Les enfants


1556 - Déclaration de grossesse et infanticide

Par ordonnance qui sera régulièrement lue en chaire sous l'ancien régime, le roi impose aux femmes non mariées de déclarer leur grossesse dans le but d'éviter les infanticides. Cette déclaration se fait généralement au bailliage mais si ce n'est pas possible elle peut se faire auprès du curé de la paroisse


Ordonnance de Henry II de l'an

1556 sur le fait du recellement de

grossesse et périssement d'enfans



Parce que plusieurs femmes ayant conceu des

enfans par des moyens déshonnestes ou autrement persu-

adées par mauvais vouloir et conseil, déguisent, occul-

tent et cachent leurs grossesses sans en rien découvrir

et déclarer, et advenant le temps de leur part délivran-

des de leur fruict occultent ladite délivrande puis

puis le suffoquent, meurtrissent et autrement suppri-

ment sans leur avoir fait impartiss impartir le

saint sacrement de baptême. Ce fait les mettent en lieux

secrets et immondes ou enfonsoient en terre profane,

les privans par tel moyens de la sépulture coutu-

mière des chrétiens. Ordonnons que toute femme

qui se trouvera deuement atteinte et convaincue d'avoir

celé, couvert et occulté tant sa grossesse qu'enfante-

ment sans avoir déclaré l'un ou l'autre, et avoir

pris de l'un et de l'autre tesmoignage suffisant, mesme

de la vie ou mort de son enfant lors de l'issue de

son ventre et après se trouve l'enfant avoir esté

privé tant du saint sacrement de baptême que

sépulture publique et accoustumée, soit telle femme

tenue d'avoir homicidé son enfant et pour répara-

tion publique, punie de mort et dernier suplice

de telle rigueur que la qualité particulière du

cas le nécessitera.

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1713 - Une déclaration de grossesse


Le quinzième jour de décembre mil sept cent treize

s'est présentée devant nous prêtre soussigné, Marie

Hélix fille de David Hélix et d'Anne Gâté, laquelle,

se trouvant grosse depuis huit mois ou viron, a pour se

mettre à couvert du mauvais dessein et du soupçon qu'on

auroit qu'elle en feroit un mauvais usage a déclaré en la

présence de Jacque Ramard et Pierre Legentil que l'enfant

dont elle est enceinte est des œuvres de François

Rivière1


____________

Notes :

1 La Haute-Chapelle EDPT33_22 vue 148


1774 - Enfant abandonné à Nonant-le-Pin

L'an mil sept cens soixante quatorze, le sammedy deuzième

jour d'avril, à une demie heure de matin, Margueritte Patté,

femme de Jacques Cheron, s'étant levée à l'occasion d'un

de ses fils qui étoit malade d'une collique, laquelle aiant entendu

la voix d'un enfant exposé au pignon de l'auberge qui a pour enseigne

La Croix Blanche, où demeure le sieur Claude Lainé aubergiste du coté

de la place publique du bourg de Nonant, laquelle Patté touchée de

l'état dangereux où se trouvoit cet enfant exposé sur une patte1 de cave

sous terre du coté de la place publique et à la pluie qui tomboit

abondamment, a fait lever ses voisins pour venir voir cet enfant qu'on

n'a osé lever sur le champ et, étant venu au nombre de quatre

personnes avertir le sieur curé de cette exposition, lequel leur auroit

conseillié de tirer cet enfant du danger où il se trouvoit et de le mettre

chez quelque femme voisinne pour l'alaiter jusqu'à ce qu'on pût

assembler la paroisse pour aviser à sa conservation, n'aiant pu faire

d'assemblées à l'heure qu'on a levé l'enfant de place et ne pouvant

pas même faire usage des cloches conformément à l'usage de

l'église mais aiant attendu à deux heures de l'après-midy du même jour,

après avoir fait sonner la cloche en tocsin pour assembler les

paroissiens. Lesquels assemblées, la nommée Marie Malzie, femme de

François Briot, chez laquelle l'enfant avoit été mis en garde

à une heure du matin, laquelle a présenté le dit enfant que le

sieur Lefrançois, maître chirurgien dudit lieu, a reconnu être une

fille qui paroit agée de viron quinze jours, enveloppée d'une chemyse

de grosse toile, de deux couches, d'un vieux langet ou quartier d'une veille

ou mauvaise couverture, d'un vieux corset de philoselle qui paroisoit à

l'usage d'un enfant de dix ou douze ans, ledit corset est doublé de

cotonade bleue et à des paremens roux, aiant à la tête un beguin garni

de mousseline rayée, un bonnet d'étoffe rouge bordé d'un ruban blanc

et par dessus une coiffe de mousseline rayé. Aiant examiné toutes les

hardes et linges dudit enfant, il ne s'est trouvé aucun billet ou marque qui

indiquât que l'enfant fût baptizé. Et vu le péril de mort, elle a été

baptizée sous le doute qu'elle ne le fût pas, et cela le même jour à trois heures

de l'après-midy par maître Jacques Desmares, pbre vicaire, qui a été nommée par Jean

