N° 5 - août 2025
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Vu du bateau
Bastia est rouge ‒
rouge crépuscule
et
des mouettes
***
Le ressac est doux
et
la lune argentée ‒
je chantonne des vers
sous le pin
***
Avec le soir ‒
on fait des rêves
d’étoiles
qui inondent
les falaises blanches
***
Depuis Bonifacio
les lumières sardes
ne sont qu’à
un souhait
d’écume fraîche
Poésies et Crépuscule de juillet -
peinture à l'eau et digitalisation Nathalie LAURO
LE POÈME À TRAVERS LE MONDE : UN DIALOGUE ENTRE LES CULTURES
La poésie est une langue universelle, capable de franchir les frontières, les époques et les différences culturelles. Chaque culture regorge de poèmes qui racontent son histoire, ses rêves, ses luttes et ses espoirs, mais, au-delà des particularités locales, la poésie crée un pont entre les peuples, un espace où les mots deviennent un terrain de dialogue et de partage.
Des haïkus japonais, empreints de simplicité et de contemplation, aux ghazals persans, riches en passion et en spiritualité, chaque tradition poétique offre une vision unique du monde. Pourtant, ces voix distinctes résonnent souvent de manière universelle. Les thèmes de l’amour, de la perte, de la mort, de la nature ou de la quête d’identité se retrouvent sous différentes formes, traduisant des émotions humaines que chacun peut comprendre, peu importe sa langue ou son origine.
Lire des poèmes d'autres cultures, c'est voyager sans quitter son fauteuil. C'est entrer dans l'intimité d'un peuple, découvrir ses imaginaires et ses sensibilités. C’est aussi une manière d’apprendre à voir le monde différemment, à travers d'autres regards. Dans une époque marquée par les divisions, la poésie mondiale nous rappelle que, malgré nos différences, nous partageons des sentiments profonds et une humanité commune.
Les poèmes du monde sont bien plus qu’un simple échange littéraire ; ils sont un dialogue entre les âmes, un rappel que les mots peuvent unir là où les frontières séparent. En les lisant, en les partageant, nous participons à cette conversation universelle, celle qui célèbre la diversité tout en révélant l’essence commune de l’humanité.
© Nathalie LAURO
Photo et photo de couverture (Corse - côte orientale) © Nathalie LAURO
ART & POÉSIE
FAIM D’ÉTÉ
Affamée par quoi, sinon
Par ses beaux départs de feux,
La lumière inonde et brûle,
Fleuve limpide… et volcan,
Les ombres fraîches des soirs.
C’est l’été qui n’attend guère
À la fin juin sa naissance,
Avec ses trois lettres chaudes,
Son T’hé de flammes aux lèvres,
Ou les libres nudités.
Le soleil et ses cent coups
Nous assoifferont de crèmes
Sur nos peaux comme de bières
Dans nos palais et nos gorges,
Mais son T sonne dans : « fêTe ».
Patrick LEFÈVRE - France
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COQUELICOT
Joli coquelicot
Tapi dans les roseaux
Quand tu réjouis les champs
C’est le moment…
Où tu sors ton chapeau
Et de tous les ponceaux
S’annoncent les bourgeons
Dans nos maisons…
La prairie, le coteau
Se couvrent de pavots
D’où pointent des boutons
C’est la saison…
Joli coquelicot
Rouge ou couleur fluo
Qui annonce le temps
Le doux temps du printemps
Juste SAMSON - Gabon
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DE LA POÉSIE ET DES POÈTES
La poésie est indéfinissable à jamais,
Les saisons nous inspirent et dansent,
L'incommensurable est notre quotidien.
La beauté apprivoise les plus maudits,
les larmes laissent le choix des armes...
la poésie se peint, se clame et s'écrit...
Elle jaillit d'une source, ou du vol d'un oiseau,
Elle se perd dans les sables ou dans l'oubli,
Elle retrouve une enfance et ses souvenirs,
La vieillesse et sa lecture dans les nuages gris...
Ce qui est poétique n'obéit à aucune loi.
Dans le ruban rouge on préfère la ganse,
Dans les mers, les plus fortes tempêtes...
Dans le ciel des livres appris, les pages blanches...
L'amer se renouvelle comme l'océan...
Les poètes en herbe, auront tout compris,
Quand las de la métrique et des rimes,
Les mots s'assembleront par continent...
Dans cette genèse où meurent les savants,
Où brillent les naïfs, et les petits enfants...
Tout est poésie, tout est fleurs et lumières,
Les couleurs sont des chimères fleuries,
Des paysages sans horizon, sans avenir...
La beauté se flétrit, la raison se perd,
Les mots sauveront l'essentiel, c'est ce qui est beau…
René BONNET - France
Flamants et jungle d'émeraude - Peinture de Soisic THILL - Luxembourg
(Souvenir équatorien)
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LES SAISONS DE LA VIE
D’abord un temps pour naître
Où demain sait promettre
Sans l’ombre d’un "peut-être"…
Puis l’azur resplendit
Et toujours s’enhardit
‒ La chimère applaudit ‒
Car loin de leur promesse
Dans l’indélicatesse
Bien vite les jours baissent…
...
Voyez ces arbres nus
Que sont-ils devenus ?
Des squelettes menus…
Didier COLPIN - France
Blue 4 Freedom - Peinture sur toile de Sara JONES - Irlande
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SOIF D’ÉTÉ
Trop soif, au cœur toujours,
Des plages sous nos corps,
Des vacances d’été
Passées, Dieu, quels passages !
Juillet n’est plus très loin.
La saison des amours
Prend fin. La nostalgie
Fait peine et fait appel.
La vie par toi riait,
Tue l’assez, veut le trop.
Les siestes sur le sable,
Adorables s’abrègent.
Patrick LEFÈVRE
Trois amis - Collage feutrine et couture de M'So DEMARTINI - Suisse
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À MES DÉPARTS
À chacun de mes départs
Tous, prévus ou imprévus
À ceux que je n’ai pas vus
Quand je larguais les amarres
À chacun de mes départs
Du lundi au vendredi
À ces adieux que l’on dit
Quand bien même on en a marre
À chacun de mes départs
Quand ton ciel est ombrageux
Et que dans ma vie il pleut
Des bateaux qui redémarrent
À chacun de mes départs
Vrais et parfois faux départs
Dans ce cœur qui t’a dit oui
Ton phare éclaire mes nuits
Juste SAMSON - Gabon
Mariposas de junio - Peinture de Maria VARGAS - Espagne
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ATLANTIDE
Où sont donc les dignes neuf derniers Rois des Guanches ?
Que font leurs Reines aux sobres parures en peaux,
Ont-elles veillé le Tabernacle du Beau ?
Sont-ils, face océan, bien campés sur leurs hanches ?
Regard vers l’Infini, ils voient l’envers de l’eau
Ils ont, de l’arrêt du temps, cet air si étrange…
De ce miroir d’Univers-Ciel sont-ils les anges ?
D’Atlante à corps perdu, de tous leurs oripeaux,
Sort toute bonne vertu, à fleur de héros.
D’océans ont-ils ces turbulences marines ?
Des profondeurs, ils subliment la joie d’Éros.
De brise océanique, frissonnent leurs narines.
Princesse Dacilá sur-plonge la Cité,
Au fond d’Orotava, faudra-t-il la citer…
Pol LONGRÉE - Belgique
Photos d'illustration ci-dessous :
Alignement des 9 derniers rois des Guanches, en bordure d'océan à Candelaria de Ténérife
Statue de la Princesse Dacilá à La Orotava, en face de l'immensité de l'Atlantique ouest (lieu présumé de la cité perdue d'Atlantide)
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AILLEURS
Ailleurs
loin des sentes sillonnées
sans repères ni saisons
Ailleurs
dans les perditions des cœurs
charger l’aiguade
et lever l’ancre
Déplier les légendes
qui dorment à fleur de mémoire
les fanatismes tatoués
Construire des ponts
des amitiés indigènes
forer les murs
atteindre la lumière
Odile STEFFAN-GUILLAUME - France
Au-delà des frontières -
Collage d' Odile STEFFAN-GUILLAUME - France
Pour Léo - Collage feutrine et couture
de M'So DEMARTINI - Suisse
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DES NUAGES DANS LA TÊTE
J’ai aimé un homme,
qui a la tête dans les nuages.
J’ai aimé un homme,
qui va où le vent le mène.
Sans point d’ancrage,
et sans bagage
il se promène.
Rien ne l’engage,
même pas les promesses
qu’il fait à lui-même.
Sans se soucier,
des traces qui laissent
ce sont des fantômes,
qui le hanteront.
Sa mémoire fragile,
le rend solide.
