No 21 à 40

21.  24 juillet 1938 — La différence entre la Divine Volonté et l’amour. Comment celle qui vit dans le divin Vouloir reçoit le dépôt de l’amour de toutes les choses créées et forme l’appui des actes de Notre-Seigneur. L’appel général.

        Je me sens investie par le Fiat. Il me semble qu’il m’appelle dans toutes les choses créées pour me donner son amour afin que je puisse l’aimer davantage. Mais je me disais : « Quelle différence y a-t-il entre l’amour et la Divine Volonté ? » Mon adorable Jésus me refit alors sa petite visite et me dit :

            Fille de ma Volonté, ma Volonté est vie, et mon amour est nourriture. Si la nourriture existait sans la vie qui la mange, elle serait inutile et Dieu ne sait pas faire des choses inutiles. La vie est la raison de la nourriture ; elles sont toutes deux nécessaires. La vie ne peut pas se faire grandir ni développer ses grandes œuvres sans se nourrir. Et la nourriture resterait sans œuvres et sans le don de soi dans de merveilleuses choses si elle n’avait pas une vie pour la recevoir.

            De plus, ma Volonté est lumière, et l’amour est chaleur ; les deux sont inséparables l’un de l’autre. La lumière ne peut pas être sans chaleur ni la chaleur sans lumière. Il semble qu’elles soient des jumelles nées d’une même naissance. Mais la lumière est sortie la première et la chaleur a suivi. Ainsi, la chaleur est l’enfant de la lumière. De la même manière, ma Volonté a son acte premier ; l’amour est sa fille favorite, son inséparable première-née. Si ma Volonté ne veut pas, n’agit pas et ne veut pas opérer, l’amour demeure caché dans sa Maman sans rien faire.

            C’est la même chose dans la créature. Si elle se laisse mouvoir par ma Volonté, elle aura l’amour vrai, constant et immuable dans le bien. Par contre, si la créature ne se laisse pas animer par ma Volonté, son amour sera une peinture d’amour, sans vie et inconstant. Pauvre amour où il n’y a pas la vie de ma Volonté ! Le (prétendu) bien et les œuvres qu’il fera seront exposés au froid, au gel de la nuit et à la brûlure du soleil qui ont la vertu de brûler et d’assécher les plus belles œuvres ! Vois-tu, ma fille, la différence qui existe entre ma Volonté et l’amour ? La fille ne peut pas naître sans la mère. Aussi, que la possession de la vie de ma Volonté soit chère à ton cœur si tu ne veux pas être stérile dans le bien, sans une génération capable de peupler le ciel et la terre.

            Après quoi il ajouta : Ma bienheureuse fille, la vie dans ma Divine Volonté met de l’ordre en toutes choses et fait connaître le bien que possèdent toutes les choses créées et l’amour dont elles sont investies ; elle fait que ces choses créées se déversent sur la créature pour l’aimer, chacune avec un amour distinct que possède chaque chose créée. C’est pourquoi nous nous trouvons dans celle qui vit dans notre divin Fiat : l’amour avec lequel nous avons créé et étendu le ciel, et la multiplicité de notre amour distinct avec lequel nous l’avons constellé d’étoiles. Chaque étoile est un amour distinct et nous voyons cet amour scellé dans la créature qui nous aime avec une diversité d’amour égale au nombre des étoiles, et nous sentons notre amour immense et infini couronné de la couronne de l’amour de la créature !

            Oh ! combien nous sommes heureux de trouver dans la créature son amour qui couronne le nôtre ! Et pour y répondre, nous redoublons notre amour dans la créature pour qu’elle nous aime davantage et que son amour pour nous dépasse le ciel avec toutes ses étoiles.

            Nous trouvons dans la créature l’amour avec lequel nous avons créé le soleil. Le soleil est un, mais la multiplicité des effets et des biens qu’il produit est innombrable. Chaque effet est un amour distinct. Il peut être un baiser, une caresse de lumière que le Créateur donne à sa créature ; une étreinte d’amour ; autant d’actes de vie que nous faisons naître de ces effets qui peuvent être appelés nourriture pour la vie des créatures. Et dans celle qui vit dans notre Vouloir, nous trouvons notre amour et la multiplicité des effets avec lesquels nous avons créé le soleil. Et, oh ! combien nous nous sentons recevoir en retour : notre amour, nos baisers, nos étreintes et la multiplicité des effets de notre amour que possède la lumière ! Et nous sentons notre inaccessible lumière couronnée de la couronne de lumière de l’amour de cette créature.

            Qu’est-ce que notre Volonté ne nous fait pas trouver dans celle qui vit en elle ? Elle nous fait trouver l’amour avec lequel nous avons créé le vent, l’air, la mer, la petite fleur des champs, tous les êtres et toutes les choses. Et la créature nous rend cet amour ; elle le redouble même, et nous redoublons l’amour avec lequel nous avons créé toutes choses. Notre amour est en fête, il se sent de nouveau aimé en retour, il prépare de nouvelles surprises d’amour et forme la Création opérante dans la créature. Cet amour relie toute chose, le ciel et la terre, il s’écoule partout et forme comme un ciment pour réunir l’inséparabilité que le manque d’amour entre Dieu et les créatures avait produite.

            Mon amour est si grand pour celle qui vit dans mon divin Vouloir que ce que je fais, je le fais faire par cette créature. Je lui donne un droit sur mes actes comme s’ils étaient les siens. Et j’attends avec impatience que cette créature prenne mes pas pour marcher, mes mains pour travailler, ma voix pour parler ; à tel point que si parfois elle omet de se servir de moi, mon amour le lui reproche doucement et avec une indicible tendresse, je lui dis : « Aujourd’hui, tu ne m’as pas fait marcher. Mes pas attendaient de marcher en toi et tu les as rendus immobiles. Aujourd’hui, mes œuvres sont suspendues parce que tu ne m’as pas donné l’espace où travailler de tes mains. J’ai toujours gardé le silence parce que tu ne m’as pas laissé parler dans ta voix. Tu vois ? J’ai même des larmes sur mon visage parce que tu ne les as pas enlevées pour te laver toi-même, te rafraîchir dans mon amour et faire un bain pour qui m’offense. Et je sens toujours mon visage inondé de larmes. Aujourd’hui, mes souffrances sont sans les baisers, la douceur de celle qui m’aime, et elles me semblent plus amères. Aussi, prends tout de moi. Ne me laisse rien. Laisse-moi reposer mon Être avec tous mes actes sur toi et sur tous tes actes. Ainsi, je t’appellerai mon appui, mon refuge. Je mettrai en toi, dans la banque de ma Volonté qui règne en toi, tout ce que j’ai fait et souffert lorsque j’étais sur la terre. Je le multiplierai et le multiplierai cent fois. Je le ferai renaître continuellement à une vie nouvelle afin que tu puisses prendre pour toi ce que tu veux et me donner à tous, afin que tous me connaissent et que tous m’aiment. »

            De plus, tu dois savoir que lorsque la créature entre dans ma Volonté pour accomplir ses actes, ma Volonté dans la créature fait l’appel de toutes les choses créées, des saints et des anges, afin que tous soit enclos dans cet acte. Et, oh ! comme il est beau d’entendre que dans cet acte tous m’aiment, tous me reconnaissent et m’adorent ; tout le monde fait la même chose ! Ma Volonté appelle tout le monde et s’impose sur tout le monde. Et ils sont tous heureux, honorés d’être enclos dans cet acte accompli dans le divin Vouloir pour aimer avec un amour nouveau et avec l’amour de tous Celui qui les aime tant.

22.  30 juillet 1938 — Il y a d’innombrables demeures dans le ciel. Chaque bienheureux aura Dieu pour lui-même, à l’extérieur et à l’intérieur de lui, comme si Dieu était uniquement pour lui. Comment Jésus nous aimait dans toutes les choses créées. Spontanéité de Jésus dans les souffrances. Jésus a d’abord formé les souffrances de sa Passion pour lui-même, puis il les a passées dans l’esprit des créatures.

       Mon pauvre esprit est souvent investi par l’ardeur d’amour du divin Vouloir. Ses merveilles sont toujours surprenantes, plus belles les unes que les autres. Mon aimable Jésus me surprit par une petite visite et avec un amour qui ravit mon âme, il me dit :

            Ma petite fille de ma Volonté, les prodiges, les merveilles et les scènes enchanteresses que je déploie dans celle qui vit dans mon Vouloir sont multiples et si ravissantes qu’il n’a été donné à personne de les imiter.

            Tu dois savoir qu’il y a d’innombrables demeures dans le ciel. Mais les demeures préparées pour les âmes qui ont vécu dans mon Vouloir sur la terre seront les plus belles, et distinctes de toutes les autres. Elles posséderont des harmonies et des scènes divines ravissantes, des joies toujours nouvelles qui surgiront des profondeurs de ma Volonté dans laquelle j’ai vécu. Elles auront en leur pouvoir des joies et des bonheurs toujours nouveaux. Elles auront en leur pouvoir la capacité d’en former autant qu’elles voudront parce que mon Fiat a la vertu de toujours créer des joies nouvelles. Leurs demeures seront le nouvel enchantement de ce séjour céleste.

            Je veux te dire une autre surprise plus belle encore. Au ciel, chaque bienheureux m’aura en lui-même comme son Créateur, son Roi, son Père, et son Glorificateur. Et chacun m’aura à l’extérieur de lui-même, près de lui, de sorte qu’il se sentira porté dans mes bras. Nous nous aimerons ensemble, nous serons heureux ensemble. Je ne serai pas un Dieu pour tous, mais un Dieu pour chacun. Chacun va m’avoir dédoublé à l’intérieur et à l’extérieur de lui-même. Je le posséderai à l’intérieur et à l’extérieur de moi, et tous me posséderont à l’intérieur et à l’extérieur d’eux-mêmes comme si je n’étais que pour eux seuls. Il n’y aurait pas une plénitude de bonheur en ayant un Dieu pour tous ; certains seraient près de lui, d’autres plus éloignés, certains seraient à droite, d’autres à gauche. Par conséquent, certains profiteraient de mes caresses, d’autres non ; certains se sentiraient plus aimés et plus heureux à cause de ma présence auprès d’eux, et d’autres non. Mais chaque bienheureux m’ayant pour lui-même à l’intérieur et à l’extérieur de lui, nous ne nous perdrons jamais de vue, nous aimerons ensemble et non pas loin l’un de l’autre. Plus nous nous serons aimés sur la terre est plus nous nous serons connus, plus nous nous aimerons au ciel.

            De plus, ce que je donnerai à celle qui aura vécu dans mon Vouloir sur la terre sera si grand que tous les bienheureux en connaîtront un bonheur redoublé. Il est vrai que j’ai mon trône d’où jaillissent des mers de joies suffisantes pour agrandir toute la Patrie céleste. Mais mon amour n’est pas satisfait si je ne me dédouble pas et ne descends pas pour être près et dans l’intimité de ma créature bien-aimée pour que nous soyons heureux et que nous nous aimions ensemble. D’ailleurs, comment serait-il possible d’être loin de celle qui vit dans mon Vouloir ? S’il se forme entre la créature et nous l’inséparabilité de Volonté et d’amour, comment est-il possible de se séparer même d’une semelle si un est l’amour avec lequel nous nous aimons, et une la Volonté avec laquelle nous opérons ?

            D’autant plus que quiconque vit dans notre Vouloir est inséparable de tous, même des choses créées elles-mêmes. Lorsque cette créature accomplit son acte dans notre Vouloir, elle appelle et embrasse tout le monde, elle les enferme tous dans son acte, elle s’impose sur tous pour faire ce que fait cette créature. Ainsi, dans un acte accompli dans mon Vouloir je reçois tout, et ma Création elle-même pour m’aimer et me glorifier.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, je suis comme un roi qui a de nombreuses reines ; et il existe entre chaque reine et le roi un amour qui fait que l’un ne peut pas être sans l’autre. Ce roi forme alors de luxueux palais, il y installe de la musique et les scènes les plus ravissantes pour rendre sa reine heureuse et être heureux avec elle. Puis je me dédouble moi-même pour chacune d’elles de sorte que chaque reine me possède et soit rendue heureuse par ma possession. En comparaison, le roi ne peut pas se dédoubler pour rendre ses reines heureuses et il doit se contenter d’être tantôt avec l’une et tantôt avec l’autre. Déjà cela rend leur amour malheureux, et ils sont accablés par un amour brisé qu’ils ne peuvent pas connaître toujours. Si je n’avais pas la vertu de me donner à chacune comme si j’existais uniquement pour cette créature, mon amour me rendrait malheureux en quittant cette créature même un seul instant. Mais je suis un Roi qui courtise toujours mes reines, et elles me courtisent toujours. S’il n’en était pas ainsi, il n’y aurait pas de plénitude de bonheur dans la demeure céleste.

            Après quoi je poursuivis ma ronde dans le divin Fiat et je m’arrêtai à ce que Jésus avait fait lorsqu’il était sur terre. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, pour celle qui vit dans mon Vouloir et qui m’aime, le silence me pèse. Mon amour veut toujours dire et découvrir jusqu’où il va et de quelle manière il aime la créature. Tu dois savoir que lorsque j’étais sur terre, il n’y a pas une chose que j’aie faite sans y chercher mes créatures bien-aimées pour les embrasser, les presser contre mon cœur et les regarder avec une tendresse paternelle. Si j’étais avec le soleil, je trouvais mes créatures bien-aimées dans sa lumière, car l’ayant créé pour elles, les créatures sont de droit comme des reines dans sa lumière. On ne peut pas dire que l’on est propriétaire d’un bien si on ne le possède pas et que l’on n’est pas à l’intérieur de ce bien.

            C’est pourquoi je trouvais mes créatures dans le soleil, je les embrassais et les pressais contre mon Cœur. Et comme je les avais également à l’intérieur de moi, je les embrassais à l’extérieur et à l’intérieur de moi en les pressant très fort, assez pour les identifier à ma vie elle-même. Si je les trouvais dans le vent, je courais pour les embrasser. Si je buvais de l’eau, je les trouvais là également. Oh ! avec quel amour je les regardais et les embrassais ! Même dans l’air que je respirais, je les trouvais toutes ! Je sentais leur souffle ; et dans chaque souffle il y avait des baisers d’amour avec lesquels j’imprimais mon sceau. Ainsi, dans chaque chose créée, dans le ciel constellé, dans la mer, dans les plantes, dans les fleurs, en toutes choses, je me retrouvais avec mes créatures bien-aimées pour redoubler d’amour envers elles, les fêter, les embrasser à nouveau et leur dire : « Vos malheurs sont finis parce que je suis venu du ciel sur la terre pour vous rendre heureuses. C’est moi qui ai pris sur moi vos malheurs; soyez en sécurité. De plus, un Dieu qui vous aime sera votre fortune, votre défense et votre puissant secours ! »

            De plus, la plus belle caractéristique de mon amour est la spontanéité, si bien que les souffrances mêmes qu’elles m’ont données dans la Passion, je les ai formées d’abord en moi-même, je les ai aimées, couvertes de baisers, et je les ai ensuite passées dans l’esprit des créatures pour qu’elles me les fassent souffrir dans mon Humanité. Il n’y a pas de souffrances que les créatures m’aient données qui n’aient été d’abord voulues par moi ; c’est en deuxième lieu qu’elles sont passées dans les créatures. Ainsi, mes souffrances étaient saturées de mon amour, couvertes de mes ardents baisers et elles possédaient la vertu créatrice de faire surgir l’amour pour moi dans les âmes.

            L’amour vrai se voit par la spontanéité. Un amour forcé ne peut pas être appelé un amour vrai. Il perd la fraîcheur, la beauté et la pureté. Oh ! comme les créatures se rendent malheureuses dans les sacrifices, et inconstantes ! Et s’il semble qu’elles aiment, comme cet amour est forcé, soit par nécessité ou par des gens dont elles ne peuvent se libérer, les créatures sont malheureuses et amères. Un amour forcé rend esclaves les pauvres créatures. Au contraire, mon amour était libre, voulu par moi ; je n’avais besoin de personne. J’aimais, je me sacrifiais au point de donner ma vie parce que je le veux et que j’aime. Aussi, lorsque je vois un amour spontané dans la créature, il me ravit et je dis : « Mon amour et le tien se donnent la main. Par conséquent, nous pouvons nous aimer d’un même amour. »

            Après quoi il ajouta : Ma fille, celle qui vit dans ma Volonté en vient à être prise en charge dans ma chambre divine, à posséder tous nos biens, et notre force et notre lumière sont en son pouvoir. Par contre, celle qui fait ma Volonté se forme le chemin qui sert à l’atteindre et à entrer dans ma Volonté. Mais il y a des dangers sur la route. Elle n’y trouvera pas d’eau prête à boire, ni de bonne nourriture pour se nourrir, ni de lit pour se reposer. On peut dire qu’elle sera une pauvre voyageuse qui n’atteint jamais sa demeure. Quelle différence entre celle qui vit dans mon Vouloir et celle qui fait ma Volonté. Mais il est nécessaire de former la voie ; c’est-à-dire de vivre résigné, de faire ma Volonté dans toutes les circonstances de la vie afin d’en arriver à pouvoir vivre dans mon Vouloir, où l’on trouvera sa chambre divine, le centre de son repos, l’exil changé en patrie.

23.  6 août 1938 — L’échange de vies entre la Divine Volonté et la volonté humaine. Victoire de Jésus. Il n’y a pas de plus grande offense que de se retirer de la Divine Volonté. La Création parlante. Le battement de cœur et le souffle divins. Nécessité que Dieu parle à la créature.

      J’éprouve le besoin de me donner continuellement à la Divine Volonté. Je suis comme le petit bébé qui cherche le sein de sa mère pour s’y réfugier, être en sécurité et s’abandonner dans ses bras. Je pensais à cela lorsque mon bien-aimé Jésus, visitant ma petite âme, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de mon Vouloir, tu cherches refuge en moi et je cherche refuge en toi pour aimer ma créature et me reposer en elle afin que son amour me défende contre toutes les offenses des créatures. Tu dois savoir que chaque fois que la créature entre dans ma Volonté pour accomplir ses actes, je lui donne chaque fois ma vie divine et elle me donne sa vie humaine. Cette créature possède donc autant de vies divines que d’actes accomplis dans ma Volonté, et c’est honoré et glorifié que je demeure entouré de toutes ces vies humaines, car un acte dans ma Volonté doit être complet. Je me donne entièrement, je ne retiens rien de mon Être suprême et cette créature me donne son être humain tout entier.

            Quel bien la créature ne peut-elle pas recevoir en possédant autant de vies divines ? Lorsque la créature répète ses actes, mes vies divines sont ajoutées et je donne la vertu de bilocation à sa propre vie humaine au point de pouvoir dire : « La créature m’a donné autant de vies que je lui ai donné de mes vies divines. » Je peux dire que je trouve ma satisfaction complète lorsque je vois la créature me donner sa vie à chaque instant pour que je puisse lui donner ma vie. Mon plus grand triomphe est de voir la créature me donner sa volonté humaine. Emporté par l’amour, je chante ma victoire, une victoire qui m’a coûté la vie et l’attente de presque six mille ans durant lesquels j’attendais avec tant d’anxiété et de soupirs ardents et amers le retour de la volonté humaine dans la mienne. Après l’avoir obtenu, je ressens le besoin de me reposer et de chanter victoire.

