouloir à l'intérieur et à l'extérieur de la créature afin de donner vie en elle à ma Volonté. Mais pour la créature qui décide de ne pas vivre dans ma Volonté, mon Sang ne tombe pas en pluie parce qu'elle n'est pas là pour le régénérer ; mes souffrances ne forment pas le mur de défense, parce que le vouloir humain détruit continuellement mes œuvres et rend ma mort impuissante à tout faire renaître dans mon Vouloir. Et ma vie, mes souffrances et mon Sang, si l'âme ne vit pas de ma Volonté, restent à la porte du vouloir humain à attendre avec une impatience inépuisable de pouvoir entrer ; ils l’assaillent de tous côtés afin de lui donner la grâce de vivre de mon Vouloir, et si mon Sang, mes souffrances et ma vie n'entrent pas, ils restent étouffés en moi et, oh ! comme je souffre en voyant que l'âme ne me donne pas la liberté de lui donner le bien que je veux. Mon amour, mes souffrances, mes plaies, mon Sang et mes œuvres me torturent en entendant toutes ces voix qui me disent continuellement avec compassion : Cette créature nous fait obstacle, elle nous rend inutiles et comme sans vie pour elle parce qu'elle ne veut pas vivre de la Divine Volonté. Ma fille, comme il est douloureux de vouloir faire le bien, d'être capable de le faire, et de ne pas le faire.

            Après quoi je continuai mon abandon dans le divin Vouloir qui m'avait transportée en dehors de moi-même et, oh ! comme il était horrible de regarder la terre. J'aurais voulu rentrer en moi-même pour ne rien voir, mais mon doux Jésus, comme s'il voulait que je voie des scènes aussi atroces, m'arrêta et me dit :

            Ma fille, comme il est douloureux de voir tant de perfidie humaine. Les nations se mentent entre elles et entraînent les malheureux peuples, mes pauvres enfants, dans la tourmente et le feu. Tu dois savoir que la tempête sera si forte que tel un vent impétueux elle emportera les rochers, la terre et les arbres pour faire place nette en vue de nouvelles plantes. Cette tempête servira à purifier les peuples et à faire se lever le jour serein de la paix et de l'union fraternelle. Prie, afin que tout puisse servir à ma gloire, au triomphe de ma Volonté et au bien de tous.

49.  13 octobre 1935 — L’amour de Jésus est si grand qu'il sent le besoin de se confier à la créature. Il se tient entre le Père céleste et les créatures et continue d’être épris d'amour pour elles. 

       Je me sentais abandonnée dans les bras de mon doux Jésus qui ressentait le besoin de soulager son ardent amour. Parler de son amour est un soulagement, faire comprendre les souffrances que lui causent les obstacles à son amour, c'est pour lui un très grand soulagement. Oh ! comme il est douloureux de l'entendre dire d'une voix suppliante et à moitié étouffée : Aimez-moi, aimez-moi. Je ne veux rien d'autre que de l'amour. Mes plus grandes souffrances sont de ne pas être aimé, et je ne suis pas aimé parce que ma Volonté n'est pas faite. C'est ma Volonté qui est porteuse de mon amour et qui me fait aimer par la créature d'un amour divin. Lorsque je ressens cet amour, je suis libéré de l'intensité de mes flammes et je ressens le doux repos et le soulagement dans mon propre amour que me donne la créature. Je pensais à cela lorsque mon très grand bien Jésus, rendant visite à ma petite âme, s'est fait voir au milieu de ses flammes, et m’a dit :