J’ai aimé un homme
j’ai aimé une ombre
qui restera une toile
pleine de pénombres.
Martine BISMUTH - France
Piuma é sognu - Peinture de TOM'S - Corse / France
Cherry Blossom Silence - Illustration de Sue KIO - Suisse
SENSATION
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Arthur RIMBAUD - France
(1854-1891)
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ÉTÉ
Broussailles orange qui brûlent
sous un azur mordu de feu.
Roses sauvages au liseré ourdi de silence.
Libellules rouges au crépuscule
sous des jours bleus perforés de mouettes,
percés d’oiseaux étourdis de lumière
qui s’élancent hébétés au-dessus de moi.
Sous mes pas, le sable chaud
qui brûle mes pieds tuméfiés de lumière et d’avoir trop marché.
Au loin, la mer, toujours la mer.
Son ruban bleu cousu de soleil,
bordé de dentelle et d'écume,
de plumes d'oiseaux tombées du ciel sur la grève,
tombées brusquement de mes rêves.
Alix LERMAN ENRIQUEZ - France
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LA FILLE DU COGNE
Quand j’étais sous-urbain, j’aimais
Ô j’aimais la fille… d’un cogne !
À Sèvres, non loin de Boulogne.
Je n’en savais rien, n’en peux mais.
Moi chavillois, crépusculaire ;
Tout cela devait tourner court.
C’était plus près de Billancourt,
De fait, le versant populaire,
Avec son bloc utopien,
Sa dalle « Orange mécanique »,
À quoi, pour être bucolique,
Manquait de n’être martien.
Tel fut le cadre aborigène
Où notre amour se consuma
Pour terminer dans le coma.
Je ne lui garde point de haine.
Elle fumait comme un pompier
Mais c’était la fille d’un bourre.
Fallait-il donc qu’elle se fourre
Avec un artiste... pompier ?
Je l’ai plusieurs mois fréquentée
Sans qu’elle ne dît jamais rien
De la carrière de gardien
De la paix, la grande éhontée !
Quand je pense qu’elle voulait
– Évidemment –, fille de cogne,
Le cadeau que fait la cigogne
De moi, la fille d’un poulet !
C’est la mixité prolétaire.
Je l’aimais, étant sous-urbain ;
Elle m’aimait, son chérubin,
Je suis resté célibataire !
Florent BOUCHAREL - France
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NUITS DE JUIN
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor HUGO - France
(1802-1885)
« Les rayons et les ombres »
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LE CHANT DE LA NATURE
Ce matin au réveil, un changement de décor
A remisé à l'ombre nos pensées de la veille,
Un artiste inconnu au talent sans égal
A de son doigt léger tiré de leur sommeil,
Les sources endormies et comme par magie
Le châle laiteux qui masquait l'horizon
A laissé apparaître les villages ocrés,
Baignant dans la lumière.
Les fleurs libérées d'un hiver maussade
Ont fait craquer leurs corsets étouffants
Écoute ! Cette voix lointaine et familière
Qui te parle au présent de ce que tu peux
Faire et permets à ton tour l'avènement du printemps.
Marie-José PASCAL- France
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COCCINELLE
Quelle est cette tâche rouge
Qui, sur le mur tout blanc bouge
Bariolée de boutons noirs
Au-dessus de mon armoire ?
Je m’appelle coccinelle
On dit que je suis fort belle
Je porte une robe à pois
Et j’habite dans le bois
Tu n’es qu’un petit insecte
Ce n’est pas du tout correct
De t’inviter en cachette
Dans les murs de ma chambrette
Je m’appelle coccinelle
Si tu ne me trouves belle
Avec ma robe de soie
Je m’en retourne chez moi
Reste avec moi, demoiselle
Car ton parfum, coccinelle
Emplit toute la maison
Aux odeurs de la saison
Juste SAMSON - Gabon
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Été : être pour quelques jours
le contemporain des roses ;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses.
Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette sœur
en d'autres roses absente.
Rainer Maria RILKE - Autriche / Tchécoslovaquie
(1875-1926)
« Les roses »
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SOIR D’ÉTÉ
Une tendre langueur s'étire dans l'espace ;
Sens-tu monter vers toi l'odeur de l'herbe lasse ?
Le vent mouillé du soir attriste le jardin ;
L'eau frissonne et s'écaille aux vagues du bassin
Et les choses ont l'air d'être toutes peureuses ;
Une étrange saveur vient des tiges juteuses.
Ta main retient la mienne, et pourtant tu sens bien
Que le mal de mon rêve et la douceur du tien
Nous ont faits brusquement étrangers l'un à l'autre ;
Quel cœur inconscient et faible que le nôtre,
Les feuilles qui jouaient dans les arbres ont froid
Vois-les se replier et trembler, l'ombre croît,
Ces fleurs ont un parfum aigu comme une lame...
Le douloureux passé se lève dans mon âme,
Et des fantômes chers marchent autour de toi.
L'hiver était meilleur, il me semble ; pourquoi
Faut-il que le printemps incessamment renaisse ?
Comme elle sera simple et brève, la jeunesse !...
Tout l'amour que l'on veut ne tient pas dans les mains ;
Il en reste toujours aux closes du chemin.
Viens, rentrons dans le calme obscur des chambres douces ;
Tu vois comme l'été durement nous repousse ;
Là-bas nous trouverons un peu de paix tous deux.
- Mais l'odeur de l'été reste dans tes cheveux
Et la langueur du jour en mon âme persiste :
Où pourrions-nous aller pour nous sentir moins tristes ?...
Anna de NOAILLES - France
(1876 - 1933)
Roses - Peinture d'Anna de NOAILLES - France
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ÉVEILS ET ACCORDS
éveil aux sonnailles
du sommeil des multitudes
multitude d’aubes
lueur accouchée
regard aconché d’aurore
baume de l’éveil
aube de printemps
merveille du vert réveil
vieil or de son nimbe
calme et frais encore
le matin se couvre d’or
l’aube s’évapore
l’immuable lune
au cours flottant des nuages
calme permanence
la nuit lite l’ombre
clos du ciel luté de noir
juste troué d’ors
la lune d’acier
en son silence nacré
scie le ciel sacré
souffle vespéral
ton frôlement de peau nue
sur moi tu glisses ombre
l'astre au nadir poste
son scintillement spolié
resplendit absent
Philippe MINOT - France
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VERTIGES
Rondeau, interstellaire…
Ô gouffres, ô vertiges… Vous me tournez la tête !
Je tournoie parfois tellement fort sur moi-même…
Nos Peuples, migrant, cerclent si bien notre Terre !
Notre Terre d’alors ne tournera plus rond !
Fonçons-nous vers d’autres étoiles galactiques ?
Ô galaxies…, entonnoirs autour des trous noirs !
Il y a des jours où rien n’avance, et tout tourne !
Jours où même la bonne graine que l’on sème
Tournoie sur pierre… ou dans la terre ne séjourne !
Comme cette bonne graine que certes j’aime,
Je tournoie parfois tellement fort sur moi-même…
Fort pareillement, les populations humaines,
Peuples nomades ou gens en peine, qui errent,
Tournent encore… ou se détournent de la haine !
Quand politiciens tournent court… bien terre à terre,
Nos Peuples, migrant, cerclent si bien notre Terre !
Et pourtant toute rotation se ralentit,
Fol’ relation ne fait plus même un moindre bond…
Qu’est-ce qui donc, sur Terre, encore retentit ?
Quand, du Soleil, matin ne verra plus rebond,
Notre Terre d’alors ne tournera plus rond !
Si nous nous tournons bien autour, sur cette Terre,
Tournons-nous autour d’autres grands pôles arctiques ?
Nos astres, morts pour tout’ vie et bien délétères,
Suggèrent à trouver d’autres points magnétiques !
Fonçons-nous vers d’autres étoiles galactiques ?
Nébuleuses, supernovas ou Voie lactée,
De quelles colonies dépendons-nous, dans ce noir ?
Spirales sans fin ou finitudes actées,
Y a-t-il pilote aimable pour nous asseoir ?
Ô galaxies…, entonnoirs autour des trous noirs !
Ô gouffres, ô vertiges…
Po LONGRÉE - Belgique
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LAPETI VIV
Eko vwa m
Rezonnen anndan m
San fe bri
Se dloje m
K ap koule nan venn mwen
Chak soupi m s on fanmchay
Pou rèv mwen.