            Il n’existe pas de joie plus belle que la créature puisse me donner que de vivre dans mon Vouloir, ni de plus grandes souffrances qu’elle puisse me causer qu’en se retirant de ma Volonté, car je me sentirais alors offensé dans toutes les choses créées puisque mon Vouloir se trouve partout. Je sens l’offense arriver jusqu’à moi dans le soleil, dans le vent, dans le ciel, et jusque dans mon sein. Ce grand don de la volonté humaine que j’ai fait à la créature et qui devait servir d’échange d’amour et de vie entre la créature et moi, je le vois converti en une arme mortelle pour m’offenser. Quelle souffrance ! Mais la créature qui en vient à vivre dans mon Vouloir fait disparaître cette cruelle souffrance. Comment ne pas me mettre tout entier en son pouvoir et ne pas lui donner ce qu’elle veut ?

            Puis il ajouta : Mon amour envers celle qui vit dans mon Fiat est si grand que lorsque la créature ressent le besoin de respirer, de manger, de se mouvoir, je ressens alors le besoin de former une seule vie avec elle. Et puisque la créature vit dans ma Volonté, ma Volonté fait de la créature mon souffle, mon battement de cœur, mon mouvement, ma nourriture. Vois-tu alors combien son union permanente avec moi et en moi m’est nécessaire ? Sinon, j’aurais l’impression qu’il me manquerait le souffle, le mouvement, le cœur et la nourriture de mon amour d’une part de la Création. Oh ! comme je me sentirais mal ! Car celle qui vit dans mon Vouloir et dans mon Être suprême est la Création parlante, mouvante et palpitante qui, au nom de toutes les choses créées, nous apporte la nourriture d’amour que tous devraient nous donner. Nous pouvons dire que notre amour nourrit toutes les choses créées. C’est pourquoi nous ressentons le besoin de recevoir l’échange d’amour pour ne pas rester sans nourriture. Et seule celle qui vit dans notre Vouloir, qui embrasse tout et nous aime en toute chose, peut nous donner cet échange de nourriture avec son amour.

            Comme il est beau de voir la créature rassembler dans toute la Création notre amour dispersé, et même notre amour qui n’a pas été reçu à cause de l’ingratitude humaine, et nous l’apporter pour nous donner la nourriture d’amour au nom de tous et de toutes choses. Cette créature forme l’enchantement du ciel tout entier, et nous l’appelons notre « bienvenue », la « porteuse » de toutes nos œuvres, « l’échange de notre amour en qui nous répétons nos merveilles ».

            Puis, avec une plus tendre affection, il ajouta : Ma fille, notre amour pour celle qui vit dans notre divin Fiat est si grand qu’il est plus facile pour une maman de se séparer de sa fille que pour nous de nous séparer de celle qui vit dans notre divin Fiat. Nous ne pouvons pas nous en séparer parce que notre Volonté nous unit, transforme cette créature en nous-mêmes, lui fait vouloir ce que nous voulons et faire ce que nous faisons. Lorsque cette créature entre dans notre Volonté, notre Volonté la transporte partout, lui donne une place dans toutes les choses créées afin de l’avoir partout, toujours en harmonie avec notre Volonté, et lui dire de combien de manières notre Volonté l’a aimée. Il nous est impossible d’être sans cette créature. Nous devrions pour cela nous séparer de notre Volonté, et cela nous ne le pouvons pas.

            Par conséquent, je donne à cette créature une place dans le ciel étoilé. Et, comme il est beau de l’avoir avec moi dans cette voûte azurée, dans cette interminable extension du ciel dont on ne peut pas voir où il finit ! Et je lui raconte l’histoire de notre amour éternel qui n’a pas de commencement, ne peut pas avoir de fin ni subir de changement. Et puisque notre amour ne cesse jamais, nous attaquons la créature de tous côtés, par le haut, par le bas, sur la droite et sur la gauche, pour la bombarder de notre amour. Et tout comme le ciel cache et recouvre tout l’intérieur du monde sous sa voûte constellée d’étoiles pour que les créatures soient défendues et recouvertes, notre amour immuable, mieux qu’un ciel, garde chaque créature couverte et cachée dans le ciel de notre amour. Nous ressentons le besoin de dire à la créature combien et de quelles façons nous l’aimons, afin qu’elle nous aime. Aimer la créature et ne pas lui faire savoir combien nous l’aimons, cela est impossible. La créature forme le repos de notre amour. Et lorsque la créature nous aime, bien que cette créature soit petite, nous sentons que nous est rendu un ciel d’amour. Et avec ses actes d’amour répétés, c’est comme si nous étions bombardés par des étoiles faisant pleuvoir sur nous : « Amour, amour, amour. »

            Vois-tu alors la nécessité pour notre Cœur de donner à la créature une place en chaque chose créée ? Pour lui dire l’histoire d’amour distincte que contient chaque chose créée, je lui donne une place dans le soleil. Et, oh ! combien de choses je lui raconte dans notre Être suprême ! Avec notre lumière inaccessible qui investit toutes choses de son amour ardent, qui investit et se cache en chaque fibre du cœur et en chaque pensée et parole, je parfume la créature, je la purifie et l’embellis, et je forme en elle, avec ma lumière qui est plus qu’un soleil, ma vie d’amour dans la créature. Et cette créature ressent ma lumière. Et avec cette lumière, la créature veut entrer dans les lieux cachés les plus intimes de notre Être suprême pour nous aimer et être aimée.

            Comme il est beau de trouver une créature qui nous aime. Notre amour y trouve son refuge, son repos, son exutoire, son échange. Alors, nous lui donnons une place partout parce que dans chaque chose créée nous devons lui dire un de nos secrets d’amour. Combien de choses nous avons encore à lui dire. Et si la créature ne vit pas dans notre Vouloir, elle ne nous comprendra pas et nous réduira au silence.

            Tu dois savoir que lorsque la créature accomplit ses actes dans ma Volonté, des soleils se lèvent. Et puisqu’un acte dans ma Volonté est si grand, il ne peut pas être sans faire du bien à tous. Ces soleils, en se levant, courent parmi le peuple et apportent à certains le baiser de lumière ; à d’autres, la force ; chez d’autres, ils mettent en fuite les ténèbres ; à d’autres, ils indiquent la route ; avec d’autres, ils les rappellent dans le bien avec une forte voix de lumière. Un acte dans ma Volonté ne peut pas être sans produire de grands biens. Par exemple, le soleil qui se lève à l’horizon avec sa lumière pour se faire lumière en chaque œil, court et fait grandir les plantes ; il colore les fleurs, purifie l’air et se donne à tous. On peut dire qu’il renouvelle et revigore la terre, et forme la joie et la fête de la terre. Aussi, si le soleil ne se levait pas, la terre se mettrait en deuil et éclaterait en sanglots.

            Un seul acte dans ma Volonté est plus qu’un soleil. Sa lumière court et fait du bien à tous. Elle les renouvelle et les revigore tous dans sa lumière, excepté ceux qui ne veulent pas le recevoir. Et même s’ils ne veulent pas le recevoir, ils sont contraints de recevoir le bien de sa lumière, tout comme celui qui ne veut pas recevoir la lumière du soleil est contraint par l’empire de sa lumière de sentir sa chaleur. Tel est l’empire d’un seul acte dans mon Fiat. Il ne peut pas être sans opérer des prodiges de grâces et des biens incalculables. Ainsi, celle qui vit dans notre Vouloir fait toute chose, les embrasse tous et nous donne tout. Si nous voulons de l’amour, elle nous donne de l’amour. Si nous voulons de la gloire, elle nous donne de la gloire. Si nous voulons parler, nous avons quelqu’un qui nous écoute. Et si nous voulons faire de grandes œuvres, nous avons quelqu’un en qui les accomplir, et qui nous en donnera l’échange. C’est pourquoi je te veux toujours dans notre Vouloir. N’en sors jamais.

24.  12 août 1938 — Lorsque la créature entre dans le divin Vouloir, le ciel se penche et la terre s’élève pour échanger le baiser de paix. L’amour de Dieu en manifestant la vérité. Toutes les choses deviennent vie. Toutes les choses créées sont membres de Jésus. Diversité de l’amour. Connaissances de la Divine Volonté. La Création n’est pas finie, elle continue dans les âmes qui vivent dans le divin Vouloir.

        Le divin Vouloir est toujours autour de moi parce qu’il veut investir mes actes de sa lumière pour y étendre sa vie. Il semble si attentif qu’il en arrive à me poursuivre de son amour et de sa lumière parce qu’il veut enclore sa vie dans tout ce que je fais. Oh ! combien je suis heureuse de me sentir poursuivie par l’amour et la lumière du Fiat suprême ! Et mon doux Jésus m’a surprise et m’a dit :

            Ma fille, tu vois quel excès d’amour mon amour peut atteindre, qui veut que la créature vive dans mon Vouloir et en arrive à la poursuivre d’amour et de lumière. La lumière éclipse tous les maux, si bien qu’en ne voyant que ma Volonté, la créature s’abandonne en elle et lui laisse faire ce que nous voulons. L’amour la rend joyeuse, heureuse, et nous rend vainqueurs de la créature.

            Tu dois savoir que lorsque la créature entre dans notre Vouloir pour former son acte, le ciel s’incline et la terre s’élève, et les deux se rencontrent. Quelle heureuse rencontre ! Le ciel, se sentant transporté sur la terre par la force créatrice du divin Fiat, embrasse la terre ; c’est-à-dire les générations humaines et, quel qu’en soit le prix, le ciel veut leur donner ce qu’il possède afin de satisfaire le divin Vouloir qui a transporté le ciel sur la terre, parce que le divin Vouloir veut régner en tous. La terre (les générations humaines), se sentant élevées jusqu’au ciel, ressentent une force inconnue qui les attire vers le bien, et un air céleste qui s’impose à elles et les fait retrouver une vie nouvelle.

            Un seul acte dans ma Volonté semble incroyable. Ces actes formeront le jour nouveau. Les générations humaines, par ces actes, se sentiront renouvelées et régénérées dans le bien. Ces actes formeront la disposition pour préparer les générations à recevoir sa vie et à la faire régner. Les actes des créatures accomplis dans mon Vouloir constitueront la dot, les puissantes préparations, les moyens les plus efficaces pour obtenir un tel bien.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, notre amour semble incroyable ! Lorsque nous devons manifester une vérité qui concerne notre Volonté, nous commençons par aimer cette vérité en nous-mêmes, nous la rendons facile, nous l’adaptons à l’intelligence humaine pour que la créature puisse facilement la comprendre et en faire sa vie. Nous meublons cette vérité de notre amour. Puis, nous la faisons connaître comme un amant de l’amour qui veut se donner aux créatures, qui éprouve le besoin de se former en elles. Mais notre amour n’est pas encore satisfait. Nous purifions l’intelligence humaine, nous l’investissons de notre lumière et nous la renouvelons afin qu’elle connaisse notre vérité. L’intelligence humaine embrasse la vérité, l’enferme en elle-même et lui donne toute liberté de former sa vie afin que l’intelligence demeure transformée en vérité même.

            Ainsi, chacune de nos vérités apporte notre vie divine dans la créature, tel un amant qui aime et veut être aimé. Et notre amour est si grand que nous nous adaptons aux conditions humaines pour rendre aisée la connaissance de la vérité, car si nous nous connaissons l’un l’autre, il est facile de gagner la volonté humaine pour la faire nôtre, et elle aura intérêt à posséder son Dieu. Sans la connaissance, les chemins sont fermés, les communications sont brisées et nous demeurons comme un Dieu éloigné des créatures, alors qu’en réalité nous sommes en elles et en dehors d’elles, mais elles sont loin de nous. Personne ne peut posséder un bien s’il ne le connaît pas.

            C’est pourquoi nous voulons faire savoir que pour la créature qui vit dans la Divine Volonté et opère en elle, tout devient vie divine dans cette créature. Lorsque la créature possède mon Fiat et sa vertu créatrice, tout ce que la créature fait, soit qu’elle pense, parle, travaille, marche ou aime, la Divine Volonté étend sa vie et pense, parle, travaille, marche, aime, et forme la Création opérante et parlante. La Divine Volonté se sert de la créature pour continuer sa Création, et pour la rendre même plus belle encore. La Création n’est donc pas terminée, mais continue dans les âmes qui vivent dans notre Vouloir. Et si dans la Création on peut voir l’ordre, la beauté et la puissance de nos œuvres, on verra dans la créature l’amour, l’ordre, la beauté et notre vertu créatrice répéter nos vies divines autant de fois que la créature nous aura prêté ses actes pour nous laisser opérer.

            La créature est vie, et non pas une œuvre comme la Création. C’est pourquoi nous ressentons un irrésistible amour de former nos vies en elle. Et, oh ! combien nous sommes ravis et satisfaits ! Comme notre amour trouve son repos, et notre Volonté son accomplissement qui est de former notre vie dans la créature !

            Mais pour celles qui ne vivent pas dans notre Vouloir, leurs œuvres et leurs pas sont sans vie, comparables à des peintures qui ne peuvent ni recevoir la vie ni la donner, ni produire aucun bien, car elles en sont incapables. Sans ma Volonté, il ne peut y avoir de vie ni de bien.

            Après quoi, je suivais mes actes dans la Divine Volonté. Et ayant reçu la Sainte Communion, mon doux Jésus me dit :

            Qu’il est beau, lorsque je descends dans les cœurs sacramentellement, d’y trouver ma Volonté. Je trouve tout dans ma Volonté. Je trouve ma Maman Reine et je sens que la gloire m’est redonnée comme si je m’étais incarné à nouveau. Et je trouve toutes mes œuvres qui m’entourent, qui m’honorent et qui m’aiment. Et comme ma Volonté circule comme le sang et palpite dans toutes les choses créées, les choses créées sont unies à moi comme des membres qui sortent de moi, et elles restent en moi. Ainsi, de tout ce que j’ai fait sur la terre et de toutes les choses créées, certaines me servent de bras, d’autres de pieds, d’autres encore de cœur, de bouche, et elles m’aiment et me glorifient à l’infini.

            Pour la créature qui vit dans mon Vouloir, tout est à elle comme tout est à moi et elle peut me donner mon Humanité vivante par amour pour moi afin de pouvoir y trouver un refuge et être défendue partout. Elle peut me donner l’amour que j’avais lorsque j’ai créé le soleil. Combien de particularités d’amour cette lumière ne contient-elle pas ! Cette lumière est gorgée d’innombrables variétés et effets de douceurs, de couleurs, de parfums. En chaque effet, il y a un amour distinct et vous pouvez voir par la variété des douceurs qu’il ne ressemble pas à un autre. C’est mon amour insurpassable qui ne se contentant pas de faire sentir à l’homme une seule douceur de mon amour, ni de l’attirer par une seule couleur, par un seul le parfum, veut l’inonder d’une diversité d’effets et le nourrir de mon amour. Ainsi, la première nourriture était mon amour et les autres choses venaient en second.

            Par conséquent, le soleil qui fait tant de bien à la terre s’étend sous les pas de l’homme avec sa lumière, remplit ses yeux de lumière, l’investit et le suit partout où il va. C’est mon amour qui court dans la lumière du soleil et qui, aimant l’homme, se fait piétiner par ses pas. Mon amour remplit ses yeux de lumière, l’investit et le suit partout, et dans cette lumière se trouvent mes innombrables élans d’amour : il y a mon amour qui languit, qui blesse, qui ravit ; il y a mon amour qui brûle, qui adoucit toutes choses, qui redonne vie à tout ; et il y a mon amour qui attaque la créature de tous côtés et la porte dans ses bras. Regarde la lumière, ma fille. Tu seras toi-même incapable d’énumérer une aussi grande diversité de mon amour. Et si tu veux vivre dans ma Volonté, le soleil sera à toi, il sera ton membre et tu pourras me donner autant de diversités d’amour que je t’en ai donné moi-même.

            Toutes les choses créées sont mes membres. Le ciel et chaque étoile représente un amour distinct envers les créatures. Le vent, qui est mon membre, ne fait rien d’autre lorsqu’il souffle que souffler mon amour distinct ; et c’est pourquoi il souffle tantôt la fraîcheur de mon amour pour les créatures, et tantôt il les caresse avec mon amour ; à d’autres moments, il souffle sur elles mon amour impétueux, et à d’autres, il leur apporte la fraîcheur de mon amour par son souffle. Même la mer : les gouttes d’eau se pressent les unes contre les autres pour ne jamais cesser de murmurer la diversité d’amour avec laquelle j’aime les créatures. Et dans l’air qu’elles respirent, je leur envoie mon distinct « Je vous aime » en chaque souffle.

            Ainsi, en descendant sacramentellement, j’apporte avec moi comme mes membres les choses créées. Je place les scènes ravissantes d’une si grande diversité et multiplicité de mon amour dans la créature comme une armée afin de l’aimer et de me faire aimer. Comme il est dur et douloureux d’aimer et de ne pas être aimé. Aussi, vis toujours dans ma Volonté et je te ferai savoir les si nombreuses manières dont je t’ai aimée, et tu m’aimeras comme je veux que tu m’aimes.

25.  15 août 1938 — La fête de l’Assomption est la plus belle et la plus sublime des fêtes. La fête de la Divine Volonté opérante dans la céleste Reine.

        Mon esprit nageait dans la mer du divin Vouloir et je m’arrêtai dans l’acte de l’enlèvement au ciel de ma Maman Reine. Combien de merveilles, combien de surprises d’amour captivantes. Et mon doux Jésus, comme s’il éprouvait le besoin de parler de sa céleste Mère, tout heureux, me dit :

            Ma bienheureuse fille, aujourd’hui, la fête de l’Assomption est la plus belle, la plus sublime et la plus grande fête dans laquelle nous sommes le plus glorifiés, aimés et honorés. Le ciel et la terre sont investis d’une joie inhabituelle jamais encore expérimentée. Les anges et les saints se sentent eux-mêmes investis par des mers de joies nouvelles et de bonheurs nouveaux, et ils chantent les louanges de la Reine souveraine avec des cantiques nouveaux qui l’emportent sur tout et donne de la joie à tous. C’est aujourd’hui la fête des fêtes. C’est l’unique et le nouveau qui n’a jamais été répété. Aujourd’hui, le jour de l’Assomption, la Divine Volonté opérant dans la Dame souveraine a été célébrée pour la première fois. Les merveilles sont ravissantes. En chacun de ses plus petits actes, même dans son souffle et dans son mouvement, on peut voir un si grand nombre de nos vies divines qui s’écoulent comme autant de rois dans ses actes, qui l’inondent mieux que de brillants soleils, qui l’entourent d’ornements et la rendent si belle qu’elle fait l’enchantement des célestes Régions. Cela te semble-t-il peu de chose que chacun de ses souffles, de ses mouvements, de ses travaux et de ses peines ait été rempli de tant de nos vies divines ? Le grand prodige de la vie opérante de ma Volonté dans la créature est exactement cela : former autant de nos vies divines que d’entrées de ma Volonté dans le mouvement et dans les actes de la créature. Et comme mon Fiat possède la vertu de bilocation et de répétition, et qu’il répète toujours sans jamais s’arrêter ce qu’il fait, la grande Dame sent ces vies divines se multiplier en elle, ce qui ne fait qu’étendre immensément ses mers d’amour, de beauté, de puissance et de sagesse infinie.

            Tu dois savoir que la multiplicité des actes qu’elle possède contient tant de nos vies divines qu’en entrant dans le ciel, elle peupla toute la céleste région qui ne put les contenir toutes, et qu’elles remplirent toute la Création. Il n’y a donc pas de lieu où ne s’écoulent ses mers d’amour et de puissance, et toutes nos vies dont elle est la propriétaire et la Reine.