Jacques Lefrançois et par Anne Françoise Boschet qui lui ont donné le nom

d'Anne Françoise, n'aiant aucune connoissance de père ni de mère. Le contenu du

présant a été fait à la porte de l'église en présence de nous, prêtre curé de

Nonant, assisté des sieurs vicaires dudit lieu, de François Lefrançois

la couture, maître chirurgien, de Jacques Boisard, de René François Des

Douits et de Jean François Phrédérique Lefrançois et de plusieurs autres

qui ont déclaré ne scavoir signer. Lequel enfant a été confié, du

consentement des paroissiens, à la nommée Marie Malzie, femme de

François Briot qui s'est obligée l'alaitter et l'entretenir de linge

jusqu’à nouvelle ordre en lui paiant ce qui sera juste par chaque mois.

Fair ce jour et an que dessus


4 signatures2

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Notes

1 Mot bizarre : peut-être "porte"

2 AD61 Nonant le Pin E dépôt 336/22 vue 44

1767 - Jurande de sage-femme à Sainte-Honorine-la-Guillaume

Le dimanche dixieme may mil sept cent soixante sept, après

les complies dans le chœur de nôtre église devant

nous Jacques Deshayes, prêtre, curé de cette paroisse

de Ste Honorine la Guillaume soussigné, Jeanne Angot

femme de Fabien Peschet nôtre parroissienne, laquelle

faisoit cy devant la fonction de sage-femme

dans nôtre dite parroisse

avec honneur et applaudissement du public, a été reçue

pour exercer l'office de sage-femme et a fait serment

entre nos mains suivant la forme prescrite dans le

Rituel, en la présence de Mr Delahaye archidiacre du Houlme,

du Sieur Lelièvre, prêtre curé de Marcey, du Sieur Guillaume

Bain, nôtre vicaire, et de plusieurs de nos parroissiens

soussignés, notamment Joseph Marie, sacriste, Jacques

Louvel, fermier de la Bocherie, Jean Rabot, fermier de la

Bouvettière, Nicolas Bordel, fils François, et de plusieurs

autres.

signé

Lahaye, Lelièvre, Bain, Bordel Deshayes1

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Notes

1 AD61 Ste Honorine la Guillaume 1767-1787 vue 8.

(On notera que le texte ci-dessus diffère notablement de celui mis en ligne par les AD (celui des AD est extrait de la collection dite "du greffe" -3E2/408- et celui-ci de la collection communale -EDPT411-)


1726 - Enfant d'un premier mariage né dans le second mariage à la Motte-Fouquet


Le diseptieme (sic) jour d'octobre mil sept cent vingt six

nous soussigné, prêtre, curé de la Motte Fouquet, en présence

de Pierre Crespin et Guillaume Tréhard de notre paroisse,


à la réquisition de Marguerite Granger, femme de Julien

Courgenouil et veufve de feu Julien Cocart, cerifions

nous estre transporté au lieu de la Basse Cour en laditte

paroisse où laditte Margueritte Granger nous a fait

déclaration en présence desdits themoints sousignés, que la

fille dont elle vient d'acoucher est du fait et des propres

œuvres dudit feu Julien Cocart son premier mary décédé

le vingt neuf janvier de la présente année et qu'elle estoit

enceinte sans le scavoir lors de son mariage avec ledit

Gatien Courgenouil en dapte du cinq may dernier. Pourquoy

nous avons reçu la déclaration comme il est dit cy-dessus

pour servir en temps que besoin sera, le jour et an que dessus


G Trehard P Crespin

De Recalde

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Notes

La Motte Fouquet - AD61 Edépôt 87/4/2 vue 39

1606 - Le père de l'enfant est un prêtre

La reconnaissance d'un enfant "naturel" est chose assez fréquente au XVIIe siècle. Si le père ne peut ou ne veut épouser la fille qu'il a engrossée (noble, prêtre...), il l'indemnise et souvent se charge de l'entretien du nouveau-né.

Fut présent vénérable personne messire François Le

Feb Feubvre pbtre de la parroisse de la

Courbe et bourgeois du Chasteau

Gontier sur Orne, lequel pour demeurer

quitte envers Jehan Blanchard filz

de deffunt François et Perrine Blanchard

sa sœur aussy présentz en personne de la

parroisse de Saint Hillaire de tout ce que

de quoy lesdicts Blanchard frère et sœur

eussent voullu ou peu rechercher ledict

Le Feubvre. Dist ladicte Perrine luy avoir

esté consceu et engendung enffant

par ledict Le Feubvre dont pour finir et

évitter à toutte requerre1 de procès, icelluy Le

Feubvre a donné et promys payer à ladicte

Perrine en la présence de sondict frère

la some de xxxiii livres tournois2 avecquez

une vache et son escroix3 en tant que

la part qu’il luy pouvoyt apartenir qui est en

à présent en la maison dudict Jehan Blanchard

et six bestes bergines, à payer ladicte

somme de trente \troys/ livres par termes, estant

six huict livres cinq sols tournois par

chacun terme dont le premyer terme

de payer sera au jour de noël prochain en ung

an et ainsy pour ladicte vache

ilz l’en ont tenu quitte\ pour ce qu’elle [est déjà là] et [pour les ]

six bestes bergines, il sera tenu les [...]