Chak segonn
Domino a rebwase
Chak pa m fè
S on bout m kole
Pou jwèt lavi a mache
Ezechiel LUCCÉ - Haïti
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SURSAUT
Dans l'ombre du néant
Mon être s'élève
À voix nue
Les larmes dans les veines
Je sursaute
Mes rêves s'explosent
En soupir
Tout instant est
Renouveau
La fin
S'accomplit à chaque
Pas
Traduction / Ezechiel LUCCÉ - Haïti
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I
Onirisme : définition psychiatrique
L’onirisme est un état aigu correspondant à une expérience de rêve vécue à l’état de veille. Il augmente d’intensité à la tombée de la nuit et de l’obscurité. Il se caractérise surtout par des hallucinations et des illusions visuelles menaçantes dans une atmosphère pénible et anxieuse. Ces hallucinations peuvent être aussi auditives et tactiles ou impliquer plusieurs sens à la fois, de façon multiforme, désordonnée et changeante.
L’onirisme se présente comme un délire animé, il est vécu et agit en pleine lucidité, le sujet vit et joue son cauchemar en y adhérant totalement. Son rapport au monde est bouleversé, mais il garde une certaine continuité avec les choses extérieures. Ses visions sont le plus souvent en rapport avec ses activités habituelles ou des événements récents qui l’ont marqué. Le sujet reste suggestible, on peut le rappeler au monde réel, mais pour un instant seulement.
Je lis à même mes mains avec la putain, la grande cité, les psaumes de l’insensé. Le spectre est un opium et un haschisch avenant puisque je souffre d’onirisme…
II
La particule de la pensée a sombré dans mon cerveau proche du noir, globule équarri par le ciselage d’un croc acéré, ô Siliminaé…
Comme si les secrets d’un grimoire s’étaient rompus dans l’écriture d’un vil magazine d’ésotérisme ou le tag d’un taré ayant écrit son nom sur un mur de béton. C’est cela, le vingt et unième siècle, le maléfice, la contagion.
Les pare-bruits de la nationale 118 en sont peinturlurés d’un mauvais goût extrême.
Fenêtres en bandeaux, je vis la société carcérale, c’est ce que décrète le jeu que je lis, décrivant enfoui un monde insoumis.
Le monde des drogues est à l’autre bout de la rue…
Il y a quelque chose dans cette pègre d’adolescents, quelque chose de jouissif et de léger à sécher ses leçons, à ne se pourvoir de l’éducation qu’aux rattrapages, à contrecœur d’un policier dont le phallus aurait été amputé.
Voilà la vie aérienne que je vécus ces dernières années. Quelle incapacité puis-je encore révéler à recevoir l’éducation ?
III
Voilà bien un siècle de tabula que ce quartier de la Cartouche, usine Gévelot, affirme sa résistance entre deux forêts, pour affaiblir les continuités de la chasse du roi. L’emprise au sol jouxte le pavé offrant le reste de la chasse à un bon gros résidu de bois. C’est ici que je connus les preuves intangibles d’un monde élevé, onirisme des cœurs arrachés au promontoire de la Terre. Ce monde voltigeant, je le nommai L’iét-hos, non pour me référer à un dieu grec mais sachant quelques origines du monde, connaissant peu de développements, ne m’étant guère inspiré de la cruauté du siècle dernier, préférant citer quelques personnages de roman, tel Azathoth ou encore Akasha. J’admets dans mes délires fiévreux, alité, en faire germer la cause dans mon esprit par l’émulsion de l’huile du thym depuis mes os, mes tendons et cartilages, offrant pour parfum le mélange de l’air moite, bon effet de la fumigation avec l’effervescence des gaz provenant du cimetière du quartier. Des promenades s’ensuivent dans quelques allées jonchées depuis l’automne des piquants de la châtaigne ! Pour ainsi dire, l’Antiquité n’est plus en ce monde littéraire puisqu’il ne m’est resté que l’allonge d’un épais cosmos depuis une jetée sur Paris, chemin menant le passager de l’air au pied d’un laboratoire d’astronomes, autour duquel volètent quelques chauves-souris aux ailes membraneuses se perdant dans le ciel aux alentours de minuit...
Que toute cette histoire tourne autour d’un homme voulant devenir oracle au sujet de Vézelay, prédisant l’avenir à l’aide des mathématiques pour indiquer la météo, est un fait avéré par le nombre des enseignants incongrus référant à cette affaire.
Les ventaux des maisons Bouygues s’ouvraient au printemps sur la rue des verrières, un nombre impie en indiquait le lieu et la date d’aménagement à partir d’un plan local d’urbanisme à commettre une tabula rasa contre tout ce qui fut parachevé de brique, de meulière et de ciment au début du vingtième siècle. Sèvres, Sèvres-Babylone, bref, le petit monde prônait son envergure à penser grand, en marge d’une théorie de Tout !
Cependant, possédant le savoir, là est le trône d’Oumbalür, scrutant trois bêtes, le bègue, le boiteux, le bossu. Nous patientions avant de pénétrer discrètement L’iét-hos…
Hors des intervalles de L’iét-hos, se situe un territoire aux forces naturelles magiques. C’est de son retour sous le trône d’Oumbalür, ce grand ver à la peau visqueuse et vampirique, et de ses 999 féroces gardiens que l’on peut entendre dorénavant le conte des naissances d’un petit peuple d’ondines, de fées et de farfadets. D’après observations, implosion-explosion cosmique, ces derniers aiment qualifier vulgairement leur existence d’« issue pour un prout originel ». À l’opposé de la cité de Jamais, de Ptolémaïs et de Kadath, ces territoires ne portent aucune ville, aucun art, car quiconque tente de décrire ou de magnifier ces contrées de ses propres œuvres est sujet à une malédiction d’en perdre ses mains et son cœur.
En L’iét-hos, pas de place pour l’homme, ni même pour l’idée d’un dieu, nous y existons au hasard, tels des insectes, telles des bactéries d’acné, puisqu’aucune raison ne réside en ce monde dépourvu de logique, ne laissant place qu’à la magie et aux enchantements ...
C’est bien sûr depuis ce lieu que j’eus ce regard sur les cités de Paris, et mes pensées au sujet des arts et de l’architecture se renforcèrent d’autant.
IV
Le grondement est en L’iét-hos l’hymne des effleurements de nos pas sur ses territoires, et nous vivons par le truchement du sol, enfonçant quelques cailloux dans les plaies de nos pieds, laissant quelques marques de sang, mêlant l’humus et la corne de la terre avant de retrouver nos chemins vers la cité droite. Au loin, le poème de l’angle droit, c’est déjà, à l’orée du bois, l’immeuble ILM...
Peut-être est-ce le dégoût du siècle passé qui transperce mes veines, vingt-trois ans après. Juchés sur les hautes branches des arbres, nous confondons le temps au temps, et lorsque le ciment se déverse dans les citernes le sable rougit pour se faire emmurer. Les dédales des camions entre les blancs alignements de la route, c’est depuis ce nid que l’on en rit. Au loin Paris, l’escadron de la mort, un désert pour ce nouveau siècle, l’échafaudage de la société à venir…
Serge MASSOL - France
Floral Evanescence - Illustration de Kate DICKENS - Angleterre
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AU PRINTEMPS
Voici la saison aimée
Qui efface la moiteur
De l’air enfin embaumé
Par d’agréables senteurs.
Partout, la sève ruisselle
En nourrissant de chaleur
Ce que l’âpre hiver harcèle
Pour flétrir l’arbre et la fleur.
Le vent cessant ses alarmes
Aux sons lourds et mystérieux,
Ne provoque plus de larmes
Par son souffle dans les yeux.
Le froid tombe en désuétude,
Il faisait aussi pleurer,
Et va vers sa solitude
Sans plus rien à adorer.
Chaque nouveauté se dore
Au soleil, sans s’abriter,
Et chaque fleur, pour éclore,
Refuse de l’éviter.
Les choses que nous aimâmes
Reviennent dans tous les lieux,
Et réjouissent cœurs et âmes
De beautés venant des dieux.
Partout la rosée fait luire
Les fleurs, chacune à leur tour,
Et les bourdons aiment bruire
Près d’elles et leurs atours.
Des enfants dans l’herbe, lisent
Près d’oiseaux faisant leur nid,
Pendant que leurs parents disent
Qu’ils sont par ce temps, bénis.
Sous un if, tu te reposes
Lorsque des merles vainqueurs,
Couverts du parfum des roses,
Chantent la joie de leur cœur.
Tu me souris et me charmes
Par ton corps que je chéris,
Et ton regard me désarme
Lorsque tendrement tu ris.
La beauté étant jumelle
À la lumière du jour,
Toutes deux en toi, se mêlent
En faisant naître l’amour.
D’emblée, pour qu’en moi paraisse
Enfin l’amant t’adorant,
Je te promets des caresses
Dont l’affection te surprend.
Le doux printemps nous pénètre
Lorsque nos corps s’enlaçant,
Ne deviennent qu’un seul être
Dans l’ombre du soir naissant !