            Nous pouvons dire qu’elle nous domine, et que nous la dominons. Et en se déversant dans notre immensité, notre puissance et notre amour, elle a peuplé tous nos attributs de ses actes et de toutes nos vies divines qu’elle avait conquises. Ainsi, de partout, de l’intérieur et de l’extérieur de nous, de l’intérieur des choses créées et dans les lieux cachés les plus reculés, nous nous sentons aimés et glorifiés par cette céleste Créature et par toutes nos vies divines que notre Fiat a formées en elle. Oh ! puissance de notre Vouloir, toi seul peux accomplir tant de prodiges au point de créer tant de nos vies divines dans celle qui te laisse dominer, pour nous faire aimer et glorifier comme nous le méritons et le voulons ! C’est pourquoi elle peut donner son Dieu à tous, car elle le possède. Plus encore, sans perdre aucune de nos vies divines, lorsqu’elle voit une créature disposée et qui veut recevoir notre vie, elle a la vertu de reproduire de l’intérieur de notre vie ce qu’elle possède : une autre de nos vies divines pour la donner à celle qui nous veut.

            Cette Reine Vierge est un prodige continu. Ce qu’elle a fait sur la terre, elle le continue au ciel. Parce que notre Volonté, quand elle opère autant dans la créature qu’elle le fait en nous, cet acte alors ne finit jamais. Et lorsque notre Volonté demeure dans la créature, elle peut se donner à tous. Le soleil arrête-t-il de donner sa lumière parce qu’il a tant donné aux générations humaines ? Pas du tout. Même s’il a tellement donné, il est toujours riche de sa lumière, sans perdre même une seule goutte de lumière. Ainsi, la gloire de cette Reine est insurpassable parce qu’elle a en sa possession notre Volonté opérante qui a la vertu de former dans la créature des actes éternels et infinis. Elle nous aime toujours et ne cesse jamais de nous aimer avec nos vies qu’elle possède. Elle nous aime avec notre amour. Elle nous aime partout. Son amour remplit le ciel et la terre et court se décharger dans notre sein divin. Et nous l’aimons tellement que nous ne savons comment être sans l’aimer. Et alors qu’elle nous aime, elle aime toutes les créatures et nous fait aimer par toutes. Qui peut lui résister et ne pas lui donner ce qu’elle veut ? De plus, c’est notre Vouloir lui-même qui demande ce qu’elle veut et qui, par ses liens éternels, nous lie partout ; et nous ne pouvons rien lui refuser.

            Ainsi, la fête de l’Assomption est la plus belle parce que c’est la fête de ma Volonté opérante dans cette grande Dame, ce qui l’a rendue si riche et si belle que les cieux sont incapables de la contenir. Les anges eux-mêmes en restent muets et ne savent comment parler de ce que ma Volonté accomplit dans la créature.

            Après quoi, mon esprit demeurait émerveillé en pensant aux grands prodiges que le divin Fiat a opérés et continue d’opérer dans la céleste Reine. Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, sa beauté est inatteignable ; elle enchante, fascine et conquiert. Son amour est si grand qu’il s’offre à tous, qu’il aime tous et laisse derrière lui des mers d’amour. On peut l’appeler Reine de l’amour, Conquérante de l’amour, qui a tellement aimé que par cet amour, elle a gagné son Dieu.

            Tu dois savoir que l’homme, en faisant sa volonté, a brisé les liens avec son Créateur et avec toutes les choses créées. Cette céleste Reine, avec la puissance de notre Fiat qu’elle possédait, a réuni son Créateur avec les créatures, a réuni tous les êtres ensemble, les a unis et ordonnés, et avec son amour elle a donné une vie nouvelle aux générations humaines. Son amour était si grand qu’il recouvrait et cachait en lui les faiblesses, les maux, les péchés et les créatures elles-mêmes dans ses mers d’amour. Oh ! si cette Sainte Vierge ne possédait pas tant d’amour, il nous serait difficile de regarder la terre ! Mais non seulement son amour nous la fait regarder, mais il nous fait vouloir que notre Volonté règne sur la terre parce qu’elle le veut ainsi. Elle veut donner à ses enfants ce qu’elle possède, et par l’amour, elle fera notre conquête et celle de ses enfants.

26.  21 août 1938 — La différence entre la vie sacramentelle de Jésus et la vie qu’il forme dans celle qui vit dans son Vouloir.

        Je suis toujours en mouvement dans le divin Vouloir et je me disais avec inquiétude : « Comment est-il possible que tant de vies divines soient formées en nous pour autant d’actes que nous accomplissons dans le divin Vouloir ? » Mon aimable Jésus, toujours prêt à me faire mieux comprendre, me dit :

            Ma fille, pour nous, tout est facile, pourvu que nous trouvions que la volonté humaine se prête à vivre dans notre Volonté. Notre délice est de former nos vies qui respirent, qui marchent et qui parlent juste que dans leur mouvement, dans leur souffle et dans leurs pas ; la Volonté humaine se prête à nous comme autant de voiles en quoi former nos vies. C’est le dernier exutoire de notre amour et nous l’aimons tellement que si la volonté humaine nous prête son petit voile, nous peuplons tous ses petits actes de la multiplicité de nos vies divines.

            De plus, il y a ma vie eucharistique qui fournit la preuve et la confirmation de ce que je te dis. Ne sont-ils pas de petits voiles, ces accidents du pain dans lequel je suis consacré, où je suis vivant et réel dans mon âme et mon Corps, mon Sang et ma Divinité ? Et s’il y a des milliers d’hosties, je forme des milliers de vies en chaque hostie. S’il y a qu’une seule hostie, je forme une seule vie. De plus, qu’est-ce que cette hostie me donne ? Rien, pas même un « Je t’aime », ni souffle ni battement de cœur ni compagnie. Je reste seul. Souvent, la solitude m’oppresse, me remplit d’amertume et j’éclate en sanglots. Comme il est lourd de n’avoir personne à qui parler. Je suis dans le cauchemar d’un profond silence. Qu’est-ce que l’hostie me donne à moi ? L’endroit où me cacher, la petite prison où me rendre malheureux. Mais puisque c’est ma Volonté qui veut que je demeure sacramentellement en chaque hostie, ma Volonté, qui n’est jamais porteuse de malheur ni pour nous ni pour les créatures qui vivent en elle, ma Volonté fait couler dans ma vie sacramentelle nos célestes joies qui sont inséparables de nous, mais ces joies viennent toujours de nous. Et l’hostie ne me donne jamais rien. Elle ne me défend pas ni ne m’aime.

            Ainsi, puisque je fais cela dans l’hostie – c’est-à-dire former un si grand nombre de mes vies qui ne me donnent rien – je le fais encore bien plus dans celles qui vivent dans ma Volonté. La différence entre mes vies sacramentelles et toutes les vies que je forme dans celles qui vivent dans mon Vouloir est incalculable ; elle est plus grande que la distance qui sépare le ciel de la terre. Premièrement, dans ces créatures, nous ne sommes jamais seuls, et avoir de la compagnie est la très grande joie qui rend heureuses la vie divine et la vie humaine.

            Tu dois savoir que lorsque je forme ma vie dans la pensée des créatures qui vivent dans mon Vouloir, je sens la compagnie de l’intelligence humaine qui m’accompagne, qui m’aime, qui me comprend et qui met en mon pouvoir sa mémoire, son intellect et sa volonté. Et comme notre image a été créée dans ces trois puissances, je me sens accompagné dans ma mémoire éternelle qui n’oublie jamais rien. Je sens la compagnie de ma sagesse qui me comprend, et la compagnie de la volonté humaine fusionnée avec la mienne et qui m’aime avec mon amour éternel. Comment est-il possible de ne pas multiplier nos vies en chacune de ses pensées lorsque nous trouvons qu’elle nous comprend et nous aime davantage ? Nous pouvons dire que nous y trouvons notre avantage parce que plus nous formons de vies, plus nous lui permettons de nous comprendre ; nous lui donnons un amour redoublé et elle nous aime d’autant plus. Si nous formons notre vie dans sa parole, nous trouvons la compagnie de sa parole. Et comme notre Fiat est aussi celui de cette créature, nous trouvons tous les prodiges que notre Fiat opéra lorsque notre Fiat fut prononcé. Si nous formons notre vie dans son souffle, nous trouvons son souffle qui souffle avec nous, nous trouvons la compagnie de notre souffle omnipotent lorsque, en créant la créature, nous avons infusé la vie en elle. Si nous formons notre vie dans son mouvement, nous trouvons ses mains qui nous embrassent, qui nous tiennent fermement et qui ne veulent plus nous quitter. Si nous trouvons notre vie dans ses pas, ils nous suivent partout. Quelle merveilleuse compagnie que celle qui vit dans notre Volonté. Il n’y a aucun danger qu’elle nous laisse jamais seul ; nous sommes tous deux inséparables.

            Ainsi, la vie dans notre Vouloir est le prodige des prodiges où nous faisons la démonstration de toutes nos vies divines. Nous faisons savoir qui nous sommes, ce que nous pouvons faire, et nous mettons la créature en ordre avec nous, comme nous l’avons créée. Car tu dois savoir que nos vies apportent avec elles des mers de lumière et d’amour, des mers de sagesse, de beauté et de bonté qui investissent la créature pour lui faire posséder la lumière qui toujours grandit, l’amour qui jamais ne cesse, la sagesse qui toujours comprend et la beauté qui toujours s’embellit davantage.

            Si nous aimons tellement que la créature vive dans notre Vouloir, c’est que nous voulons donner, nous voulons qu’elle nous comprenne, nous voulons peupler tous les actes humains de nos vies divines. Nous ne voulons pas demeurer enfermés, réprimés dans notre cercle divin. Pouvoir donner et ne pas donner, combien cela nous est douloureux. Et tant que la créature ne vivra pas dans notre Vouloir, elle restera toujours ignorante de notre Être suprême, incapable d’apprendre même le B.A.-BA de notre amour, combien nous l’aimons et tout ce que nous pouvons lui donner. Ces créatures resteront toujours des enfants qui ne nous ressemblent pas, qui peut-être même ne nous connaissent pas, les enfants dégénérés de leur Père.

27.  28 août 1938 — Comment un acte dans la Divine Volonté contient toute chose et peut aimer pour tous. Comment toute chose court dans cet acte. Chaque acte accompli dans la Divine Volonté est un jour que cette âme acquiert.

         Je continue de traverser la mer du divin Vouloir où tout semble m’appartenir : lumière, sainteté, amour. Je me sens attaquée de tous côtés, tous veulent se donner à moi. Mon doux Jésus, visitant ma petite âme, me dit :

            Ma fille, ne sois pas surprise. Lorsque la créature entre dans ma Volonté toutes les choses créées ressentent une irrésistible force qui les pousse à courir vers celle qui agit dans ma Volonté. Parce que ma Volonté, pour agir, veut l’accompagnement de toutes ses œuvres. Premièrement, parce que ma Volonté est inséparable de tout ce qu’elle a fait. Deuxièmement, parce que lorsqu’elle est opérante, tous doivent prendre part à ce qu’elle fait afin de pouvoir dire : « Mon acte est celui de tous. » Cet acte monte jusqu’au ciel et rend heureuses toutes les régions célestes, puis il descend dans les parties les plus basses de la terre pour se faire le pas, l’œuvre, la parole et le cœur de tous. Si ma Volonté ne centralisait pas tout dans mon acte, il lui manquerait la pleine force communicative pour que tous puissent recevoir mon acte de vie qui, avec un seul acte, peut donner la vie à tous, soutenir et rendre heureux tout le monde et faire du bien à tous. Ainsi, lorsque j’accomplis une action, toutes les choses sorties de moi courent s’enfermer dans mon acte pour recevoir la vie nouvelle, la beauté et le bonheur nouveaux. Et elles se sentent honorées et glorifiées dans mon acte. C’est pourquoi, lorsque la créature entre dans ma Volonté et qu’elle est sur le point d’agir, d’aimer, personne ne veut rester à l’écart ; tout le monde accourt : la sacro-sainte Trinité accourt, la Vierge Reine accourt ; mieux encore, nous voulons la primauté dans cet acte et alors, toute chose et tout le monde accourt, à l’exception de la créature ingrate qui, ne connaissant pas un si grand bien, ne veut pas le recevoir. C’est pourquoi il peut y avoir de tels prodiges en un seul acte accompli dans ma Volonté qu’il est difficile pour la créature de pouvoir les dire tous.

            Tu dois savoir que cette créature fait tout ce que les autres créatures devraient faire. Si cette créature pense dans ma Volonté, ma Volonté circule en chacune de ses pensées et la créature, étant dans ma Volonté, circule avec elle et me donne l’hommage, l’amour, la gloire et l’adoration de chaque pensée. Les créatures n’en savent rien. Mais moi qui connais toutes choses, je reçois la gloire de tous les esprits créés. Si la créature parle dans ma Volonté, comme ma Volonté est la voix de chaque parole, je reçois de nouveau la gloire et l’amour de chaque parole. Si elle marche dans mon Fiat, mon Fiat étant le pas de chaque pied, la créature me donne l’amour, la gloire de chaque pas ; et ainsi de suite pour toutes les autres choses. Mais les créatures ne savent pas qu’à travers celle qui vit dans mon Vouloir, je reçois l’amour et la gloire qu’elles devraient me donner. Ce sont des secrets qui se passent entre moi et celle qui vit dans mon Vouloir. Mais il y a plus. Cette créature en arrive à me donner la gloire et l’amour que les âmes perdues devraient me donner.

            La vertu communicative de mon Fiat arrive à tout, donne tout à tous, et parvient à tout avoir. Celle qui fait tout et donne tout a un droit sur tout et peut tout recevoir. Mais pour que l’âme reçoive tout, elle doit vivre dans notre Vouloir, avec nous, et vouloir ce que nous voulons.

            Ma Volonté a fait cela dans mon Humanité et par un seul acte accompli par mon Humanité, ma Volonté s’est sentie aimée, glorifiée est satisfaite pour tous. Ma Volonté l’a fait dans la Reine du ciel parce que si ma Volonté n’avait pas trouvé dans ses actes l’amour qui aime pour tous, la gloire et la satisfaction pour tous, moi, le Verbe éternel, je n’aurais pas trouvé le chemin pour descendre du ciel à la terre.

            Ainsi, un seul acte dans ma Volonté peut tout me donner, m’aimer pour tous, et me faire accomplir les plus grands excès d’amour et les plus grandes œuvres pour les créatures. Lorsque la créature est dans mon Vouloir, ma Volonté la trouve dans les pas de tous ceux qui m’aiment, dans leurs pensées et dans leurs paroles ; et mon contentement est si grand que dans l’excès de mon amour, je lui dis : « Tu fais ce que j’ai fait. C’est pourquoi je t’appelle mon écho, mon amour, la petite répétitrice de ma vie. »

            Pendant que je disais cela, la plénitude de son amour était si grande qu’il gardait le silence. Puis il continua : Ma bienheureuse fille, chaque acte de la créature dans ma Volonté est pour elle un jour, un jour plein de bonheur et de tous les biens. Et si elle en fait dix, vingt, ce sont autant de jours qu’elle acquiert. Dans ces jours, cette créature prend possession du ciel. Et comme elle est encore sur la terre, elle fait siens le soleil, le vent, la mer. Et sa nature reçoit en ornement la plus belle floraison, mais une floraison qui jamais ne se flétrit. Oh ! comme elle sera belle lorsqu’elle viendra dans notre céleste Patrie ! Car elle possédera autant de jours que d’actes accomplis dans mon Vouloir, et chacun aura son soleil distinct, son ciel bleu constellé d’étoiles, sa mer qui murmure l’amour, son vent qui siffle, mugit, gémit et souffle un amour impétueux, un amour qui domine. Il ne manquera même pas à ces jours les plus belles floraisons, toutes différentes les unes des autres, pour chaque acte accompli dans ma Volonté. Rien ne manquera en beauté et en bien à celle qui a vécu dans mon Fiat éternel.

            Après quoi je continuais à parcourir les actes de la Divine Volonté et mon pauvre esprit se perdit dans l’enchantement de la Création. Que de merveilleuses surprises ! Combien de secrets d’amour elle contient ! Et enfin, l’œuvre la plus merveilleuse : la création de l’homme. Mon doux Jésus reprit :

            Ma fille, je peux appeler la création des êtres et la création de l’homme mes deux bras parce que de toute éternité, ils étaient dans la Divinité et qu’en les sortant de la Divinité, je ne les ai pas détachés de moi-même. Ils sont restés mes membres dans lesquels j’ai fait courir la vie, le mouvement, la force et la vertu continuellement créatrice et conservatrice. Le bras de la création des êtres sert au bras de la création de l’homme. Mais dans ce bras, c’est moi-même qui devais servir l’homme, et je le sers encore : avec la lumière, avec le vent, avec l’air pour qu’il respire, avec l’eau pour satisfaire sa soif, avec la nourriture pour le nourrir et même avec la terre pour le réjouir par les plus belles floraisons et une abondance de fruits. Dans ce bras, je me suis mis moi-même au service de l’homme. Mon amour ne lui refusait rien. Je courais vers lui à travers les choses créées en les lui apportant dans mes bras parce que toutes les choses lui donnaient de la joie et du bonheur. Dans ce bras, je trouve toutes les choses telles qu’elles sont sorties de la Divinité. Pas une goutte de lumière ou d’eau n’a été perdue, rien ne s’est changé. Tout ce qui est sorti occupe sa place d’honneur, me donne la gloire de mon amour éternel, et tous les êtres me révèlent comme Celui qui les a créés ; ils révèlent ma puissance, mon inaccessible lumière et mon inatteignable beauté. Chaque chose créée est une histoire de mon amour éternel qui dit combien j’aime celui pour qui toutes les choses ont été créées.

            Puis, de la création des êtres, je suis passé à la création de l’homme. Quel amour dans sa création ! Notre Être divin débordait d’amour. En formant l’homme, notre amour courait et investissait chaque fibre de son cœur, chaque particule de ses os. Nous avons étendu notre amour dans ses nerfs. Nous avons fait courir notre amour dans son sang. Nous avons investi de notre amour ses pas, son mouvement, sa voix, son battement de cœur et chacune de ses pensées. Lorsque notre amour a formé l’homme, je l’ai tellement rempli de notre amour qu’en chaque chose, même dans son souffle, il devait nous donner de l’amour comme si nous l’aimions en toute chose. Puis notre amour en arriva à l’excès de souffler dans l’homme pour lui laisser notre souffle d’amour. Et comme accomplissement et couronnement, nous avons créé notre image dans son âme en lui faisant le don des trois puissances de mémoire, d’intellect et de volonté. Nous demeurons en lui, il est notre porteur. Ainsi, l’homme est uni à nous comme un membre et nous sommes en lui comme dans notre demeure.

            Mais combien de souffrance nous trouvons en lui. Notre amour n’a pas de vitalité. Notre image est là, mais elle n’est pas reconnue. Notre demeure est remplie d’ennemis qui nous offensent. Nous pouvons dire : « Il a changé notre sort et le sien. Il a renversé notre dessein sur lui. Il ne fait qu’apporter de la souffrance à notre bras qui continue de l’aimer et de lui donner la vie. »

            Ma fille, notre amour veut en arriver aux plus grands excès. Il veut sauver notre bras, qui est l’homme. À n’importe quel prix, notre amour veut le mettre en ordre. Nous serons contraints par notre amour de souffler de nouveau en lui pour expulser ses ennemis et nos ennemis. Nous le couvrirons de nouveau de notre amour et nous ferons entrer en lui la vie de notre Volonté. Il n’est pas digne de notre Majesté, de notre sainteté, de notre puissance et de notre sagesse qu’il y ait dans notre œuvre créatrice ce désordre qui nous déshonore tellement. Ah ! non. Nous allons triompher de l’homme ! Et le signe certain, c’est que nous manifestons les prodiges de notre Vouloir et la façon de vivre en lui. Si nous ne faisions pas cela, notre puissance serait violée, comme si nous étions incapables de sauver notre œuvre, notre propre bras. Ce qui ne se peut pas. Ce serait comme si nous ne pouvions pas faire ce que nous voulons. Ah ! non, non ! Notre amour et notre Volonté vont l’emporter et triompher de tout !