            Ma fille, si tu savais à quel point mon amour me place dans des situations difficiles. Mon Père céleste était à moi. Je l'aimais d'un amour si intense que je me considérais heureux d'offrir ma vie pour que personne ne puisse l'offenser. J'étais un avec lui. Je ne pouvais ni ne voulais ne pas l'aimer. Notre vertu divine forme un seul amour qui est donc inséparable d’avec mon Père céleste. Les créatures sorties de mon Humanité étaient à moi, incorporées en moi, et je pouvais dire qu’elles formaient mon Humanité elle-même. Comment alors ne pas les aimer ? Ce serait comme ne pas aimer sa propre vie et, oh ! dans quelles conditions difficiles mon amour me place, quels obstacles il fait se lever. Mon plus grand martyre était de voir que ce Père que j'aimais était offensé. J’aimais les créatures, elles étaient déjà miennes, je les sentais en moi, et elles ne m'épargnaient aucune offense, aucune ingratitude. Mon Père céleste voulait avec justice les frapper, les défaire, et je me trouvais entre les deux pour être frappé par Celui que j'aimais tant, subissant les souffrances de ses créatures. Et si je continuais avec le Père à être offensé, je les aimais aussi à la folie et j'ai offert ma vie pour sauver chaque créature. Je ne pouvais ni ne voulais me séparer de mon Père céleste parce qu'il était à moi et que je l'aimais ; mais c'était mon devoir, en Fils véritable, de lui redonner toute la gloire, l'amour, la satisfaction que toutes les créatures lui devaient. Et bien que frappé par d'indescriptibles souffrances, je le voulais ainsi parce que je l'aimais et que j'aimais ce peuple pour qui j'étais frappé. Ah ! mon amour seul, parce qu'il est divin, sait comment former de telles inventions d'amour, des obstacles tels qu'ils tiennent de l'incroyable. Il forme l'héroïsme de l'amour véritable où l'on finit par être consumé par le feu de l'amour pour ceux que l'on aime, par les incorporer à soi pour former une seule et même vie. Ah ! dans quelle situation me place mon amour. Je suis tellement rempli d'amour que je ressens le besoin de l'exprimer par des œuvres, des souffrances, la lumière, des grâces surprenantes, et il est si grand que je suis toujours à l'intérieur et à l'extérieur de la créature pour la servir. Je la sers avec la lumière dans le soleil pour continuer à répandre cet amour, je la sers avec l'air pour qu'elle respire, avec l'eau pour étancher sa soif, avec les plantes pour la nourrir, avec le vent pour la caresser, avec le feu pour la réchauffer. Il n'y a rien dans la Création ou dans la Rédemption qui n’ait été fait par un amour incapable de se contenir et qui est sorti de moi pour se manifester aux créatures. Qui pourra te dire combien je souffre de ne pas être aimé, combien mon amour est torturé par l'ingratitude humaine. J'en arrive à prendre leurs fautes sur moi pour en souffrir comme si elles étaient miennes, à faire la pénitence qu'elles demandent, à prendre sur mes épaules tous leurs maux pour les changer en bienfaits. Je prends tout sur moi jusqu'à leur donner dans mon Humanité le poste de membres très chers. Je trouve de nouvelles inventions d'amour pour leur faire sentir combien je les aime. Quelle douleur et quelle tristesse de voir que je ne suis pas aimé ! Aussi, ma fille, aime-moi ! Aime-moi ! C'est lorsque je suis aimé que mon amour trouve son repos et que ses tortures se changent en doux délassements.

50.  20 octobre 1935 — L’amour et la Divine Volonté vont d'un même pas. L'amour constitue le premier matériau adaptable pour former la vie de Dieu dans la créature.

        Mon pauvre esprit ressent le besoin de se reposer dans le divin Vouloir, de se sentir aimé par celui-là seul qui sait comment l'aimer. Il sent en lui la vie, et sa douce compagnie est son plus grand bonheur. Mais s’il ressent le besoin d'être aimé, il éprouve également avec une fièvre ardente celui de l’aimer et il voudrait pouvoir se consumer d'amour, sortir de son exil afin de pouvoir l'aimer au ciel d'un amour plus parfait. Mon Jésus ! Quand auras-tu pitié de moi ? Mais je pensais cela lorsque mon bien-aimé me refit sa petite visite et me dit :     

