No 41 à 46

41.  30 novembre 1938 — Celle qui fait ses rondes dans le divin Vouloir et reconnaît ses œuvres reçoit la dot des œuvres divines que Dieu lui a données, et elle forme ses jours qui couronneront le jour éternel d’éternité ; elle se fait messagère de paix entre le ciel et la terre. La Divine Trinité veut se générer dans les créatures. La divine génération. L’âme qui vit dans le divin Vouloir – la porteuse de l’Être suprême.

         Je faisais ma ronde dans les actes que le divin Vouloir avait faits par amour pour nous et il me semble qu’ils voulaient que soit reconnu dans ce qu’ils avaient fait combien ils nous avaient aimés et combien ils nous aiment encore d’un amour qui ne finit pas. Et je me disais : « Quel bien est-ce que je fais en retournant toujours dans les actes du divin Vouloir ? » Et mon toujours aimable Jésus, me surprenant, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, tu dois savoir que tout ce que nous avons fait, aussi bien dans la Création que dans la Rédemption, n’était rien d’autre que former la dot de nos biens et de nos œuvres pour les créatures. Celle qui entre dans notre Vouloir vient prendre possession de sa dot, la reconnaître et l’aimer. Et lorsque cette créature parcourt notre Vouloir pour connaître l’immensité de la dot que son Créateur lui a constituée, cette créature forme ainsi son jour dans le temps. Elle forme alors autant de jours qu’elle fait de rondes et de marches dans notre Vouloir pour le connaître et l’aimer. C’est pour cette raison que je lui ai donné cette grande dot quelle peut recevoir et connaître dans le temps, parce qu’elle forme ainsi ses jours qui seront les jours qui couronneront le jour éternel d’éternité qui ne finit jamais. Par conséquent, plus elle fait de rondes dans mon Vouloir, plus elle forme de jours qui la rendront plus riche et plus glorieuse dans le ciel.

            Et si la créature ne prend pas soin de reconnaître, de posséder et d’aimer cette grande dot, elle sera une pauvre malheureuse qui vit dans la misère, forcée de mourir de faim alors qu’elle possède tant de biens. Ce serait comme pour un père qui fait don de ses grandes richesses à son fils, lequel ne cherche pas à les connaître ni à les posséder pour jouir de la dot que son père lui a laissée. Malgré toute cette dot que ce fils pourrait posséder, il n’est pas considéré comme riche parce qu’il ne s’occupe pas de ses biens. Il est pauvre. Et on peut dire qu’il a perdu la noblesse du père, comme s’il n’était pas un fils légitime. Quelle souffrance ce serait pour ce pauvre père si riche et qui voit son fils pauvre, couvert de haillons et mendiant son pain. Ce fils, s’il en avait le pouvoir, ferait mourir son père de douleur.

            C’est dans cet état que se trouve notre Être suprême. Tout ce que nous avons créé est une dot que nous laissions à la créature pour la rendre heureuse et riche, lui faire connaître qui nous sommes, combien nous l’avons aimée et tout ce que nous avons fait pour elle. Par conséquent, celle qui ne fait pas sa ronde dans nos œuvres ne les reconnaît pas, ne les possède pas, et ne forme pas le mérite de ses jours dans le temps. N’est-ce pas là une grande douleur pour nous ? Aussi, viens toujours dans nos œuvres. Plus tu viendras, plus tu les reconnaîtras, plus tu les aimeras et plus tu auras le droit d’en prendre possession.

            De plus, chaque acte accompli dans ma Volonté est un messager de paix qui part de la terre et vient jusqu’au ciel apporter la paix entre le ciel et la terre. Chaque parole dite sur mon Vouloir apporte le lien de paix, et le premier bien que reçoit celle qui vit en lui est le lien de paix entre elle et nous. Elle se sent comme embaumée de notre paix divine. Avec ce lien de paix, elle ressent en elle-même la vertu d’agir comme artisane de paix entre le ciel et la terre. Tout est paix en elle. Ses paroles, ses regards, ses mouvements sont pacifiques. Oh ! combien de fois, avec une seule parole, elle met la paix entre nous et les créatures ! Un seul de ses doux et pacifiques regards nous blesse et nous fait changer en grâces les flagellations ! Par conséquent, tous ses actes ne sont que des liens de paix, des messagers pacifiques qui apportent le baiser de paix des créatures à Dieu, et de Dieu aux créatures.

            Et plus la créature vit dans notre Volonté, plus elle pénètre dans notre famille divine, acquiert nos manières, en vient à connaître nos secrets et nous ressemble davantage, plus nous l’aimons, plus elle nous aime et nous met en condition de toujours lui donner de nouvelles grâces, de nouvelles surprises d’amour ; et nous la gardons dans notre maison comme faisant partie de notre famille. Nous pouvons dire : « Elle mange à notre table et dort sur nos genoux. » Vivre sans cette créature est pour nous impossible. Notre Vouloir nous lie de telle manière qu’il nous rend la créature aimable et attrayante, de telle sorte que nous ne pouvons pas être sans elle ni elle sans nous.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, notre désir que la créature vive dans notre Vouloir est grand. Nous nous trouvons dans la condition d’une pauvre mère qui ressent le besoin de donner naissance et ne peut pas. Elle n’a pas d’endroit où placer son enfant ni personne pour le recevoir ni à qui le confier. Pauvre mère, comme elle souffre ! Notre Être suprême se trouve dans un tel état. Nous ressentons le besoin de nous générer nous-mêmes, mais où allons-nous nous mettre ? Si notre Volonté n’est pas la vie de la créature, il n’y a pas de place pour nous. Nous n’avons personne à qui nous confier ni personne pour nous nourrir, et nous ne trouvons pas l’escorte nécessaire à notre adorable Majesté. Et comme notre Très Sainte Trinité est toujours dans l’acte de générer, ces naissances demeurent réprimées en nous alors que nous voulons générer notre divine Trinité dans les créatures. Mais comme elles ne vivent pas dans notre Vouloir, il n’y a personne pour recevoir notre divine génération. Quelle souffrance de nous voir enfermés en nous-mêmes sans pouvoir déployer le grand bien que notre génération éternelle peut faire aux créatures ! Notre Volonté embrasse toute chose. Et celle qui vit en elle, en formant ses actes, se fait ainsi la messagère de tous. Si elle aime, elle nous apporte l’amour de tous. Si elle adore, à nous apporte l’adoration de tous. Si elle souffre, elle satisfait pour tous. Un seul acte dans notre Vouloir doit surpasser, enclore et embrasser tous les êtres et toutes choses. Et cette âme en arrive au point de se faire porteuse de notre Être suprême, parce que nous ne sortons jamais hors de notre Vouloir. Et quiconque vit en lui peut nous enclore en chacun de ses actes pour nous apporter où il veut, aux créatures pour nous faire connaître, à toute la Création pour nous dire : « Voyez combien je vous aime, puisque j’en arrive à vous apporter à vous-mêmes. »

            Nous nous trouvons dans les conditions où la sphère du soleil se trouve elle-même, qui ne sort jamais de l’intérieur du cercle de ses rayons. Et ses rayons descendent jusqu’à terre pour tout revêtir, même la plus petite plante. Sa sphère, de la hauteur où elle se trouve, ne sort jamais de sa lumière. Elle marche avec elle et fait ce que font ses rayons. Nous sommes ainsi. Nous sommes les porteurs de notre Volonté et notre Volonté est porteuse de nous-mêmes. Nous sommes la vie une, et quiconque vit en elle se fait porteur de notre Être divin, et nous nous faisons nous-mêmes porteurs de la petite volonté humaine. Et nous aimons tellement cette créature qu’elle forme notre victoire et la très grande joie de voir notre Volonté accomplie en elle.