28.   5 décembre 1938 — La volonté humaine est la croix de la Divine Volonté et la Divine Volonté est la croix de la volonté humaine. Dans le divin Vouloir, les choses changent, les dissemblances n’existent pas. Comment Jésus supplée à tout ce qui pourrait manquer à celle qui vit dans son Vouloir.

          Je sens la vie du divin Fiat dans mon âme, qui veut être mon mouvement, mon souffle et mon cœur. Le divin Fiat veut une union dans laquelle la volonté humaine ne s’oppose en rien à ce que veut le divin Fiat. Autrement, le divin Fiat se lamente, souffre et se sent placé sur la croix de la volonté humaine. Mon bien-aimé m’a refait sa petite visite et m’a dit :

            Ma bienheureuse fille, combien ma Volonté souffre dans la créature ! Sache que chaque fois que la créature fait sa volonté, elle place la mienne sur la croix. La croix de ma Volonté est la volonté humaine, mais pas seulement avec trois clous comme celle où j’ai été crucifié, mais avec autant de clous que de fois où la volonté humaine s’oppose à la mienne, autant de fois que la Divine Volonté n’est pas reconnue. Et lorsque ma Volonté veut faire le bien, on lui refuse avec des clous d’ingratitude. Quelle torture que cette crucifixion de ma Volonté dans la créature. Combien de fois ma Volonté sent les clous placés dans son souffle, son cœur et son mouvement. Parce que la créature ne sait pas que ma Volonté est la vie de son souffle, de son cœur et de son mouvement, le souffle, le cœur et le mouvement humains deviennent des clous qui empêchent ma Volonté de développer en eux tout le bien qu’elle veut faire. Oh ! combien ma Volonté se sent crucifiée sur la croix de la volonté humaine ! Ma Volonté, avec son divin mouvement, veut faire se lever le jour dans le mouvement humain. Mais la créature place le mouvement divin sur la croix et, avec le mouvement de la créature, elle fait surgir la nuit et place la lumière sur la croix. Combien ma lumière souffre en se voyant réprimée, crucifiée et réduite à l’impuissance par la volonté humaine !

            Avec son souffle, ma Volonté veut que la créature respire son souffle pour lui donner la vie de sa sainteté et de sa force. Et la créature qui ne la reçoit pas place le clou du péché dans ma Volonté, le clou de ses passions et de ses faiblesses. Ma pauvre Volonté ! Dans quel état de souffrance et de crucifixion continue elle se trouve dans la volonté humaine ! La volonté humaine ne fait que mettre notre amour sur la croix et tous les biens que nous voulons lui donner sont remplis de ses clous.

            Seule la créature qui vit dans ma Volonté ne place pas ma Volonté sur la croix. Je peux dire alors que c’est moi qui forme la croix de cette créature, mais cette croix est très différente. Avec ma Volonté, mon Vouloir sait comment placer suffisamment de clous de lumière, de sainteté et d’amour pour rendre la créature forte de notre force divine ; des clous qui ne lui causent pas de souffrance, mais qui la rendent heureuse, lui donnent une beauté ravissante et qui sont porteurs de grandes conquêtes. Et pour la créature qui expérimente cela, le bonheur qu’elle ressent est si grand qu’elle nous prie et nous supplie de toujours la garder sur la croix avec nos clous divins. Dès lors, elle ne peut plus s’échapper. Si les deux volontés, l’humaine et la divine, ne sont pas unies, la volonté humaine formera notre croix et notre Volonté formera sa croix. De plus, notre amour et notre jalousie sont si grands que nous ne laissons pas même un seul de ses souffles sans notre clou de lumière et d’amour afin de l’avoir toujours avec nous et de pouvoir dire : « Ce que nous faisons, elle le fait, et elle veut ce que nous voulons. »

            Tu dois savoir que lorsque la créature entre dans notre Vouloir, tout est transformé. Les ténèbres se changent en lumière, la faiblesse en force, la pauvreté en richesse, les passions en vertus. Il se produit un tel changement que la créature ne se reconnaît plus. Son état n’est plus celui d’une vile esclave, mais d’une noble reine. Notre Être divin l’aime tellement qu’il court dans les actes de cette créature pour faire ce qu’elle fait. Et comme notre mouvement est continu, nous allons et nous l’aimons, nous allons et nous l’embrassons. Notre mouvement va et l’embrasse, la rend plus belle, la sanctifie davantage. En chaque mouvement, nous donnons de ce qui est à nous. Et dans l’excès de notre amour, nous lui parlons de notre Être suprême, nous lui faisons connaître qui nous sommes et combien nous l’aimons. Il y a une telle identification entre cette créature et nous, notre Volonté étant une avec la volonté de la créature, que nous la sentons dans notre mouvement divin. Et faisant sien ce qui est à nous, elle nous aime avec notre amour, elle nous donne notre inaccessible lumière pour glorifier notre sainteté, nous exalter et nous dire : Saint, saint, vous êtes trois fois saints. Vous enfermez en vous toute chose, vous êtes tout.

            Comme il est beau de voir la petitesse humaine dans notre Vouloir, et qui a en son pouvoir notre Être divin pour nous le redonner, nous aimer et nous glorifier comme nous le voulons et le méritons avec justice ; dans notre Vouloir, les parties se rendent égales, les dissemblances disparaissent, notre unité unit tout et toutes choses, et fait de tous un seul acte pour se faire l’acte de tous.

            En entendant cela, j’ai compris la sainteté, la beauté, la grandeur de vivre dans le divin Vouloir et je me disais : « Il semble difficile de vivre en lui ; comment la créature peut-elle jamais y arriver ? » La faiblesse humaine, les circonstances de la vie souvent très pénibles, les rencontres inattendues, les si nombreuses difficultés où on ne sait même pas quoi faire, tout cela détourne la pauvre créature d’une vie aussi sainte et qui exige de nous une si grande attention. Et mon doux Jésus reprit la parole et avec une inexprimable tendresse à me briser le cœur, il ajouta :

            Ma petite fille de mon Vouloir, mon intérêt et mon désir continus sont si grands de voir vivre la créature dans mon Vouloir que lorsque nous avons pris l’accord, moi et elle, avec une décision ferme de devoir vivre dans mon Fiat, étant donné que c’est ma Volonté, je suis le premier à faire le sacrifice. Afin d’obtenir l’intention qu’elle vive dans ma Volonté, je me mets à sa disposition, je lui donne toutes les grâces, la lumière, l’amour, la connaissance de ma Volonté, de telle sorte qu’elle ressente elle-même le besoin de vivre en elle ; lorsque je veux quelque chose et qu’elle accepte avec promptitude de faire ce que je veux, c’est moi qui pense à tout ; et si elle ne le fait pas en raison d’une faiblesse ou de circonstances, non à cause de sa volonté ou d’un manque d’attention, je viens suppléer et faire ce qu’elle devait, et je lui cède ce que j’ai fait comme si c’était elle qui l’avait fait. Ma fille, la vie dans mon Vouloir est la vie que je dois former ; ce n’est pas une vertu. Et la vie a besoin d’un mouvement continu et d’actes continus. Si ces choses devaient manquer, ce ne serait plus la vie ; ce serait tout au plus une œuvre qui n’a pas besoin d’actes continus, mais ce ne serait pas la vie. Par conséquent, lorsque la créature ne fait pas ma Volonté à cause d’une indisposition involontaire ou d’une faiblesse, je n’interromps pas la vie, je la continue. Et peut-être que ma Volonté est là dans les dispositions mêmes qui permettent ses faiblesses ; par conséquent, la Volonté de la créature court déjà dans la mienne. De plus, par-dessus tout, je regarde l’accord auquel nous sommes parvenus entre nous, la ferme décision prise et contre laquelle il n’y a pas eu d’autre décision contraire. Et compte tenu de cela, je continue mon engagement à suppléer à ce qui manque. De plus, je redouble les grâces, je l’entoure d’un amour nouveau avec de nouveaux stratagèmes amoureux pour la rendre plus attentive. Et je fais naître dans son cœur un besoin extrême de vivre dans ma Volonté. Ce besoin est utile à la créature, car en sentant ses faiblesses, elle se jette dans les bras de ma Volonté en la priant de la tenir bien serrée afin de pouvoir toujours vivre avec elle.

29.  11 septembre 1938 — Un acte dans l’accomplissement de la Divine Volonté est tout. Jésus fait grandir sa vie dans celle qui vit dans sa Volonté. Horrible état de Dieu dans celle qui vit dans sa volonté humaine. Chaque fois qu’une créature entre dans notre Vouloir, nous renouvelons notre œuvre.

        J’entends la mer du divin Vouloir qui toujours murmure en moi et en dehors de moi, et très souvent elle forme des vagues très hautes qui m’inondent au point que je le ressens plus que ma propre vie. Oh ! Divine Volonté, combien tu m’aimes pour toujours vouloir te donner et former sans cesse ta vie dans ma pauvre âme ! Et ton amour est si grand qu’il en arrive à m’assiéger de lumière, d’amour et de soupirs pour obtenir ce que tu veux ! Mon toujours aimable Jésus me surprit et me dit :

            Ma bienheureuse fille, dans l’accomplissement de notre Volonté se trouve toute la gloire que la créature peut nous donner, l’amour avec lequel nous devons aimer la créature, et l’amour avec lequel la créature doit nous aimer. Ainsi, en un seul acte dans l’accomplissement de notre Volonté, nous pouvons dire que nous avons fait toutes choses, donné toutes choses, même nous-mêmes, et que nous avons reçu toutes choses. Parce que lorsque la créature vit dans notre Volonté, nous donnons tout, et que la créature prend tout et peut tout nous donner.

            Par contre, si la créature ne vit pas dans notre Vouloir, si notre Volonté n’est pas accomplie, nous ne pouvons pas tout donner. La créature sera incapable de recevoir notre amour et n’aura pas non plus la capacité de nous aimer autant que nous voulons être aimés. Et nous n’aimons pas donner ce qui est nôtre par petites portions, comme si nous étions pauvres. Nous n’aimons pas donner à moitié. Être capables de donner et ne pas donner est toujours pour nous une souffrance ; notre amour demeure réprimé et nous fait délirer.

            C’est pourquoi nous voulons que l’âme vive dans notre divin Vouloir, car nous voulons toujours tout donner et sans jamais cesser de donner. Notre Être divin ne se fatigue jamais. Plus nous donnons, plus nous voulons donner. Pour nous, donner est un repos, un bonheur, c’est l’exutoire de notre amour et la communication de notre vie. Et mon amour est si grand que je suis dans l’âme pour me faire grandir.

            Pour me faire grandir, je veille continuellement sur la créature afin que ce qu’elle fait serve à faire grandir ma vie en elle. Je dispose de ses actes, de son amour, de telle sorte que certains forment mes membres, d’autres mon Cœur, d’autres ma nourriture, d’autres encore le vêtement pour me couvrir et me réchauffer. Je suis toujours en train d’unifier son mouvement et son souffle aux miens afin de trouver son mouvement et son souffle dans les miens, comme s’ils étaient mon mouvement et mon souffle. Je ne laisse rien perdre de ce qu’elle fait, pense, dit et souffre parce que tout doit m’être utile et faire grandir ma vie. Par conséquent, je suis toujours enclin à agir, je ne m’accorde aucun repos. Et, oh ! comme je suis content ! Combien je suis heureux de travailler toujours à me faire grandir dans cette créature.

            Je n’ai pas créé la créature pour qu’elle demeure isolée. Elle était mon œuvre, et par conséquent je devais déployer mon activité afin de former une œuvre digne de moi. Mais si elle ne vit pas dans ma Volonté, je ne trouve pas le matériau premier pour former et faire grandir ma vie. Nous vivons alors loin l’un de l’autre, comme isolés. La solitude me blesse, le silence me pèse et comme je ne peux pas développer mon œuvre, j’entre dans une folie d’amour et je me sens devenir un Dieu malheureux à cause des créatures.

            Aussi, ma fille, sois attentive. Vis toujours dans ma Volonté. Prête-moi tes actes pour me faire travailler afin que je ne sois pas en toi comme un Dieu qui ne pouvait et ne sait rien faire, alors que j’ai cette grande œuvre à accomplir : former ma vie et la faire grandir afin qu’elle devienne si belle qu’elle formera le doux enchantement de toute la Cour céleste.

            Mais lorsque la créature ne vit pas dans notre Volonté, notre état est horrible. Notre vie est comme étranglée, brisée, divisée par la volonté humaine. Les actes de cette créature ne peuvent pas nous servir à former et à faire grandir notre vie. Ils servent plutôt à la briser de telle sorte que l’on voit ici un de nos pieds, ailleurs une main, un œil dans un autre endroit. Quelle pitié de nous voir ainsi étranglés, car notre Volonté est unité et là où elle règne, elle forme de tous ses actes un seul et unique acte pour former une seule et unique vie. Au contraire, la volonté humaine ne peut faire que des actes séparés entre eux et qui n’ont pas la vertu de s’unir ; ils ne font que mettre en pièces notre vie divine. Rien n’est plus horrible – c’est une scène qui arracherait des larmes aux pierres – que de voir dans l’âme qui fait sa propre volonté la façon déchirante dont elle réduit notre vie en elle. Ses actes indignes, qui viennent de l’origine de sa création, dissemblables de son Créateur, forment le couteau qui met en pièces notre vie divine.

            Quelles souffrances pour nous ! Combien notre œuvre créatrice en demeure déformée, déshonorée, et détruit notre dessein pour la Création ! Ah ! si nous étions capables de souffrance, la volonté humaine remplirait d’amertume la mer immense de nos joies et de nos bonheurs !

            Après quoi je suivis tout ce que la Divine Volonté avait fait dans la Création comme dans la Rédemption, et je trouvai tout en acte comme si tout voulait se donner à moi. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, tout ce qui a été fait par notre Être suprême est tout en acte comme si nous étions en train de le faire par amour pour les créatures, parce que toutes nos œuvres ont été faites pour elles. La créature qui entre dans notre divin Vouloir les trouve toutes, et toutes veulent se donner à elle. Et cette créature, se voyant tellement aimée, les fait siennes, les aime, et elle nous aime pour lui avoir fait tous ces dons. Et à chaque don que nous lui faisons, la créature voudrait nous donner l’échange de sa vie en témoignage de gratitude et de reconnaissance, et pour me remercier de tous les dons que nous lui avons faits. La créature sent qu’elle a reçu le don du soleil, du ciel étoilé, de la mer, du vent, de toute la Création. Elle ressent le don de ma naissance, de mes larmes, de mes œuvres, de mes pas, de mes souffrances, de l’amour avec lequel je l’ai aimée et l’aime encore. Oh ! combien elle est heureuse ! Et faisant siennes toutes mes œuvres et ma vie elle-même, la créature nous aime dans le soleil avec ce même amour avec lequel je l’ai créé ; et ainsi de suite pour toutes les autres choses de la Création. Elle m’aime dans ma naissance, dans mes larmes, dans mes pas, dans mes souffrances, dans toutes choses. Et, oh ! combien cette créature nous rend heureux et nous glorifie ! Et notre contentement est si grand parce qu’il nous donne l’occasion de renouveler nos œuvres comme si nous les faisions de nouveau. Aussi, notre amour déborde et investit toutes choses d’un amour nouveau. Notre puissance se multiplie pour soutenir toute chose, ainsi que notre sagesse qui ordonne toute chose. Notre œuvre créatrice court dans toute la Création et la Rédemption pour dire à la créature : « Tout est à toi. Et chaque fois que tu entres dans notre Vouloir, tu reconnais tous ces dons pour les faire tiens, et tu nous donnes l’occasion et la gloire comme si nous répétions de nouveau tout ce que nous avons fait par amour pour les créatures. » Notre Volonté est la répétitrice de toutes nos œuvres. Notre Volonté les répète et les renouvelle chaque fois que la créature veut les recevoir. Et si nos œuvres se donnent, elles restent cependant à leur place ; elles se donnent et elles demeurent. Et en se donnant, elles ne perdent rien ; elles en sont plutôt glorifiées davantage. Aussi, sois attentive à toujours vivre dans notre Vouloir.

30.  18 septembre 1938 — Jésus sent ses souffrances répétées dans les nôtres. Il ne change jamais dans ses œuvres et dans son amour pour nous. Exemple de la fleur – de celle qui ne vit pas dans le divin Vouloir. Solitude de Jésus.

      Je suis dans la mer du divin Vouloir au milieu d’immenses amertumes et humiliations, comme une pauvre condamnée. (Le 31 août 1938, un décret du Saint-Office condamnait les trois livres de Luisa en les mettant à l’Index des livres interdits.) Si Jésus n’avait pas été là pour me donner force et soutien, je ne sais pas comment j’aurais pu continuer à vivre. Mon doux Jésus participait à ma douleur et souffrait avec moi. Et dans le transport de sa peine et de son amour, il me dit :

            Ma chère fille, si tu savais combien je souffre, si je te permettais de le savoir, tu mourrais de douleur. Je suis contraint de tout cacher, toute l’angoisse et la cruauté de la douleur que je ressens pour ne pas t’affliger davantage. Sache que ce n’est pas toi qu’ils ont condamné, mais moi avec toi. Je me sens à nouveau condamné, car lorsque le bien est condamné, c’est pour me condamner moi-même. Quant à toi, unis ta condamnation et la mienne dans mon Vouloir à ce que j’ai subi lorsque j’ai été crucifié, et je te donnerai le mérite de ma condamnation et de tous les biens qu’elle produit : elle m’a fait mourir, elle a appelé ma Résurrection à la vie dans laquelle tous doivent trouver la vie et la résurrection de tous les biens.

            Avec leur condamnation, ils croient faire mourir ce que j’ai dit sur ma Divine Volonté. Au contraire, je permettrai ces flagellations et ces tristes incidents pour que mes vérités ressuscitent plus belles et plus majestueuses encore parmi le peuple. Donc, de mon côté et du tien, nous ne changerons rien. Continuons à faire ce que nous avons fait, même si tout le monde se met contre nous. C’est la manière divine d’agir que de ne jamais changer dans ses œuvres comme le font beaucoup de créatures mauvaises ; je conserve toujours mes œuvres avec ma puissance et ma vertu créatrice pour l’amour de ceux qui m’offensent. Je les aime toujours et sans cesse. C’est parce que nous ne varions jamais dans nos œuvres qu’elles parviennent à leur accomplissement. Elles demeurent toujours belles et apportent le bien à tous. Si nous changions, toutes les choses iraient à leur ruine, aucun bien ne serait jamais accompli. Par conséquent, je te veux avec moi dans cette affaire, toujours ferme et sans jamais sortir de mon Vouloir en faisant ce que tu as fait jusqu’à maintenant : être attentive à m’écouter et être la narratrice de ma Volonté.

