L’anxiété lié au ladder, la frustration et la déprime font partie des raisons pour lesquelles beaucoup de joueurs arrêtent de jouer le ladder 1v1 Starcraft 2, qui avouons-le peut être brutal, parfois. Pour moi, c’est l’inverse! Starcraft me donne l’occasion d’apprendre à garder mon sang froid dans les situations de crise, ou encore à apprivoiser la défaite de façon positive en augmentant ma résilience aux obstacles. Apprendre à dompter mes émotions en lien avec le jeu fait partie de la gratification que je ressens en m’investissant au jeu.
Voici les meilleurs conseils que je puisse vous prodiguer sur l'art de gérer le ladder anxiety, de le minimiser ou de l'apprivoiser.
Si on veut juste se remettre dedans alors qu’on sait qu’on est rouillé, une bonne idée peut être de d’abord faire des parties contre AI, des team games ou bien jouer des parties ‘’unranked’’ pour ne pas avoir à gérer les émotions qui viennent avec les aléas du MMR. Vous pouvez même vous créer un second compte, un compte ‘’de pratique’’ que vous ne révélerez à personne d’autre qu’à vous-mêmes et sur lequel vous n’aurez aucune crainte de perdre tout le MMR du monde! ‘’C’est mon compte de pratique, pas mon main account, donc je m’en fous de perdre sur celui-là’’. Lorsque le MMR de votre compte de pratique aura largement dépassé votre compte principal, vous saurez que vous pourrez procéder avec sûreté à votre compte principal avec un minimum de risques d’encourir des pertes massives de MMR sur celui-là.
Rester bienveillant envers soi-même à travers toutes les erreurs qu’on fait! Le pire obstacle à n’importe quel apprentissage, c’est la peur de se tromper. Tout le monde, incluant Serral lui-même, va perdre des parties et faire des erreurs. Ceux qui ont eu les plus grands succès sont en général ceux qui ont connu le plus d’échecs d’abord, et cela est vrai dans toutes les disciplines.
Apprendre la théorie sur le jeu ou consulter un coach. Bien connaître au moins une grille d’analyse du jeu nous permet d’extraire un sens de nos défaites. Je serai beaucoup moins facilement frustré ou déprimé par mes défaites si je sais exactement ce que j’aurais dû (et pu) faire de différent afin de la gagner, et encore plus si je parviens à établir des stratégies de pratique pour corriger mes points faibles. À la longue, ceci finit par rendre chaque partie moins anxiogène tandis qu’on la joue, car à partir de ce moment, on peut toujours se dire que soit on gagne, soit on apprend, ce qui est gratifiant dans les deux cas et donc n’est pas cause d’anxiété.
Garder à l’esprit qu’une fois qu’on a atteint une ligue, on garde toujours le cadre de notre portrait jusqu’à la saison suivante. Le MMR peut baisser en dessous de la borne inférieure théorique de notre ligue, mais quitter la ligue est une décision personnelle: le système ne nous y forcera pas et nous laissera notre cadre pour toute la durée de la saison courante tant qu’on voudra le garder. Noter toutefois qu’en fin de saison, ceci fait en sorte que le nombre de gens dans les ligues supérieures (sauf GM qui est l’exception: toujours 200 joueurs seulement) tend à être plus grande que les % normalement reflétés dans ces ligues. Par exemple, normalement, master league c’est sensé être le top 5%, mais le phénomène que je viens de décrire fait en sorte qu’éventuellement ce sera plutôt 7 ou 8% des joueurs qui vont être à l’intérieur de cette ligue à un point dans la saison. Idem pour diamond, qui serait statistiquement la ligue contenant le plus de gens dans le jeu.
Ne pas avoir peur des symptômes du ladder anxiety! Règle générale, c’est la peur d’avoir peur, la peur des choses que la peur entraîne (par exemple: la peur d’enchaîner plusieurs misclicks) qui nous tue ... Si on peut juste prendre un peu de recul par rapport aux symptômes (‘’je shake un peu des mains. Mon coeur bat un peu plus vite durant les moments tournants. Bon, OK, ça ne m’empêchera pas de faire ce que je veux faire dans la game pourvu que je m’en tienne à mon plan de jeu’’) et ne pas être impulsif on peut se ramener proche à un niveau de jeu normal par rapport à notre moyenne.
Il faut focusser sur l’amélioration de points précis dans notre jeu, pas sur notre MMR, du moins pas à court terme. Celui-ci peut fluctuer beaucoup même durant une seule journée de pratique, ou même une semaine, mais il ne faut pas y porter trop d’attention! Ce sont les changements à long terme qui devraient nous intéresser. SC2ReplayStats est un site qui peut nous aider à y voir plus clair en ce sens (voir la section plus bas dans ce document consacrée à ce site). Un coach peut faire de même.
