Il continuait de se montrer comme une ombre ou un éclair. Ainsi, je me retrouvai dans une mer d'amertume. Dans un court instant, il m'apparut en me disant: «La charité doit être comme un manteau qui recouvre toutes tes actions, de telle façon que tout en toi brille d'une parfaite charité. Que signifie ce déplaisir que tu ressens quand tu ne souffres pas? Il signifie que ta charité n'est pas parfaite, car souffrir par amour pour moi ou ne pas souffrir par amour pour moi (sans que ta volonté n'intervienne), c'est la même chose.»
Puis il disparut, me laissant plus amère qu'auparavant. C'est un sujet pour moi trop délicat pour que j'en parle ici. Après que j'eus pleuré des larmes amères sur mon état si misérable et aussi à cause de son absence, il revint et me dit: «Avec les âmes justes, j'agis avec justice. Beaucoup plus, je les récompense doublement pour leur justice en les favorisant des plus grandes grâces et en leur donnant des grâces de justice et de sainteté.»
Je me trouvais si confuse et mauvaise que je n'ai pas osé dire un seul mot. Plutôt, j'ai continué à pleurer sur ma misère. Jésus, désirant infuser en moi la confiance, mit sa Main sous ma tête pour la tenir (car elle ne pouvait se tenir seule) et me dit: «N'aie pas peur. Je suis le bouclier des combattants et des affligés.» Puis il disparut.
Comme ce matin l'obéissance m'avait demandé de prier pour une personne, dès que j'ai vu Jésus, je lui ai recommandé cette personne. Il me dit: «L'humiliation ne doit pas seulement être acceptée, mais on doit aussi l'aimer. On doit pour ainsi dire la mâcher comme de la nourriture. Comme c'est le cas pour la nourriture amère, plus on la mâche, plus on en goûte l'amertume. Bien mâchée, l'humiliation donne naissance à la mortification. Et ces deux moyens, l'humiliation et la mortification, sont très puissants pour surmonter certains obstacles et obtenir les grâces nécessaires.
Comme la nourriture amère, l'humiliation et la mortification semblent nuisibles à la nature humaine et semblent apporter du mal plutôt que du bien. Cependant, il n'en est pas ainsi. Plus le fer est battu sur l'enclume, plus il étincelle et devient purifié. Il en va ainsi pour l'âme qui veut vraiment marcher sur la voie du bien. Plus elle est humiliée et battue sur l'enclume de la mortification, plus il en jaillit des étincelles de feu céleste et plus elle est purifiée.»
Je me trouvais très affligée par la privation de mon plus grand et seul Bien. Après l'avoir longuement attendu, je l'ai finalement vu venir dans l'intérieur de mon coeur. Il pleurait. Il me fit comprendre combien il souffrit et s'humilia lui-même quand il fut circoncis. Cela me causa une grande souffrance, car je me suis sentie absorbée par son amertume. Compatissant avec moi, le petit Bébé béni me dit:
«Plus l'âme est humiliée et se connaît elle-même, plus elle s'approche de la Vérité. Dans la Vérité, elle cherche à suivre le chemin des vertus, duquel elle se sent très éloignée. Et, sur ce chemin, elle perçoit la distance qu'elle a encore à parcourir parce que ce chemin est sans fin. Il est infini comme je suis infini.
L'âme qui est dans la Vérité cherche toujours à se perfectionner, mais elle n'arrive jamais à se trouver parfaite. Cela l'amène à travailler continuellement, à se perfectionner toujours davantage, sans perdre de temps dans l'oisiveté. Et moi, bénissant ce travail, petit à petit, je fais les retouches pour peindre en elle mon image. C'est pourquoi j'ai voulu être circoncis: je voulais donner l'exemple de la plus grande humilité, ce qui stupéfia même les anges du Ciel.»
Je continuais de me voir non seulement remplie de misères, mais j'étais également inquiète. Tout mon intérieur était en effervescence à cause de la perte de Jésus. Je réfléchissais en moi- même en me disant que mes grands péchés m'avaient mérité que Jésus me laisse et que, par conséquent, je ne le verrai jamais plus. Oh! quelle mort cruelle c'était pour moi, plus cruelle que toute autre! J'étais terriblement accablée de ne plus voir Jésus, de ne plus entendre sa douce Voix, d'avoir perdu celui de qui ma vie dépendait, de qui me venait tout bien! Comment vivre sans lui? Ah! ayant perdu Jésus, tout était fini pour moi!
Noyée dans ces pensées, je me suis sentie dans une agonie mortelle et tout mon intérieur était bouleversé. Je voulais tellement Jésus! Alors, dans un éclat de lumière, il se manifesta à mon âme et me dit: «Paix, paix! Ne te trouble pas. De même qu'une fleur très odorante parfume le lieu où elle est placée, ainsi la paix de Dieu remplit l'âme qui la possède.» Puis il s'enfuit comme l'éclair.