42.  5 décembre 1938 — Le grand désir de Dieu que la créature vive dans son Vouloir. Notre Divinité a établi que nous ferons autant de vies de nous-mêmes que de choses que nous avons créées et d’actes que la créature fera dans notre Vouloir. Connaissances de la Divine Volonté. Entre celle qui vit dans notre Vouloir et nous, nous nous comprenons sans parler et nous parlons sans paroles.

           La mer du divin Vouloir murmure toujours et forme ses plus hautes vagues pour attaquer les créatures ; tantôt de lumière, tantôt d’amour, tantôt d’une beauté ravissante et à un autre moment encore avec des gémissements parce qu’elle veut avoir sa petite place dans les créatures et vivre en elles. L’amour du divin Vouloir est inexprimable ; il en viendrait à des excès et utiliserait toutes ses stratégies d’amour à condition d’avoir la liberté de vivre dans la créature et de nous y faire vivre dans son Fiat ! J’en étais surprise et mon aimable Jésus me dit :

            Fille de ma Volonté, tu ne sais pas jusqu’où va notre amour et ce que nous ferons pour que la créature vive dans notre Volonté. C’est le point le plus beau de la Création et si nous ne le faisons pas, nous pouvons dire que notre œuvre n’est pas accomplie et que nous n’avons pas fait ce que nous savons et pouvons faire. Nous pouvons dire que nous n’avons encore rien fait en comparaison de ce qui nous reste à faire.

            Tu dois savoir que de toute éternité il était établi par notre Divinité que nous ferons de nous-mêmes autant de vies que de choses que nous avons créées et d’actes que la créature fera dans notre Volonté. Étant donné que notre Être est supérieur à tout, il est juste qu’il surpasse dans ses vies le nombre de toutes les choses créées et de tous les actes de la famille humaine. Mais si la créature ne vit pas dans notre Volonté, nous ne pouvons pas former notre vie dans ses actes. Il nous manquerait le matériau divin pour le faire. Nous n’aurions pas d’endroit où placer notre vie. D’ailleurs, à quoi bon former ces vies sans personne qui veuille les recevoir ? Vois-tu alors qu’il s’agit de l’acte le plus beau, le plus puissant et le plus sage ? Il s’agit d’exposer nos vies que nous avons déjà générées dans notre sein, et nous ne pouvons pas les laisser sortir parce que notre Vouloir ne règne pas. Et crois-tu que ce soit peu de chose ce qui manque au grand œuvre de la Création ? C’est l’acte le plus intéressant, le point culminant dans lequel la Création et tous les actes seront investis d’une beauté et d’une gloire si grandes que la beauté et la gloire qu’ils nous ont données dans le passé ne seront en comparaison que de petites gouttes.

            Ma fille, oh ! combien nous soupirons après cela ! Combien notre amour tressaille, gémit et délire en attendant que la créature vive dans notre Vouloir ! Et comme nous savons que bien des choses manqueront à la créature pour que ses actes puissent nous être utiles à former notre vie, nous sommes disposés à continuer notre œuvre afin de suppléer pour tout. En chacun de ses actes, nous mettrons notre amour, notre sainteté, notre bonté et notre beauté afin que rien ne manque de ce qui est nécessaire pour former notre vie. Nous allons ainsi nous générer et nous reproduire nous-mêmes. Et, oh ! quel échange d’amour, de sainteté et de bonté nous aurons ! Nous serons heureux dans le doux enchantement de notre beauté. Comment pourrions-nous ne pas aspirer à ce qu’elle vive dans notre Vouloir ? Parce que ce n’est pas seulement la créature que nous aurons, mais notre vie elle-même générée dans ses actes. Et alors que nous aurons la joie d’avoir une de nos vies, une autre suivra et une autre encore selon les actes que fera la créature. Lorsque nous verrons qu’elle est sur le point d’accomplir cet acte, nous y mettrons nos choses et nous deviendrons nous-mêmes les acteurs et les spectateurs de notre propre vie. Ma fille, quelle joie, quel bonheur de pouvoir nous former nous-mêmes, d’avoir une créature qui nous connaît et qui nous aime, et de pouvoir posséder en elle notre Palais royal !

            Et quel grand bien possédera la créature ! Sa petite sainteté restera dans la nôtre, son petit amour restera dans le nôtre, sa bonté et sa beauté resteront dans les nôtres, de telle sorte que si elle accomplit un acte saint, elle aura notre sainteté en son pouvoir. Si elle aime, elle aimera avec notre amour, et ainsi de suite ; de telle sorte que ses actes s’élèveront de l’intérieur de nos actes parce que ce qui est fait dans notre Vouloir ne sort pas de nous et ne sort pas non plus de nos actes. Ainsi, cette créature nous aimera toujours et nous nous sentirons toujours aimés. Elle grandira toujours en sainteté, en beauté et en bonté. Elle acquerra toujours de nouvelles connaissances de son Créateur parce qu’elle le sentira palpiter dans ses actes. Ma Volonté se fera révélatrice. Elle dira à la créature des choses toujours nouvelles sur notre Être divin pour lui permettre d’apprécier toujours plus notre vie qu’elle possède. La connaissance fait surgir un amour nouveau, communique d’autres variétés de notre beauté, et ne cessera jamais de dire à la créature des choses nouvelles, de la nourrir de ce que nous sommes. Cette heureuse créature se sentira prise dans le filet de notre amour, investie par notre lumière et par l’enchantement de notre beauté. Et nous serons tellement ravis de son amour que nous prendrons refuge dans cette créature pour l’aimer et donner un exutoire à notre amour. Nous l’embellirons au point de nous faire subir l’enchantement d’une si rare beauté.