            Ma fille, ce qui n’est pas profitable aujourd’hui le sera demain. Ce qui semble obscur maintenant à des esprits aveugles se transformera demain en soleil pour d’autres qui ont des yeux, et que de bien cela fera. Aussi, continuons ce que nous avons fait. Faisons de notre côté ce qui est nécessaire afin que rien ne manque en matière de secours, de lumière, de bien et de surprenantes vérités, afin que ma Volonté soit connue et qu’elle règne. J’utiliserai tous les moyens d’amour, de grâces, et de châtiments. Je toucherai tous les côtés des créatures pour que règne ma Volonté. Et lorsqu’il semblera que le vrai bien doit mourir, il ressuscitera à nouveau plus beau et plus majestueux qu’avant.

            Mais alors qu’il disait cela, il me fit voir une mer de feu dans laquelle le monde entier allait être enveloppé. J’étais secouée. Mon aimable Jésus, en m’attirant vers lui, me dit :

            Ma bienheureuse fille, courage ; n’aie pas peur. Viens dans ma Divine Volonté pour que sa lumière t’enlève de l’esprit le triste spectacle vers lequel le monde est en train de courir. Et en te parlant de mon Vouloir, apaisons les souffrances que nous connaissons malheureusement tous les deux.

            Écoute combien il est beau de vivre dans mon Vouloir. Ce que je fais, l’âme le fait elle aussi. Lorsqu’elle entend que je lui dis « Je t’aime », elle me répète immédiatement Je t’aime. Et moi, en entendant que je suis aimé, je la transforme tellement en moi que nous disons d’une seule voix : « Aimons-les tous, faisons du bien à tous, donnons la vie à tous. » Si je bénis, nous bénissons ensemble ; nous adorons et nous glorifions ensemble ; nous courons ensemble au secours de tous. Et si les créatures m’offensent, nous souffrons ensemble. Et, oh ! combien je suis heureux de voir qu’une créature ne me laisse jamais seul ! Comme elle est belle la compagnie de celle qui veut ce que je veux et fait ce que je fais ! L’union fait naître le bonheur, l’héroïsme le bien, et la tolérance l’endurance. De plus, parce qu’elle est une créature humaine qui appartient à la famille humaine, laquelle ne fait que m’envoyer des clous, des épines et des souffrances, moi, en trouvant dans cette âme un endroit où me cacher et avoir la compagnie que je désire, sachant que cette âme serait malheureuse si je punissais les créatures comme elles le méritent, afin de ne pas lui déplaire, je me retiens de punir les âmes comme elles le méritent. Aussi, ne me laisse jamais seul. La solitude est une des plus dures et des plus intimes souffrances de mon Cœur. N’avoir personne à qui dire un mot, que ce soit dans la souffrance ou dans la joie, me fait entrer dans des frénésies de souffrance et d’amour qui te feraient mourir de douleur si tu pouvais les connaître.

            C’est exactement cela ne pas vivre dans ma Volonté : me laisser seul ! La volonté humaine éloigne la créature de son Créateur. Et avec l’éloignement, la paix disparaît et les agitations la remplacent qui tourmentent l’âme, et sa force diminue, sa beauté se fane, le bien se meurt et le mauvais s’élève, et les passions lui tiennent compagnie. Pauvre créature sans ma Volonté, dans quel abîme de misères et de ténèbres elle se jette ! Elle est comme la fleur qui n’est pas arrosée. Elle se sent mourir, sa couleur se ternit, elle se courbe sur sa tige et attend la mort. Et si le soleil l’investit, voyant qu’elle n’est pas arrosée, il la brûle et la fleur finit desséchée. Tel est le sort de l’âme sans ma Volonté. Elle est comme une âme sans eau. Mes vérités elles-mêmes, qui sont plus brillantes que le soleil, ne trouvant pas l’âme arrosée par la vie de ma Volonté, brûle davantage cette âme et l’aveugle. L’âme se rend alors incapable de comprendre ces vérités et de recevoir le bien et la vie qu’elles possèdent. Et ces créatures vont jusqu’à combattre le bien et mes vérités elles-mêmes qui sont porteuses de vie pour les créatures. Par conséquent, je te veux toujours dans ma Volonté afin que ni toi ni moi n’ayons à souffrir la grande douleur de la solitude.

31.  27 septembre 1938 — La mer est un symbole de la Divine Volonté. Près des souffrances de Jésus couraient des mers de joies. La puissance des souffrances innocentes. Tout ce que Jésus a dit concernant sa Volonté est une nouvelle Création.

       Je suis toujours dans la mer du divin Vouloir. Je laisse mes souffrances et mon inexprimable amertume s’écouler en lui afin qu’elles demeurent investies par sa force divine, et se changent pour moi et pour tous en lumière. Mon doux Jésus, visitant ma petite âme, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, la mer donne une place à tout ce qui s’immerge en elle ; elle donne une place aux poissons et les garde submergés dans ses eaux en leur donnant tout ce qui est nécessaire au maintien de leur vie. Les poissons sont les plus fortunées et les plus riches des créatures et il ne leur manque rien parce qu’ils vivent toujours dans la mer. Oh ! si les poissons sortaient de la mer, leur vie s’arrêterait ! La mer reçoit toutes les créatures et cache tout dans ses eaux. Si le navigateur veut traverser la mer et se rendre dans différentes régions, l’eau de la mer reçoit le navire et se transforme en chemin pour l’accompagner jusqu’à ce qu’il atteigne sa destination. Tout peut trouver une place dans la mer.

            Ma Volonté est ainsi. Tous peuvent y trouver leur place. Et avec un inexprimable amour, ma Volonté se fait vie pour tous, route pour les conduire, lumière pour chasser les ténèbres de la vie, et force pour les soutenir. Elle ne les laisse jamais seuls. Ce que les créatures font, ma Volonté veut le faire avec elles. Oh ! combien ma Volonté souffre de voir les créatures en dehors de sa mer ! Car elle les voit alors laides, sales, et si dissemblables qu’elles en sont dégoûtantes. Les plus fortunées sont par conséquent celles qui vivent dans mon Vouloir. Elles sont portées dans le sein de ses vagues. Et pourvu qu’elles vivent en lui, mon Vouloir pensera à tout ce qui est nécessaire pour leur bien.

            Après quoi je suivais mon doux Jésus dans ses souffrances et j’unissais mes peines anciennes pour recevoir la force de ses souffrances pour me soutenir. Je me sentais écrasée. Et mon doux Jésus ajouta avec une indescriptible tendresse :

            Ma bienheureuse fille, j’ai souffert des souffrances inouïes. Mais à côté de ces souffrances couraient des mers de joie et de bonheur sans fin. Je voyais tout le bien qu’elles devaient produire. Je voyais en elles les âmes qui devaient être sauvées. Et mes souffrances, comme elles étaient saturées d’amour, produisaient avec chaleur les plus belles saintetés, les plus difficiles convertions, les grâces les plus surprenantes. Et je sentais dans mes souffrances les douleurs les plus amères, la mort la plus impitoyable, et des mers de joies qui me soutenaient et me donnaient la vie. Si je n’avais pas été soutenu par les joies que contenaient mes souffrances, je serais mort dès la première souffrance, car la torture que j’ai endurée était si grande que je n’aurais pas été capable de prolonger ma vie.

            Tes souffrances sont non seulement semblables aux miennes, mais je peux également dire que tes souffrances sont mes souffrances. Et si tu savais combien je souffre ! Je sens la cruauté et la torture qui me remplissent d’amertume jusque dans les profondeurs de mon Cœur. Mais je vois aussi dans ces souffrances les mers de joies qui font surgir ma Volonté belle et majestueuse parmi les créatures. Tu ne sais pas ce que peut être une souffrance innocente soufferte pour moi. Son pouvoir est si grand que les cieux en sont étonnés et tous veulent la satisfaction, le bien d’une souffrance innocente. Elle peut former par sa puissance des mers de grâces, de lumière et d’amour pour le bien de tous. Sans ces souffrances innocentes qui soutiennent ma justice, je précipiterais le monde entier dans la ruine. Alors, courage. Ne te tourmente pas, ma fille. Fais-moi confiance et je penserai à tout, y compris à défendre les droits de ma Volonté pour la faire régner.

            Je peux dire que tout ce que j’ai dit concernant ma Volonté est une Création nouvelle, plus belle, plus diverse, plus majestueuse que la Création même que tout le monde peut voir. Oh ! combien cette dernière lui est inférieure ! Tout comme il est impossible à l’homme de la détruire, de voiler la lumière du soleil, d’entraver l’impétuosité du vent ou de l’air que chacun respire, ou de faire un monticule de toutes choses, les créatures ne peuvent pas non plus étouffer, bien moins encore détruire ce que j’ai dit avec tant d’amour concernant ma Volonté, car ce que j’ai dit est l’annonce d’une Création nouvelle, et chaque vérité porte l’empreinte, le sceau de notre Vie Divine. Par conséquent, dans les vérités que je t’ai manifestées, il y a des soleils qui parlent, des vents qui parlent et entraînent la créature dans mon Vouloir jusqu’à ce que mon Vouloir soit capable d’assiéger la créature par le règne de sa puissance. Dans ces vérités, il y a mes diverses beautés qui vont ravir les créatures, des mers d’amour dont les créatures seront continuellement inondées et qui, avec leur doux murmure, amèneront les cœurs à m’aimer. Dans ces vérités, je place tous les biens possibles et imaginables, l’amour qui conquiert, qui ravit, qui adoucit, qui secoue ; rien ne manque pour vaincre la créature et faire descendre ma Volonté avec le cortège et la majesté d’une armée de mes vérités pour régner parmi les créatures. Et la possibilité de toucher ma nouvelle Création ne sera pas donnée à la créature. Je saurai bien comment la préserver et la défendre. De plus, ma fille, cette nouvelle Création me coûte non pas le travail de six jours, mais de cinquante années au moins, et même plus. Comment pourrais-je jamais permettre qu’elle soit réprimée, qu’elle n’ait pas sa vie et qu’elle n’entre pas dans la lumière ? Ce serait parce que je n’ai pas suffisamment de puissance. Ce qui ne peut pas être. Je saurai comment me la préserver, et ils ne peuvent toucher ni détruire une seule de mes paroles. Cette Création me coûte trop. Et lorsque les choses coûtent autant, on utilise tous les moyens, tous ses talents, et on donne sa propre vie pour obtenir ce que l’on veut. Aussi, laisse-moi accomplir l’œuvre de cette nouvelle Création. N’attache aucune importance à ce qu’ils disent et à ce qu’ils font. Ce sont là les habituels bavardages humains qui changent comme le vent ; ils voient noir, et si le vent tourne et enlève le bandeau de leurs yeux, ils voient blanc. Par conséquent, je saurai comment les retourner et faire avancer mes vérités comme une armée en guerre pour conquérir la créature. La patience est nécessaire de ma part et de la tienne et, sans rien changer, allons de l’avant.

32.  2 octobre 1938 — Il est décrété que le Royaume de la Divine Volonté doit venir sur la terre. Dieu doit balayer la terre. La Reine du ciel pleure et prie. La Divine Volonté est comme la sève pour les plantes.

         Je suis toujours dans le divin Vouloir, mais au milieu d’indicibles amertumes qui semblent vouloir rendre trouble la mer du divin Vouloir. Mais cette mer du Fiat forme ses vagues. Sa mer me recouvre et me cache, elle adoucit mes amertumes, me redonne de la force et me fait continuer la route dans sa Volonté. La puissance de la mer du Fiat est telle qu’elle réduit à rien mes amertumes pour en faire surgir sa vie pleine de douceur, de beauté et de majesté. Et moi j’adore la Divine Volonté, je la remercie et je la prie de ne jamais me laisser seule et abandonnée. Puis mon doux Jésus, répétant sa petite visite, me dit :

            Ma bonne fille, courage. Si tu te tourmentes, tu vas perdre la force de toujours vivre dans mon Vouloir. Ne fais même pas attention à ce qu’ils peuvent dire et faire. Notre victoire, c’est qu’ils ne peuvent pas nous empêcher de faire ce que nous voulons. Par conséquent, je peux te parler de mon divin Vouloir et tu peux m’écouter. Aucun pouvoir ne peut s’opposer à nous. Ce que je te dis concernant mon Vouloir n’est rien d’autre que l’application de notre décret pris de toute éternité dans le Consistoire de notre Sacro-Sainte Trinité, que mon Vouloir doit avoir son Royaume sur la terre. Et nos décrets sont infaillibles. Personne ne peut s’opposer à leur application. Tout comme la Création et la Rédemption furent décrétées, le Royaume de notre Volonté sur la terre est notre décret. Par conséquent, pour appliquer notre décret, je devais manifester les bienfaits qui sont dans le Royaume de notre Volonté, ses qualités, ses beautés et ses merveilles. C’est la raison pour laquelle je devais autant te parler pour pouvoir appliquer ce décret.

            Fille, pour en arriver à cela, je voulais gagner l’homme par l’amour. Mais la méchanceté humaine m’en empêche. J’utiliserai alors la justice. Je vais balayer la terre. Je vais la débarrasser des créatures malfaisantes qui, telles des plantes vénéneuses, empoisonnent les plantes innocentes. Lorsque j’aurai tout purifié, mes vérités trouveront la voie pour donner aux survivants la vie, le baume et la paix que contiennent mes vérités. Et tous recevront mes vérités ; elles donneront aux survivants le baiser de paix. Et pour la confusion de celles qui ne les ont pas crues, qui les ont même condamnées, mes vérités régneront. Et j’aurai mon Royaume sur la terre afin que ma Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Aussi, je te le répète : ne changeons rien. Continuons ce que nous faisons et nous chanterons victoire. Et elles iront leur chemin où elles se couvriront de confusion et de honte. Elles connaîtront le sort de l’aveugle qui ne croyait pas à la lumière du soleil parce qu’il ne la voyait pas. Elles resteront dans leur aveuglement. Et celles qui voient la lumière et qui croient seront heureuses. Elles se réjouiront dans les bienfaits de la lumière pour leur plus grande joie.

            Jésus garda le silence et mon pauvre esprit était attristé à cause des nombreux et horribles maux dont la terre est et sera investie. C’est à ce moment que la Reine souveraine s’est fait voir, et ses yeux étaient rouges d’avoir tant pleuré. Quelle douleur de voir pleurer ma céleste Maman. Et dans les larmes, avec son accent maternel et une indescriptible tendresse, elle me dit :

            Ma très chère fille, prie avec moi. Combien mon Cœur souffre de voir les flagellations dans lesquelles l’humanité tout entière sera enveloppée, et l’inconstance des chefs – ils disent une chose aujourd’hui, et demain son contraire. Ils jettent le peuple dans une mer de souffrances et même de sang. Mes pauvres enfants ! Prie, ma fille. Ne me laisse pas seule dans ma souffrance. Que tout se passe pour le triomphe du Royaume de la Divine Volonté.

            Après quoi je suivis la Divine Volonté dans ses actes et je m’abandonnai tout entière dans ses bras. Mon doux Jésus poursuivit en disant :

            Ma fille, lorsque la créature entre dans notre Volonté pour la faire sienne, l’âme fait sienne notre Volonté et nous faisons nôtre celle de la créature. Et en tout ce que fait l’âme, si elle aime, si elle adore, si elle travaille, si elle souffre, si elle prie, notre Vouloir forme la semence divine dans ses actes. Et, oh ! combien l’âme grandit en beauté, en fraîcheur et en sainteté ! Notre Volonté est comme la sève pour les plantes. S’il y a de la sève, les plantes peuvent croître en beauté, elles sont vertes avec de belles feuilles et produisent de beaux fruits charnus et délicieux. Mais si la sève vient à manquer, la pauvre plante perd sa verdeur, ses feuilles tombent et elle n’a plus la vertu de produire de beaux fruits ; elle finit par sécher parce que la sève est comme l’âme de la plante, comme les fluides vitaux qui soutiennent la plante et la font fleurir. C’est ainsi qu’est l’âme sans ma Volonté. Elle perd son commencement, sa vie, son esprit du bien. Elle perd sa couleur, elle devient laide, elle s’affaiblit et finit par perdre la semence du bien.

            Si tu savais quelle compassion je peux ressentir pour l’âme qui vit sans ma Volonté. Je pourrais l’appeler mes douloureuses scènes de Création. Moi qui ai créé toutes choses avec tant de beauté et d’harmonie, je suis contraint par l’ingratitude humaine de voir les plus belles créatures que j’ai créées – pauvres, faibles et couvertes de plaies, propres à inspirer la pitié. Et pourtant, ma Volonté est à la disposition de tous. Elle ne se refuse à personne. Seule la créature qui la rejette et qui, ingrate, ne veut pas la connaître, se prive volontairement de ma Volonté – à notre très grande souffrance.

33.  10 octobre 1938 — Premier champ de l’action de Dieu : la Création. Le champ d’action de celle qui vit dans le divin Vouloir. La Création n’est pas terminée, elle continue dans les âmes qui vivent dans le divin Vouloir. Dieu ne peut rien refuser à celle qui vit dans son Vouloir.

        Je suis toujours dans la mer du Fiat suprême dont l’amour est si grand qu’il est incapable de le contenir et veut faire voir à sa créature les nouvelles surprises de son amour, combien il a aimé la créature est combien il l’aime encore. Et s’il trouve une créature qui l’aime, il fera se lever un nouvel amour pour faire connaître à la créature que son amour de cessera jamais et qu’il l’aimera toujours d’un amour nouveau et grandissant. Et mon aimable Jésus, répétant sa petite visite, toute bonté, me dit :

            Ma petite fille de ma Divine Volonté, tu dois savoir que notre premier champ d’action a été la Création. C’était une naissance que nous avions dans notre sein de toute éternité, et toutes les choses que nous devions mettre à la lumière du jour aimaient l’homme. Car c’est uniquement pour lui, parce que nous l’aimions tant, que nous avions décrété de créer toutes ces choses au point de former pour lui la lumière du jour, la voûte azurée qui ne doit jamais perdre sa couleur, une floraison terrestre qui doit lui servir de plancher ; et ensuite, la chose la plus grande : la centralisation de notre amour en chaque chose créée qui devait être pour lui comme notre sein où le porter dans nos bras pour le rendre heureux et lui donner la vie continue.

            Et connais-tu la raison pour toutes ces préparations au point de nous faire sortir de notre intérieur comme dans un champ d’action, dans une œuvre ? C’était pour l’amour de celui qui doit faire régner notre Volonté. Pour un si grand travail, nous voulions notre récompense – notre dessein divin – que l’homme et toutes les choses créées devaient garder comme vie est comme règle, en le nourrissant de notre Volonté. Ce champ de notre action dure toujours. Notre amour le parcourt avec une incroyable vélocité, car nous ne sommes pas sujets au changement. Nous sommes immuables, et ce que nous faisons une fois, nous le faisons toujours. Cependant, même avec un champ d’action aussi étendu, après tant de travail, tant d’amour qui palpite en chaque chose créée et en chaque fibre de l’homme, notre dessein n’est pas encore réalisé ; c’est-à-dire, que notre Vouloir règne et domine dans le cœur de l’homme. Pourrions-nous jamais former un champ d’action aussi étendu, une œuvre qui continue toujours, sans parvenir à notre dessein ? Cela ne pourrait jamais être. Le seul fait que la Création continue est le signe certain que le Royaume de mon Vouloir aura sa vie et son triomphe complet parmi les créatures. Nous ne savons pas faire des choses inutiles. Nous commençons par déterminer avec une très haute sagesse le bien, le profit et la gloire que nous devons recevoir, puis nous agissons.

