Fierté locale et réussite : Discours lors de la remise des diplômes du brevet
Ce matin, j'ai vécu un moment particulièrement marquant. En tant que maire de La Réole et professeur au collège Paul Esquinance, j'ai eu l'honneur de présider à la cérémonie de remise des diplômes du brevet des collèges. C'est un instant chargé de fierté et de joie, où l'on célèbre les réussites de nos jeunes talents.
Félicitations à tous les diplômés pour leur détermination et leur travail acharné !
Mesdames, Messieurs, chers élèves,
C'est avec un véritable bonheur et une certaine fierté que je me tiens devant vous aujourd'hui, non seulement en tant que maire de La Réole, mais aussi comme professeur au collège Paul Esquinance.
Cette cérémonie de remise des diplômes du brevet est un moment privilégié pour célébrer le succès de notre jeunesse. Notre rôle d'éducateurs et d'élus est de vous guider pour que vous puissiez participer activement à la construction du monde de demain.
Nous devons vous aider à développer un esprit critique, une compétence essentielle pour ne pas vous laisser emporter par des illusions. J'ai une confiance inébranlable en vous, et les résultats exceptionnels de cette année, avec un taux de réussite dépassant 92%, témoignent de votre détermination et de votre capacité à relever les défis qui vous attendent.
Je tiens à exprimer mes plus sincères félicitations aux enseignants et au personnel du collège qui, malgré les défis nationaux et le manque de reconnaissance, se dévouent au quotidien pour accompagner nos jeunes vers le succès. Un grand merci à Madame La Principale du collège pour son rôle essentiel, pour la confiance qu'elle porte à nos enseignants, et pour sa protection constante envers eux.
Notre jeunesse a besoin de notre confiance. Je crois en sa capacité à innover et à proposer une société plus résiliente et plus solidaire. Ainsi, je vous encourage à porter la même confiance en eux et à exprimer notre espoir en leur avenir.
Enfin, soyons tout particulièrement fiers de nos élèves du collège de La Réole. Ils ont démontré un talent exceptionnel et de belles qualités humaines tout au long de leur scolarité.
Faisons-le savoir et encourageons-les à poursuivre leurs rêves avec confiance.
Bâtissons un avenir radieux en confiant à nos jeunes les clés de leur propre croissance, car dans la confiance que nous plaçons en eux, ils trouveront le terreau fertile où s'épanouiront les plus belles promesses de demain.
Félicitations à tous, et que cette cérémonie soit le début de nombreuses réussites à venir. Merci.
Ce discours reflète ma conviction profonde :
L'éducation n'est pas seulement une transmission de savoir, mais un engagement sur le terrain.
Chaque diplôme est la preuve que nos jeunes disposent des clés pour construire leur avenir, malgré les défis.
En célébrant cette réussite, nous affirmons notre ambition collective : bâtir une société où la jeunesse est soutenue, où l'esprit critique est cultivé, et où les réussites de chacun contribuent à une dynamique locale forte et solidaire.
Alors que revient le débat sur l’orientation dès la maternelle, une question essentielle reste trop souvent esquivée : quelle école voulons-nous pour nos enfants ?
Une école qui enferme ou une école qui émancipe ?
Une école qui reproduit les inégalités ou une école qui les combat, résolument ?
La France reste l’un des pays les plus inégalitaires d’Europe en matière d’éducation. Ce n’est pas une fatalité, c’est un choix politique. Les chiffres sont clairs : l’origine sociale détermine encore massivement les parcours scolaires. Et quand une ministre parle d’orienter les enfants dès la maternelle, elle promeut un système de tri précoce, une école de la soumission, pas de l’émancipation.
La Finlande montre qu’un autre modèle existe : retarder l’orientation, garantir des moyens égaux pour chaque établissement, valoriser les enseignants comme les piliers de la société qu’ils sont. Là-bas, l’école libère, elle n’assigne pas. Elle ouvre les esprits, au lieu de fermer les portes.
C’est cette école-là que je défends. Et elle existe déjà, chez nous, portée par l’engagement de celles et ceux qui y croient encore – malgré les obstacles.
Prenons l’exemple de la toute petite section en maternelle que nous avons ouverte à La Réole. Grâce à un soutien financier conjoint de la Ville et de l’État, et à l’engagement de l’équipe éducative, nous avons mis en place un véritable tremplin pour les enfants des familles les plus modestes. Ici, on ne parle pas juste d’accueil, mais d’égalité des chances dès les premiers pas.
Et ce n’est pas tout.
Dans nos établissements – Collège Paul Esquinance, Lycée Jean Renou, CFA agricole CDFA 33 – les enseignants vont encore plus loin :
Échanges scolaires internationaux (Italie, Allemagne, Croatie, etc.)
Ateliers d’éloquence, de développement personnel
Actions contre les stéréotypes de genre
Rencontres métiers et projets scientifiques
Médiation entre pairs
Ils ouvrent le monde à nos jeunes. Ils leur montrent que rien n’est hors de portée. Mais ces projets, aussi puissants soient-ils, ne peuvent reposer uniquement sur leur bonne volonté. Ils ont besoin de moyens, de reconnaissance, de stabilité.
Une école forte, c’est une école ouverte sur la cité. C’est pour cela que nous organisons, avec les enseignants, les parents, les associations et les entreprises, des manifestations éducatives et culturelles ouvertes à tous :
expositions, ateliers scientifiques, soirées métiers, projets artistiques...