Patrick ÉDÈNE - France
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journalpoetique.lunarossa@gmail.com
LIBRES PENSÉES
POÉSIE / THÉRAPIE (témoignage)
La poésie n’est pas seulement un art, c’est également une formidable thérapie entre la connexion de l’esprit et du corps en souffrance.
Les scientifiques le disent : la guérison est un facteur de plusieurs choses à la fois, la thérapeutique et le ressenti intérieur d’un combat contre la maladie.
Après l’effet dévastateur de l’annonce du cancer, ce mot qui nous met dans un état second, que l’on subit comme une agression dans notre petite vie tranquille.
On a l’impression que le monde s’est arrêté à une heure précise dans le bureau du médecin qui vient de vous dire ce mot que nous redoutons tous, « CANCER », avec toujours cette même phrase : « êtes-vous sûr du diagnostic Docteur ? » Aucun doute, monsieur, mais je vous rassure, que de nos jours ça se soigne très bien avec des nouvelles méthodes qui ont fait leurs preuves.
Comment réagir en sortant du cabinet médical avec son épouse à qui il faut annoncer la nouvelle, les amis qui compatissent, les proches qui vous aident en vous remontant le moral.
Et puis, il y a ces moments où vous êtes seul avec ce mot qui trotte dans la tête à vous faire oublier le monde qui est là et l’on a envie de vivre encore et encore.
Le moral, c’est un instrument psychique qui vous aide à dominer l’instant présent de la maladie.
Mais le moral, c’est quoi, c’est qui, ce sauveur de l’esprit en détresse pour éteindre ce mal dominant que j’ai nommé dans un poème « La pieuvre » ?
Comment trouver le moral avec un diagnostic stade 4 invasif ? Quand l’urologue vous dit, le lundi : « Je vous enlève cette tumeur en urgence vendredi, quand bien même mon planning est très chargé. » Il faut agir vite, l’angoisse atteint alors son paroxysme.
Je n’ai pas cherché bien loin la réponse. En me posant cette question « qu’est-ce que tu aimes faire dans ta vie ? » Ta femme en priorité, mais aussi la poésie qui bat au rythme de ton cœur avec laquelle tu as construit depuis des années une fidèle amitié, qui t’a donné tant de joie dans l’écriture, tant de poèmes à partager.
Alors, la voilà, la clef ! Prendre ma plume, continuer d’écrire des poésies, m’évader dans ce monde de création qui demande de la concentration pour me faire oublier cette torture qui lamine mon cerveau.
Chaque jour qui passait, chaque poème écrit était une délivrance qui m’apaisait, qui me donnait cette envie de me battre, de supporter les traitements douloureux qui brûlent ces maudites tumeurs, qui vous empêchent de dormir.
Quand bien même, chaque jour l’inspiration était au rendez-vous pour enrichir la page avec les mots du cœur qui souffre, mais qui retrouve la joie de la liberté d’esprit même si le corps est malade.
Et une nuit, ne sachant plus dormir, je me lèvai vers quatre heures du matin afin de soulager mon cerveau en ébullition pour écrire ce poème « La pieuvre » ; c’est ainsi que je nomme le cancer qui avait changé ma vie.
Voici mon poème libérateur écrit le 10 mars 2023 :
LA PIEUVRE
Sur le chemin de ma vie, je l’ai croisée,
Au détour d’un carrefour improvisé.
Elle m’a paru inerte et sans réaction
Comme une épave échouée sur le fond.
Sans méfiance, je l’ai laissée s’installer
Au milieu de mon corps, sans broncher.
A l’apogée de mes instants de bonheur
Elle en a profité aux meilleures heures.
Lentement ses tentacules ont grandi,
Prenant une à une mes cellules meurtries.
Jusqu’au jour où l’on découvre la violence
De cette intruse installée dans mon existence.
La bataille est rude, mais on va la gagner,
La médecine a fait d’énormes progrès.
Le médecin connaît bien cette pieuvre
Il en a éliminé d’autres dans son œuvre.
Il faut juste de la patience et du temps,
Rien que du temps, pour vaincre ce mal latent.
Du moral et la bienveillance de ma femme,
Pour combattre cette pieuvre sans âme.
Puis viendra la guérison au bout du chemin,
Ne restera que ce mauvais passage en vain.
Une vieille histoire rangée dans la mémoire
Comme on ferme un livre à l’orée du soir.
Et je sais que le réconfort de mes amis
Aura conjuré le sort de cette maladie.
Leurs douces prières pour ma guérison
Ont vaincu l’impossible dans la raison.
Quand la pieuvre aura quitté mon corps
Comme l’on jette un vieil oripeau dehors.
Alors, je baignerai à nouveau dans le sourire
Et ce bonheur lumineux de toujours écrire.
************
Enfin, j’avais pu sortir de cette léthargie qui prenait le dessus sur moi et m’empêchait d’avancer ! J’avais posé comme sur un testament ma volonté de dire non : « La pieuvre », tu ne m’auras pas. Le médecin est plus fort que toi, ma femme me soutient chaque jour, mes amis sont présents dans les instants difficiles. Alors, je t’annonce, « La pieuvre », que le combat sera sans merci et qu’il faudra un gagnant, et je serai celui-là.
Puis, il y a eu cette rencontre avec les amis de la poésie sur les réseaux sociaux qui ont été un soleil pour me donner du courage échangeant nos œuvres, et partageant cet art thérapeutique qu’est la poésie. Je ne donnerai que leurs prénoms, mais ils se reconnaîtront : comme Nath, Pierre, Violette, Robert, Géraldine, Cath, Rochan, Hôma et d’autres amies et amis de la poésie. Je peux dire combien leur soutien m’a fait grand bien.
Quand j’ai découvert la poésie il y a trente ans, je n’imaginais pas combien elle serait présente dans ma vie. Elle était là dans les moments heureux comme dans les moments malheureux avec cette volonté de me faire évoluer, d’avancer parfois sur des chemins difficiles en m’apportant son lot de plaisir renouvelé à chaque page.
Toutes ces distinctions nationales et internationales pour un autodidacte qui a écrit son premier poème assis sur un tronc d’arbre au milieu d’une forêt.
Elle m’a fait connaître des gens merveilleux qui partagent la même passion pour cet art millénaire. Elle a répondu présente lorsque la maladie est arrivée et elle m’a sauvé avec le baume de son écriture.
Alors, je le dis haut et fort quelle que soit la difficulté que vous rencontrez dans votre vie, plongez-vous dans la passion qui vous anime, que ce soit la poésie, la peinture, la poterie, le dessin ect…
L’art est un remède qui soigne l’âme et le corps quand rien ne va plus. Mettre des mots sur les maux pour apaiser la souffrance physique ou psychique, pour donner une autre destination à notre vie.
Et je pense à tous les problèmes actuels de notre société, la violence au quotidien, le harcèlement dans les milieux scolaires, la rue qui est le théâtre de confrontations avec son lot de fusillades, ce manque de respect envers la force publique et bien d’autres incivilités.
L’art ne peut tout résoudre, mais c’est un vecteur non négligeable qu’il faut prendre en compte pour retrouver la paix de l’esprit, pour aider ceux qui ne parle pas, ceux qui souffrent en silence, qui subissent sans rien dire.
L’expérience que j’ai vécue avec le cancer m’a conforté dans cette idée que, sans la poésie, je n’aurais peut-être pas pu écrire ces lignes aujourd’hui pour les partager avec vous.
Merci d’avoir pris le temps de lire cette réflexion sur une page de ma vie que j’ai tournée. Maintenant, je vais écrire d’autres pages tournées vers l’avenir en restant positif et me dire que cela reste un mauvais souvenir, une parenthèse de mon existence.
Merci au Dr C, au Dr B, l’autre Dr C, au personnel de la clinique A-T de Mougins, à l’infirmière Séverine de Puget.
Merci à mon épouse qui a été mon soutien essentiel et à mes amis de près ou de loin, un grand merci à Marcelle et André pour leur fidèle amitié et leur présence à mes côtés chaque jour durant mon hospitalisation.
Voilà, tout est dit.
Jean-Marc LAINELLE - France
UN POÈTE À L'HONNEUR
Patrick GILLET
océanographe, écrivain
Professeur à l’université, j’enseigne l’écologie et le haïku et anime des ateliers d’écriture. Depuis l’enfance, je joue avec les mots pour écrire de la poésie. Il y a quelques années, j’ai découvert le haïku, poème court d’origine japonaise qui décrit l’instant présent. Le haïku m’a porté vers des livres de rencontres et de dialogue avec des artistes calligraphes, peintres, photographes...