            Nous pouvons ainsi appeler toutes les autres choses des petites gouttes en comparaison de la créature qui vit dans notre Vouloir. Aussi, sois attentive. Tu me donneras la plus grande satisfaction qui soit et tu me rendras heureux si tu vis dans ma Volonté. 

            Après quoi je continuais à penser au grand bien de la vie dans le divin Vouloir et mon doux Jésus reprit :

            Ma fille, ce bien est si grand que je sens notre vie palpitante vivre dans cette créature, de sorte que nous n’avons plus besoin de paroles pour nous comprendre. Notre souffle dans le souffle de la créature est parole qui investit l’être humain et le transmue en notre parole ; et la créature sent que notre parole parle dans son esprit, dans ses œuvres et dans ses pas. Et la vertu de notre parole créatrice l’investit de telle sorte que notre parole se fait sentir dans les fibres les plus intimes de son cœur et change la créature elle-même en parole. Ma parole devient en elle nature, et ne pas faire ce que je dis et ce que je veux serait comme si mon Verbe allait contre lui-même, ce qui ne peut pas être.

            Ainsi, pour celle qui vit dans mon Vouloir, je suis parole dans son souffle, dans son mouvement, dans son intelligence, dans son regard, en toute chose, si bien qu’en se sentant fusionnée et trempée dans ma parole, sans avoir entendu le son de ma voix, elle s’émerveille et dit : Combien je sens ma nature changée en sa parole, et je ne sais pas comment il me l’a dite. Et je lui dis : « Ne sais-tu pas que je suis parole à chaque instant ? Et même si tu ne m’entends pas, je parle, sachant que lorsque tu rentreras dans la petite chambre de ton âme, tu trouveras et prendras le don de ma parole. » Mes paroles ne s’envolent pas, elles restent dans la nature humaine et transforment cette créature. Il y a une telle union et une telle transformation entre celle qui vit dans notre Vouloir et nous, que nous nous comprenons sans parler, et que nous parlons sans paroles. Et c’est le plus grand don que nous puissions faire à la créature : parler avec le souffle, avec le mouvement. Cette créature est tellement identifiée à nous que nous agissons avec elle comme avec nous-mêmes. Et bien que notre Être divin soit entièrement parole et voix, lorsque nous le voulons, nous ne laissons personne nous entendre. Aussi, sois attentive et laisse-toi guider en toute chose par mon Vouloir.

43.  8 décembre 1938 — Comment l’Humanité de Notre-Seigneur a servi de voile à sa Divinité et aux prodiges du Vouloir divin. Comment toutes les choses créées et la créature elle-même sont des voiles qui cachent la Divinité. L’Immaculée Conception, la renaissance de tous. 

         Le vol dans le divin Vouloir continue. Il semble que dans toutes les choses naturelles et spirituelles le divin Vouloir veut se faire trouver et dire avec un amour indescriptible : Je suis ici. Faisons-le ensemble. Ne le fais pas seule. Sans moi, tu ne saurais pas comment le faire comme moi je le fais. Je resterais dans la souffrance d’être mis de côté et toi tu resterais dans la souffrance de ne pas avoir dans tes actes la valeur d’un acte de la Divine Volonté. Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus, répétant sa petite visite, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, ma très sainte Humanité était la dépositaire de ma Divine Volonté. Il n’y avait pas un seul acte, grand ou petit, dans lequel mon Humanité, se faisant comme un voile, ne cachait pas en toute chose mon divin Fiat, même dans mon souffle et dans mon mouvement. D’ailleurs, je n’aurais pas su comment respirer ni agir si je ne l’avais pas eue en moi. Mon Humanité me servait de voile pour cacher ma Divinité et le grand prodige du travail de mon Vouloir dans tous mes actes. S’il n’en avait pas été ainsi, personne n’aurait été capable de m’approcher. Ma Majesté et la radieuse lumière de ma Divinité aurait tout éclipsé, ils auraient tous été renversés et auraient fui loin de moi. Qui aurait jamais osé me causer la moindre peine ? Mais j’aimais la créature et je ne suis pas venu sur la terre pour faire étalage de ma Divinité, mais de mon amour. Je voulais donc me cacher sous le voile de mon Humanité pour fraterniser avec l’homme, pour faire ce que je faisais, au point de lui permettre de me causer des souffrances inouïes et même la mort.

            À présent, la créature qui s’unit à mon Humanité dans tous ses actes et toutes ses souffrances, désirant trouver ma Volonté pour la faire sienne, brise le voile de mon Humanité et trouve dans mes actes le fruit, la vie, et les prodiges que j’ai accomplis en moi ; et elle reçoit comme sa vie ce que j’ai fait en moi. Et mon Humanité lui servira de soutien et de guide, elle sera comme un maître pour la façon de vivre dans ma Volonté, de telle sorte que je m’aurai moi-même sur la terre, qui continuera à agir sous un voile pour cacher ce que ma Volonté veut faire. Au contraire, celles qui me cherchent sans mon Vouloir ne trouveront que mon voile et non la vie de mon Vouloir qui ne pourra pas produire les prodiges que mon Vouloir a opérés sous le couvert de mon Humanité. C’est toujours ma Volonté qui sait comment cacher dans la créature les plus grands prodiges, les soleils les plus radieux, les merveilles encore inconnues, comme en chacune de mes Humanités sur la terre. Mais, hélas, je les cherche et ne les trouve pas parce qu’il n’y a personne qui recherche ma Volonté avec fermeté.

            Mon cher Jésus garda le silence et je pensais à ce qu’il venait de me dire. Je comprenais que tout ce que Jésus avait fait, dit et souffert était porteur du divin Vouloir. Et reprenant la parole, il ajouta :

            Ma bonne fille, non seulement mon Humanité cachait ma Divinité et ma Volonté de façon spéciale, mais  toutes les choses créées les cachaient également, et la créature elle-même est un voile qui cache notre Divinité et notre adorable Volonté. Le ciel est un voile qui cache notre immense Divinité, notre fermeté et notre immuabilité ; la multiplicité des étoiles cache les multiples effets que notre immensité, notre fermeté et notre immuabilité possèdent. Oh ! si l’homme, sous la voûte azurée, pouvez voir notre Divinité dévoilée, sans les voiles de ce bleu qui nous couvre et qui nous cache ! La petitesse de la créature serait écrasée par notre Majesté et elle marcherait en tremblant sous le regard continu d’un Dieu pur, saint, fort et puissant. Mais parce que nous aimons l’homme, nous restons sous un voile en nous prêtant à ce dont l’homme a besoin, mais secrètement.

