Critique du chapitre 10
Meursault écoute les plaidoiries avec détachement, intéressé uniquement par l'idée d'entendre les gens parler de lui. Il est privé de voix, car son avocat lui interdit de se défendre, et cette situation le rend encore plus éloigné du procès. Le discours du procureur transforme les événements en une histoire où Meursault est dépeint comme un monstre insensible ou comme un homme rongé par des remords, mais ces deux récits sont déformés. Le jugement de Meursault devient subjectif, l'accusation interprétant ses actions de manière à le présenter comme un individu immoral et calculateur, ce qui n'est pas le cas.
Le procureur consacre plus de temps à critiquer la relation de Meursault avec sa mère qu'à aborder le crime lui-même, soulignant son manque de moralité. Mais Meursault, absorbé par la chaleur, trouve difficilement un intérêt à ces discours. Lorsqu'on lui demande pourquoi il a tué, il répond simplement : "le soleil", sans justification, ce qui fait rire la cour, car il semble incompréhensible qu'un être humain puisse agir de cette façon.
L'avocat de Meursault, en parlant en son nom, contribue à l'éloigner encore plus de sa propre défense. Ce changement de pronom le réduit à une figure passive, exclue du procès. Meursault, désengagé, se remémore des instants de bonheur simples avec Marie, mais il prend conscience qu'il ne pourra plus créer de nouveaux souvenirs heureux. Il est déconnecté du présent et de son propre passé.
Finalement, lors de sa condamnation, Meursault constate l'absurdité du procès, où il est jugé pour son absence de conformité sociale plutôt que pour son crime réel. La sentence de mort, rendue au nom du peuple français, apparaît comme une farce, un acte vide de sens. Meursault n’a rien à dire, car il sait que cela ne changera rien à son sort.