PRIX LITTÉRAIRE
Prix Haïku Société des Poètes et Artistes de France, 2022, Prix Senryu Haiku Roumanie, 2021 et 2012, Prix Jeunesse, Le donjon des livres, Niort, 2020, Prix Le haïku à la lumière du braille 2018, Prix spécial de l’Ambassade du Japon au Sénégal 2017, Prix Soleil Levant 2015, Prix Haiku Contest, Mainichi, Japon, 2014, 2012.
BIBLIOGRAPHIE
Livres d’artistes :
Bruissements de plume (2014) dessins de Gérard Loup, Miroir de Loire (2015) préface de Danièle Sallenave de l’Académie française photographies de Yannick Le Boulicaut, Grappes de haïkus (2017), co-écrit avec Annick Dandeville, Arbres (2017) encres de Marion Le Pennec, Arabesques (2017) calligraphies de Mohammed Idali, La sente en pente douce (2018), Désirs (2018) photographies de Nina Egée, Cosmogonies (2019) photographies de l’ESA/NASA, Océans (2020) gravures de Michelle Quélard, Indiens d’Amérique (2022) photographies de Martine Roulet, Rêves blancs (2023) photographies de Michel Iordanov, Regards sur Angers, la douceur angevine (2023) aquarelles de Naëhl.
Albums jeunesse :
La coccinelle (2017), Savane (2019), Banquise (2021) Haïkus pour les enfants illustrations Toni Demuro.
**************************************
Solstice d’été
La mer joue sa partition
Staccato des vagues
***
Temple Shinto
Un vieux pin médite sur
L’harmonie du monde
***
Musique de chambre
Le concerto des moustiques
En mode piqueur
***
Bikini à fleurs
Les poissons voient des iris
Pour la première fois
***
Retour de voyage
Toute la beauté du monde
Dans mon stylo-plume
HOMMAGE
Portrait de Rainer Maria Rilke
DER PANTHER
(Jardin des Plantes, Paris )
Sein Blick est vom Vorübergehn der Stäbe
so müd geworden, daß er nichts mehr hält.
Ihm ist, als ob es tausend Stäbe gäbe
und hinter tausend Stäben keine Welt.
Der weiche Gang geschmeidig starker Schritte,
der sich im allerkleinsten Kreise dreht,
ist wie ein Tanz von Kraft um eine Mitte,
in der betäubt ein großer Wille steht.
Nur manchmal schiebt der Vorhang der Pupille
sich lautlos auf - . Dann geht ein Bild hinein,
geht durch der Glieder angespannte Stille -
und hört im Herzen auf zu sein.
LA PANTHÈRE
(Jardin des Plantes, Paris )
Son regard du retour éternel des barreaux
s’est tellement lassé qu’il ne saisit plus rien.
Il ne lui semble voir que barreaux par milliers
et derrière mille barreaux, plus de monde.
La molle marche des pas flexibles et forts
qui tourne dans le cercle le plus exigu
paraît une danse de force autour d’un centre
où dort dans la torpeur un immense vouloir.
Quelquefois seulement le rideau des pupilles
sans bruit se lève. Alors une image y pénètre,
court à travers le silence tendu des membres -
et dans le cœur s’interrompt d’être.
Traduction de Claude Viguié
Ce poème, écrit en 1902, illustre le génie de Rilke pour saisir l’essence de la captivité et de l’isolement. À travers la figure de la panthère enfermée, il évoque la condition humaine, l’enfermement du corps et de l’esprit face aux limites imposées par le monde.
***************
Herr: es ist Zeit. Der Sommer war sehr groß.
Leg deinen Schatten auf die Sonnenuhren,
und auf den Fluren laß die Winde los.
Befiehl den letzten Früchten voll zu sein;
gieb ihnen noch zwei südlichere Tage,
dränge sie zur Vollendung hin und jage
die letzte Süße in den schweren Wein.
Wer jetzt kein Haus hat, baut sich keines mehr.
Wer jetzt allein ist, wird es lange bleiben,
wird wachen, lesen, lange Briefe schreiben
und wird in den Alleen hin und her
unruhig wandern, wenn die Blätter treiben
Seigneur, il en est temps. L’été fut colossal.
Couche ton ombre en long sur les cadrans solaires,
Et sur l’aire des champs donne aux vents libre cours.
Ordonne aux derniers fruits d’aller à plénitude ;
Procure-leur deux jours encore de soleil,
Intime-leur d’avoir à s’accomplir et pousse
Les dernières douceurs dans le vin pondéreux.
RAINER MARIA RILKE
(Pragues - Empire Austro-Hongrois le 4 décembre 1875
Val-Mont près de Montreux / Suisse le 29 décembre 1926)
Rainer Maria Rilke est l’un des poètes majeurs de la langue allemande et une figure incontournable de la poésie moderne. Né à Prague (alors sous domination austro-hongroise), il a grandi dans un milieu bourgeois marqué par des tensions familiales. Sa mère, affectée par la mort prématurée d’une fille aînée, l’éleva avec une attention presque étouffante, tandis que son père, ancien militaire, l’envoya contre son gré dans une académie militaire, expérience qu’il vécut douloureusement.
Très tôt, Rilke s’oriente vers la poésie et les lettres. Il étudie la littérature et l’histoire de l’art à Munich et à Prague avant de partir pour de nombreux voyages qui marqueront profondément son œuvre. Son séjour en Russie en 1899 et 1900, où il rencontre Léon Tolstoï et où il se lie d’amitié avec la poétesse Lou Andreas-Salomé, a une influence décisive sur sa vision du monde. Il vit ensuite à Paris, où il devient le secrétaire d’Auguste Rodin et approfondit sa réflexion sur la sculpture, la peinture et la création artistique.
Son œuvre évolue au fil des années, passant du romantisme lyrique à une poésie plus dense et métaphysique. Ses recueils Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910), Les Élégies de Duino (1922) et Les Sonnets à Orphée (1922) comptent parmi les textes les plus profonds de la poésie européenne.
L’Amour et la Solitude chez Rilke
L’amour, la solitude et la quête spirituelle sont les thèmes centraux de son œuvre. Son rapport à l’amour semble empreint d’un paradoxe : tout en célébrant la sexualité, l’énergie du corps et de l’esprit, il insiste sur la nécessité de préserver l’individualité et l’espace intérieur de chacun. Dans ses lettres et ses poèmes, il affirme que l’amour véritable ne doit pas chercher à posséder l’autre, mais plutôt à l’accompagner dans son propre accomplissement.
Un extrait de ses Lettres à un jeune poète illustre bien cette idée :
« L’amour consiste en ceci : que deux solitudes se protègent, se touchent et s’accueillent. »
Il nous invite ainsi à voir l’amour comme un dialogue entre deux êtres qui, sans se fondre l’un dans l’autre, s’élèvent mutuellement.
Il meurt en Suisse en 1926, alors qu’il s’est retiré dans le Valais, après avoir combattu une longue leucémie.
Rilke demeure une figure majeure de la poésie pour son langage raffiné, son intensité spirituelle et sa capacité à exprimer l’invisible. Ses poèmes nous plongent dans un univers où le temps, l’amour, la nature et la mort deviennent les éléments d’une même quête vers une vérité existentielle. Son œuvre continue d’être une source d’inspiration pour les poètes et les philosophes, célébrée pour son exploration du mystère de l’existence, du sacré et de la transformation intérieure.
© Nathalie LAURO
Extraits de « Les roses » écrit en français en 1924
1
Si ta fraîcheur parfois nous étonne tant,
heureuse rose,
c’est qu’en toi-même, en dedans,
pétale contre pétale, tu te reposes.
Ensemble tout éveillé, dont le milieu
dort, pendant qu’innombrables, se touchent
les tendresses de ce cœur silencieux
qui aboutissent à l’extrême bouche.
2
Je te vois, rose, livre entrebâillé,
qui contient tant de pages
de bonheur détaillé
qu’on ne lira jamais. Livre-mage,
qui s’ouvre au vent et qui peut être lu
les yeux fermés…,
dont les papillons sortent confus
d’avoir eu les mêmes idées.
12
Contre qui, rose,
avez-vous adopté
ces épines ?
Votre joie trop fine
vous a-t-elle forcée
de devenir cette chose armée ?
Mais de qui vous protège
cette arme exagérée ?
Combien d’ennemis vous ai-je enlevés
qui ne la craignaient point.
Au contraire, d’été en automne,
vous blessez les soins
qu’on vous donne.
18
Tout ce qui nous émeut, tu le partages.
Mais ce qui t’arrive, nous l’ignorons.
Il faudrait être cent papillons
pour lire toutes tes pages.
Il y en a d’entre vous qui sont comme des dictionnaires;
ceux qui les cueillent
ont envie de faire relier toutes ces feuilles.