            Le soleil est un voile qui cache notre inaccessible lumière, notre radieuse Majesté. Nous devons faire un miracle pour restreindre notre lumière incréée afin de ne pas frapper l’homme de terreur. Et voilés par cette lumière que nous avons créée, nous nous approchons de la créature, nous l’embrassons et nous la réchauffons. Nous étendons ce voile de lumière jusque sous ses pas, à sa droite et à sa gauche, et par-dessus sa tête. Nous allons jusqu’à remplir ses yeux de lumière ; oh ! si seulement la délicatesse de sa pupille nous reconnaissait ! Mais non, tout est en vain ! Elle prend le voile de lumière qui nous cache et nous demeurons le Dieu inconnu au milieu des créatures. Quelle souffrance !

            Le vent est un voile qui cache notre empire. L’air est un voile qui cache la vie continuelle que nous donnons aux créatures. La mer est un voile qui cache notre pureté, notre consolation et notre repos divins. Son murmure cache notre amour continu. Et lorsque nous voyons que la créature ne nous écoute pas, nous formons de très hautes vagues pour causer un tumulte afin qu’elle nous reconnaisse et parce que nous voulons être aimés. Dans tous les biens qu’il reçoit, notre vie est là, voilée, qui s’offre à l’homme.

            Notre Divinité qui aime tant l’homme en arrive à se voiler même de la terre afin de rendre la terre ferme et stable sous ses pieds pour qu’il ne vacille pas. Même dans l’oiseau qui chante, dans les plantes qui fleurissent, dans la variété de saveurs des fruits, notre Divinité se voile pour offrir à l’homme nos joies et le faire profiter des délices innocents de notre Être divin. Et que dire des prodiges d’amour dans lesquels nous sommes voilés et cachés en l’homme ? Nous nous voilons dans son souffle, dans son battement de cœur, dans son mouvement, dans sa mémoire, son intellect et sa volonté. Nous nous voilons dans sa pupille, dans sa parole, dans son amour. Oh ! quelle souffrance de ne pas être reconnus ni aimés ! Nous pouvons dire : « Nous vivons dans l’homme et nous le portons, nous nous faisons porter par lui, et il n’est rien qu’il puisse faire sans nous. Et pourtant, nous vivons ensemble sans nous connaître ! » Quelle souffrance ! S’il nous connaissait, la vie de l’homme serait le plus grand prodige de notre amour et de notre omnipotence. Sous les voiles de notre Divinité, nous ne ferions qu’offrir à l’homme notre sainteté, notre amour, en le couvrant de notre beauté pour lui faire goûter nos délices. Mais puisqu’il ne nous reconnaît pas, il nous considère comme un Dieu loin de lui. Si nous ne sommes pas reconnus, nous ne pouvons pas donner. Ce serait comme donner nos biens à un aveugle. Et l’homme est contraint de vivre sous le cauchemar de ses misères et de ses passions. Pauvre homme qui ne nous connaît pas, ni dans les voiles qui nous cachent en lui, ni dans les voiles de toutes les choses créées. Il ne fait que s’éloigner de notre vie et du dessein pour lequel il a été créé. Et souvent, incapable de supporter son ingratitude, les biens que contiennent nos voiles se changent pour lui en châtiments.

            Aussi, reconnais en toi que tu n’es rien d’autre qu’un voile qui cache ton Créateur afin de pouvoir recevoir et que nous puissions t’administrer notre vie divine dans tous tes actes. Reconnais notre vie divine dans les voiles de toutes les choses créées afin qu’elles t’aident à recevoir un si grand bien.

            Après quoi je faisais ma ronde dans les actes du divin Vouloir. Combien de surprises dans ce saint Vouloir ! De plus, il attend la créature pour la mettre au courant de ses œuvres, pour lui faire savoir combien il l’aime et lui faire don de ce qu’il fait. Il ressent la frénésie de toujours donner sans jamais s’arrêter. Et il se contente de recevoir en échange le petit « Je t’aime » de la créature. J’en arrivais alors à la Conception de ma Maman Reine. Que de merveilles ! Et mon doux Jésus reprit et me dit :

            Ma bienheureuse fille, c’est aujourd’hui la fête de l’Immaculée Conception. C’est la plus belle et la plus grande fête pour nous, pour le ciel et la terre. Dans l’acte d’appeler à partir de rien cette céleste créature, nous avons accompli des prodiges et des merveilles tels que le ciel et la terre en étaient comblés. Nous avons appelé tout le monde, personne n’a été mis de côté, afin que chacun puisse renaître avec elle. Ce fut ainsi la renaissance de tous et de toutes choses. Notre Être divin débordait tellement que nous avons mis à sa disposition, dans l’acte de sa Conception, des mers d’amour, de sainteté et de lumière avec lesquelles nous pouvions aimer toutes les créatures, les rendre toutes saintes et leur donner à toutes la lumière. La céleste petite sentait en elle un peuple innombrable renaître dans son petit Cœur.

            Et notre paternelle bonté, qu’a-t-elle fait ? Premièrement, nous lui avons fait don de nous-mêmes afin d’avoir le plaisir de l’accompagner, et la joie qu’elle nous accompagne. Ensuite, nous l’avons offerte en don à chaque créature. Oh ! combien elle nous aimait et combien elle aimait toutes les créatures avec une intensité et une plénitude telles qu’il n’est pas de lieu où son amour ne s’élève ! Toute la Création, le soleil, le vent, la mer, sont remplis de l’amour de cette sainte créature, parce que la Création se sentait également renaître avec elle à une gloire nouvelle. Mieux encore, la Création avait la grande gloire de posséder sa Reine, si bien que lorsqu’elle prie pour le bien de son peuple, avec un amour auquel il n’est pas permis de résister, elle nous dit : « Adorable Majesté, rappelez-vous ce que vous m’avez donné. Je suis déjà à vous, et je suis à eux. Par conséquent, de droit, vous devez me le concéder. »

44.  18 décembre 1938 — Dieu ne donne pas si la créature ne veut pas recevoir et si elle n’a pas la connaissance de la chose qu’il veut donner. Douloureuses conditions lorsqu’on ne vit pas dans le divin Vouloir. La nourriture divine : l’amour. Conditions de Dieu lorsque la créature ne vit pas dans le divin Vouloir ; comment la créature descend de sa ressemblance. Tout a été créé pour en faire don aux créatures. La Divine Volonté donne la capacité de nous faire comprendre, l’ouïe pour nous faire entendre, et elle transforme la volonté humaine.

          Je suis toujours dans les bras du divin Vouloir qui me rend toute chose présente afin de pouvoir me dire : « J’ai tout fait pour toi. Mais je veux que tu reconnaisses à quels excès mon amour en est venu. » Mais mon esprit s’égarait et mon toujours aimable Jésus qui veut toujours être le premier narrateur du Fiat et de ses œuvres, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, faire connaître ce que nous avons fait pour les créatures est pour nous comme le retour de tout ce que nous avons fait, mais à qui pouvons-nous le faire connaître ? À celle qui vit dans notre Vouloir parce que notre Vouloir donne la capacité de nous comprendre, l’ouïe pour nous faire entendre, et transforme la volonté humaine pour qu’elle veuille ce que nous voulons lui donner. Vois-tu alors dans quelle pénible condition nous mettent les créatures lorsqu’elles ne vivent pas dans notre Volonté ? Elles font de nous un Dieu muet incapable de faire savoir combien il les aime et combien elles devraient nous aimer. On peut dire que les communications entre le ciel et la terre sont rompues.