            Ma fille, l'amour et la Volonté de Dieu marchent ensemble ; ils ne sont jamais séparés et forment une seule et même vie. Si bien que si ma Volonté a créé de nombreuses choses, elle les a créées dans l'amour, et elles ne seraient pas dignes de notre infinie sagesse si nous n'aimions pas ce que nous avons créé. Par conséquent, chaque chose créée, même la plus petite, possède la source de notre amour et une voix qui continuellement soupire avec amour : Je suis la Divine Volonté et je suis sainte, pure, puissante et belle. Je suis amour et j'aime. Je ne cesserai jamais d'aimer même celles que je ne convertis pas entièrement dans l'amour.

            Tu vois par conséquent, ma fille, que ma Divine Volonté aimait, puis créa ce qu'elle aimait. L'amour est notre souffle, notre pulsation et notre air, et comme l'air est communicatif et que rien, ni personne ni chose ne peut échapper à l'air, notre amour qui est air véritable investit toutes choses, et c'est avec justice qu'il veut être maître de tout et être aimé par tous. Lorsque l'amour n'est pas aimé, il sent que le souffle et la pulsation lui sont enlevés et que l'air n'a plus sa vertu communicative. Si la créature fait ma Volonté et qu'elle n'aime pas, on ne peut pas dire en fait qu'elle fait ma Volonté. Ce sera peut-être la Volonté de Dieu par circonstance, par nécessité, par moments, parce que seul l’amour divin possède la vertu unitive, celle qui unit et centralise toutes choses dans ma Divine Volonté pour former la vie. Il lui manque alors mon amour qui seul sait rendre et transmuer la créature en matériau adaptable afin de faire de cette créature la vie de la Divine Volonté. Sans l’amour, elle serait alors comme un objet dur qui ne peut recevoir aucune impression de l'Être suprême. Mon amour est comme un ciment qui remplit toutes les lésions du vouloir humain. Il le rend malléable pour lui donner la forme qu'il veut et graver sur lui le sceau de la vie divine. La volonté de Dieu et l'amour sont donc inséparables. Si tu veux faire ma Volonté, tu veux aimer, et si tu aimes, tu mettras en sûreté ma Volonté en toi. Ma Volonté et l'amour vont la main dans la main. Ma Volonté créée, et l'amour se prête comme matériau pour subir l'acte créateur et produire nos plus belles œuvres. Aussi, lorsque nous ne sommes pas aimés, nous entrons dans un délire. Nous sentons que nos bras sont brisés, que nos mains créatrices ne trouvent pas le matériau pour former notre vie dans la créature. C'est pourquoi en allant de pair et en nous aimant l'un l'autre, nous aimerons toujours et nous serons tous deux heureux. Si tu veux vivre dans mon Vouloir, je mettrai à ta disposition mon amour et tu auras en ton pouvoir l'amour héroïque et incessant qui ne dit jamais que c'est assez.

51.  27 octobre 1935 — Comment la Divine Volonté descend dans l'acte humain et crée en lui sa vie palpitante. Comment elle souffre à l’avance le Purgatoire de la créature qui vit dans sa Volonté.