            Je veux maintenant te dire une autre surprise. Lorsque la créature entre dans notre Vouloir pour le faire régner, nous nous mettons à nouveau à l’œuvre dans le champ d’action. Nous renouvelons notre œuvre, et nous centralisons uniquement pour la créature notre nouvel amour en chaque chose créée. Et dans notre excès d’amour, nous lui disons : « Vois-tu combien nous t’aimons ? C’est uniquement pour toi que nous déployons notre champ d’action, que nous répétons toutes nos œuvres. Écoute, et tu entendras en chaque chose nos nouvelles notes d’amour qui te disent combien nous t’aimons, combien tu es couverte et cachée dans notre amour. Et, oh  les satisfactions et les joies que tu nous donnes en nous permettant de répéter notre champ d’action pour celle qui vit dans notre Volonté et ne veut rien savoir d’autre que notre Volonté ! »

            C’est alors que toute la Création et nous-mêmes, trouvant notre Vouloir dans la créature, nous reconnaissons cette créature comme notre enfant. Toute la Création demeure centralisée dans cette créature, et la créature en nous. Cette créature se fait inséparable de toutes les choses créées parce que notre Vouloir lui donne un droit sur tout. Et notre champ d’action trouve sa récompense, la réciprocité de notre œuvre. Une créature qui vit dans notre Vouloir travaille déjà avec nous, veut faire ce que nous faisons, veut nous aimer avec un même amour parce que la Volonté qui nous anime étant une, il ne peut y avoir de dissemblances ni de disparités. Ainsi, nous ne nous sentons plus isolés dans le champ de la Création. Nous avons notre compagnie et c’est là tout notre triomphe, notre victoire, et le plus grand bien que nous puissions donner aux créatures. Nous déployons notre champ d’action à l’intérieur de l’âme de la créature beaucoup plus que dans la Création qui entoure la créature, et nous créons en elle les soleils les plus éclatants, les plus belles étoiles, les vents qui soufflent continuellement l’amour, des mers de grâces et de beauté, et un air divin et balsamique. Et cette créature reçoit tout et nous laisse libre dans notre champ d’action, et elle est notre vraie Création, celle qui ne s’est opposée en rien à ce que nous voulions faire et où toutes nos œuvres ont trouvé leur place. Ainsi, notre champ d’action ne s’arrête jamais dans celle qui vit dans notre Fiat. Alors, sois attentive et reçois ce que nous voulons faire de toi.

            Après quoi il ajouta avec un amour que je ne sais comment exprimer : Ma fille, le soin le plus cher à notre Cœur, notre attention la plus assidue est pour l’âme qui vit dans notre Vouloir. Nous ne la quittons pas des yeux. Il semble que nous ne puissions rien faire d’autre que déployer sur cette âme notre vertu opérante et créatrice. Notre amour nous amène à l’observer pour voir ce qu’elle veut faire. Si elle veut aimer, notre vertu créatrice crée notre amour dans les profondeurs de son âme. Si elle veut nous connaître, nous créons notre connaissance. Si elle veut être sainte, notre vertu créatrice crée la sainteté. En somme, lorsque la créature veut faire une chose, notre vertu créatrice se prête à créer le bien qu’elle veut faire de telle sorte que la créature sent en elle-même la nature et la vie de ce bien. Nous ne pouvons et ne voulons refuser quoi que ce soit à celle qui vit dans notre Vouloir. Ce serait comme le refuser à notre Vouloir lui-même, c’est-à-dire nous le refuser à nous-mêmes. Il serait trop dur de ne pas utiliser notre vertu créatrice pour nous-mêmes. Vois-tu alors à quelle hauteur et noblesse sublime est parvenue celle qui vit dans notre Vouloir ? Aussi, sois attentive. Pense uniquement à vivre dans notre Vouloir. De cette manière, tu sentiras notre vertu créatrice et opérante.

34.  12 octobre 1938 — Celle qui vit abandonnée en Dieu trouve en lui sa paternité, son refuge, sa cachette. Le Fiat, soutien et vie de toute la Création. Comment Dieu remonte la chaîne de celle qui veut vivre dans sa Volonté.

         Je suis dans les bras du divin Vouloir, mais avec le cauchemar de terribles souffrances propres à émouvoir le ciel et à le faire se précipiter pour venir à mon secours et me donner la force de résister à un si douloureux état. « Mon doux Jésus, aide-moi, ne m’abandonne pas. Je sens que je vais succomber. Comme je souffre. » Je disais cela lorsque mon doux Jésus, mieux qu’une tendre mère, a tendu ses bras vers moi pour me presser contre lui et, unissant ses larmes aux miennes, toute bonté, il me dit :

            Ma pauvre fille, tes douleurs sont les miennes et je souffre avec toi. Alors, courage, abandonne-toi en moi et tu trouveras la force de supporter tes souffrances. Celle qui s’abandonne à moi devient comme un enfant élevé par sa mère et qui l’emmaillote pour le renforcer dans ses membres, le nourrit de son lait, le porte dans ses bras, l’embrasse, le caresse, et s’il pleure, elle mêle ses larmes à celles de son enfant. La maman est la vie de son enfant. Oh ! si le petit enfant n’avait pas sa maman, comme il lui serait difficile de grandir sans personne pour le nourrir de son lait, sans langes, sans avoir quelqu’un pour le réchauffer. Il deviendrait malade, faible, et ne survivrait que par miracle ! Telle est l’âme qui vit abandonnée dans mes bras. Elle a son Jésus qui est pour elle plus qu’une mère. Je la nourris du lait de ma grâce. Je l’emmaillote avec la lumière de ma Volonté, ce qui lui donne des forces et la confirme dans le bien. Je la tiens serrée contre moi pour qu’elle ne sente que mon amour et les ardents battements de mon Cœur. Je la berce dans mes bras. Si elle pleure, je pleure avec elle. Tout cela pour qu’elle sente ma vie plus que la sienne ; elle grandit avec moi et je fais avec elle ce que je veux. Mais celle qui ne vit pas abandonnée en moi vit pour elle-même, isolée, sans lait, sans personne pour veiller sur son existence. Celle qui vit abandonnée en moi trouve un refuge dans ses souffrances, l’endroit où se cacher pour que personne ne la touche. Et si on devait vouloir la toucher, je saurai comment la défendre, car ceux touchent celle qui m’aime font plus que me toucher moi-même. Je la cache en moi et je jette dans la confusion ceux qui veulent frapper celle qui m’aime. J’aime tellement celle qui vit abandonnée en moi que je fais d’elle le plus grand des prodiges, capable d’étonner le ciel tout entier ; et je confonds ainsi ceux qui croyaient pouvoir la frapper en les couvrant de confusion et d’humiliation. À toutes les douleurs que nous connaissons, n’ajoutons pas cette souffrance qui serait la plus douloureuse : de ne pas vivre abandonnée en moi, et moi en toi, ma fille. Laissons-les parler et faire ce qu’ils veulent, pourvu qu’ils ne touchent pas à notre union. Personne ne peut entrer dans nos secrets, dans les abysses de mon amour, ni me faire obstacle dans ce que je veux faire avec ma créature. Vivons dans une Volonté une, et tout ira bien entre toi et moi.

            Puis il ajouta avec un amour encore plus tendre : Ma bienheureuse fille, mon Fiat est le soutien de toute la Création. Tout dépend de lui. Il n’est rien qui ne soit animé par sa puissance. Sans mon Fiat, toutes les choses, et les créatures elles-mêmes, ne seraient rien d’autre que des peintures ou des statues inanimées, incapables de générer, de faire croître et de reproduire un bien quelconque. Pauvre création, en l’absence de ma Volonté ! Et pourtant, elle n’est pas reconnue. Quelle souffrance ! Être la vie de toute chose et sentir que l’on étouffe dans les choses mêmes que nous avons créées parce qu’elles ne nous connaissent pas ! Quelle amertume ! Si ce n’était de notre amour, et si nous étions capables de changer, nous retirerions notre Volonté de toutes les créatures et de toute chose, et tout serait réduit à rien. Mais comme nous sommes immuables et que nous savons avec certitude que notre Volonté sera connue, voulue, aimée, et que chacun la gardera plus que sa propre vie, nous attendons – avec l’invincible patience que notre Divinité peut avoir et supporter – que notre Volonté soit reconnue. Et c’est avec justice et notre plus haute sagesse, car nous ne faisons jamais des choses inutiles. Si nous faisons quelque chose, c’est parce que nous voulons y trouver notre avantage ; c’est-à-dire, pour recevoir la gloire et l’honneur de toutes nos œuvres, même de la plus petite fleur des champs.

            S’il n’en était pas ainsi, nous serions comme un Dieu qui ne saurait pas apprécier ses œuvres ni leur donner leur juste valeur. Ainsi, c’est notre justice que notre Volonté soit connue comme étant la vie de toute chose afin que nous obtenions le dessein pour lequel nous avons créé toute la Création.

            Tu dois savoir que lorsque la créature veut faire notre Volonté et entre en elle, cette créature devient réhabilitée dans notre Volonté. La créature est réhabilitée en sainteté, en pureté, en amour, et elle ressuscite dans la beauté et le dessein dans lequel nous l’avons créée. Elle perd le mal de la volonté humaine et commence la vie du bien.

            Lorsque ma Volonté voit que l’âme veut vivre avec elle, ma Volonté fait comme celui qui a une horloge qui s’est arrêtée : il tire sur la chaîne et l’horloge se remet en marche pour marquer les heures et les minutes, et servir de guide durant la journée de l’homme. De la même manière, ma Volonté, voyant l’homme arrêté par la volonté humaine dans la voie du bien, lorsqu’elle entre dans l’homme, elle lui donne la chaîne divine de telle sorte que tout son être, humain et spirituel, sent la vie nouvelle et la vertu de la chaîne divine dont il est investi, et qui court dans son esprit, dans son cœur, en toute chose, avec une force irrésistible qui est sainte et bonne.

            Cette chaîne marque les minutes et les heures éternelles de la vie divine dans l’âme. Et, oh ! comme l’âme court en tout ce qui est divin ! Nous réhabilitons l’âme en toute chose. Nous la faisons courir partout dans l’immensité de notre mer, et nous lui faisons faire et prendre ce qu’elle veut. Et bien qu’elle ne puisse pas embrasser complètement notre immensité, même si elle vit dans notre mer, l’âme s’en nourrit. Elle revêt les vêtements royaux de notre Vouloir. Dans notre mer, elle trouve son repos, la chaste étreinte de son Jésus, son amour réciproque, elle partage ses joies et ses peines et continue à grandir dans le bien. Ma Volonté devient pour elle sa vie, sa passion prédominante. Notre chaîne la fait si bien courir qu’elle en arrive à former pour elle-même son petit palais royal dans notre mer, qui sera habité par la Sacro-Sainte Trinité qui aime cette créature fortunée et la comble toujours de grâces et de dons nouveaux. Aussi, que la vie dans notre Fiat soit chère à ton cœur pour que nous trouvions en toi les joies et la gloire de toute la Création, le dessein pour lequel nous l’avons créée.

35.  26 octobre 1938 — Les tristes effets des perturbations ; être en paix. L’attention à recevoir son acte créateur et opérant. La petite malade dans le divin Vouloir. Celle qui vit dans la Divine Volonté forme le soutien de son Créateur et nous plaçons nos intérêts dans sa sécurité.

        Ma pauvre existence ressent le besoin extrême de vivre dans le divin Vouloir. Les amertumes et les souffrances qui m’enveloppent sont si nombreuses qu’elles semblent vouloir m’arracher du divin Fiat, et je ressens alors plus que jamais le besoin de vivre en lui. Mais en dépit de tous mes efforts pour vivre abandonnée dans ses bras, je ne peux m’empêcher de me sentir amère, hébétée et troublée par toutes ces agressions et ces souffrances qui m’entourent, au point de ne plus pouvoir continuer. « Mon Jésus, ma céleste Maman, aidez-moi. Ne voyez-vous pas que je suis sur le point de succomber ? Si vous ne me prenez pas dans vos bras, si vous ne continuez pas à m’inonder des vagues de votre divin Vouloir, je tremble à la pensée de ce qui va m’arriver. Oh ! ne me quittez pas, ne m’abandonnez pas à moi-même dans ce triste état. » Je pensais cela lorsque mon toujours aimable Jésus accourut pour me prendre dans ses bras et, toute bonté, il me dit : 

            Ma bonne fille, courage ; n’aie pas peur. Je ne peux ni ne veux t’abandonner. Il y a les chaînes de ma Volonté qui m’attachent à toi, et elles me rendent inséparable. Pourquoi craindre de sortir de ma Volonté ? Tout comme tu es entrée dans ma Volonté par un acte ferme et décidé de vouloir vivre en elle, il faudrait pour en sortir un autre acte ferme et décisif. Tu ne l’as pas fait et jamais ma fille ne le fera, n’est-ce pas ? Je veux que tu ne te laisses pas troubler, car cela te fait perdre ta couleur et ta fraîcheur, cela diminue ta force et te fait perdre la vivacité de la lumière du Fiat ; mon amour demeure réprimé et ton attention faiblit. Et bien que tu sois dans ma Volonté, c’est comme si tu étais dans une maison dans laquelle tu ne veux pas faire ce que tu devrais faire, c’est-à-dire la décorer, l’ordonner et lui donner toute la magnificence qui convient. Ainsi, parce que tu es troublée dans ma Volonté, tu ne veilles pas à recevoir mon acte créateur et opérant. Tu es comme dans un état de paresse.

            Mais, courage. Puisque tu souffres à cause de moi, nous te gardons dans notre Volonté comme une petite malade. Je suis le premier à souffrir avec toi parce que ce sont mes souffrances, et je souffre plus que toi. Je suis pour toi une nurse, je t’aide, je te fais un lit de mes bras, je place autour de toi mes souffrances pour te fortifier. Notre Maman Reine accourt pour tenir sur son sein sa petite fille malade. Et puisque celle qui a agi dans mon Vouloir a été la porteuse de gloire et de joie pour le ciel tout entier, tous accourent vers notre petite malade : les anges et les saints pour l’aider et voir à ses besoins. Dans notre Volonté, les choses étrangères et qui ne nous concernent pas ne peuvent entrer. Les souffrances elles-mêmes doivent être nos souffrances. Sinon, elles ne trouvent pas le chemin pour entrer dans notre Volonté. Alors, courage. Ce que je veux c’est que tu sois en paix.

            Combien de fois, sous la pression de cruelles souffrances, j’ai été moi aussi rendu malade, et les anges accouraient pour me soutenir. Mon Père céleste lui-même, en me voyant dans d’atroces souffrances, accourait pour me prendre dans ses bras et calmer les gémissements de mon Humanité. Et ma Mère, combien de fois n’est-elle pas tombée malade dans mon Vouloir en voyant les souffrances de son Fils, au point de se sentir mourir elle-même ; et je courais pour la soutenir, la presser contre mon Cœur pour qu’elle ne succombe pas. Ainsi, c’est le courage et la paix que je veux ; ne te tourmente pas autant, et je penserai à tout.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, tu ne connais pas encore tout le bien que la créature reçoit en vivant dans ma Volonté, et la grande gloire qu’elle donne à son Créateur. Chaque acte que la créature accomplit en elle est un soutien sur lequel Dieu peut appuyer sa puissance d’amour et de sainteté. Plus il y a d’actes répétés par cette créature, plus nous lui faisons confiance et plus nous pouvons y appuyer ce qui est à nous, parce que notre Volonté est là qui donne la capacité et la force à la créature de recevoir ce que nous voulons donner. Par contre, si nous ne trouvons pas notre Vouloir dans les actes répétés de la créature accomplis en lui, nous ne trouvons pas où nous appuyer nous-mêmes. Cette créature ne possède pas la force, la capacité ni l’espace capables de recevoir nos dons, ni la grâce que nous puissions avoir confiance en elle. Pauvre créature sans notre Volonté ! Elle est une véritable citadelle sans portes, sans sentinelles pour la défendre, exposée à tous les dangers. Et si nous voulions donner, ce serait exposer nos dons et notre vie elle-même à l’inutilité et aux dangers de recevoir des offenses et des ingratitudes, capables de changer les dons et les grâces en châtiments.

            Car tu dois savoir que lorsque la créature veut notre Volonté, nous mettons nos intérêts en jeu. Nous n’agissons jamais à notre détriment. Nous assurons en premier lieu nos intérêts et notre gloire, puis nous agissons. Autrement, ce serait comme si nous ne nous intéressions ni à notre sainteté ni à nos dons ni à ce que nous faisons, comme si nous ne connaissions pas nous-mêmes notre puissance ni ce que nous pouvons faire. Qui a jamais commencé une entreprise sans mettre d’abord ses intérêts en sécurité ? Personne. Ce qui peut arriver, c’est qu’en raison d’un malheur dans son entreprise, il puisse subir des pertes. Mais ayant d’abord pensé à mettre ses intérêts en sûreté, ils lui serviront à ne pas descendre à une condition inférieure et il pourra maintenir son état. Par contre, s’il n’avait pas mis ses intérêts en sûreté, il pourrait être réduit à mourir de faim.

            C’est pourquoi nous voulons la créature dans notre Volonté, parce que nous voulons mettre nos intérêts en sécurité. Ce que nous donnons : amour, sainteté, bonté et tout le reste. Notre Vouloir se charge de faire que tout nous soit retourné en actes divins. Nous donnons de l’amour divin et la créature nous donne de l’amour divin. Notre Volonté transforme la créature en notre sainteté et bonté, et fait en sorte qu’elle nous donne des actes saints et bons. Ses actes ressemblent aux nôtres parce que notre Volonté les rend tels. Et lorsque nous recevons de la créature ce qui est à nous, rendu divin par notre Fiat, notre intérêt est en sûreté, notre amour est en fête, notre gloire triomphe et nous préparons de nouvelles surprises d’amour, de dons et de grâces. Lorsque nous retrouvons notre intérêt, plus rien d’autre n’a d’importance. Nous donnons avec une telle abondance que les cieux en sont stupéfaits.

36.  30 octobre 1938 — Comment la créature acquiert le droit de juger. Lorsque la créature aime dans notre Vouloir, nous redoublons pour elle d’un amour nouveau. La Divine Volonté : vie et soutien de toute chose diffusée en tous. Dieu demande ses droits : que la créature vive dans son Vouloir.

        Mon petit voyage dans le divin Vouloir continue, bien qu’il me semble que ce soit avec difficulté et pas à pas. Mais mon doux Jésus semble en être satisfait pourvu que je ne sorte pas de son Fiat. Je peux dire que je suis réellement malade à cause des si nombreux incidents douloureux de ma pauvre existence. Alors, il se contente du peu que je fais. Mais il ne cesse de me pousser et de m’encourager en me parlant des nouvelles surprises de son Vouloir pour que je continue mon envol. C’est pourquoi, visitant ma petite âme, il me dit :

            Bienheureuse fille de ma Volonté, combien je désire que l’âme vive dans notre divin Vouloir. Je suis si heureux lorsque l’âme répète ses actes dans mon Vouloir que je lui prépare des dons nouveaux, des grâces nouvelles, un amour nouveau, une connaissance nouvelle, pour qu’elle connaisse toujours davantage ma Volonté, et pour lui faire apprécier et estimer la Demeure céleste dans laquelle elle a eu le grand honneur de résider. Aussi, si elle aime, je lui redouble mon nouvel amour. Et si elle me rend mon amour, je reviens toujours avec un amour nouveau et des surprises nouvelles si bien que la créature se sent tellement inondée que, confuse, elle répète : Est-il possible qu’un Dieu m’aime à ce point ? Et en disant cela, emportée par le transport de mon amour, elle revient m’aimer et à nouveau je la surprends avec mon amour. Il se produit une rivalité d’amour, la petitesse humaine qui s’harmonise avec l’amour de son Créateur. Cette créature ne m’aime pas seulement pour elle-même. Elle ressent tellement mon amour qu’elle m’aime pour tous et pour toutes choses. Nous sentons que la créature nous aime en chaque pas, en chaque mouvement, chaque pensée, chaque parole et battement de cœur de toutes les créatures. Elle nous aime dans le soleil, dans le vent, dans l’air, dans la mer. Il n’est rien en quoi elle ne nous aime pas. Et combien nous nous sentons heureux et glorifiés que cette créature nous aime en tous et en toutes choses ! Ainsi, nous n’aimons pas seulement cette créature d’un amour nouveau, mais toutes les créatures. Il se produit de tels prodiges dans un seul acte d’amour dans ma Volonté que le ciel tout entier se presse pour être spectateur et profiter des nouvelles surprises de notre amour. Et notre Divinité elle-même attend avec une joie indicible que la créature vienne dans notre Vouloir pour nous aimer afin que nous puissions faire une démonstration de notre amour et nous sentir aimés par tous ; ainsi, notre amour sort dans le champ pour faire son chemin. Et non seulement il sort, mais lorsque la créature répète son acte dans notre Fiat, nous sortons également notre puissance, notre bonté, notre sagesse auxquelles tous pourront prendre part. Et nous aurons la joie de voir des générations humaines investies de notre pouvoir nouveau, de notre bonté et de notre sagesse nouvelles.