            Tu dois savoir que tout a été créé pour en faire don aux créatures. Chaque chose créée est porteuse du don et de l’amour avec lequel nous faisions ce don. Mais sais-tu pourquoi ? La créature n’avait rien à nous donner, et comme nous l’aimions d’un amour suprême et que nous voulions qu’elle ait quelque chose à nous donner, nous l’avons comblée de nos dons comme s’ils étaient les siens. Parce que si l’on n’a rien à donner, la correspondance s’arrête, l’amitié est brisée et l’amour meurt.

            C’est pourquoi celle qui vit dans notre Vouloir devient la dépositaire de toute la Création. Et, quelle joie lorsqu’elle se sert de nos dons pour nous aimer et nous dire : Voyez-vous combien je vous aime ? Je vous donne le soleil pour vous aimer et je vous aime de l’amour avec lequel vous m’avez aimée dans le soleil. Je vous donne les hommages, les adorations de sa lumière, ses multiples effets pour vous aimer, son acte continu de lumière pour me diffuser partout et mettre mon  « Je vous aime » sur chaque chose que touche sa lumière ! Sais-tu alors ce qui se passe ? Nous voyons la lumière du soleil, tous ses effets, tous les lieux où pénètre sa lumière, ornés par le Je vous aime, les adorations et les hommages de la créature. Mais il y a plus. Le soleil porte en triomphe l’amour du Créateur et de la créature. Ainsi, nous nous sentons unis dans le soleil par une seule Volonté et un seul amour. Et si la créature veut nous aimer encore plus, elle nous dit hardiment : Vous voyez combien je vous aime ? Mais ce n’est pas encore assez pour moi. Je veux vous aimer encore plus. Alors j’entre dans votre inaccessible, immense et éternelle lumière qui ne finit jamais. Et dans cette lumière, je veux vous aimer avec votre amour éternel. Tu ne peux pas comprendre notre joie en voyant qu’elle nous aime non seulement dans nos dons, mais aussi en nous-mêmes. Conquis par son amour, nous redoublons de dons en retour et nous nous abandonnons à elle pour être aimés, non seulement de la manière dont nous aimons nos œuvres, mais ainsi que nous nous aimons nous-mêmes, et tout cela pour l’amour de la créature.

            Et ainsi, la créature se sert de toutes les autres choses créées pour nous faire de nouvelles surprises d’amour en retour pour nos dons, pour maintenir la correspondance, pour nous dire qu’elle nous aime continuellement. Et nous, qui ne savons pas recevoir sans donner, nous redoublons nos dons. Mais le plus grand don est de la voir portée dans les bras de notre Volonté. Elle nous attire tellement que nous ne pouvons pas nous empêcher de parler de notre Être suprême et de lui donner une autre connaissance sur ce que nous sommes, ce qui est le plus grand don que nous puissions faire et qui surpasse toute la Création. Connaître nos œuvres est un don, mais en nous faisant connaître, c’est notre vie que nous donnons. C’est admettre la créature dans nos secrets. C’est le Créateur qui fait confiance à la créature.

            Vivre dans notre Vouloir, être aimés, cela est tout pour nous. D’autant plus que l’amour de nous-mêmes forme notre nourriture continuelle. Mon céleste Père génère sans cesse son Fils parce qu’il aime. En me générant, il forme la nourriture qui nous nourrit. Moi, son Fils, j’aime avec le même amour, et le Saint-Esprit procède ; avec cela, nous formons d’autres nourritures pour nous nourrir. Si nous avons créé la Création, c’est parce que nous aimons. Et si nous la maintenons avec notre acte créateur et conservateur, c’est parce que nous aimons. Cet amour nous sert de nourriture. Si nous voulons que la créature nous connaisse dans nos œuvres et en nous-mêmes, c’est parce que nous voulons être aimés et nous nous servons de cet amour pour nous nourrir. Nous ne méprisons jamais l’amour. Pourvu que ce soit de l’amour, il nous est utile, il nous appartient. Notre amour apaise sa faim en étant aimé. Ayant tout fait par amour, nous voulons que le ciel et la terre, et toutes les créatures, ne soient qu’amour pour nous. Et si tout n’est pas amour, la souffrance entre, qui nous cause le délire d’aimer sans être aimés.

            Notre Volonté est notre vie, l’amour est la nourriture. Vois à quelle noble et sublime hauteur nous voulons élever la créature qui forme en elle-même la vie de notre Volonté dans laquelle toutes choses, les circonstances, les croix, l’air même qu’elle respire se convertiront pour elle en amour afin de la nourrir, de telle sorte qu’elle pourra dire : La vie de votre Vouloir est à vous et elle est à nous, nous nous nourrissons de la même nourriture.

            Nous voyons alors la créature grandir à notre image et à notre ressemblance. Et ce sont là nos vraies joies dans la Création, être capable de dire : « Nos enfants nous ressemblent. » Et quelle ne serait pas la joie de la créature de pouvoir dire : Je ressemble à mon Père céleste ? C’est pourquoi je veux que la créature vive dans mon Vouloir, parce que je veux que mes enfants me ressemblent.

            Si ces enfants ne reviennent pas dans mon Vouloir, nous nous trouvons dans la condition malheureuse d’un père noble et savant, capable d’instruire tout le monde. Il est riche et doté d’une rare beauté. Mais ses enfants ne lui ressemblent pas du tout. Ils sont déchus de la noblesse de leur père. Ils sont pauvres, stupides, laids, sales au point d’en être dégoûtants. Le pauvre père se sent déshonoré dans ses enfants. Il les regarde et ne les reconnaît presque plus. Il les voit aveugles, boiteux, malades, et ils en arrivent au point de ne même plus reconnaître leur père. Ces enfants sont pour leur père une souffrance. Telle est notre situation. Ceux qui ne vivent pas dans notre Volonté nous déshonorent et sont pour nous une souffrance. Comment peuvent-ils nous ressembler s’ils n’ont pas notre Volonté ? Notre Volonté nourrit nos enfants avec notre propre nourriture qui forme en eux notre sainteté. Ils sont alors embellis de notre beauté et acquièrent la grande connaissance de leur Père. Notre Fiat parle dans sa lumière et leur raconte bien des choses au sujet de leur Père, jusqu’à ce qu’ils en deviennent amoureux au point de ne plus pouvoir vivre sans leur Père, et cela produit la ressemblance.