       Je sens en moi le Vouloir suprême qui veut que je subisse dans mes petits actes la puissance de son acte divin. Il veut être appelé par la créature ; il ne veut pas agir en intrus ni entrer de force. Il veut que la créature le sache et que le vouloir humain embrasse le divin Vouloir et lui abandonne son poste pour se mettre à sa suite, et que l’âme se sente honorée que le Vouloir divin soit à l’œuvre dans son acte. Mon esprit se perdait et, oh ! combien de choses je comprenais sans trouver les mots pour les répéter. Et mon bien-aimé Jésus, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, tu n’as pas encore compris ce que signifie ma Volonté à l’œuvre dans l’acte humain de la créature. Elle descend dans l’acte humain avec sa puissance créatrice, avec sa lumière et son luxe de grâces innombrables ; elle se déverse dans l’acte humain et use de sa puissance pour créer son acte en lui, et créer signifie qu’elle crée autant d’actes et en autant de fois qu’elle veut créer pour autant de créatures qui y sont disposées et peuvent recevoir cet acte de ma Volonté, lequel acte contient des prodiges inouïs de grâces, de lumière et d’amour ; il contient la vie palpitante et créatrice du divin Vouloir. C’est pourquoi, devant un acte si grand, mon Vouloir ne veut pas l’accomplir si la créature ne le sait pas, si elle-même ne le veut pas et ne languit pas après la Volonté créatrice d’un Vouloir si saint et si puissant. Quelle différence, ma fille, avec la créature qui fait le bien et prie parce qu’elle sent que c’est son devoir, que la nécessité le lui impose, ou encore parce qu’elle souffre ou qu’elle s’y sent obligée. Si bonne que soit la raison, ce sont toujours des actes humains qui n’ont pas la vertu de se multiplier à volonté, et qui ne possèdent pas la plénitude des biens, ni de la sainteté, ni de l’amour. Et il leur arrive d’être mêlés aux plus viles passions, car il leur manque la vertu créatrice qui crée le bien, qui sait et peut défaire elle-même tout ce qui n’appartient pas à sa sainteté. C’est ainsi que l’âme qui laisse ma Divine Volonté agir dans ses actes laisse le champ libre à la création continuelle et, oh ! comme ma Volonté se sent glorifiée et aimée de pouvoir créer ce qu’elle veut dans l’acte de la créature. Elle sent que sa souveraineté, son empire et sa royauté sont reconnus, aimés et respectés. Les cieux en tremblent et tous sont plongés dans un acte de profonde adoration lorsqu’ils voient ma Divine Volonté créer dans l’acte de la créature.

            Oh ! si les créatures savaient ce que signifie la vie dans mon divin Vouloir, elles rivaliseraient entre elles pour vivre dans mon Vouloir qui serait peuplé des enfants de ma Volonté ; et comme la volonté humaine se sent incapable d’agir dans la mienne, elle ne ferait que suivre la continuité des actes du divin Vouloir ; et c’est la continuation des actes d’un bien qui forme l’ordre, l’harmonie et la diversité des beautés, qui constitue l’enchantement et la formation de la vie et du bien que l’on doit acquérir. Notre propre vie n’est-elle pas une répétition continuelle ? Nous aimons toujours, nous répétons la conservation de l’univers et nous maintenons ainsi l’ordre, l’harmonie et la vie de l’univers. Oh ! si nous ne la répétions pas toujours, ne serait-ce que pour un instant, on verrait le dérangement de toutes choses. Par conséquent, répète toujours dans ma Volonté tes petits refrains continuels, suis toujours ma Volonté dans tes actes pour répéter en toi son acte créateur et tu seras ainsi capable de former non seulement l’acte, mais la plénitude de sa vie.

            Après quoi je pensais à tout ce qui concerne la Divine Volonté et je me demandais comment la créature peut parvenir à tant de choses, et mon doux Jésus reprit la parole et me dit :