Ah! Seigneur, comme tu es bon avec la pécheresse que je suis. Avec confiance, je te dis: «Ah! comme tu es singulier! Même si je suis en train de te perdre, tu ne veux pas que je sois troublée ou alarmée. Et, si je le suis, tu me fais comprendre que je m'éloigne ainsi de toi car, avec la paix, je me remplis de Dieu; et, dans le trouble, je me remplis de tentations diaboliques. Oh! mon doux Jésus, quelle patience est nécessaire avec toi! Car peu importe ce qui m'arrive, tu ne veux même pas que je m'alarme ou me trouble; tu me veux d'un calme et d'une paix parfaites.»
Alors que je me trouvais dans mon état habituel, je me suis sentie quitter mon corps et j'ai trouvé mon adorable Jésus. Mais, oh! comme je me suis vue remplie de péchés en sa présence! Intérieurement, j'ai senti un désir très fort de me confesser à Notre-Seigneur. Ainsi, me tournant vers lui, j'ai commencé à lui dire mes péchés. Il m'écoutait. Quand j'eus fini, il se tourna vers moi avec un air plein d'affliction et me dit:
«Ma fille, s'il est grave, le péché est un poison et une étreinte mortelle pour l'âme; et non seulement pour l'âme, mais aussi pour toutes les vertus qui s'y trouvent. S'il est véniel, c'est une étreinte qui blesse et qui rend l'âme faible et malade ainsi que les vertus qui s'y trouvent. Quel venin mortel est le péché! Seul, il peut blesser l'âme et lui donner la mort! Rien d'autre ne peut nuire à l'âme. Rien d'autre ne peut la rendre laide et haïssable devant moi. Seulement le péché.»
Comme il disait cela, j'ai compris la laideur du péché; j'ai ressenti une telle douleur que je ne sais pas comment l'exprimer. Jésus, me voyant toute torturée par la douleur, leva sa Main droite et prononça les paroles de l'absolution.
Et il ajouta: «Alors que le péché blesse l'âme et lui donne la mort, le sacrement de la confession lui redonne vie, guérit ses blessures, redonne vigueur à ses vertus et cela, plus ou moins, selon ses dispositions. C'est ainsi que travaille ce sacrement.»
Il me semblait que mon âme recevait une vie nouvelle. Après l'absolution de Jésus, je n'ai plus ressenti le trouble d'auparavant. Puisse le Seigneur être toujours remercié et glorifié!
Ce matin, j'ai reçu la communion. Me retrouvant avec Jésus, j'ai aussi trouvé la Reine Maman. Et quelle merveille: en regardant la Mère, j'ai vu son Coeur transformé en Jésus bébé; j'ai regardé le bébé et j'ai vu la Mère dans son Coeur. Alors je me suis souvenue que c'était la fête de l'Épiphanie. À l'exemple des saints rois mages, j'aurais voulu offrir quelque chose à Jésus bébé. Mais je n'avais rien à lui donner.
Alors, à travers ma misère, la pensée me vint de lui offrir, comme myrrhe, mon corps avec toutes les souffrances des douze années pendant lesquelles j'avais été alitée, prête à souffrir et à continuer aussi longtemps qu'il le désirerait. Comme or, je lui offris les douleurs que je ressens quand il me prive de sa présence, ce qui est pour moi la chose la plus souffrante et la plus douloureuse. Comme encens, je lui offris mes pauvres prières en les unissant à celles de la Reine Maman, afin qu'elles soient plus acceptables pour Jésus bébé.
J'ai fait mon offrande dans la confiance totale que l'Enfant allait l'accepter. Cependant, il me sembla que même si Jésus acceptait ma pauvre offrande avec grand plaisir, ce qu'il aimait le plus était la confiance avec laquelle je l'offrais.
Il me dit: «La confiance a deux bras. Avec le premier, on embrasse mon Humanité et on en use comme d'une échelle pour s'élever jusqu'à ma Divinité. Avec l'autre, on embrasse ma Divinité et on obtient d'elle des torrents de grâces célestes. Ainsi, l'âme est tout inondée par l'Être divin.
«Quand l'âme a confiance, elle est sûre d'obtenir ce quelle demande: je garde mes Bras attachés et je laisse l'âme faire ce qu'elle veut. Je la laisse pénétrer plus profondément dans mon Coeur et je la laisse y prendre ce qu'elle m'a demandé. Si je ne faisais pas ainsi, je me sentirais dans un état de violence vis-à-vis de l'âme.»
Comme il disait cela, de la Poitrine de l'Enfant (ou de la Poitrine de la Mère) venaient des courants de liqueur (mais je ne sais pas exactement comment nommer ce que j'appelle ici liqueur) qui inonda toute mon âme. Puis la Reine Maman disparut.
Par la suite, l'Enfant et moi allâmes dans la voûte des cieux. J'ai vu sa charmante Figure attristée. Je me suis dit en moi-même: «Peut-être désire-t-il les caresses de la Reine Maman.» Je l'ai pressé fortement sur mon coeur et Jésus bébé prit un aspect jubilant. Qui pourrait dire ce qui se passa alors entre Jésus et moi? Je n'ai pas la langue pour le manifester ni les expressions pour le décrire.