            Que ne ferons-nous pas pour cette créature qui vit dans notre Vouloir ? Nous en arrivons à lui donner le droit de juger avec nous. Et si nous voyons qu’elle souffre parce que le pécheur doit subir des jugements rigoureux, afin de ne pas la laisser souffrir, nous adoucissons notre juste sévérité, et cette créature nous fait donner le baiser de pardon. Et pour la satisfaire, nous lui disons : « Pauvre enfant, tu as raison ; tu es à nous et tu fais également partie des autres. Tu ressens en toi tes liens avec la famille humaine. Aussi, tu voudrais que nous pardonnions à tous. Nous ferons ce que nous pouvons pour te satisfaire, pourvu que la créature ne méprise pas ou ne rejette pas notre pardon. »

            Cette créature dans notre Volonté est la nouvelle Pâque qui veut mettre son peuple en sécurité. Et, oh ! comme nous sommes heureux d’avoir cette créature toujours avec nous dans notre Vouloir ! Parce qu’à travers cette créature nous nous sentons plus enclins à faire preuve de miséricorde, à concéder des grâces, à pardonner les pécheurs les plus obstinés et à abréger les souffrances des âmes du purgatoire. Pauvre fille ! Elle a une pensée pour chacun, une souffrance semblable à notre souffrance, et qui voit la famille humaine comme nageant dans notre Vouloir sans le reconnaître. Et ils vivent au milieu des ennemis dans la plus sordide misère.

            Puis il ajouta : Ma fille, tu dois savoir que lorsque la créature reconnaît notre Volonté, qu’elle l’aime et veut faire sa vie en elle, cette créature s’épanche dans son Dieu et Dieu s’épanche lui-même dans cette créature. Avec cet épanchement mutuel, Dieu fait sienne la créature, la fait participer à tous ses actes, se repose dans la créature, la nourrit et la fait grandir toujours davantage dans ses actes. Et la créature fait sien Dieu, elle sent partout sa présence et prend son repos dans celui qui l’aime et qui forme sa vie et la vie de toutes choses.

            De plus, comme la créature accomplit son acte dans notre Fiat, nous sentons le lien de tous les êtres créés. Dans cet acte, elle veut nous donner et nous faire trouver toutes les créatures et toutes choses. Cette créature nous semble faire que tous les êtres nous rendent visite pour que tous nous reconnaissent, nous aiment, et fassent leur devoir envers leur Créateur. Et cette créature se fait le substitut de tous, aime pour tous et en toute chose. Rien ne doit nous manquer en un seul acte accompli dans notre Vouloir ; sinon, nous ne pouvons pas dire que c’est notre acte. Notre Volonté, pour son décorum et son honneur, offre à la créature tout ce que les autres créatures et toute la Création devraient nous rendre s’ils avaient la raison. Si nous ne trouvions pas notre Volonté en ce que fait la créature, ainsi que toute la gloire, l’honneur et la réciprocité qui nous sont dus pour avoir donné la vie à tant de créatures et pour avoir créé tant de choses pour le maintien de ces vies, où pourrions-nous les trouver ? Notre Volonté, qui est vie et soutien de toute chose, diffusée en tous, est notre très grande gloire, et la créature qui vit en elle lui fournit l’occasion de lui faire accomplir ce que chaque créature devrait nous donner en gloire et en réciprocité pour les avoir créées.

            Nous savions que la créature était finie. Sa petitesse ne pouvait pas nous donner l’amour ni la gloire complète. Aussi, nous avons exposé notre Être divin et la puissance de notre Vouloir pour recevoir ce qui nous était dû. Et la créature, en vivant dans notre Vouloir, était la garantie qu’elle nous aimerait et nous glorifierait pour tous. Ainsi, il y a des droits que nous exigeons pour que la créature vive dans notre Volonté ; des droits de Création, de Rédemption, des droits de puissance, de justice et d’immensité, ce que la créature ne peut pas faire seule à moins qu’elle ne le fasse unie avec notre Vouloir, et ainsi nous pouvons dire : « La créature nous aime et nous glorifie comme nous le voulons et le méritons. » Par conséquent, si tu veux nous donner toute chose et nous aimer pour tous, vit toujours dans notre Vouloir et nous trouverons toute chose en toi, et nos droits seront satisfaits.

37.  6 novembre 1938 — Un seul acte dans le divin Vouloir renferme et embrasse toute chose. Tout ce que la créature doit faire est en Dieu. Les actes humains trouvent les actes divins. Les actes accomplis dans le divin Vouloir unissent les temps et forment un seul acte.

      Mon pauvre esprit se sent transporté dans la mer de la Divine Volonté par une force suprême. Et j’ai beau la parcourir en tous sens, je n’arrive jamais à en faire le tour. Elle est si immensément grande qu’il n’est pas permis à ma petitesse de la regarder ou de l’embrasser tout entière. Et même s’il me semble y avoir marché, son immensité est telle que j’ai l’impression de n’avoir fait que quelques pas. J’étais émerveillée, lorsque mon aimable Jésus m’a fait sa petite visite et m’a dit : 

            Ma bonne fille, mon immensité est inaccessible et la créature ne peut l’embrasser tout entière. Et peu importe ce que nous donnons de ce qui est à nous, comparé à notre immensité, ce sont à peine quelques gouttes. Sache qu’un seul acte de notre Volonté est si grand qu’il surpasse toutes les choses possibles et imaginables et qu’il enferme et embrasse en lui-même tous les êtres et toutes choses. Aussi, lorsque la créature offre son acte et l’accomplit investi par notre Vouloir, la gloire que nous recevons est si grande que son acte occupe toute la Création, car la Création n’a pas la raison tandis que l’acte dans lequel la créature nous fait agir possède la plénitude de la raison humaine, laquelle, investie par la divine, surpasse le ciel, le soleil et toute chose.

            Par conséquent, si notre gloire est grande, la réciprocité de l’amour que nous recevons semble incroyable et le bien que la créature reçoit est incalculable. Lorsque la créature nous donne son acte et que nous le faisons nôtre, chacun veut se donner soi-même à la créature : le soleil avec sa lumière, le ciel avec son immensité, le vent avec sa puissance et son empire. Toutes les choses trouvent une place dans cet acte et veulent se donner parce que leur Dieu vient pour être glorifié avec la plénitude de la raison humaine dont elles sont privées.

            Jésus gardait le silence et je me disais, « Comment est-il possible que notre acte acquière tant de bien uniquement en entrant dans la Divine Volonté ? » Et Jésus ajouta :

            Ma fille, cela se produit d’une façon simple et presque naturelle parce que notre Être divin est très simple ; de même que nos actes. Tu dois savoir que tout ce que la créature devrait faire de bien a été fait, formé, et nourri par notre divin Vouloir. On peut dire que les actes de cette créature existaient, existent et existeront dans ma Volonté. Ils s’y trouvent ordonnés et disposés, et chacun d’eux a sa place dans notre Vouloir. De plus, ils sont premièrement formés en nous ; puis, chacun en son temps, nous leur donnons le jour.

            En entrant dans notre Vouloir, l’âme trouve toute chose comme lui appartenant déjà et que nous voulons qu’elle prenne. Par conséquent, les actes humains trouvent nos actes divins établis par nous pour cette âme. Les actes humains se précipitent dans nos actes divins qui leur appartiennent déjà, ils les transforment en eux-mêmes et s’y enferment, ils les embrassent et l’acte humain devient ainsi un acte divin. Et comme notre acte divin est grand et immense, alors que l’humain est petit, il se sent dispersé dans le divin comme s’il avait perdu sa vie. Mais ce n’est pas vrai. La petite vie existe, la raison humaine s’est dispersée, elle est fermée et s’est laissé occuper par la nôtre, pour son très grand honneur et pour notre très haute gloire, parce que nous avons donné ce qui est nôtre à la créature. Et jouant avec le petit atome de la volonté humaine, nous accomplissons des prodiges d’amour, de sainteté et de gloire pour nous-mêmes, propres à étonner le ciel et la terre et à nous faire sentir payés de retour pour avoir créé la créature avec toute la Création.

            Tu dois savoir que tout ce que la créature fait dans notre Volonté demeure écrit en lettres de lumière indélébiles dans notre Fiat. Ce sont ces actes qui, avec leur valeur infinie, auront le pouvoir de donner le Royaume de notre Volonté à la créature. C’est pour cette raison que nous attendons que ces actes soient accomplis. Ils nous donneront une telle réciprocité d’amour et de gloire, et aux vivants tant de grâces, que les parts entre le Créateur et la créature deviendront égales afin que notre Volonté soit capable de régner parmi la famille humaine. Un acte dans notre Volonté est si grand qu’il nous permet de faire et de donner toute chose.

            Après quoi il ajouta : Ma fille, lorsque l’âme entre dans notre Vouloir, elle trouve toutes les vérités que je lui ai manifestées et qu’elle a connues concernant ma Divine Volonté. Lorsque ces vérités ont été manifestées à l’âme, elle a reçu la semence de chacune d’elles et sent qu’elle les possède. Et lorsque l’âme entre dans notre Vouloir et sent ces vérités en elle-même, elle les retrouve dans mon Fiat comme autant de reines qui, en lui prenant la main, la font monter en Dieu et se font connaître davantage en lui donnant une nouvelle lumière et de nouvelles grâces. Ainsi, mes vérités forment la montée pour aller à Dieu. Et Dieu, en voyant la créature monter dans ses bras, ressent tant d’amour qu’il descend dans la profondeur de la créature pour savourer ses vérités, la confirmer et l’instruire sur la façon dont elle doit développer sa vie dans les vérités qu’elle a connues. On peut dire que l’âme et Dieu forment une société divine qui travaille de concert et aime d’un seul amour.

            Tu dois savoir que les actes accomplis dans mon Vouloir unissent les temps et forment un seul acte ; la distance entre eux n’existe pas. Ils sont tellement identiques que bien qu’ils soient innombrables, ils n’en forment qu’un ; si bien que lorsqu’elle agit dans mon Vouloir, l’âme aime, adore, et unit les temps, et les actes se trouvent unis entre eux avec les actes que l’Adam innocent accomplissait lorsqu’il aimait et agissait dans les champs divins de notre Fiat. Ils s’incorporent avec les actes et l’amour de la Céleste Reine, et vont jusqu’à s’incorporer avec les actes et l’amour de notre Être suprême. Ces actes ont le pouvoir de s’identifier avec tous et de prendre partout leur place d’honneur. Là où est ma Volonté, ils peuvent dire : « C’est là notre place. »

            Ces actes accomplis dans notre Vouloir sont dotés d’une valeur divine. Chacun possède un bonheur nouveau, une joie nouvelle, si bien que la créature se forme des joies innombrables, des satisfactions et des bonheurs sans fin dans ses actes, assez pour se former un paradis de délices et de béatitudes en plus de ce que son Créateur lui donnera.

            Et cela comme de manière innée parce que lorsque ma Volonté opère, que ce soit en nous ou dans la créature, elle fait surgir la plénitude de ses joies et de ses délices, et investit ce qu’elle opère. Possédant par nature ses mers de joies toujours nouvelles et infinies, ma Volonté ne peut pas opérer si elle ne génère pas des joies et des délices nouveaux. Ainsi, tout ce que l’âme accomplit dans mon Vouloir acquiert, en vertu de se Vouloir, la nature des joies célestes, l’inséparabilité de tout bien, et elle peut dire : « J’ai formé moi-même un paradis pour moi-même parce que le divin Fiat a opéré avec moi. »

38.  13 novembre 1938 — Les vérités sur la Divine Volonté formeront le régime, les lois, la puissante armée. Les connaissances de la Divine Volonté donneront les yeux permettant la possession d’un tel bien. L’insigne de la Très Sainte Trinité. Les signes à connaître pour savoir si nous vivons dans la Divine Volonté.

        Mon vol dans le divin Vouloir continue, faute de quoi j’aurais d’ailleurs l’impression de tuer moi-même mon âme ; Dieu m’en préserve ! D’ailleurs, comment puis-je vivre sans vie ? Je pensais ensuite aux vérités que Jésus m’avait dites concernant sa Divine Volonté, comme si je voulais créer des doutes et que je ne comprenais pas bien. Je me disais : « Est-il possible d’arriver à vivre à ce point dans le divin Vouloir ? » Mon bien-aimé Jésus, me surprenant, toute bonté, me dit :

            Ma bienheureuse fille, ne sois pas étonnée. Ma Volonté a le pouvoir de faire arriver la créature là où elle veut, pourvu que ce soit ensemble. Tu dois savoir que son Royaume sera formé et établi sur les vérités que ma Volonté a manifestées. Plus elle manifeste de vérités, plus son Royaume sera magnifique, beau, majestueux et surabondant de biens. Mes vérités formeront le régime, les lois, la nourriture, la puissante armée, la défense et la vie même de celle qui vivra en lui. Chacune de mes vérités assumera son office distinct : l’une sera un maître, une autre un père aimant ; une autre encore une très tendre mère qui, afin de ne pas exposer son enfant au danger, le porte dans son sein, le berce dans ses bras, le nourrit de son amour et l’habille de lumière. En somme, chaque vérité sera porteuse d’un bien particulier.

            Vois-tu quelle sera la richesse du Royaume de ma Volonté après avoir dit tant de vérités ? Il me déplaît que tu ne sois pas attentive à tout écrire, car il leur manquera alors un bien puisque les créatures recevront en fonction de ce qu’elles connaissent. La connaissance apportera la vie, la lumière et le bien que possède cette connaissance. Il est presque impossible de posséder un bien sans le connaître. Ce serait comme s’il nous manquait des yeux pour voir, une intelligence pour comprendre, des mains pour agir, des pieds pour marcher, un cœur pour aimer. La première chose que fait la connaissance est de donner des yeux pour que la créature ne continue pas à être une pauvre aveugle. Et en se faisant voir par la créature, la connaissance se fait comprendre afin que la créature désire le bien et la vie que la connaissance veut lui donner. De plus, la connaissance de ma vérité se fait elle-même actrice et spectatrice pour transmettre sa vie dans la créature.

            Tu dois savoir que les actes accomplis dans mon Vouloir sont inséparables, mais très distincts entre eux ; distincts en sainteté, en beauté, en amour et en sagesse. Ils porteront l’insigne de la sacro-sainte Triade en qui, si les Personnes divines sont distinctes, elles sont inséparables. Leur Volonté est une, tout comme leur sainteté, leur bonté, et ainsi de suite. Ainsi, ces actes seront inséparables et distincts. Ils renfermeront en eux-mêmes l’insigne de la Suprême Trinité, Une et Trois, Trois et Une. Plus encore, ils posséderont la Suprême Trinité qui sera leur vie. Ces actes seront notre très grande gloire et celle du ciel tout entier en voyant dans ces actes notre vie divine multipliée autant de fois que d’actes accomplis par la créature dans notre divin Vouloir.

            Je me disais alors : « Comment peut-on savoir si l’on vit dans le divin Vouloir ? » Mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, c’est facile. Tu dois savoir que lorsque mon divin Fiat règne dans l’âme, il a son acte opérant et continu, et il ne sait pas être sans rien faire. Il est vie, et cette vie doit respirer, se mouvoir, palpiter et se faire sentir. Elle doit être l’acte premier qui agit, et la créature se sent sous son empire et suit ses actes, presque dans un mode continuel dans le divin Vouloir. Ainsi, la continuité est un signe certain que l’on vit dans mon Vouloir. Avec cette continuité, la créature ressent le besoin de son souffle, de son mouvement, de la divine aptitude. Si la créature interrompt ses actes continus, elle sent qu’il lui manque la vie, le mouvement et toute chose. Et cette créature poursuit alors immédiatement ses actes continus, parce qu’elle sait qu’il lui en coûtera beaucoup si elle ne poursuit pas ses actes. Il lui en coûtera la vie divine. Et celle qui l’a déjà possédée ne la laisse pas s’échapper facilement.

            Sais-tu ce qu’est cette opération de la créature dans le divin Vouloir ? C’est la manifestation de la vie de ma Volonté dans la créature, parce que seule ma Volonté a la vertu de ne pas cesser ses actes continus. Si elle pouvait s’arrêter, ce qui ne peut pas être, tous les êtres et toutes choses deviendraient comme paralysés et sans vie. La créature ne possède pas par elle-même cette vertu d’opération continue. Mais unie à mon Vouloir, elle a la vertu, la force, la volonté et l’amour pour ce faire. Combien ma Volonté sait comment changer les choses pourvu que la créature se laisse conduire et posséder par elle ! Elle sait comment opérer ses changements au point que la créature ne se reconnaît plus elle-même, si la mémoire de sa vie passée demeure elle aussi distante. 

            Et il y a un autre signe. Afin de régner, lorsque ma Volonté voit que l’âme est disposée, elle place d’abord un baume sur sa volonté et sur ses souffrances, avec un air de paix, et ensuite elle forme là son trône. Par conséquent, celle qui vit dans ma Volonté possède une force qui jamais ne faiblit, un amour qui tout en n’aimant personne aime tout le monde en Dieu d’un amour vrai. Et à combien de sacrifices elle s’expose elle-même pour tous et pour chacun en particulier ! Pauvre enfant, elle est la vraie martyre et victime de tous ! Et, oh ! combien de fois en la voyant souffrir, je la regarde avec tendresse et compassion et, pour l’encourager, je lui dis : « Mon enfant, tu as subi le même sort que moi. Pauvre enfant, courage ! Ton Jésus t’aime encore plus ! » Et parce qu’elle se sent aimée davantage par moi, elle sourit dans ses souffrances et s’abandonne dans mes bras. Ma fille, pour connaître et posséder ce que ma Volonté sait faire, il faut être en elle. Sinon, les créatures n’y comprendront pas le premier mot.

39.   20 novembre 1938 — Le divin Vouloir — spectateur de l’âme. Le divin Vouloir forme le matériau adaptable pour les œuvres de Dieu. L’âme qui vit dans le Fiat de Dieu : un divin petit champ. Plus la créature accomplit un acte dans le divin Vouloir, plus elle entre en Dieu. La créature génère la bonté et la sainteté de la vie de Dieu si elle accomplit ses actes bons et saints en possédant la Volonté de la vie de Dieu.