Ces moments permettent de faire entrer la société dans l’école, et l’école dans la vie de la ville. Ce sont des instants de cohésion, de fierté collective, où l’éducation devient une aventure partagée.
Des structures comme Mille Sourires du Réolais jouent un rôle essentiel dans cette dynamique. Mais il faut aller plus loin.
Dans nos territoires ruraux, le décrochage scolaire peut devenir invisible. À La Réole, nous avons mis en place une cellule de veille qui réunit Éducation nationale, associations, Mission locale, gendarmerie, services sociaux... C’est un début. Mais il nous faut intensifier cette lutte. Chaque jeune mérite qu’on le voie, qu’on le soutienne, qu’on l’accompagne.
Je le dis avec force : l’école ne doit pas trier, elle doit élever.
Elle doit être ce lieu où chaque enfant, qu’il vienne d’un quartier populaire ou d’un milieu favorisé, peut rêver grand, apprendre librement, se découvrir et s’inventer un avenir.
Cela suppose des choix courageux :
Investir dans les enseignants, leur formation, leur stabilité.
Renforcer les moyens dans chaque établissement, dès la maternelle.
Faire de l’école une priorité réelle, pas un slogan.
Car l’école qui élève, c’est celle qui donne à chaque élève les clés de son avenir. Et à nous tous, une chance de construire un monde plus juste, plus solidaire, plus humain.
Cet après-midi, un retour d’une entreprise sur la situation d’un jeune que nous accompagnons m’a ébranlé.
Ce jeune, je le connais bien : je l’ai vu grandir, je l’ai eu comme élève.
Derrière son parcours, comme celui de trop nombreux autres, se dessine un constat qui me hante : nos enfants grandissent sous la menace d’un fléau qui les guette, les attire et les broie.
Ces jeunes, je les apprécie.
Ceux que je retrouve en classe, le regard parfois ailleurs,
ceux que je croise dans ma commune, en fin d'après-midi ou tard le soir, aux côtés de mes collègues élus.
Nous les accompagnons sans relâche :
L’éducation pour leur ouvrir des horizons,
La mission locale pour les remettre en selle,
Des services civiques co-construits pour leur redonner confiance,
Un soutien aux familles souvent à bout de souffle.
Mais chaque jour, je vois aussi l’ombre des dealers planer sur eux.
Ces individus, souvent venus d’ailleurs, tendent leurs pièges, agitent la promesse d’un argent facile.
Et là, tout ce que nous bâtissons s’effrite.
Ça me ronge de voir ces gamins, dont je connais les prénoms, nous échapper parce qu’on ne frappe pas assez fort ces prédateurs.
Oui, cela peut surprendre certains,
mais on peut être ancré dans les valeurs progressistes – justice sociale, prévention, égalité –
et exiger une lutte sans concession contre le narcotrafic.
Croire que ces combats s’opposent est une erreur.
Une lâcheté que je rejette.
Moi, je ne détourne pas les yeux.
Je ne peux pas, je ne veux pas.
À l’Assemblée, les débats s’enflamment, les postures s'installent :
La droite veut durcir la lutte.
La gauche temporise.
Mais nous, sur le terrain, nous n'avons pas le privilège des postures.
Pendant qu'ils discutent, les mafias s’enracinent,
les quartiers et les villages sont grignotés,
nos gosses sont en péril.
L’ennemi, ce n’est pas l’État.
L’ennemi, ce sont ceux qui imposent leur loi : celle de l’argent, de la violence, de la corruption.
Ces trafiquants ne sont pas des victimes,
ce sont des criminels qui dévorent notre jeunesse.
Je l’affirme avec force :
protéger nos enfants ne passe pas par des discours fades.
Il faut frapper, fort et juste.
Oui, je veux :
Un parquet national contre le narcotrafic.
Des enquêtes sérieuses.
Des chefs mafieux derrière les barreaux.
Des réseaux sous surveillance.
On me parle de libertés publiques — je suis de gauche, cela me préoccupe profondément.
Mais la vraie liberté, c’est celle qu’on arrache aux griffes des dealers,
pas celle qu'on abandonne aux criminels pour prospérer.
Frapper ne suffit pas, pourtant.
Je refuse que ces jeunes soient coincés entre la galère et le deal.
Prévenir sans réprimer ? C’est céder le terrain.
Réprimer sans prévenir ? C’est les pousser dans une impasse.
Moi, je veux les deux :
Les libérer des trafiquants,
Et leur tendre la main vers un avenir digne.
Être de gauche, ce n'est pas détourner les yeux.
C’est défendre nos gosses,
refuser qu’un gamin de 13 ans devienne guetteur pour une dose,
s'insurger contre ces mères brisées qui pleurent un enfant perdu dans une guerre qui n’est pas la leur.
Professeur, je passe mes journées à leur ouvrir des portes,
à leur prouver qu’ils valent mieux que cela.
Maire, je me bats pour briser les chaînes du trafic
et leur proposer, avec nos partenaires, une autre voie.
Être engagé, c’est mobiliser :
L’école,
La justice,
La force publique,
au service de nos jeunes, pour qu’ils vivent libres et debout.
Je ne lâcherai rien.
Pas eux. Pas maintenant.