            Ma fille, sans ma Volonté, il n’y a personne pour les nourrir, personne pour les instruire, personne pour les former, personne pour les élever comme des enfants qui nous ressemblent. Ils sortent de notre demeure et ne savent pas ce que nous faisons, ni qui nous sommes, ni combien nous les aimons ou ce qu’ils doivent faire pour nous ressembler. Par conséquent, ils sont loin de notre ressemblance. Comment peuvent-ils être comme nous s’ils ne nous connaissent pas et s’il n’y a personne pour leur parler de notre Être divin ?

45.  25 décembre 1938 — La descente du Verbe (la Parole) – son dessein premier. Combien il est facile de faire naître Jésus pourvu que l’on vive dans son Vouloir. Le Paradis que Jésus a trouvé sur la terre dans la Reine du ciel.

       Mon pauvre esprit poursuit son chemin dans le divin Vouloir. Oh ! combien le divin Vouloir est heureux de voir sa petite nouveau-née qui va chercher ses actes afin de les connaître, de les embrasser, de les adorer, de les faire siens et de lui dire : « Combien vous m’avez aimée ! » Je m’arrêtai ensuite à la descente du Verbe sur la terre et j’étais prise de pitié en le voyant seul. Mon doux Jésus, avec une inexprimable tendresse, me surprit et me dit :

            Ma très chère fille, tu te trompes. La solitude vient de l’ingratitude humaine. Mais pour ce qui est du divin, nos œuvres m’accompagnaient et ne me laissaient jamais seul. Tu dois également savoir que le Père et le Saint-Esprit sont descendus avec moi. Alors que je demeurais avec eux dans le ciel, ils sont descendus avec moi sur la terre. Nous sommes inséparables. Nous ne pourrions pas nous séparer, même si nous le voulions. Nous pouvons tout au plus nous bilocaliser. Et tandis que nous avons notre trône dans le ciel, nous formons notre trône sur la terre, mais sans jamais nous séparer. Le Verbe (la Parole) peut bien prendre la partie opérative, mais le Père et le Saint-Esprit sont toujours concurrents.

            De plus, dans l’acte de ma descente du ciel, tous ont voulu m’accompagner et me rendre les honneurs qui me sont dus. Le ciel m’accompagnait avec toutes ses étoiles pour me rendre les honneurs de mon immutabilité et de mon amour qui ne finit jamais. Le soleil m’accompagnait pour me rendre les honneurs de ma lumière éternelle. Oh ! combien il m’exaltait par la multiplicité de ses effets ! Je peux dire qu’il me faisait un berceau de sa lumière. Et avec sa chaleur, il me disait dans un langage muet : « Vous êtes lumière, et je vous honore, je vous adore et je vous aime de la lumière même dont vous m’avez créé. »

            Tous m’entouraient : le vent, la mer, le petit oiseau, tous et toutes choses pour me donner l’amour et la gloire avec lesquels je les avais créés. Certains exaltaient mon empire, mon immensité ; d’autres mes joies infinies. Les choses créées me faisaient fête, et si je pleurais, elles pleuraient également parce que ma Volonté qui résidait en elles les informait de ce que je faisais. Et, oh ! comme elles se sentaient honorées de faire ce que faisait leur Créateur ! Et j’avais la compagnie des anges qui ne me laissaient jamais seul. Et comme tous les temps m’appartiennent, j’avais la compagnie de tous ceux qui allaient vivre dans mon Vouloir. Ma Volonté les portait dans ses bras et je les sentais palpiter dans mon Cœur, dans mon sang et dans mes pas. Et me sentant investi par eux tous, aimé par ma Volonté, je me sentais payé de retour pour ma descente du ciel sur la terre. Tel était mon premier dessein : remettre de l’ordre dans le Royaume de ma Volonté au milieu de mes enfants. Je n’aurais jamais créé le monde si je ne devais pas avoir les enfants qui me ressemblent et qui vivent de ma Volonté. Ma Volonté se serait trouvée dans la condition d’une pauvre mère stérile qui n’a pas le pouvoir de générer et qui ne peut se former une famille. Par conséquent, ma Volonté a le pouvoir de générer et de se former sa longue génération, de former sa famille divine.

            Après quoi je continuais à penser à la descente du Verbe divin (la Parole), et je me disais : « Comment Jésus peut-il jamais naître dans nos âmes ? » Et le cher petit Bébé ajouta : 

            Ma fille, me faire naître est la chose la plus facile qui soit. De plus, nous ne savons pas faire des choses difficiles. Notre puissance rend tout facile. Pourvu que la créature vive dans notre Vouloir, tout est fait. Lorsque la créature veut vivre dans notre Vouloir, elle forme déjà la demeure pour ton petit Jésus. Dès le moment où elle veut commencer à faire ses actes, elle me conçoit. Lorsqu’elle aime dans mon Vouloir, elle me revêt de lumière et me réchauffe de toutes les froideurs des créatures. Chaque fois qu’elle me donne sa volonté et prend la mienne, je m’amuse comme avec un jouet et chante victoire pour avoir gagné le vouloir humain. Je me sens comme un petit Roi victorieux.

            Vois-tu, ma fille, combien cela est facile pour ton petit Jésus ? Parce que lorsque nous trouvons notre Volonté dans la créature, nous pouvons tout faire. Notre Volonté nous administre tout ce qui est nécessaire et tout ce que nous voulons pour former notre vie et nos plus belles œuvres. Mais lorsque notre Volonté est absente, nous sommes bloqués ; chez certaines, c’est l’amour qui manque ; chez d’autres, la sainteté ; chez d’autres, la puissance ; et en d’autres encore, la pureté et tout ce qui est nécessaire pour faire renaître notre vie et la former dans les créatures. Par conséquent, tout dépend des créatures. De notre côté, nous nous mettons nous-mêmes à sa disposition.

            De plus, dans ma naissance, ma divine Maman m’a formé une belle surprise : avec ses actes, avec son amour, avec la vie de ma Volonté qu’elle possédait, elle a formé mon Paradis sur terre. Elle n’a fait que tresser toute la Création avec son amour, déployant des mers de beauté pour me faire voir nos divines beautés et sa propre beauté qui brillait en chacune d’elles. Comme il était beau de trouver ma Maman dans toute la Création où je pouvais jouir de sa beauté et de la beauté de ses actes. Elle déployait ses mers d’amour pour me montrer qu’elle m’aimait en toutes choses. Je trouvais en elle mon Paradis d’amour et j’étais heureux et joyeux dans les mers d’amour de ma Maman.