Je me disais intérieurement: «Qui pourrait dire combien d'erreurs et de bévues contiennent ces choses que j'écris?» À ce moment, je me suis sentie comme si je perdais connaissance et Jésus béni vint et me dit: «Ma fille, même tes erreurs aideront à faire comprendre qu'il n'y a aucune tromperie volontaire de ta part et que tu n'es pas un docteur (car si tu en étais un, tu saurais où tu erres). Elles rendront encore plus clair que c'est moi qui te parle — du moins pour ceux qui savent voir les choses simplement. Mais je t'assure qu'ils ne trouveront pas une ombre de vice, ni rien qui ne dise "vertu" car, quand tu écris, moi-même guide ta main. Tout au plus, ils pourront trouver quelque chose qui, au premier regard, semble erroné, mais qui, s'ils regardent de plus près, correspond à la Vérité.»
Ayant dit cela, il disparut. Quelques heures plus tard, alors que je me sentais toute perplexe et mal à l'aise relativement à ce qu'il m'avait dit, il revint et ajouta: «Mon héritage est fermeté et stabilité. Je ne suis sujet à aucun changement. Plus une âme s'approche de moi et avance sur le chemin de la vertu, plus elle se sent ferme et stable dans le bien; d'autre part, plus elle est loin de moi, plus elle est sujette à osciller entre le bien et le mal.»
Alors que je me trouvais dans mon état habituel, mon aimable Jésus se montra à moi dans un état lamentable. Ses Mains étaient attachées solidement, sa Face était couverte de crachats, et il y avait plusieurs personnes qui le giflaient copieusement. Quant à lui, il était calme et tranquille, sans bouger et sans proférer une seule plainte. Il ne bougeait même pas une paupière, montrant ainsi qu'il voulait souffrir ces outrages, non seulement extérieurement, mais aussi intérieurement. Quel spectacle émouvant, capable de briser les coeurs les plus durs! Combien de choses me disait cette Face souillée de boue et de dégoûtants crachats! J'étais frappée d'horreur. Je tremblais. Je me suis vue toute remplie d'orgueil comparativement à lui.
Il me dit: «Ma fille, seuls les petits se laissent traiter comme on le veut; pas ceux qui sont petits en raison humaine, mais ceux qui sont petits et remplis de raison divine. Je peux dire que je suis humble, mais ce qui est appelé humilité chez l'homme devrait être appelé connaissance de soi. Celui qui ne se connaît pas lui-même marche dans la fausseté.»
Puis, pendant quelques minutes, il fut silencieux. Je le contemplais. Et j'ai vu une main munie d'une lumière qui cherchait en moi, dans les endroits les plus intimes et cachés, pour voir si on pouvait y trouver la connaissance de soi et l'amour des humiliations, de la confusion et de la disgrâce. La lumière trouva un vide en mon intérieur et j'ai vu que cet endroit aurait dû être rempli d'humiliations et de confusion, suivant l'exemple de mon Jésus béni.
Oh! combien de choses cette lumière et cette attitude sacrée de Jésus me firent comprendre. Je me suis dit en moi-même: «Un Dieu humilié et confus pour mon amour; et moi, une pécheresse privée de ces marques de distinction! Un Dieu stable et ferme qui, devant tant d'injustices, ne bouge même pas pour se défaire des crachats dégoûtants qui couvrent son Visage. Ah! s'il voulait rejeter ces souffrances, ces outrages, il pourrait parfaitement le faire! Je comprends que ce ne sont pas les chaînes qui le retiennent dans cette situation, mais sa Volonté stable qui veut sauver la race humaine quelqu'en soit le prix! Et moi, où sont mes humiliations? Où est ma fermeté et ma constance à travailler par amour pour Jésus et mon prochain! Oh! quels êtres dissemblables nous sommes Jésus et moi!»
Pendant que mon petit cerveau se perdait dans ces pensées, mon adorable Jésus me dit: «Mon Humanité fut submergée par la disgrâce et l'humiliation, au point de débordement. C'est pourquoi, devant mes vertus, le Ciel et la terre tremblent et les âmes qui m'aiment usent de mon Humanité comme d'une échelle pour atteindre quelques reflets de mes vertus.
«Dis-moi: comparativement à mon humilité, où est la tienne? Moi seul peux me glorifier de posséder une vraie humilité. Unie à ma Divinité, mon Humanité aurait pu faire des prodiges à chaque pas, en paroles et en actes, mais, volontairement, je me suis restreint aux bornes de mon Humanité, je me suis montré le plus pauvre, j'ai été jusqu'à me confondre avec les pécheurs.
«J'aurais pu accomplir la Rédemption dans un temps très bref, et même d'un seul mot. Mais, pendant de longues années, avec tant de privations et de souffrances, j'ai voulus faire miennes les misères de l'homme. J'ai voulu m'adonner à de nombreuses et diverses actions pour que l'homme puisse être renouvelé et divinisé, même dans ses plus petits travaux. Portés par moi qui était Dieu et homme, ces travaux humains reçurent une nouvelle splendeur et furent marqués du sceau de la Divinité.