            Ma fille, tu dois savoir que dès l’instant où la créature décide véritablement de vouloir vivre dans ma Divine Volonté, et de ne jamais faire sa propre volonté, quel qu’en soit le prix, mon Fiat, avec un amour indescriptible, forme le germe de sa vie dans les profondeurs de l’âme, et cela avec une telle puissance et une telle sainteté que ce germe ne pousse pas avant d’avoir placé l’âme à son poste, en la libérant de ses faiblesses, de ses misères et de ses taches, s’il y en a. L’on peut dire que le Fiat forme à l’avance son Purgatoire en la purgeant de tout ce qui pourrait empêcher qu’une vie de Divine Volonté soit formée en elle, car ma Volonté et les péchés ne peuvent ni exister ni demeurer ensemble. Tout au plus pourrait apparaître une faiblesse apparente que la lumière et la chaleur de mon Fiat purifient immédiatement. Mon Fiat conserve toujours en mains l’acte purificateur pour qu’il n’y ait dans l’âme aucun obstacle qui pourrait empêcher non seulement la croissance, mais le développement de ses actes dans l’acte de la créature. C’est pourquoi la première chose que fait ma Volonté est de lui enlever d’avance le Purgatoire, en faisant qu’il soit souffert d’avance, afin d’être plus libre de faire vivre l’âme en lui et de former sa vie comme il lui convient. C’est pourquoi si la créature devait mourir après un acte définitif et volontaire de vivre dans mon Vouloir, elle prendra son envol vers le ciel ; ou plutôt, c’est ma Volonté qui la portera en triomphe dans ses bras de lumière, comme une naissance, comme son cher enfant. Et s’il n’en était pas ainsi, on ne pourrait pas dire : Que votre Volonté soit faite sur la terre comme au ciel ; ce serait une façon de parler, et non une réalité. Au ciel où elle règne, il n’y a ni péchés ni Purgatoire, et si ma Volonté règne dans la créature sur la terre, il ne peut y avoir ni péchés ni peur du Purgatoire. Mon Fiat sait comment tout purifier parce qu’il veut être seul à son poste pour régner et dominer.

52.  4 novembre 1935 — La créature qui vit dans la Divine Volonté possède son Jésus de manière pérenne et il répète le miracle qu’il a opéré de se recevoir lui-même en instituant le très saint Sacrement.

        Mon abandon continue dans le divin Vouloir, mais plus j'avance dans sa mer, plus je ressens le besoin de sa vie pour continuer à vivre et, après avoir reçu la Sainte Communion, je ressentais le besoin de l'aimer. Mais le pauvre rien que je suis n’avait pas assez d'amour pour aimer celui qui l'aime tant. Mon amour était si pauvre que j'avais honte devant l'amour de Jésus, si grand que l'on n’en voyait pas les limites ; et pourtant je voulais l'aimer. Et mon bien-aimé Jésus me dit pour me donner du courage :

            Ma bienheureuse fille, ne t'accable pas, car pour celle qui vit dans ma Volonté le tout est dans le rien et en voulant m'aimer, elle m'aime avec mon amour. Je trouve en elle mon amour puissant, sage, attirant, immense, de sorte que ce rien de la créature m'entoure de tous côtés, et je me sens lié par son amour qui est semblable au mien et auquel je ne peux échapper. Elle me blesse et me contrôle au point de me rendre petit et je ressens le besoin de me reposer dans les bras de son amour. Mais ce n'est pas tout. La créature qui vit dans ma Volonté possède son Jésus de manière pérenne, car il possède la vertu de former, d’élever et de nourrir ma vie dans la créature, et en me recevant dans le Sacrement je trouve un autre Jésus, c'est-à-dire moi-même, que la créature aime, adore et remercie. Je peux dire que je répète le grand miracle que j'ai accompli en instituant le Sacrement de l'Eucharistie dans lequel je me communiquai à moi-même, c'est-à-dire ton Jésus qui recevait Jésus. C'était le plus grand honneur, la plus complète satisfaction, l’échange de l'héroïsme de mon amour que de me recevoir moi-même. Je possédais tout ce qui était dû à ma vie sacramentelle, un Dieu égal à Dieu lui-même. Je pouvais dire que ce que je lui donnais, elle me le redonnait. Or pour la créature qui vit dans ma Volonté, il est impossible de ne pas posséder son Jésus et c'est pourquoi en me recevant dans le Sacrement je peux dire : « Je vais me trouver moi-même dans la créature et je trouve ce que je veux, ma vie qui nous unit n'en forme qu'une seule, je trouve mon palais, je trouve l'amour qui m'aime toujours, je trouve la compensation du grand sacrifice de tout ce que je fais et souffre dans ma vie sacramentelle. » Mon amour excessif me porte avec une force irrésistible à répéter le miracle de me recevoir moi-même, mais cela ne m'est donné que dans la créature où règne ma Divine Volonté.