            Dans mon Vouloir, elle formait la plus belle musique, les plus délicieux concerts, de sorte que la musique de la Patrie céleste ne manquait pas à son petit Jésus. Ma Maman pensait à tout afin que rien ne me manque des joies du Paradis que je quittais. En me penchant sur son Cœur, j’éprouvais des harmonies et des satisfactions telles que j’en étais ravi. Ma chère Maman, en vivant dans mon Vouloir, a pris le Paradis dans son sein et l’a fait goûter à son Fils. Et tous ses actes ne servaient qu’à me rendre heureux et à redoubler mon Paradis sur la terre.

            Et, ma fille, tu ne connais pas encore une autre surprise : celle qui vit dans mon Vouloir est inséparable de moi et chaque fois que je renais, elle renaît de nouveau avec moi. De sorte que je ne suis jamais seul. Je la fais renaître avec moi à la vie divine. Elle renaît à un amour nouveau, à une sainteté nouvelle, à une beauté nouvelle. Elle renaît dans les connaissances de son Créateur, et elle renaît dans tous nos actes. Et même dans chaque acte qu’elle accomplit, elle m’appelle pour renaître et former un nouveau Paradis pour son Jésus ; et je la fais renaître avec moi pour la rendre heureuse. Rendre heureuse celle qui vit avec moi est une de mes plus grandes joies.

            Aussi, sois attentive à vivre dans mon Vouloir si tu veux me rendre heureux, si tu veux que je trouve dans tes actes mon Paradis sur la terre, et je penserai à te faire goûter les océans de mes joies et de mes bonheurs. Nous nous rendrons tous les deux heureux.

46.  28 décembre 1938 — Comment est formé l’écho entre le Créateur et la créature. Comment un acte dans le divin Vouloir se trouve partout. Le Roi et l’armée. La Maternité de la Reine du ciel.

           Bien que mon pauvre esprit vive un cauchemar de terribles douleurs et que j’ai l’impression de mourir, je fais ce que je peux pour suivre les actes du Vouloir suprême, mais avec difficulté. Je me tourne vers le Vouloir suprême pour y trouver refuge et des forces dans l’état où je me trouve. Et mon bien-aimé Jésus s’éprit de compassion et avec tendresse, il me dit : 

            Fille de ma Volonté, courage. Ne te laisse pas aller. Le découragement fait perdre des forces et tu te sens loin de moi qui vis en toi et t’aime tant. Tu dois savoir que lorsque la créature entre dans notre Vouloir pour y déposer sa volonté et prendre la nôtre, notre écho divin commence dans la créature. Et en entendant notre écho, nous disons : « Qui a tant de vertu au point de produire l’écho de son amour, de son souffle et de son battement de cœur dans notre Être suprême ? Ah ! c’est une créature qui a reconnu notre Volonté et qui entre pour vivre en elle. Qu’elle soit la bienvenue. Nous, en échange, nous ferons sentir notre écho dans la créature de telle sorte que nous respirerons d’un même souffle, nous aimerons d’un même amour, nous aurons le même battement de cœur, et nous sentirons que la créature vit en nous. Nous ne nous sentirons jamais seuls et la créature sentira que nous vivons en elle ; elle aura la compagnie de son Créateur qui ne la laissera jamais seule. »

            Tu dois savoir que chaque acte accompli dans notre Vouloir ne finit jamais ; il est continuellement répété. Et comme ma Volonté se trouve partout, cet acte se trouve répété au ciel, dans les choses créées, en toute chose. Par conséquent, un acte dans notre Volonté surpasse tout, rempli le ciel et la terre, et nous donne tant d’amour et de gloire que toutes les autres œuvres sont comme des petites gouttes en comparaison à la mer, parce que c’est nous-mêmes qui nous glorifions et qui nous aimons nous-mêmes dans la créature qui se recouvre de son Créateur et opère avec lui.

            Quelle que soit la beauté des choses que la créature peut faire en dehors de notre Vouloir, elles ne peuvent jamais nous plaire parce qu’elles ne nous donnent pas ce qui est à nous. Elles ne peuvent pas se diffuser partout. Un tel amour est si petit qu’il recouvre à peine l’acte que la créature accomplit, si tant est qu’il puisse le faire.

            Tu dois savoir que bien que nous aimions beaucoup la créature, nous ne pouvons pas tolérer qu’elle soit parmi nous indécente, sale, sans beauté, dénudée ou couverte de haillons misérables. Il ne serait pas digne de notre suprême Majesté d’avoir des enfants qui ne nous ressemblent pas ou qui ne sont pas revêtus des vêtements royaux de notre Fiat. Ce serait comme un roi dont l’armée et les sujets sont mal vêtus, couverts de saleté, au point de rendre leur apparence répugnante. Certains seraient aveugles, d’autres boiteux ou difformes. Ne serait-ce pas un déshonneur pour ce roi d’être entouré d’une armée de misérables qui inspirent la pitié ? Ne devrait-on pas condamner ce roi qui ne veille pas à se former une armée digne de lui ? Ne devrait-on pas être en admiration, non seulement à la vue de la majesté de ce roi, mais également de sa belle armée bien ordonnée, de sa belle jeunesse et des habits qu’elle porte ? Ne serait-ce pas un honneur pour ce roi d’être entouré par des ministres et une armée qui font plaisir à voir ?

            Notre invincible amour, avec une infinie sagesse, désireux de traiter avec chaque créature individuellement, a disposé de donner ma Volonté à la créature afin que ma Volonté puisse l’embellir de sa lumière, l’habiller de son amour, et la sanctifier de sa sainteté. Vois-tu ainsi combien il est nécessaire que notre Volonté règne dans la créature ? Parce que ma Volonté seule a le pouvoir de purifier la créature et de l’embellir afin de former notre divine armée. Et nous serons alors honorés de vivre avec eux et en eux. Ils seront nos enfants qui seront autour de nous, habillés de nos vêtements royaux et embellis à notre ressemblance.

            C’est pourquoi notre Volonté commence par purifier, sanctifier et embellir. Ensuite, elle les admet dans notre Vouloir pour les faire vivre avec nous. De plus, lorsque la créature entre dans notre Vouloir, notre amour est si grand que notre Être divin fait tomber sur elle une pluie d’amour et, la voyant tellement aimée, tous les anges et les saints accourent pour l’entourer et l’aimer. La Création elle-même exulte de joie en voyant notre Volonté triomphante dans cette créature. Tous la comblent d’amour et, oh  comme il est beau de voir cette créature que tous aiment ! Et la créature se sent si reconnaissante d’être aimée par tous qu’elle aime tout le monde en retour.