«Dissimulée dans mon Humanité, ma Divinité descendit aussi bas que de se mettre au niveau des actes humains, alors que, d'un simple acte de ma Volonté, j'aurais pu créer un nombre infini de mondes qui auraient transcendé les misères et les faiblesses de cette humanité! Devant la Justice divine, j'ai choisi de voir mon Humanité recouverte de tous les péchés des hommes pour lesquels j'ai eu à expier par des douleurs inouïes et en versant tout mon Sang! Ainsi, j'ai accompli des actes continuels d'humilité héroïque.
«La grande différence entre mon humilité et celle des créatures qui, devant la mienne, n'est qu'une ombre — même celle de mes saints —, c'est que les créatures sont toujours créatures et ne connaissent pas comme moi le vrai poids du péché. Bien que certaines âmes furent héroïques et que, à mon exemple, elles se soient offertes pour souffrir les peines des autres, elles ne sont pas différentes des autres: elles sont faites de la même glaise.
«La simple pensée que leurs souffrances sont la cause de nouveaux gains pour elles, et qu'elles en glorifient Dieu, est un grand honneur pour elles. De plus, les créatures sont restreintes au cercle où Dieu les a mises; elles ne peuvent aller hors des limites de ce cercle. Oh! s'il était en leur pouvoir de faire et de défaire, combien d'autres choses ne feraient-elles pas. Chacun atteindrait les étoiles! Au contraire, mon Humanité divinisée n'avait aucune limite. Cependant, elle s'est restreinte aux limites humaines afin que toutes ses Oeuvres soient tissées d'humilité héroïque.
«Le manque d'humilité de l'homme fut la cause de tous les maux qui ont inondé la terre. Et moi, par l'exercice de cette vertu, je devais attirer sur les hommes tous les biens de la Divinité. Aucune grâce ne quitte mon Trône, si ce n'est à travers l'humilité; aucune requête ne peut être reçue par moi, si elle n'a pas la signature de l'humilité. Aucune prière n'est entendue par mes Oreilles ni n'émeut mon Coeur à la compassion, si elle n'est pas parfumée d'humilité.
«Si la créature ne va pas jusqu'au bout pour détruire en elle cette recherche des honneurs et l'estime de soi (ce qu'on détruit en aimant être haï, humilié et confondu), elle sentira autour de son coeur comme une tresse d'épines, et elle aura un vide dans son coeur qui l'ennuiera toujours et la maintiendra très dissemblable de ma très sainte Humanité. Si elle n'en vient pas à aimer les humiliations, tout au plus sera-t-elle capable de se connaître un peu, mais elle ne brillera pas devant moi, vêtue du beau et charmant vêtement de l'humilité.»
Qui pourrait dire toutes les choses que j'ai comprises concernant la vertu d'humilité et la corrélation entre la connaissance de soi et l'humilité? Il me semble avoir saisi la distinction entre ces deux vertus, mais je n'ai pas les mots pour l'exprimer. Pour dire quelque chose là- dessus, je me servirai d'un exemple.
Imaginons un homme pauvre qui sait qu'il est pauvre et qui, pour les personnes qui ne le connaissent pas et qui pourraient croire qu'il possède quelque chose, manifeste clairement sa pauvreté. On peut dire de cet homme qu'il se connaît, qu'il dit la vérité et, qu'ainsi, il sera plus aimé. Il attirera les autres à la compassion sur son état misérable. Tous l'aideront. C'est ce que produit la connaissance de soi.
Mais qu'arriverait-il si cet homme, ayant honte de manifester sa pauvreté, se vantait d'être riche, alors que tous sauraient qu'il ne possède même pas les vêtements qu'il porte et qu'il meurt de faim. Tous le haïraient, personne ne l'aiderait et il deviendrait la risée de tous ceux qui le connaissent. Ce misérable homme irait de mal en pis et finirait par périr. C'est ce que l'orgueil produit devant Dieu et devant les hommes. Celui qui ne se connaît pas s'éloigne automatiquement de la Vérité et s'engage sur les chemins de la fausseté.
Il y a une autre forme d'humilité héroïque qui résulte aussi de la connaissance de soi. Imaginons un homme riche, né au milieu du confort et des richesses, et qui est bien reconnu comme tel. Cependant, considérant les humiliations profondes auxquelles Notre-Seigneur Jésus-Christ s'est soumis par Amour pour nous, il devient amoureux de la sainte humilité, abandonne ses richesses et son confort, enlève ses nobles vêtements et se couvre de guenilles. Il vit inconnu. Il ne dit à personne qui il est. Il vit avec les plus pauvres comme s'il était leur égal. Il fait sa joie des mépris et des confusions. On trouve chez cet homme ce qui arrive aux saints qui s'humilient de plus en plus et qui savent que le Seigneur les remplit ainsi de ses grâces et de ses dons.
Dans ces exemples, on voit que la connaissance de soi sans humilité n'est bonne à rien, alors que la connaissance de soi accompagnée d'humilité devient précieuse.