bailler à ladicte fille au jour Sainct

Michel prochain et pour ledict enffant

ledict Le Feubvre en demeure chargé

pour le faire nourir tout et ainsy

qu’il advisera bien estre. Et par ce moyen

ils sont demeurés d’accord quittes, a-

quittés les ungs vers les aultres xxxx

de touttes choses généralement quelconques

de tout le passé jusques à ce jour

sans à jamays sens fere auchune

recherche, sur l’obligation de tous leurs

biens et promys en acquitter ledict Le

Feubvre vers touttes personnes en payant

ladicte somme contenue en ce présent dont etc

et quant s’obligent respectivement etc

Présent noble Guillaume Soucquet sieur dudict

lieu du Chasteau en partye et

François Robillard et Pierre Blanchard

dudict lieu de Sainct Hillaire4.


________________

Notes :

1 Mot incertain ( le mot requerre existait = demander, attaquer)

2 33 livres

3 Son veau

4 AD61 4E106/2


1665 - Le père est en fuite

Dans ces trois actes, on découvre une procédure complexe (officialité, bailliage) pour obtenir une indemnité suite à une naissance illégitime. Les choses se compliquent puisque le père de l'enfant est en fuite. Ce sera donc au grand-père de payer. Lorsque celui-ci décède la dette de 40 sous par moi est transmise aux frères du fuyard.

manque la date1

Acort a été faict entre Marguerite Cheradamme

demanderesse en promesse de mariage et pour estre des

deschargée d’un enfant qu’elle auroit produict et

enfanté d’une part et Charles et Guillaume \François/ Esnault

père et fils, ledict François absent, sur la poursuite

que faisoit ladicte Cheradame cont en la court

eclésiastique 2 à Sée, sur laquelle il a esté ordonné

par défault et constumace que ledict François Esnault

ne poura convoler par mariage à autre qu’à ladicte

demanderesse jusques à ce que par justice en ait esté

autrement ordonné \comme ledict enfant ayant esté conseu de ses œuvres/ et pour les intherests les parties

renvoiées à l’ordinaire à Falaise en la juridiction du

baillage et permis porter l’enfant en la maison

dudict Charles Esnault, père dudict François. À raison de

l’absence d’iceluy aujourd’huy, ils ont accordé ce qui

ensuit : c’est à savoir que ladicte Marguerite demeure

chargée de la garde et nouriture dudict enfant qui

est un fils par ce que ledict Charles Esnault a promis

et s’est obligé paier à ladicte Marguerite, la somme de quarante

soubz par chasque mois et \pour/ demeurer lesdicts Esnault

quitttes de tous les frais cy devant faict ensuitte

de ladicte action, ledict Charles s’est obligé paier la

[somme...................................................................

…........... prochain venant, sauf............................

de ladicte Marguerite à poursuivre ses …............. .]3

ledict François ainsy qu’elle avisera bien estre sans

y apeller ledict Charles. De ce que dessus, lesdictes parties

furent content et d’acort et à ce tenir obligèrent

respectivement biens. Et présents Jean Le Héricy et

Julien Poullain ... tous de St Martin l’Esguillon

tesmoings. En glose : mars, comme ledict enfant ayant

esté engendré4 de ses œuvres,

aprouvé, présents lesdicts tesmoings


- 3 signatures : Esnault, Lehéricy, Poullain

- un merc : Marguerite Cheradame

Et du depuis, les dites parties sont demeurées d’acort

que ledict Charles Esnault ne paira à ladicte

Marguerite Cheradamme que vingt soubz

par chasque mois sauf à elle à

poursuyvre le surplus sur ledict François

Esnault sans y appeler ledict Charles. Faict ledict

jour et an que dessus en présence de Jean

Lehéricy et de Julien Poullain

de St Martin l’Esguillon, tesmoings

- mêmes signatures, plus une non déchiffrée

Le vingt-neuf iesme jour de juillet

mil six cents soixante cinq5

Furent présents Guillaume et Michel

Esnault, frères, de St Martin

L’Esguillon. Lesquels à l’instance de

Marguerite Cheradamme ont recongnu que

l’escrit cy dessus est le propre faict,

seing, promesse et obligation de feu

Charles Esnault, leur père, lequel ils

promettent entretenir sur l’obligation y

contenue sauf leur débat et réserve

comme il advisera bien estre. Présentz Guillaume

Barbey et Marin Mauger le fay Tesmoins


Mercs et signature 6

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Notes :

1 Le haut du document a disparu, réduit en poussière. On verra plus loin qu’il manque quelques lignes au verso.

2 L’officialité

3 Verso de la page d’où lignes inintelligibles (voir 1)

4 Diffère de l’interligne (conseu)

5 La naissance est donc bien antérieure puisque Charles Esnault est décédé depuis. On notera aussi que le père de l’enfant semble toujours absent.

6 AD61 4E96/67