          Il me semble que le divin Vouloir est à l’intérieur et à l’extérieur de moi dans l’acte de me surprendre lorsque je suis sur le point de faire mes petites actions, de dire mon petit « Je vous aime », pour investir mes actions de sa lumière et les faire siennes. Il a une admirable et inimitable attention qui semble incroyable. Et si la créature ne fait pas attention à lui donner ses petits actes, oh ! comme il souffre ! Oh ! comme je voudrais moi aussi être attentive à l’imiter en ne laissant rien m’échapper pour que nous puissions nous surprendre l’un l’autre ! Je pensais cela lorsque mon doux Jésus, visitant ma petite âme, tout amour, me dit :

            Ma bienheureuse fille, mon Vouloir devient le spectateur de l’âme qui veut vivre en lui. Il attend que l’âme aime parce qu’il veut aimer avec elle. Si l’âme agit, il attend parce qu’il veut être l’acteur et le spectateur. Ma Volonté est dans l’attente continuelle de ce que fait la créature afin d’investir son action, d’en être l’actrice et de faire sien ce que fait la créature. Tu dois savoir que lorsque la créature entre dans mon Vouloir, elle trouve la sainteté de Dieu qui investit son âme, la beauté divine qui l’embellit, son amour qui la transforme en Dieu, sa pureté qui la rend si pure qu’elle ne se reconnaît plus elle-même, sa lumière qui lui donne la ressemblance divine. Oh ! combien ma Volonté a le pouvoir de changer le sort humain ! C’est pour cette raison que ma Volonté devient la spectatrice qui veut accomplir son œuvre, car elle a préparé de toute éternité ce qui doit être fait pour cette créature. Elle ne veut pas être réprimée dans son mouvement incessant. Elle en arrive à enclore cette créature dans son mouvement éternel pour recevoir et donner afin de ne pas avoir à souffrir d’attendre. Parce que si celle qui vit dans son Vouloir ne vit pas avec elle, elle ne le tolère pas. Si elle ne sent pas cette âme dans son mouvement divin, sa sainteté lui semble divisée, son amour entravé et étouffé.

            C’est pourquoi nous avons ce petit champ divin où nous pouvons déployer notre œuvre : celle qui vit dans notre Fiat. Notre Volonté nous administre les matériaux adaptables pour nous faire réaliser les plus belles œuvres. Car lorsque nous voulons travailler dans le petit champ de l’âme, nous voulons y trouver le matériau de notre sainteté, parce que nous ne mettons jamais nos saintes mains dans la boue humaine. Pour accomplir nos plus belles œuvres, nous voulons trouver notre pureté qui nous attire, notre beauté qui nous ravit, notre amour qui s’impose à nous pour nous faire opérer. Tout est adaptable pour nous, et nous accomplissons des œuvres qui étonnent le ciel et la terre.

            Mais si notre Vouloir n’est pas là, nous sommes contraints de ne rien pouvoir faire. Nous ne trouvons pas de matériaux adaptables. Et s’il y a quelque bien, c’est un bien apparent, gâté par sa propre estime et sa gloire, par des intentions tordues. Et nous nous gardons d’opérer dans cette créature parce que nous mettrions nos plus belles œuvres en danger. Nous commençons d’abord par nous mettre en sûreté, puis nous opérons.

            Tu dois savoir que plus la créature accomplit d’actes dans notre Vouloir, plus elle entre en Dieu, plus nous agrandissons le petit champ dans notre sein divin, plus nous pouvons accomplir de belles œuvres et plus nous pouvons donner de ce qui est à nous. La créature se trouve ainsi toujours dans l’acte croissant de notre vie divine. Notre amour aime tellement la créature. Il la porte dans nos bras et nous fait dire continuellement : « Nous te faisons à notre image et à notre ressemblance. » Et notre amour nous fait élever la créature avec notre souffle divin, notre sainteté, notre puissance et notre bonté. Nous la regardons et nous voyons notre reflet, notre sagesse et notre beauté enchanteresse. Comment est-il possible d’être sans cette créature si nous sommes liés par nos prérogatives divines ? Si elle possède nos choses, c’est pour nous aimer. Et afin de payer ses dettes pour tout ce que nous lui avons donné, elle nous donne continuellement ce que nous lui avons donné.

            Mieux encore, en vivant dans notre Vouloir, la créature a reçu de nous la vertu de pouvoir produire la vie, et non des œuvres. Parce qu’en donnant notre sainteté, notre amour et tout le reste, nous donnons la vertu génératrice qui génère continuellement la vie de sainteté, la vie d’amour, la vie de lumière, de bonté, de puissance, de sagesse. Et cette créature nous les offre, elle nous en entoure et ne finit jamais de nous rendre transformé en vie ce que nous lui avons donné. Et, oh ! quelle satisfaction, quelle fête, quelle gloire de voir revenir vers nous tant de vies qui nous aiment, qui glorifient notre sainteté ! Elles font écho à notre lumière, à notre sagesse et notre bonté. Les autres créatures, tout au plus, peuvent nous donner des œuvres de sainteté et d’amour, mais non pas de vie. C’est uniquement à celle qui vit dans notre Vouloir qu’est accordé le pouvoir de former tant de vies avec ses actes, parce qu’elle a reçu de nous la vertu génératrice de pouvoir générer autant de vies qu’elle veut afin de pouvoir nous dire : Vous m’avez donné la vie, je vous donne la vie.

            Vois-tu alors la grande différence ? La vie parle. Elle n’est pas sujette à finir. Elle peut générer. Tandis que les œuvres ne parlent pas, ne génèrent pas, et sont sujettes à la dispersion. Ainsi, ce que celle qui vit dans notre Vouloir est capable de nous donner, et comment elle est capable de nous aimer, personne ne peut y parvenir. Car quelle que soit la grandeur des œuvres que les créatures qui ne vivent pas dans le divin Vouloir pourraient accomplir, elles ne seraient toujours que des petites gouttes d’eau comparées à la mer, des petites lumières comparées au soleil. Un seul Je vous aime par cette créature laisse derrière lui tout l’amour de toutes les autres créatures réunies. Ce Je vous aime, si petit soit-il, marche, court, embrasse et s’élève au-dessus de tout. Il vient dans nos bras pour nous embrasser et nous caresser mille et mille fois, nous dire tant de belles choses sur notre amour. Il se réfugie dans notre sein et nous l’entendons toujours qui nous dit : Je vous aime, je vous aime, je vous aime, vie de ma vie. Vous m’avez générée et je vous aimerai toujours.

            Peu importe ce que veut faire cette créature, elle ne fait que former la vie. Si elle accomplit des actes bons et saints en possédant la vie de notre Volonté, la créature génère la vie de notre bonté et de notre sainteté. Et en venant dans nos bras, ces vies nous parlent de l’histoire de notre bonté et de notre sainteté. Et, oh ! combien de belles choses elles nous disent ! Avec combien de grâce elles nous parlent de notre bonté, de la hauteur et de la grandeur de la sainteté que nous possédons ! Elles n’arrêtent jamais de dire combien nous sommes bons et saints, et se jetant dans notre sein divin, elles pénètrent dans les lieux intimes les plus cachés pour apprendre encore plus à quel point nous sommes bons et saints, et elles y restent pour continuer à louer combien nous sommes bons et saints. Et, oh ! comme il est beau d’entendre notre divine histoire racontée par une volonté humaine unie à la nôtre, qui lui suggère ce qu’est son Créateur ! En somme, si elle veut nous glorifier, elle génère la vie de notre gloire et nous raconte notre gloire. Si elle admire notre puissance, notre sagesse et notre beauté, elle ressent en elle-même la vie de nos divines qualités et nous raconte combien nous sommes puissants, sages et beaux. Elle nous dit : Vie de ma vie, je t’ai connue et je ressens le besoin de parler de toi et de te raconter notre divine histoire.

            Ces vies sont notre plus grande gloire, notre longue génération, inséparables de nous. Elles sont toujours en mouvement et ont toujours quelque chose à dire sur notre Être suprême. Et une vie n’attend pas l’autre : si l’une vient, une autre la suit ; et une autre encore. Elles ne finissent jamais. Notre contentement est complet, le dessein de la Création est réalisé : avoir la compagnie de la créature qui nous connaît. Et tandis qu’elle est avec nous pour notre plaisir, nous la faisons grandir dans notre ressemblance. Qui n’aimerait pas la compagnie de celle qui lui appartient ? Bien plus encore, nous aimons la compagnie de la créature parce que nous sommes la vie de sa vie.

            Aussi, notre douleur fut immense lorsqu’Adam, notre premier fils, sortit de notre Vouloir pour faire sa volonté. Le pauvre perdit la vertu génératrice de générer les vies divines avec ses actes. Tout au plus pouvait-il encore faire des œuvres, mais non des vies. Uni à notre Vouloir, il avait la vertu divine en son pouvoir et elle pouvait former autant de vies qu’il voulait avec ses actes. Ce qui lui est arrivé est comparable à une mère stérile à qui il n’a pas été accordé le pouvoir de générer, ou à une personne qui veut réaliser une œuvre et possède un fil d’or. Cette personne se sépare du fil d’or. Elle va même jusqu’à le piétiner. Ce fils d’or rejeté, c’est ma Volonté comme vie qui a été remplacée par le fil de sa volonté que l’on peut appeler un fil de fer. Pauvre Adam ! Il ne pouvait plus accomplir des œuvres en or, revêtues par le soleil étincelant de mon Vouloir. Il devait se contenter de réaliser des œuvres en fer, et même de sales œuvres pleines de passions. Le sort d’Adam a subi un tel changement qu’il en était presque méconnaissable. Il descendit dans des abîmes de misères. La force et la lumière n’étaient plus en son pouvoir. Avant le péché, dans tous ses actes, notre image et notre ressemblance grandissaient en lui parce que c’était une tâche que nous assumions dans l’acte de sa création, et parce que nous voulions maintenir notre tâche, maintenir en vigueur notre parole créatrice à travers ses propres actes, le garder toujours avec nous et être en communication continuelle avec lui.

            C’est pourquoi notre souffrance était grande. Si dans notre omniscience il n’était pas apparu que notre Volonté allait régner comme vie dans les siècles à venir, ce qui était comme un baume sur notre intense souffrance, en raison de notre douleur, nous aurions réduit à rien toute la Création, car si notre Volonté ne règne pas, la Création n’est plus pour nous d’aucune utilité. Elle ne servait plus que la créature alors que nous avions créé toutes choses pour qu’elles nous servent nous et elles. Aussi, prie pour que ma Volonté revienne comme vie. Et toi, sois sa victime.

40.  26 novembre 1938 — La disposition prépare l’âme, ouvre les portes divines, donne l’entendement et met l’âme en communication. La Divine Volonté place le mouvement divin dans celle qui vit en lui. Comment cette créature peut donner toute chose à son Créateur. Les âmes qui vivent dans la Divine Volonté sur la terre et les Bienheureux dans le ciel.

        Je suis sous les vagues éternelles du divin Vouloir qui toujours veut se donner aux créatures. Mais il veut que la créature le veuille aussi. Le divin Vouloir ne veut pas être un intrus qui se fait trouver dans la créature sans qu’elle le sache. Il veut qu’on le cherche. Il veut donner à la créature son baiser d’amour. Alors, comme un conquérant chargé de cadeaux, il entre dans la créature et la comble de ses dons. Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus qui ressent le besoin de confier ses secrets à sa créature, me dit :

            Ma bienheureuse fille, mon Vouloir veut donner. Mais il veut trouver la disposition de la créature pour déposer ses dons. La disposition est comme la terre entre les mains du fermier : peu importe la quantité de semences qu’il possède, sans avoir de terre où les semer, il ne pourra jamais planter. Et si la terre avait la raison et qu’elle n’était pas disposée à recevoir ses semences, le pauvre fermier aurait l’impression que les semences avec lesquelles il voulait enrichir la terre lui sont rejetées en plein visage. Telle est ma Volonté. Elle veut donner, mais si elle ne trouve pas l’âme disposée, elle ne trouvera pas d’endroit où placer ses dons. À son grand désespoir, elle aura l’impression qu’ils lui sont rejetés en plein visage. Et si elle voulait parler à l’âme, elle la trouverait sans oreille pour se faire entendre.

            Ainsi, la disposition prépare l’âme, ouvre les portes divines, donne l’ouïe, et met l’âme en communication. L’âme entend la disposition avant ce que mon Vouloir veut donner, de telle sorte qu’elle aime et attend ce qu’elle doit recevoir. Si elle n’est pas disposée, nous ne donnons rien parce que nous ne voulons pas exposer nos dons à l’inutilité. La disposition est comme la terre pour le fermier, qui se soumet à ce que le fermier veut faire. Elle se laisse travailler, sarcler, et elle met en sûreté dans ses sillons la semence qu’il veut lui donner.

            C’est la même chose avec notre Être suprême. Si nous trouvons la disposition, nous faisons nos travaux et nous préparons la créature en la purifiant. De nos mains créatrices, nous préparons l’endroit où placer nos dons et former nos plus belles œuvres. Mais si l’âme n’est pas disposée, malgré toute notre puissance, il n’y a rien que nous puissions faire parce que son intérieur est obstrué par des pierres, des épines et de viles passions. Et comme l’âme n’est pas disposée, elle ne nous permet pas de les enlever. Combien de sainteté part ainsi en fumée en raison du manque de disposition ! De plus, si elle n’est pas disposée, l’âme ne s’adapte pas à vivre dans notre divin Vouloir ; elle a même l’impression que notre Vouloir n’est pas pour elle. La sainteté de notre Vouloir renverse la créature, sa pureté lui fait honte, sa lumière l’aveugle. Mais si l’âme est disposée, elle se jette dans les bras de notre Vouloir et nous laisse faire ce que nous voulons avec elle. Elle est comme un tout petit enfant qui reçoit nos œuvres avec tellement d’amour que nous en sommes ravis. Et notre Vouloir, que fait-il ? Il répand son mouvement divin. Avec ce mouvement divin, l’âme trouve toutes nos œuvres en action, elle les embrasse, les investit de son petit amour, trouve ma Conception et ma Naissance en action, et elle veut concevoir et renaître avec moi. Et non seulement je la laisse faire, mais j’y trouve tant de plaisir que je me sens payé de retour pour être né sur la terre, parce que je trouve une âme qui renaît avec moi. Mais cette âme va encore plus loin. Le mouvement divin qu’elle possède la fait courir partout et trouver, comme une armée puissante, tout ce que mon Humanité a fait, mes larmes, mes paroles et mes prières, mes pas et mes souffrances. Cette âme prend tout, embrasse et adore tout. Il n’est rien de tout ce que j’ai fait qu’elle n’investisse de son amour. Et que fait-elle alors ? Elle fait que tout lui appartient, et avec un charme et une manière infantiles, elle enferme tout dans son sein, elle s’élève jusqu’à notre Divinité, dispose tout autour de nous et avec un transport d’amour, elle nous dit : Adorable Majesté, voyez combien de belles choses je vous apporte ! Tout est à moi et je vous apporte tout parce que tout cela vous aime, vous adore, vous glorifie en retour pour tout l’amour que vous avez pour moi et pour nous tous.

            Ce mouvement divin que mon Vouloir place dans la créature qui vit en lui est la vie nouvelle qu’elle reçoit. Avec ce mouvement, elle a un droit sur tout. Ce qui est à nous est aussi à la créature. C’est pour cette raison qu’elle peut tout nous donner. Et, oh ! combien de surprises elle nous fait ! Elle a toujours quelque chose à nous donner. Avec ce mouvement divin, elle a la vertu de courir partout. Un instant, elle nous apporte la Création pour nous aimer tout comme nous l’avons aimée dans toutes les choses créées. Un autre moment, elle nous apporte toutes les créatures qui nous aiment pour nous aimer pour tous et avec tous. Une autre fois, elle nous apporte tout ce que j’ai fait lorsque j’étais sur terre afin de pouvoir nous dire : Je vous aime comme vous vous aimez vous-mêmes. Cette créature n’arrête jamais. Il semble qu’elle ne peut pas vivre sans nous faire de nouvelles surprises d’amour. Elle veut pouvoir nous dire : Je vous aime, je vous aime toujours. Et nous appelons cette créature notre joie, notre bonheur perpétuel, parce qu’il n’y a pas de plus grande joie pour nous que l’amour continu de la créature.

            Car tu dois savoir qu’un seul acte accompli dans notre Vouloir est plus qu’un soleil qui se lève, lequel, avec sa lumière, investit toute la terre, la mer, les fontaines, et le plus petit brin d’herbe n’est pas oublié ; tout est revêtu de lumière. De la même manière, un acte accompli dans notre Vouloir court, cherche, investit toutes choses, forme son manteau d’argent resplendissant en dehors et à l’intérieur des créatures, et ainsi parées il les apporte devant notre adorable Majesté pour qu’elles nous prient dans notre Volonté avec des voix de lumière et d’amour qui parlent pour tous. Et plaçant un doux enchantement sur nos pupilles divines, elle nous fait voir toutes les créatures habillées de notre divine lumière. Et nous exaltons le pouvoir de notre Fiat qui, avec la puissance de sa lumière, sait comment cacher les misères humaines et les convertir en lumière. On ne refuse rien à un de ses actes parce qu’il a le pouvoir de nous donner toutes choses et de compenser pour tout.

            En entendant cela je me disais : « Si une créature vivant encore sur terre et qui vit dans le divin Vouloir peut faire tant de choses avec un seul acte, que ne pourront pas faire les Bienheureux dans le ciel qui vivent dans la vie éternelle ? » Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, il y a une grande différence entre les Bienheureux et l’âme qui est encore sur la terre. Les Bienheureux n’ont rien à ajouter. Leur vie, leurs actes et leur volonté sont restés fixés en nous et ils peuvent dire : « Notre jour est accompli. » Il ne leur est pas accordé de faire plus. Nous pouvons tout au plus leur donner des joies nouvelles et un amour nouveau. Mais pour la personne qui vit encore sur la terre, son jour n’est pas fini. Et si elle veut, et qu’elle vit dans notre Vouloir, elle peut opérer des prodiges de grâces et de lumière pour le monde entier, et des prodiges d’amour pour son Créateur. C’est pour cette raison que toute notre attention va vers l’âme qui vit encore sur la terre, parce que notre œuvre continue encore. Elle n’est pas terminée. Et si l’âme s’y prête, nous accomplissons des œuvres comme jamais auparavant, des œuvres si belles qu’elles stupéfient le ciel et la terre.

            C’est pourquoi notre souffrance est grande lorsque nous trouvons une âme voyageuse qui ne se prête pas à nous laisser faire les très belles œuvres que nous voulons accomplir. Combien d’œuvres commencées et non terminées ! D’autres soudainement interrompues. Car nous ne pouvons accomplir nos œuvres avec une inatteignable beauté que dans notre Vouloir et pour celle qui vit en lui, parce que notre Vouloir nous administre les matériaux adaptables pour faire ce que nous voulons. En dehors de notre Vouloir, nous ne trouvons pas la lumière suffisante, ni l’amour qui s’élève, ni le divin matériau, et nous sommes contraints de nous croiser les bras sans pouvoir aller de l’avant. Et combien ne vivent pas dans notre Vouloir ?

            De plus, pour la créature qui vit encore sur la terre, il y a la monnaie du mérite qui circule. Et notre image divine, qui possède une valeur infinie, est imprimée dans tous ses actes animés par notre Vouloir. Ainsi, lorsqu’elle le veut, elle a la monnaie pour nous payer ce qu’elle veut. C’est pourquoi notre œuvre et notre intérêt sont pour les âmes qui vivent encore sur terre, parce que c’est un temps de conquêtes ; alors qu’au ciel, il n’y a plus d’acquisitions, mais uniquement la joie et le bonheur.