Moi, j’aime les roses épistolaires.
RECENSIONS DE RECUEILS
« À L'ALLURE DU CRABE »
de Philippe MINOT
Caparaçonné, le crabe, s’il s’en protège, ne se retire pas du monde ; il l’observe, l’œil en biais, il l’arpente, à grands pas de côté. S’il le fuit, c’est pour y vivre.
Pour habiter le monde, ne faut-il pas s’y faire dur mais réceptif, s’y poser immobile et le parcourir promptement, être ici en quête d’ailleurs ?
À l’allure du crabe, ces poèmes tentent un regard autre sur ce qui nous entoure, dans un déplacement étrange.
Publication 2025
Éd. Chloé des Lys
60 pages
20€ + port
« LE CHOIX DES MOTS »
de Gilles PERRAMANT
(Cf. préface d'E. Fromonteil)
Il est des livres qui ne se contentent pas d'être lus : ils deviennent des compagnons de route, d'intarissables sources d'inspiration, de bonheur ou de réconfort. Ce recueil est de ceux-là. On le garde à portée de main, il se lit, se relit, se parcourt comme on suit son propre chemin. Il s'agit d'un voyage à la fois intime et universel auquel Gilles nous invite avec délicatesse. À travers ses poèmes, il tend la main à ceux qui comme lui, font face à cette solitude existentielle.
Face à l'immensité, ses vers suggèrent que la vie n'est pas un fardeau, mais une invitation à se découvrir soi-même, à ressentir, à réfléchir et à aimer.
Publication 2025
Éd. Arthémuse
99 pages
12€ + port
Bénéfices reversés
à l'Institut Curie pour
la lutte contre le cancer
« LES PLEURS DU MÂLE »
de René BONNET
La poésie comme salutaire exercice de concision et recherche du sens allié à la forme... L’auteur vise avec l’écriture de ces textes une excellence pétrie de bienveillance et d’humour. Jouer en ciselant chaque vers, se régaler de la polysémie et du rythme, nous sommes conviés par René Bonnet à un festin des sens présidé par la muse de la poésie
L'avis de l'éditeur
René Bonnet nous offre ici un véritable festin poétique, où chaque vers, ciselé avec soin, conjugue profondeur et légèreté. Un hommage brillant à l’art poétique.
[ Extrait ] « J’ai voulu écrire un livre avec quelques poèmes images,
À chaque chapitre, ils s’imposaient comme la pluie aux nuages.
Ils ont réduit l’espace et l’inutile, sources de confusions.
La phrase sans vers devenait ce qu’il y a de plus banal.
La poésie ramène tout à l’essentiel, sans aucune élision.
J’ai tout dit en musique, avec plaisir, un vrai régal ! »
Publication 2024
Éd. Panthéon
256 pages
22,90€ + port
Bonnetrene2@wanadoo.fr
« NUAGES D'AUTOMNE»
d'Angelo MANITTA
Seize poèmes inspirés des gravures de Marie-Colette Gazet–Vibien composent ce recueil de poèmes et le tout est formellement harmonieux. Le premier poème porte le même titre que le recueil Nuages d’automne et le contenu est lourd de signification tant il évoque une vision macabre du poète qui avance.
Chaque poème constitue une valeur ajoutée à chaque gravure que le poète révèle au gré de son imagination prodigieuse ou de son ressenti personnel. Si ces gravures lui parlent tant, c’est parce qu’il se sent en adéquation avec elles, donc ses mots les subliment, les magnifient.
Il y a toujours des vérités qui se révèlent tôt ou tard et on ne peut guère y échapper car elles nous apprennent à nous redéfinir chaque fois dans notre cheminement terrestre.
Le recueil de poèmes s’ouvre sur des « Nuages d’automne » et se termine sur des « Printemps lumineux ». C’est le renouveau car tout est un perpétuel recommencement. La vie continue.
Publication 2024 - Cahier des Passerelles n°55 - Tirage sur Papyrus Naturel 100gr en 70 exemplaires
Traduction de l'Italien par Jan Sarraméa
Gravures Marie-Colette Gazet-Vibien
30 pages
Broché : 5€ + port
manittaangelo@gmail.com
« LOUVE ET MÉTISSE »
de Pol LONGRÉE
Pol Longrée puise ici dans ses carnets de voyage pour offrir une vision colorée, à la fois philosophique et anthropologique, des régions, peuples et individus rencontrés au fil de ses pérégrinations, ferrées ou non. Cela se décline en cinq récits romancés, poétiques, parfois mythiques ou métaphysiques, inspirés de ses anecdotes et rencontres. Mais aussi... Onze poèmes se dissimulent entre les rails des récits.
L’auteur emprunte également, parfois, quelques « corridors » ou « souterrains », ces Couloirs du temps qui lui permettent d’apparaître à différentes époques d’un même lieu, ou de faire écho à des similitudes historiques à travers continents et siècles. Ces événements sont alors revisités dans une synchronie d'universalité.
Enfin, ces écarts poétiques l’amènent à interroger certains clichés historico-géographiques ou géopolitiques, avec un humour volontairement naïf mais un regard critique, parfois subversif face à l’Histoire telle qu’on la retient — souvent celle des vainqueurs.
Publication 2025
Éd. Dis petite unis vers demain
217 pages
15€ + port
PALMARÈS CONCOURS JEUX FLORAUX AZURÉENS 2025
Grand Prix du Jury 2025
Marc NIEUWJAER
ASSASSINS !
(terza rima)
Je pose mon buvard sur l’encre de mes mots
Pour éponger le sang de ma plume ulcérée,
Face à la barbarie, inculture des sots.
Menacer un gamin d’une dague acérée
Jusqu’à sabrer sa vie en un revers mortel,
Horrible élan brutal sur sa chair lacérée.
Banalisation de l’esprit criminel
Par des écrits sanglants, par des écrans coupables
De déshumaniser l’amour universel.
La tolérance est morte au milieu des minables
Asservis à la haine, assoiffés de terreur,
Pour asseoir leurs pouvoirs en vainqueurs pitoyables.
Assassins en puissance, ils cultivent la peur,
Au seuil de l’au-delà, repèrent leurs victimes
Pour tuer davantage, épandre le malheur.
Je crache mon effroi sur le sang de leurs crimes.
Les inscriptions sont ouvertes
du 1er janvier au 30 avril de chaque année.
Pour recevoir le règlement et la fiche d'inscription.
jeuxfloraux.azuréens@gmail.com
1er prix de poésie classique / néo-classique
Gérard BOUNI
RIVAGE
Sur la plage déserte, au pied des dunes grises,
La mer, se retirant, dévoile sur le sable
Un étrange poème écrit à l’encre brune
Par les algues laissées dans le ressac des vagues.
Poème naufragé, au goût de sel et d’iode,
Aux senteurs de varech et de goudrons mêlées.
Poème dédié au grand oiseau de mer
Qui est seul à savoir déchiffrer son message.
Le regard de l’oiseau, impassible et grandiose,
Peut lire sur l’estran délavé par la vague
Le sourire d’Ulysse au terme de l’errance
Et les larmes d’Ariane, esseulée à Naxos.
Dans les perles de jais qui brodent le rivage,
Il voit la tragédie des grandes marées noires,
La triste théorie de frères englués,
Crucifix mazoutés tout au long de la grève.
Dans la peluche bleue rejetée par la houle,
Il voit l’enfant tomber d’un canot en détresse
Et qui dort son sommeil dans des bras de corail,
Son front pâle, apaisé, couronné d’algues brunes.
Un enfant dont le pied ne pourra imprimer
Sa marque sur ce sable, à jamais refusé...
Et dans l’azur du ciel, les ailes déployées,
Le regard au lointain, médite l’oiseau blanc...
1er prix de poésie libre
Nathalie VINCENT-ARNAUD
CLARTÉ
On a rompu le pain
Le silence
Les trêves
Les os lourds de nos rêves
La glace où nous avons marché
Sans voir l’horizon s’achever
Sans cordes à nos amarres
Détachés
Des terres où les heures ont glissé
Sous nos portes absentes
On a levé un à un
Les voiles
Les ancres
Les couvercles de nos désirs
Les enfants endormis sur nos routes
De pas comptés
Et de rires aux aguets
Dans le soir arrosé
De nos clartés rebelles.
1er prix de prose poétique
Roselyne MORANDI
DANS L’AIR IMMOBILE
Martelant la poussière des chemins routiniers, l’averse sur les fleurs exaltait leurs corolles au tempo sans mesure de rafales frivoles, complainte sans paroles d’espérances troublées. Qui viendrait à sa porte, la prendrait dans ses bras, la serrerait contre son cœur et, caresse sur son visage, caresse sur sa peur comme écume venant s’épancher au rivage, lui dirait dans un souffle : « Pleure, je suis là pour toi » ?
