Pédagogie numérique

Le numérique, un outil

De la même façon que Célestin Freinet a trouvé dans l’intégration de l’imprimerie dans sa classe une formidable occasion de transformer son enseignement, le numérique appelle chaque enseignant à s’interroger sur ses pratiques et, ce faisant, à les remettre en cause pour les faire évoluer. Aucun modèle pédagogie préexistant n’a été pensé pour l’arrivée du numérique. Même les pédagogies nouvelles sont, sur ce point, dépassées tout simplement parce que, en leur temps, elles n’ont pas eu à se poser la question de l’intégration du numérique. Faut-il pour autant parler de pédagogie numérique, de pédagogie du numérique ? Cela a-t-il d'ailleurs un sens ?

Et voilà : la pédagogie numérique n’existe pas. Cela serait certes plus simple, mais tel n’est pas le cas. Le numérique est un outil. C’est-à-dire une extraordinaire potentialité. Sans l’œuvre des enseignants, cet outil, aussi performant soit-il, s’il est entravé dans des usages anciens, s’il n’est pas accompagné par les usages nouveaux qu’il appelle, sera, au mieux, inefficace, au pire néfaste pour les apprentissages.

Le numérique, un outil

Lorsqu’on observe une séance en classe où le numérique est utilisé, que voit-on ? Bien souvent, toute une classe d’élèves, à deux ou trois derrière un ordinateur qui essaient de répondre aux sollicitations d’un logiciel et un enseignant, courageux, qui galope de table en table, de poste en poste. Le résultat ? Sur les apprentissages, relativement faible et sur la satisfaction de l’enseignant, le sentiment de nager à contrecourant tout en faisant pourtant ce qu’on attend de lui : utiliser les ordinateurs.

Le principal problème vient en réalité du fait que les enseignants tentent de transposer leurs pratiques anciennes sur les nouveaux outils numériques. Autrement dit, ils tentent d’utiliser de nouveaux outils de la même façon, avec les mêmes gestes, qu’ils utilisaient leurs anciens outils.

Cela revient, comme le dit si bien Marcel Lebrun, à tenter de battre un tapis comme cela se faisait avant, mais avec un aspirateur, avec le même geste : cela ne marche pas ! Seule l’action de l’enseignant pourra rendre efficient ce potentiel renfermé dans l’outil numérique.

Que peut apporter le numérique à l’école ?

D’abord, ne laissons pas penser que le numérique est indispensable : on peut enseigner sans le numérique. On peut aussi enseigner sans stylo, sans ardoise ou sans photocopieur. Mais s’il s’agit d’une simple transposition d’un outil désuet vers un outil rutilant et moderne, autrement dit, si l’objectif est de faire la même chose qu’avant, mais sur du matériel informatique, qu’avons-nous à y gagner? Peu de choses.

Le modèle SAMR

Le modèle SAMR, représenté ci-dessous, illustre parfaitement tout l’enjeu des différents niveaux d’intégration du numérique dans la pédagogie. Il détaille quatre étapes, allant de l’amélioration vers la transformation de la pédagogie. Le postulat est que le numérique ouvre de nouvelles voies d’exploration.

  • La première tentation, la plus facile en apparence au moins, est la substitution. Le numérique est considérer comme un outil qui vient remplacer les outils anciens, mais n’apporte rien de supplémentaire.
  • La deuxième marche est l’augmentation. Le numérique remplace les anciens outils, mais apporte quelques améliorations fonctionnelles.

Dans ces deux premières étapes, le numérique apporte un peu de confort et d’efficacité dans le meilleur des cas, ou rien de réellement tangible.

  • Le troisième moment est celui de la modification. Le numérique vient modifier la tâche de l’élève.
  • Enfin, la redéfinition considère le numérique comme fécond en ce qu’il propose des tâches nouvelles, qu’il n’était pas possible de concevoir avant l’arrivée de l’outil.