La goulotte

J’ai entendu, rigolote,

la goulotte raconter

sa course à l’échalote

parmi les sapins et les prés.

J’ai regardé, minuscule,

le vallon rond qui sommeille

en attendant le crépuscule

et le dernier baiser des abeilles.

J’ai respiré, enivrant,

l’arôme du foin séché

qui m’a redit en glissant

les émois de mes vieux péchés.

J’ai goûté, aigrelette,

la myrtille à poignées ;

elle m’a fait la langue violette,

je l’ai cueillie à plein panier.

J’ai senti, sacrebleu,

le dard aigu du taon

pomper les veines bleues

qui battent sur mon front.

Aujourd’hui,

j’ai vécu à pleins poumons…

Bon Dieu !

Que c’était bon !