Ah oui! l'humilité attire la grâce, brise les plus fortes chaînes et fait surmonter chaque barrière entre l'âme et Dieu. L'humilité est la petite plante toujours verte et fleurie qui n'est pas sujette à être rongée par les vers et qui ne peut être abîmée ou flétrie par les vents, la grêle ou la chaleur. Alors même qu'elle est la plus petite plante, elle développe les plus grandes branches qui pénètrent dans le Ciel et rejoignent le Coeur de Notre-Seigneur. Seulement les branches qui proviennent de cette petite plante ont leurs entrées gratuites dans cet adorable Coeur.
L'humilité est l'ancre de paix dans la mer des tempêtes de cette vie. L'humilité est le sel qui assaisonne toutes les vertus et préserve l'âme de la corruption du péché. L'humilité est la petite herbe qui pousse près des chemins; elle disparaît quand elle est piétinée mais elle repousse ensuite plus belle qu'avant. L'humilité est cette greffe domestique qui ennoblit la plante sauvage. Elle est la monnaie de la grâce. L'humilité est la lune qui nous guide dans les ténèbres de la nuit de cette vie. L'humilité est le marchand rusé qui sait comment vendre ses biens et qui ne gaspille pas même un sou de la grâce qui lui est donnée. L'humilité est la clef du Paradis où personne ne peut entrer sans elle. L'humilité est le sourire de Dieu et de tout le Paradis et les pleurs de tout l'enfer.
Ce matin, mon adorable Jésus est venu et reparti sans m'avoir parlé. Après, j'ai senti que je quittais mon corps. Le dos tourné, il m'a dit:
«En beaucoup, il n'y a plus de droiture. Ils disent: "Aussi longtemps que les choses continueront de cette manière, nous n'aurons pas de succès dans nos projets. Feignons donc la vertu, prétendons être droits, feignons être de vrais amis; ainsi, il sera plus facile de tisser notre filet et de les abuser. Quand nous arriverons à eux pour leur faire du mal et les dévorer, eux, croyant que nous sommes des amis, tomberont spontanément dans nos mains." Voilà à quel niveau de sournoiserie l'homme peut atteindre.»
Par la suite, désirant de moi une réparation spéciale, Jésus béni sembla m'enlever la vie en me présentant à la Justice divine. De par sa manière de faire, j'ai pensé qu'il me ferait quitter cette vie. C'est pourquoi je lui ai dit: «Seigneur, je ne veux pas entrer au Ciel sans tes marques de distinction. Crucifie-moi d'abord et, ensuite, amène-moi.»
Il transperça mes mains et mes pieds avec des clous. Et pendant qu'il le faisait, à mon plus grand regret, il disparut et je me suis retrouvée dans mon corps. Je me suis dit intérieurement:
«Me voilà encore ici! Ah! combien de fois m'as-tu fait cela, mon cher Jésus. Tu as un art spécial pour me faire ce coup: tu me laisses croire que je vais mourir, ce qui m'amène à me rire du monde et des douleurs en me disant que la séparation d'avec toi est terminée, puis, quand j'ai commencé à me réjouir, je me retrouve encore enfermée dans la prison de ce corps fragile. Par suite, oubliant mes réjouissances, je reviens à mes pleurs, à mes lamentations et aux souffrances de ma séparation de toi. Ah! Seigneur, reviens vite, car je suis profondément consternée.»
Après avoir vécu des jours très amers de privation, mon pauvre coeur se débattait entre la peur d'avoir perdu Jésus à tout jamais et l'espérance que peut-être je le reverrai encore. Ô Dieu! Quelle guerre sanglante mon coeur eut à soutenir! Sa souffrance était telle qu'à un instant il gelait et, à l'instant suivant, il était comme sous le pressoir et dégouttait le sang. Pendant que j'étais dans cet état, j'ai senti mon doux Jésus tout près de moi. Il retira le voile qui me couvrait les yeux et, finalement, j'ai pu le voir.
Immédiatement, je lui ai dit: «Ô Seigneur, tu ne m'aimes plus?» Il me répondit: «Oui, oui je t'aime! Ce que je te recommande, c'est la correspondance à ma grâce. Et, pour être fidèle, tu dois être comme l'écho qui se répercute dans l'atmosphère et qui, aussitôt que quelqu'un commence à faire entendre sa voix, immédiatement, sans le moindre retard, répète ce qu'il entend. C'est ainsi que tu dois faire. Aussitôt que tu commences à recevoir ma grâce, sans même attendre que je finisse de te la donner, tu dois immédiatement commencer à faire entendre l'écho de ta correspondance.»
Je continuais d'être quasi totalement privée de mon doux Jésus. Ma vie s'écoulait dans la douleur. Je sentais un grand ennui, une grande lassitude de vivre! Je me disais intérieurement: «Oh! comme mon exil est prolongé! Oh! quel serait mon bonheur si je pouvais dissoudre les liens de ce corps. Ainsi, mon âme prendrait librement son envol vers mon plus grand Bien!» Une pensée m'effleura l'esprit: «Et si tu allais en enfer!» Pour empêcher que le démon ne m'attaque sur ce point, je me suis dépêchée de dire: «Alors, même en enfer, j'enverrais mes soupirs à mon doux Jésus; même là, je l'aimerais.»
