Articles portant sur les effets potentiellement indésirables du port du casque. Les titres et résumés sont traduits de l'anglais. Les articles originaux ne sont généralement pas téléchargeables sur le site de l'éditeur. Si vous êtes intéressé·e par un ou plusieurs articles et/ou souhaitez faire un commentaire ou une suggestion: merci d'envoyer un email à cascologie@gmail.com
A. Fyhri et al. Transportation Research Part F. 58 (2018) 329–338
Résumé: Il a été suggéré que les avantages en matière de sécurité du port du casque à vélo sont limités par la compensation du risque. La présente étude contribue à déterminer si les effets potentiels sur la sécurité du casque à vélo sont réduits par la tendance des cyclistes à rouler plus vite quand ils les portent (phénomène de compensation du risque), et si cette réduction potentielle peut être associée à un changement du risque perçu. Une étude antérieure (Fyhri et Phillips, 2013) a montré que les utilisateurs non-habituels du casque n'augmentent pas leur vitesse immédiatement après avoir reçu un casque à porter, tandis que les utilisateurs habituels de casques roulaient plus lentement [NDR: après qu'on leur ait enlevé leur casque]. La présente étude vérifie si la réduction de vitesse précédemment constatée en réponse au retrait du casque - en tant que mesure indirecte de la compensation du risque - peut également être établie chez les utilisateurs non habituels du casque, après une période d'habituation au vélo avec un casque.
Nous avons pour cela mené un essai croisé randomisé, dans lequel nous avons utilisé les vitesses obtenues par un système GPS et les perceptions autodéclarées [NDR: par les cyclistes] du risque. Pour tester l'effet de l'habituation, nous avons utilisé un protocole où chaque participant a pris part à deux sessions de deux voyages avec une pause entre chaque tour. Nous avons collecté les données en juin 2015. Les utilisateurs non-habituels de casques (N = 31) ont été recrutés sur le terrain (le long des pistes cyclables à Oslo) et à travers un échantillon tiré du registre national des propriétaires de vélos. Dans la première phase de l'étude, tous les participants ont été invités à effectuer un parcours test (2,4 km en descente) avec et sans un casque. Au cours de la deuxième phase de l’expérience, menée après une heure et demie à une heure, les mêmes participants ont refait le même parcours, avec et sans casque. Dans l'intervalle entre les deux phases de l’expérience, des casques ont été remis à tous les participants, auxquels il a été demandé de les utiliser sur un parcours sur piste cyclable prédéfini.
L’habituation au casque entre la première et la deuxième phase de l’expérience n’a conduit, dans le cas d'un retrait du casque, à aucune diminution de la vitesse au delà de l’effet d'habituation obtenu lors du premier tour (effet d'ordre). La différence moyenne de vitesse avec / sans casque avant la pause était de -0,76 km/h, après la pause cette différence était de + 0,32 km / h (intervalles de confiance à 95%: [-0.5, +2.9] et [-0.9, +1.5], respectivement.
Nous soutenons donc que la compensation du risque est un phénomène peu probable lors de l’utilisation d’un casque à vélo et ne peut probablement pas expliquer des effets indésirables résultant une législation sur le port du casque.
Le parcours de test (en vert), et la zone de mesure de la vitesse (en jaune). Données cartographiques de OpenStreetmap. (Figure 1 de l'article.)
Debnath, A.K., Haworth, N., Schramm, A., Heesch, K.C., Somoray, K.
Accident Analysis and Prevention, 115 (2018), pp. 137-142.
ABSTRACT: De nombreuses juridictions dans le monde ont adopté des lois imposant une distance minimale lorsque les véhicules à moteur dépassent des cyclistes, mais les recherches sur les facteurs qui influent sur les distances de dépassement ont conduit à des résultats inconsistants, ce qui indique la nécessité de nouvelles recherches.
La présente étude a examiné les facteurs qui influent sur le respect par les automobilistes de la règle légale concernant la distance de franchissement des vélos dans le Queensland, en Australie. Contrairement aux études précédentes, qui utilisaient des cyclistes bénévoles pour enregistrer les événements de dépassement, cette étude a été menée dans des conditions naturelles pour enregistrer les événements de dépassement pour lesquels ni les automobilistes, ni les cyclistes n'étaient au courant de l'étude. Cette étude a donc permis d'appréhender les «vrais» comportements de conduite des véhicules motorisés et des vélos lors des dépassement.