Le stress n’est pas le seul adversaire émotif que l’on rencontre dans notre voyage sur SC2! Certains penchent plus vers la frustration ou bien non vont en avoir après le game design du jeu (la fameuse balance …) mais si vous êtes comme moi, la tristesse est peut-être votre compagne dans l’aventure du ladder… il n’y a AUCUNE honte à ressentir de la tristesse et du découragement dans cette entreprise. Le fait que notre ascension dans le monde virtuel ne nous rapporte pas de gain financier pour nos efforts (à moins que vous ayez définitivement des ambitions de remporter des tournois importants, mais ça c'est une autre histoire) ne devrait pas nous faire croire que nos émotions n’ont pas le droit d’être. Il faut apprendre à comprendre et apprivoiser notre tristesse (et notre frustration), pas à la craindre! Elle nous permet de communiquer avec notre entourage et d’évoquer l’empathie chez nos proches. Elle me signale que je suis sur la bonne voie, car la tristesse est une réponse normale à l’échec, et il n’y a pas de meilleure façon d’apprendre que d’essayer et de se tromper. Il ne faut pas confondre tristesse avec dépression, mais bien savoir que l’un peut effectivement mener à l’autre à la longue, particulièrement si celle-ci est dissimulée ou refoulée.
Certaines techniques simples peuvent nous aider à la minimiser toutefois, et cela est fort raisonnable:
Communiquer avec ses proches! Se sortir de notre marasme par nos interactions sociales, particulièrement en s’intéressant aux autres au moins autant qu’on s’intéresse à soi-même. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de m’investir dans la communauté locale québécoise SC2!
Se rappeler pourquoi on choisit de s'investir dans le jeu: le fait-on pour y devenir le meilleur joueur au monde (est-ce réaliste?)? Se prouver quelque chose à soi ou à ses proches? Ou bien pour avoir quelque chose à partager, apprendre quelque chose par rapport à soi-même, et avoir du plaisir ou vivre des sensations extraordinaires (par exemple: sentir qu'on est ''dans la zone'')? Pour moi, Starcraft, comme le nom l'indique, est un ''craft'', c'est-à-dire un artisanat. Le fait de s'adonner consciemment et patiemment à toute forme d'artisanat est quelque chose qui peut être assainissant pour l'esprit, nous donner un focus, faire de nous des êtres plus épanouis, mais seulement si on s'efforce de toujours améliorer notre état d'esprit en s'y adonnant (c'est ma conviction). La patience est la seule façon de vraiment s'améliorer à quoi que ce soit, et ce jeu en est un constant rappel pour moi. Les joueurs pros n'avaient pas tous un talent exceptionnel au départ: dans la très grande majorité des cas, c'est le temps qu'ils ont choisi d'investir dans le jeu qui était exceptionnel. Peu importe nos facilités particulières, tôt ou tard tout le monde finit par se buter à un mur sur le ladder et devra apprendre à tolérer la défaite pour continuer à monter. Me ramener à ces faits me permet de rester humble face à la tâche et d'encaisser les défaites avec calme et ouverture: chaque défaite est une occasion d'apprendre.
Avoir des périodes de pratique délibérée où on focusse sur des aspects très précis de notre jeu plutôt que sur des parties entières à chaque fois. La chose est beaucoup moins taxante sur les émotions, et pourtant pas moins utile … Les modules d’entraînement et la mémorisation des builds avec la fonction ‘’take command’’ (voir les sections portant ces titres) sont là pour ça.
Arrêter de jouer des parties classées après 3 défaites consécutives. Jouer plutôt VS AI, jouer une arcade, ou bien non des parties non classées ou des customs avec un ami si on tient à jouer contre un humain.
Avoir des tâches à accomplir en dehors du jeu après chaque défaite ex: faire une tâche ménagère, étudier un bloc d’apprentissage dans son champ d’étude etc. nous donne qqch dont on peut être fier à la fin de la journée, quoi que soit l’issue de notre session de ladder!
Se rappeler que de perdre une partie de Starcraft contre un autre humain, en ayant vraiment fait de son mieux, c'est donner à quelqu'un une raison de pouvoir se sentir fier. Et qui ne mérite pas cela? Cela sera peut-être encore plus accessible pour vous si vous jouez avec des gens que vous appréciez, qui sont vos amis, ou des gens que vous respectez beaucoup.
La plupart d’entre nous avons été mis en contact avec au moins une forme d’art dans notre vie, un art qui nous a interpellé plus qu’un autre pour toutes sortes de raisons. Le piano et le violon sont les miens, un ami à moi préfère la peinture, une autre préfère la danse … Au lieu de chercher à minimiser nos peines, on peut également tenter de les sublimer lorsqu’on ne parvient pas à comprendre pourquoi elles sont là d’emblée.
Voici un extrait d’une de mes séances de Ladder qui fut particulièrement éprouvante en termes de défaites encaissées, et ou je discute des différentes façons que j’emploie pour garder le moral malgré tout.