Pendant que j'entretenais ces pensées et bien d'autres (il serait trop long de les mentionner toutes), mon aimable Jésus se montra pendant un court temps et, d'un ton sérieux, il me dit: «Ton temps n'est pas encore arrivé.» Dans une lumière intellectuelle, il me fit comprendre que tout doit être ordonné dans une âme. L'âme possède beaucoup de petites chambres, une pour chaque vertu, chaque vertu ayant avec elle toutes les autres, de telle manière que si l'âme semble ne posséder qu'une vertu, celle-ci est accompagnée de toutes les autres. Néanmoins, les vertus sont toutes distinctes et chacune a sa place dans l'âme. Elles proviennent toutes de la Très Sainte Trinité qui, tout en étant une, est formée de trois personnes distinctes.
J'ai aussi compris que chacune des chambres de l'âme est, ou bien remplie par une vertu, ou bien par le vice opposé, et que s'il n'y a ni vertu ni vice, elle reste vide. Il semblait que mon âme était comme une maison qui contient beaucoup de chambres, toutes vides; quelques-unes remplies de serpents, quelques-unes de boue, d'autres sombres. Ah! Seigneur, toi seul peux mettre de l'ordre dans ma pauvre âme!
Le même état persistait. Ce matin, Jésus me transporta hors de mon corps. Après avoir attendu si longtemps, il semblait que, cette fois, je le voyais clairement. Cependant, je me suis vue si mauvaise que je n'osais pas dire un mot. Nous nous regardâmes l'un l'autre, mais en silence. À travers ces regards mutuels, j'ai compris que Jésus était rempli d'amertume, mais je n'ai pas osé lui dire: «Verse ton amertume en moi.»
Il s'approcha cependant de moi et commença à déverser son amertume. L'ayant reçue, je fus incapable de la contenir et je la rejetai sur le sol. Alors il me dit: «Que fais-tu là? Tu ne veux plus partager mon amertume? Tu ne veux plus me soulager dans mes douleurs?»
Je lui dis: «Seigneur ce n'est pas que je ne veux pas. Je ne sais ce qui m'arrive. Je me sens si remplie de ton amertume que je n'ai pas de place pour la contenir. Seulement un prodige de ta part peut agrandir mon intérieur; ainsi, je pourrai recevoir ton amertume.»
Jésus fit sur moi un grand signe de croix et il déversa encore son amertume. Cette fois, il me sembla que j'étais capable de la contenir. Il dit ensuite: «Ma fille, la mortification est comme un feu qui fait sécher toutes les mauvaises humeurs qui sont dans l'âme et qui l'inonde d'une humeur de sainteté, donnant naissance aux plus belles vertus.»
Jésus vint plusieurs fois, mais toujours en silence. Je sentais un vide en moi et de la peine, car je n'entendais pas sa très douce Voix. Revenant pour me consoler, il me dit:
«La grâce est la vie de l'âme. Comme l'âme donne vie au corps, ainsi la grâce donne vie à l'âme. Pour le corps, il ne suffit pas qu'il ait une âme pour maintenir sa vie, il lui faut aussi de la nourriture pour qu'il puisse grandir jusqu'à sa pleine stature. Ainsi, pour l'âme, il n'est pas suffisant qu'elle ait la grâce pour la maintenir en vie, il lui faut aussi de la nourriture pour qu'elle puisse progresser vers sa pleine stature. Et cette nourriture est la correspondance à la grâce. La grâce et la correspondance à la grâce forment une chaîne qui conduit l'âme au Ciel. Dans la mesure où l'âme correspond à la grâce, les maillons de cette chaîne se forment.»
Et il ajouta: «Quel est le passeport pour entrer dans le royaume de la grâce? C'est l'humilité. L'âme qui regarde toujours son néant et qui perçoit n'être rien que poussière et vent, met sa confiance dans la grâce qui devient comme son maître. Prenant les commandes, la grâce conduit l'âme sur le chemin de toutes les vertus et lui fait atteindre les sommets de la perfection. Sans la grâce, l'âme est comme le corps départi de son âme qui devient rempli de vers et de pourriture et qui horrifie le regard. Ainsi, sans la grâce, l'âme devient si abominable qu'elle horrifie le regard, non pas des hommes, mais de Dieu lui-même.»
Ce matin, je me suis trouvée dans un état de grand découragement, spécialement parce que j'étais privée de la présence de Jésus, mon plus grand Bien. Il s'est montré et m'a dit:
«Le découragement est une humeur toxique qui infecte les plus belles fleurs et leurs fruits les plus plaisants. Cette humeur toxique pénètre dans les racines de l'arbre, l'imprégnant complètement, le faisant se dessécher et devenir répugnant. Si quelqu'un ne le guérit pas en l'arrosant de l'humeur contraire, l'arbre s'écroule. Il en est ainsi pour l'âme qui s'imbibe de l'humeur toxique du découragement.»