La probabilité de non-conformité était plus grande sur les routes à haute vitesse (limites de vitesse de 70 à 80 km / h) et plus faible (40 km / h) que sur les routes à 60 km/h, sur des sections de route courbes et sur des routes comportant des voies de circulation plus étroites. Les caractéristiques du cycliste (âge, sexe, port du casque, type de vêtement, type de vélo et conduite individuelle ou en groupe) n'ont pas eu d'influence statistiquement significative avec la conformité à la règle. Les résultats indiquent que les efforts visant à améliorer la sécurité des cyclistes lors des dépassements devraient se concentrer sur des facteurs non liés au cycliste, tels que les caractéristiques des infrastructures routières.
Radun, I., Radun, J., Esmaeilikia, M., Lajunen, T.
Transportation Research Part F: Traffic Psychology and Behaviour, 58, (2018) pp. 548-555.
Résumé: Certains chercheurs et de nombreux militants anti-casque [anti-helmet advocates] déclarent souvent que lorsque les cyclistes portent un casque, ils se sentent plus en sécurité et prennent plus de risques. Cette hypothèse - dite de compensation du risque - si elle est vraie, réduirait, voire inverserait les avantages présumés des casques pour la réduction des blessures à la tête. Cette hypothèse est donc souvent utilisée pour s'opposer aux lois rendant le port du casque obligatoire. Dans cet article, nous montrons comment l'une des rares études réalisées pour tester cette hypothèse relative à l'usage des casques de vélo a abouti à une conclusion erronée. En conséquence, il est souvent cité comme preuve de la compensation du risque. Étant donné le manque d'études expérimentales dans ce domaine de recherche, l'impact d'une seule étude sur l'opinion du grand public et des décideurs peut être considérable.
Annals of Otology, Rhinology and Laryngology, 127 (2018) p. 282-284.
E.T. Ostby at B.K. Crawley
Résumé. Introduction: Il est bien connu que le port du casque réduit considérablement le risque de blessure à la tête, que ce soit en vélo ou en moto. Cependant, la position de la boucle du casque peut augmenter le risque de blessure des cartilages du cou. Nous présentons une série de cas dans lesquels une fracture du cartilage thyroïdien est présumée résulter de la position de la boucle d’attache du casque lors d’un accident. Notre objectif avec cette série de cas est de décrire une série inhabituelle de cas et de passer en revue la littérature concernant les lésions laryngées consécutives à un choc sur le casque.
Type d’étude: Série de cas concernant une seule institution.
Matériels et méthodes: Nous présentons 3 patients adultes atteints de fractures du larynx à la suite d'un accident de vélo ou de moto. L’historique des dossiers médicaux ont été examinés.
Résultats: Tous les patients de cette série ont présenté des problèmes de voix ou de déglutition et ont présenté des fractures du cartilage thyroïdien. Il a été déterminé qu’au cours de ces accidents la boucle du casque était positionnée au-dessus du larynx. L'impact et la flexion de la tête et du cou ont donc pu produire une force suffisante pour fracturer le cartilage. Une recherche documentaire a révélé des travaux soutenant que le port du casque améliore la protection de la tête et du cerveau, mais un seul rapport fait état de lésions laryngées secondairement au port du casque.
Conclusions: Bien que le port du casque protège contre les blessures à la tête, il peut présenter un risque grave pour les cartilages du cou lorsque la boucle est positionnée à proximité du larynx. Rare mais grave, la fracture du cartilage du cou doit être prise en compte dans les accidents de cyclisme avec casque. Il peut être raisonnable de proposer une conception de casque qui positionnerait la boucle et les autres composants non flexibles latéralement, loin des cartilages du cou.
Introduction Nous avons lu avec grand intérêt le document intitulé "Le port du casque de vélo peut augmenter le risque et la recherche de sensations chez les adultes" publié dans Psychological Science (Gamble et Walker, 2016). Gamble et Walker ont testé si "la prise de risque chez les personnes qui ne sont pas explicitement oau courant qu'il porte un équipement de protection". Ils ont comparé deux groupes de participants, l'un portant un casque de vélo et l'autre portant une casquette de baseball. Tous ont subi une mesure de laboratoire de la prise de risque (Balloon Analog Risk Task-BART, Lejuez et al., 2002) et d'une mesure de la recherche de sensations (Zuckerman, Eysenck et Eysenck, 1978). Le groupe "casque" a obtenu des scores plus élevés sur les deux mesures. Les auteurs ont proposé "que l'activation inconsciente de concepts liés à la sécurité amorce une propension globale à prise de risque". Cet article a beaucoup retenu l'attention des médias, malgré plusieurs lacunes méthodologiques graves.