Assise au pied d’un chêne, à l’orée d’une clairière satinée de lumière que les feuillages, bercés par une brise légère, ponctuaient d’ombres passagères, elle était coiffée d’un grand chapeau de paille tressée dont les larges bords camouflaient aux regards le haut de son visage, son profil de médaille, ses yeux sans fard.
Au creux de sa jupe fleurie, elle avait posé les mains sur des feuillets épars. L’on pouvait deviner l’ébauche d’un paysage au sortir de la brume, farandole d’ arabesques, de lettres en chemin ; lettres balbutiées au bercement léger du clapotis de l’eau, tout en bas du sentier, sur les berges du lac enluminé d’azur naissant et scintillant à foison de frémissements d’argent.
Il la voyait libre, il la voyait forte, et belle d’une beauté diaphane, intemporelle. Elle était son rêve, celui d’un autre monde, celui d’un paradis d’images vagabondes.
Ainsi la voyait-il, image en lui réelle, vêtue de sa longue robe aux fleurs pastel, marcher à la tombée du jour, vive et légère, sur le chemin boisé menant à la clairière, s’assoir au pied du chêne, éprise de douceur,
rêveuse, égrenant une histoire émouvante ornée de mille couleurs, envoûtante ; peut-être la leur, ou celle d’un ailleurs...
Il ne la voyait pas douloureuse, écorchée, brisée d’insondable douleur lancinante ou bien parfois sournoisement absente, fulgurantes espérances aussitôt déjouées.
Au fil insaisissable des saisons blêmissantes il la voyait sereine, sereine et conquérante. Que pouvait donc offrir cette image brillante au miroir de son rêve ? L’émoi d’une eau dormante ?
Assise au pied de l’arbre à la tombée du jour, écrivait-elle, les yeux clos, ce mal d’amour muselé, muré dans un silence de catacombes ?
Sa plume sur le papier froissé frissonne d’ébriété.
Que renaisse le flot des paroles chéries, des pleins et déliés scellés, inertes en eaux profondes ; que rejaillisse enfin leur source au ciel de la Grande Ourse en liesse libérée, bienfaisante, une, féconde.
Il s’approcha d’elle, posa sa main sur la sienne, sur les feuillets grisés de peine, tourna son visage vers le sien, prit de sa main la plume abandonnée.
Il écrivit le mot « Tendresse » d’une étreinte fébrile, l’orna d’un ruban de « soi » et, dans l’air immobile, le fit voguer, du coucher du soleil au lever du jour, sur les eaux chuintantes d’un océan d’amour.
La serrant contre son cœur, tendre îlot de douceur, il lui dit :
« Pleure, je suis là pour toi »
Photo de couverture
Sentier des douaniers
Cap d'Ail
Photo de couverture
Menton - vieille ville
Photo de couverture
Vue de Cannes depuis
l'île Sainte-Marguerite
Photo de couverture
Depuis les hauts de
Beaulieu-sur-Mer
Hommage à Vital Heurtebize
Ces recueils, fruits des voix poétiques rassemblées par les Jeux Floraux Azuréens depuis 2022, sous l'égide de Poètes sans Frontières (association à but humanitaire) et la revue L'Étrave, rendent un bel hommage à Vital Heurtebize, poète passionné, passeur de mots, et infatigable artisan de la beauté littéraire. Par son engagement, il a su éveiller, encourager et unir des générations de poètes autour d’un idéal commun : celui d’une poésie vivante, sincère, lumineuse et Humaine.
Que ces pages prolongent l’écho de son souvenir et célèbrent l’empreinte indélébile qu’il laisse dans le cœur de la poésie francophone !
© Nathalie LAURO
LES PUBLICATIONS SEMESTRIELLES @ LUNA ROSSA
Présentation
La parole poétique ne sublime pas le langage courant : c’est celui-ci qui, devenu poème oublié, laisse à peine entendre un appel — signe d’un espoir persistant. Le poème surgit dans le langage le plus ordinaire, révélant un instant insaisissable, hors du temps mesuré. Comme en musique, son unité naît d’une tension entre rupture et continuité.
La poésie ne suit aucune méthode ; elle cherche sans fin une nouveauté toujours échappée. Le lien entre les mots est à la fois désiré et indescriptible.
Ainsi s’achemine-t-on vers la parole.
À propos de l'auteur
Professeur de Philosophie et de Psychologie aux Instituts Universitaires de Formation des Maîtres de Dijon et de Macon, Professeur à l’École Supérieure de Commerce de Dijon, Membre du Jury Haut Enseignement Commercial et Chargé de Cours à l’Université de Dijon.
Auteur d’une trentaine d’articles et correspondant
aux Éditions Ellipses de Paris.
55 pages
13€ + port
Commander le recueil auprès de l'auteur.
christianeetdenis.prost@gmail.com
Présentation
Un voyage sensible et contrasté entre l’élan amoureux et la mélancolie existentielle.
Structuré en deux volets « Coups de Cœur », vibrant d’amour et de lumière et « Coups de Blues », plus introspectif, empreint de solitude, de doute et de spleen — ce recueil explore avec tendresse la condition humaine, entre passion et douleur. La plume lyrique, souvent imagée et musicale, tisse une poésie accessible, profonde et sincère, où la nature, le rêve et l’émotion s’entrelacent dans une quête de beauté et de sens.
Ce recueil est le témoignage d’expériences personnelles et chaque texte est dédié à un personnage réel.
À propos de l'auteur
Claude Gil est quelqu’un de profondément optimiste, sensible et romantique mais aussi déterminé et persévérant. Passionné par les récits qui invitent à l’évasion ainsi qu’à l’aventure il est également très inspiré par les sentiments forts qui ne manquent pas de naître quand l’amour croise son chemin ! Son envie d’écrire lui est venue naturellement en découvrant des histoires avec des personnages souvent mythiques qui doivent s’engager afin d’accomplir leur « légende personnelle », comme le dit Paulo Coelho.
Illustrations couleur Lola Pohu
57 pages
14€ + port
Commander le recueil auprès de l'auteur.
claudegil@orange.fr
Présentation (extrait de la préface)
Le recueil de poèmes est un dialogue intérieur écrit en haïkus entre moi et toi, entre moi et moi : chaque haiku en trois lignes (page paire) donne origine à un éco de réponse en une ou deux lignes (page impaire). Les fleurs bleues des jardins, des champs, des bois entrent en résonnance avec le ciel, la pluie, la brise, l’aube, la douleur, l’amour, les adieux, les espoirs. Le bleu des choses fragiles sans nom.
La traduction est assurée par l’autrice, ce qui permet à chaque haïku de rester fidèle à sa pensée. La version française et la version portuguaise transmettent la même émotion.
À propos de l'autrice
Zlatka Timenova vit au Portugal depuis 1994. A enseigné la langue et la littérature françaises à l'Université de Lisbonne. Ses recherches portent sur la littérature française, la théorie de la traduction et sur les littératures comparées. A publié huit collections individuelles de haïkus en bulgare, français, portugais. Ses poèmes sont traduits en anglais, japonais, arabe et en vietnamien. Participe à plusieurs anthologies de haïkus, publiées en France, en Bulgarie, au Vietnam et au Japon. A gagné plusieurs prix internationaux au Japon et en France.
Recueil bilingue français / portugais
85 pages
13€ + port
Commander le recueil auprès de l'autrice
ztimenovav@gmail.com
Présentation
Recueil de poésie néo-classique sur le thème de la grande crise économique des 80's en Angleterre et de ses ravages.
Voici en poésie le Liverpool que Nathalie a connu dans les 80's.
Ce recueil de poésie est dédié à tous ceux qui avaient sombré, à l’époque de la grande crise économique et à tous ceux qui n’ont pas su ou pu rebondir en participant aux nombreux projets de reconstruction et de réhabilitation urbaine.
À propos de l'autrice
Écrivaine, poétesse et artiste numérique, Nathalie Lauro peint et dessine également. Elle travaille à partir de ses photos shootings. Elle aime photographier les villes comme Berlin, Londres, Paris, Hambourg et Amsterdam mais sa préférence va vers le Sud, la Méditerranée, le soleil, les couleurs, les lumières et la Dolce Vita, sans oublier les Alpes qu'elle affectionne tout particulièrement. Présidente de l'association Luna Rossa et Directrice du Journal Poétique de Luna Rossa.
Nouvelle couverture
Poésies et photos
69 pages
14€ + port
Commander le recueil auprès de l'autrice.