            Après quoi je continuai ma ronde dans le divin Vouloir et j’arrivai à la naissance du petit Jésus qui tremblait de froid, pleurait et sanglotait amèrement. Les yeux gonflés par les larmes, il me regarda et demanda mon aide. Et entre ses sanglots et ses gémissements, il me dit :

            Ma bonne fille, le manque d’amour de la créature me fait pleurer amèrement. Lorsque je vois que je ne suis pas aimé, je me sens blessé et cela me cause tant de peine que je sanglote. Mon amour court et poursuit chaque créature. Je la cache et remplace sa vie avec ma vie d’amour. Mais ces ingrates créatures ne me disent même pas un seul « Je t’aime ». Comment pourrais-je ne pas pleurer ? Aussi, aime-moi, si tu veux calmer mes pleurs.

            Écoute, ma fille, et fais bien attention. Je veux te dire une grande surprise de notre amour, et il faut que rien ne t’échappe. Je veux te faire connaître l’étendue de la Maternité de ma céleste Mère, ce qu’elle a fait, combien cela lui a coûté, et ce qu’elle fait encore. Tu dois savoir que la grande Reine n’était pas seulement ma Mère en me concevant, en me mettant au monde, en me nourrissant de son lait, en prenant soin de moi de toutes les manières possibles durant mon enfance. Cela ne suffisait pas à son amour maternel ni à mon amour comme son Fils. Son amour maternel courait dans mon esprit et si des pensées m’affligeaient, elle étendait sa Maternité dans chacune de mes pensées, elle les cachait dans son amour et les embrassait. Je sentais alors mon esprit caché sous son aile maternelle qui ne me laissait jamais seul. Chacune de mes pensées avait ma Mère qui m’aimait et me donnait tous ses soins maternels.

            Sa Maternité s’étendait en chacun de mes souffles et de mes battements de cœur. Et si mon souffle où mon battement de cœur suffoquait d’amour et de peine, elle accourait avec sa Maternité pour ne pas me laisser suffoquer d’amour et mettre un baume sur mon Cœur transpercé. Si je regardais, si je parlais, si je travaillais si je marchais, elle accourait pour recevoir mes regards, mes paroles, mes œuvres et mes pas dans son amour maternel. Elle les couvrait de son amour maternel, les cachait dans son Cœur et me dorlotait. Je sentais son amour maternel jusque dans la nourriture qu’elle me préparait et je goûtais, en la mangeant, sa Maternité qui m’aimait.

            Et que dire de l’expression de sa Maternité dans mes souffrances ? Il n’y avait pas de souffrance ni de goutte de sang que je versais où je ne sentais ma chère Mère. Après m’avoir dorloté, elle a pris mes souffrances et mon sang et les a cachés dans son Cœur maternel pour les aimer et continuer sa Maternité. Qui pourrait dire combien elle m’aimait et combien je l’aimais ? Mon amour était si grand qu’il m’était impossible de ne pas sentir en moi sa Maternité dans tout ce que je faisais. Je peux dire qu’elle courait pour ne jamais me laisser seul, même dans ma respiration. Et je l’appelais. Sa Maternité était pour moi un besoin, un soulagement, un soutien pour ma vie ici-bas.

            Écoute, ma fille, une autre surprise d’amour de ton Jésus et de ta céleste Mère. En tout ce que nous avons fait, l’amour n’a jamais connu d’obstacle entre nous ; l’amour de l’un coulait dans l’amour de l’autre pour ne former qu’une seule vie. Mais en voulant faire la même chose avec les créatures, combien nous trouvons d’obstacles, de refus et d’ingratitudes. Mais mon amour n’arrête jamais.

            Tu dois savoir que lorsque mon inséparable Mère étendait sa Maternité à l’intérieur et à l’extérieur de mon Humanité, je la constituais et la confirmais ainsi Mère de chaque pensée, de chaque souffle, de chaque battement de cœur, de chaque parole de toutes les créatures, et j’étendais sa Maternité dans leurs œuvres, dans leurs pas, et dans toutes leurs souffrances. Sa maternité court partout. Dans les dangers de tomber dans le péché, elle court et couvre les créatures de sa Maternité pour les protéger de la chute ; et si elles tombent, elle leur laisse sa Maternité pour les défendre et les aider à se relever. Sa Maternité court et s’étend sur les âmes qui veulent être bonnes et saintes, comme si elle trouvait en elles son Jésus. Elle devient Mère de leur intelligence, elle guide leurs paroles, couvre les créatures et les cache dans son amour maternel afin d’élever beaucoup d’autres Jésus. Sa Maternité se montre sur le lit des mourants, et en se servant des droits de son autorité de Mère que je lui ai donnés, elle me dit avec un accent si tendre que je suis incapable de rien lui refuser : « Mon Fils, je suis Mère et ce sont mes enfants. Je dois les mettre en sûreté. Si tu ne m’accordes pas cela, ma Maternité sera compromise. » Et en disant cela, elle les couvre de son amour et les cache dans sa Maternité pour les sauver.

            Mon amour était si grand que je lui ai dit : « Ma Mère, je veux que tu sois la Mère de tous, et ce que tu as fait pour moi, je veux que tu le fasses pour toutes les créatures. Étends ta maternité sur tous leurs actes de telle sorte que je les verrai toutes couvertes et cachées dans ton amour maternel. » Ma Mère accepta et demeura confirmée, non seulement comme Mère de toutes les créatures, mais aussi comme Celle qui couvrira chacun de leurs actes de son amour maternel. C’est une des plus grandes grâces que j’aie accordées à toutes les générations humaines. Mais combien de souffrance ma Mère ne reçoit-elle pas ? Les créatures vont jusqu’à nier sa Maternité et refuser de la reconnaître comme Mère. C’est pourquoi le ciel tout entier prie et attend avec impatience que la Divine Volonté soit connue et qu’elle règne. C’est alors que la grande Reine fera aux enfants de mon Vouloir ce qu’elle a fait à son Jésus. Sa Maternité prendra vie dans ses enfants.

            Je donnerai ma place dans son Cœur maternel à tous ceux qui vivront dans mon Vouloir. Elle les élèvera pour moi, guidera leurs pas et les cachera dans sa Maternité et sa sainteté. Son amour maternel et sa sainteté s’imprimeront dans tous leurs actes. Ils seront ses vrais enfants qui seront comme moi en toute chose. Et, oh ! comme je voudrais que chacun sache que tous ceux qui veulent vivre dans mon Vouloir ont une Reine et une Mère puissante qui leur donnera tout ce qui leur manque et les élèvera dans son sein maternel. En tout ce qu’ils feront, elle sera avec eux pour modeler leurs actes sur les siens, si bien qu’ils seront connus comme des enfants qui ont été élevés et éduqués par la Maternité aimante de ma Maman ! Ce sont ces enfants qui la rendront heureuse et qui seront sa gloire et son honneur.


Fiat!!!

Adveniat Regnum tuum; Fiat Voluntas tua sicut in coelo et in terra.