Critique du chapitre 8
Ce chapitre est essentiel car il montre enfin la réalité quotidienne de Meursault en prison, absente du chapitre précédent. D'abord désorienté, il peine à accepter son enfermement, refusant de croire que la prison est désormais sa réalité. C’est la lettre de Marie, annonçant qu’elle ne viendra plus, qui marque un tournant : il commence alors à s’adapter.
Son isolement l’amène à vivre dans ses souvenirs, à tuer le temps en mémorisant sa chambre ou en relisant un article de journal. Il s’habitue à la routine carcérale et apprend à vivre sans plaisirs physiques, ce qui marque une transformation intérieure. Les souvenirs de sa mère l’aident à accepter cette nouvelle vie, et il découvre une forme de sens là où il ne voyait que vide.
La visite de Marie est décrite comme étouffante : le bruit, la foule et la lumière l’envahissent. Leur communication est difficile, et il réalise que leur lien repose surtout sur le contact physique, désormais impossible. Après son départ, c’est l’absence de stimulation physique qui devient centrale. Il trouve alors du réconfort dans la mémoire et l’introspection.
Pour la première fois, Meursault se regarde vraiment, physiquement et mentalement. Ce regard sur lui-même marque un début de conscience intérieure : il n’est plus uniquement un homme du présent, mais quelqu’un qui cherche à comprendre sa propre existence.
Critique du chapitre 9
Dans ce chapitre, Meursault assiste à son procès, qui prend des airs de spectacle. Le soleil écrasant, souvent associé aux moments critiques du roman, annonce une ambiance pesante. L’avocat prétend que l’affaire sera vite réglée, mais le ton du procès montre plutôt une atmosphère tendue et absurde. Le public et les journalistes s’intéressent davantage à la personnalité étrange de Meursault qu’au meurtre en lui-même. Il devient un objet de curiosité parce qu’il ne se conforme pas aux normes sociales.
Dans la salle, Meursault se sent étranger : il ne reconnaît personne et perçoit l’indifférence générale. L’absurdité du procès se renforce lorsqu’on l’interroge plus sur son comportement lors de l’enterrement de sa mère que sur le crime lui-même. Les témoins sont ceux de la maison de retraite, et non liés à l’incident du meurtre. Cela montre que Meursault est jugé non pour ce qu’il a fait, mais pour ce qu’il est : un homme indifférent, sans foi ni remords.
Le tribunal ne supporte pas son honnêteté et son refus de jouer un rôle. Même ses amis, comme Céleste ou Raymond, ne peuvent le défendre efficacement. Le procès devient alors une parodie de justice, révélant l’impossibilité pour la société d’accepter un homme qui vit sans illusions, ni morale conventionnelle. Finalement, Meursault comprend que ce qui compte, ce n’est pas la direction que prend la vie, mais la façon dont on la vit.