53.  17 novembre 1935 — Tout ce que l'on fait dans la Divine Volonté prend sa place en Dieu (1)

(1) Je sens que je suis dans les bras de la Divine Volonté.
C’est comme si Elle m'attendait pour opérer dans mon petit acte afin que je me repose dans ses œuvres avec Elle.
Et, me surprenant par sa petite visite, mon doux Jésus m'a dit :

(2) «Ma fille, à partir du moment où la créature opère dans ma Volonté, ses actes retrouvent leur place dans notre Être Divin et notre grande Bonté garde plein d'emplacements vides
pour pouvoir recueillir tous les actes humains
possédant la vertu créatrice en Elle,
qui viennent vers leur Créateur tous joyeux, et
remplissent ces vides que notre Amour tient à disposition en Nous, pour pouvoir dire avec des faits :
"Ce sont nos Actes, parce que la créature fait ce que Nous faisons. » et tout ce qui est accompli dans notre Volonté reste en Nous, sinon ce serait comme si notre Vie était sujette à se séparer, ce qui est impossible, étant donné que Nous sommes indissociables
non seulement de notre Entité Suprême,
mais aussi de tous nos actes et de ceux qui vivent dans notre Vouloir,
que Nous avons de la place pour tous et regroupant tout, Nous formons un seul acte. En plus de leur place d'honneur,
ces actes trouvent en Nous la Vie pérenne et le repos, et Nous sentons la joie, la félicité que la créature a enfermées dans le sien en l'accomplissant dans notre Volonté, Nous sentons que notre FIAT nous aime,
nous glorifie et
nous béatifie dans l'acte de cette dernière comme Nous le méritons. Oh! combien Nous sommes heureux,
 non pas de notre félicité naturelle,
mais de celle que nous donne la créature car Nous nous sentons récompensés de l'œuvre de la Création; trouves-tu que c'est peu de chose de lui donner la vertu de pouvoir rendre heureux son Créateur? Notre joie est telle que Nous nous abandonnons dans ses bras et, en la serrant dans les nôtres,
Nous reposons en elle en même temps qu'elle se repose en Nous, et notre repos ne s'interrompt que lorsqu'elle Nous surprend par d'autres nouveaux actes. Ainsi, Nous passons sans cesse du bonheur au repos et du repos au bonheur, ah ! Cette béate créature qui, vivant dans notre Volonté Divine, peut rendre heureux Celui qui possède la mer des joies infinies et de la félicité sans fin.»

54.  24 novembre 1935 — L’amour véritable appelle toujours celui qu’il aime et l’enclot en lui-même. Comment tout est voilé en dehors de la Divine Volonté. Exemple.

       Mon pauvre esprit se trouve sous les vagues impétueuses du divin Vouloir, mais d'une impétuosité pacifique et heureuse qui fait que la pauvre créature se sent incapable de tout recevoir. Je suivais les actes du Fiat et j'en arrivais au point de la création de l'homme, et je pensais à tout l'amour que le Seigneur devait avoir pour l'Adam innocent, avant le péché. Et mon bien-aimé Jésus me surprit et me dit :