Après ces propos de Jésus, je me sentais encore découragée, toute repliée sur moi-même, et je me suis vue si méchante que je n'ai pas osé me précipiter vers lui. Mon esprit se disait: «Il est inutile pour moi d'espérer plus longtemps ses visites continuelles, ses grâces, ses charismes comme avant. Tout est fini pour moi.»
Presque en me réprimandant, Jésus ajouta: «Que fais-tu? Que fais-tu? Ne sais-tu pas que le manque de confiance rend l'âme comme moribonde? En pensant qu'elle va mourir, l'âme ne sait comment disposer de la vie, comment acquérir la grâce, comment s'en servir, comment se rendre plus belle ou comment agir pour se guérir de son affaissement.»
Ah! Seigneur, il me semble voir ce fantôme du manque de confiance, malpropre, amaigri, craintif et tout tremblant et qui, de tout son art, sans autre instrument que la peur, conduit l'âme à la fosse. Et ce qui est pire, ce fantôme ne se montre pas comme un ennemi, car alors l'âme pourrait le démasquer; il se montre plutôt comme un ami; il s'infiltre secrètement, feignant d'agoniser avec l'âme et se disant prêt à mourir avec elle. Et si l'âme n'est pas attentive, elle ne saura comment se débarrasser de cette tromperie.
Alors que je continuais dans le même état, mais avec un peu plus de courage, mon très cher Jésus vint et me dit: «Ma fille, quelquefois l'âme rencontre le vice face à face. Si, rassemblant son courage, elle triomphe de cet ennemi, la vertu opposée devient plus resplendissante et plus profondément enracinée en elle. Mais l'âme doit être prudente afin de ne pas fournir la corde avec laquelle elle peut être attachée, cette corde étant le manque de confiance. Cela se fera en dilatant son coeur dans la confiance, tout en demeurant à l'intérieur du cercle de la vérité, qui est la connaissance de son néant.»
À cause de l'absence de mon adorable Jésus, je sentais mon pauvre cœur écrasé par la souffrance, comme dans un pressoir. Oh, mon Dieu, quelle douleur indescriptible!
Alors que j’étais dans cet état, j'ai vu mon cher Jésus dans l'ombre, comme derrière un voile. Je ne voyais clairement qu'une seule de ses mains avec laquelle il tenait une lampe "allumée". Plongeant les doigts dans la lampe, il oignait¹ la partie douloureusement exacerbée² de mon cœur à cause de son absence. Pendant ce temps j'entendis une voix qui disait :
«La vérité est "la lumière" qui a apporté la Parole³ sur la terre. Comme le soleil éclaire, anime et féconde la terre, ainsi, la lumière de la vérité donne vie, lumière et fécondité aux âmes vertueuses. Bien que de nombreux nuages, que sont les iniquités des hommes, obscurcissent cette lumière de vérité, Je ne cesse néanmoins, de derrière les nuages, d'envoyer des lueurs de lumière vivifiante afin de réchauffer les âmes. Si ces nuages sont des nuages d'imperfection et de défauts involontaires, cette lumière les perçe de sa chaleur, les fait s'évanouir et entre librement dans l'âme.»
Je compris que l’âme doit veiller à éviter même l’ombre des fautes involontaires qui forment ce nuage opaque, car elles empêchent la lumière Divine d’entrer dans les âmes.
________
¹ frotter, enduire d'huile ou d'une autre matière grasse
² rendu sensible au maximum; rendre une sensation plus aiguë, plus douloureuse; exacerber un mal de dents; pousser un sentiment, un état à un très haut degré, à son paroxysme
³ Le Verbe
Ce matin, après avoir communié, j'ai vu mon adorable Jésus, mais dans une attitude toute nouvelle. Il me semblait sérieux, réservé et sur le point de me réprimander. Quel changement dramatique. Au lieu d'être soulagé, mon pauvre coeur se sentit oppressé, transpercé par cette attitude inhabituelle de Jésus. Cependant, comme j'avais été privée de sa présence dans les jours précédents, je sentais un grand besoin de soulagement.
Il me dit: «Comme la chaux a le pouvoir de dévorer les objets qui sont plongés en elle, ainsi la mortification a le pouvoir de dévorer les imperfections et les défauts qui se trouvent dans l'âme; elle va aussi loin que de spiritualiser le corps. Elle se place près de l'âme et y scelle toutes les vertus. Jusqu'à ce qu'elle ait bien dévoré ton âme et ton corps, elle ne pourra pas sceller parfaitement en toi les marques de ma crucifixion.»
Ensuite, on perça mes mains et mes pieds (je ne suis pas sûre qui le faisait, bien qu'il me semblait que c'était un ange). Puis, avec une lance qu'il tira de son Coeur, Jésus perça mon coeur, ce qui me donna une vive douleur. Ensuite, il disparut, me laissant plus affligée qu'auparavant.