Site de l'autrice
FLASH SUR LES POÈTES PUBLIÉS @ LUNA ROSSA
Voici les poétesses et les poètes qui nous font confiance depuis la création des Éditions Luna Rossa en 2021. Cliquer sur leurs noms pour accéder à la chronique auteur de chacun et découvrir également quelques-uns de leurs poèmes depuis la couverture des recueils.
NOTRE ANTHOLOGIE 2025
À PAS DE VELOURS,
Les chats, ces êtres énigmatiques et fascinants, traversent nos vies avec une élégance qui défie le temps. Leur regard perçant, leurs mouvements gracieux
et leur aura inspirent depuis toujours artistes, écrivains et rêveurs.
Ce recueil de poésie est une ode à leur essence,
à la fois familière et envoûtante.
NOS POÈTES POUR CETTE ÉDITION :
José GUIRAO, Patrick GILLARD, Nathalie LAURO, Benoit ASSELIN, Claude DUSSERT, Serge LAPISSE, Catherine ANDRIEU, Martin ZEUGMA, Jean-Jacques CAMY, Georges JUANPERE, Étienne BUSQUETS, Lola BERTHOMÉ, Jean-Marc LAINELLE, Patrick GILLET, Yolaine BLANCHARD, Marie-Claude JASLET GUEZEC, Marta CARRASCO, Stephen BLANCHARD, Olivier Félix HOFFMANN, Willa PEETERS, Léon BRALDA, Dorotea PANTALEONE, Charlie M’MC, Emy BOUVIER-OLSON, Margueritte CÈDRE, Hervé RIBERT, Carolyne CANNELLA, Laurent POLIQUIN, Jean-Louis HIVERNAT, Didier COLPIN, Gaël SCHMIDT, Annabelle CAMPILLO, Matthieu CONZALES, Yve BRESSANDE, Jean-Marie LECLERCQ, Laure FERROUD PLATTET, Élisabeth SIMON, Louis MATHOUX, Mohamed MLEIEL, Christophe ROBLET, Lucie BOULANGÉ, Luc ROSE, Denise HUBERT, Claude BUGEIA BELIAEFF, Gisèle MAYET-ALBAGNAC, Lory ANN, Pascale FLORANT, Françoise MAURICE, René BONNET, Jo CASSEN, Jassem GHERRAM, Pierre QUANDALLE, Daniel AUGENDRE, Michael QUENUM, Christian MARTINASSO, Jacques BELLEZIT, Patrick LEFÈVRE, Marc HONNAY, Ezechiel LUCCÉ, Pierre RIVE, Gérard BOHEC, Christophe ROBLET, Philippe PAUTHONIER, Jean-Claude FOURNIER, Gisèle MAYET-ALBAGNAC, Philippe MINOT, Patrick GILLARD, Odile STEFFAN-GUILLAUME, Erick GAUSSENS-HILLWATER, Michel-A CHISTIAENS, Alain LERÊVEUR, Anne BROUSMICHE et Marius DAULT.
INFORMATIONS
L'Aclam est également soutenu par La Société des Poètes Français et La Société des Poètes et Artistes de France.
Voici les coordonnées pour ceux qui seraient intéressés d'en savoir plus comme le concours de poésies...
L_ACLAM@hotmail.com (Luc Rose)
Nous sommes très heureux de vous annoncer notre nouvelle collaboration avec l'Association Culturelle et Littéraire des Alpes-Maritime qui est située dans la magnifique ville de Menton, à la frontière italienne. Voici en quelques mots les activités auxquelles nous participeront activement.
Ateliers thématiques d'écriture et de lecture tous les mercredis après-midi (dans le cadre enchanteur d'un bel établissement du bord de mer de Roquebrune Cap Martin) et qui seront bientôt proposés également en visio pour ceux qui habitent loin.
Conférences littéraires mensuelles à partir de septembre
Récitals au théatre Saint-Exupéry
Les ateliers d'écriture et de lecture thématique des mercredis à Roquebrune-Cap-Martin ❤️
Récital pour le Printemps des Poètes 2025 à la Salle Saint Exupéry de Menton.
Interludes musicaux avec Philippe et Denis Anno
Notre journal est référencé depuis février 2024 sur le site Entrevues*
https://www.entrevues.org/revues/journal-poetique-luna-rossa
*Site de référencement soutenu par France-Culture, IMEC, Marché de la poésie, École Estienne, DIACRITIK, EN ATTENDANT NADEAU, Centre National du Livre, Région Île-de-France, Fondation FMSH et Mairie Paris Centre
*Organisateur du Salon de la revue
Halle des Blancs Manteaux
48, rue Vieille du Temple
75004 Paris
PARTENARIAT / COLLABORATION DEPUIS 2023 :
CONCOURS DE POÉSIE POUR LES ENFANTS
FRENCH HERITAGE SOCIETY
(chapter North California)
Concours de poésie à destination des écoles françaises, de français et des élèves français, francophones et francophiles de l’ouest américain : Californie, Arizona, Nevada, Colorado, Nouveau Mexique, Alaska, Hawaii, Idaho, Montana, Oregon, Utah, Washington, Wyoming et les îles du Pacifique sous juridiction américaine, Guam et Samoa, la Polynésie et Wallis et Futuna.
La cérémonie de remise des prix pour les gagnants de la baie de San Francisco : @ la Résidence de France, en présence du Consul et @ l'International School of Los Angeles.
La cérémonie (en ligne) de célébration des participants et des gagnants auront lieu en octobre et novembre
Invités : participants, gagnants, professeurs, parents, amis, membres du jury et sponsors du concours.
(Dates précisées ultérieurement)
Notre anthologie « La Grande Guerre » sortie le 11 novembre 2022... référencée à L'Historial de la Grande Guerre, situé à Péronne, dans le département de la Somme.
C’est à la fois un musée de la Première Guerre mondiale, un centre international de recherches et un centre de documentation. C'est un « Musée de France ».
Nous sommes très fiers et remercions infiniment le poète Pierre Quandalle et son épouse qui ont fait les démarches en notre nom.
Association Poétique Luna Rossa est partenaire avec :
Poésie du point du jour, l’Association des Membres des Palmes Académiques, le Lions Club International, le club Paris-Sologne, Rencontres Européennes-Europoésie, la Société des Poètes et Artistes de France, les Poètes de l’Amitié-Poètes sans Frontières, la Société des Poètes Français, les éditions Acala, les éditions et la revue Traversées, l’Association des Écrivains et Artistes Paysans, le Salon des Poètes de Lyon, Art et Poésie de Touraine, les Lettres et Arts Septimaniens, l’Académie des Sciences, des Arts et des Belles Lettres de Mâcon, la Société des Artistes et Poètes de France, la Ronde Poétique, l’Académie Renée Vivien, l’Académie de Villefranche sur Saône et du Beaujolais et les Rencontres Vaugelas.
pour l'organisation du
GRAND PRIX INTERNATIONAL ARTHUR RIMBAUD
NOS CORRESPONDANTS ( cliquez sur les liens pour accéder aux informations)
Italie (Turin) - Carla Mancuso
Italie (San Remo) - Antonella Rizzo
USA - Côte Ouest / Îles Pacifiques - Thomas Célérier
Canada (Québec) - Jane Lamarthe
REVUES AMIES
(Cliquez sur les noms pour accéder aux détails de chaque revue)
Il Convivio (Italie)
Traversées (Belgique et Luxembourg)
Ressacs - (Sénégal)
Cirrus Tankas (Canada)
Atlas poetica - A Journal of World Tanka (USA)
Montauriol Poésie (revue occitane)
NOTE AUX POÈTES ET ARTISTES
Le journal est consacré à l'art et à la poésie.
Nous vous rappelons que les publications doivent être validées par la rédaction au préalable. Elles doivent également respecter nos conditions et les photos de créations artistiques ou textes « jetés en vrac » sans aucun message ne recevront pas de réponse de notre part ainsi que les mails dénués d’un minimum de politesse et de courtoisie.
Les publications sont payantes car nous ne demandons pas de cotisation obligatoire à l'Association. Nous réalisons, néanmoins, un gros travail de promo de notre journal qui est diffusé très largement en France et à l’international, gratuitement, et qui reste disponible à tout moment sur notre Site web Luna Rossa
Une publication dans notre journal, vous permet de bénéficier d’une belle visibilité supplémentaire intéressante (le détail des actions de promotion peut être fourni sur demande).
Pour être publié gratuitement, vous pouvez poster votre actualité poétique et vos poésies sur le groupe FaceBook de notre présidente Nath-Alice Lauro (Association Poétique Luna Rossa).
NOTE AUX LECTEURS
ATTENTION !
La version est une version pour ordinateur, de ce fait, les lecteurs qui utilisent le téléphone ou la tablette risquent de découvrir une mise en page décalée.