            Ma fille, aime-moi autant que cela est possible pour une créature. Adam était un composite d'amour et chacune de ses fibres aimait son Créateur. Il sentait la vie de son Créateur palpiter dans son cœur. L'amour véritable appelle à chaque instant celui qu'il aime, et en donnant sa vie avec son amour, il reprend pour sa propre vie celui qu'il aime. Lorsque ma Divine Volonté est aimée dans la créature, plus rien ne s'oppose à son empire ; elle règne et forme dans la créature son Royaume tant attendu. Lorsque la créature m'aime autant qu'elle le peut, il n'y a plus en elle aucun espace vide de Dieu. Elle me garde avec son amour au centre de son âme, de sorte que je ne peux ni sortir ni me libérer d'elle ; et si je pouvais sortir, ce que je ne pourrais jamais faire, elle me suivrait, car nous ne pouvons nous séparer l'un de l'autre puisque notre amour est le même. C'est pourquoi la créature qui m'aime peut dire en vérité : « J'ai fait la conquête de Celui qui m'a créée, je l'ai en moi, je le possède, il est tout à moi et personne ne peut me l'enlever. » Ma fille, l'amour en Adam avant le péché était parfait, total. Ma Volonté était sa vie de sorte qu'il la ressentait plus que sa propre vie. Lorsqu'il pécha, la vie de mon Fiat se retira et la lumière resta en lui, sans quoi il n'aurait pas pu vivre et serait retourné au néant. En le créant, nous avons agi comme un Père qui met ses biens et sa vie elle-même en commun avec son propre enfant. Adam a désobéi à son propre Père et s’est rebellé contre lui, et le Père a été contraint avec tristesse de le mettre à la porte de sa résidence, de ne plus lui laisser en commun la possession ni de ses biens ni de sa vie, mais son amour est si grand que bien que distant, il ne le laisse pas manquer des biens de première nécessité, parce qu'il sait que si le Père se retire, la vie de l'enfant est finie. C'est ce qu'a fait ma Divine Volonté. Elle a retiré sa vie, mais elle a laissé sa lumière en soutien et comme moyen nécessaire pour que son enfant ne périsse pas entièrement. Mais en retirant sa vie, toutes les choses et toutes les œuvres de Dieu ont été voilées pour l'homme. Ma Divine Volonté a voilé l’intelligence, la mémoire et la volonté de l'homme qui est resté comme ces pauvres mourants dont la pupille de l'œil recouverte d'un voile ne voit plus clairement la vie de la lumière. Ma Divinité elle-même en descendant du ciel sur la terre s'est voilée de mon Humanité. Oh ! si les créatures avaient possédé la vie de ma Volonté, elles m'auraient immédiatement reconnu parce que ma Volonté aurait révélé qui j'étais, et elles auraient immédiatement connu et aimé ce divin Vouloir en moi. Elles seraient venues en foule autour de moi et n'auraient pas pu se séparer de moi, reconnaissant sous l'apparence de leur chair le Verbe éternel, celui qui les aimait tant qu'il est venu comme l'un des leurs. Et je n'aurais pas eu besoin de me manifester moi-même, car ma Volonté en résidant en elles m’aurait révélé et je n'aurais pas été capable de me cacher. Il a fallu au contraire que je dise qui j'étais, et combien ne m'ont pas cru ? C'est pourquoi tout demeure voilé pour les créatures en qui ne règne pas ma Volonté. Les Sacrements eux-mêmes, que mieux qu'une nouvelle Création j'ai laissés avec tant d'amour dans mon Église, sont voilés pour elles. Combien de surprises, combien de secrets et de choses merveilleuses la créature dont la pupille est voilée ne peut ni comprendre, ni voir, ni goûter, d'autant plus que ce voile est le vouloir humain qui l'empêche de voir ces choses qui sont en elle-même. Mais en régnant dans les créatures, ma Volonté enlèvera ce voile et tout sera révélé. Les créatures verront alors les caresses que nous leur faisons à travers les choses créées, les baisers, les étreintes amoureuses qui sont en chaque chose créée et elles sentiront notre ardent battement de Cœur qui les aime. Elles verront notre vie couler dans les Sacrements pour se donner à elles continuellement, et elles ressentiront le besoin de se donner elles-mêmes à nous. Ce sera le grand prodige que ma Divine Volonté accomplira, de déchirer tous les voiles, de répandre des grâces inouïes, de prendre possession des âmes de telle sorte que personne ne pourra lui résister, et elle aura ainsi son Royaume sur la terre.

            Jésus hâte-toi d'accomplir ce que tu dis et que tu veux, et ta Volonté sera faite sur la terre comme au Ciel.

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(1) : Le texte du point 53 est celui de la traduction par Guy Harvey et son équipe.