J'ai bien compris qu'il était nécessaire que la mortification soit pour moi une inséparable amie, mais que pas même l'ombre d'une amitié avec elle existait en moi! «Ah! Seigneur, attache-moi à la mortification par une amitié indissoluble car, par moi-même, mes manières sont toutes rustiques.»
Ne se voyant pas chaudement reçue par moi, la mortification devient tout respect envers moi; elle me ménage toujours, craignant qu'un jour je lui tourne le dos complètement. Jamais elle ne mènera son majestueux travail à son achèvement car, aussi longtemps que nous serons à couteaux tirés, ses mains prodigieuses ne m'atteindront pas pour travailler sur moi et me présenter devant Jésus comme un digne travail de ses saintes mains.
Ce matin, après avoir renouvelé en moi les douleurs de la crucifixion, Jésus me dit: «Par le bon air ou le mauvais air qu'une personne respire, son corps est purifié ou infecté. La mortification doit être l'air de l'âme. Par l'air que l'âme respire, on reconnaît si elle est saine ou malade. Si une personne respire l'air de la mortification, chaque chose sera purifiée en elle; tous ses sens sonneront d'un même son concordant. Mais si elle ne respire pas l'air de la mortification, tout sera discordant en elle; elle aura une haleine répugnante. Pendant qu'elle domptera une passion, une autre se lèvera. Sa vie se déroulera comme un jeu d'enfant.»
Il me sembla voir la mortification comme un instrument de musique, qui, si ses cordes sont toutes bonnes et fortes, produit un son harmonieux. Mais si ses cordes ne sont pas de bonne qualité, alors on doit en ajuster une, puis une autre, et ainsi sans cesse, de sorte qu'on doit toujours ajuster l'instrument sans jamais pouvoir en jouer. Et si on essaie d'en jouer, on n'entend que des sons discordants.
Ce matin, mon adorable Jésus est venu et m'a transportée hors de mon corps. J'ai vu beaucoup de personnes en action, mais je ne peux dire si c'était la guerre ou la révolution. Pour ce qui est de Notre-Seigneur, les gens ne faisaient que lui tresser des couronnes d'épines. Pendant qu'avec soin je lui en ai enlevé une, ils lui en ont fixé une autre encore plus douloureuse.
Ah! il me semble bien que notre âge sera désavoué à cause de son orgueil! La plus grande infortune, c'est de perdre le contrôle de sa tête car, une fois qu'une personne a perdu le contrôle de sa tête et de son cerveau, tous ses membres deviennent invalides, ou ils deviennent ennemis les uns des autres.
Mon patient Jésus toléra toutes ces couronnes d'épines. Et à peine les eus-je enlevées qu'il se tourna vers les gens et leur dit: «Certains dans la guerre, certains en prison, d'autres dans les tremblements de terre. Quelques-uns resteront. L'orgueil a dirigé votre vie, et l'orgueil vous donnera la mort.»
Après cela, me tirant d'au milieu de ces personnes, Jésus béni s'est changé en enfant. Je l'ai porté dans mes bras pour qu'il se repose. Il m'a dit: «Entre toi et moi, que tout soit pour moi; et que ce que tu concéderas aux créatures ne soit rien d'autre que le débordement de notre amour.»
Mon Jésus béni continuait de venir. Après que j'eus communié, il renouvela en moi les douleurs de la crucifixion. J'en étais si atteinte que je ressentais le besoin d'un soulagement, mais je n'ai pas osé le demander.
Un peu plus tard, Jésus revint sous la forme d'un enfant et il m'embrassa plusieurs fois. De ses Lèvres très pures coulait un lait très doux que j'ai bu à grandes gorgées. Comme je faisais cela, il me dit: «Je suis la fleur du Paradis céleste et le parfum que j'exhale est tel que tout le Ciel en est parfumé. Je suis la Lumière qui éclaire tout le Ciel; tous sont imprégnés de cette Lumière. Mes saints tirent de moi leurs petites lampes. Il n'y a pas de lumière au Paradis qui ne soit tirée de cette Lumière.»
Ah oui! il n'y a pas de parfum de vertu sans Jésus; sans lui, il n'y a pas de lumière, même au plus haut des cieux.
Mon aimable Jésus recommença ses délais habituels. Qu'il soit toujours béni! En vérité, on a besoin d'avoir la patience d'un saint pour fonctionner avec lui. Celui qui n'a pas expérimenté cela ne peut le croire. Il est presqu'impossible de ne pas avoir une petite dispute avec lui.
Après avoir été patiente en l'attendant longuement, il vint finalement et me dit: «Ma fille, le don de la pureté n'est pas un don naturel mais une grâce acquise. L'âme l'obtient en se faisant attrayante par la mortification et les souffrances. Oh! comme les âmes mortifiées et souffrantes se rendent attrayantes. J'ai un tel goût pour elles que j'en deviens fou. Tout ce qu'elles veulent, je le leur donne. Quand tu es privée de moi -- ce qui est la souffrance la plus douloureuse pour toi --, accepte cette privation par amour pour moi; j'aurai pour toi un plus grand Amour qu'auparavant et je t'accorderai de nouvelles grâces.»